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travailler quand on est pas autonome c’est moi qui te place
Dans cette optique, l’enseignant apparaît comme le garant de la loi décidée par tous et non
pas comme le porteur d’un pouvoir statutaire et arbitraire.
● Les gestes éthiques qui « témoignent du type de relation instaurée entre
élèves et professeurs selon les formats de la communication et de l’appréciation scolaire »
(Jorro, Ibid., p.4). Nous observons à ce propos que l’éthos de l’enseignant incite les élèves
à entrer dans une activité d’élaboration sans générer des rapports de domination. Plusieurs
gestes sont indicatifs de cette posture. Ils varient de la place que l’enseignant occupe dans
l’espace de la classe jusqu’aux procédures d’organisation du conseil qui protègent aussi
bien les élèves que l’enseignant des abus de chacun et garantissent l’égalité de participation
à ce dispositif. Voilà une liste indicative des gestes de ce type :
– se placer à côté des élèves et lever le doigt pour prendre la parole
– voter comme les élèves et accepter leurs prises de décision sauf si une loi de
la classe s’y oppose ou que la valeur fondamentale du travail soit lésée ;
– faire gérer le conseil par un élève qui a ce « métier » (et dont la responsabilité
« tourne » chaque semaine selon une règle fixée par la classe) ;
– faire mesurer le temps de chaque activité par un sablier ;
– en ce qui concerne les interventions langagières, il s’agit d’éviter d’adresser
directement un jugement à un élève (l’acte de langage d’évaluation est peu
présente) ; l’évaluation de l’activité des élèves est assurée par deux moyens :
◦ en rappelant les règles communes de la classe, comme on l’a vu dans
la catégorie précédente de gestes ;
◦ par les élèves eux-mêmes qui s’expriment lors du conseil à l’égard de
leurs camarades. Le conseil est un moment où les différents « responsables
des métiers » présentent la façon dont ils ont distribué les croix dans la
classe et, inversement, les autres élèves peuvent critiquer les responsables
s’ils estiment qu’ils n’ont pas bien effectué leur « travail ». La responsabilité
est donc une notion qui se construit au quotidien sous le contrôle réciproque
des élèves et des enseignants .
5. Conclusion
Même partielles, les observations qui précèdent ont été utilisées pour montrer que le respect
de l’autorité de l’enseignant par l’élève s’inscrit dans une constellation de « rapports à la
loi » construits aussi bien de la part de l’élève que de la part de l’enseignant. L’éthique
professionnelle de l’enseignant est intimement liée à la façon dont il conçoit son devoir
(moral et/ou professionnel) envers les élèves et envers l’institution. Si ce rapport est un
rapport de responsabilité et de sincérité, il peut aider les élèves à développer leur propre
Signalons d’ailleurs à ce propos que l’évaluation de l’activité d’un élève par la classe elle-même est
un procédé qui est aussi appliquée dans les autres apprentissages comme la lecture, la production de texte
ou les mathématiques, où les élèves construisent une grille d’évaluation de chaque activité et apprennent à
l’appliquer. Ce procédé augmentent d’ailleurs les capacités métacognitives des élèves ainsi que leur rapport
à l’erreur comme l’a mis en évidence Dominique Lahanier-Reuter à propos des tâches mathématiques :
« Enseignement et apprentissages mathématiques », dans Reuter Y., Démarches pédagogiques et lutte
contre l’échec scolaire (2002-2005), ERTé 1021, Rapport de Recherche, Université Charles de Gaulle-Lille 3,
juin 2005, pp. 313-364.
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