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BOSON z - L'aventure de la physique des particules

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Ses propriétés<br />

<strong>BOSON</strong> z<br />

Le boson Z est l’une <strong>de</strong>s <strong>particules</strong> qui véhiculent<br />

l’interaction faible, responsable <strong>de</strong> certains<br />

processus radioactifs. Sa charge électrique est<br />

nulle et sa masse vaut environ 91 GeV, soit<br />

91 fois <strong>la</strong> masse du proton. Le Z est le cousin<br />

éloigné du photon : tous <strong>de</strong>ux sont neutres<br />

électriquement et leur échange correspond à<br />

une interaction entre <strong>de</strong>ux <strong>particules</strong> (électromagnétique<br />

pour le photon, faible pour le Z).<br />

Mais le photon est sans masse, alors que le<br />

boson Z est très massif, ce qui reflète <strong>la</strong> région<br />

d’action (<strong>la</strong> portée) <strong>de</strong> l’interaction véhiculée<br />

: elle est infinie pour l’électromagnétisme, et<br />

seulement <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille du noyau atomique pour<br />

l’interaction faible.<br />

Sa découverte<br />

Le physicien italien Enrico Fermi avait formulé en<br />

1933 une première théorie <strong>de</strong> <strong>la</strong> radioactivité β et<br />

<strong>de</strong> l’interaction faible. Si elle décrivait correctement<br />

<strong>la</strong> désintégration <strong>de</strong> noyaux atomiques à basse<br />

énergie, on savait qu’elle serait invalidée à plus<br />

haute énergie car elle aurait alors contredit certains<br />

Lorsqu’on effectue une collision électron-positron en accélérateur,<br />

<strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> produire un boson Z varie avec l’énergie, ainsi que<br />

le montre cette figure <strong>de</strong> l’expérience Aleph (CERN). La masse du Z<br />

correspond à <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> l’énergie où <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> production<br />

du boson est maximale, c’est-à-dire le sommet du pic.<br />

principes généraux sur les probabilités <strong>de</strong> désintégration <strong>de</strong>s <strong>particules</strong>. C’est dans les années 70 que les physiciens<br />

G<strong>la</strong>show, Weinberg et Sa<strong>la</strong>m proposèrent une <strong>de</strong>scription théorique plus satisfaisante. Cette « théorie électrofaible »<br />

conclut que l’interaction faible entre <strong>de</strong>ux <strong>particules</strong> est causée par l’échange <strong>de</strong> trois <strong>particules</strong> massives, les bosons<br />

W + , W - et Z. Si cette nouvelle théorie décrivait <strong>la</strong> radioactivité β <strong>de</strong> manière simi<strong>la</strong>ire à Fermi, elle prédisait l’apparition<br />

d’autres phénomènes. En particulier, un neutrino pouvait interagir avec une autre particule en échangeant un boson Z :<br />

le neutrino ne changeait pas <strong>de</strong> nature, mais sa trajectoire était modifiée par ces interactions faibles appelées courants<br />

neutres. En 1973, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> chambre à bulles Gargamelle du CERN montre que ces courants neutres existent !<br />

Reste à découvrir <strong>la</strong> particule qui véhicule ces courants neutres, le boson Z. Ce sera chose faite au début <strong>de</strong>s années<br />

80 au CERN, grâce aux expériences UA1 et UA2. Ces expériences sont installées auprès d’un anneau <strong>de</strong> collision entre<br />

un faisceau <strong>de</strong> proton et un autre d’anti-proton. Cet anneau est conçu pour atteindre les énergies élevées nécessaires<br />

à <strong>la</strong> production <strong>de</strong>s bosons W± et Z. Entré en fonctionnement en juillet 1981, le permet aux expériences UA1 et UA2<br />

d’observer <strong>de</strong>ux ans plus tard les premières <strong>particules</strong> issues <strong>de</strong> <strong>la</strong> désintégration d’un boson Z. En 1988, après sept<br />

ans <strong>de</strong> fonctionnement, les <strong>de</strong>ux expériences ont observé environ <strong>de</strong>ux cents collisions où intervient un boson Z, ce qui<br />

conduit aux premières mesures <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong> cette particule, comme sa masse, avec une précision <strong>de</strong> l’ordre du<br />

pour cent.<br />

Un autre seuil sera franchi avec le programme expérimental mené au LEP (CERN) par les quatre expériences Aleph,<br />

Delphi, L3 et Opal. En fonctionnement <strong>de</strong> 1989 à 2000, elles ont rassemblé <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> collisions entre un électron<br />

et un positron (anti-éléctron) où intervient le boson Z. Au même moment, un autre anneau <strong>de</strong> collision, le SLC,<br />

situé aux Etats-Unis et basé sur une technologie complémentaire <strong>de</strong> celle du LEP, a également étudié cette particule.<br />

Les physiciens ont ainsi pu mesurer avec une très gran<strong>de</strong> précision l’ensemble <strong>de</strong>s caractéristiques du Z, à savoir sa<br />

masse, ses probabilités <strong>de</strong> désintégration selon divers mo<strong>de</strong>s, <strong>la</strong> répartition spatiale <strong>de</strong>s <strong>particules</strong> issues <strong>de</strong> <strong>la</strong> désintégration.<br />

Ainsi, pour <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse du Z, le résultat est MZ = 91,1875 ± 0,0021 GeV. Le <strong>de</strong>uxième nombre, qui<br />

décrit les incertitu<strong>de</strong>s expérimentales <strong>de</strong> cette mesure, correspond à une précision re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> 0,02 pour mille !<br />

Un cliché pris en 1973 dans <strong>la</strong> chambre à bulles Gargamelle, un détecteur<br />

capable <strong>de</strong> montrer les trajectoires <strong>de</strong> <strong>particules</strong> chargées le traversant. Un<br />

faisceau <strong>de</strong> neutrinos muoniques entre dans <strong>la</strong> chambre par <strong>la</strong> gauche. Ces<br />

neutrinos, neutres électriquement, ne <strong>la</strong>issent aucune trace. On remarque en<br />

revanche une gerbe <strong>de</strong> <strong>particules</strong> chargées apparue « <strong>de</strong> nulle part » <strong>de</strong>puis<br />

un point situé au centre gauche <strong>de</strong> l’image. Ces <strong>particules</strong> proviennent en fait<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> collision entre un neutrino muonique très énergétique du faisceau et un<br />

noyau atomique du liqui<strong>de</strong> contenu dans <strong>la</strong> chambre. Puisqu’on ne voit pas<br />

<strong>de</strong> muon après <strong>la</strong> collision, le neutrino muonique n’a pas changé <strong>de</strong> nature<br />

au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> collision et il a donc interagi avec le noyau atomique par l’intermédiaire<br />

d’un boson Z


Une reconstitution graphique <strong>de</strong> <strong>la</strong> désintégration d’un Z (au centre du <strong>de</strong>ssin) en<br />

une paire quark et anti-quark dans le détecteur ALEPH (CERN). Après leur création au<br />

centre <strong>de</strong> l’image, le quark et l’anti-quark initiaux ont engendré <strong>de</strong>ux jets <strong>de</strong> <strong>particules</strong>.<br />

En différentes couleurs, on distingue les trajectoires <strong>de</strong>s <strong>particules</strong> chargées, qui sont<br />

reconstituées à partir <strong>de</strong> mesures dans les couches internes du détecteur. Quant aux <strong>particules</strong><br />

neutres, on détecte l’énergie qu’elle déposent dans les couches externes <strong>de</strong>nses<br />

<strong>de</strong> l’appareil<strong>la</strong>ge. Cette énergie est représentée par les histogrammes sur <strong>la</strong> périphérie du<br />

cercle.<br />

: Au cœur du détecteur <strong>de</strong> l’expérience UA1, une<br />

collision entre un proton et un anti-proton (arrivant <strong>de</strong><br />

part et d’autre <strong>de</strong> l’image selon un axe horizontal) qui a<br />

produit un boson Z. Ce boson Z s’est ensuite désintégré<br />

en un électron et un positron matérialisés par les traces<br />

b<strong>la</strong>nches. Les autres <strong>particules</strong> dont les trajectoires sont<br />

représentées en diverses couleurs viennent <strong>de</strong>s résidus<br />

<strong>de</strong>s proton et anti-proton initiaux<br />

Comment l’observer ?<br />

Le boson Z est aisément observé dans les collisions entre électron et positron<br />

(anti-électron) à très haute énergie. En se p<strong>la</strong>çant à une énergie<br />

proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse <strong>de</strong> <strong>la</strong> particule, on produit le Z en abondance et <strong>de</strong><br />

façon quasi exclusive. Un détecteur p<strong>la</strong>cé au point <strong>de</strong> collision entre les<br />

faisceaux d’électrons et <strong>de</strong> positrons ne verra que les <strong>particules</strong> issues <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

désintégration du Z. Il peut s’agir soit d’une parie <strong>de</strong> leptons chargés (e + e - ,<br />

m + m - , t + t - ), soit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jets <strong>de</strong> <strong>particules</strong> composés <strong>de</strong> quarks (si le Z s’est<br />

désintégré en un quark et un anti-quark), soit encore un neutrino et son<br />

anti-neutrino associé. Ce <strong>de</strong>rnier mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> désintégration n’est généralement<br />

pas observé dans les détecteurs, car les neutrinos sont <strong>de</strong>s <strong>particules</strong> très<br />

difficiles à observer.<br />

Le Z est également observé dans d’autres types <strong>de</strong> collisions, par exemple<br />

un faisceau <strong>de</strong> protons contre un faisceau d’anti-protons, ou encore <strong>de</strong>ux<br />

faisceaux <strong>de</strong> protons. Mais les résultats sont plus délicats à interpréter car<br />

les résidus <strong>de</strong>s <strong>particules</strong> initiales (proton ou anti-proton) se mé<strong>la</strong>ngent aux<br />

<strong>particules</strong> issues <strong>de</strong> <strong>la</strong> désintégration du Z.<br />

Son rôle en <strong>physique</strong> subatomique<br />

Le boson Z véhicule l’interaction faible dans les processus<br />

où <strong>la</strong> charge électrique <strong>de</strong>s <strong>particules</strong> n’est pas<br />

modifiée. Ces phénomènes sont extrêmement rares, et<br />

généralement masqués par les manifestations <strong>de</strong> l’interaction<br />

électromagnétique. Il existe une exception: les<br />

neutrinos, insensibles à l’interaction électromagnétique,<br />

ne sont affectés que par l’interaction faible. Ainsi,<br />

les expériences qui étudient les neutrinos peuvent<br />

i<strong>de</strong>ntifier l’échange d’un boson Z.<br />

En regroupant toutes les mesures précises faites sur<br />

le Z, on a pu confirmer <strong>la</strong> validité du modèle actuel<br />

jusqu’au niveau quantique le plus fin auquel on puisse<br />

accé<strong>de</strong>r aujourd’hui. Ceci conforte l’idée sous-jacente<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie électrofaible proposée par G<strong>la</strong>show, Weinberg<br />

et Sa<strong>la</strong>m. La parenté entre le photon et le boson Z<br />

n’est pas seulement formelle. Les interactions faible et<br />

électromagnétique ne sont que les <strong>de</strong>ux aspects actuels,<br />

à basse énergie, d’une seule et même force qui existait<br />

pendant les premiers instants <strong>de</strong> l’Univers : l’interaction<br />

électrofaible.<br />

Pour en savoir plus<br />

• http://www.<strong>la</strong>radioactivite.com/ Un site pour comprendre <strong>la</strong> radioactivité b, un <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> l’interaction faible.<br />

• http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/dossier596-1.php Quelques éléments sur l’histoire <strong>de</strong>s <strong>particules</strong>, et en<br />

particulier <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong> l’interaction faible.

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