Zone euro : coupée en deux* - OFCE - Sciences Po
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■ Départem<strong>en</strong>t analyse et prévision<br />
Vue d’<strong>en</strong>semble 1<br />
Bénéficiant <strong>en</strong>core globalem<strong>en</strong>t des mesures de souti<strong>en</strong> budgétaire, la zone <strong>euro</strong><br />
dans son <strong>en</strong>semble a r<strong>en</strong>oué avec la croissance <strong>en</strong> 2010. Le PIB a affiché une<br />
progression de 1,7 % après une récession de 4,1 % <strong>en</strong> 2009. Néanmoins, le retour<br />
de la croissance s’est avéré insuffisant pour permettre une baisse du taux de chômage<br />
qui s’est stabilisé à 10 % tout au long de l’année 2010. Après l’effondrem<strong>en</strong>t de la<br />
productivité dans la phase récessive, les <strong>en</strong>treprises ont privilégié le rétablissem<strong>en</strong>t<br />
de leurs marges. Ces élém<strong>en</strong>ts aurai<strong>en</strong>t dû constituer les premières étapes d’un<br />
scénario de reprise qui a été compromis par de nombreuses zones d’ombres qui<br />
plan<strong>en</strong>t sur la zone <strong>euro</strong> et compromett<strong>en</strong>t une sortie définitive de la crise.<br />
Premièrem<strong>en</strong>t, le retour de la croissance <strong>en</strong> 2010 a été très inégalem<strong>en</strong>t partagé<br />
<strong>en</strong>tre les États membres faisant apparaître des diverg<strong>en</strong>ces au sein de la zone <strong>en</strong>tre les<br />
pays. La reprise fut franche <strong>en</strong> Allemagne, avec une croissance annuelle du PIB de<br />
3,5 %, permettant d’effacer une grande partie de la chute d’activité observée au<br />
cours de la crise. Frappés par une crise budgétaire, illustrant l’insuffisance de la<br />
solidarité intra-<strong>euro</strong>pé<strong>en</strong>ne, la Grèce, l’Irlande, le <strong>Po</strong>rtugal et l’Espagne ont adopté<br />
de gré ou de force des plans de restriction budgétaire sans précéd<strong>en</strong>t qui ont <strong>en</strong>travé<br />
la reprise ou prolongé la récession. Les prêts de l’Union <strong>euro</strong>pé<strong>en</strong>ne, puis la mise <strong>en</strong><br />
place du Fonds <strong>euro</strong>pé<strong>en</strong> de stabilisation financière 2 (FESF) pour v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> aide<br />
d’abord à la Grèce, puis à l’Irlande <strong>en</strong> novembre 2010 et très probablem<strong>en</strong>t au<br />
<strong>Po</strong>rtugal <strong>en</strong> avril 2011 3 ont permis d’éviter à court terme le défaut de paiem<strong>en</strong>t sur<br />
la dette publique de ces pays. <strong>Po</strong>ur autant, le FESF, même pér<strong>en</strong>nisé, n’a pas levé<br />
l’<strong>en</strong>semble des doutes sur la possibilité d’un défaut souverain. Ce dernier est<br />
toujours <strong>en</strong>visagé par les marchés, comme l’atteste l’abs<strong>en</strong>ce de baisse durable des<br />
taux d’intérêt publics sur les marchés secondaires dans les pays touchés par la crise<br />
des finances publiques (graphique 1). Surtout, la conditionnalité – <strong>en</strong> matière<br />
d’ajustem<strong>en</strong>t budgétaire – assortie aux plans de souti<strong>en</strong> hypothèque sérieusem<strong>en</strong>t<br />
les perspectives de reprise de l’activité <strong>en</strong> 2011. Les performances de l’<strong>en</strong>semble de la<br />
zone <strong>euro</strong> <strong>en</strong> seront affectées (voir tableau 1), d’autant plus que tous les pays<br />
suivront, avec plus ou mois d’int<strong>en</strong>sité, le chemin de l’austérité. S’il n’est pas<br />
question d’éclatem<strong>en</strong>t de la zone <strong>euro</strong>, les écarts de performance se mainti<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t,<br />
voire s’amplifierai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> 2011 et 2012.<br />
1. Cette partie a été rédigée par Christophe Blot.<br />
2. Le FESF est un fonds de souti<strong>en</strong> spécifiquem<strong>en</strong>t créé <strong>en</strong> mai, après le plan d’aide ad-hoc adopté pour v<strong>en</strong>ir<br />
<strong>en</strong> aide à la Grèce, pour apporter une aide financière aux États membres connaissant des difficultés budgétaires.<br />
Initialem<strong>en</strong>t temporaire et doté d’une capacité d’interv<strong>en</strong>tion de 250 milliards d’eiros, le FESF devi<strong>en</strong>drait, à<br />
partir de 2013, un mécanisme perman<strong>en</strong>t dont la dotation octroyée par les États membres serait portée à 500<br />
milliards d’<strong>euro</strong>s.<br />
3. Au mom<strong>en</strong>t de l’écriture du texte, le <strong>Po</strong>rtugal v<strong>en</strong>ait de faire une demande de souti<strong>en</strong> auprès de l’Union<br />
<strong>euro</strong>pé<strong>en</strong>ne. L’exam<strong>en</strong> de cette demande n’ayant pas <strong>en</strong>core été effectué, nous ne disposions pas d’informations<br />
précises sur le montant de l’aide octroyée ainsi que sur les modalités, <strong>en</strong> termes d’ajustem<strong>en</strong>t budgétaire, qui<br />
serai<strong>en</strong>t exigées <strong>en</strong> contrepartie.<br />
44 REVUE DE L’<strong>OFCE</strong> ■ 117 ■ AVRIL 2011