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Télécharger le tome 2 - IUFM

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86. Az : Xxx aussi je regardais <strong>le</strong>s hamsters et el<strong>le</strong> a mis une croix /mais j’ai dit c’est pas grave<br />

/parce que je parlais à la grosse voix /V ?<br />

87. V : C’est comme moi /j’avais retiré une croix à xx parce qu’el<strong>le</strong> par<strong>le</strong> à la grosse voix à O donc<br />

j’ai retiré une croix aussi à O /parce qu’el<strong>le</strong>s parlaient ensemb<strong>le</strong> à la grosse voix /et après el<strong>le</strong>s<br />

disaient qu’el<strong>le</strong>s ne parlaient pas à la grosse voix<br />

88. Az : J ?<br />

89. J. : Moi je trouve que ceux qui mettent <strong>le</strong>s croix ils font <strong>le</strong>ur métier /et il faut faire comme A il<br />

faut pas dire non je n’ai pas parlé à la grosse voix<br />

Ainsi, <strong>le</strong> problème est abordé en termes de principes d’action de chacun plutôt qu’en termes<br />

de restitution des faits, en transformant celui-ci d’un problème pragmatique voir juridique<br />

(qu’est-ce qui s’est passé ?) en un problème éthique mettant en jeu la responsabilité aussi<br />

bien de l’acteur que de l’évaluateur (quel<strong>le</strong> est mon attitude face à ce jugement ?).<br />

Dans <strong>le</strong>s séances de conseil genevois observées, des séquences d’échanges-débats et<br />

d’argumentation ont lieu lorsqu’il s’agit par exemp<strong>le</strong> d’établir <strong>le</strong>s faits (que s’est-il passé ?),<br />

d’interpréter des faits, des paro<strong>le</strong>s (y a-t-il eu intention d’injurier ?), évaluer <strong>le</strong>s comportements<br />

(est-ce que se moquer du nom de famil<strong>le</strong>, c’est bien ?), juger de l’efficacité et de la justice<br />

d’une règ<strong>le</strong> concernant <strong>le</strong>s responsabilités. Les va<strong>le</strong>urs convoquées dans ces échanges<br />

se différencient selon que l’on a à faire à un litige entre un ou plusieurs élèves ou que la<br />

question concerne l’ensemb<strong>le</strong> de la classe. Comme dans <strong>le</strong> conseil lillois, <strong>le</strong>s trois va<strong>le</strong>urs<br />

de responsabilité, d’efficacité et de justice se retrouvent à propos des discussions sur <strong>le</strong>s<br />

responsabilités dans la classe. Dans ce dernier cas, <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs de responsabilité et, dans<br />

un autre contexte, d’efficacité sont affichées clairement, notamment par l’enseignant ; <strong>le</strong>s<br />

principes de justice ne sont pas revendiqués mais ressortent de remarques de certains<br />

élèves. Ajoutons que <strong>le</strong> conseil genevois se caractérise par la présence d’un autre type de<br />

va<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs de sollicitude (Pagoni 1999, Gendron 2003). Distincte d’une mora<strong>le</strong> basée<br />

sur <strong>le</strong>s principes de la justice, une mora<strong>le</strong> de la sollicitude postu<strong>le</strong> que l’interdépendance<br />

entre <strong>le</strong>s individus prime sur <strong>le</strong>ur autonomie. Les relations entre individus ne sont pas<br />

seu<strong>le</strong>ment pensées en termes d’égalité par exemp<strong>le</strong>, mais éga<strong>le</strong>ment en termes d’attentes,<br />

de besoins, etc. Dans cette conception de la mora<strong>le</strong>, c’est <strong>le</strong> maintien de la relation, des<br />

liens interindividuels qui prime. L’appel à l’empathie, à se mettre à la place de l’autre est<br />

ainsi fréquent dans <strong>le</strong>s discussions.<br />

Pour illustrer comment cette notion de sollicitude intervient dans la manière dont <strong>le</strong>s litiges<br />

entre individus sont discutés et résolus, nous tirons quelques extraits d’un épisode au début<br />

du deuxième conseil genevois observé, <strong>le</strong> litige entre deux élèves « M. se moque du nom<br />

de famil<strong>le</strong> P. ». L’intérêt de cet épisode réside dans la convocation dans une remarque<br />

initia<strong>le</strong> d’une élève du principe qui fait écho au principe de réciprocité, considéré comme la<br />

forme originel<strong>le</strong> ou première de la justice (Aristote) ou comme <strong>le</strong> fondement de la mora<strong>le</strong><br />

universel<strong>le</strong> (Kant). Or, la discussion autour de ce principe va s’avérer diffici<strong>le</strong> :<br />

(14) En fait je ne vois pas pourquoi tu te moquerais de... juste parce que... peut-être que c’est<br />

ton pire ennemi et tout ça, mais ce n’est pas une raison de se moquer de son nom de famil<strong>le</strong> (…)<br />

Alors ne fais pas aux autres ce que tu n’aimes pas qu’ils fassent.<br />

Par la suite, <strong>le</strong> principe est repris sous forme d’une situation fictive évoquée par un autre<br />

élève,<br />

(30) Toi, tu as envie que je demande par exemp<strong>le</strong> à quelqu’un, par exemp<strong>le</strong> à Osur qu’il dise ton<br />

nom de famil<strong>le</strong> en tamoul et puis qu’après je me moque comme cela ? Toi, tu aimerais ? Non, je<br />

ne pense pas que tu aimerais, donc euh....<br />

Plus loin encore, une tentative de formulation de règ<strong>le</strong> par un élève montre l’approximation<br />

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<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais

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