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Autorité éducative, savoir, socialisation
démocratique
Communication au colloque CERFEE, université de Montpellier et
LIRDERF, IUFM de Montpellier
Respect de l’autorité de l’enseignant et éthique professionnelle
au sein de la pédagogie Freinet.
Montpellier, 8, 9 septembre 2006.
Maria Pagoni
Université Charles-de-Gaulle – Lille III
Équipe THEODILE ( EA 1764
1. La place du maître au sein de la pédagogie Freinet
Un des principes de l’Éducation Nouvelle et, plus particulièrement, de la pédagogie
Freinet, est que l’élève apprend par son expérience personnelle dans son interaction avec
l’environnement. Aussi bien le milieu naturel (la forêt, les animaux, …), que le milieu social
restreint (la famille) ou élargi (le quartier, la ville, …) constituent de précieuses sources
de questionnement susceptibles de motiver les démarches de recherche de l’élève. Loin
donc d’être le seul détenteur du savoir, le maître a pour mission de favoriser l’émergence
du questionnement de l’élève et de l’aider à transformer son expérience en source de
développement.
Cette conception du savoir et du processus d’apprentissage font partie de la visée
émancipatrice du mouvement Freinet. La valorisation de la culture populaire comme source
d’apprentissage et l’ouverture de l’école envers cette culture transforme radicalement la
conception élitiste du savoir en tant qu’outil de pouvoir des classes sociales favorisées
(Peyronie H. 1998/2000, Peyronie 2003). Mais elle situe en même temps la relation maître
- élève dans un registre démocratique dans le sens où la différence qui existe entre ces
deux acteurs éducatifs n’est pas considérée dans une perspective quantitative, d’ordre
hiérarchique, mais dans une perspective qualitative, liée au partage de responsabilités
différentes, à la « différence de places » qu’ils occupent. Ce partage de responsabilités lève
l’apparente contradiction qui existe entre autorité et démocratie puisque, comme le souligne
bien Laurence Cornu, l’autorité de l’enseignant n’est pas vue comme une supériorité mais
comme une responsabilité, celui-ci devenant le garant de l’apprentissage de l’élève : « Ce
qui fait reconnaître l’autorité d’un professeur, ce qui le légitime et le rend crédible dans
ce qu’il exige de l’autre, ce n’est pas seulement qu’il « sache » plus, c’est qu’il se porte
garant de ce que l’élève apprenne aussi quelque chose. Ce n’est pas l’inégalité de savoir
en elle-même (et l’inégalité de pouvoir qu’elle entraîne, avec fascination ou découragement
associés), et ce n’est pas la hiérarchie de supposée respectabilité qu’elle impliquerait : c’est
le monde que le professeur ouvre et met à la portée de ses élèves ». (Cornu 2006, pp. 411).
L’auteur appelle « hospitalité » cette forme d’autorité adulte dont la fonction principale est
l’accueil et l’accompagnement d’un être en développement.
La relation qui se construit à partir de cette responsabilité des places occupées par chacun
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