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autre registre d’analyse (juridique, moral, etc.).
– du point de vue culturel, et par rapport aux deux contextes de Conseil qui sont
observés, il est intéressant de voir comment les règles de déroulement du conseil,
différentes dans les deux établissements, contribuent à l’instauration d’un « contrat de
communication » et influencent la validité de ce qui est dit.
Cette approche du langage a orienté la construction de nos outils d’analyse. Celle-ci suit
une évolution progressive qui va d’un découpage large du corpus obtenu selon les thèmes
des interactions jusqu’à une catégorisation fine des actes du langage produits par les
interlocuteurs.
Le corpus est d’abord distingué en épisodes définis par le thème dont on parle et montrant
un processus de résolution du problème, depuis le signalement d’un dysfonctionnement ou
l’annonce d’un litige jusqu’à la prise de décision finale. Pour analyser ce processus, plusieurs
indicateurs sont utilisés : le type d’échanges instauré par les acteurs (échanges parallèles,
échanges-débats …) ; les modalités de prise de décision (vote, promesse, prescription du
maître …) ; les arguments et/ou principes que les acteurs utilisent pour soutenir ou réfuter
une position et qui renvoient aux normes mobilisées pendant la discussion ; l’analyse des
fonctions d’intervention aussi bien du maître que des élèves. Pour effectuer cette dernière
analyse nous prenons comme unité la proposition qui peut être définie comme un énoncé
qui se construit autour d’un objet du discours (le thème dont on parle) et nous procédons à
une catégorisation de ces énoncés en fonction de l’intention du locuteur. Pour le contexte
spécifique du conseil d’élèves où il est question de réguler, d’organiser le monde social
de la classe, nous avons estimé intéressant de faire une analyse en termes d’actes de
langage, et plus particulièrement de la force illocutoire des actes produits par les acteurs du
conseil (Searle 1972). Trois grands regroupements des actes de langage ont été distingués
qui correspondent aux trois grandes fonctions du Conseil que nous avons définies dans la
partie théorique : fonction d’évaluation, fonction d’orientation de l’action (prise de décision),
fonction de conceptualisation.
2. Les deux contextes de l’observation
Les observations sont effectuées dans deux établissements scolaires situés dans des
contextes géographiques et nationaux différents. Le premier est un établissement situé
dans un quartier populaire de l’agglomération lilloise en France et le deuxième est situé
dans un quartier populaire de Genève, en Suisse. Deux conseils de classe de la fin de
l’école primaire sont analysés dans chaque établissement. Dans le cas français, il s’agit
d’une classe de CM1 et d’une classe de CM2 (les mêmes élèves suivis dans deux années
consécutives). En Suisse, c’est la même classe équivalent à une CM2 qui est observée lors
de deux séances différentes.
2.1. La pédagogie Freinet : le conseil de classe au sein d’un système de
socialisation politique
L’école lilloise présente la particularité de fonctionner avec une équipe enseignante dont tous
les membres font partie du mouvement Freinet (ICEM) et sont engagés dans un projet de
cinq ans pour améliorer les résultats scolaires de sa population qui présentait, jusqu’alors,
Le conseil de classe est le nom donné au conseil d’élèves qui concernent les enseignants et les
élèves d’une classe.
IUFM Nord-Pas de Calais
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