Télécharger le tome 2 - IUFM

– A contrario de la première catégorie, l’enfant ne se manifeste pas verbalement,
ni au cours de la passation, ni aux questions finales. Ainsi il peut même apparaître « muet » au
long de sa passation, ne s’exprimant pas ou « à voix très basse » et occasionnellement.
Cependant l’analyse de la tâche peut permettre de construire une autre série d’indicateurs
qui là encore viennent catégoriser des types d’attitudes parfois opposées.
Ainsi dans la construction
– l’enfant peut « se démarquer du modèle » présenté avec deux morceaux de
bois et utiliser d’emblée les quatre qui lui sont proposés
– l’enfant peut « prendre la baguette de lui-même » pour matérialiser l’axe de
symétrie
– l’enfant peut « reprendre ses constructions après une suggestion » faite
– l’enfant peut « reprendre ses constructions après une erreur » qui lui a été
signalée
– l’enfant peut aussi proposer ses constructions en les montrant et en affirmant
« comme ça ! »
Dans d’autres cas :
– l’enfant « imite le modèle » en ne présentant que des objets faits de deux
morceaux… (triangles dans diverses positions par exemple) et arrête
– l’enfant n’utilise la baguette que « sur suggestion »
– l’enfant « fait une construction et l’enlève aussitôt ». Plusieurs attitudes
concourent à ce que l’on peut appeler une attitude de « non assurance » : il fait et
défait aussitôt, il cache ce qu’il a construit de ses mains, il arrête après deux ou trois
productions…
– l’enfant dit d’un ton interrogatif « comme ça ? » en présentant une production
ou en posant la baguette et attend la réponse pour continuer.
4. Présentation de trois élèves
Cette grille a permis de recueillir les passations de six élèves de chaque classe du CP au
CM2, de deux écoles en 2002 et des élèves de l’école en pédagogie Freinet en 2002, 2003,
et 2004. Parmi eux, trois élèves retiendront mon attention ici. Ils sont en CE2 en 2002 et
nous avons pu les suivre sur trois ans avec le même protocole passé chaque fois en janvier.
Je les appellerai Angélique, Frédéric et Hakim. Présentons quelques caractéristiques de
ces enfants. Hakim a été en classe d’adaptation avant d’entrer en CP. Chez lui on ne parle
pas français, un grand frère fait le lien avec l’école. Pour Angélique ce sont surtout les
problèmes familiaux qui sont à l’origine d’intégration scolaire très difficile. Sa sœur est en
SEGPA et son petit frère entre en CLIS. Quant à Frédéric, il est repéré comme dysphasique,
dyslexique et dysorthographique. Il est suivi neurologiquement. Pour lui aussi l’entourage
familial fait problème.
En 2002, première année de la mise en place de l’école en pédagogie Freinet et donc de
mise en place de l’évaluation par notre équipe de recherche, Frédéric et Angélique ont
en commun d’être tout à fait caractérisés par les attitudes non-verbales. Aucun son n’est
perceptible. Les mains d’Angélique cachent ses constructions comme ses cheveux cachent
son visage. Ils guettent (ou quêtent ?) le regard. Frédéric fait un certain nombre d’objets, la
tête rentrée dans son blouson et sans parler. Hakim paraît ne pas avoir le même profil au
point de départ. Il parle, « ose » dire « je ne sais pas », se démarque du modèle en proposant
50
IUFM Nord-Pas de Calais