Télécharger le tome 2 - IUFM

–
–
le respect de la loi plus généralement, qui ne se traduit pas par une attitude de soumission
vis-à-vis de la loi mais plutôt par une attitude de responsabilité et d’intégration critique de
la part de l’élève ;
la responsabilité dont l’enseignant lui-même fait preuve aussi bien vis-à-vis de la loi
commune à tous que vis-à-vis de ses propres devoirs professionnels, dimensions qui
sont constitutives de son éthique professionnelle. Celle-ci donne à l’enseignant la
crédibilité dont il a besoin pour gagner la confiance et, de là, le respect de l’élève.
4. Les gestes professionnels au sein du conseil de classe
L’éthique professionnelle de l’enseignant se manifeste sans doute aussi bien à l’intérieur
qu’à l’extérieur de la classe et s’intègre dans l’ensemble du système de fonctionnement de
l’établissement scolaire. La procédure de construction du règlement scolaire, l’attitude des
enseignants pendant la recréation, la régularité et la transparence du règlement de l’école,
constituent des gestes professionnels qui témoignent de l’attitude éthique de l’enseignant
vis-à-vis des élèves et de son devoir, comme le soulignent les élèves dans les extraits
précités.
A l’intérieur de la classe, un lieu privilégié pour observer la manifestation de l’éthique
professionnelle de l’enseignant est le conseil de classe qui constitue un vrai laboratoire
d’élaboration de la loi. Le professionnalisme dont l’enseignant fait preuve dans ces lieux
de discussion est intéressant à observer parce que son rôle est justement de se détacher
de son autorité tout en guidant les élèves dans leur démarche d’élaboration de la loi.
Toute cette procédure ne doit pas se réduire à un « faire semblant » offrant un outil de
pacification des élèves, comme c’est souvent le cas dans le fonctionnement de ce type de
dispositif (Haeberli 2004). L’enseignant doit faire en sorte que ces moments constituent des
moments d’apprentissage en soi, apprentissage qui s’inscrit dans le cadre de l’éducation à
la citoyenneté des élèves.
Nous avons eu l’occasion d’observer plusieurs conseils de classe menés par les maîtres
qui appliquent la pédagogie Freinet et les comparer aussi bien aux conseils de classe
de l’école témoin que d’une série de conseils du canton de Genève où cette pratique est
plus répandue qu’en France (Pagoni, Haeberli 2006). La grille d’analyse que nous avons
construite se base essentiellement sur la catégorisation des actes de langage qui sont utilisés
par les élèves et les enseignants à partir du moment où un litige est soumis au conseil par
les élèves jusqu’à sa résolution par une prise de décision finale. Nous ne voulons pas
reprendre ici l’ensemble de cette grille parce qu’elle comporte aussi des points qui ne sont
pas liés au thème de ce symposium. Mais à partir de cette grille nous pouvons distinguer
certains gestes professionnels de l’enseignant qui traduisent son éthique professionnelle,
vis-à-vis du savoir, vis-à-vis de la loi et vis-à-vis de l’élève. Nous empruntons à ce propos les
quatre catégories de gestes professionnels qui constituent, selon A.Jorro (2004) la matrice
de l’activité langagière de l’enseignant :
● les gestes langagiers qui permettent notamment d’analyser la posture
énonciative de l’enseignant devant sa classe. Nous remarquons que plus de 50% des
interventions de l’enseignant ont surtout une fonction d’éclaircissement qui se manifeste par
des actes de langage de « reformulation », d’« interprétation/explication » et de « demande
de précision », résultat qui manifeste l’importance que l’enseignant attribue à la parole
de l’élève et la continuité qu’il cherche à établir par rapport aux prises de paroles de ce
130
IUFM Nord-Pas de Calais