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les ingenieurs en syrie modernisation, technobureaucratie et identite

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(politique du corporatisme d'Etat), l'Etat domine toutes la vie associative, à savoir le dernier<br />

bastion de la société civile syri<strong>en</strong>ne.<br />

Un rôle politique actif des ingénieurs a donc surgi p<strong>en</strong>dant c<strong>et</strong>te crise politique <strong>en</strong> tant<br />

qu'individus militants des partis de l'opposition ou <strong>en</strong> tant que groupe professionnel r<strong>en</strong>forcé par<br />

un syndicat qui cherche sa place dans la société civile. Ce rôle a été conforté par la participation<br />

massive de tous <strong>les</strong> groupes de l'intellig<strong>en</strong>tsia <strong>et</strong> surtout des étudiants.<br />

Les troub<strong>les</strong> politiques de 1979-1982<br />

Avant de t<strong>en</strong>ter une analyse du s<strong>en</strong>s de c<strong>et</strong>te participation politique des ingénieurs, nous<br />

devrons dire un mot de la nature du conflit politique 92 qui a secoué la société syri<strong>en</strong>ne. Car on ne<br />

saurait appréh<strong>en</strong>der c<strong>et</strong>te composante radicale du paysage oppositionnel <strong>en</strong> dehors du terroir dans<br />

lequel elle s'est produite.<br />

Dans un système où l'Etat pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge l'<strong>en</strong>semble des rouages économiques <strong>et</strong> contrôle<br />

toute l'organisation sociale, <strong>les</strong> luttes rev<strong>en</strong>dicatives ne peuv<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t éclore à l'intérieur pour<br />

"réajuster" périodiquem<strong>en</strong>t la structure sociale, el<strong>les</strong> se situ<strong>en</strong>t d'emblée "à l'extérieur" <strong>et</strong> vis<strong>en</strong>t à sa<br />

destruction. L'émeute reste la seule réponse possible de la société à l'Etat. 93<br />

La crise politique a été décl<strong>en</strong>chée le 16 juin 1979 par un att<strong>en</strong>tat à l'Ecole d'artillerie<br />

perpétré par un officier sympathisant des Frères musulmans qui visait <strong>les</strong> élèves-officiers. Ceux-ci<br />

(83 cad<strong>et</strong>s), tous systématiquem<strong>en</strong>t choisis parmi <strong>les</strong> Alouates de la promotion (260 sur 320 élèves<br />

officiers), sont tués. La nouvelle a r<strong>et</strong><strong>en</strong>ti comme un coup de tonnerre dans la société <strong>et</strong> pousse le<br />

mouvem<strong>en</strong>t des Frères musulmans sur le devant de la scène. Pour compr<strong>en</strong>dre c<strong>et</strong> acte, il faut<br />

remonter à 1963, date à laquelle le putsch a interdit à tous <strong>les</strong> partis, sauf au Parti Ba'th, d'agir sur<br />

la scène politique. Par le nouveau coup d'Etat de Hâle al-Assad <strong>en</strong> octobre 1970, ce dernier a voulu<br />

r<strong>en</strong>forcer son pouvoir par l'<strong>en</strong>trée massive des hommes de sa communauté alouate auxquels la<br />

plupart des poste-clés, surtout dans l'armée, sont confiés. L'att<strong>en</strong>tat de l'Ecole d'artillerie a mis <strong>en</strong><br />

lumière la stratégie du pouvoir politique <strong>en</strong> vue de préparer <strong>les</strong> futurs officiers exclusivem<strong>en</strong>t<br />

alouates.<br />

La réaction du pouvoir politique ne s'est pas faite att<strong>en</strong>dre : des milliers d'arrestations <strong>et</strong> de<br />

confrontations armées avec <strong>les</strong> partisans <strong>et</strong> <strong>les</strong> militants des Frères musulmans ont eu lieu. Ceux-ci<br />

ont incité <strong>les</strong> autres partis de l'opposition, nationalistes <strong>et</strong> communistes, (comme <strong>les</strong> Nasséri<strong>en</strong>s<br />

d'al-Atasi, Parti communiste-bureau politique de Riyad Turk 94 , le Parti de l'action communiste, le<br />

Mouvem<strong>en</strong>t du 22 février 95 , <strong>et</strong>c.,) à <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> conflit. En fait, il faut préciser que par son ampleur, le<br />

soulèvem<strong>en</strong>t échappe largem<strong>en</strong>t à la seule initiative des Frères musulmans dans la plupart des vil<strong>les</strong><br />

92 - Pour plus de détails voir :<br />

- Elizab<strong>et</strong>h Picard, Espaces de référ<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> espace d'interv<strong>en</strong>tion du Mouvem<strong>en</strong>t Rectificatif,<br />

thèse de sci<strong>en</strong>ce politique, IEP, Paris, 1984.<br />

- Mahmoud Sadeq, Hiwar hawl suria (Débat sur la Syrie), Londres, éd. Dar 'uqaz, 1993.<br />

- Olivier Carré <strong>et</strong> G. Michaud, Les Frères musulmans (1928-1982), Paris, Gallimard, coll.<br />

archives, 1983, pp. 131-201.<br />

- Nikolaos Van Dam, "Sectarian and Regional Factionalism in the Syrian Political Elite", in The<br />

Middle East Journal, Spring 78, Vol. 32, n° 2.<br />

93 - M. Seurat, op. cit., p.286.<br />

94 - Formation née d'une scission du parti communiste de Khaled Bagdash <strong>en</strong> 1971.<br />

95 - C'est l'aile "dure" du parti qui était au pouvoir <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> deux coups d'Etat (23 février 1966- 16<br />

novembre 1970). Ses chefs historiques sont soit <strong>en</strong> exil (M. Ibrahim Makhos), soit <strong>en</strong> prison à<br />

Damas (Yousef Zu'yy<strong>en</strong>) soit mort de maladie <strong>en</strong> prison (Noureddin Atassi <strong>et</strong> Salah Jedid).

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