Lien PDF - Conseil de la jeunesse

Le Conseil de la Jeunesse d’Expression Française est l’organe officiel de
représentation des jeunes de Belgique francophone. Sa mission principale est d’être porteur de
la parole des jeunes au niveau national et international. Le Conseil de la Jeunesse a pour
objectif de valoriser l’image et l’engagement des jeunes, de favoriser leur épanouissement et
leur émancipation ainsi que de promouvoir leur expression.
Le Conseil a vocation à être consulté par différents organes politiques, principalement
par le Ministre de la Jeunesse de la Communauté française, sur tout ce qui touche de près ou
de loin à la jeunesse. Pour se positionner sur des sujets liés aux compétences fédérales, le
Conseil de la Jeunesse travaille généralement en partenariat avec ses homologues
germanophones et néerlandophones.
Le CJEF est actuellement constitué des 85 Organisations de Jeunesse reconnues en
Communauté française. Néanmoins, suite à la récente réforme votée fin 2008, le Conseil va
intégrer progressivement des jeunes issus d’horizons plus larges. On parlera alors du «
Conseil de la Jeunesse de la Communauté française ».
2

Sommaire
Introduction 4
Développement durable 5
Emploi 8
Education 14
Aide à la jeunesse 20
Enfance 22
Culture 28
Secteur jeunesse 30
3

Introduction
« L’homme n’est pas, il se construit. »
[ Anonyme ]
La jeunesse doit être une priorité
Notre société porte la responsabilité de proposer à sa jeunesse des cadres, des moyens, des
espaces… propices à son évolution, sa prise en compte, sa diversité, son émancipation.
Trop souvent aujourd’hui, des attitudes « gestionnaires » sont adoptées, visant les solutions à
court terme, les réponses simples… Trop souvent, la jeunesse est envisagée comme une
frange de la population en devenir, c’est-à-dire non directement prise en compte.
Les matières « jeunes », considérées comme secondaires, donnent l’impression d’une
politique abandonnée, laissée pour compte.
Une société qui mise sur son avenir, donc sa jeunesse doit être une priorité de tous !
La jeunesse est plurielle, dynamique et positive
Lorsque l’on entend parler de jeunesse dans les médias, dans la rue, dans les cénacles du
pouvoir, elle est quasi systématiquement posée comme un problème, une frange de la société
à haut potentiel de danger…
Nous dénonçons cette image infondée. La société a toujours eu peur de sa jeunesse, qu’elle
admette cette posture irrationnelle pour la dépasser et rencontrer les jeunes dans leur réalité !
La jeunesse souhaite de la cohérence à son égard
Face aux politiques régionales, fédérales et parfois même communautaires (l’emploi, la
formation, l’enseignement, la justice…), les jeunes ne sont que trop peu consultés !
Par ailleurs, les politiques qui touchent les jeunes sont éparpillées entre divers niveaux de
pouvoir, sans réelle articulation organisée entre eux.
Nous souhaitons la mise de dispositifs qui visent une politique cohérente dans laquelle la
jeunesse est envisagée dans sa globalité. Telle est la condition d’une prise en compte adéquate
de la jeunesse dans la société.
La jeunesse souhaite un futur ambitieux pour tous
Nous constatons que les conditions sociales, économiques et culturelles de l’ensemble de la
société, et particulièrement des jeunes, se dégradent. Il y va de l’intérêt de tous de construire
pour demain une société plus juste, plus prospère et plus solidaire.
Le Conseil de la Jeunesse participe de cette ambition !
Geoffroy Carly
(Vice-Président du CJEF)
4

Développement durable
Les jeunes veulent vivre dans un monde qui se développe de manière durable et où les
communautés sont solidaires dans le temps et dans l’espace.
Plus que les précédentes, notre génération est prête à relever les défis et résoudre les
problèmes globaux dont nous avons hérité. Réchauffement de la planète, catastrophes
naturelles, globalisation, conflits autour des ressources naturelles… : les jeunes sont
actuellement inondés d’informations négatives au sujet de l’avenir de la planète. Ces
problématiques vont influencer notre vie de tous les jours, notre présent et notre futur. Il faut
agir. Une gestion globale durable, pas théorique mais en action, à tous les niveaux de la
société, doit voir le jour dès aujourd’hui.
Cette gestion durable doit se développer selon cinq dimensions :
- sociale, avec une visée de justice et d’équité à l’échelle mondiale ;
- participative, où les citoyens prennent part à l’élaboration des décisions politiques ;
- environnementale, dans le respect des ressources dont la terre dispose ;
- économique, où la production et la consommation visent à la satisfaction des
besoins de tous ;
- culturelle, dans le respect et la promotion de la diversité culturelle.
Les jeunes ont également hérité d’une culture du bien-être par l’avoir et le confort qui entraîne
à la surconsommation. Les causes de la surconsommation doivent être combattues.
Désormais, nous voulons consommer moins mais mieux.
Recommandations
1. Politique agricole
- Favoriser une agriculture durable, de proximité et de qualité en assurant notamment
la viabilité des exploitations de taille réduite.
- Faire payer le prix réel des produits (internalisation des coûts externes comme le
transport).
- Établir une politique agricole qui soutient économiquement les services
environnementaux rendus par les agriculteurs.
- Renforcer l’information tant vers les producteurs que les consommateurs des choix
de production et de consommation possibles afin d’opérer une politique agricole responsable.
2. Santé – climat
- Réduire la consommation de viande pour des raisons environnementales et de santé
publique : proposer un menu végétarien dans les cantines publiques et privées, investir dans
une campagne de sensibilisation du citoyen au risque d’une consommation excessive de
viande...
3. Rôle d’exemple des autorités
- Proposer des cantines durables (produits frais, bios et de saison, réduction des
déchets…) dans tout le service public.
- Imposer une gestion durable des bâtiments (cahier des charges environnementalesstrict)
et du personnel.
- Imposer une politique d’achats verts.
- Mettre en conformité énergétique les bâtiments scolaires et publics.
5

4. Emploi
- Investir dans les métiers et techniques verts.
- Organiser l’économie en favorisant le plus possible les emplois de qualité et les
circuits courts.
- Limiter les déplacements inutiles de produits et de personnes.
- Cesser de subsidier des gouffres financiers et écologiques.
- Soutenir l’économie sociale et non marchande.
5. Climat
- Subventionner la mise en conformité énergétique des bâtiments des Organisations
de Jeunesse, des locaux des Mouvements de jeunesse et des Maisons et Centres de Jeunes.
- Soutenir les citoyens dans leurs démarches environnementales, notamment pour la
compensation de leurs émissions de CO2.
6. Mobilité
- Développer un réseau de transports en commun de jour et de nuit dont la fréquence,
la couverture et le prix permettent à tous de se déplacer sans voiture.
- Favoriser la mobilité douce et développer les villes et les villages en pensant
d’abord aux piétons et aux cyclistes plutôt qu’aux voitures.
- Développer en dehors des centres urbains des parkings de dissuasion (Park & Ride)
connectés efficacement aux transports en commun.
- Imposer une vignette autoroutière et un péage urbain pour financer les transports publics.
- Proposer des parkings pour vélos sécurisés auprès des grandes gares et dans les
centres urbains.
- Rembourser les trajets domicile/lieu de travail pour les déplacements à vélo et à
pied.
- Favoriser la multimodalité pour les transports de marchandises.
7. Publicité
- Organiser le contrôle de la publicité par un véritable organisme indépendant des
publicitaires.
- Réguler les publicités pour les produits néfastes pour la santé et l’environnement.
- Supprimer la publicité des chaînes de télévision et de radio publiques.
- Interdire toute publicité dans l’enceinte scolaire et veiller à la réguler autour des
lieux fréquentés par les enfants.
8. Urbanisme
- Proposer une politique d’urbanisme et d’aménagement du territoire cohérente.
- Limiter le grignotage des espaces verts.
- Densifier les villages et les centres urbains.
- Proposer un logement public social accessible à tous, de qualité (rénovation et mise
en conformité énergétique), suffisant et adapté (taille des logements).
- Prévoir des noyaux de services lors de la construction de nouveaux logements afin
de limiter les déplacements.
9. Indépendance énergétique
- Investir dans les énergies renouvelables.
- Avoir une politique plus normative en matière d’espaces naturels.
6

10. Plan de Développement International
- Utiliser le développement durable comme ligne de conduite de grands projets
mobilisateurs de toute la population et qui ont une réelle retombée sur les gens dans
leur vie de tous les jours, en étant conscients de la manière dont on les mène (quelle mobilité ?
quelle dépense énergétique ?...).
7

Emploi
1. Exclusion sociale
Si les propositions de mai 2008 de la Ministre fédérale de l’Emploi sont appliquées, il est
prévu une intensification du contrôle des jeunes demandeurs d’emploi passant notamment par
un raccourcissement de la période au terme de laquelle le jeune demandeur d’emploi est
contrôlé sur son comportement de recherche d’emploi. De plus, des sanctions relatives à ses
allocations de chômage seraient possibles dès le premier entretien.
En Région Wallonne et à Bruxelles, des plans « jeunes » (Job Tonic, Plan d’emploi pour les
jeunes) ont également été mis en place pour renforcer l’accompagnement des jeunes
demandeurs d’emploi. En pratique, l’accord de coopération du 30 avril 2004 entre l’État
fédéral et les entités fédérées (relatif à l’accompagnement et au suivi actifs des chômeurs)
rend la participation à ces plans obligatoires pour tous les jeunes demandeurs d’emploi, sous
peine de sanctions.
Le CJEF se réjouit que l’accompagnement des jeunes en recherche d’emploi soit renforcé,
leur permettant ainsi d’être plus efficaces dans leur recherche, de s’insérer plus rapidement
sur le marché du travail ou de se former. L’objectif d’émancipation de chaque jeune, possible
notamment via son insertion sur le marché du travail, pourrait, de cette façon, être plus
facilement atteint. De par leurs missions, les services régionaux de l’emploi sont les plus à
même d’effectuer cet accompagnement.
Toutefois, le CJEF est sceptique quant à la logique de ces différentes mesures qui tend à faire
porter la responsabilité d’un problème de société, le chômage des jeunes, sur les seuls
demandeurs d’emploi. Nous nous interrogeons également sur le système de contraintes et de
sanctions qui repose sur les épaules du demandeur d’emploi dans ce plan. Les jeunes
chômeurs sont les premiers à être convoqués, contrôlés et donc susceptibles d’être les
premiers à subir des sanctions, voire à être exclus du bénéfice des allocations de chômage ou
des allocations d’attente.
De plus, nous estimons que le contrat proposé n’en est pas réellement un. Le jeune n’est en
effet pas libre de refuser de le signer (sous peine d’être négativement noté dans la suite de son
parcours, cette information étant transmise à l’ONEM). Le terme «contrat» implique pourtant
que les deux parties signataires agissent sans contrainte et librement.
Le Forem et Actiris deviennent également des organes répressifs. Ces nouvelles missions ne
se font-elles pas au détriment de leurs premiers objectifs qui sont leur mission
d’accompagnement et de soutien des jeunes demandeurs d’emploi ? Cela pose également la
question quant aux moyens attribués à ces services. En effet, la qualité des services rendus
aux demandeurs d’emploi dépend directement d’éventuels moyens supplémentaires.
De plus, le CJEF estime que ces différents plans et les nouvelles missions répressives
attribuées aux services régionaux de l’emploi entretiennent, dans le chef des jeunes
demandeurs d’emploi, un grand flou entre l’ONEM et ces services et leurs missions.
Enfin, combattre l’exclusion sociale c’est aussi donner aux jeunes l’envie et les moyens
d’entreprendre. La culture et l’esprit d’entreprendre - qui ne se limitent pas au seul domaine
8

économique mais concernent également les domaines sociaux, culturels, etc. - doivent devenir
naturels et présents chez les jeunes.
Recommandations
- Revoir les plans d’accompagnement des jeunes, afin qu’ils ne reposent pas
uniquement sur des mesures visant à exercer un contrôle et, in fine, de sanctions immédiates
dès la première confrontation du jeune avec un «facilitateur» de l’ONEm.
- Revoir la notion de «contrat», considérant qu’un contrat est un accord passé entre
deux personnes dont les volontés se rencontrent.
- Clarifier des termes comme « facilitateur »… qui est en fait un contrôleur ainsi que
le vocabulaire utilisé dans ces différents plans « d’activation ». Dans la même logique,
clarifier les définitions et les rôles des services régionaux avec un réel retour à leur mission
d’accompagnement et de soutien.
- Offrir une information précise, complète et claire aux jeunes, notamment sur les
sanctions encourues dans le cadre de Job Tonic. Cette information doit être donnée
autrement que sous forme de séances d’informations aléatoires. Un guide répertoriant des
informations utiles (personnes ressources, coordonnées, droits de recours, formalités,…) doit
être réalisé et largement diffusé.
- Mettre en place un outil statistique permettant de cibler l’offre d’accompagnement
pour éviter l’inégalité géographique et sectorielle des demandeurs d’emploi.
- Renforcer l’accompagnement à destination des jeunes entrepreneurs via des
formations spécifiques et autres suivis.
2. CPAS
Une conséquence déplorable de ces différents plans de contrôle des jeunes demandeurs d’emploi et des
sanctions qui les accompagnent réside dans le passage d’un nombre croissant de – jeunes – demandeurs
d’emploi d’un système relevant de la sécurité sociale (les allocations d’attente ou de chômage) à un
système plus proche de « l’assistance » (CPAS). 45% des personnes demandant à bénéficier de l’aide du
CPAS suite à une sanction de l’ONEM font partie de la tranche d’âge 25-35 ans ! Et ceux-ci font
majoritairement partie du public le moins formé et le plus défavorisé.
Toutefois, cela ne signifie nullement que ces jeunes bénéficieront de l’aide sociale. En effet,
moins de la moitié (46%) des personnes s’adressant au CPAS après une sanction bénéficient
effectivement de cette aide. On est dès lors en droit de se demander ce que deviennent les 54
% restants !
Il faut donc, dès maintenant, s’interroger sur la société que les jeunes désirent. Est-ce une
société reposant sur un système de solidarité collective (la sécurité sociale) ou une société du
« chacun pour soi », de la violence et de l’exclusion ? Comme nous l’avons dit plus haut, une
remise en cause totale de ces différents plans et des conséquences désastreuses qu’ils peuvent
avoir sur les jeunes les plus fragilisés s’impose donc.
9

Recommandations
- Ne pas soumettre à des conditions drastiques les étudiants dépendant du CPAS, ce
qui mettraient en danger la poursuite et la réussite de leurs études. Il est par exemple
inimaginable que certains CPAS obligent des étudiants à trouver un job d’étudiant alors que
ceux-ci doivent préparer leur deuxième session. Les conditions de vie que connaissent ces
étudiants constituent déjà un frein à leur réussite scolaire.
3. La Sécurité Sociale
La sécurité sociale est loin d’être un système obsolète. Il s’agit d’un système d’assurance
collective accompagnant chaque citoyen tout au long des différentes étapes de sa vie :
naissance, enfance, maladie, soins de santé, périodes de chômage, emploi, pension, accident
de travail…La sécurité sociale est la meilleure garantie d’une société solidaire qui ne laisse
aucun citoyen sur le bord du chemin.
Les événements récents sont là pour nous montrer que le meilleur système d’assurance pour
les citoyens réside dans la sécurité sociale, système d’assurance collective non soumis aux
règles du marché et à la spéculation.
Recommandations
- Instaurer dans les programmes d’études des heures de cours ayant trait à la sécurité
sociale : son histoire, les progrès qu’elle a apportés, ses mécanismes de base, ses enjeux…
Ceci afin de permettre une meilleure information des jeunes et, par conséquent, une meilleure
perception de la citoyenneté. Ces heures pourraient s’inscrire naturellement dans le cadre du
cours d’histoire du XXe siècle ou dans un cours de sciences sociales ou de sciences humaines.
4. Pénurie d’emploi
On parle souvent de métiers en pénurie mais pas du fait qu’il y ait surtout une pénurie
d’emplois pour tous 1 . Cela permet de mettre en évidence un paradoxe hypocrite : il n’existe
pas de réelle volonté de remédier au chômage de masse mais bien une hyper-responsabilité
des chômeurs.
Les emplois reconnus comme étant en pénurie (infirmier, ouvrier en bâtiment…) sont souvent
des métiers où les conditions de travail difficiles poussent les gens à quitter la profession
(horaires peu conciliables avec la vie privée, charge physique, salaires …) ou des métiers qui
demandent une très grande qualification inaccessible pour beaucoup de jeunes, faute de
moyens ou de
« capacités ».
En précarisant les chômeurs, on fragilise aussi les conditions de travail et de vie de tous les
travailleurs. Il est inutile de rappeler que les jeunes sont particulièrement touchés par le
chômage 2 .
Notons enfin que le taux de chômage des jeunes femmes est toujours plus élevé que celui des
jeunes hommes 3 , ce qui met à mal l’hypothèse selon laquelle le déficit de formation est la
10

cause première du chômage des jeunes. Les jeunes femmes sont en effet généralement plus
formées que les jeunes hommes 4 .
Recommandations
- Cesser ce discours culpabilisant pour les jeunes, concernant les métiers dits en
pénurie (« Il y a du travail car beaucoup de métiers sont en pénurie »).
- Revaloriser les conditions de travail de ces métiers en pénurie.
- Permettre aux jeunes de garder leur droit de construire un projet professionnel qui
corresponde à leurs aspirations personnelles.
5. Formations – stages
Un stage est indissociable d’une formation, dont il constitue la phase pratique et qui aboutit
sur une réelle qualification. Le stagiaire peut se confronter aux exigences du métier et ainsi
évaluer si celui-ci correspond à ses attendes, capacités, etc.
Malheureusement, force est de constater de nombreuses dérives. La principale étant que de
plus en plus de jeunes demandeurs d’emploi se voient proposer une succession de stages non
rémunérés avec à la clef des promesses d’emploi sous-entendues ou explicites.
Le stage n’est dès lors plus une phase d’apprentissage mais un «contrat de travail déguisé» où
manque un élément essentiel au contrat de travail, à savoir la rémunération (le contrat et le
lien de subordination subsistent quant à eux). Nous sommes alors dans un «contrat de travail à
titre gratuit» qui n’a aucun fondement juridique et donc qui ne protège nullement le jeune.
Les différents plans régionaux d’activation des demandeurs d’emploi se caractérisent par un
contrat passé entre les services de placement (FOREM, ACTIRIS) et les demandeurs
d’emploi. En matière de stage, le FOREM et ACTIRIS s’engagent à aider au mieux le jeune
demandeur d’emploi en lui proposant «des formations appropriées et gratuites». Le jeune doit
quant à lui respecter les termes du contrat signé. Le CJEF souhaite que les services de
placement ne se bornent pas à une simple offre de formations.
Le Conseil remarque également que si un jeune veut effectuer un stage hors de nos frontières,
cela relève bien souvent du parcours du combattant (information disparate, départ sans statut,
coûts élevés, etc.).
Recommandations
Concernant les formations
- Revaloriser l’enseignement en alternance et de promotion sociale ainsi que
l’enseignement technique et professionnel. Une manière concrète de réaliser cet objectif est de
permettre aux écoles d’investir dans du matériel récent afin de coller au mieux aux réalités des
entreprises.
- Ouvrir un plus grand nombre de lieux de formation.
11

- Garantir des formations de qualité, reconnues et débouchant sur une réelle
certification. Si les pouvoirs publics n’arrivent pas à satisfaire la demande, ils peuvent
recourir au secteur privé. Un tel recours ne pouvant se faire sans un contrôle du partenaire
privé.
- Garantir la formation tout au long de la vie afin d’améliorer la qualification des
travailleurs.
- Informer les demandeurs d’emploi quant aux diverses opportunités qui leur sont
offertes en matière de travail indépendant et de création d’entreprise.
Garantir une vigilance accrue de tous les partenaires concernés et rappeler qu’un
stage poursuit un objectif prioritaire, à savoir former.
Concernant les stages
- Etablir un statut clair (créant une sécurité juridique) pour les jeunes.
- Augmenter les budgets alloués favorisant le départ de tous les jeunes (les
organismes ne prenant pas en charge la totalité du coût, seule une minorité des jeunes peuvent
partir).
- Harmoniser les informations sur un seul outil moderne.
- Simplifier les programmes existants.
- Valider les stages effectués par une certification, garante de qualité.
6. Plans « emploi » jeunes
L’emploi des jeunes est de plus en plus précaire. Nous le savons, le Contrat à Durée
Indéterminée qui devrait être la norme devient l’exception chez les jeunes. Ceux-ci passent de
plans d’embauche en intérim et d’intérim en Contrat à Durée Déterminée. Dans ces
conditions, il est impossible pour les jeunes de bâtir une vie stable et de fonder des projets
d’avenir.
La Belgique figure parmi les pays de l’Union européenne ayant un des taux les plus élevés en
matière de chômage des 15-24 ans (19%). Alors qu’en Flandre le taux de chômage des jeunes
est de 12%, il atteint 28% en Région wallonne et même 35 % à Bruxelles. A titre de
comparaison, le taux de chômage de la population en âge de travailler est de 6,9% en Flandre,
de 18,4% en Wallonie et de 20,7% à Bruxelles. Cela montre bien que le chômage des jeunes
est une problématique spécifique qui doit être prise en compte comme telle. Pour répondre à
cet état de fait, de multiples plans d’embauche ont été mis en place pour favoriser
l’engagement des jeunes. Si l’intention est louable, force est de constater que leur
multiplication rend le système complexe tant pour les jeunes que pour les employeurs. Ces
derniers en viennent à demander aux jeunes eux-mêmes de trouver à quel plan ils
correspondent avant de les engager…
De plus, nous constatons que beaucoup de jeunes, arrivés au terme de leur contrat, sont
remplacés par d’autres jeunes qui sont restés dans des conditions avantageuses pour
l’employeur. Le contrat à durée indéterminée est rarement à la clef du plan d’embauche alors
qu’il devrait y mener !
12

Recommandations
- Contrôler davantage le recours à l’intérim.
- Intensifier les liens entre les jeunes et le monde du travail tout en s’assurant que la
formation soit constructive pour le parcours du jeune.
- Renforcer les contrôles sur l’utilisation des plans d’embauche et les conditionner
comme la justification en cas de refus d’engagement d’un jeune, au terme d’un
contrat d’aide à l’embauche.
- Revoir les différents plans d’aide à l’embauche qui consistent le plus souvent en
une réduction des cotisations sociales patronales sans obligation de pérennité et de qualité
d’emploi.
- Evaluer les plans d’embauche et les effets d’aubaine qu’ils provoquent.
- Conditionner réellement l’octroi de ces différentes aides à l’embauche.
- Mettre en place un système de remboursement de ces réductions de cotisations en
cas de non-respect de ses obligations par l’entreprise.
13

Education
Tous les êtres humains ont droit à une éducation qui leur permette de développer un ensemble
de connaissances et de valeurs. Cette éducation est d’autant plus riche qu’elle est acquise dans
divers lieux et ce, de manière complémentaire : dans la famille, à l’école, auprès des pairs, au
contact de la société, dans les Organisations de Jeunesse, auprès des acteurs du secteur de la
Jeunesse, de l’accueil extrascolaire, dans les activités au-delà du cadre scolaire ou familial :
atelier d’expression, formation continuée, plaine, mouvement de jeunesse, maison de jeunes,
club de sport…
Le Conseil de la Jeunesse estime que l’action de tous les acteurs éducatifs (qu’ils soient issus
de l’éducation formelle, non-formelle ou informelle) est importante et complémentaire : leur
objectif commun est de donner la possibilité à chaque enfant, chaque jeune de devenir le
CRACS 5 de demain.
1. La place de l’enfant, du jeune
Le Conseil de la Jeunesse considère l’enfant, le jeune comme un individu capable de penser,
de créer, d’essayer, d’innover, d’exprimer, d’apprendre et de raisonner. Il importe de le
valoriser plutôt que de stigmatiser certains de ses comportements. Il faut lui faire confiance. Il
est essentiel que tous les enfants et tous les jeunes puissent participer aux processus de
décisions qui les concernent. La participation doit être envisagée dans sa dimension
collective, préparant ainsi les enfants et les jeunes à l’exercice d’une citoyenneté responsable,
active, critique et solidaire.
En vue de combattre l’exclusion des plus faibles, il faut que l’éducation ne reproduise pas les
inégalités sociales inhérentes à la société. Le CJEF considère que l’éducation doit être un
vecteur d’émancipation sociale capable de lutter activement contre les inégalités.
Il convient également d’agir sur la représentation mentale de l’échec. Souvent mise en
lumière dans le milieu scolaire, cette notion d’échec a un impact important et souvent négatif
sur le jeune : impact sur l’estime de soi, sur la construction de l’identité… Le CJEF
revendique dans l’éducation le droit à l’erreur ou, exprimé de manière positive, le droit à
l’essai ; c’est aussi en se trompant qu’on apprend.
N’entrons pas dans la démarche marchande. L’éducation dépasse cette logique et ne peut
survivre qu’avec une vision originale et sur un terme beaucoup plus long que l’échéance
d’une année scolaire, culturelle ou civile. Les Organisations de Jeunesse se veulent être des
endroits privilégiés où les résultats ne sont pas prédéterminés par des normes à atteindre.
Recommandations
- Considérer les enfants et les jeunes dans toutes les approches éducatives comme
des acteurs et non comme des sujets ou parfois même des objets.
- Faire en sorte que TOUS les enfants et TOUS les jeunes participent aux activités
qui les concernent. Cela ne doit pas se limiter au recueil d’avis mais bien à la
construction collective, accompagnée par des personnes issues du cadre de vie qu’elles
partagent dans lequel enfants et jeunes évoluent ensemble.
14

- Associer le CJEF à l’évaluation et à l’évolution des différentes mesures législatives
prises, au regard de leurs objectifs et des objectifs de l’éducation et du public visé.
- Renforcer les dispositifs d’accompagnement des enfants et des jeunes en difficulté.
- Renforcer les dispositifs de soutien mutuel des acteurs d’éducation et des jeunes au
«vivre ensemble », dans une perspective de mixité sociale.
- Permettre à l’enfant et au jeune, en matière d’éducation, d’établir leurs choix en
toute connaissance de cause, dans une démarche positive, avec envie et goût.
- Donner la possibilité aux enfants et aux jeunes porteurs de handicap d’avoir
réellement le choix de leur école et de leurs options.
- Informer les acteurs de l’éducation sur la question du handicap.
- Valoriser les différentes filières pour que l’orientation scolaire des enfants et des
jeunes se réalise dans une démarche positive, avec envie et goût.
- Faire en sorte que tous puissent avoir accès à l’enseignement supérieur, que ce soit
par l’octroi de bourses (et non de prêts) où par une diminution globale du coût des études.
2. Valorisation et complémentarité de tous les acteurs de l’éducation
Le CJEF est convaincu de la complémentarité de tous les acteurs éducatifs dont l’objectif
commun est de permettre aux enfants et aux jeunes de se construire dans une démarche
citoyenne, responsable, critique et solidaire. Le CJEF soutient avec force la possibilité de
communiquer, de construire ensemble dans un esprit de solidarité et de reconnaissance
mutuelle.
Le CJEF tient à réaffirmer le rôle éducatif des acteurs du secteur des Organisations de
Jeunesse et des Centres de Jeunes. En effet, pour peu qu’on y regarde de plus près, tous ces
moments situés dans la sphère des loisirs constituent des temps de rencontres, d’expériences
et d’apprentissage. Ils produisent des effets sur ceux qui les vivent, les font grandir, leur
donne des outils à utiliser dans de nombreuses situations de vie. Cette approche globale,
appelée éducation non-formelle, prend en compte toutes les dimensions de l’individu en lui
rendant une place centrale et intègre des intentions pédagogiques claires qui guident la mise
en œuvre des gestes posés et qui construisent les individus qui les fréquentent.
L’accès à l’information sur les différents types de missions des Organisations de Jeunesse
n’est malheureusement pas suffisamment mis à l’honneur.
Afin de réaliser toutes ces mesures visant l’amélioration du cadre éducatif de l’enfant et du
jeune, il est indispensable d’octroyer des moyens humains et financiers suffisants.
Recommandations
- Encourager les partenariats entre les différents acteurs de l’éducation (les enfants,
les jeunes, les parents, l’école, les acteurs du secteur associatif) en mettant en place des temps
et des lieux de dialogues, de rencontres, d’échanges entre les différents acteurs de l’éducation
en dehors des difficultés et des performances de l’enfant ou du jeune où les différentes parties
peuvent poser leurs questions et apprendre à mieux se comprendre.
15

- Partager des pratiques en matière d’éducation afin qu’elles contribuent à une
meilleure intégration et construction de l’enfant et du jeune.
- Améliorer de façon significative la visibilité des actions des enfants, des jeunes et
de tous les acteurs éducatifs en leur donnant accès à tous les lieux de valorisation en
particulier au sein des médias.
- Investir dans les Organisations de Jeunesse, qui promeuvent par leur vécu un
système de valeurs basé sur les relations et la solidarité plutôt que sur l’avoir et
l’individualisme, et offrent aux jeunes un projet de société, des outils et un terrain pour
construire ensemble une société plus durable.
- Soutenir les initiatives relevant de l’éducation non-formelle.
- Faire en sorte que les parents restent dans une démarche citoyenne, des partenaires
importants dans le développement et l’éducation de leurs enfants.
- Reconnaître la place et le rôle de l’éducation non-formelle comme acteurs
d’éducation.
- Apporter un soutien plus important aux écoles de devoirs qui peuvent faire le lien
entre le jeune, l’école et les parents.
- Encourager les partenariats entre les écoles et les Organisations de Jeunesse.
3. L’éducation aux médias
Orientée principalement vers l’objectif de l’accès à l’information, l’éducation aux médias est
réduite à seulement quelques uns de ses enjeux citoyens. En effet, la prise de parole,
l’expression citoyenne, la consommation critique des médias, la mise à distance des usages
médiatiques, la production jeune sont autant de dimensions inexploitées par une éducation aux
médias focalisée uniquement sur l’accès à l’information.
Nous constatons que les mesures prises par la Communauté française sont de nature fort
structurelle et formelle, laissant peu de place à l’évolution fulgurante, à la transversalité et à la
pluridisciplinarité des médias. Les tendances actuelles de l’appropriation des médias par les
jeunes renvoient à la nécessité d’actions adaptées et souples correspondant à leur
consommation et production médiatiques.
Le CJEF veut également attirer l’attention sur l’enjeu de la qualité des pratiques
professionnelles de la communication et de l’information en vue de fournir aux jeunes un
environnement médiatique, critique, démocratique et pluraliste.
Recommandations
- Développer une approche de l’éducation aux médias davantage basée sur les enjeux
des usages actuels que sur les supports empruntés : la relation à soi, aux autres et au
monde ; la production de contenus, l’expression citoyenne, etc. Cela deviendrait alors de
l’éducation par les médias.
- Soutenir des actions éducatives qui favorisent la participation des jeunes à tous les
niveaux du projet (élaboration, conception, réalisation, évaluation) dans la
perspective d’une éducation aux médias active et participative afin que les jeunes se
positionnent en tant qu’acteurs médiatiques et non comme simples consommateurs,
16

notamment en favorisant les partenariats avec les médias locaux (télévisions, presse,
radios,...).
- Améliorer l’offre et l’accès des jeunes aux équipements techniques (matériel
audiovisuel, informatique, etc.) dans les centres de prêt, dans le cadre des projets de
productions critiques.
- Favoriser ce type d’approche par le mode «peer-to-peer». Cette démarche d’interéducation,
d’échanges d’informations et de conseils ou de propagation des bonnes pratiques
est même à privilégier vu l’expansion en réseau de leurs pratiques médiatiques (notamment
online).
- Anticiper autant que possible les nouveautés des pratiques communicatives online
et être proactif, notamment en favorisant la mise en réseau d’experts, de personnes ressource
en éducation aux médias, d’éducateurs, de jeunes, de techniciens IT afin d’observer et
d’analyser l’éclosion des nouveautés technologiques et les usages qu’elles génèrent. Un
observatoire permettrait de rassembler en un lieu les connaissances et démarches
pluridisciplinaires concernant les nouvelles technologies (juridiques, sociologiques,
psychologiques, techniques, éducatives, etc.) et de fournir des informations, avis, outils et
conseils adaptés à toute personne en lien avec la problématique (Secteur de la Santé, éducatif,
judiciaire, jeunesse, …).
- Soutenir et promouvoir les partenariats entre les acteurs de l’éducation (formelle,
informelle et non formelle) et les lieux d’expertises et de ressources en éducation aux médias
afin de favoriser l’intégration de la réflexion critique des médias au cœur de la vie des
jeunes, en tout lieu et à travers tout projet.
- Parce qu’elle ne doit pas être utilisée pour alibi des dérives médiatiques ni être
confondue avec les discours protectionnistes, l’éducation aux médias doit pouvoir
prendre part activement aux perspectives d’une éducation à la citoyenneté.
- En ce qui concerne les professionnels (journalistes), ne plus se contenter de
présenter l’info, mais la critiquer et la comparer.
4. Image des jeunes
Le Conseil de la Jeunesse s’inquiète de voir l’image des jeunes se dégrader de plus en plus au
sein de la société. Certains médias mettent systématiquement en avant une actualité négative
qui ne reflète que les faits d’une minorité de la jeunesse. De plus, notre société actuelle laisse
de moins en moins de place aux jeunes qui veulent s’exprimer.
Recommandations
- Donner plus de place aux initiatives positives des jeunes dans les médias et
notamment à la radio et à la télévision du service public. Celle-ci pourrait, si on les y
incitait, consacrer aux jeunes plus d’un sujet par semaine dans une de ses émissions.
- Mettre sur pied une émission radio et télévisuelle consacrées à la vie associative
pour les secteurs de l’Éducation permanente et de la Jeunesse qui ait des moyens réels, dans le
cadre du contrat de gestion de la chaîne publique et des télévisions communautaires. En
résumé, nous demandons l’activation du dispositif du contrat de gestion.
- Mettre sur pied une campagne de sensibilisation annuelle qui ait les moyens de
promouvoir l’engagement volontaire des jeunes dans la vie associative afin de montrer les
côtés proactifs et positifs de la Jeunesse.
17

5. Éducation à la citoyenneté
Le récent « Décret Citoyenneté » propose des options méthodologiques intéressantes en
matière d’éducation à la citoyenneté. Nous relevons plusieurs points positifs : le caractère à la
fois transversal et ponctuel de la formation, la multi- et/ou l’interdisciplinarité, l’ouverture sur
l’extérieur ainsi que la participation des enfants et des jeunes. Ce décret n’étant d’application
que depuis le 1er septembre 2007, il est difficile, à ce stade, d’en mesurer l’ensemble des
applications (par ex., le Précis de citoyenneté, ou manuel de référence, prévu par le décret ne
sera publié que dans le courant 2008-2009). Toutefois, nous déplorons que le manuel de
référence ne soit destiné qu’aux jeunes du 3ème degré des Humanités générales et
technologiques ainsi qu’aux élèves des formes 3 et 4 de l’enseignement spécialisé. En outre,
après analyse, il ressort que la place accordée aux droits de l’enfant dans la mise en
application de ce décret (préparation du manuel de référence et activités interdisciplinaires
programmées) est très limitée voire inexistante.
Recommandations
- Garantir l’accès à l’éducation à la citoyenneté à tous les jeunes, tout en accordant
une attention particulière aux jeunes les plus vulnérables (enfants porteurs de handicaps,
enfants malades, enfants en conflit avec la loi, enfants vivant dans la précarité, enfants
migrants et d’origine étrangère,…).
- Créer des espaces et des temps de rencontres et d’informations entre les écoles et
les OJ.
- Instaurer des « journées citoyennes » dans les écoles, consacrées à la formation et à
l’information. Ceci dans le but d’une prise de conscience de tous les acteurs de l’école
(élèves, professeurs, direction) des actions réalisées et à réaliser.
- Donner les moyens financiers quant à la réalisation concrète des objectifs du décret
dans les Organisations de Jeunesse et les écoles.
- Garantir le droit à l’éducation à la citoyenneté aux enfants, tel que le prescrit la
Convention relative aux droits de l’enfant.
- Octroyer une éducation spécifique aux droits de l’enfant.
- Fournir aux jeunes une éducation à la citoyenneté, via l’enseignement obligatoire,
dès le début du primaire et jusqu’à la fin du secondaire.
- Développer une éducation à la différence et à la solidarité, quelle que soit l’origine
de cette différence (en y incluant la pauvreté).
- Développer, à tous les niveaux d’enseignement, des pratiques de démocratie à
l’école, et repérer, soutenir et diffuser les pratiques existant déjà.
- Développer au sein de l’établissement scolaire, et en lien avec le décret missions et
les socles de compétences, des activités amenant l’élève (l’enfant) à prendre une place active
dans son environnement (conseil de classe, délégués, ROI, …).
- Créer un espace et un temps de formation et d’information pour les professeurs et
futurs professeurs afin qu’ils se forment à la participation et à la création d’espaces
participatifs.
- Instaurer un système concret d’évaluation, (peut-être sous forme de label) sur les
pratiques (réelles) de ces méthodes.
18

6. Sensibilisation à la question des holebis ( Homosexuels, lesbiennes et
bisexuels )
Les droits des holebis ont fait l’objet ces dernières années de nettes améliorations (PACS,
adoption partielle, etc.). Pourtant, une partie importante de la population pour qui
l’hétérosexualité reste la norme, est toujours réticente et l’exprime à travers des abus verbaux
et physiques encore fréquents. Les jeunes holebis sont évidemment les premières victimes de
ces abus.
En effet, il est toujours très difficile pour un jeune qui découvre son orientation sexuelle d’y
faire face, de l’accepter et surtout de la révéler à son entourage par crainte de sa réaction.
Cette difficulté rend ces jeunes très fragiles et plus vulnérables face à toute une série de
problèmes (alcool, drogues). Les tentatives de suicide sont également plus fréquentes chez les
jeunes holebis. On estime que près de 40% des tentatives de suicide ou suicides des 16 à 22
ans ont pour origine la difficulté à vivre une différence sexuelle. La cause de ces fragilités
n’est pas psychopathologique mais bien psychosociale : le manque d’information, l’isolement
et la discrimination sont souvent l’explication d’une construction négative de l’image de soi.
Les risques de contracter le sida restent plus grands pour les homosexuels que pour les
hétéros. Il est donc essentiel de multiplier les efforts de prévention face aux prises de risques,
mais aussi les missions d’accompagnement, de soins et de traitement lorsque la maladie
s’installe.
Recommandations
- Développer des animations scolaires relatives à l’orientation sexuelle. Il est
important que dans l’enseignement secondaire, des temps d’animation intègrent un module
relatif aux orientations sexuelles, de façon à véhiculer une image plus sereine de
l’homosexualité, de permettre aux jeunes en questionnement de dédramatiser leur situation et
de recevoir des informations sur les services à leur disposition.
- Développer à l’intention du grand public des campagnes d’information et des
campagnes de promotion de la santé relatives à l’identité sexuelle. Une campagne destinée
aux parents des jeunes homosexuels devrait être développée en Communauté française.
- Relancer des campagnes de prévention du sida. La banalisation du sida doit être
combattue, surtout chez les jeunes.
- Investir dans des structures de dépistage anonyme et gratuit qui facilitent l’accès
des jeunes, des populations précarisées et des personnes migrantes au dépistage 6 .
19

Aide à la jeunesse
Le CJEF s’oppose à toutes les tendances sécuritaires en matière de jeunesse. En effet, cellesci
nous semblent dangereuses car elles représentent le plus souvent des limites à la liberté des
jeunes (liberté d’association et de réunion, libre circulation, liberté d’expression, …). Ces
mesures sécuritaires, souvent disparates, sont généralement prises en réaction à la
médiatisation de certains faits (incivilités, sniffing, petite criminalité, …) et adoptées dans
l’urgence sans qu’on prenne la peine d’assurer une réelle cohérence entre les différentes
mesures. Cela ne fait qu’augmenter le flou et l’incompréhension du citoyen devant ces règles
de droit et risque de renvoyer au jeune des directives incohérentes, voire contradictoires.
Le CJEF constate que notre société a tendance à individualiser les responsabilités. Lorsqu’un
tort est commis, les autorités prennent trop souvent le mauvais réflexe de chercher un
responsable à tout prix. Les circonstances dans lesquelles s’est déroulé l’acte ou les risques
liés à la situation sont relégués pour le mieux au rang des circonstances atténuantes. Cette
situation nous paraît inquiétante car elle pourrait entraîner un retour en arrière en matière
d’Aide à la Jeunesse. En effet, le caractère particulier du droit de la Jeunesse repose sur le fait
que la situation du jeune, qui est un être encore en cours d’apprentissage, nécessite un
traitement particulier, une intervention notamment éducative à laquelle la sanction contribue,
de la part de la justice et de l’Etat.
Le CJEF réaffirme que tout mineur, même s’il dévie des règles fixées dans notre société, doit
être pris en compte de manière spécifique au regard de son âge. Le CJEF affirme son
opposition, de principe, à l’application du Droit pénal aux mineurs, et donc au
dessaisissement.
Il convient de privilégier les alternatives à la détention, comme la médiation ou les mesures
éducatives et d’accompagnement du jeune dans son milieu de vie. La réponse à apporter à
chaque jeune doit donc être adaptée et personnalisée en fonction de sa situation et de son
parcours.
De plus, il nous semble plus intéressant pour les pouvoirs publics de mettre sur pied des
politiques de soutien à des dynamiques positives vis-à-vis des jeunes ou dans des politiques
de prévention.
Les parents, plus particulièrement, doivent être reconnus comme des partenaires importants
dans la gestion des difficultés de leur enfant, tant qu’il est sous leur autorité, et cela même
s’ils ne vivent plus en couple.
Recommandations
- Appliquer sans exception l’article 40 alinéa 1 er de la Convention internationale des
Droits de l’Enfant qui stipule que les jeunes impliqués dans des infractions à la loi pénale ont
droit à un traitement qui tienne compte notamment de leur âge. En effet, la Belgique a ratifié
cette Convention et doit donc s’y tenir, comme à toute autre règle de droit votée par le
pouvoir législatif.
20

- Limiter le placement en IPPJ, qui comme mesure d’enfermement des mineurs, doit
être une mesure de dernier recours et aussi brève que possible.
- Faire en sorte que la Justice prenne en compte la situation du jeune dans sa
globalité, et pas uniquement l’examen des faits, lors de toute décision concernant celui-ci.
- Faire en sorte que toute intervention de l’Aide à la Jeunesse ait une vocation
éducative et de responsabilisation visant à inculquer aux jeunes les règles de vie en
société.
- Prévenir dans les plus brefs délais les parents en cas d’interpellation d’un mineur.
- Renforcer la logique d’accompagnement préventif et protectionnel des familles.
- Investir dans la dynamique associative qui entoure les jeunes, et plus
particulièrement dans les Organisations de Jeunesse et les Centres de jeunes, afin de créer plus
de cohésion sociale autour des jeunes. Une telle démarche, c’est donner plus de chances aux
jeunes de se construire dans une société qui les accueille plutôt qu’elle ne gère les turbulences
de leur vie.
- Renforcer les initiatives qui visent à optimiser les interventions des personnes qui
travaillent avec des jeunes (enseignants, CPMS, éducateurs, animateurs, assistants
sociaux, …).
- Promouvoir le concept de bientraitance, utilisé notamment dans l’éducation nonformelle
selon lequel on considère le jeune comme un partenaire, acteur de sa propre vie, qui
pense et a des émotions, et avec qui il convient de travailler dans une optique d’émancipation.
21

Enfance
1. L’accueil des enfants et des jeunes
La multiplication et la complexité des textes régissant les enfants (moins de 18 ans pour la
CIDE) est, pour le CJEF, un indicateur du morcellement de la politique de l’Enfance en
Communauté française tant du point de vue de l’âge, des lieux de vie, des différents niveaux
politiques, des subsides, des infrastructures… Morcellement que le CJEF veut dénoncer pour
favoriser une vision plus globale et une politique de cohérence en la matière.
Le CJEF insiste sur le fait que l’enfant, que ce soit le week-end, la semaine ou durant les
vacances scolaires, dans les Organisations de Jeunesse, au sein de sa famille, au sein des
structures d’accueil extrascolaire au sens large ou à l’école est une et même personne qui se
construit.
L’intégration des enfants et des jeunes porteurs d’un handicap doit être mieux soutenue afin
que ceux-ci puissent véritablement devenir acteurs de leur vie. Actuellement, rien ou peu est
prévu dans les législations existantes. Le financement prévu pour l’intégration de ces enfants
est insuffisant ou totalement absent.
Plus particulièrement, le CJEF tient à porter l’attention sur la formation des acteurs de
l’accueil des enfants et des jeunes. Le CJEF constate avec satisfaction que des avancées sont
réalisées sur ces questions indispensables. Toutefois, le CJEF regrette de ne pas encore avoir
été associé à la réflexion sur l’harmonisation des nombreuses formations liées à l’accueil de
l’enfance. En effet, en tant qu’organe de représentation des enfants et des jeunes, le CJEF est
à même d’apporter son expertise en la matière afin de contribuer à l’amélioration de la qualité
de l’accueil de l’enfance.
Nous pensons également que des transversalités restent à développer entre les différents soussecteurs
de l’accueil de l’enfance. Ces transversalités doivent notamment porter sur les
compétences développées dans un sous-secteur qui doivent bénéficier à l’accueil de l’enfance
en général.
Recommandations
- Regrouper les compétences qui concernent les enfants et les jeunes auprès d’un
seul et même ministre.
- Développer une politique globale et coordonnée de l’Enfance et de la Jeunesse.
- Augmenter l’enveloppe budgétaire et harmoniser l’octroi des subsides.
- Conserver à l’enfant son statut quelque soit son âge.
- Garantir l’accessibilité de l’accueil.
- Valoriser le temps de l’accueil.
- Clarifier les possibilités d’accueil pour les parents à l’aide d’un outil explicatif et
informatif.
- Garantir le financement des projets soutenus par le FESC afin que ceux-ci puissent
perdurer.
22

Développer une réflexion sur le développement de l’accueil de l’enfance en y
associant l’ensemble des acteurs concernés et intégrer dans cette réflexion les questions de
développement des compétences sur une logique de transversalité.
- Articuler davantage la formation continue des professionnels de l’accueil des 3-12
autour des dispositifs de formation à l’animation jeunesse, de manière à favoriser les
passerelles entre les différents secteurs d’accueil de l’enfant.
- Constituer un bagage de compétences initiales ne doit pas être laissée à la seule
appréciation des professionnels qui se forment. A tout le moins, les candidats au certificat
doivent-ils pouvoir trouver un accompagnement pédagogique qui leur permette d’identifier
au mieux leurs besoins et, plus encore, de tisser les liens qu’il s’agit d’opérer entre les
différents modules auxquels ils participent.
- Articuler la formation continue des professionnels autour des finalités de
l’éducation choisies par le lieu d’accueil, dont chaque professionnel se sera approprié
l’essentiel. Ces finalités doivent s’inscrire dans le champ de l’éducation non formelle, et en
particulier répondre aux nécessités pour les enfants de participer à la conception des activités
qui les concernent.
- Maintenir la formation continue des professionnels de l’accueil comme un lieu de
réflexion critique sur les enjeux de notre société (dérives sécuritaires, risque zéro dans
l’éducation, enjeux du « vivre ensemble », etc.).
2. Les centres de vacances
Le centre de vacances est un domaine d’actions spécifique à destination des enfants. Sa
spécificité se trouve dans le cadre totalement différent du quotidien hors vacances, qui, lui, est
morcelé et entièrement réglé et géré par les adultes.
Dans ce contexte, il est indispensable que les encadrants disposent d’une formation spécifique
solide. Les temps de vacances sont une nécessité sociale actuellement trop peu reconnue et
soutenue. Il devient impératif de mieux soutenir financièrement un type d’action à haute
valeur humaine et sociétale qui répond à un besoin fondamental de ressourcement autant pour
les parents qui confient leurs enfants que pour ces derniers. Il importe donc que les moyens
financiers, pour les actions et pour la formation, soient à la hauteur des enjeux... ce qui est
loin d’être le cas actuellement. Un seul exemple : la valeur du point est théoriquement de 1,25
euro indexé chaque année depuis 2004... nous en étions à 1,09 euro en 2007.
Nous soulignons également qu’une grande partie de l’action des centres de vacances est le fait
de jeunes engagés dans des Organisations de Jeunesse. Plusieurs dizaines de milliers de
jeunes suivent chaque année une formation afin de devenir animateur et coordinateur de
centre de vacances. Cette formation entraîne un investissement considérable en énergie et en
temps. Les organismes de formation travaillant dans le secteur associatif et reconnus par la
Communauté française pourraient être davantage reconnus, soutenus qu’ils ne le sont
aujourd’hui, et de ce fait assurer à nos jeunes encore de meilleures formations.
Recommandations
- Finaliser le parcours des textes légaux liés aux centres de vacances, textes travaillés
en collaboration avec les organisations du secteur, dont le CJEF.
23

- Développer un soutien spécifique à l’action volontaire et bénévole, principalement
aujourd’hui, celle des mouvements de jeunesse.
- Former les encadrants de centres de vacances afin qu’ils bénéficient d’une
formation de qualité, axée sur la réalité spécifique de l’animation en centres de vacances.
- Octroyer des moyens financiers supplémentaires afin de pouvoir organiser de façon
optimale les formations des encadrants et les centres de vacances.
- Augmenter les montants des subventions octroyées pour l’intégration d’enfants
handicapés de manière à le rendre égal voire supérieur au montant octroyé pour l’organisation
de séjours et camps spécialisés.
- Reconnaître la spécificité des centres de vacances et les encourager par un soutien
financier plus important.
3. École de devoirs (EDD)
Une évaluation du décret relatif au soutien et à la reconnaissance des écoles de devoirs a été
effectuée fin 2006. Bien que le nouveau décret de janvier 2007 ait permis de valoriser le
travail effectué en écoles de devoirs, de professionnaliser le secteur et de clarifier les missions
des écoles de devoirs, il subsiste des manques.
Recommandations
- Modifier le décret EDD de manière à y prévoir les conditions et les moyens pour
l’intégration d’enfants et de jeunes porteurs de handicap.
- Finaliser l’arrêté permettant un processus de « brevétisation » des animateurs
comme moyen assurant la qualité de l’action sur le terrain.
4. Accueil Temps Libre (ATL)
Le décret de juillet 2003 constitue une réelle avancée pour l’accueil des enfants durant leurs
temps libres. Ce décret affirme la nécessité de détenir des compétences minimales pour
prendre en charge des enfants de 3 à 12 ans durant leurs temps libres et il définit les socles de
base, prenant en compte le bien-être global de l’enfant… Il met en place des dispositifs de
formation initiale et continuée par des opérateurs de formation agréés et reconnus,
garantissant la qualité des propositions destinées au personnel extrascolaire. Il instaure un
subventionnement de ces formations par l’ONE, permettant aux responsables de personnel
d’accueil extrascolaire de se former à moindre coût et sur le long terme. Il reconnaît
l’obligation de formation continue, pour un accueil de qualité toujours à garantir et améliorer
et il valorise les personnes prenant en charge les enfants durant leurs temps libres et la prise
de conscience de l’importance de leur rôle éducatif, différent mais complémentaire à celui des
enseignant-e-s.
24

Recommandations
- Ne pas limiter la CCA, comme lieu de coordination, à la gestion des garderies
scolaires mais intégrer l’ensemble des réalités extrascolaires qu’elles soient bénévoles ou
professionnelles.
- Améliorer l’offre de formations subventionnées par l’ONE, pour faire face à des
demandes croissantes de formation initiale et continuée.
- Augmenter les moyens financiers investis dans le secteur de l’accueil des enfants
durant le temps libre pour atteindre les exigences du code de qualité.
- Respecter les normes indicatives d’encadrement fixées par le décret ATL, en
investissant des moyens financiers pour engager du personnel supplémentaire.
- Valoriser les personnes qui accueillent les enfants durant le temps libre vis-à-vis de
leurs compétences (par exemple la récente proposition d’extension du système des titresservices
dans le secteur de l’accueil de l’enfance).
- Améliorer le statut d’une profession qui reste précarisée au niveau des conditions
d’emploi (contrats CDD, ALE, PTP…).
5. La participation des jeunes
Il est essentiel que tous les enfants, tous les jeunes puissent participer aux processus de
décisions qui les concernent. La participation doit être envisagée dans sa dimension
collective, préparant ainsi les enfants et les jeunes à l’exercice d’une citoyenneté responsable,
active, critique et solidaire.
Recommandations
- Faire en sorte que la participation de tous les enfants et de tous les jeunes aux
activités qui les concernent ne se limite pas au recueil d’avis mais bien à la construction
collective, accompagnée par des personnes issues du cadre de vie qu’elles partagent dans
lequel enfants et jeunes évoluent ensemble.
- Considérer les enfants et les jeunes dans toutes les approches éducatives comme
des acteurs et non comme des sujets ou parfois même des objets.
6. Éducation aux droits de l’enfant
Les actions menées ces dernières années par la Communauté française pour faire connaître la
Convention relative aux droits de l’enfant ont été diversifiées mais souvent indirectes voire
insuffisantes (hormis la base de données « droits de l’enfant » créée par l’OEJAJ 7 ). Les
compétences sont partagées entre divers niveaux de pouvoir et il est primordial que soit
davantage mise en œuvre une politique transversale et coordonnée en matière de droits de
l’enfant.
L’éducation aux droits de l’enfant à l’école a été intégrée dans la législation par le décret
citoyenneté mais les droits de l’enfant ne sont qu’indirectement visés par ce décret. Seuls
deux des nouveaux modules de formation proposés par l’Institut de la formation en cours de
25

carrière à l’attention des enseignants sont en lien avec les droits humains. Et un seul d’entre
eux porte sur les droits de l’enfant, mais d’une façon très ciblée. Cette formation, qui est
proposée depuis l’année scolaire 2005-2006, s’intitule « Vivre et apprendre la citoyenneté et
la démocratie à l’école. Apprendre les droits et les devoirs de 5 à 14 ans ». On remarque que
les droits de l’enfant n’y sont pas abordés spécifiquement, mais qu’ils sont plutôt liés aux
devoirs ; par ailleurs, la formation est destinée aux enseignants et éducateurs pour des enfants
âgés de 5 à 14 ans, mais pas pour des jeunes de 15-18 ans.
Recommandations
- Mettre en place une éducation sur les droits de l’enfant indépendamment d’une
éducation aux droits humains, et son intégration par décret au programme scolaire dès le
début de l’enseignement primaire et ce jusqu’à la fin du secondaire.
- Faire connaître la Convention, et ce, via quatre objectifs : savoir que la Convention
existe ; connaître et intégrer la philosophie de la Convention ; connaître et intégrer le contenu
de la Convention ; mettre en pratique ce qui est appris.
- Rendre le contenu de la Convention compréhensible pour le public visé, et
l’adapter à l’âge des participants. Dans ce cadre, utiliser des outils pédagogiques
spécifiques.
- Mettre en place des programmes de formation systématiques et permanents sur les
droits de l’enfant à l’attention de tous les groupes professionnels qui travaillent pour et avec
les enfants, en particulier les enseignants, aussi bien dans le cadre de la formation initiale que
de la formation en cours de carrière.
- Informer les enseignants de l’existence d’outils pédagogiques en lien avec les droits
de l’enfant, qui sont proposés aussi bien par des organismes officiels de la Communauté
française que par des associations actives dans le domaine des droits de l’enfant.
7. Les Conseils communaux d’enfants et de jeunes
Les conseils communaux d’enfants et de jeunes ont pour objectif de comprendre et de mettre
en pratique les principes démocratiques, leur permettant de développer une citoyenneté active
et responsable.
Les Conseils communaux d’enfants et de jeunes sont donc des lieux de rencontre au sein
desquels les enfants devraient pouvoir échanger, dialoguer, discuter et être partenaires.
Le CJEF constate que rien n’est mis en place de manière structurelle pour les jeunes au-delà
de 12 ans. Cette absence de cadre amène à rencontrer des réalités très différentes sous
l’appellation de conseil communal des jeunes.
Les jeunes ne sont pas des adultes en miniature qui par imitation à plus petite échelle
apprennent à reproduire des comportements d’adultes. Il ne faut pas réduire la démocratie à la
symbolique du Conseil Communal. Il faut aménager une structure qui tient compte de la
jeunesse locale dans toute sa complexité. Pour éduquer à la démocratie, il s’agit de traiter de
vécus communs et d’agir sur des vécus communs. L’éducation à la citoyenneté et à la
démocratie doit se construire dans un engagement citoyen, dans un engagement qui s’inscrit
dans la vie des jeunes avec leurs pairs dans le temps et dans les lieux de vie des jeunes. C’est
26

à partir de ce qu’il vit dans sa classe, dans son association, dans sa locale de mouvement de
jeunesse, dans le centre de vacances où il séjourne dans le groupe…, que le jeune va pouvoir
développer une pratique de participation et de dialogue. Les Conseils communaux d’enfants et
de jeunes doivent se construire avec les acteurs associatifs et de jeunesse locaux. Ils ont la clef
des préoccupations des jeunes, ils peuvent constituer un relais important dans l’établissement
des conseils et seront à même de le faire vivre de façon pluraliste, représentative,
indépendante et démocratique.
Bien entendu, pour que les conseils communaux d’enfants et de jeunes deviennent
d’authentiques lieux de débat démocratiques, il faut des moyens, un accompagnement et
surtout un cadre légal.
Recommandations
- Encadrer par un décret les conseils communaux d’enfants et de jeunes.
- Témoigner de la diversité de la jeunesse locale et des éventuels rapports de force
existant dans l’entité.
- Constituer un véritable contre-pouvoir – librement consenti – à l’autorité du
Conseil Communal.
- Se construire avec les acteurs associatifs et de jeunesse locaux.
- Etre un relais des préoccupations des jeunes vers le politique ; un lieu de
consultation effective ; un lieu de prise de décision sur des enjeux concrets et identifiés par
les jeunes ; un lieu indépendant et pluraliste ; un lieu où chaque jeune peut porter un projet et
être entendu ; un lieu où une véritable culture de débat – citoyen et indépendant – est
encouragée.
27

Culture
Sans vouloir décider de ce que doit être la Culture pour/par les jeunes, le Conseil de la
Jeunesse constate que des imperfections subsistent dans l’accès des jeunes à la Culture, à leur
Culture, à toutes les Cultures. Cet accès est très variable. Il est important que chacun puisse
agir librement mais également que chacun ait une attitude critique face à l’offre et aux
pratiques culturelles et que le goût de tout un chacun soit forgé par une démarche d’ouverture
et de décodage de ce qu’il connaît et ne connaît pas. Le Conseil de la Jeunesse ne veut pas
cloisonner les genres ou se limiter à l’existence d’une/de « culture(s) jeune » mais souhaite
qu’un processus d’ouverture du goût et des mécanismes d’apprentissage des différents
référents culturels soit développé dans les différents endroits de socialisation de la jeunesse.
En termes d’accès des jeunes à la Culture, le Conseil de la Jeunesse souhaite que cette
problématique anime les pouvoirs publics ainsi que le secteur culturel et le secteur de la
jeunesse. Il s’agit d’un sujet primordial qu’il faut aborder sans œillère ni a priori pour
permettre un épanouissement des jeunes en citoyens critiques. Le coût reste la barrière
d’accès à la Culture la plus objectivable et quantifiable et dévoilant le plus facilement les
disparités socio-économiques 9 . C’est pourquoi, les responsables politiques et institutionnels
doivent avoir une réelle politique de démocratisation tarifaire. Toutefois, l’entrave financière
n’est pas la seule existante.
Recommandations
- Décloisonner les lieux de diffusion de la Culture et les ouvrir à toutes les cultures et
aux publics ‘jeunes’ c’est-à-dire ouvrir les lieux culturels à toutes formes
d’expression culturelle sans jugement de valeur ni assujettissement au goût majoritaire 10 .
- Développer le goût, le regard critique, l’entendement des divers ‘référents/codes
culturels’, le désir et la curiosité dès le plus jeune âge via les lieux de socialisation des enfants
et des jeunes.
- Entamer une réflexion sur les codes culturels et leur ouverture aux autres c’est-àdire
en finir avec les idées reçues classifiant les cultures par milieux sociaux.
- Valoriser et renforcer la présence de médiateurs culturels auprès des jeunes dans les
milieux scolaire et extrascolaire.
- Intégrer la dimension d’accès à la culture et de médiation culturelle dans la
formation initiale des pédagogues.
- Valoriser les services éducatifs/pédagogiques des lieux de culture et en permettre la
création dans les lieux qui n’en sont pas dotés par un financement propre ou une structure en
réseau.
- Avoir une réelle évaluation de l’action du décret « Culture et Enseignement » avec
tous les acteurs de terrain en y associant le Conseil de la Jeunesse.
- Créer une plateforme interactive, efficace, à larges accès et de diffusion permettant
l’échange et le transfert des données relatives aux activités culturelles par et/ou pour les
jeunes c’est-à-dire mettre en réseau les organisateurs des différentes activités et expériences
existantes en Communauté française.
- Offrir aux publics un référencement des activités et expériences existantes.
28

- Développer la création de lieux de socialisation en milieu urbain, semi-urbain et
également rural pour permettre aux jeunes de se rencontrer et de créer des synergies et des
rencontres.
- Refinancer le secteur culturel, celui de la jeunesse et celui de l’enseignement pour
effectuer les missions primordiales de l’accès des jeunes à la Culture en tant que public et en
tant qu’acteurs.
- Privilégier les financements structurels pour le développement de projets divers et
variés sur le long terme plutôt qu’un financement ponctuel.
- Développer des synergies structurelles entre la culture et la jeunesse que ce soit en
matière de financement ou en termes d’actions de communication coordonnée.
- Améliorer l’offre de transports en commun autour et vers les lieux de culture.
29

Secteur Jeunesse
Les Organisations de Jeunesse ont également des recommandations communes liées à leur
fonctionnement quotidien.
1. Expression et participation des jeunes à la société
Le nouveau Conseil de la Jeunesse, le CJCF, ambitionne de toucher plus largement les jeunes
de la Communauté française par une action à portée aussi bien locale que communautaire.
- Soutenir cette ambition suffisamment et intelligemment par la Communauté
française.
2. Charte associative
- Traduire les principes de la Charte dans des textes qui ont force de loi et qu’ils
soient réellement transposés en mesures concrètes en faveur de toutes associations.
- Renforcer la simplification et la transparence des démarches administratives
demandées aux associations vis-à-vis de tous les niveaux de pouvoir, notamment vis-à-vis du
Service de la Jeunesse du Ministère de la Communauté française.
- Valoriser et stimuler l’action associative citoyenne en supprimant toute concurrence
entre les pouvoirs publics et le monde associatif… C’est parfois loin d’être le cas, notamment
pour les centres de vacances sur le plan local : bien souvent, les communes cherchent à
concurrencer les initiatives indépendantes de leur pouvoir.
3. Coordination entre les différents pouvoirs publics
- Articuler les politiques qui touchent les jeunes, notamment en créant un comité
interministériel de la jeunesse. La coordination visée entre les niveaux de pouvoir doit s’axer
sur :
- la systématisation des mécanismes de concertation de différents
pouvoirs compétents sur des compétences proches ;
- la généralisation de la portée d’une agréation : lorsqu’un niveau de
pouvoir agrée une structure dans un domaine, cette agréation doit pouvoir valoir dans d’autres
domaines ;
- le développement de la formation et la cohérence des pouvoirs
subsidiants, notamment entre l’ONE et la Communauté française ;
- la mise sur pied de plans d’action cohérents et communs aux
différents niveaux de pouvoir qui ont des compétences déterminantes sur un même sujet :
concrètement, cela devrait se traduire notamment par la rédaction d’une charte intersectorielle
valable pour tous les lieux d’accueil des enfants et des jeunes.
4. Volontariat
- Soutenir tout processus d’information des jeunes volontaires.
- Créer des maisons d’association à l’échelon provincial et local en complémentarité
et en partenariat avec notre secteur, qui seraient destinées à soutenir et informer les
30

volontaires, notamment sur la législation en matière de volontariat, par la vulgarisation des
textes de loi et l’offre de services juridiques et la vigilance de l’évolution de celle-ci.
- Réinvestir et promouvoir la journée internationale du volontariat du 5 décembre.
- Soutenir l’idée de l’année européenne du volontariat en 2011 auprès de l’Union
Européenne via nos représentants et les Ministres compétents en vue de mobiliser les
états membres autour de ce but.
- Poursuivre la revalorisation de l’AB 33.11 pour la formation des animateurs
volontaires, pour atteindre au moins les mêmes montants que ceux pratiqués en éducation
permanente mais aussi la révision des critères et montants d’intervention pour
correspondre aux réalités et projets pédagogiques des opérateurs.
- Revoir la circulaire formation pour l’adapter aux réalités de la formation de
volontaires par des volontaires : une simplification administrative est nécessaire.
- Revaloriser l’AB 33.10 pour la formation des cadres socioculturels des OJ pour
soutenir la formation continue au sein de ce secteur.
5. Soutien aux infrastructures locales de jeunesse
Un Décret doit pérenniser et accroître le soutien financier aux infrastructures locales de
jeunesse et favoriser une articulation plus grande entre les différents niveaux de pouvoir
(Communauté française, Régions, Communes).
Le Décret doit prévoir l’élargissement de l’aide à des problèmes autres que la sécurisation
incendie des locaux : leur salubrité, leur sécurité générale… tout en garantissant une
simplification administrative (la réduction du nombre de devis nécessaires par exemple).
Recommandations
- Amplifier l’accès aux infrastructures culturelles et dépasser le cadre de la
Communauté française. Depuis les Etats généraux de la culture, la gratuité d’accès aux
musées subventionnés par la Communauté française un samedi par mois est une réalité pour
les OJ.
- Etendre cette mesure à tous les musées et nous souhaitons entamer une réflexion
sur le soutien de l’accès des jeunes à la culture, par exemple par la mise sur pied d’un chèqueculture
destiné aux groupes de jeunes.
6. Circulaire sur le soutien aux projets jeunes
Une simplification de la rédaction du dossier de demande est nécessaire ainsi que le
renforcement de leur accès pour les jeunes volontaires.
7. Soutien aux initiatives locales volontaires
En lien avec la réforme du CJEF, il est nécessaire d’insister sur la reconnaissance et le soutien
des groupes locaux des Organisations de Jeunesse comme lieux privilégiés pour l’émergence
et la pratique de nouvelles formes d’expression et de participation des jeunes, pour y accueillir
31

encore davantage de jeunes, apporter des éléments de réponses aux attentes et besoins des
jeunes qui y trouvent des espaces d’expression, d’écoute, d’amitié, de réflexion et d’action.
8. Le service de prêt de matériel de la Communauté française
(Naninne)
- Refinancer le centre de prêt afin que du nouveau matériel de qualité puisse être
acheté et mis à disposition de tous. Le volume d’emplois du service doit être également revu à
la hausse pour que, pendant les périodes intensives de prêt, toutes les demandes puissent être
honorées.
- Revoir ses procédures administratives de sorte que les délais de réponse soient les
plus réduits possibles.
- Rendre accessible le matériel audio-visuel à toutes les Organisations de Jeunesse
tout au long de l’année, afin d’éviter toute discrimination.
- Prolonger la Convention entre le Ministre de la Défense et le Ministre-Président de la
Communauté française portant sur la mise à disposition de tentes de l’Armée Belge au-delà de 2009,
année d’échéance de la Convention en cours. Il est souhaitable qu’une collaboration entre les services
de l’Armée et ceux du Centre de prêt se crée pour centraliser toutes les tentes disponibles en un seul
endroit : Naninne. Des investissements dans le centre de prêt de matériel notamment pour du matériel
de camping doivent être effectués ; il faut
doubler ou tripler le nombre de tentes
disponibles.
- Mettre sur pied un comité d’accompagnement et d’évaluation composé
d’utilisateurs et de responsables du Centre afin de mieux cerner les besoins des organisations
de jeunesse, d’anticiper les problèmes et de trouver des réponses efficaces.
9. Mobilité
- Soutenir les rencontres internationales statutaires des Organisations de Jeunesse,
indispensables dans un contexte d’européanisation et de mondialisation. C’est-à-dire la
réactivation d’un dispositif existant jusqu’en 1999 (via l’AB 12.20.11 dans la DO 20).
- Créer via le Bureau International de la Jeunesse un dispositif de soutien particulier
pour les volontaires avec une enveloppe dédiée à cet objectif, des conditions d’accès adaptées
et un comité de sélection composé de volontaires.
10. Emploi dans les OJ
- Redéfinir les politiques de l’emploi qui valorisent les secteurs de la jeunesse à la
hauteur de leur contribution à la société.
- Construire un plan emploi en partenariat avec les Régions pour développer l’action
auprès des jeunes.
- Créer une articulation entre politiques communautaires et régionales en matière
d’emploi subventionné.
- Mieux subsidier les frais relatifs à l’action des OJ et particulièrement des frais de
déplacement.
32

Le mémorandum du Conseil de la Jeunesse a été validé lors de son Assemblée générale du 9
décembre 2008. Les différentes thématiques abordées ont été travaillées soit au sein des
commissions et groupes de travail que coordonne le CJEF soit au sein des organisations de
jeunesse membres.
Editeur responsable :
Alexandre Azer-Nessim (Secrétaire général du CJEF)
Graphisme et mise en page :
Pierre Moor
Tel : 0472/86 00 36
e-mail : pierre.moor@yahoo.fr
Avec le soutien de la Loterie Nationale.
33