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se sent dépendant des autres « je » qui pèsent sur lui et sur son désir : le « je » des élèves,
le « je » des parents ou du milieu familial qui entravent son action, le « je » de l’institution
qui ne répond pas à ses souhaits ou à ses demandes en matière d’aide à son action. Il en
manifeste d’autant plus son impuissance dans l’entretien que la situation comparative semble
lui rappeler sa position de défaveur personnelle et collective. Il apparaît ainsi pris dans un
conflit entre l’exigence de se rassurer sur lui-même et de faire porter la responsabilité à
l’extérieur de lui-même.
La deuxième source de données est constituée à partir d’entretiens menés avec des enfants
arrivés à l’école Freinet au cours de la scolarité primaire. L’entretien initié par la consigne
suivante « je sais que tu n’as pas toujours été dans cette école, est-ce que tu veux bien
me raconter un peu comment ça s’est passé quand tu es arrivé ici ? », est en fait construit
autour du concept d’image inconsciente du corps défini par Dolto qui permet de mettre en
lumière comment un enfant, compte-tenu de son bagage inconscient construit dans ses
premières relations familiales, peut éprouver un sentiment de bien-être ou de malaise dans
l’ambiance scolaire, carrefour d’un grand nombre de relations. On peut préciser que le
sentiment de l’ambiance était apparu comme un critère explicatif des difficultés exprimées
dans des entretiens recueillis par d’autres membres de l’équipe de recherche, auprès d’autres
personnels éducatifs de l’école Freinet, quand eux-mêmes avaient vécu le changement
d’équipe enseignante.
D’un point de vue méthodologique, il faut souligner que la demande faite aux enfants
s’adresse directement à eux (contrairement à celle faite aux enseignants). Les questions,
qu’elles soient prévues à l’avance (dans quel endroit te sens-tu le mieux ? y a-t-il un endroit
où tu te sens moins bien, où tu n’as pas envie d’aller ?) ou qu’elles soient formulées par
empathie avec lui, directement accrochées à ce qu’il vient de dire, l’invitent à dire quelque
chose de lui-même, de ce qu’il sait… et de ce qu’il ne sait pas, ou pas vraiment… De
ce point de vue l’entretien partage des points communs avec l’entretien psychanalytique
thérapeutique. Ainsi, suivant la technique Freudienne, peut-on s’intéresser à ce qui surgit
d’une représentation consciente d’un but, qui peut s’exprimer par ce que j’appellerai des
« associations justifiées » utilisant des connecteurs (donc, alors), des formes de liaison
explicative (parce que) ou logique (si … alors), à ce qui peut relever d’une association libre,
coupant le fil de toute logique ( au niveau du contenu et/ou de la forme) et révélant quelque
chose du sujet, à ce qui peut exprimer une forme de repli (désir d’arrêter l’entretien) ou
encore aux manifestations de l’inconscient qui jaillit où on ne l’attend pas sous la forme des
ratés du discours. L’enfant se révèle plus ou moins libre ou contraint dans cette situation
d’échange… et aussi dans sa situation d’élève qu’il revit en parlant
A partir de ces indicateurs trois positions d’enfants sont dégagées :
Avec la première, le « je » de l’enfant apparaît disponible à l’apprentissage et à la relation
scolaire. Le discours logique de l’enfant n’exprime pas le poids de contraintes mais ce que
l’enfant peut dire consciemment de lui-même. On peut dire que le désir peut exister et que la
pédagogie proposée renforce ce désir (l’enfant exprime à maintes reprise des comparaisons
spontanées entre ce qu’il vit dans cette école et ce qu’il a connu ailleurs, ou même ce qu’il
sait en général de l’école).
Dans un deuxième cas le « je » apparaît pris dans un conflit intense entre les problèmes
externes qui envahissent la vie de l’enfant et transparaissent à travers ses associations
libres et ses différents modes d’expression, et son désir de pouvoir consciemment diriger
ses choix. Ici on peut dire que les manifestations de l’inconscient nombreuses, révèlent
IUFM Nord-Pas de Calais
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