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constater la trace d’une absence de prise en compte des codages conventionnels en<br />
géométrie : indications des « ang<strong>le</strong>s droits », codage par petits traits des segments de même<br />
longueur. De même, toujours en procédant par comparaison, nous avons pu remarquer<br />
des méconnaissances du vocabulaire géométrique spécifique. Ainsi <strong>le</strong>s élèves Freinet, plus<br />
qu’ail<strong>le</strong>urs, attribuent des dénominations erronées aux figures tracées (<strong>le</strong>s dénominations<br />
« triang<strong>le</strong> isocè<strong>le</strong> » et « triang<strong>le</strong> rectang<strong>le</strong> » sont interverties). Nous interprétons ce fait à la<br />
fois comme une erreur (possib<strong>le</strong>) de vocabulaire mais éga<strong>le</strong>ment comme une absence de<br />
<strong>le</strong>cture des symbo<strong>le</strong>s permettant de <strong>le</strong>s discriminer. D’autre part, <strong>le</strong>s élèves de Freinet se<br />
particularisent, en ce qui concerne la doub<strong>le</strong> tâche d’ordonnancement des nombres, par<br />
ce que nous pourrions qualifier comme des erreurs paradoxa<strong>le</strong>s. En effet, deux écritures,<br />
dans ce contexte de travail, se révè<strong>le</strong>nt source d’erreurs : cel<strong>le</strong> de 5,15 et cel<strong>le</strong> de ½. On<br />
ne sera pas surpris de constater que des élèves de CM1 et CM2 classent 5,9 avant 5,15 ;<br />
un peu plus peut-être de constater que certains, en adoptant une procédure de classement<br />
d’écritures par « genres d’écriture » , attribuent une place erronée à ½. Cependant, en<br />
analysant <strong>le</strong>s distributions de ces erreurs dans <strong>le</strong>s classes Freinet et dans la population<br />
globa<strong>le</strong>, nous constatons une inversion étrange de cel<strong>le</strong>s-ci. En effet, dans la population<br />
globa<strong>le</strong>, <strong>le</strong> nombre d’erreurs concernant <strong>le</strong> classement de ½, reste constant tandis que <strong>le</strong>s<br />
erreurs concernant <strong>le</strong> classement de 5,15 décroissent avec l’avancée dans <strong>le</strong> cursus (CM1<br />
vs CM2). En revanche, ces dernières demeurent constantes à Freinet tandis que c’est <strong>le</strong><br />
classement de ½ qui devient un classement adéquat dès <strong>le</strong> CM2 dans ce groupe scolaire.<br />
Nous avancerons donc l’hypothèse selon laquel<strong>le</strong> ces élèves dépassent moins rapidement<br />
que <strong>le</strong>s autres <strong>le</strong>s contradictions entre langage écrit et langage oral : « un demi » est plus<br />
petit que l’unité, « cinq virgu<strong>le</strong> quinze » est plus grand que « cinq virgu<strong>le</strong> neuf », puisque<br />
« quinze » est supérieur à « neuf ».. En reliant ce qui vient d’être dit aux méconnaissances<br />
mentionnées plus haut des normes des langages spécifiques et des codes conventionnels,<br />
on peut s’interroger sur la construction d’un espace disciplinaire dans la classe. Pour <strong>le</strong> dire<br />
autrement, des contenus disciplinaires aussi spécifiques que l’usage de codes symboliques<br />
particuliers et <strong>le</strong>s traitements peu usuels d’écritures numériques ne peuvent se rencontrer<br />
que dans des situations ad hoc. Nous sommes en conséquence, pour la suite de nos<br />
recherches, particulièrement attentive à la genèse des notions disciplinaires dans ces<br />
classes.<br />
Comparativement toujours aux élèves des autres classes, nous avons encore pu mettre<br />
en lumière d’autres spécificités des élèves de cette éco<strong>le</strong>. Encore une fois, ceux-ci se<br />
particularisent par une autre dimension du rapport à l’erreur : <strong>le</strong>s élèves de l’éco<strong>le</strong> Freinet,<br />
dans ces situations d’écrit, laissent bien moins que <strong>le</strong>s élèves des autres classes, des<br />
absences de réponses. Nous décelons éga<strong>le</strong>ment une volonté de cohérence entre <strong>le</strong>s ordres<br />
produits (ligne d’écriture et droite graduée), qui n’apparaît pas aussi nettement ail<strong>le</strong>urs. Ce<br />
résultat est à relier, selon nous, à ce que nous avons pu dire plus haut, c’est-à-dire au<br />
développement de positions réf<strong>le</strong>xives quant à <strong>le</strong>urs productions.<br />
Nous entendons par « classements par genres d’écriture » <strong>le</strong>s classements du type « 4 ; 12 ; 2,5 ;<br />
5,9 ; 7,5 ; 9,7 ; 5,15 ; ½ ». Les élèves concernés semb<strong>le</strong>nt avoir classé tout d’abord <strong>le</strong>s nombres entiers (sans<br />
virgu<strong>le</strong>), puis <strong>le</strong>s nombres décimaux dont l’écriture ne fait apparaître qu’un seul chiffre après la virgu<strong>le</strong>, puis<br />
ceux dont l’écriture en fait apparaître deux, et enfin l’écriture fractionnaire.<br />
On n’a que peu l’occasion, dans <strong>le</strong>s pratiques ordinaires du monde quotidien de comparer 5,9 à 5,15,<br />
mais peut-être davantage ½ à 1,5.<br />
<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais<br />
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