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accords passés entre élèves et maître doivent être utiles et opérationnelles.
3.2. Les normes mobilisées
Les normes mobilisées pendant le conseil apparaissent à travers trois indicateurs d’analyse :
les objets soumis à la discussion, les arguments utilisés par les élèves et les actes de
langage.
Les objets soumis à la discussion dans les deux conseils de l’école lilloise concernent les
catégories suivantes : règles de procédure (trouver, par exemple, une règle de changement
de métier chaque semaine), sanctions injustes de la part des responsables de métiers,
défauts de responsabilités de la part des responsables de métiers, changements de place
liés aux gênes de travail, puis il y a aussi des critiques diverses qui concernent des pertes
d’objets ou des insultes mais qui sont résolues rapidement. On remarque donc qu’il y a peu
de temps consacré à des événements personnels qui ne s’intègrent pas dans le système de
fonctionnement des règles de la classe. En revanche, à Genève, les litiges qui surviennent
entre élèves aussi bien en classe qu’en dehors de la salle de classe, sont régulièrement
soumis à discussion et occupent un temps important du conseil. La recherche de solutions
pour lesquelles un consensus se dégage, explique en bonne partie cette longueur. Une
deuxième catégorie d’objets est également discutée dans les conseils genevois, les objets
qui concernent l’ensemble des élèves de la classe ou du moins une catégorie (les filles).
Les objets soumis à la discussion sont ici classés dans l’ordre décroissant en fonction du
nombre de tours de parole : chacun doit se responsabiliser (115), M. se moque du nom de
famille de P. (83), R. m’embête (75), je veux profiter de ma pause du matin (71) P. insulte
C. (62), les filles doivent se changer plus vite dans les vestiaires (37), A. bavarde et me
dérange dans mon travail (24), le stand au centre commercial (19), remerciements à G. de
nous aider à ranger (15), nouvelles à propos du camp (8). Notons que les objets chacun
doit se responsabiliser et je veux profiter de ma pause du matin sont soumis au conseil par
l’enseignant ; le reste est soumis par un ou plusieurs élèves.
Au sein de ces objets de discussion on remarque que, dans les deux conseils lillois observés,
le débat s’installe quand il s’agit d’examiner soit la validité d’une accusation (est-elle bien
fondée ?) soit la pertinence d’une règle (est-elle efficace ?) soit l’attitude d’élève en tant que
responsable (quel est le travail d’un responsable de métier ?) ou en tant que récepteur d’une
décision (quelle est ou doit être l’attitude envers une décision que l’intéressé ne considère
pas juste ?). Dans cette optique, l’efficacité (qui renvoie, au fond, à la facilitation du travail
scolaire), la justice et la responsabilité sont les trois valeurs qui sont le plus utilisées pour
soutenir les positionnements des locuteurs. Mais la justice n’est jamais mentionnée en tant
que telle tandis que la responsabilité et le travail sont souvent utilisés de façon explicite.
Citons à ce propos un épisode concernant la sanction injuste de N (CM1). Il permet le
passage de la vérité de l’accusation à la nécessité d’accepter la décision du responsable. Le
débat part au début de l’échange sur la « véracité » des « faits » concernant l’accusation :
N refuse d’avoir parlé à haute voix deux fois. Des témoignages viennent soutenir N ou
défendre son accusation mais dont la « preuve » restant difficile à effectuer : quelles sont
les limites entre la « petite » voix et la « haute » voix ? C’est en ce moment-là qu’un élève
intervient pour dire que la question n’est pas comment établir les « faits » parce que de toute
façon la décision est le produit d’un jugement personnel. Le problème renvoie plutôt d’une
part à la confiance faite aux responsables des métiers et, d’autre part, à la responsabilité du
« contrevenant » qui consiste à accepter la décision de ceux qui font leur « métier » :
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