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interlocuteur hante une autre planète parce qu'il possède une échelle de valeurs bi<strong>en</strong> à lui,<br />
parfois difficile à compr<strong>en</strong>dre. Vander est un fou (il le rev<strong>en</strong>dique, d'ailleurs), mais après tout<br />
c'est bi<strong>en</strong> grâce à cela que sa musique peut atteindre de tels sommets. En même temps, il est<br />
d'une exig<strong>en</strong>ce totale, à la fois <strong>en</strong>vers soi-même et <strong>en</strong>vers les autres, ce qui <strong>en</strong>traîne<br />
nécessairem<strong>en</strong>t une constante déception lorsqu'il découvre que les autres (et <strong>en</strong> particulier les<br />
musici<strong>en</strong>s qu'il côtoie) ne répond<strong>en</strong>t pas à son att<strong>en</strong>te d'absolu.<br />
Mais au fond, je n'ai qu'à me taire, l'interview qui va suivre vous fera découvrir beaucoup plus<br />
complètem<strong>en</strong>t les personnalités qui se cach<strong>en</strong>t derrière <strong>Magma</strong>. Des deux heures que nous<br />
avons passées sur la margelle de la mare aux canards d'Hérouville, je ne peux hélas reproduire<br />
ici qu'<strong>en</strong>viron le quart ; plutôt que de vous faire lire des tranches de saucisson privées de leur<br />
contexte et donc de s<strong>en</strong>s, je préfère vous livrer in ext<strong>en</strong>so la première demi-heure de cette<br />
conversation, <strong>en</strong> essayant de lui conserver sa vie et sa spontanéité (j'ai juste supprimé<br />
quelques courts passages). La parole est donc à Christian Vander et Klaus Blasquiz, du moins<br />
jusqu'à ce que l'impitoyable couperet de mon rédacteur <strong>en</strong> chef ne la leur retire.<br />
"On parle de tout ?"<br />
Michel LOUSQUET : Dans quel état d'esprit cette tournée va-t-elle se faire ?<br />
Klaus BLASQUIZ : On pourrait dire la même chose du disque et du groupe, <strong>en</strong> fait c'est<br />
pareil ; avec <strong>en</strong> fond sonore les canards… Effectivem<strong>en</strong>t, ça se fait dans un nouvel esprit, c'est<br />
sûr, mais ça ti<strong>en</strong>t autant à la musique qu'au groupe, aux conceptions de départ…<br />
Christian VANDER : Ca fait deux ans qu'on réfléchissait pour un nouvel état d'esprit de<br />
musique. On peut dire qu'on s'était arrêté de créer depuis "Köhntarkösz" live (1975), et plutôt<br />
que d'arrêter le groupe p<strong>en</strong>dant deux ans on a continué sur non pas une chute mais un creux de<br />
vague, on est restés sur la lancée pour pouvoir p<strong>en</strong>ser <strong>en</strong> même temps.<br />
KB : On pouvait pas s'arrêter brusquem<strong>en</strong>t, de toutes façons, il fallait que ça continue à<br />
tourner sur soi-même, mais ça ne tournait que sur soi-même.<br />
CV : Moi j'ai s<strong>en</strong>ti par exemple que, après "Köhntarkösz" live, il fallait que ce soit autre<br />
chose, c'était pas suffisant. Pourtant, ça tournait bi<strong>en</strong>, les concerts avec Paganotti et tout ça,<br />
tout était bi<strong>en</strong>, il n'y avait pas de raison qu'on arrête ce groupe, et moi je s<strong>en</strong>tais qu'il fallait<br />
faire autre chose. Alors on a fait la t<strong>en</strong>tative avec Janik Top (1976, "Udü Wüdü") qui s'est<br />
soldée par un échec parce que ce n'était pas ça non plus. Et c'était tout simplem<strong>en</strong>t qu'il fallait,<br />
qu'on était un peu… De quoi on parle ? On parle de tout ?<br />
KB : Ouais, on peut parler du fond, et puis de la forme, <strong>en</strong>fin elle est <strong>en</strong>traînée par le fond.<br />
Déjà la manière de prés<strong>en</strong>ter la musique de <strong>Magma</strong> et le groupe <strong>Magma</strong> est complètem<strong>en</strong>t<br />
différ<strong>en</strong>te maint<strong>en</strong>ant. Là où on passait à côté de tout ce qui faisait partie du spectacle visuel<br />
et autre, maint<strong>en</strong>ant on met au point les choses ; ça a au moins autant d'importance quand on<br />
fait un concert que visuellem<strong>en</strong>t ça corresponde à la musique. Alors qu'avant on l'oubliait, on<br />
p<strong>en</strong>sait que c'était pas nécessaire. Et puis ça devrait l'être, <strong>en</strong> fait, inutile. Bon, c'est<br />
complém<strong>en</strong>taire. On peut arriver à jouer et à vivre la musique <strong>en</strong> expliquant les choses<br />
corporellem<strong>en</strong>t aux g<strong>en</strong>s, par des costumes, des mises <strong>en</strong> scène, des interv<strong>en</strong>tions qui vont être<br />
réglées comme une mise <strong>en</strong> scène de film ou de théâtre.<br />
CV : Pour la musique, je ne sais pas, elle sera d'accès plus simple à l'oreille, mais l'énergie<br />
sera dirigée dans l'interprétation plutôt que dans des phrases particulièrem<strong>en</strong>t complexes qui<br />
demand<strong>en</strong>t déjà de l'énergie à être jouées parce qu'elles sont complexes. Par exemple, des<br />
morceaux comme "Köhntarkösz" sont difficiles à jouer, et l'énergie passée dans la mise <strong>en</strong><br />
place, et après ça il aurait fallu voir aussi, les modulations, tout ça, et on ne pouvait jamais les<br />
voir parce qu'il y avait tellem<strong>en</strong>t de travail déjà dans la mise <strong>en</strong> place que… Alors que là, on a<br />
simplifié la musique, mais l'énergie va passer dans l'articulation des phrases, la précision, la