Matière àConception - Weber
Matière àConception - Weber
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N°10 / Été-Automne 2012 www.weber.fr<br />
DOSSIER SPÉCIAL RÉFÉRENCES : ARCHITECTURE & FAÇADE<br />
FICHE PRATIQUE<br />
Spécial isolation acoustique<br />
sous carrelage<br />
MATIÈRE<br />
ÀCONCEPTION<br />
[4] Dossier spécial références :<br />
- Architecture résidentielle<br />
- Architecture et Isolation<br />
Thermique par l’Extérieur<br />
[21] Restauration du bâti ancien :<br />
Mairie du 19 e siècle<br />
10<br />
[23] Architecture intérieure<br />
et sols colorés : Siège social<br />
à Gennevilliers<br />
[26] Carte Blanche : Maison<br />
du Languedoc-Roussillon<br />
[31] Biblio-services
N° 10 ÉTÉ - AUTOMNE 2012<br />
Espace de partages et d‘échanges proposé par la marque <strong>Weber</strong>, Matière à <strong>Conception</strong> montre des images d’architecture<br />
dont les travaux ont été réalisés ces derniers mois. Les concepteurs ou maitres d’ouvrage y témoignent de leur expérience<br />
dans le contexte de la commande architecturale actuelle et d’un univers réglementaire en mutation. Pour l’éditorial<br />
de ce 10 ème numéro, Matière à <strong>Conception</strong> a souhaité faire intervenir le président de l’association A.M.O. qui se situe<br />
au cœur de ces préoccupations.<br />
Le nombre toujours croissant d’acteurs, de normes, de réglementations, les nouveaux<br />
outils de l’infographie et la complexité des rapports entre les différents intervenants<br />
modifient sensiblement la manière de concevoir un projet.<br />
Face à ces nouvelles données, architectes et maîtres d’ouvrage s’adaptent de façons<br />
différentes, chacun interprétant les nouvelles demandes économiques, sociales et environnementales.<br />
Cette trilogie du développement durable prendra tout son sens lorsque<br />
les uns et les autres partageront une culture commune architecturale et urbaine élargie<br />
à l’ensemble des acteurs.<br />
L’émergence d’une nouvelle demande de la part d’élus et d’habitants va dans le sens de la<br />
qualité architecturale, dans son sens le plus profond : des constructions pérennes intégrées<br />
dans leur environnement, répondant au besoin des usagers et porteuses de sens, révélant<br />
la culture d’une société en permanente mutation. La majorité des maîtres d’ouvrage, qu’ils<br />
soient publics ou privés, commence à porter un réel intérêt à l’architecture contemporaine.<br />
Mais trop souvent cela s’exprime à travers une demande d’écriture “extra-ordinaire”<br />
qui fait écho à la médiatisation où l’image est plus facilement valorisable que l’usage.<br />
Les procédures des concours conduisent généralement vers un choix qui s’appuie<br />
sur des perspectives qui mettent en scènes des technologies complexes pas toujours<br />
maitrisées. S’ils ont été l’occasion de faire émerger de jeunes talents et de créer de l’innovation,<br />
ils ont rarement permis d’apporter une réelle réflexion sur les modes d’habiter<br />
qui prenne en compte les besoins et les aspirations de l’ensemble des usagers.<br />
Le débat concerne principalement un très faible pourcentage des cons tructions neuves<br />
(seulement 1 % par an du cadre bâti national) alors qu’il devrait s’élargir à l’ensemble<br />
du patrimoine en cours de réalisation et existant. On ne pourra répondre à la demande<br />
qu’en développant des solutions réellement économes et modulables pouvant s’adapter<br />
à l’évolution des pratiques.<br />
La question essentielle tient à mon sens au rayonnement de l’architecture ordinaire<br />
de qualité, architecture qui doit pouvoir répondre à la nécessité d’offrir un espace de<br />
vie décent qu’il soit habitat ou lieu de travail à tous.<br />
Partage de culture et rayonnement de la qualité architecturale sont les objectifs de<br />
l’association AMO au travers de ses nombreuses et différentes actions (visites, conférences,<br />
débats, cycle de formation CAMO, voyages d’études, Prix AMO…)<br />
La résidence “Belle d’Avignon” (en complément du “matière à conception n°9”) : “… un quartier contemporain<br />
en couleur que les premiers habitants commencent à animer”. Avec nos remerciements à Bernard Nantois Architecte<br />
(ABSCISSE Réalisations à Villeneuve lez Avignon) pour ces vues panoramiques qui présentent un stade abouti<br />
dans les finitions.<br />
ARCHITECTURE DU QUOTIDIEN<br />
4]<br />
Pascal Chombart de Lauwe,<br />
président d’Architecture<br />
et Maîtres d’Ouvrage<br />
© Lucie Chombart de Lauwe Le bar Floréal photographie<br />
DOSSIER SPÉCIAL RÉFÉRENCES<br />
Architecture résidentielle :<br />
- 90 Logements sociaux à Saint-Ouen-l’Aumône (95)<br />
- 132 Logements collectifs à Trappes (78)<br />
Architecture et Isolation Thermique par l’Extérieur :<br />
- 12 Logements passifs à Riorges (42)<br />
- Un quartier et des Logements à Bègles (33)<br />
- Extension d’un EPHAD à Neufchâtel (72)<br />
- 481 Logements sociaux rénovés à Montpelier (34)<br />
21]<br />
23]<br />
26]<br />
29]<br />
31]<br />
RESTAURATION DU BÂTI ANCIEN<br />
- Mairie de Saint-Jean-du-Gard (30)<br />
ARCHITECTURE INTÉRIEURE ET SOLS COLORÉS<br />
- Siège social de Redskins à Gennevilliers (92)<br />
CARTE BLANCHE<br />
- Maison de l’Architecture du Languedoc-Roussillon<br />
FICHE PRATIQUE<br />
- Spécial isolation acoustique sous carrelage<br />
BIBLIO-SERVICES<br />
ÉTÉ - AUTOMNE 2012 N° 10<br />
[saint-gobain weber France, b.p. 84 Servon 77253 Brie-Comte-Robert cedex -<br />
tél. 01 60 62 13 00][www.weber.fr][Renseignements techniques : N° INDIGO<br />
08 2000 3300] [DIRECTEUR DE PUBLICATION : Philippe Genin][DIRECTEUR<br />
DE RÉDACTION : Christian Gérard-Pigeaud][COMITÉ RÉDACTIONNEL : André<br />
Begon, Jean-Emmanuel Corger, Tanguy Coriou, André Deloche, Jean-<br />
Claude Giraud, Patrick Lamache, Dominique Oliveira, Salvador Ramon]<br />
[CONCEPTION-RÉALISATION :<br />
- Philippe Chauveau, Sophie<br />
Chauvin, Gaëlle Barouillet, Stephanie Bee - Tél. : 01 42 73 60 60 - e-mail :<br />
editionspc@wanadoo.fr] [IMPRIMEURS : Geers Offset][Crédit photo de<br />
la couverture : 11h45 photographe]
DOSSIER RÉFÉRENCE (ARCHITECTURE RÉSIDENTIELLE)<br />
UN MONDE FLOTTANT<br />
© 11h45 photographe<br />
L’architecte Ivan Legarrec dévoile le projet de construction de 90 logements collectifs<br />
à Saint-Ouen-l’Aumône destinés en majorité au relogement des ménages locataires<br />
de bâtiments assignés à la démolition.<br />
Construction<br />
de 90 logements<br />
sociaux<br />
FICHE TECHNIQUE<br />
Lieu : Saint-Ouen-l’Aumône (95)<br />
Programme : 90 logements collectifs –<br />
Habitat social<br />
Maître d’ouvrage : Emmaüs Habitat<br />
Architecte : Daufresne, Le Garrec<br />
& Associés Architectes<br />
Matière à <strong>Conception</strong> : Pouvez-vous nous<br />
présenter votre agence ?<br />
Ivan Le Garrec : Nous avons créé l’agence<br />
avec Marc Daufresne en 1989. Elle compte<br />
aujourd’hui 6 architectes associés et 18 collaborateurs<br />
et a réalisé de nombreux programmes<br />
– logements, bureaux, équipements<br />
publics (santé, enseignement), restructurations,<br />
maisons individuelles, urbanisme –<br />
qui sont autant d’occasions de développer<br />
des savoir-faire spécifiques, auprès de maîtres<br />
d’ouvrages publics ou privés.<br />
M. à C. : Comment avez-vous été sélectionnés<br />
sur le projet “Tout un monde Flottant” ?<br />
I. L. : Il s’agissait d’une consultation d’architectes.<br />
Le projet n’était pas encore défini au<br />
moment de la consultation, le choix s’est fait<br />
en fonction de notre démarche et de nos références.<br />
En général, ce qui peut attirer l’attention<br />
sur notre agence, c’est que nous essayons<br />
de faire en sorte qu’il n’y ait pas deux projets<br />
identiques, que chaque projet consiste dans<br />
une étude spécifique, liée au contexte, au<br />
maître d’ouvrage, etc. La difficulté majeure<br />
sur ce projet était le terrain. Nous avons peutêtre<br />
été retenus parce que nous avons pour<br />
usage de proposer des interventions qui in -<br />
tègrent les spécificités du terrain au projet. Il<br />
était important de ne pas simplement projeter<br />
une formule un peu déjà standardisée.<br />
M. à C. : Pouvez-vous revenir sur les détails<br />
du projet ?<br />
I. L. : Il s’agissait de construire 90 logements<br />
sur un terrain qui se situe le long du boulevard<br />
Ducher, qui est très planté. C’est un<br />
terrain en creux, une cuvette par rapport<br />
à la voirie. Il s’agit d’un terrain inondable<br />
et qui doit rester inondable. C’est-à-dire qu’à<br />
crue, l’eau doit pouvoir envahir le terrain afin<br />
d’éviter de se répandre partout. Il était donc<br />
impossible de construire au niveau naturel du<br />
terrain. Il fallait permettre à l’eau de circuler<br />
à tout moment. Il s’agit d’une piscine naturelle<br />
qui doit le rester. Le Plan de Prévention<br />
des Risques d’Inondations impose de ne pas<br />
empêcher la circulation de l’eau. Nous avons<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #4
“Nous avons donc réalisé un projet sur pilotis, avec un rez-de-chaussée flottant au niveau<br />
de la voirie, et un parking ouvert en contrebas qui se situe au niveau du terrain naturel”<br />
Ivan Legarrec, architecte<br />
© 11h45 photographe<br />
enduit minéral épais<br />
taloché lisse<br />
weber.codipral DS<br />
enduit minéral épais<br />
Taloché éponge<br />
weber.pral TE<br />
donc réalisé un projet sur pilotis, avec un rezde-chaussée<br />
flottant au niveau de la voirie, et<br />
un parking ouvert en contrebas qui se situe<br />
au niveau du terrain naturel. Le parking reste<br />
ainsi inondable en cas de crue.<br />
© 11h45 photographe<br />
M. à C. : Y’avait-il d’autres contraintes spécifiques<br />
au projet ?<br />
I. L. : Le PLU de Saint-Ouen limite la hauteur<br />
des bâtiments. À l’endroit où était prévue<br />
la réalisation des 90 logements, il était<br />
impossible d’avoir un linéaire bâti le long du<br />
boulevard, accessible directement depuis le<br />
boulevard. Il a fallu que nous allions un peu<br />
en fond de parcelle avec deux fronts bâtis,<br />
l’un le long du boulevard, et l’autre en fond<br />
de parcelle. Ce dernier se retrouvait par<br />
ailleurs près de la voie de chemin de fer de<br />
la SNCF et posait donc des problèmes<br />
d’acoustique à intégrer au projet. Après<br />
avoir échangé avec le maître d’ouvrage,<br />
il s’est avéré que la meilleure solution<br />
était d’avoir deux fronts bâtis parallèles<br />
au boulevard. Cela impliquait la nécessité<br />
L’aspect de l’enduit<br />
coloré change<br />
avec la lumière,<br />
ce qui donne de la vie<br />
à ces façades.<br />
de pouvoir passer librement d’un front<br />
à l’autre. C’est ainsi que nous avons créé<br />
des passerelles. Pour synthétiser, il s’agit<br />
d’un projet sur pilotis avec des passerelles :<br />
des ponts piétons. Ces ponts permettent<br />
dans un premier temps de relier le boulevard<br />
au premier front bâti, qui est en<br />
retrait parce qu’il y a des arbres à préserver.<br />
Et dans un second temps, les passerelles<br />
traversent le premier front bâti et rejoignent<br />
le deuxième.
DOSSIER RÉFÉRENCE (ARCHITECTURE RÉSIDENTIELLE)<br />
“À l’opposé d’une peinture, l’enduit coloré utilisé dans le projet a une structure<br />
et une profondeur, son aspect change avec la lumière, ce qui donne de la vie à ces façades”<br />
Ivan Legarrec, architecte<br />
© 11h45 photographe<br />
© 11h45 photographe<br />
Alors que le premier front est plutôt à<br />
double orientation, dans le deuxième les<br />
bâtiments sont plutôt mono-orientés, avec<br />
des coursives du côté de la voie de chemin<br />
de fer et des pièces à vivre sur le jardin.<br />
M. à C. : Comment avez-vous procédé ?<br />
I. L. : Le thème de la passerelle, du front<br />
qui franchit l’espace, est devenu le thème<br />
récurrent du projet. Il y a non seulement<br />
ces trois passerelles perpendiculaires au<br />
boulevard, mais aussi les bâtiments euxmêmes,<br />
qui sont bâtis autour de césures<br />
qui permettent d’avoir une vue en profondeur.<br />
Entre les bâtiments, il y a des escaliers<br />
extérieurs qui ont une structure en béton<br />
un peu arborescente qui mettent en valeur<br />
la notion de franchissement. Nous avons<br />
profité de la morphologie particulière du<br />
terrain pour élaborer des volumes libres, qui<br />
montent, qui descendent, s’éloignent, se<br />
rapprochent. Cela nous a permis de mettre<br />
en scène cette thématique d’un monde<br />
flottant, de bâtiments qui flottent.<br />
Par ailleurs, cette construction sur pilotis<br />
a fait que nous nous sommes retrouvés<br />
avec un grand jardin qui est devenu inaccessible,<br />
par le fait qu’il se trouve au ras de<br />
la nappe phréatique. Cette inaccessibilité<br />
s’est finalement avérée positive. Avec la<br />
paysagiste nous avons pu mettre en scène<br />
un jardin semi-aquatique assez sophisti qué.<br />
Il n’aurait peut-être pas pu l’être autant s’il<br />
avait pu être accessible. Le jardin donne un<br />
rendu un peu magique. Il est visible depuis<br />
les logements et les passerelles et participe<br />
à cette poétique du monde flottant.<br />
M. à C. : Pouvez-vous revenir sur le choix des<br />
enduits et les couleurs retenues ?<br />
I. L. : Les bâtiments représentent des volumes<br />
que nous avons tranchés par des césures et<br />
des volumes qui sont creusés par des loggias,<br />
des coursives et des entrées de logements.<br />
Nous avons choisi d’avoir des bâtiments<br />
blancs et de faire en sorte que toutes les parties<br />
creusées soient en couleur. Cela donne<br />
un peu l’image d’un gâteau, dont on coupe<br />
une tranche… les couleurs. Cela a été conclu<br />
après concertation avec le maître d’ouvrage.<br />
En général, dans le logement social, il y a une<br />
sorte de réticence à utiliser la couleur. Le logement<br />
social n’a pas les moyens d’utiliser la<br />
pierraille en fausses briques, le faux bois, etc.<br />
Ainsi, nous avons voulu oser des jeux de couleurs<br />
plus intenses. Nous avons mis en place<br />
une gamme de couleurs autour des tons<br />
ocres, du clair au foncé. Ce sont des tons plutôt<br />
naturels, qui rappellent un peu la brique, le<br />
bois, et qui s’intègrent à l’environnement,<br />
tout en permettant de trancher avec le blanc.<br />
L’ensemble fonctionne avec des menuiseries<br />
en aluminium gris foncé. Cela a permis de<br />
donner de l’élégance au résultat. L’enduit est<br />
un matériau de base, mais le fait qu’il soit mis<br />
en scène avec des menuiseries aluminium<br />
gris foncé offre un graphisme élégant qui lui<br />
donne une toute autre dimension. À l’opposé<br />
d’une peinture, l’enduit coloré utilisé dans le<br />
projet a une structure et une profondeur, son<br />
aspect change avec la lumière, ce qui donne<br />
de la vie à ces façades.<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #6
Rémy Calot, actuellement à la tête de sa propre agence, Architecture Rémy Calot, revient<br />
sur le projet de 132 logements, à Trappes auquel il a participé alors qu’il était associé dans<br />
l’Agence AUP.<br />
Matière à <strong>Conception</strong> : Comment l’Agence<br />
a-t-elle obtenu le projet ?<br />
Rémy Calot : Il s’agissait d’un concours<br />
maître d’ouvrage / maître d’œuvre associés<br />
sur un terrain qui appartenait à la ville. La<br />
ville, après sélection, a retenu quatre équipes<br />
qui ont répondu à la fois sur un projet d’architecture<br />
et sur une proposition financière,<br />
l’objectif de la ville étant de vendre le terrain<br />
avec un projet architectural. Je pense que la<br />
qualité urbaine et l’architecture du projet<br />
ont retenu l’attention des jurés. En effet,<br />
la ville de Trappes souhaitait que ce projet<br />
symbolise une nouvelle image du logement<br />
et soit un signal sur le rond point François<br />
Mitterrand qui doit devenir une nouvelle<br />
entrée de la ville.<br />
M. à C. : En quoi consistait le projet ?<br />
R. C. : Il s’agit d’un programme mixte. Il y a<br />
132 logements répartis sur sept bâtiments<br />
et 1 000 m 2 de commerces : un supermarché<br />
et une boulangerie. Le projet se situant dans<br />
un milieu urbain, nous souhaitions que la<br />
structure commerciale s’intègre dans le bâti<br />
pour ne pas casser l’image urbaine. Les<br />
commerces se situent donc sous les bâtiments<br />
de logements, la partie en débord,<br />
côté espace central, est recouverte par<br />
une terrasse végétalisée. Toutes les façades<br />
des commerces sont reliées par une galerie<br />
couverte. Ces commerces situés en face<br />
des commerces existants viennent renforcer<br />
la structure commerciale du quartier.<br />
M. à C. : Les bâtiments sont situés sur un<br />
carrefour. Comment avez-vous traité cette<br />
donnée ?<br />
R. C. : Nous avons consacré de l’importance<br />
à l’idée de faire de ce programme<br />
de logements un signal. De l’autre côté<br />
de notre projet, il y a un terrain qui n’est<br />
pas construit, mais que la ville souhaite<br />
construire dans le futur. Au moment du<br />
concours, il nous a été demandé de réaliser<br />
un scénario intégrant les deux ilots, celui<br />
du concours et celui qui se trouvait en<br />
face. Par rapport à la notion de signal, nous<br />
© Rémy Calot<br />
CONNECTER ESPACE PUBLIC<br />
ET ESPACE PRIVÉ<br />
FICHE TECHNIQUE<br />
Lieu : avenue Hector Berlioz ,<br />
avenue Salvador Allendé<br />
78 190 Trappes<br />
Programme : 132 logements répartis<br />
sur 7 bâtiments et 1 000 m 2<br />
de commerces<br />
Maître d’ouvrage : ICCPROMOTION et NACARAT<br />
Architecte : Agence AUP – Rémy Calot
DOSSIER RÉFÉRENCE (ARCHITECTURE RÉSIDENTIELLE)<br />
“Nous avons proposé à la ville l’enduit weber.codipral DS, en finition taloché lisse.<br />
C’est un produit plus cher que les enduits classiques, mais moins que les vêtures […]<br />
et le procédé weber.terranova print, dont le relief est une trame rappelant la texture du bois”<br />
Rémy Calot, architecte<br />
© Rémy Calot<br />
enduit minéral épais<br />
taloché lisse<br />
weber.codipral DS<br />
avons choisi de faire une faille, entourée de<br />
volumes de murs végétaux. Nous voulions<br />
que l’îlot soit ouvert et, de l’autre côté du<br />
rond-point nous avions également imaginé<br />
une autre faille, différente, mais comprenant<br />
la même idée de transparence entre<br />
le domaine public et le domaine privé qui<br />
se situe à l’intérieur de l’îlot. Ainsi le piéton<br />
peut percevoir le jardin situé en cœur de<br />
l’îlot, plutôt qu’un front bâti qui n’offre pas<br />
de perspectives. La faille encadrée par les<br />
deux volumes sous forme de murs végétaux<br />
qui se font face en oblique permet une<br />
perception de l’espace vert central. Les sept<br />
bâtiments sont séparés par des espaces, des<br />
mini-failles par rapport à la grande faille qui<br />
est sur le rond-point. Notre objectif était<br />
que lorsque le piéton se promène le long du<br />
projet, il puisse être face à des séquences,<br />
qui lui offrent à chaque fois une vue sur l’espace<br />
central. C’était une ambition majeure<br />
du projet : créer cette transparence et ainsi<br />
mettre en relation, au moins visuellement,<br />
espace public et espace privé.<br />
M. à C. : L’une des caractéristiques du projet<br />
réside dans le choix des murs végétaux.<br />
Pouvez-vous revenir sur ce choix original ?<br />
R. C. : Nous aimions l’idée de pouvoir associer<br />
le construit et le végétal. Cela nous a permis<br />
de donner un autre aspect à l’architecture et<br />
plus largement à la ville. Nous souhaitions<br />
intégrer le végétal dans l’architecture de façon<br />
à lui donner un aspect moins dur. L’intérêt du<br />
végétal, c’est aussi de voir, en fonction de<br />
l’évolution des saisons, les couleurs du mur<br />
changer. C’est un élément vivant par rapport<br />
à une façade en béton statique. Le fabricant a<br />
un contrat d’entretien qui assure deux tontes<br />
par an et le remplacement des végétaux.<br />
L’arrosage est automatisé. Au rez-de-chaussée<br />
des bâtiments, il existe un local technique<br />
dans lequel il y a des pompes grâce auxquelles<br />
l’eau et le fertilisant sont réinjectés.<br />
M. à C. : Comment avez-vous procédé dans<br />
le choix des enduits ?<br />
R. C. : Dans son cahier des charges, la ville<br />
avait mentionné des aspects très spéci-<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #8
“C’était une ambition majeure du projet : créer cette transparence<br />
et ainsi mettre en relation, au moins visuellement, espace public et espace privé”<br />
Rémy Calot, architecte<br />
© Rémy Calot<br />
© Rémy Calot<br />
fiques. Notamment concernant les enduits.<br />
Les enduits classiques, type monocouche,<br />
avec un gros grain, ne convenaient pas parce<br />
que trop salissant. La ville souhaitait un<br />
revêtement très lisse, qui puisse garantir une<br />
bonne pérennité des bâtiments. Nous avons<br />
proposé à la ville l’enduit weber.codipral DS,<br />
en finition taloché lisse. C’est un produit plus<br />
cher que les enduits classiques, mais moins<br />
que les vêtures. Le produit suppose d’avoir<br />
un support de qualité. Dans le cadre de notre<br />
projet cela convenait puisque tous les murs<br />
des façades sont en béton banché.<br />
M. à C. : Qu’en est-il du choix des couleurs ?<br />
R. C. : Toutes les parties basses des façades,<br />
jusqu’au niveau R+3 sont plus claires, l’ensemble<br />
des façades principales sont traitées<br />
en blanc cassé, et les volumes en avancée,<br />
côté avenue Salvador Allende, sont traités<br />
avec une pointe d’ocre-jaune afin de<br />
créer une ponctuation sur l’avenue. Pour<br />
les derniers niveaux traités en attique, nous<br />
souhaitions un bardage bois afin de donner<br />
plus de présence à ces volumes situés<br />
sous les toitures zinc. Mais pour des raisons<br />
techniques – sécurité - le bois a dû être<br />
abandonné. Pour conserver cet aspect du<br />
projet, nous avons proposé de traiter ces<br />
volumes avec un enduit matricé, le procédé<br />
weber.terranova print, dont le relief est<br />
une trame rappelant la texture du bois.<br />
Ce choix a permis de réduire les coûts tout<br />
en offrant un traitement nécessitant moins<br />
d’entretien.<br />
M. à C. : Le projet est terminé, quel bilan<br />
faites-vous ?<br />
R. C : Aujourd’hui le projet est terminé, les<br />
logements et des commerces sont vendus.<br />
Dans un reportage pour la télévision locale,<br />
les habitants ont fait part de leur satisfaction<br />
d’habiter ce programme qui avait une<br />
image valorisante.<br />
Ce projet a permis, malgré sa taille - 132 logements<br />
- de créer une architecture à l’échelle<br />
humaine avec une dimension urbaine grâce<br />
aux transparences et aux murs végétaux.<br />
enduit minéral épais matricé<br />
Graphisme type bardage bois<br />
weber.terranova print
DOSSIER RÉFÉRENCE (ARCHITECTURE ET ISOLATION THERMIQUE PAR L’EXTÉRIEUR)<br />
DES LOGEMENTS<br />
DURABLES<br />
© Photothèque weber<br />
Bernard Rivolier, architecte à Mably, détaille les modalités de réalisation d’une opération de<br />
construction de 12 logements passifs labellisés BBC incluant des commerces en rez-de-chaussée<br />
près de Roanne (42). Lauréate d’un appel à projets EffiBAT Rhône-Alpes et ADEME, cette opération<br />
est expérimentale dans la représentation performante des bâtiments en Rhône-Alpes<br />
FICHE TECHNIQUE<br />
Lieu : Riorges Centre (42)<br />
Programme : 12 logements passifs BBC<br />
et trois commerces<br />
Maître d’ouvrage : SCI l’Arc en Ciel, représentée<br />
par Jean Vallorge,<br />
président de Vallorge Sas :<br />
entreprise roannaise de gros<br />
œuvre, développant ses<br />
activités sur des prestations<br />
d’entreprise générale, tout<br />
corps d’état, et en <strong>Conception</strong>-<br />
Réalisation.<br />
Architecte : Bernard Rivolier<br />
Matière à <strong>Conception</strong> : Pouvez-vous nous<br />
ex pliquer le contexte de l’opération<br />
“Résidence L’Arc-en-Ciel” ?<br />
Bernard Rivolier : Les projets ont toujours<br />
une histoire… Il y a deux ans, un boulanger a<br />
décidé de s’implanter sur le cœur de Riorges<br />
pour créer son commerce. La municipalité<br />
a accepté tout en lui expliquant que l’environnement<br />
urbain ne lui permettait pas de<br />
construire un bâtiment sur simple rez-dechaussée<br />
et qu’il fallait absolument imaginer<br />
des logements au-dessus. Financièrement,<br />
il n’avait pas les moyens de porter un projet<br />
de cette dimension et devait donc passer<br />
par un promoteur. Nous nous sommes rencontrés<br />
tous les trois. Nous avions un point<br />
commun : une sensibilité forte à l’aspect<br />
environnemental et durable. Aujourd’hui, il y<br />
a une demande de densification urbaine, de<br />
construire la ville sur la ville. Or dans nos villes<br />
rurales, les gens habitent la ville par défaut<br />
avec comme référence qualitative la maison<br />
individuelle. L’idée était donc de proposer un<br />
produit alternatif à cette maison individuelle :<br />
habiter la ville tout en ayant des conforts<br />
s’approchant de ce à quoi aspire l’habitant<br />
aujourd’hui, c’est-à-dire des logements avec<br />
de la surface et de l’espace. Nous avons proposé<br />
des surfaces relativement importantes<br />
avec, par exemple, des T4 de 105 m 2 . L’autre<br />
point important, c’était de munir les appartements<br />
de grandes terrasses permettant de<br />
vivre dans des espaces intermédiaires.<br />
M.à.C. : Vous avez décidé de construire un<br />
bâtiment BBC. Comment avez-vous abordé<br />
la question de l’isolation ?<br />
B. R. : Nous sommes labellisés BBC, mais nous<br />
avons des performances passives. Le promoteur<br />
étant une entreprise de maçonnerie,<br />
nous avons réalisé la structure en béton. Nous<br />
avons donc opté pour des murs et dalles béton<br />
et une isolation par l’extérieur qui permet de<br />
réduire au maximum les ponts thermiques<br />
et de conserver une forte inertie. Nous avons<br />
ainsi permis d’apporter du confort d’hiver et<br />
du confort d’été. L’eau chaude est en partie<br />
produite par 24 m 2 de panneaux solaires. De<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #10
© Photothèque weber<br />
© Photothèque weber<br />
plus, le groupe de ventilation, VMC doubleflux,<br />
a été posé sur l’édicule qui se trouve<br />
au-dessus de l’ascenseur. Nous avons ensuite<br />
dou blé la performance de la VMC double-flux<br />
en lui mettant une verrière. Ainsi, l’air envoyé<br />
dans les logements est déjà pré chauffé par<br />
la véranda que nous avons réalisée avec un<br />
volet roulant commandé par une sonde thermique.<br />
Lorsque nous n’avons pas besoin de<br />
chaleur, le volet roulant est baissé et l’air est<br />
capté directement à l’extérieur.<br />
M.à.C. : Vous avez également posé un filtre<br />
végétal sur les façades et des paravents ?<br />
B. R. : Le filtre végétal permet aussi d’avoir<br />
cette double façade. En effet, l’été, la végétation<br />
apportera un peu d’ombrage à la façade,<br />
alors que l’hiver, les feuilles seront tombées ce<br />
qui permettra un apport solaire maximum. Audelà<br />
d’une protection au soleil, les paravents<br />
offrent aussi une protection visuelle entre les<br />
terrasses. Ce sont des paravents coulissants<br />
qui permettent aux habitants de gérer le<br />
degré d’intimité et d’ensoleillement désirés.<br />
L’enduit permet<br />
de retrouver<br />
une notion<br />
de masse.<br />
M.à.C. : Comment avez-vous choisi l’enduit<br />
et pour quelles raisons ?<br />
B. R. : L’isolation par l ‘extérieur implique une<br />
multitude de process. Les industriels ont d’ailleurs<br />
beaucoup évolué. Différentes vêtures<br />
existent aujourd’hui : de l’enduit, du bardage<br />
bois, du métal, des matériaux de synthèse,<br />
de l’enduit hydraulique. Nous avons donc un<br />
éventail très large de produits nous permettant<br />
d’offrir une réponse adaptée.<br />
L’isolation par l’extérieur ne consiste pas<br />
nécessairement en une vêture sèche. L’enduit<br />
que nous avons choisi permet de retrouver<br />
© Photothèque weber
DOSSIER RÉFÉRENCE (ARCHITECTURE ET ISOLATION THERMIQUE PAR L’EXTÉRIEUR)<br />
“Je ne conçois pas l’architecture sans couleur”<br />
Bernard Rivolier, architecte<br />
© Photothèque weber<br />
Système d’isolation<br />
thermique par l’extérieur<br />
avec enduit sur isolant<br />
en laine de roche.<br />
weber.therm XM roche<br />
Finition mince à la chaux<br />
aérienne talochée<br />
weber.unicor ST<br />
toute une notion de masse au niveau d’un<br />
volume. En enlevant ce côté vêture légère,<br />
il est ainsi possible de redonner au bâtiment<br />
une image un peu cossue qui vient vraiment<br />
en opposition avec les structures légères des<br />
balcons. Le pignon rouge donne un effet de<br />
masse par rapport aux balcons plus légers.<br />
Il s’agit là d’un travail sur les matières, les<br />
contrastes et les couleurs.<br />
M.à.C. : Alors justement comment avez-vous<br />
procédé dans le choix des couleurs ?<br />
B. R. : Ce sont les couleurs d’origine du projet.<br />
Si vous prenez l’image de synthèse initiale et<br />
le projet final, il y a très peu de nuances entre<br />
les deux. Avoir des bâtiments très colorés,<br />
c’est notre marque de production. En tant que<br />
concepteur, il me semble essentiel que nous<br />
allions dans la création, que nous mettions<br />
de la couleur dans nos villes parce qu’elle est<br />
indispensable au bien-être. Par contre, elle<br />
nécessite de ne pas se tromper. Elle implique<br />
des risques, mais je ne conçois pas l’architecture<br />
sans couleur.<br />
M.à.C. : Quelle a été votre approche dans le<br />
traitement de la dimension social et urbaine ?<br />
B. R. : Un bâtiment bien conçu et performant<br />
ne fonctionnera pas s’il n’est pas<br />
connecté à son environnement. Il faut<br />
qu’il soit irrigué par son environnement<br />
urbain. Au nord-ouest, un espace intermédiaire<br />
extérieur a donc été préservé pour<br />
servir de rotule entre l’espace public, le<br />
parc de stationnement extérieur et l’entrée<br />
de l’immeuble. Cet espace paysagé semiprivatif<br />
permet une signalisa tion et une<br />
mise en scène de l’entrée de l’immeuble<br />
et une gradation entre espace public et<br />
espace privé, l’accès à la porte se faisant<br />
par une passerelle surplombant la rampe<br />
d’accès au sous-sol. La porosité de la parcelle<br />
au nord permet d’offrir une continuité<br />
des cheminements piétons déjà très présents<br />
dans le quartier. L’aménagement d’un<br />
local à vélo et poussettes près de l’entrée<br />
de l’immeuble et la proximité du centre-ville<br />
permettent de faciliter le recours aux modes<br />
de déplacement doux.<br />
Ce projet met également l’accent sur l’adaptabilité<br />
et la durabilité du bâtiment. Les logements<br />
se développent sur trois niveaux à raison<br />
de quatre logements par niveau. L’accent<br />
a été mis sur la qualité des espaces de circulations<br />
et d’accès aux logements avec un<br />
volume de circulation verticale regroupant<br />
l’escalier et l’ascenseur éclairé naturellement<br />
et des paliers d’accès aux logements en<br />
balcon sur les patios et ne desservant chacun<br />
que deux logements.<br />
Bien que la règlementation ne l’exige pas,<br />
un ascenseur a été installé. Par conséquent,<br />
tous les logements offrent les caractéristiques<br />
permettant à une personne handicapée<br />
d’utiliser la cuisine, une salle de bain,<br />
une chambre et le cabinet d’aisance. Pour<br />
ce dernier, l’espace nécessaire à l’utilisation<br />
par une personne en fauteuil roulant sera<br />
aménagé à d’autres fins sous réserve que<br />
des travaux simples consistant à déplacer<br />
une des cloisons permettent d’en rétablir la<br />
possibilité d’utilisation par une personne en<br />
fauteuil roulant.<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #12
C’est dans le cadre du renouvellement urbain de Bègles (33) que l’agence d’architecture<br />
Richez Associés a livré un ensemble de bâtiments composé à la façon d’un archipel.<br />
Si chaque bâtiment bénéficie d’une identité propre grâce à la variété de teintes mises<br />
en œuvre, tout le programme a été traité dans un souci de performances énergétiques.<br />
Pour atteindre cet objectif, l’isolation par l’extérieur s’est logiquement imposée.<br />
Matière à <strong>Conception</strong> : Pouvez-vous nous<br />
présenter votre agence ?<br />
Thomas Richez : Notre groupe se constitue<br />
de deux agences, l’une à Paris et l’autre<br />
à Kuala Lumpur, en Malaisie. Je suis le<br />
cofondateur et président de l’agence parisienne<br />
Richez Associés, également animée<br />
par Frédéric Blerot et Vincent Cottet.<br />
L’agence parisienne a 25 ans de pratique,<br />
nous sommes environ 75 collaborateurs<br />
et menons des projets de bâtiments,<br />
notamment HQE et BBC, de logements,<br />
de bureaux et d’équipements publics.<br />
Nous dirigeons également des opérations<br />
d’aménagement, à Montpellier, Bègles,<br />
Paris... Richez Associés tient à pratiquer de<br />
front trois métiers relevant globalement<br />
de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage<br />
: la maîtrise d’œuvre de bâtiments ;<br />
la maîtrise d’œuvre d’espaces publics ;<br />
la composition urbaine, notamment à<br />
l’échelle du quartier. Cette ouverture sur<br />
trois disciplines connexes est un puissant<br />
stimulant à la créativité : la conception<br />
d’un quartier nouveau se nourrit à l’agence<br />
d’envies architecturales, et de visions<br />
d’espaces publics, les projets de bâtiments<br />
s’enrichissent d’un point de vue aiguisé<br />
sur le scénario urbain qu’ils écrivent, et les<br />
espaces publics s’animent de rapports précis<br />
et maîtrisés avec les architectures qui<br />
les limitent et les qualifient... Cette vision<br />
globale de la conception s’est particulièrement<br />
exercée sur plusieurs domaines,<br />
dans lesquels l’agence a accumulé de nombreuses<br />
références : l’architecture des lieux<br />
de travail et de l’entreprise ; la restauration<br />
collective et les cuisines centrales ; l’expérience<br />
internationale, qui ne cesse de se<br />
développer, en particulier au travers d’un<br />
partenariat avec Paul Andreu ; la conception<br />
de quartiers nouveaux ; l’aménagement<br />
des espaces publics et tout spécialement,<br />
l’insertion des systèmes de transport public<br />
avec aujourd’hui cinq lignes de tramway<br />
livrées ; le développement durable, et la<br />
performance environnementale et énergétique<br />
des bâtiments et des quartiers.<br />
© Franck Deletang<br />
UN ARCHIPEL DE COULEURS<br />
FICHE TECHNIQUE<br />
Lieu : îlot Yves Farge / Bègles (33)<br />
Aménageur : Saemcib<br />
Promoteur : Adim<br />
Architecte : Richez Associés<br />
Mission : conception du plan masse<br />
et maîtrise d’œuvre<br />
des bâtiments<br />
Programme : 16 200 m 2 de logements, un<br />
hôtel, un parc de stationnement<br />
aérien de 220 places<br />
Surface : 2,5 hectares<br />
Paysagiste : Compagnie du Paysage
DOSSIER RÉFÉRENCE (ARCHITECTURE ET ISOLATION THERMIQUE PAR L’EXTÉRIEUR)<br />
“Nous visions des performances énergétiques niveau BBC… Cette stratégie comporte bien sûr<br />
une isolation de qualité. L’isolation thermique par l’extérieur est la plus performante”<br />
Thomas Richez, architecte<br />
© Franck Deletang<br />
M. à C. : Vous êtes intervenus à Bègles,<br />
dans le cadre du renouvellement urbain<br />
entrepris par la municipalité. En quoi a<br />
consisté votre mission ? Comment avezvous<br />
obtenu ce projet ?<br />
T. R. : Ce projet s’intègre dans l’opération de<br />
renouvellement urbain de Terres-Neuves<br />
lancée par la municipalité de Bègles avec<br />
le soutien de l’Agence nationale du renouvellement<br />
urbain (ANRU). Trois pôles sont<br />
concernés par cette opération. Au nord,<br />
en contact avec la ville de Bordeaux, au<br />
milieu, sur un terrain militaire et au sud,<br />
le pôle sur lequel nous sommes intervenus.<br />
Notre agence a été sélectionnée sur<br />
concours.<br />
Nous sommes intervenus sur cinq bâtiments<br />
de logements et un parc de stationnement<br />
résidentiel étagé, au sud de<br />
l’opération ANRU des Terres-Neuves.<br />
Nous sommes à la fois au contact de logements<br />
sociaux anciens et quelques maisons<br />
récentes, construites il y a environ<br />
cinq ans, et, au sud, avec du tissu urbain<br />
béglais, de maisons assez basses. Il s’agit<br />
d’un terrain très plat, avec beaucoup d’horizon.<br />
Dans ce site, nous avons d’abord<br />
dessiné le plan masse général, dans la<br />
phase concours. Quand on se promène<br />
sur le site, on a un peu l’impression de<br />
marcher sur une mer. Nous avons joué sur<br />
une composition qui évoque l’archipel. Les<br />
bâtiments sont séparés de vides fluides qui<br />
sont autant de parcours dans le quartier<br />
et qui permettent d’avoir des volumétries<br />
doucement étagées entre les différents<br />
bâtiments et donc d’avoir des transitions<br />
entre le tissu béglais et la partie logements<br />
sociaux plus au nord. Par ailleurs, les bâtiments<br />
ne sont jamais en contact avec un<br />
voisin : ils peuvent donc développer chacun<br />
une identité particulière, et enrichir<br />
le quartier sans difficulté.<br />
M. à C. : Les logements sociaux que vous<br />
avez mis au point avec le bureau d’études<br />
SEME sont très économes en énergie.<br />
Comment avez-vous procédé ?<br />
T. R. : Nous avons souhaité d’abord insister<br />
sur un profil développement durable tirant<br />
partie des atouts du site : déplacements<br />
en modes doux autour du tramway ; perméabilité<br />
aux eaux de pluies ; toitures<br />
végétalisées ; réseau de chauffage urbain :<br />
chaufferie mixte bois-gaz ; isolation extérieure;<br />
centralisation des stationnements<br />
automobiles dans un parc de stationnement<br />
aérien de 220 places.<br />
Nous visions des performances énergétiques<br />
niveau BBC ou proche du BBC pour<br />
une grande partie des bâtiments. Cette<br />
stratégie comporte bien sûr une isolation de<br />
qualité. L’isolation thermique par l’extérieur<br />
est la plus performante. C’est donc sur cela<br />
que nous avons travaillé pour l’ensemble<br />
des logements. Elle est complétée dans<br />
les logements sociaux par un dispositif de<br />
serres froides, qui constituent le palier d’entrée<br />
privatif des appartements. En hiver, ils<br />
préchauffent l’air neuf les jours de soleil.<br />
En été, ils offrent une pièce supplémentaire<br />
en intérieur et extérieur.<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #14
© Franck Deletang<br />
© Franck Deletang<br />
M. à C. : Quel type d’isolant avez-vous<br />
employé ?<br />
T. R. : Nous avons utilisé des isolants qui<br />
sont soit en polystyrène, soit en laine de<br />
roche, en fonction des coupe-feux. Il s’agit<br />
d’ailleurs d’un mélange dans chacun des<br />
bâtiments, selon les parties de façade<br />
considérées. Nous avons ensuite appliqué<br />
un enduit sur lequel nous avons joué avec<br />
des variations de couleur. Il y a, dans une<br />
plastique assez libre, sur les premiers bâtiments<br />
un camaïeu de gris et sur le dernier<br />
livré, un camaïeu de jaune orangé. Nous<br />
illustrons par là cette notion d’archipel<br />
et de singularisation de chacun des bâtiments<br />
qui sont comme des rochers dans<br />
la mer, qui ont leur identité propre. Dans<br />
les dialogues que nous avons pu avoir avec<br />
la ville, c’était clairement la voie qu’ils<br />
attendaient.<br />
Les épaisseurs des isolants par l’extérieur<br />
nécessitaient tout un dispositif de fixation<br />
qui était un peu délicat pour les volets,<br />
tous les éléments de modénatures. Un système<br />
de boitiers remplis d’un isolant nous<br />
a permis de fixer des éléments sans créer<br />
de pont thermique, tout en atteignant les<br />
performances mécaniques indispensables.<br />
M. à C. : Quelles sont les autres spécificités<br />
qui vous ont permis de réaliser des économies<br />
d’énergie ?<br />
T. R. : Les bâtiments sont raccordés à une<br />
chaufferie mixte “bois-gaz” collective. Les<br />
plantes ont aussi leur rôle à jouer : sur la<br />
toiture, une végétation rase capte les eaux<br />
pluviales et régule la température des bâtiments.<br />
L’eau de pluie est récupérée en pied<br />
d’immeubles, dans des fossés plantés, qui<br />
limiteront les rejets dans le réseau.<br />
Enfin, l’orientation sud des façades permettra<br />
de capter un maximum de chaleur,<br />
par l’intermédiaire de balcons vitrés,<br />
véritables “serres solaires”. Ils limiteront<br />
la consommation de chauffage en hiver.<br />
L’été, les habitants auront à leur disposition<br />
des protections solaires orientables et des<br />
ouvrants sur les vitrages.<br />
Système d’isolation thermique<br />
par l’extérieur avec enduits minces<br />
organiques sur isolant PSE<br />
ou laine de roche<br />
weber.therm motex<br />
finition organique<br />
weber.tene XL
DOSSIER RÉFÉRENCE (ARCHITECTURE ET ISOLATION THERMIQUE PAR L’EXTÉRIEUR)<br />
UN EHPAD FAIT PEAU NEUVE<br />
© ivars&ballet<br />
Jean-François de Montauzon est architecte au sein du cabinet Ivars & Ballet basé à Tours.<br />
Il nous parle ici du projet d’extension et de rénovation de l’EHPAD des Hespérides situé<br />
à Neufchâtel (Sarthe), consistant à rendre ce lieu plus accueillant et mieux organisé pour<br />
ses patients et son personnel.<br />
FICHE TECHNIQUE<br />
Lieu : EHPAD des Hespérides<br />
à Neufchâtel (72)<br />
Programme : rénovation et extension<br />
avec ravalement de façades<br />
et isolation extérieure<br />
Maître d’ouvrage : EHPAD des Hespérides<br />
Architecte : cabinet Ivars & Ballet<br />
Matière à <strong>Conception</strong> : Pouvez-vous nous<br />
présenter le cabinet Ivars & Ballet ?<br />
Jean-François de Montauzon : Créée par<br />
Roger Ivars et Jean-Christophe Ballet en<br />
1990, l’agence compte aujourd’hui une<br />
vingtaine de collaborateurs, dont 12 architectes.<br />
Nous avons beaucoup travaillé dans<br />
le secteur public, par voie de concours,<br />
ce qui représente encore selon le contexte<br />
80 % de notre activité. Petit à petit, le<br />
cabinet s’est fait une place dans le secteur<br />
paramédical et hospitalier et dispose<br />
aujourd’hui d’un nombre important de<br />
projets de référence. Néanmoins nous ne<br />
sommes pas exclusivement concentrés<br />
sur ce marché, nous intervenons dans des<br />
domaines variés allant de l’enseignement<br />
au logement en passant par le domaine<br />
tertiaire et divers équipements publics.<br />
Cependant, ce sont bien nos références<br />
dans le secteur paramédical qui nous ont<br />
permis d’être retenus pour travailler sur<br />
la rénovation et l’extension de l’EHPAD<br />
des Hespérides.<br />
M. à C. : Vous avez remporté ce concours<br />
en 2009, en quoi consiste ce projet ?<br />
J.-F. de M. : Le bâtiment d’origine, abritant<br />
38 chambres, était vétuste, sombre et mal<br />
commode. Hormis la salle de restauration,<br />
il n’existait pas de véritable espace collectif<br />
et les circulations étaient peu confortables.<br />
L’objectif était donc de redonner vie à ce lieu.<br />
Le souhait était de réaliser un bâtiment<br />
à simple rez-de-chaussée, alors qu’auparavant<br />
il y avait un étage rendu peu performant<br />
face aux contraintes des normes de<br />
sécurité incendie et d’ascenseur. Les 38 lits<br />
sont à présent répartis en trois unités : une<br />
unité UPAD (Unité pour Personnes Agées<br />
Dépendantes) de 14 lits et deux unités de<br />
12 lits. Le projet se décompose en deux<br />
tranches : nous avons d’abord réalisé une<br />
extension, constituée de deux unités, dont<br />
l’UPAD, et d’une partie logistique (chaufferie,<br />
locaux techniques, blanchisserie,<br />
atelier pour l’entretien, etc.).<br />
Nous avons aujourd’hui entamé la seconde<br />
tranche, celle de la rénovation de l’existant,<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #16
“La plus grosse difficulté était liée à l’exigence d’obtenir un minimum de déperditions par pont<br />
thermique. C’est la raison pour laquelle nous avons opté pour une isolation par l’extérieur.”<br />
Jean-François de Montauzon, architecte<br />
© Franck Deletang<br />
qui concerne la partie accueil. Par ailleurs,<br />
le bureau médical, auparavant excentré a<br />
été replacé au centre du dispositif, avec<br />
des bureaux médicalisés qui permettent<br />
aux médecins de recevoir les patients. Les<br />
infirmières disposent, quant à elles, d’une<br />
vraie salle de préparation, qui leur permet<br />
une organisation optimale entre les services<br />
de jour et de nuit.<br />
M. à C. : Quelle a été votre approche en<br />
matière d’isolation des bâtiments ?<br />
J.-F. de M. : Nous avons procédé de la même<br />
façon sur la partie rénovée et sur l’extension.<br />
Le bâtiment existant était un bâtiment<br />
classique des années 1980 – 1990, avec<br />
parpaing enduit et isolation intérieure. À<br />
cela s’ajoutaient des combles plus ou moins<br />
bien isolés. En 2009, nous n’avions pas<br />
de contraintes BBC telles que celles que<br />
nous connaissons aujourd’hui, mais nous<br />
étions déjà en RT2005 et avions pour objectif<br />
d’être en RT2005 moins 20 %, donc en<br />
THPE. Ce n’était pas là l’élément le plus<br />
contraignant. La plus grosse difficulté était<br />
liée à l’exigence d’obtenir un minimum<br />
de déperditions par pont thermique. C’est<br />
la raison pour laquelle nous avons opté<br />
pour une isolation par l’extérieur.<br />
Sur l’existant, nous avons créé une double<br />
façade pour casser l’ancienne et agrandir<br />
les chambres. Pour ces nouvelles structures,<br />
l’entreprise retenue a choisi une structure<br />
en briques creuses sur laquelle nous sommes<br />
venus appliquer un isolant extérieur<br />
recouvert d’un enduit lissé fin. Pour rester<br />
dans la logique des matériaux préexistants,<br />
les façades reprennent les mêmes teintes<br />
d’enduit clair des parties sur lesquelles nous<br />
ne sommes pas intervenus. Pour donner du<br />
relief et de la chaleur au bâtiment, ces<br />
fa çades contrastent avec la pré sence de<br />
vêtures en bois bakelisé. Le parti architectural<br />
plus contemporain joue également<br />
avec des bandeaux béton qui viennent<br />
encadrer l’ensemble et surligner les façades<br />
des espaces de vie qui manquaient de relief.<br />
Système d’isolation<br />
thermique par l’extérieur<br />
avec enduit sur isolant PSE<br />
weber.therm XM<br />
Finition à la chaux aérienne<br />
weber.unicor ST<br />
M. à C. : Vous avez opté pour des enduits<br />
<strong>Weber</strong>. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?<br />
J.-F. de M. : Les entreprises retenues après<br />
appel d’offres les utilisent régulièrement<br />
et en l’occurrence la teinte et la texture<br />
proposées par leur système “rénovation” se<br />
rapprochaient assez bien du bâtiment existant.<br />
Pour l’isolation, nous avons eu recours à<br />
un système classique : l’isolant est agrafé sur<br />
la brique. Nous avons exigé que les panneaux<br />
d’isolant soient fixés avec des agrafes<br />
non métalliques pour éviter la conduction<br />
de la chaleur et la perte partielle du bénéfice<br />
de l’isolant extérieur. L’enduit a été lissé<br />
taloché fin. L’application a été effectuée par<br />
un sous-traitant du gros œuvre pour lequel<br />
nous avons donné notre agrément. Les matériaux<br />
utilisés et leur mise en œuvre devraient<br />
ainsi permettre d’atteindre les objectifs thermiques<br />
qui nous ont été demandés.
DOSSIER RÉFÉRENCE (ARCHITECTURE ET ISOLATION THERMIQUE PAR L’EXTÉRIEUR)<br />
UN QUARTIER HAUT<br />
EN COULEURS<br />
Hérault Habitat, office HLM du Département de l’Hérault, a lancé une opération de réhabilitation<br />
de 481 logements à la Pergola, un quartier de Montpellier situé en zone urbaine<br />
sensible. L’architecte Patrice Genet, en charge du projet, revient sur cette réhabilitation<br />
au double objectif : atteindre les normes BBC et améliorer le cadre de vie des habitants.<br />
© Franck Deletang<br />
FICHE TECHNIQUE<br />
Lieu : Montpellier (34)<br />
Programme : Réhabilitation de 481<br />
logements sociaux<br />
Maître d’ouvrage : Hérault Habitat<br />
Architecte : Patrice Genet<br />
Bureau d’étude thermique : CAEP<br />
Entreprise générale : G.F.C. (groupe<br />
Bouygues)<br />
Durée des travaux : 20 mois<br />
Matière à conception : Pouvez-vous décrire le<br />
contexte du projet de la Résidence La Pergola ?<br />
Patrice Genet : Il s’agit avant tout d’une<br />
opération de réhabilitation. Cette résidence<br />
est inscrite dans un quartier “historique” en<br />
ce sens qu’il est clairement identifié par<br />
tout Montpelliérain. Construite dans l’ur gence<br />
au cours des années 1960 pour accueillir<br />
une population de rapatriés d’Algérie, elle<br />
est l’expression des systè mes constructifs<br />
dominants qui prévalaient à cette époque :<br />
préfabrication lourde, trame étroite et régulière,<br />
répétitivité des rythmes de façade. Le<br />
début des années 1990 a marqué une étape<br />
importante de la vie de la résiden ce avec la<br />
réhabilitation des façades selon la tendance<br />
de l’instant, par l’accrochage d’éléments<br />
architectoniques en béton léger d’expression<br />
néo-classique, suivant en cela les traces<br />
de Ricardo Bofill, qui sévissait au même<br />
instant du côté de ce qui allait devenir le<br />
quartier Antigone. Aujourd’hui, la Rési dence<br />
La Pergola n’est pas une résidence en difficulté<br />
au regard de ce qui peut être observé<br />
dans d’autres contextes urbains. Les habitants<br />
y sont très attachés car elle fait partie<br />
de leur histoire, de leur vie sociale et de leur<br />
ancrage dans la société.<br />
M. à C. : En termes d’architecture et de<br />
confort pour les habitants, quelles étaient<br />
vos priorités ?<br />
P. G. : L’opportunité de cette réhabilitation<br />
coïncide avec deux évènements majeurs.<br />
Tout d’abord, la nécessité de répondre en<br />
urgence à la précarité énergétique d’une<br />
résidence qui était devenue une véritable<br />
passoire thermique. L’ambition de l’organisme<br />
gestionnaire était claire : atteindre un<br />
niveau de performances susceptible d’obtenir<br />
le label BBC. Des choix techniques ont<br />
été retenus : isolation extérieure, chaudière<br />
à condensation, ventilation hybride, etc…<br />
D’autre part, l’arrivée du tramway dans le<br />
quartier a eu un impact déterminant. En effet,<br />
dans le cadre de cette réhabilitation, nous<br />
avons été amenés à travailler sur les fa çades<br />
et ainsi à renouveler l’image de la résidence.<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #18
“La puissance de la lumière et le jeu des couleurs sont des caractéristiques<br />
de l’architecture méditerranéenne”<br />
Patrice Genet, architecte<br />
© Franck Deletang<br />
Perspectives<br />
du projet<br />
de réhabilitation<br />
à la Pergola<br />
Une opération<br />
de réhabilitation<br />
de 481 logements<br />
situés en zone<br />
urbaine sensible<br />
Le tramway a tenu une place prépondérante<br />
dans l’image dynamique que nous avons<br />
choisi de donner à cette résidence. Instrument<br />
de lien social, il reconfigure tout l’espace public<br />
environnant et requalifie la résidence qui se<br />
trouve désormais à dix minutes du centre<br />
ville et permet donc de raccrocher toute une<br />
population au rythme de la cité. Le tramway<br />
nous a inspiré, dans le jeu des polychromies.<br />
Il n’était pas en fonction au moment des<br />
études et a été mis en service il y a un mois.<br />
Entièrement dessinés par Christian Lacroix,<br />
les motifs sont très colorés et issus de références<br />
historiques et scientifiques. Nous avons<br />
trouvé opportun de mettre en articulation<br />
le tramway qui passe au droit des façades et<br />
les façades elles-mêmes qui devaient faire<br />
écho à ce tramway tout en couleurs.<br />
M. à C. : Serait-il intéressant de lancer une<br />
nouvelle orientation colorimétrique dans<br />
l’espace urbain ?<br />
P. G. : Selon moi, nous avons été pendant<br />
longtemps trop frileux. La couleur a déserté la<br />
ville. Les façades font très souvent appel à des<br />
couleurs de type monochrome. Les maîtres<br />
d’ouvrage sont souvent très hésitants à recourir<br />
à la polychromie parce qu’ils craignent une<br />
“stigmatisation”. Pour ce qui nous concerne,<br />
nous avons pris ce risque sur le projet de La<br />
Pergola. La puissance de la lumière et le jeu<br />
des couleurs sont néanmoins des caractéristiques<br />
de l’architecture méditerranéenne.<br />
Je pense que la couleur dans la ville, outre<br />
son impact sur l’humeur et le comportement<br />
du citoyen, renforce et rend lisible le parti<br />
ar chitectural, brisant l’uniformité, jouant entre<br />
les différents éléments de composition de la<br />
façade, comme les dimensions, les volumes,<br />
les percements, les modénatures, les textu res.<br />
La ville est organique, elle est sans cesse en<br />
mu tation, elle se métamorphose en permanen<br />
ce. Si dans 10 ou 15 ans, selon les mutations<br />
et le contexte urbain, il est nécessaire<br />
de re pen ser les façades alors il faudra le<br />
faire. Il me sem ble essentiel de ne pas agir<br />
de manière figée. Il ne faut pas pétrifier les<br />
façades pour l’éternité.<br />
M. à C. : Pouvez-vous revenir sur l’isolation<br />
ther mique ? Quels produits avez-vous utilisés ?<br />
P. G. : L’isolation courante est du polys ty -<br />
rè ne sur huit centimètres d’épaisseur. Sur<br />
ce polystyrène, nous avons eu trois réponses<br />
pour venir habiller l’isolation. D’une<br />
part en partie supérieure, des panneaux<br />
com po si tes stratifiés, qui marquent le couron<br />
nement des bâtiments sur la dernière<br />
hauteur d’étage.<br />
Sur le sous-bassement, l’ensemble du rezde-chaussée,<br />
nous avons posé une taule<br />
gau frée de six millimètres d’épaisseur<br />
qui a une bonne résistance mécanique et<br />
qui protège l’isolation de toute agression<br />
éventuelle. Entre le rez-de-chaussée et le<br />
dernier niveau, nous avons utilisé un isolant<br />
qui est revêtu d’un revêtement plastique<br />
épais.<br />
M. à C. : Est-ce que le résultat avait été<br />
présenté aux habitants ?<br />
P. G. : Oui, bien sûr. Lorsque nous avons<br />
été déclarés lauréats du concours, il y a eu
DOSSIER RÉFÉRENCE (ARCHITECTURE ET ISOLATION THERMIQUE PAR L’EXTÉRIEUR)<br />
© Franck Deletang<br />
Systèmes d’isolation<br />
thermique par l’extérieur<br />
avec enduits organiques<br />
sur isolant PSE<br />
weber.therm XM<br />
PPE et motex,<br />
finition<br />
weber.tene XL<br />
Patrice Genet<br />
architecte<br />
© Franck Deletang<br />
plu sieurs réunions de concertation, avec<br />
no tam ment des représentants des associations<br />
de locataires, au cours desquelles<br />
nous avons présenté les travaux et ce<br />
que nous envisagions pour les fa ça des.<br />
Nous avons parlé ensemble de l’isolation<br />
par l’extérieur, mais aussi du changement<br />
de chauffage puisque nous avons mis<br />
en place des chaudières à condensation<br />
dans les loge ments. Nous avons changé<br />
toutes les menuise ries extérieures, qui<br />
sont aujourd’hui beaucoup plus performantes.<br />
Nous avons mis en place une<br />
ventilation hybride, à la fois mécanique<br />
et naturelle, ce qui a aussi permis de<br />
faire des économies de consommation<br />
électrique. Nous avons rénové toutes<br />
les salles d’eau. Il y a donc aussi une<br />
démarche d’amélioration de la qualité<br />
d’usage du logement dans l’intérêt des<br />
habitants.<br />
M. à C. : Pouvez-vous revenir sur votre<br />
démarche d’architecte ? À la lecture des<br />
projets sur lesquels vous travaillez, pourrait-on<br />
vous qualifier d’“architecte social” ?<br />
P. G. : Je ne sais pas si cette expression peut<br />
convenir. J’ai en effet beaucoup construit<br />
pour des opérateurs sociaux et réalisé bon<br />
nombre de réhabilitations de logements<br />
sociaux. Je travaille aussi régulièrement<br />
dans le monde médico-social. Je trouve<br />
intéressant d’avoir affaire à des utilisateurs<br />
identifiés. Quand on construit du logement<br />
neuf qui va être soumis à de l’accession<br />
à la propriété, on ne voit jamais les acquéreurs.<br />
Or, dans le cadre de projets pour<br />
des bailleurs sociaux, et notamment pour<br />
les opérations de réhabilitation de logements<br />
locatifs sociaux, les utilisateurs<br />
sont identifiés. J’ai beaucoup de plaisir à<br />
discuter avec les personnes sur la qualité de<br />
leur lieu d’habitation. Un dialogue se met<br />
en place entre l’un et l’autre, c’est un peu<br />
la conciliation de celui qui sait sur le plan<br />
technique et de celui qui revendique une<br />
qualité d’usage. C’est ce partage qui devient<br />
constructif.<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #20
RESTAURATION DU BÂTI ANCIEN<br />
Situé à Saint-Jean-du-Gard, l’Atelier Goasmat/Arnold est spécialisé sur des projets<br />
en structure bois contemporains. L’Atelier est intervenu dans le cadre de la rénovation<br />
de la mairie, un bâtiment du 19 e siècle. L’architecte Isabelle Arnold détaille ici le travail<br />
réalisé sur les façades et la marquise.<br />
Matière à <strong>Conception</strong> : Pouvez-vous revenir<br />
sur les origines de ce projet de rénovation ?<br />
Isabelle Arnold : L’élément déclencheur est<br />
venu d’une entreprise de façades de Saint-<br />
Jean-du-Gard. Ils ont acheté un immeuble<br />
situé en face de la mairie et ont refait la<br />
façade à l’enduit à la chaux. Cela a donné<br />
un coup de vieux à la mairie, qui a donc<br />
senti qu’il était temps d’entreprendre une<br />
rénovation. Quand on soigne un aspect<br />
extérieur, il y a forcément un effet d’entraînement<br />
sur le voisinage. C’est un point qui<br />
me semble très positif.<br />
M. à C. : Comment s’est déroulée la réhabilitation<br />
?<br />
I. A. : Nous ne sommes intervenus que sur les<br />
façades et la marquise. La marquise est un<br />
auvent. Techniquement, nous nous sommes<br />
appuyés sur le commercial prescripteur.<br />
Nous avons fourni un diagnostic sur toutes<br />
les parties spécifiques des façades. Il s’agissait<br />
de trois façades très différentes.<br />
Une façade nord assez peu éclairée, dans<br />
une rue assez étroite, sur laquelle, au rezde-chaussée,<br />
il y avait un ancien commerce<br />
avec des modénatures en stuc et de grandes<br />
ouvertures qui avaient été refaites il y a une<br />
cinquantaine d’années et qui n’étaient donc<br />
pas du tout de la même facture que le reste<br />
du bâtiment.<br />
Il y avait ensuite la façade à proprement<br />
parler de la mairie, qui avait comme caractéristique<br />
d’avoir la marquise. Nous avons<br />
décidé de traiter très sobrement toute la<br />
façade, c’est-à-dire qu’il n’y a que l’enduit<br />
et le sous-bassement en réfection de<br />
façade. Nous avons porté un intérêt marqué<br />
à la marquise, qui avait une très belle<br />
structure en acier, avec des consoles un<br />
peu travaillées. Afin de mettre ces consoles<br />
en valeur, nous avons enlevé la couverture<br />
en tôle ondulée, qui était percée et qui les<br />
recouvrait et nous avons posé des panneaux<br />
de polycabornate. C’est un matériau<br />
translucide. Nous n’avons pas mis du verre<br />
parce que nous ne pouvions pas présumer<br />
du poids que la marquise supporterait.<br />
Nous avons donc mis un polycarbonate et<br />
avons fait refaire à l’identique et à la main,<br />
© Franck Deletang<br />
RÉNOVER SANS DÉNATURER<br />
FICHE TECHNIQUE<br />
Lieu : Saint-Jean-du-Gard (30)<br />
Programme : Rénovation d’un<br />
bâtiment datant du 19 e<br />
siècle<br />
Maître d’ouvrage : Commune<br />
de Saint-Jean-du-Gard<br />
Architecte : l’Atelier Goasmat/<br />
Arnold
RESTAURATION DU BÂTI ANCIEN<br />
© Franck Deletang<br />
© Franck Deletang<br />
par les Ateliers de France, la frise en zinc,<br />
un lambrequin.<br />
La troisième façade se situe côté place<br />
du village. Elle est plus hétérogène, avec<br />
de grandes fenêtres et est constituée par<br />
parties de pierres du Gard. Nous avons<br />
essayé de conserver ces parties en pierre<br />
et de faire des eaux fortes dessus pour percevoir<br />
le grain de la pierre en transparence<br />
(ne pas gâcher la qualité de la pierre).<br />
weber.mep plus<br />
et badigeons de chaux aérienne<br />
weber.prodexor K+S<br />
M. à C. : Quelles sont les difficultés majeures<br />
sur ce type de projet ?<br />
I. A. : C’est de comprendre la qualité du support<br />
existant. Sur toutes les façades, vous<br />
avez des endroits traités différemment, qui<br />
n’ont pas tenu de la même manière. Nous<br />
nous sommes raccrochés à l’enduit existant<br />
parce qu’il était d’assez bonne qualité.<br />
Ce sont des techniques qui sont possibles<br />
aujourd’hui parce que la qualité des enduits<br />
le permet. Sur ce type de petit patrimoine,<br />
il est essentiel de mettre des enduits à la<br />
chaux. Par ailleurs, l’utilisation du polycarbonate<br />
a permis d’adapter un matériau très<br />
contemporain sur une marquise.<br />
Il faut bien observer le bâtiment et offrir des<br />
réponses adaptées et s’intégrant dans un<br />
budget contrôlé.<br />
M. à C. : Pourquoi avoir choisi des enduits<br />
à la chaux aérienne ?<br />
I. A. : Ce sont des enduits qui respirent, contrairement<br />
à un enduit au ciment, qui est, lui,<br />
fermé et empêche les échanges thermiques<br />
entre l’extérieur et l’intérieur. Les bâtiments<br />
anciens ont des échanges thermiques importants.<br />
Il y a donc une bonne régulation et une<br />
bonne tenue dans le temps des bâtiments.<br />
Aujourd’hui on ne procède plus de la même<br />
façon. On a souvent affaire à des enduits qui<br />
ne sont pas de très bonne qualité. Comme la<br />
France privilégie plutôt la filière du béton, il ne<br />
reste pas beaucoup de fabricant qui proposent<br />
des enduits à la chaux aérienne (respirante).<br />
M.à.C. : Et pour les couleurs, comment avezvous<br />
fait votre choix ?<br />
I. A. : Il y a un hôtel du côté sud, peint avec<br />
un orange assez fort. Nous ne voulions pas<br />
entrer en concurrence avec ce bâtiment.<br />
Les trois façades avaient des éclairages très<br />
différents. Nous avons donc choisi une sorte<br />
de terre de Sienne très claire, presque jaune.<br />
Cette couleur permet d’éclairer la rue.<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #22
ARCHITECTURE INTÉRIEURE ET SOLS COLORÉS<br />
Franck Alezra est architecte d’intérieur pour l’Agence Métropole Concept dont<br />
il est le gérant. En charge du projet du nouveau siège social de l’entreprise Redskins<br />
à Gennevilliers, il revient sur le concept du projet et sur ses principales caractéristiques.<br />
“Nous avons opté dès le départ pour un sol minéral coulé sur place et coloré,<br />
qui faisait partie intégrante de la cohérence du projet, en termes d’aspects industriel,<br />
loft et moderne”<br />
Matière à <strong>Conception</strong> : Pouvez-vous présenter<br />
votre agence ?<br />
Franck Alezra : L’agence a été créée en 1989.<br />
Elle est composée de 18 collaborateurs.<br />
Nous travaillons pour une quarantaine de<br />
clients dans le monde. Nous faisons surtout<br />
de l’architecture d’intérieure, tant dans<br />
le monde du commerce que de l’habitat,<br />
du loisir, des centres commerciaux, la restauration,<br />
l’hôtellerie et les sièges sociaux.<br />
M. à C. : Comment avez-vous été amené<br />
à travailler sur le projet du siège social de<br />
Redskins à Gennevilliers ?<br />
F. A. : Depuis cinq ans, nous créons le concept<br />
des boutiques Redskins. Entre autres,<br />
nous avons réalisé le siège social d’Okaïdi /<br />
Jacadi à Roubaix, le siège social de la générale<br />
de téléphone à Aubervilliers. Notre<br />
Franck Alezra, architecte d’intérieur<br />
Réhabilitation<br />
complète<br />
d’un bâtiment<br />
des années 1980<br />
agence disposait ainsi d’un certain nombre<br />
de projets offrant de bonnes références.<br />
M. à C. : En quoi consistait le projet ?<br />
F. A. : Il s’agissait de la réhabilitation complète<br />
d’un bâtiment datant des années<br />
1980 dans lequel devait s’intégrer les services<br />
du siège social Redskins suite à leur déménagement<br />
d’Aubervilliers. Cela consistait<br />
donc dans le déplacement du siège social,<br />
la création de showrooms qui n’existaient<br />
plus dans leurs bureaux d’Aubervilliers.<br />
Nous avions affaire à un cahier des charges<br />
assez complet.<br />
M. à C. : Quelles ont été les principales difficultés<br />
par rapport à ce cahier des charges ?<br />
F. A. : Le cahier des charges évoluait en<br />
permanence… Notre travail a été d’insis-<br />
© Sylvain Renard<br />
UN ENDUIT DE SOL COLORÉ DANS LA MASSE<br />
POUR UN CONCEPT INDUSTRIEL, LOFT ET CONTEMPORAIN
ARCHITECTURE INTÉRIEURE ET SOLS COLORÉS<br />
Un concept<br />
industriel,<br />
loft et<br />
contemporain<br />
© Sylvain Renard<br />
Sol dur avec enduit<br />
minéral coloré<br />
weber.floor<br />
4650<br />
© Sylvain Renard<br />
Nous avons coulé<br />
un enduit de sol<br />
coloré<br />
ter pour faire comprendre à notre client<br />
que le projet initial que l’on avait proposé<br />
était un bon projet, puisqu’il avait<br />
fait l’objet de longues réflexions et que<br />
nous l’avions présenté en cohérence avec<br />
le cahier des charges initial. Il a fallu<br />
échan ger régulièrement avec le client.<br />
M. à C. : Comment avez-vous procédé dans<br />
les choix esthétiques ?<br />
F. A. : Redskins est un fabricant de cuirs,<br />
de blousons de cuir avec une histoire<br />
très américaine. L’image de la marque<br />
penchait depuis plusieurs années vers un<br />
concept industriel / briques / métal rouillé<br />
et nous les avons fait évoluer vers un<br />
concept industriel, loft et contemporain.<br />
L’idée était de faire bouger la marque<br />
par rapport à l’image du siège social en<br />
conservant bien sûr un côté industriel,<br />
avec de vraies matières, mais en donnant<br />
par ailleurs plus de modernité et de design<br />
à l’environnement qui n’était pas du tout<br />
le leur jusqu’à présent.<br />
M. à C. : Comment se traduit cette modernité<br />
dans le choix des matériaux ?<br />
F. A. : Nous avons notamment coulé un<br />
enduit de sol coloré, plutôt que de mettre<br />
du carrelage, de la pierre ou du parquet.<br />
Nous avons mis des éléments vitrés<br />
très techniques, des mezzanines avec<br />
des plateaux suspen dus sur des structures<br />
industrielles. Nous avons conservé<br />
toutes les poutres bé tons apparen tes<br />
dans le bâtiment afin de garder le maximum<br />
de volume, le maximum de hauteur<br />
au niveau des plafonds. Nous aurions pu<br />
tirer des faux-plafonds tout droit, ce qui<br />
aurait certainement permis de gagner<br />
Pour REDSKINS,<br />
un traitement<br />
différent d’un siège<br />
social basique<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #24
© Sylvain Renard<br />
“Il s’agissait de la réhabilitation complète d’un bâtiment datant des années 1980<br />
dans lequel devait s’intégrer les services du siège social Redskins”<br />
Franck Alezra, architecte d’intérieur<br />
© Sylvain Renard<br />
beaucoup de temps, mais la conservation<br />
des volume a permis à Redskins d’avoir<br />
un siège social traité différemment d’un<br />
siège social basique que l’on peut voir<br />
un peu partout.<br />
M. à C. : Avez-vous fait des choix particuliers<br />
pour les enduits ?<br />
F. A. : Nous avons opté dès le départ<br />
pour un sol minéral coulé sur place et<br />
coloré, qui faisait partie intégrante de la<br />
cohérence du projet, en termes d’aspects<br />
in dustriel, loft et moderne.<br />
Toujours dans cette notion industrielle,<br />
nous avons choisi un gris anthracite.<br />
Nous avons eu un très bon contact avec<br />
le commercial qui nous a proposé l’enduit<br />
ainsi qu’avec le technicien qui allait<br />
effectuer la pose et qui est un excellent<br />
professionnel.
CARTE BLANCHE AUX PROFESSIONNELS<br />
Laurent Dufoix<br />
président de La Maison de l’Architecture du Languedoc-Roussillon<br />
LA MAISON DE L’ARCHITECTURE<br />
DU LANGUEDOC-ROUSSILLON<br />
La Maison de l’Architecture du Languedoc-Roussillon fait partie d’un réseau national où<br />
chacune des maisons propose dans sa région des événements qui valorisent et permettent<br />
d’appréhender l’architecture contemporaine. Rencontre avec son président Laurent Dufoix.<br />
Matière à <strong>Conception</strong> : Qu’est-ce que la Maison<br />
de l’Architecture du Languedoc-Roussillon ?<br />
Laurent Dufoix : La Maison de l’architecture<br />
du Languedoc-Roussillon est une<br />
asso ciation qui a pour vocation principale<br />
de sensibi li ser le public à l’architecture<br />
contemporaine. Il s’agit également d’un<br />
lieu de convivialité où peuvent se réunir<br />
les acteurs des do maines de l’architecture<br />
du territoire, du paysage, de l’urbanisme,<br />
du design. La Maison de l’Architecture du<br />
Languedoc-Roussillon a donc pour autre<br />
vocation d’être un lieu de rencontre pour<br />
l’ensemble des personnes qui participent<br />
à l’acte de bâtir.<br />
M. à C. : Comment menez-vous à bien<br />
votre mission : “favoriser la diffusion et la<br />
promotion de la culture architecturale et<br />
l’émergence de projets de qualité liés au<br />
cadre de vie” ?<br />
L. D. : Nous nous attachons à sensibiliser des<br />
publics différents. Nous avons beaucoup<br />
travaillé pour que la Maison de l’Architecture<br />
obtienne une reconnaissance auprès<br />
du rectorat et des anciens IUFM. Nous<br />
sommes parvenus à la faire agréer, ce qui<br />
nous a permis d’aller beaucoup plus facilement<br />
vers les enseignants afin de mener<br />
des actions de sensibilisation des jeunes à<br />
l’architecture. Nous avons ensuite pu poursuivre<br />
notre mission dans toute la région, en<br />
intervenant dans les collèges et les lycées.<br />
Il nous a fallu ensuite trouver les moyens de<br />
sensibiliser le grand public. Nous or ganisons<br />
donc des découvertes de bâtiments. Nous<br />
avons lancé Archi City : des visites de bâtiments<br />
qui sont soit encore en travaux, soit<br />
dont les travaux se sont récemment terminés.<br />
Nous proposons aussi des conférences<br />
par le biais d’un cycle de cinéma appelé<br />
“Projeté” et qui traite d’architecture. Une<br />
fois par mois, pendant le premier semestre<br />
de l’année, une soirée cinéma est organisée<br />
au cours de laquelle intervient soit le cinéaste,<br />
soit un intervenant qui aborde la théma-<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #26
“Dans le mur ?”,<br />
une exposition sur<br />
le thème du développement<br />
durable<br />
Pour plus de<br />
renseignements :<br />
www.maisonarchitecture-lr.org/<br />
tique retenue. Nous mettons également en<br />
place des expositions produites localement,<br />
notamment sur la promotion de l’architecture<br />
régionale en liaison avec l’Ordre<br />
des architectes du Languedoc-Roussillon.<br />
Nous avons par exemple réalisé l’exposition<br />
“40 ans d’architecture en Languedoc-<br />
Roussillon”, qui regroupait les projets<br />
phares des 40 dernières années. Un prix<br />
d’architecture est aussi attribué chaque<br />
année et la Maison de l’Architecture est<br />
chargée de faire tourner l’exposition. Le<br />
thème de 2012 était : “Les lieux d’éducation<br />
et d’enseignement”. Enfin, nous proposons<br />
aussi des expositions nationales qui<br />
viennent de la Cité de l’architecture et du<br />
Centre Pompidou.<br />
M. à C. : Pourquoi cette sensibilisation à la<br />
culture architecturale vous semble-t-elle<br />
essentielle ?<br />
L. D. : Aujourd’hui la ville est construite différemment.<br />
Les habitants sont beaucoup<br />
plus associés aux projets. Il y a 20 ans, le<br />
pouvoir avait une marge de manœuvre<br />
bien plus importante , maintenant il existe<br />
des contres-pouvoirs. Et le Grenelle de<br />
l’environnement implique que les projets<br />
soient montés d’une manière très précise<br />
en associant le plus tôt possible les<br />
futurs habitants. Il existe une nouvelle<br />
manière de bâtir, de nouvelles demandes<br />
qui nécessitent une connaissance de la<br />
part du public.<br />
M. à C. : Vous avez fait entrer des industriels<br />
au Conseil d’Administration de l’association.<br />
Pourquoi ?<br />
L. D. : La Maison de l’Architecture regroupe<br />
toutes les personnes qui interviennent<br />
dans l’acte de bâtir. Les industriels en font<br />
partie, au même titre que les autres. Il<br />
s’agit là d’un point auquel je suis particulièrement<br />
sensible. Les gens viennent dans<br />
notre association pour partager, rencontrer.<br />
La dimension humaine est essentielle.<br />
Par ailleurs, il me semble nécessaire que<br />
les industriels puissent siéger au Conseil<br />
d’Administration dans la mesure où ils<br />
tiennent une place à part entière dans la<br />
construction, au même titre que d’autres<br />
représentants de l’État. Ils sont trop souvent<br />
cantonnés au rôle de partenaires<br />
financiers, mais ils sont aussi des intervenants<br />
qui amènent des idées et donnent<br />
du temps.<br />
Nous œuvrons tous pour le même objectif<br />
: faire la promotion de l’architecture et<br />
de tous les acteurs de l’acte de construire,<br />
et faire passer des messages extrêmement<br />
variés, sur les thèmes de l’énergie, l’environnement,<br />
les matériaux.<br />
M. à C. : Quelles actions projetez-vous de<br />
mener dans les années à venir ?<br />
L. D. : L’un de nos objectifs principaux est<br />
de montrer que les lieux ont une identité.<br />
Nous avons entrepris un travail de fond<br />
visant à expliciter que notre région, depuis<br />
150 ans, a développé une identité architecturale<br />
forte.<br />
Construire dans notre région, c’est<br />
construire en s’enrichissant d’acquis, en<br />
tenant compte d’une histoire. Une exposition<br />
est d’ailleurs en cours sur les architectes<br />
Carlier qui ont beaucoup bâti dans<br />
la région de 1870 à 1950. De plus, nous<br />
mettons à disposition une base de données<br />
appelée “architecturecontemporaine.org”<br />
qui s’enrichit au fur et à mesure.<br />
Elle offre aux professionnels une visibilité,<br />
et aux clients d’avoir accès à une vitrine<br />
d’architectes susceptibles de travailler<br />
avec eux.
✂<br />
>>> FICHE PRATIQUE<br />
SPÉCIAL ISOLATION ACOUSTIQUE AUX BRUITS D’IMPACT<br />
RÉALISER UNE ISOLATION ACOUSTIQUE AUX BRUITS D’IMPACT SOUS UN CARRELAGE<br />
ISOLATION ACOUSTIQUE SOUS CARRELAGE<br />
La réduction des bruits d’impact répond à une exigence règlementaire<br />
dans les logements neufs et constitue également une obligation<br />
dans de nombreux cas de rénovation.<br />
LA RÉGLEMENTATION<br />
ΔLW < 58 dB<br />
Dans les logements neufs, la performance<br />
d’isolation acoustique aux bruits d’impact<br />
est définie par la réglementation acoustique<br />
NRA 2000.<br />
Pour les sols carrelés des logements collectifs,<br />
la NRA impose une solution d’isolation acoustique<br />
sous carrelage dans les pièces d’habitation.<br />
En rénovation, dans le cas du remplacement<br />
d’un revêtement de sol souple (moquette, sol<br />
plastique) par un carrelage, une isolation<br />
acoustique est indispensable.<br />
NOTIONS DES BRUITS D’IMPACT<br />
Par bruits d’impact, il faut généralement entendre, les bruits générés par<br />
la marche (pas) ou la chute d’objets (chocs).<br />
Les bruits d’impact sont transmis par la structure, les planchers intermédiaires<br />
et les parois verticales des logements.<br />
PRINCIPE DE TRAITEMENT<br />
2<br />
1<br />
Pour protéger des bruits d’impact les pièces sous-jacentes et mitoyennes<br />
d’un logement, il faut positionner une sous-couche isolante formant<br />
un “cuvelage acoustique” sous le carrelage du sol et mise en œuvre selon<br />
un cahier des charges précis.<br />
1 Transmission directe : la transmission du bruit d’impact<br />
s’effectue par la paroi horizontale séparative.<br />
2 Transmission latérale : la transmission se fait<br />
par toutes les parois.<br />
COMMENT RESPECTER LA RÉGLEMENTATION<br />
SUR CHANTIER ?<br />
Éviter tout pont phonique sur chantier en particulier :<br />
• réaliser soigneusement les isolations périphériques en interposant<br />
l’isolant phonique entre mur et revêtement,<br />
• exécuter le joint mastic entre plinthe et revêtement de sol,<br />
• désolidariser le revêtement à chaque traversée de canalisation ou autre<br />
point dur (huisseries…).
FICHE PRATIQUE<br />
DES SOLUTIONS AVEC DES SYSTÈMES DE POSE DU CARRELAGE<br />
POUR CONCEVOIR UNE ISOLATION ACOUSTIQUE AUX BRUITS D’IMPACT<br />
LES DÉTAILS TECHNIQUES AVEC DES ENDUITS<br />
SYSTÈME D’ISOLATION ACOUSTIQUE SOUS-CARRELAGE<br />
Étape 1 : préparation des supports<br />
Le support doit être plan, lisse, stable et soigneusement<br />
dépoussiéré.<br />
Sur support en béton ou chape ciment, ragréés ou rendus très<br />
lisses (pas de défaut de planéité supérieur à 5 mm sous la règle<br />
de 2 m et 2 mm sous la règle de 20 cm).<br />
Sur ancien carrelage, dalle vinyle rigide, peinture de sols ou<br />
planchers bois (panneaux CTBH, CTBX), anciens parquets<br />
(épaisseur 22 mm au minimum) et ragréé.<br />
Étape 2 : application de la sous-couche<br />
• Appliquer au rouleau une couche de colle weber.sys acoustic.<br />
• Poser la sous-couche d’isolation :<br />
- en plaques en les serrant bord à bord à joints décalés,<br />
puis maroufler les plaques en chassant l’air ;<br />
- en lés comme une moquette, puis poser une bande<br />
de pontage autocollante à chaque jonction entre lés.<br />
• Poser la bande périphérique. La placer 1 cm sous la sous-couche<br />
et la remonter sur la paroi verticale en formant un angle droit.<br />
SYSTÈME WEBER.SYS IMPACT<br />
(ΔLW= 20 dB sans mini-chape)<br />
Étape 3 : traitement des points singuliers<br />
Traiter également avec la bande périphérique pour éviter tout<br />
pont acoustique : tuyaux, appareils sanitaires, huisseries.<br />
Réaliser un joint de fractionnement tous les 40 m 2 au maximum<br />
dans l’épaisseur du carrelage.<br />
Étape 4 : mini-chape<br />
• Avec système en plaques : pas de mini-chape à réaliser.<br />
• Avec système en lés : réaliser une mini-chape avec le ragréage<br />
weber.sys acoustic, fractionné tous les 40 m 2 au maximum<br />
à l’aide de baguettes ou profilés adaptés. Laisser sécher 4 heures<br />
au minimum.<br />
Étape 5 : collage<br />
Coller le carrelage en double encollage avec weber.col rapide ou<br />
en simple encollage avec weber.col fluid.<br />
Étape 6 : jointoiement<br />
Réaliser des joints de 3 mm au minimum avec weber.joint flex.<br />
SYSTÈME WEBER.SYS ACOUSTIC<br />
(ΔLW= 20 dB avec mini-chape)<br />
Il est conseillé d’associer weber.sys protect à weber.sys impact<br />
dans les pièces humides sur support en bois.<br />
Système de pose<br />
sous-carrelage<br />
weber.sys impact<br />
weber.sys acoustic<br />
Sous-couche acoustique en plaques en rouleau<br />
Epaisseur totale 8 mm 10 mm<br />
Locaux P2 + cuisines privatives (1) P2 + certains U4 – P3 (2)<br />
Performance acoustique ΔLW= 20 dB ΔLW= 20 dB<br />
Avis Technique n° 13/11 – 1109 n° 13/08 – 1039<br />
(1) Locaux P2 et cuisines privatives (carreaux de 200 à 2200 cm 3 )<br />
(2) Locaux P2 et certains locaux P3 : bureaux, salles de classe et cuisines privatives (carreaux de 100 à 2 200 cm 2<br />
locaux P2 et 200 à 1 100 cm 2 d’épaisseur ≥ 8 mm en locaux U4 P3).<br />
✂
BIBLIO-SERVICES<br />
50 ANS DE LOGEMENT<br />
UCI FFB<br />
132 pages, Editions PC<br />
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Cet ouvrage est consacré aux enjeux et problématiques<br />
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de la législation, des techniques et matériaux de construction,<br />
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du secteur pour l’avenir et les défis à relever, à l’image de ceux mis<br />
en place avec le Grenelle de l’environnement.<br />
Initié par l’UCI-FFB, ce livre présente de nombreux éléments<br />
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50 ans d’histoire et de mettre en valeur les évolutions du secteur<br />
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espaces “pres crire” de chaque activité sont dédiés aux<br />
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les images peuvent être exportées dans vos projets. Bordereaux de prix<br />
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<strong>Weber</strong> est un partenaire actif dans de nombreuses associations<br />
professionnelles, clubs et syndicats de la maîtrise<br />
d’œuvre. Vous pouvez nous retrouver dans les manifestations<br />
nationales ou dans les réunions en régions<br />
du Club Prescrire, avec l’UNSFA, du SYNAMOB, de l’UNTEC,<br />
de l’AMO et de nombreuses maisons de l’Architecture<br />
dont “La villa Romée”.<br />
[MATIÈRE À CONCEPTION N° 10]- #31