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esponsabilité face à la loi et à intégrer ses principes. Les gestes professionnels qui vont
dans ce sens se situent à plusieurs niveaux :
– au niveau de l’établissement, il s’agit d’organiser une procédure démocratique
de gestion de la vie scolaire, participative et commune à tous ;
– au niveau de la personne de l’enseignant lui-même, il s’agit d’appliquer luimême
la loi aux différents sens que nous lui avons donnée (respect de règlement
écrit de la classe et de l’école, respect de l’élève, accomplissement de ses devoirs
professionnels) ;
– au niveau des apprentissages il s’agit de prendre la loi comme un objet
didactique explicite et de développer des procédés spécifiques à ce propos ;
Nous aurions pu centrer notre intervention uniquement sur l’étude des gestes professionnels
de l’enseignant au sein de la classe mais nous avons voulu aussi mettre ces observations
en parallèle avec le discours des élèves pour montrer à quel point ils sont sensibles à
l’attitude éthique de l’enseignant vis-à-vis d’eux mêmes et vis-à-vis de ses propres devoirs,
à quel point l’attitude d’indifférence ou de manque de confiance des adultes – ou l’attitude
inverse – influence leur façon de penser et d’agir dans des situations semblables. Leur
discours est aussi intéressant par rapport à la définition même de l’autorité. Plusieurs
travaux sont effectués ce dernier temps sur la crise de l’autorité dans les sociétés modernes
et l’impact que le respect des droits et des libertés de l’enfant a eu et continue à avoir sur
la réduction du pouvoir de l’adulte . Notre étude révèle que cette raison ne se suffit pas à
elle-même. Ce qui contribue aussi à la crise de l’autorité traditionnelle est la suppression
des privilèges statutaires. L’adulte et, plus précisément, l’enseignant qui occupe un poste
institutionnel précis, perd l’autorité qu’il avait d’office à cause de son statut, ce qui l’oblige à
gagner le respect de l’élève par son attitude face à une loi commune à tous. Une telle relation
d’autorité est source de développement réciproque pour les acteurs éducatifs puisque aussi
bien l’enfant que l’adulte évoluent dans le sens de la responsabilité personnelle.
Deux difficultés sont intéressantes à étudier à ce propos. La première concerne la définition
du cadre normatif dans lequel agissent élèves et enseignant. La pédagogie Freinet se
situe dans un cadre assez précis à ce propos mais comment arriver à un consensus au
sein d’une équipe d’enseignants ayant des principes de fonctionnement très variés ? C’est
pourquoi nous soutenons l’idée que la théorie du droit serait peut-être un moyen pertinent
d’encadrement des dispositifs de démocratie participative, dans une perspective didactique
d’éducation à la citoyenneté (Pagoni 2000, Pagoni, Haeberli 2006).
La deuxième difficulté concerne la formation professionnelle des enseignants. Une étude plus
poussée des gestes professionnels au sein de la pédagogie Freinet et, plus généralement,
au sein des pédagogies coopératives, serait à effectuer pour montrer quelles sont les
difficultés que ces enseignants rencontrent pour maintenir leur discipline personnelle et
arriver à réduire leur pouvoir sur l’élève par l’intermédiaire de la loi. La méthode du « journal
de bord » utilisée initialement par la pédagogie institutionnelle vise justement à aider les
nouveaux professionnels à développer les compétences nécessaires à ce propos et,
plus généralement, des capacités réflexives qui constituent actuellement des objectifs de
Voir à ce propos les ouvrages d’Alain Renault (2004), La fin de l’autorité, Paris : Flammarion, et
(2002), La libération des enfants, Paris : Hachette Littératures ainsi que la table ronde animée autour de ses
positions : Le nouveau problème de l’autorité. Débat autour d’Alain Renaut, avec F. Worms, M-C Blais et F.
Jacquet-Francillon lors d’un colloque qui a été organisé par un partenariat d’institutions (INRP, Paris I, IUFM de
Franche-Comté) à la Sorbonne en septembre 2003 et qui a donné lieu à l’ouvrage collectif (Jacquet-Francillon
F. Kambouchner D. dir.2006).
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