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MÉDECINS DU MONDE<br />
Projets BELGES<br />
ETAT DES LIEUX DE L’ACCÈS AUX SOINS<br />
CHIFFRES 2013<br />
© Frédéric Pauwels
Charte des valeurs<br />
MÉDECINS DU MONDE EST UNE ASSOCIATION DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE<br />
QUI A POUR VOCATION<br />
» de soigner les populations les plus vulnérables dans des<br />
situations de crises et d’exclusion partout dans le monde et en<br />
Belgique,<br />
» en suscitant l’engagement volontaire et bénévole de médecins,<br />
d’autres professionnels de la santé, ainsi que des professionnels<br />
d’autres disciplines nécessaires à ses actions,<br />
» en s’assurant l’appui de toutes les compétences indispensables<br />
à l’accomplissement de sa mission,<br />
» en privilégiant en toutes occasions des relations de proximité<br />
avec les populations soignées.<br />
A PARTIR DE SA PRATIQUE MÉDICALE ET EN TOUTE INDÉPENDANCE,<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
» révèle les risques de crises et de menaces pour la santé et<br />
pour la dignité afin de contribuer à leur prévention,<br />
» mobilise des partenaires pour les actions de solidarité sortant<br />
du champ de la santé,<br />
» dénonce par ses actions de témoignage les atteintes aux<br />
droits de l’homme et plus particulièrement les entraves à<br />
l’accès aux soins,<br />
» développe de nouvelles approches et de nouvelles pratiques<br />
de la santé publique dans le monde, fondées sur le<br />
respect de la dignité humaine,<br />
» s’engage auprès de ses donateurs à entretenir des relations<br />
d’une totale transparence,<br />
» milite pour instituer, en fonction d’une éthique de la responsabilité,<br />
les valeurs de la médecine humanitaire.<br />
© Fréderic Pauwels<br />
En privilégiant en toutes occasions des relations de proximité avec les populations soignées.
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
Sommaire<br />
» 04-05 Avant-propos<br />
» 08-09 Notre ligne de soins « santé-précarité »<br />
» 10-16 Chiffres 2013<br />
» 17 ALLER VERS : à la rencontre des plus vulnérables<br />
17-19 Promouvoir la santé au féminin<br />
20-22 (Re) créer des liens avec le Médibus<br />
23-27 Soigner dans les centres d’accueil et d’hébergement<br />
28-29 Appuyer le relais-santé à La Louvière<br />
30-31 Zoom I Être femme et mère en situations de grandes précarités<br />
32-33 Focus I Notre enquête sur les violences en rue<br />
» 34 ACCOMPAGNER : garantir l’accès et le droit à la santé pour tous<br />
34-39 Offrir des soins de santé de qualité - CASO/COZO<br />
40 Entretiens I Nos patients et nos volontaires nous parlent<br />
41 Actions I Nos plaidoyers en 2013<br />
42-43 Publication I Le Livre Vert sur l’accès aux soins est paru !<br />
» 44-45 Conclusions et recommandations<br />
» 46-47 Remerciements<br />
3
4<br />
Edito<br />
Médecins du Monde, notre histoire, nos valeurs<br />
Une introduction pour le rapport des missions belges ? Le texte<br />
parle de lui-même, c’est plutôt une conclusion que je devrais<br />
écrire, une conclusion qui soulignerait l’énorme engagement de<br />
tous nos travailleurs, de tous nos collaborateurs, statutaires ou<br />
bénévoles, ceux d’ici, les expatriés et les locaux pour soigner<br />
« toute la misère du monde » et se battre pour une humanité plus<br />
juste et plus solidaire.<br />
Médecins du Monde, tout le monde connaît, a déjà vu la<br />
petite colombe et le rameau d’olivier de la paix sur le logo rond<br />
et bleu (où les cinq feuilles représentent les cinq continents alors<br />
que la forme ronde rappelle le globe terrestre), a reconnu des<br />
tee-shirts lors des 20 kms de Bruxelles, a été sollicité par<br />
des collecteurs de fonds en rue, a croisé le MediBus, sait<br />
qu’à Bruxelles, il y a un CASO, et aussi un COZO à Anvers,<br />
et des consultations au SAMUsocial, et des sans-papiers,<br />
et des exclus de toutes sortes, qui n’ont pas de domicile,<br />
pas de mutuelle, que de tous ceux-là dans notre société,<br />
quasi personne ne s’occupe. Et que Médecins du Monde<br />
veut aider sur le plan de leur santé et aussi du reste « ceux<br />
que le monde oublie peu à peu ».<br />
La valeur fondamentale de Médecins du Monde: faire en<br />
sorte que tous sans aucune distinction puissent bénéficier<br />
de soins de qualité. Cela ne date pas d’hier! Au 18 ème siècle<br />
déjà, certains médecins et chirurgiens interviennent directement<br />
sur les champs de bataille pour apporter aux blessés les secours<br />
immédiats dont ils ont besoin grâce à des ambulances volantes<br />
(les ancêtres de notre MediBus). Mais c’est à la bataille de Solférino<br />
qu’Henry Dunant, homme d’affaires protestant évangélique,<br />
avec le concours de quelques amis, met sur pied un système<br />
organisé de soins à tous les combattants, indifféremment amis et<br />
ennemis. Le système de soins mis en place deviendra plus tard<br />
le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), qui aujourd’hui<br />
et depuis plus d’un siècle, s’efforce de prévenir la souffrance<br />
par la promotion et le renforcement du droit et des principes<br />
humanitaires universels. Il rassemble à ce jour 186 Sociétés<br />
nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge. On retrouve<br />
dans cet engagement de la Croix-Rouge le premier pilier du<br />
trépied idéologique de Médecins du Monde : « SOIGNER ».<br />
En 1971, plusieurs médecins français étaient au Biafra dans<br />
le cadre d’une mission de la Croix-Rouge. Depuis 1967, le<br />
Nigeria est le théâtre d’une féroce guerre civile au départ de la<br />
sécession d’une province orientale, le Biafra, qui s’autoproclame<br />
« république ». En réponse, le gouvernement organise un blocus<br />
de la région, terrestre et maritime, dont la conséquence est la mort<br />
de un à deux millions de personnes en raison de la famine qui<br />
s’ensuit. La neutralité absolue devant de telles situations reste-telle<br />
éthiquement acceptable ? Surtout que les crises politiques,<br />
les guerres fratricides avec leurs habituelles violences faites aux<br />
civils, conjointement à de terribles catastrophes naturelles, sont<br />
nombreuses en cette époque : le grand séisme au Pérou, le cyclone<br />
de Bhola qui frappe le Pakistan oriental (actuel Bangladesh),<br />
les massacres des Palestiniens en Jordanie lors du Septembre<br />
Noir, tout cela en 1970. Plusieurs des médecins présents au<br />
Biafra, autour de Bernard Kouchner, le plus médiatique d’entre<br />
eux, décident alors de créer une association qui allierait aide<br />
humanitaire et actions de sensibilisation auprès des médias et<br />
des institutions politiques. Médecins sans Frontières est fondé en<br />
décembre 1971, et affirme le deuxième pilier du trépied de<br />
Médecins du Monde : « TÉMOIGNER ».<br />
En 1980 est fondé Médecins du Monde. Cette nouvelle<br />
ONG veut s’impliquer encore plus dans le plaidoyer et la<br />
dénonciation des injustices et des inégalités dans le but de<br />
les diminuer. Le trépied idéologique de base de MdM est<br />
alors complet : « SOIGNER, TÉMOIGNER, CHANGER ».<br />
Car à quoi sert le témoignage, a fortiori le plaidoyer, si<br />
ce n’est à espérer ou à vouloir changer la réalité de la<br />
situation dénoncée ? Et c’est là le sens d’avoir ajouté aux<br />
deux premiers piliers du trépied le troisième, sans doute le<br />
plus important : le changement. Promouvoir le changement,<br />
l’accompagner, le provoquer, l’initier et/ou le réaliser, ce ne sont<br />
là que des questions d’échelle, de niveau d’intervention, de<br />
participation passive ou active. Ces déclarations d’intention sont<br />
relativement récentes au sein de Médecins du Monde, du moins<br />
de manière aussi claire, aussi explicite, et elles sont encore source<br />
de discussions, de degrés de positionnement, sinon de débats<br />
plus ou moins animés, plus ou moins acharnés, plus ou moins<br />
polémiques. Il est par exemple évident que, par nature, MdM<br />
est à l’origine une structure de soins, même si ceux-ci ne visent<br />
pas préférentiellement l’urgence comme MSF. Mais dans quelle<br />
mesure ces soins constituent-ils l’objectif premier et ne sont-ils<br />
pas aussi (essentiellement ?) le meilleur moyen pour construire du<br />
« matériel » de plaidoyer et alimenter des actions de changement<br />
social ?<br />
Et il est question ici autant des problèmes de fond et d’objectifs<br />
que de ceux de forme et d’image. Il est une nécessité d’interpeller<br />
le pluralisme officiel de l’organisation, la coexistence de valeurs<br />
complémentaires sinon contradictoires, la cohérence entre<br />
l’humanitaire et le politique.
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
© Fréderic Pauwels<br />
Mais il est évident que des positions radicales sur certaines<br />
problématiques de santé risquent d’éloigner les individus, les<br />
structures et les systèmes qui reconnaissent bien entendu comme<br />
tout le monde aujourd’hui la réalité des inégalités de santé, mais<br />
pas que leur origine se situe dans les conditions économiques<br />
et sociales. Et pourtant la séquence causale, à l’échelon collectif<br />
mais aussi individuel, va bien dans le sens social-santé et pas<br />
l’inverse. Ceux qui sont en bas de l’échelle sociétale, les personnes<br />
en situation de précarité, les exclus, quels qu’ils soient, traduisent<br />
bien cette réalité du gradient social, conséquence directe<br />
de l’organisation de la Cité, c’est-à-dire du système politicoéconomique<br />
qui la sous-tend. Et tous ceux là sont justement<br />
ceux que nous voulons préférentiellement prendre en<br />
compte, écouter, et soigner, évidemment. Témoigner de<br />
cette réalité et vouloir la changer peut faire que Médecins<br />
du Monde quitte son image de neutralité absolue. Peut-on<br />
rester neutre face à l’horreur, aux catastrophes naturelles,<br />
aux guerres programmées, aux violences faites aux hommes<br />
et surtout aux femmes, à l’exploitation éhontée des pays<br />
et des territoires, aux causes bien connues des famines, à<br />
l’appauvrissement organisé des pays dits moins avancés<br />
par un ordre économique mondial basé sur le marché et<br />
le profit, tout cela alors que, le plus souvent, les causes<br />
sont connues et les chronologies du temps soigneusement<br />
préparées ? Où commence le soin, où continue le plaidoyer,<br />
où s’arrête la volonté de changement ? Le but est-il le droit à<br />
la santé et pas seulement le droit aux soins, dans la mesure où le<br />
droit à la santé dépasse le seul système sanitaire pour s’inscrire<br />
plus globalement dans le système général et l’organisation<br />
sociale ?<br />
Progressivement et surtout au début sous la tutelle et dans<br />
la cohérence idéologique de MdM France, la « maisonmère<br />
», des sections nationales s’ouvrent un peu partout<br />
dans le monde. Actuellement on en compte 15 : en Belgique,<br />
au Luxembourg, aux Pays-Bas, en France évidemment,<br />
en Grèce, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, au Japon,<br />
au Canada, en Espagne, au Portugal, en Allemagne, en<br />
Suède, en Suisse et en Argentine. Quasi toutes développent<br />
des programmes nationaux dits domestiques à côtés des<br />
programmes internationaux souvent menés en collaboration<br />
internationale et avec d’autres ONG. Actuellement, on compte<br />
147 programmes internationaux dans 65 pays, et 165<br />
projets nationaux dans les 14 pays des sections locales.<br />
En ce qui concerne MdM Belgique, nos programmes internationaux<br />
couvrent le Mali, le Niger, la Tunisie, le Maroc, Haïti, la République<br />
Démocratique du Congo.<br />
Du côté de la Belgique, ce rapport vous décrira nos projets<br />
domestiques dans le détail, que ce soit à Bruxelles (les<br />
consultations du CASO, le Plan Hiver, le Medibus, Avec<br />
Elles), à Anvers (les consultations du COZO, le Plan Hiver,<br />
Trauma et Exil) ou à La Louvière.<br />
Pour tout cela, je vous remercie tous très profondément, toute<br />
l’équipe de Médecins du Monde, salariés et bénévoles, en<br />
Belgique ou sur les terrains, pour l’énorme travail accompli,<br />
souvent dans des conditions particulièrement difficiles, mais<br />
toujours avec un engagement et un professionnalisme sans faille.<br />
Le présent rapport en est encore la preuve, s’il en fallait.<br />
Pr. Michel ROLAND<br />
Président de Médecins du Monde Belgique<br />
5
6<br />
Médecins du Monde Belgique<br />
est une des dernières associations fédérales<br />
Nos projets mobiles<br />
Avec Elles<br />
• Séances d’information et<br />
d’éducation à la Santé Sexuelle et<br />
Reproductive.<br />
• Accompagner les femmes dans<br />
leurs démarches de soins avec un<br />
réseau de marraines.<br />
« J’avais un bon job aux Philippines, mais<br />
mon histoire d’amour a mal tourné. J’étais<br />
avec un copain depuis dix ans, mais<br />
il n’allait pas bien. Il s’est mis à me battre,<br />
me battre, me battre. J’ai décidé de partir<br />
et d’essayer de rejoindre la Belgique. Je<br />
n’avais pas le choix ».<br />
Jiman, une jeune femme philippine<br />
rencontrée lors d’une animation du<br />
projet Avec Elles.<br />
+<br />
BRUXELLES<br />
Médibus<br />
• (Re) créer du lien et de la confiance<br />
entre les professionnels de santé et<br />
les bénéficiaires.<br />
• Offrir des soins préventifs et curatifs<br />
– volet « Réduction des risques ».<br />
• Favoriser les relais avec les<br />
structures de soins de bas seuil<br />
(en médecine générale et en<br />
toxicomanie).<br />
© Fréderic Pauwels<br />
LA LOUVIÈRE<br />
+<br />
Lors des consultations mobiles MdM offre des soins préventifs et curatifs.<br />
Consultations pour le public sans-abri<br />
• Offrir des soins (para-)médicaux<br />
immédiats<br />
• Référer vers les urgences<br />
hospitalières, les consultations<br />
gratuites, les consultations de<br />
dépistage…<br />
• Accompagner les démarches de<br />
soins pour l’ouverture des droits<br />
« La rue, si tu n’es pas malade, tu peux t’en sortir mieux que les autres. Si tu es malade,<br />
la rue, pour se soigner, c’est foutu, à moins que tu aies beaucoup de courage et de<br />
volonté… et que tu rencontres des gens biens… comme l’homme à lunettes du bus, à<br />
la Gare Centrale ».<br />
Marc, un patient du Plan Hiver à Bruxelles.
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
PRÉSENTE DANS LES<br />
trois régions<br />
(wallonne, flamande et Bruxelles-Capitale)<br />
AVEC<br />
12 projets<br />
Nos projets fixes<br />
ANVERS<br />
+<br />
+<br />
Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation<br />
• Assurer un accès effectif à des soins<br />
directs de qualité et aux traitements.<br />
• Informer, accompagner et travailler à la<br />
(ré) intégration des bénéficiaires dans le<br />
système de santé classique<br />
« Je ne peux pas venir tout le temps chez<br />
Médecins du Monde pour prendre mes<br />
traitements. Alors, si j’obtiens mon titre<br />
de séjour moi-même, j’aurai l’avantage<br />
d’acheter mes médicaments. Pour le<br />
moment, je ne suis pas régularisé. J’attends,<br />
et si j’ai tous mes papiers, la carte<br />
médicale avec l’aide de Médecins du<br />
Monde, alors je pourrai prendre les sous<br />
moi-même ».<br />
Antonio, un patient du CASO.<br />
© Lore Sampers40<br />
Réseau<br />
Spécialistes<br />
• Dépanner en offrant des consultations de<br />
deuxième ligne dans l’attente de l’ouverture des<br />
droits.<br />
• Dentistes, ophtalmologie, chirurgie, ORL,<br />
gynécologie, kinésithérapie, urologie, médecine<br />
interne, dermatologie, psychiatrie…<br />
Notre réseau de spécialistes s ’étend peu à peu.<br />
Appui médical<br />
• Appuyer le volet médical du Relais-<br />
Santé avec des consultations de<br />
médecine générale.<br />
« Je suis à la rue depuis deux ans, je voyage de gauche à droite. Ici, il y a des médecins<br />
si tu veux un suivi médical, tu peux leur demander une prescription. J’approuve, j’aime<br />
bien le relais-santé et MdM. Ce matin, j’ai dialogué avec les infirmières. Elles m’ont un<br />
peu calmé, j’étais un peu énervé, j’avais mal dormi ; maintenant, je me sens un peu plus<br />
calme, plus posé.»<br />
Un patient de La Louvière<br />
7
8<br />
Notre ligne de soins<br />
«santé-précarité»<br />
Nos projets s’insèrent dans une ligne<br />
de soins cohérente et dynamique,<br />
appelée « ligne de soins santéprécarité<br />
»<br />
ELLE EST<br />
MULTIDISCIPLINAIRE<br />
La prise en charge de nos bénéficiaires est<br />
globale (médicale, sociale et psychologique)<br />
pour garantir une vraie (ré)intégration et un suivi<br />
de long terme dans les structures médicales<br />
classiques.<br />
FLEXIBLE ET ACCESSIBLE<br />
Notre offre de soins et notre accompagnement<br />
sont accessibles à tous, parce qu’ils sont<br />
gratuits, et qu’ils répondent à une logique<br />
proactive. Nos professionnels de santé font<br />
une démarche d’ « outreaching » : ils « vont<br />
vers ». Ils se déplacent auprès des groupes<br />
cibles directement dans leurs lieux de vie et<br />
de socialisation (rues, gares, squats, centres<br />
d’accueil et d’hébergement…). Ce travail<br />
mobile, en dehors du cadre institutionnel, est<br />
l’une des solutions pour (re)tisser du lien et<br />
pour faire (re)prendre confiance aux personnes<br />
en leurs propres capacités et à celles des<br />
autres à pouvoir les aider.<br />
TEMPORAIRE<br />
Notre objectif n’est pas de nous substituer au<br />
système de santé classique : nous agissons<br />
en complémentarité avec la première ligne de<br />
soins en venant combler les « gaps » existants<br />
entre les demandes de soins du public précaire<br />
et l’offre traditionnelle de soins. L’issue reste à<br />
terme la (ré)intégration médicale, sociale et<br />
psychologique des patients dans les structures<br />
classiques d’assistance médicale et sociale.<br />
NON-DISCRIMINANTE<br />
La notion du « temps » est importante dans nos<br />
projets : le temps de la prise de confiance, le<br />
temps de l’accompagnement médical, social<br />
et psychologique, le temps des orientations et<br />
des références… Ce temps se fait « à deux » -<br />
le bénéficiaire avec nos acteurs sociaux et de<br />
santé – et obligatoirement dans la confiance, le<br />
non-jugement et le respect. Concilier la santé<br />
individuelle avec la santé collective est notre<br />
manière de concevoir le soin.<br />
Notre ligne de soins se fixe trois objectifs<br />
PROMOUVOIR<br />
Apprendre aux bénéficiaires à agir en faveur de leur santé dans<br />
et avec leur communauté.<br />
Avec nos dispositifs mobiles, les équipes bénévoles s’insèrent directement<br />
dans le tissu local communautaire de nos bénéficiaires. En y organisant des<br />
actions de promotion de la santé, l’objectif est d’apprendre aux bénéficiaires<br />
à agir en faveur de leur santé, dans et avec leur communauté. Dans ce cadre :<br />
• nous organisons des séances de sensibilisation et d’éducation à la Santé<br />
Sexuelle et Reproductive 1 auprès des femmes et mères en grande vulnérabilité.<br />
• nous développons un volet « Réductions Des Risques 2 » : ceci consiste à<br />
informer et prévenir les publics usagers de drogue et travailleuses du sexe sur<br />
les risques de leurs pratiques, mais également à leur offrir des moyens et des<br />
outils concrets pour diminuer les risques individuels et collectifs (programmes<br />
d’échange de matériel stérile, distributions de préservatifs, actions de<br />
dépistage…)<br />
De manière transversale, sur l’ensemble de nos projets, nous travaillons avec<br />
les bénéficiaires à la découverte et à l’apprentissage du système de santé<br />
belge, souvent méconnu du fait de sa complexité et de leurs propres barrières.<br />
L’objectif est l’autonomisation des patients dans leurs démarches médicales<br />
et sociales futures : où aller me soigner ? quels papiers ? pourquoi cette<br />
structure ?...<br />
GARANTIR ET (RÉ)INSÉRER<br />
Assurer aux patients des soins de santé de qualité.<br />
Parmi les bénéficiaires qui présentent un de nos critères de vulnérabilité, un<br />
suivi médico-psycho-social est assuré en parallèle d’un travail de (ré)intégration<br />
sociale et médicale, qui passe pour la grande majorité d’entre eux par l’ouverture<br />
de leurs droits à l’accès aux soins. Un réseau de médecins spécialistes leur est<br />
également accessible si nécessaire.<br />
TÉMOIGNER<br />
Veiller à se faire entendre.<br />
Le triptyque « Soigner, Témoigner, Changer » est notre mandat : nous agissons<br />
au-delà des soins. Tout au long de l’année, nous plaidons auprès du grand<br />
public, de la presse et des politiciens, pour que l’accès universel aux soins de<br />
santé soit une priorité en Belgique, et que le droit à une couverture de santé<br />
décente, abordable et équitable soit enfin une réalité. Nous travaillons en réseau,<br />
avec un ensemble de partenaires associatifs et institutionnels, pour amener les<br />
politiques de santé à enclencher une « dynamique » de changements structurels<br />
de long terme.<br />
1<br />
La Santé Sexuelle et Reproductive – SSR – concerne différents aspects de la santé des femmes : santé<br />
maternelle et infantile, prévention et prise en charge maternelle et infantile, prévention et prise en charge<br />
des grossesses non-désirées (planification familiale), lutte contre les infections sexuellement transmissibles,<br />
prévention de la transmission mère-enfant du VIH…<br />
2<br />
La Réduction Des Risques – RdR – est une stratégie de santé publique qui s’inscrit dans une démarche<br />
de promotion de la santé physique, mentale et sociale. Elle a pour objet de réduire les risques et de prévenir<br />
les dommages que l’usage de drogues peut occasionner chez les personnes qui ne peuvent ou ne<br />
veulent pas s’abstenir d’en consommer.
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
« La ligne de soins telle qu’elle existe sur les projets bruxellois a pour objectif concret d’arriver à soigner les plus vulnérables.<br />
Médecins du Monde est donc présente sur le lieu de vie des personnes qui vivent en rue, grâce au Médibus, et en hiver, aux<br />
consultations organisées pendant le Plan Hiver… Trois demi-jours par semaine, les personnes sans accès aux soins peuvent<br />
aussi venir au CASO en consultations libres. Les bénéficiaires les plus vulnérables vus sur ces projets sont ensuite référés en<br />
2ème ligne au CASO où leur prise en charge sera psycho-médico-sociale. Si nécessaire, les bénéficiaires seront envoyés pour<br />
une prise en charge en médecine spécialisée. »<br />
Dr Thérèse De FOY, référente médicale des projets mobiles<br />
Bénéficiaires<br />
accueillis dans<br />
le Médibus<br />
Bénéficiaires des<br />
centres d’accueil<br />
et d’hébergement<br />
Bénéficiaires des<br />
séances<br />
« Avec Elles »<br />
Bénéficiaires des<br />
consultations<br />
« libres »<br />
1 ÈRE LIGNE<br />
CRITÈRES DE VULNÉRABILITÉS<br />
2 ÈME LIGNE<br />
Centre<br />
d’Accueil,<br />
de Soins et<br />
d’Orientation<br />
(Réseau Spécialistes)<br />
Système<br />
de santé dit<br />
« classique »<br />
Nos projets sont connectés les uns aux autres par cette ligne de soins :<br />
elle assure un continu entre notre offre de soins de première ligne et notre travail de deuxième ligne<br />
1 ÈRE LIGNE<br />
Notre première ligne de soins offre des consultations de dépannage (para)médical<br />
aux personnes précaires que nous rencontrons dans nos projets mobiles, et lors<br />
des consultations libres – sans rendez-vous – que nous dispensons trois demijournées<br />
par semaine au CASO.<br />
L’accès à notre deuxième ligne de soins est conditionné par quatre critères de<br />
vulnérabilités identiques sur l’ensemble de nos projets :<br />
1- les bénéficiaires présentant une maladie chronique<br />
2- les bénéficiaires avec des problèmes relevant de la santé mentale<br />
3- les familles (les bénéficiaires femmes et enfants)<br />
4- les bénéficiaires nécessitant un suivi spécialiste<br />
Ce filtrage n’est donc pas social, et n’est pas lié à la seule dimension<br />
administrative. Il s’agit uniquement de se baser sur des vulnérabilités médicales.<br />
Nous accueillons des bénéficiaires qui peuvent tout à fait avoir un accès<br />
administratif aux soins. Avec eux, nous travaillons sur les autres barrières leur<br />
empêchant l’exercice de ce droit.<br />
2 ÈME LIGNE<br />
Les patients qui présentent un de ses quatre<br />
critères sont ainsi référés en deuxième ligne.<br />
Les médecins et/ou psychologues bénévoles<br />
continuent à assurer leur suivi tandis qu’une<br />
stratégie globale et interdisciplinaire est mise<br />
en place.<br />
➔ L’objectif est d’accompagner les parcours<br />
de soins de chaque patient, avec leurs<br />
spécificités, jusqu’à l’ouverture de leurs<br />
droits et leur (ré) intégration dans le système<br />
de santé dit «classique». Durant ce temps,<br />
un réseau de spécialistes leur est également<br />
accessible si nécessaire.<br />
9
10<br />
Chiffres globaux 2013<br />
Pour beaucoup, le système de santé belge est, à raison, un<br />
système élaboré et performant qui assure, notamment avec la<br />
couverture de notre assurance-maladie et l’existence des filets<br />
de sécurité sociale, un niveau de protection élevée. Pourtant,<br />
nous le savons, nous ne sommes pas tous égaux face à<br />
la santé. Les inégalités existent, voire l’exclusion à la santé<br />
ne se limite pas aux seules difficultés d’accès au système de<br />
soins. Elle intègre aussi les déterminants sociaux de la santé.<br />
Et cela passe malheureusement souvent inaperçu... Dans le<br />
cadre de l’accès et de l’accessibilité aux services sanitaires,<br />
une vigilance particulière s’impose donc pour les personnes<br />
dites vulnérables aujourd’hui en Belgique. Les groupes en<br />
grandes précarités (matérielle, sociale et psychologique) sont<br />
souvent les premières victimes de ces grandes inégalités de<br />
santé. Pourtant, ce public, exclu des soins, est paradoxalement<br />
celui qui en aurait le plus besoin. Nos chiffres 2013<br />
témoignent de ce paradoxe.<br />
Sur l’année 2013,<br />
Médecins du Monde a réalisé<br />
17 467<br />
consultations médicales,<br />
sociales et psychologiques<br />
15 681<br />
diagnostics pour<br />
5 543<br />
patients.<br />
17467<br />
Informations complémentaires<br />
Implémenté dans l’ensemble de nos projets, mobiles et fixes, le logiciel Sphinx permet :<br />
- l’encodage de l’ensemble des données inscrites dans les dossiers médicaux des patients venus<br />
en consultation sur l’année 2013,<br />
- l’extraction des chiffres globaux présentés ci-dessous<br />
La taille des échantillons est précisée pour chaque chiffre énoncé. En effet, certaines données ne<br />
sont pas systématiquement évaluées, et/ou ne concernent pas tous les projets.<br />
NOMBRE DE PATIENTS ET DE<br />
CONSULTATIONS 4739<br />
PAR PROJET<br />
EN 2013<br />
5543<br />
Nombre de patients<br />
venus aux consultations<br />
Nombre de consultations dispensées<br />
17467<br />
51<br />
1011<br />
86 86<br />
108<br />
293<br />
4288<br />
5706<br />
4739<br />
5543<br />
Nom<br />
venu<br />
Nom<br />
55 78 375 375<br />
1363<br />
1586<br />
755<br />
1051<br />
495 64 96 400<br />
1011<br />
86 86<br />
108<br />
293
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
28% de nos bénéficiaires sont des femmes.<br />
© Frédéric Pauwels<br />
NOS PATIENTS…<br />
28% 3 de nos bénéficiaires sont des femmes. La féminisation de<br />
notre public ne faiblit pas. En 2012, ce chiffre s’élevait à 29% (cf.<br />
Rapport annuel des projets belges 2012, disponible sur www.<br />
medecinsdumonde.be). Ceci témoigne bien de l’absence de<br />
réponses structurelles quant à l’accueil et à la prise en charge<br />
médico-psycho-sociale des femmes en grande précarité.<br />
Parmi les bénéficiaires venus lors des consultations que nous<br />
offrons dans les centres d’accueil et d’hébergement d’urgence,<br />
19% 4 sont des femmes (en 2012, elles représentaient 11% des<br />
bénéficiaires).<br />
L’âge moyen de nos patients est de 34,5 ans. Notre public<br />
rajeunit sensiblement : la moyenne d’âge était de 36,4 ans en<br />
2012, et la part des bénéficiaires âgés de moins de 20 ans a<br />
augmenté de 3.5% 5 .<br />
PROVENANCE<br />
GÉOGRAPHIQUE<br />
DE NOS PATIENTS<br />
UE (hors<br />
Belgique)<br />
14%<br />
Afrique<br />
sub-saharienne<br />
25%<br />
Belgique<br />
10%<br />
Maghreb<br />
31%<br />
Europe<br />
9%<br />
Autre<br />
6%<br />
Proche et<br />
Moyen Orient<br />
5%<br />
Asie<br />
4%<br />
Amérique et<br />
Océanie<br />
2%<br />
Apatrides<br />
3 patients<br />
3<br />
1 548 bénéficiaires femmes sur tous nos projets.<br />
4<br />
294 bénéficiaires femmes sans abri hébergées dans les centres d’accueil et d’hébergement<br />
d’urgence : 216 dans les deux centres bruxellois, 65 dans le centre De<br />
Vaart, et 13 dans le cadre de nos consultations au centre Kamiano à Anvers.<br />
5<br />
588 bénéficiaires âgés de moins de 20 ans sur tous nos projets : 304 âgés de moins<br />
de 10 ans et 284 âgés de 10 à 20 ans.<br />
11
12<br />
L’Afrique reste le continent le plus représenté, mais le nombre de<br />
patients belges et de ressortissants européens ne décline pas :<br />
24% de l’ensemble de nos bénéficiaires sont citoyens de l’Union<br />
Européenne 6 (en 2012, il s’agissait de 25% des bénéficiaires).<br />
Dans notre pays, l’accès aux soins de santé est lié à deux conditions<br />
principales : le statut administratif et le domicile. Les personnes<br />
les plus précarisées peinent à réunir ces deux conditions.<br />
Et lorsqu’elles y arrivent, d’autres variables interviennent, nous<br />
faisant prendre conscience qu’avoir un droit ne signifie pas nécessairement<br />
avoir accès à celui-ci. D’une manière générale, notre<br />
système de couverture subsidiaire (pour les personnes hors cadre<br />
assurance obligatoire) est hautement discriminant : à chaque<br />
commune sa pratique… donc à chaque commune une effectivité<br />
du droit différente !<br />
35% de nos bénéficiaires déclarent ne pas avoir de logement 7 .<br />
6<br />
Taille de l’échantillon : n = 5 013 bénéficiaires<br />
7<br />
Taille de l’échantillon : n = 3 985 bénéficiaires<br />
58%<br />
STATUT ADMINISTRATIF<br />
DE NOS PATIENTS<br />
13%<br />
9%<br />
6% 5%<br />
4% 3% 2%<br />
Sans autorisation<br />
de séjour<br />
Pièce d'identité<br />
belge<br />
Demande<br />
d'asile<br />
Ne connaît pas<br />
son statut<br />
Européen avec<br />
titre de séjour<br />
Touriste non UE<br />
(visa)<br />
Touriste UE<br />
(< 3 mois)<br />
Autre titre de<br />
séjour<br />
13% des patients que nous avons soignés ont la nationalité belge 8 .<br />
8<br />
Taille de l’échantillon : n = 4 815 bénéficiaires<br />
...ONT DES BESOINS<br />
DE SANTÉ…<br />
La santé «est un état complet de bien-être<br />
physique, mental et social qui ne consiste<br />
pas seulement en l’absence de maladie<br />
ou d’infirmité». Cette définition de la santé<br />
est inscrite dans le Préambule de la Constitution<br />
de l’Organisation Mondiale de la Santé<br />
- elle n’a subi aucune modification depuis<br />
1948…
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
80% de nos patients interrogés 9 estimaient leur santé comme<br />
étant moyenne, mauvaise et très mauvaise 10 , contre 23% de la<br />
population moyenne belge 11 .<br />
Nos patients rencontrent des problèmes communs de santé,<br />
aggravés par leurs conditions de vie. La grande vulnérabilité<br />
des sans-abris les exposent à de multiples risques de maladies,<br />
de blessures et de troubles psychologiques, tandis que les longues<br />
périodes d’errance complexifient, voire rendent impossible<br />
toute prise en charge thérapeutique, pourtant indispensable pour<br />
le suivi médical des maladies chroniques.<br />
9<br />
Taille de l’échantillon : n = 1 619 patients (question posée aux bénéficiaires participant<br />
à notre enquête du Plan Hiver, ainsi qu’à un bénéficiaire sur sept de nos deux<br />
centres de soins)<br />
10<br />
La mesure de la santé des individus est essentielle pour suivre l’évolution de l’état<br />
de santé des populations, et évaluer les interventions de santé dans les politiques<br />
publiques. Néanmoins, les procédés de mesures physiques ne peuvent à eux<br />
seuls mesurer toutes les dimensions de la santé. Nous avons recours alors à des<br />
mesures subjectives de santé, obtenues à l’aide de questionnaires d’auto-évaluation.<br />
Les personnes interrogées évaluent leur état de santé selon une échelle de<br />
cinq points allant de « très bonne » à « très mauvais ».<br />
11 <br />
Donnée extraite de l’Enquête nationale de Santé menée par l’Institut scientifique<br />
de santé publique, en 2008. Cette étude est effectuée tous les 5 ans : les résultats<br />
pour 2013 ne sont pas encore parus.<br />
PROBLÈMES DE SANTÉ<br />
RAPPORTÉS<br />
Social<br />
Génital masculin<br />
Génital féminin<br />
Gynéco, obstétrique, Plannings familiaux<br />
Urinaire<br />
Métabollique et endocrinologique<br />
Dermatologique<br />
Respiratoire<br />
Psychologique<br />
Neurologique<br />
Ostéo-articulaire<br />
Cardio-vasculaire<br />
ORL<br />
Ophtalmologique<br />
Digestif<br />
Sang, hématologie, immunologie<br />
Général et aspécifique<br />
126<br />
139<br />
351<br />
355<br />
326<br />
234<br />
351<br />
123<br />
696<br />
848<br />
1012<br />
1189<br />
1523<br />
1812<br />
1978<br />
2197<br />
2421<br />
Nos bénéficiaires présentent également des problèmes de santé<br />
spécifiques, à la fois causes et conséquences de leur actuelle<br />
précarité.<br />
Les maladies psychologiques et psychiatriques en sont un<br />
exemple. Les patients visitant les consultations psychologiques<br />
de nos centres de soins sont, pour une grande majorité d’entre<br />
eux, en souffrance. Chez les personnes ayant quitté leur pays<br />
d’origine, cette détresse s’explique en partie par la nature des violences<br />
qu’ils ont pu subir, avant leur départ et après leur arrivée en<br />
Belgique, mais aussi au cours de leur parcours migratoire.<br />
13
14<br />
SIGNES DÉTECTÉS<br />
LORS DES<br />
CONSULTATIONS<br />
PSYCHOLOGIQUES<br />
Tentatives de suicide<br />
Problèmes alimentaires<br />
Psychotique<br />
7 tentatives<br />
1%<br />
3%<br />
2 174 plaintes répertoriées sur l’ensemble des<br />
consultations psychologiques dispensées dans<br />
nos deux centres de soins.<br />
Idéation suicidaire<br />
Problèmes relationnels<br />
4%<br />
4%<br />
Problèmes liés au comportement<br />
Problèmes cognitifs<br />
8%<br />
8%<br />
Isolement<br />
10%<br />
Anxiété<br />
13%<br />
Humeur<br />
Symptômes psychosomatiques<br />
15%<br />
15%<br />
Problèmes de sommeil<br />
20%<br />
40% ont été victimes de violences physiques<br />
23% ont été victimes de menaces et de tortures<br />
31% ont été victimes de violence de la part des forces de l’ordre<br />
19% ont été victimes de violences sexuelles et/ou de viol<br />
54% ont été victimes de violences psychologiques<br />
53% ont souffert de la faim<br />
53% ont été expulsés de leur logement, et 47% ont été victimes du vol et/ou de la confiscation de leur argent et/ou de leurs papiers. 12<br />
Les pratiques dites «à risques» (consommation de produits illicites, relations sexuelles non-protégées…) sont un autre exemple.<br />
12<br />
Ces données sont extraites de l’enquête que nous avons réalisée auprès de nos patients du Plan hiver bruxellois 2013-2014. Ces pourcentages représentent le nombre de<br />
violences déclarées par 204 bénéficiaires.<br />
Non<br />
42%<br />
Oui<br />
58%<br />
NOMBRE DE PATIENTS<br />
AYANT DÉCLARÉ UNE OU DES<br />
DÉPENDANCE(S)<br />
FRÉQUENCE DES DÉPENDANCES DÉCLARÉES<br />
27%<br />
23%<br />
Non<br />
42%<br />
Oui<br />
58%<br />
16%<br />
10% 10%<br />
8%<br />
7%<br />
Alcool Tabagisme Méthadone Anxiolytiques Cocaïne / Crack Marijuana Héroïne<br />
Ces chiffres concernent uniquement le projet du Médibus.<br />
Taille de l’échantillon : n = 108 bénéficiaires.<br />
Ces chiffres concernent uniquement le projet du Médibus. Taille de l’échantillon : n = 108 bénéficiaires.<br />
23%
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
...MAIS RENCONTRENT DES<br />
BARRIÈRES POUR SE SOIGNER !<br />
LA SANTÉ<br />
EST UN DROIT<br />
ce que nous disent les<br />
textes…<br />
67%<br />
TYPE DE COUVERTURE MÉDICALE<br />
«Chacun a le droit de mener<br />
une vie conforme à la dignité<br />
humaine. A cette fin, la loi,<br />
le décret ou la règle (…)<br />
garantissent (…) les droits<br />
économiques, sociaux et<br />
culturels (…) Ces droits<br />
comprennent notamment (…)<br />
le droit à la sécurité sociale, à la<br />
protection de la santé et à l’aide<br />
sociale, médicale et juridique.»<br />
Article 23 - Titre II<br />
Constitution belge<br />
Aucune prise<br />
en charge<br />
12% 11%<br />
Couverture<br />
mutuelle<br />
Ne connaît<br />
pas sa<br />
situation<br />
7%<br />
Prise en<br />
charge par<br />
un CPAS<br />
2% 1% 18 cas 12 cas<br />
Carte<br />
mutuelle<br />
européenne<br />
Réquisitoire<br />
Fédasil<br />
Autre<br />
assurance<br />
privée<br />
Garant<br />
«Toute personne a le droit de<br />
bénéficier de toutes les mesures<br />
lui permettant de jouir du meilleur<br />
état de santé qu’elle puisse<br />
atteindre.»<br />
Article 11<br />
Charte sociale européenne<br />
60% 13 des patients soignés n’ont aucune sécurité sociale et donc aucun accès au système<br />
de soins de santé classique.<br />
27% 14 de nos bénéficiaires ont déclaré avoir un médecin traitant ou pouvoir se rendre dans<br />
une maison médicale, alors que 94,5% de la population belge dispose d’un médecin généraliste<br />
attitré 15 .<br />
Nos publics se heurtent à des barrières administratives, financières, linguistiques,<br />
psychologiques…, à une grande méconnaissance de leurs droits, mais aussi à des<br />
lois restrictives et des pratiques discriminatoires qui complexifient, voire avortent<br />
toutes démarches de soins pour l’ouverture de leurs droits. Les entraves sont donc<br />
nombreuses et variées, s’additionnent et se renforcent 16 . Pour les individus précarisés qui<br />
multiplient les vulnérabilités, ces entraves sont d’autant plus difficiles à surmonter, et l’accès<br />
et l’accessibilité aux soins de santé sont loin d’être une évidence.<br />
51% de nos bénéficiaires ont rencontré une ou plusieurs barrières dans leurs démarches<br />
d’accès aux soins, tandis que 17% d’entre eux n’ont pas essayé d’aller dans une structure<br />
médicale 17 .<br />
«Les états parties (…)<br />
reconnaissent le droit qu’a toute<br />
personne de jouir du meilleur état<br />
de santé physique et mentale<br />
qu’elle soit capable d’atteindre.»<br />
Article 12 – Pacte international<br />
relatif aux droits économiques,<br />
sociaux et culturels<br />
«Toute personne a droit à un<br />
niveau de vie suffisant pour<br />
assurer sa santé, son bien-être<br />
et ceux de sa famille, notamment<br />
pour (…) les soins médicaux<br />
ainsi que pour les services<br />
sociaux nécessaires».<br />
Article 25 – Déclaration<br />
Universelle des Droits<br />
de l’Homme<br />
«La possession du meilleur<br />
état de santé qu’il est capable<br />
d’atteindre constitue l’un<br />
des droits fondamentaux de<br />
tout être humain, quelles que<br />
soient sa race, sa religion,<br />
ses opinions politiques, sa<br />
condition économique et<br />
sociale».<br />
Organisation Mondiale<br />
de la Santé<br />
13<br />
Taille de l’échantillon : n = 4 638 bénéficiaires<br />
14<br />
Taille de l’échantillon : n = 1 465 bénéficiaires<br />
15<br />
Donnée extraite de l’Enquête nationale de Santé menée par l’Institut scientifique de santé publique, en 2008. Cette<br />
étude est effectuée tous les 5 ans : les résultats pour 2013 ne sont pas encore parus.<br />
16<br />
Taille de l’échantillon : n = 965 patients<br />
17<br />
Taille de l’échantillon : n = 965 bénéficiaires<br />
15
16<br />
PRINCIPALES BARRIERES<br />
RENCONTREES<br />
PAR NOS<br />
BENEFICIAIRES<br />
22% N'a pas essayé d'aller dans une structure médicale<br />
13% Problèmes de justificatifs ou de preuves à apporter<br />
pour obtenir une prise en charge des frais<br />
16% Ne connaît / ne comprend pas le système ni ses droits<br />
13% N'a pas obtenu de couverture maladie<br />
16% Consultation ou traitement ou avance trop cher(s)<br />
1% Barrière linguistique<br />
2% Peur d'être dénoncé(e) et/ou arrêté(e)<br />
3% Mauvaise expérience du système de santé<br />
3% Couverture santé trop chère<br />
11% Autre raison<br />
Durant leur parcours de soins, 15% de nos patients ont rencontré un refus de soins et 38% ont abandonné leurs traitements 18 .<br />
18<br />
Taille de l’échantillon : n = 965 bénéficiaires<br />
Les chiffres présentés ci-dessus montrent clairement que les précarités, quelles qu’elles soient,<br />
sont des freins à l’accès aux soins. Notre plaidoyer auprès de la société civile, des acteurs institutionnels<br />
et politiques relaie ce constat : les barrières que rencontrent notre public les empêchent<br />
de bénéficier en droit et en fait d’une «bonne santé».<br />
Permettre un accès continu à des soins de santé de qualité pour l’ensemble de la population<br />
vivant en Belgique doit devenir un impératif. Une couverture sanitaire véritablement universelle<br />
est, pour nous, la garantie du meilleur système de santé solidaire, juste et efficace. Ce combat<br />
appelle du courage et de la volonté : c’est un investissement politique, économique, financier et<br />
social… mais humain avant tout.<br />
Notre présent rapport<br />
s’organise en deux temps<br />
Une première partie est consacrée aux projets mobiles qui<br />
partent à la rencontre des publics exclus des soins et travaillent à<br />
(re)faire de la santé une priorité dans leurs lieux de vie.<br />
© Fréderic Pauwels<br />
Les barrières que rencontrent notre public les empêchent de bénéficier<br />
en droit et en fait d’une « bonne santé ».<br />
La seconde partie s’attache à présenter les projets fixes qui<br />
accompagnent, quant à eux, ces publics dans leur parcours de<br />
soins. Des zooms et des focus seront également l’occasion de<br />
donner la parole aux bénéficiaires et aux professionnels de santé<br />
bénévoles, de s’arrêter sur certains visages et dimensions de<br />
l’exclusion à la santé, et de partager avec vous notre plaidoyer,<br />
celui-là même qui construit notre identité d’ONG qui «soigne, témoigne<br />
et change».
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
ALLER VERS :<br />
à la rencontre des plus vulnérables<br />
© Frédéric Pauwels<br />
Promouvoir la santé au féminin :<br />
Avec Elles<br />
A Bruxelles, les femmes en situations précaires sont représentées par des groupes hétérogènes : femmes<br />
sans abri, sans revenus, travailleuses clandestines, européennes en séjour illégal… Parmi ces groupes,<br />
des inégalités en matière d’accès aux services de santé des femmes existent : elles ne savent vers qui<br />
se tourner ni où aller. Ces femmes affrontent des précarités multifactorielles qui construisent et nourrissent<br />
chez elles une vulnérabilité de long terme : elles doivent faire face à plus de difficultés pour continuer<br />
à assumer leur identité de femme, et relèguent trop souvent au second plan leur recours aux soins.<br />
«Chaque année, des millions de femmes<br />
et d’enfants meurent de causes évitables.<br />
Ce ne sont pas là de simples statistiques.<br />
Il s’agit d’êtres humains qui ont<br />
un nom et un visage. Leurs souffrances<br />
ne sont pas acceptables au XXIe siècle.<br />
Par conséquent, nous devons faire davantage<br />
(…) pour l’adolescente confrontée<br />
à une grossesse non désirée ; pour<br />
l’épouse qui apprend sa séropositivité<br />
au VIH ; et pour la femme enceinte dont<br />
l’accouchement présente des complications.<br />
La santé des femmes et des enfants<br />
est la clé pour atteindre tous les<br />
objectifs de développement.»<br />
Facteurs<br />
familiaux :<br />
violence conjugale,<br />
pressions,<br />
estime de soi...<br />
Facteurs socio-économiques et<br />
culturels : faibles revenus, situation<br />
administrative, travail précaire, culture<br />
d’origine et religion…<br />
Absence ou<br />
faible accès à des<br />
consultations complètes<br />
de santé sexuelle<br />
et reproductive.<br />
Facteurs<br />
environnementaux<br />
et politiques : Aide<br />
Médicale Urgente,<br />
coût des consultations,<br />
langue, complexité<br />
du système de santé<br />
belge et segmentation<br />
des soins de santé des<br />
femmes…<br />
Extrait de l’avant-propos de Ban Ki<br />
Facteurs cognitifs : manque de<br />
Moon, Secrétaire général de l’ONU,<br />
connaissance et d’information sur l’accès aux<br />
dans la Stratégie mondiale pour la<br />
17<br />
soins, perception de la contraception et du<br />
santé de la femme et de l’enfant mariage, perception du système de soins…
18 «ALLER VERS»<br />
Pour Médecins du Monde, les vulnérabilités, quelles qu’elles<br />
soient, ne doivent pas empêcher les femmes d’avoir la maîtrise<br />
de leurs choix de vie, et de leur désir ou non de maternité.<br />
Le projet « Avec Elles » a donc été pensé pour redonner<br />
confiance à ces femmes dans les soins en leur offrant un réel<br />
accès à l’information, à l’accompagnement et à l’acte de soins.<br />
Pour ce faire, nous nous efforçons d’agir directement sur<br />
les facteurs comportementaux, biologiques et politiques,<br />
à travers deux volets principaux : un volet préventif et un<br />
volet curatif. Cela passe inévitablement par les reconnaître en<br />
tant qu’êtres humains, à respecter leur individualité et intégrité, à<br />
restaurer leur identité, pour, à terme, améliorer leur santé.<br />
«Pour m’en sortir, j’acceptais plusieurs petits boulots et il<br />
m’arrivait de travailler jusqu’à 15 heures par jour. J’ai commencé<br />
à perdre mes forces… J’ai eu des gros problèmes<br />
de santé et j’ai dû petit à petit arrêter de travailler. J’ai rencontré<br />
ici quelqu’un qui m’a aidée à recréer un tissu social,<br />
administratif et médical. Cette personne m’a aidée à trouver<br />
l’aide à laquelle j’avais droit. Moi, je n’avais plus l’énergie de<br />
m’informer, de demander…»<br />
Une jeune femme rencontrée lors d’une animation<br />
à l’association partenaire Nativitas<br />
VOLET PRÉVENTIF…<br />
Nous animons des séances de sensibilisation et d’information<br />
auprès de différents publics de femmes en développant des<br />
partenariats privilégiés avec plusieurs associations communautaires<br />
:<br />
- ORCA qui accompagne les travailleuses clandestines,<br />
- Entraide & Culture qui propose des cours de français et d’alphabétisation<br />
à un public de primo-arrivants,<br />
- et deux centres d’accueil de jours, La Rencontre et Nativitas, qui<br />
accueillent notamment des femmes sans abri.<br />
Pour permettre aux femmes de devenir actrices de leur santé,<br />
il est primordial de développer leurs aptitudes individuelles. Ces<br />
animations ont ainsi pour objectif de renforcer leurs capacités et<br />
leurs compétences en matière de Santé Sexuelle et Reproductive.<br />
«Je suis arrivée en Belgique il y a trois ans. Avant, j’habitais<br />
avec ma grand-mère dans une petite ville en Roumanie. A<br />
17 ans, je suis venue ici car je voulais une vie meilleure. J’ai<br />
commencé à venir chez Entraide et Culture pour apprendre<br />
le français. C’était très difficile au début, je ne savais pas me<br />
débrouiller. Ce dont on parlait avec Médecins du Monde aujourd’hui<br />
était très intéressant, surtout en ce qui concerne la<br />
grossesse, la contraception et le SIDA. J’ai 20 ans, je ne suis<br />
pas encore passée par là et je ne connais rien de tout ça ! »<br />
Une jeune femme rencontrée lors d’une animation à<br />
l’association partenaire Entraide et Culture<br />
En chiffres...<br />
20<br />
séances d’animations<br />
±10<br />
femmes par séance<br />
8<br />
animatrices<br />
2<br />
écoutantes<br />
En raison des diverses nationalités, des différentes langues utilisées<br />
et du niveau d’éducation des bénéficiaires, nous avons privilégié<br />
des méthodes pédagogiques participatives et ludiques<br />
pour une participation dynamique et interactive de groupe.<br />
Les outils ont été créés au fur et à mesure des séances d’animation,<br />
et adaptés régulièrement après les avoir testés auprès<br />
du public. Chaque séance débute par un jeu brise-glace qui<br />
permet d’installer un climat de confiance avec les femmes.<br />
Nous proposons ensuite un brainstorming sur le thème abordé<br />
afin d’avoir une idée du niveau de connaissance du groupe, de<br />
construire l’animation sur ce qu’elles savent, et de l’adapter en<br />
conséquence. Des jeux, des photos, des mises en situation ou<br />
des déplacements au tableau... sont proposés pour évaluer les<br />
informations acquises.<br />
Chaque thème s’accompagne d’un guide pédagogique qui<br />
reprend les bases théoriques et les messages clés : l’équipe<br />
d’animateurs et animatrices bénéficie ainsi d’un socle commun de<br />
travail. Pour exemple, nous avons traduit le document de l’association<br />
« Volle Maan vzw » portant sur la santé sexuelle - et plus<br />
particulièrement sur les moyens de contraception - au sein du<br />
public migrant. Ce document d’une soixantaine de pages accompagne<br />
une valise pédagogique que nous utilisons désormais dans<br />
nos séances de sensibilisation sur les moyens de contraception.
«ALLER VERS»<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
VOLET CURATIF…<br />
Le projet « Avec Elles » a permis de diffuser de manière plus forte l’intérêt<br />
qui doit être porté, au sein de Médecins du Monde, à la santé<br />
globale des femmes. Un volet curatif vient compléter le volet préventif.<br />
Les femmes peuvent être directement référées en consultations SSR -<br />
en fonction du protocole- le vendredi matin au CASO de Bruxelles. Elles<br />
y bénéficieront d’une consultation gynécologique, accompagnée d’une<br />
assistante sociale qui travaillera avec elles à leur accès au droit, en partenariat<br />
avec les autres acteurs en lice sur la problématique : plannings familiaux,<br />
Office de la Naissance et de l’Enfance, Kind en Gezin, Aquarelle,<br />
Espace P… Les animations de promotion de la santé nous permettent<br />
donc également d’approcher les femmes les plus vulnérables qui n’ont<br />
aucun accès aux soins.<br />
UN AN APRÈS : UNE BELLE ÉVOLUTION…<br />
L’évaluation globale des séances montre :<br />
- une bonne intégration des messages clés de<br />
chaque animation.<br />
- une participation active avec une forte interaction<br />
entre les participantes et les animatrices, ainsi qu’un<br />
intérêt prononcé pour les thèmes abordés.<br />
Grâce à notre réseau de partenariats, d’autres organisations<br />
nous contactent pour bénéficier de ces séances<br />
de prévention auprès de leurs publics. Ces demandes<br />
sont croissantes, et confortent la pertinence du projet.<br />
Pour l’année 2015, trois axes clés sont à approfondir.<br />
1Education par les pairs :<br />
formation de formateurs et<br />
construction d’outils et de<br />
méthodologies ad-hoc<br />
Le meilleur moyen de transmettre un<br />
message et de garantir une pérennité<br />
dans les capacités d’acquisition de<br />
connaissances et d’actions passe par<br />
l’implication de femmes «relais». Elles<br />
seront le lien entre Médecins du<br />
Monde et leurs communautés, ou<br />
entre Médecins du Monde et les<br />
associations. Depuis le début de l’année<br />
2014, nous développons ce volet<br />
grâce à l’implication des animatrices<br />
bénévoles de l’équipe : elles définissent<br />
avec les bénéficiaires leurs rôles et les<br />
diverses formations dont elles ont besoin,<br />
et construisent divers outils (un<br />
livret sur nos différentes thématiques<br />
est en cours d’élaboration pour une<br />
association d’alphabétisation).<br />
Nous allons également inclure davantage<br />
les travailleurs des associations<br />
partenaires en leur proposant par<br />
exemple de les former sur certains<br />
thèmes et d’animer conjointement les<br />
séances de promotion de la santé.<br />
2<br />
Partenariat :<br />
consolidation de nos<br />
partenariats avec les<br />
structures où nous<br />
rencontrons les femmes<br />
De manière globale, il s’agira de<br />
diversifier nos partenariats et<br />
de les renforcer. Pour exemple,<br />
une collaboration plus particulière<br />
a été entamée avec la Fédération<br />
Laïque des centres de<br />
plannings familiaux : nous avons<br />
organisé, le 14 février 2014, un<br />
colloque pour penser les relations<br />
entre précarité et accès à<br />
la Santé Sexuelle et Reproductive,<br />
et interpeller par ce biais les<br />
politiques sur ces inégalités en<br />
termes d’accès aux soins pour<br />
les femmes précaires (CF. Zoom<br />
– Pages 30/31).<br />
3<br />
Accompagnement :<br />
transversaliser le volet<br />
«Accompagnement»<br />
L’addition des vulnérabilités médicales, sociales et/<br />
ou psychologiques que rencontrent le public exclu<br />
des soins rend l’entreprise de démarches difficile,<br />
voire insurmontable. Afin d’appuyer concrètement<br />
notre mission de (ré)intégration dans le système de<br />
santé classique, nous avons mis en place, au cours<br />
de l’année 2013, un système d’accompagnement<br />
en constituant un réseau d’une dizaine de marraines.<br />
Cet accompagnement a été fortement sollicité et a<br />
révélé toute sa pertinence dans le cadre de notre investissement<br />
auprès des familles Roms en errance à<br />
Bruxelles. Accompagner, c’est concrètement faciliter<br />
les démarches de nos bénéficiaires en étant à leurs<br />
côtés dans leurs déplacements vers les organismes<br />
compétents. La relation de confiance qui se crée est<br />
un réel « faire ensemble » dont l’objectif est double :<br />
être « Avec Elles » pour les sécuriser, les aider à mobiliser<br />
leurs propres ressources, et les autonomiser<br />
pour la suite de leurs parcours.<br />
Au cours de l’année 2014, une réflexion a été menée<br />
sur l’accompagnement, et notamment sur la possibilité<br />
de tranversaliser ce pôle à l’ensemble de nos<br />
projets bruxellois.<br />
Facteur aggravant dans l’accès et l’accessibilité aux soins de santé, la précarité l’est d’autant plus<br />
pour les femmes, dans la mesure où aucune politique d’envergure n’est réellement menée pour les<br />
extraire de la spirale de la paupérisation.<br />
Médecins du Monde demande donc que, dans le cadre d’une approche globale de la santé, l’information et la<br />
sensibilisation sur les pratiques relevant de la Santé Sexuelle et Reproductive deviennent indispensables pour<br />
les enrayer. Encourager la parole et le dialogue est fondamental, surtout dans le cadre de cette problématique<br />
où le silence a des répercussions importantes sur la santé et la dignité.<br />
19
20 «ALLER VERS»<br />
(Re)créer des liens<br />
avec le Médibus<br />
« Beaucoup de gens au Plan Hiver sont des<br />
personnes qui peuvent encore se déplacer, qui<br />
ont la possibilité de téléphoner et qui viennent<br />
se soigner. Ici, c’est encore autre chose… Cette<br />
femme dort sous le pont là-bas, et elle se pique. Ce<br />
sont des gens qui sont vraiment à la rue. Il faut aller<br />
vers eux, car eux ne viendront pas. »<br />
Philippe, accueillant et logisticien bénévole<br />
du Médibus<br />
© Fréderic Pauwels
«ALLER VERS»<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
NOUVEAU PROJET…<br />
NOUVEAU PUBLIC… 19<br />
202<br />
patients accueillis dans le Médibus.<br />
290<br />
consultations assurées par une équipe de 18 bénévoles,<br />
dont 9 infirmiers.<br />
Les bénéficiaires…<br />
• Public majoritairement masculin : 91% sont des hommes.<br />
• 47% sont membres de l’Union européenne, dont 22%<br />
sont Belges. 39% viennent du Maghreb.<br />
• 57% sont sans autorisation de séjour.<br />
• 64% vivent en rue et/ou dans les centres d’hébergement<br />
d’urgence.<br />
Leur état de santé…<br />
Sur 236 diagnostics réalisés, le « top 3 »<br />
1- Problèmes dermatologiques<br />
2- Problèmes ostéo-articulaires<br />
3- Affections gastro-intestinales<br />
• 58% des bénéficiaires déclarent une (ou plusieurs)<br />
dépendance(s).<br />
Leur accès aux soins…<br />
• 76% de nos patients déclarent ne pas avoir de médecin<br />
traitant et ne pouvoir se rendre en maison médicale.<br />
Sur les routes de Bruxelles depuis le 7 Novembre 2013, le Médibus<br />
est un mobil-home que nous avons aménagé :<br />
- en un cabinet de consultations pour des soins infirmiers<br />
de première ligne,<br />
- et en un comptoir d’échange de matériels stériles et de<br />
réduction des risques.<br />
En partenariat avec l’ASBL DUNE, Dépannage d’Urgence de<br />
Nuit et Echange, et l’ASBL Espace P, cette unité mobile nous<br />
permet d’ «aller vers» les publics les plus vulnérables en<br />
rupture totale avec les structures de soins classiques. Il<br />
s’agit d’offrir des soins paramédicaux aux plus démunis, et de<br />
travailler à la réduction des risques auprès des publics usagers de<br />
drogue et travailleuses du sexe.<br />
19 <br />
Les chiffres rapportés dans ce cadre couvrent la période du 17 novembre 2013<br />
au 5 mai 2014 (évaluation des six premiers mois du projet). Ils excluent les données<br />
relatives à la mission du Médibus auprès des migrants afghans à l’Eglise du<br />
Béguinage.<br />
Trois fois par semaine, nous allons à la rencontre de ce public,<br />
en soirée et aux abords stratégiques des gares et stations<br />
de métro. Parce qu’il est mobile, le Médibus offre une flexibilité<br />
permettant l’adaptation de nos lieux et horaires aux besoins du<br />
public. L’important est en effet d’inscrire le dispositif dans le temps<br />
en marquant une présence qui doit être régulière et la plus proche<br />
des précarités du public-cible.<br />
Avec le Médibus,<br />
Nous accueillons…<br />
Notre équipe bénévole se rend directement dans les lieux de vie<br />
et de socialisation de notre public où elle se montre présente<br />
physiquement pour « accueillir » et « écouter ». L’objectif est<br />
de construire un cadre chaleureux pour (re)nouer le dialogue et<br />
(re)créer des liens afin de rétablir à terme la confiance entre les<br />
patients et les structures de soins.<br />
Nous informons et prévenons…<br />
Dans le cadre de nos deux partenariats, nous intervenons<br />
auprès d’un public plus spécifique : les personnes ayant des<br />
pratiques à risques. Nos équipes de soins et de rue 20 mènent<br />
des actions de promotion de la santé autour de deux axes<br />
principaux :<br />
• informer les bénéficiaires sur la réduction des risques liés à<br />
l’usage de drogues ou aux relations sexuelles non protégées,<br />
• assurer un accès aux moyens directs pour réduire ces<br />
risques (distribution de préservatifs aux travailleuses du sexe,<br />
distribution de matériels stériles d’injection aux usagers de<br />
drogues, avec la possibilité de récupération du matériel utilisé)<br />
Nous soignons…<br />
Au sein du cabinet de consultation, des soins infirmiers classiques<br />
dits de « première ligne » sont dispensés (pansements,<br />
bandages, hygiène…). Le temps du soin permet à nos infirmier(e)s<br />
d’évaluer la situation médicale, sociale et psychologique<br />
du patient, et de penser ensemble un accompagnement social<br />
et sanitaire à Médecins du Monde, s’il présente un des critères<br />
de vulnérabilité (cf. ligne de soins santé-précarité), ou vers<br />
d’autres structures d’aides et de soins dans le cas contraire.<br />
Nous répondons à l’urgence…<br />
Du mois de novembre 2013 au mois de janvier 2014, nous<br />
avons assuré tous les vendredi matins des permanences<br />
médicales et sociales auprès des migrants afghans accueillis à<br />
l’Eglise du Béguinage : 64 consultations ont été réalisées auprès<br />
de 52 personnes.<br />
Lorsque des groupes de personnes en situation irrégulière occupent un lieu,<br />
le Médibus permet à nos équipes d’assurer une disponibilité sous la forme<br />
de consultations médicales de dépannage, donc limitées dans le temps.<br />
20<br />
A chaque sortie du Médibus, l’équipe se divise en deux groupes : l’équipe de<br />
soins, accueillants et infirmiers, qui assure une présence au sein du véhicule ; et<br />
21<br />
l’équipe en rue qui se déploie aux alentours du Médibus en effectuant des circuits<br />
de maraudes.
22 «ALLER VERS»<br />
Une longue phase de préparation<br />
avant que le Médibus n’ait pu arpenter<br />
les rues bruxelloises<br />
1. Enquête auprès de 70 consommateurs et usagers pour identifier<br />
les lieux et les horaires du Médibus correspondant à leurs<br />
besoins.<br />
2. Rencontres, discussions et sensibilisations des divers acteurs<br />
et services bruxellois (services de prévention de la commune<br />
de Bruxelles, concertation bas-seuil toxicomanes, acteurs médicaux<br />
pour les références de notre public, le secteur sans-abri,<br />
la STIB…)<br />
3. Création d’outils (guide infirmier, dossier socio-médical adapté<br />
pour le bus, tableau d’échanges de matériels stériles, gestion<br />
des conduites agressives…)<br />
4. Signature de la convention de partenariat avec DUNE<br />
5. Recrutement des bénévoles : une équipe de 10 bénévoles<br />
à ses débuts, une équipe de 18 bénévoles, dont 9 infirmiers,<br />
en mai 2014.<br />
6. Formation et encadrement des équipes bénévoles : sur<br />
les rôles des accueillants et des infirmiers ; sur la réduction des<br />
risques dispensée par Modus Vivendi & Transit ; et tout dernièrement,<br />
sur les orientations sociales en 1ère ligne de soins de<br />
MdM. Une attention particulière a été portée récemment sur<br />
leurs représentations des valeurs de Médecins du Monde afin<br />
de voir comment elles rejoignent ou non celles de l’association.<br />
>> Le Médibus a fait sa première sortie le 7 novembre 2013 !<br />
Quel avenir ?<br />
Le Médibus est certes un jeune projet, mais qui répond à un<br />
réel besoin : trop de personnes vivant en rue ne savent pas<br />
vers qui se tourner pour obtenir des soins. En 2014, pour la<br />
sixième édition du Prix fédéral de la Lutte contre la Pauvreté 21 ,<br />
le Médibus a d’ailleurs fait partie des trois nominés de la région<br />
bruxelloise ! Cependant, l’expérience du travail en partenariat<br />
et la rencontre de ce public nous amènent à réfléchir sur<br />
certains points importants. Pour 2015, il nous faut :<br />
• évaluer le fonctionnement du Médibus en<br />
fonction des saisons, entre l’hiver et l’été,<br />
• saisir les opportunités de prévention dans nos<br />
rencontres avec ces publics (tests de dépistages<br />
rapides VIH et Hépatites).<br />
21<br />
Chaque année, la secrétaire d’Etat à l’Intégration sociale et à la Lutte contre la Pauvreté,<br />
et le SPP Intégration sociale remettent à une personne, une association ou à<br />
tout organisme le Prix fédéral de la Lutte contre la Pauvreté. En 2014, il s’agissait<br />
de la sixième édition récompensant les projets venant en aide aux indépendants<br />
vivant en situation de pauvreté, aux sans-abris et aux familles pauvres.<br />
© MdM<br />
Le médibus est certes un jeune projet, mais qui répond à un réel<br />
besoin : trop de personnes vivant en rue ne savent pas vers qui<br />
se tourner pour obtenir des soins.
«ALLER VERS»<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
© Fréderic Pauwels<br />
Il est essentiel de garder un œil médical sur un public défavorisé.<br />
Soigner dans les<br />
centres d’accueil<br />
et d’hébergement<br />
Les personnes sans abri constituent un groupe de population très vulnérable. Médecins du Monde leurs<br />
consacre donc une attention toute particulière : dans le cadre du Plan hiver mais aussi tout au long de<br />
l’année, tant à Bruxelles qu’à Anvers. Il y est question de «dépannage» médical, sans jamais perdre<br />
de vue l’importance des référencements pour faciliter le réaccrochage médical, et donc l’ouverture de<br />
l’accès aux soins. Des soins préventifs sont également proposés (dépistage tuberculose). Un important<br />
dispositif qui n’existerait pas sans l’engagement de centaines de bénévoles, qui le disent tous : si le soin<br />
est évidemment primordial, l’écoute des patients sans abri l’est tout autant.<br />
23
24 «ALLER VERS»<br />
BRUXELLES<br />
RÉSULTATS DES ACTIVITÉS<br />
Pour la septième fois consécutive, à Bruxelles, Médecins du<br />
Monde a participé au Plan Hiver sur Bruxelles. Les consultations<br />
ont eu lieu un soir sur deux, sur les trois sites d’hébergements<br />
d’urgence :<br />
- Rue Royale : accueil d’hommes et de familles, capacité<br />
d’environ 400 personnes. Consultations 4 soirs par semaine.<br />
- Rue des Alexiens : accueil d’hommes, capacité de 400<br />
personnes. Consultations 4 soirs par semaine.<br />
- Rue du Trône : accueil d’hommes, capacité 120 personnes.<br />
Consultations une fois par semaine.<br />
Du 22 novembre 2013 au 31 mars 2014 :<br />
4 288 consultations<br />
dans 3 centres d’accueil<br />
Rue Royale >> 2 066 consultations<br />
Rue des Alexiens >> 2 078 consultations<br />
Rue du Trône>> 144 consultations<br />
Contrairement à l’augmentation croissante du nombre des consultations<br />
depuis 2010, sur les cinq mois d’activités, 4288 consultations<br />
ont été réalisées, soit une réduction de 38% par rapport à<br />
2012 (6.945 consultations en 2012). Ceci s’explique aisément : les<br />
consultations ont été réduites à quatre soirs par semaine (2012 :<br />
consultations 7j/7). Par ailleurs, l’hiver fut moins rude que les années<br />
précédentes, les centres d’accueil d’urgence ont donc fermé<br />
leurs portes plus tôt.<br />
1 363 patients ont été reçus en soirée. Nous<br />
avons vu moins de patients que l’année dernière,<br />
mais cette réduction est moins significative que la<br />
baisse du nombre de consultations : ceci signifie<br />
en effet que les patients ont moins fréquenté les<br />
consultations de Médecins du Monde, preuve de<br />
leur effectivité.<br />
220 femmes ont été reçues en consultation,<br />
ce qui représente 19% de nos patients. Année<br />
après année, elles sont toujours plus nombreuses.<br />
Pour cette édition 2013-2014, nous<br />
notons une augmentation de 13% par rapport à<br />
2012. La présence d’enfants, très problématique<br />
au plan hiver, nous fait penser que les mères sont<br />
également menacées de précarisation.<br />
La grande majorité des patients, tous sexes<br />
confondus, se situait dans la tranche d’âge<br />
21-50 ans. On note également que les femmes<br />
étaient davantage représentées dans les tranches<br />
d’âge plus extrêmes.<br />
5943 diagnostics ont été réalisés. Comme<br />
chaque année durant le plan hiver, les problèmes<br />
respiratoires, dermatologiques et<br />
musculo-squelettiques ont été majoritaires.<br />
Les problèmes psychologiques et psychiatriques<br />
sont également importants.<br />
21% des patients étaient originaires de<br />
l’Union européenne (hors Belgique), ce qui<br />
implique de sérieuses difficultés administratives<br />
d’ouverture de l’accès aux soins. 20% de nos<br />
patients étaient Belges. 37% des patients<br />
étaient sans autorisation de séjour.<br />
35% des patients n’avaient aucune couverture<br />
médicale et donc aucun accès au système<br />
classique de soins de santé. Pour eux, le plan<br />
hiver représente donc une opportunité unique<br />
de voir un médecin et de bénéficier d’une éventuelle<br />
démarche d’ouverture de l’accès aux soins.<br />
Ceci n’aurait pas été possible sans l’implication<br />
de plus de 120 bénévoles, qu’ils soient accueillants,<br />
assistants sociaux, infirmier(e)s, ou médecins.<br />
L’IMPORTANCE DES RÉFÉRENCEMENTS<br />
Garantir des soins de qualité passe par la continuité des<br />
soins et donc, par les référencements.<br />
D’une part, à travers le réseau interne de MdM : comprenant<br />
le Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO) pour les<br />
consultations de 1° ligne et vers la mission spécialiste Baron Lambert<br />
pour les consultations de seconde ligne. Ainsi, les patients<br />
peuvent accéder à un suivi à long terme, à l’avis d’un spécialiste,<br />
ou à des examens de laboratoire.<br />
Je dors à la gare centrale. J’ai rencontré quelqu’un qui m’a<br />
dit que je pouvais voir un médecin gratuitement au Samu<br />
Social. C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Médecins<br />
du Monde. Ils m’ont donné un rendez-vous dans leur<br />
centre, pour qu’un docteur fasse le suivi de mon problème<br />
au genou. C’est vrai, j’ai du mal à marcher, mais je ne suis<br />
pas déçu. Ici, on me soigne et on m’écoute.<br />
Ali, 30 ans, Belge.<br />
D’autre part à travers notre réseau de partenaires, avec lequel<br />
MdM a renforcé sa collaboration: le centre « La Fontaine »<br />
pour la prise en charge des gales et poux (1° cause des références),<br />
le Fonds des Affections Respiratoires (FARES) pour les<br />
cas de suspicions de tuberculose, le centre ELISA pour le dépistage<br />
VIH, hépatites et IST, et les Maisons médicales Botanique,<br />
Atlas et Enseignement.<br />
Au total, 369 référencements ont été organisés
«ALLER VERS»<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
RÉPARTITION DES RÉFÉRENCES MÉDICALES 22<br />
SSR<br />
2%<br />
Urgences med<br />
10%<br />
Autre<br />
1%<br />
Baron Lambert<br />
17%<br />
31%<br />
MM<br />
7%<br />
Référence<br />
impossible<br />
13%<br />
CASO<br />
10%<br />
Dentiste<br />
2%<br />
Elisa<br />
3%<br />
Fontaine<br />
25%<br />
Fares<br />
10%<br />
Toutefois, pour 13% des patients, il était impossible d’organiser une référence. Ceci était dû au manque de la spécialité demandée dans<br />
notre réseau (cardiologue, neurologue, psychiatre …) ou à un manque de disponibilité au niveau des plannings du Baron Lambert.<br />
Un système d’accompagnement était mis en place pour aider les patients dans leur démarche administrative et médicale. Ainsi pour ceux qui le désiraient et dans<br />
la mesure du possible, des bénévoles du « pool accompagnement » les accompagnaient jusqu’à leur lieu de rendez-vous.<br />
22<br />
CASO : 36 - SSR : 9 - MM : 26 - Baron lambert : 64 - Fontaine : 91 - Fares : 38<br />
Dentiste : 8 - Urgences : 38 - références impossibles : 46 - Elisa : 10 - Autres : 3 - Total : 369<br />
© Fréderic Pauwels<br />
Les dépistages tuberculose avec le FARES<br />
Dans le cadre des actions de soins préventifs, trois dépistages<br />
actifs contre la tuberculose ont eu lieu rue Royale et rue des<br />
Alexiens, dans le car du FARES. 222 patients au total ont pu<br />
bénéficier d’une radiographie pulmonaire. 38 cas suspects de<br />
tuberculose ont été référés au FARES en journée… Parmi ces<br />
patients envoyés, aucun cas de tuberculose n’a été confirmé.<br />
CONSULTATIONS POUR LE PUBLIC<br />
SANS ABRI À L’ANNÉE : LES PETITS REMPARTS<br />
(SAMU SOCIAL)<br />
Les consultations médicales de Médecins du Monde pour les<br />
personnes sans abri ne s’arrêtent pas avec la fin du Plan hiver.<br />
Elles se poursuivent toute l’année, dans les locaux du Samu<br />
Social, rue des Petits Remparts. Il s’agit d’un lieu d’accueil, de<br />
mise à l’abri d’urgence, de repos et de travail psychosocial<br />
pour les personnes sans domicile fixe. Les médecins généralistes<br />
bénévoles de Médecins du Monde sont présents une fois par<br />
semaine, durant toute l’année.<br />
Prêter une oreille attentive aux patients est fondamental.<br />
25
26<br />
«ALLER VERS»<br />
ANVERS<br />
RÉSULTATS DES ACTIVITÉS<br />
Pour la troisième fois consécutive, Médecins du Monde a proposé<br />
des consultations médicales dans le cadre du Plan Hiver,<br />
organisé par le CPAS de la Ville d’Anvers, qui, cette année, nous a<br />
soutenus financièrement. Pour assurer une large disponibilité envers<br />
le public sans abri, MdM a organisé 4 à 5 consultations par<br />
semaine, dans 4 centres d’accueil couvrant différentes zones<br />
de la ville :<br />
- Au Nord d’Anvers, le Centre de jour «De Vaart» : une permanence<br />
était assurée tous les vendredi matins par un médecin,<br />
deux infirmier(e)s et un accueillant.<br />
- Centre-ville d’Anvers, le Centre de jour «De Steenhouwer» :<br />
une permanence était assurée tous les lundi matins. Au moins<br />
un(e) infirmier(e) était présent(e) pour effectuer des premiers<br />
soins et relever certains indicateurs auprès des patients (pression<br />
artérielle, température, etc). Avec la fermeture du centre De<br />
Steenhouwer, les consultations ont eu lieu au Centre de jour<br />
Kamiano, dès le mois de février 2014.<br />
- Au Sud d’Anvers, le centre de nuit «Victor», (le plus grand<br />
centre, capacité 120 places) des consultations se tenaient tous<br />
les mardi, jeudi et samedi soirs. Parce que ce centre était de<br />
loin le plus fréquenté, 2 accueillants, 2 infirmiers et un médecin<br />
y étaient présents. Une pédicure était présente, une fois par semaine<br />
: plus de 60 soins ont été réalisés.<br />
Du 09 décembre 2013 au 31 mars 2014 :<br />
1 051 consultations<br />
dans 4 centres d’accueil<br />
Centre Victor >> 639 consultations<br />
Centre De Vaart >> 157 consultations<br />
Centre de Steenhouwer +<br />
Centre de soins >> 72 consultations<br />
Kamiano >> 62 consultations<br />
Non référencées >> 121 consultations<br />
Contrairement à l’augmentation croissante du nombre des consultations<br />
depuis 2010, sur les quatre mois d’activités, 1051 consultations<br />
ont été réalisées, soit une réduction de 11% par rapport<br />
à 2012 (1159 consultations réalisées). Ceci s’explique : l’hiver<br />
fut moins rude que les années précédentes, les centres d’accueil<br />
d’urgence ont donc fermé leurs portes plus tôt.<br />
400 patients ont été reçus en soirée. Si le<br />
nombre de consultations a diminué, le nombre<br />
de patients, lui, a augmenté (366 patients reçus<br />
lors de l’édition 2012-2013).<br />
65 femmes ont été reçues en consultations, ce<br />
qui représente 17 % des patients. Les femmes<br />
sont donc toujours plus nombreuses dans<br />
nos consultations anversoises : lors du plan<br />
hiver 2012-2013, elles représentaient 11% des<br />
patients.<br />
La grande majorité des patients, tous sexes<br />
confondus, se situaient dans la tranche d’âge<br />
31-40 ans.<br />
1472 diagnostics ont été réalisés. Comme<br />
chaque année durant le plan hiver, à Anvers<br />
comme à Bruxelles, les problèmes respiratoires,<br />
dermatologiques et musculo-squelettiques<br />
ont été majoritaires. Les problèmes<br />
psychologiques et psychiatriques sont également<br />
importants.<br />
La grande majorité des patients étaient issue<br />
du Afrique du Nord (27%). Viennent ensuite les<br />
Belges (25%) et les Européens (23%), dont la<br />
moitié sont Polonais. 42 % des patients n’étaient<br />
pas en ordre de séjour.<br />
50% de nos patients à Anvers ne disposait<br />
d’aucune couverture médicale. Pour eux, le<br />
plan hiver représente donc une opportunité<br />
unique de voir un médecin et de bénéficier<br />
d’une éventuelle démarche d’ouverture de l’accès<br />
aux soins.<br />
Le plan hiver médical n’aurait pas été possible<br />
sans l’implication de 17 médecins, 22 infirmiers,<br />
1 pédicure, 10 travailleurs psychosociaux et 12<br />
accueillants. 3 greffiers bénévoles se sont chargés<br />
de relever les chiffres. La coordination du<br />
plan hiver a été assurée par la coordinatrice du<br />
COZO, assistée par une infirmière bénévole.<br />
5 étudiants en médecine générale ont assisté<br />
les médecins cet hiver. La valeur ajoutée de ces<br />
bénévoles a non seulement permis de faire plus<br />
de consultations, mais surtout : les étudiants ont<br />
pu acquérir de l’expérience avec le groupe cible<br />
spécifique qu’est le public sans abri, et travailler<br />
de manière pluridisciplinaire.<br />
Cette année, des étudiants en dentisterie ont effectué<br />
un examen bucco-dentaire auprès de nos<br />
patients, et les ont sensibilisés à l’hygiène. Les<br />
enfants ont été l’objet d’une attention toute particulière<br />
de la part des étudiants. Une formation<br />
pour un groupe de 20 personnes sans-abri» a été<br />
mise en place.
«ALLER VERS»<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
Remarques<br />
Nos patients souffrent souvent de problèmes de santé mentale… Pendant l’hiver<br />
2013-2014, des travailleurs sociaux et des psychologues étaient présents lors des<br />
consultations pour offrir un soutien psycho-social. Ce travail est essentiel et doit<br />
donc être mis en place de manière structurelle pour le prochain plan hiver.<br />
Cet hiver, il est apparu nécessaire, encore plus que les hivers précédents, d’avoir<br />
une infirmerie. Les patients exclus de l’hôpital, avec une forte fièvre, et les patients<br />
gravement malades (deux patients sont décédés l’hiver dernier) pouvaient rester<br />
alités au centre Victor, mais des soins médicaux n’étaient pas prévus pendant la<br />
journée. Des bénévoles (médecins et infirmiers) passaient voir les malades, ponctuellement.<br />
L’hiver prochain, Médecins du Monde, en collaboration avec le<br />
Centre de Soins de la Ville d’Anvers, prendra en charge les soins aux personnes<br />
sans abri de manière professionnelle et structurelle au sein d’une<br />
infirmerie.<br />
Dans les 3 centres de soins, pour la première fois, des assistants sociaux et<br />
psychologues ont pris en charge des patients sans abri qui en ressentaient le<br />
besoin.<br />
L’IMPORTANCE DES RÉFÉRENCEMENTS<br />
Dans l’optique de garantir la continuité des soins, de nombreux<br />
référencements ont été organisés depuis le plan hiver : au total,<br />
on en dénombre 146.<br />
Etre suivis tant (para)médicalement que socialement.<br />
© Lucyna Piotrowska<br />
83 patients ont été référencés vers le CASO, où ils pouvaient<br />
se rendre tous les mardi après-midis, et être suivis tant (para)médicalement<br />
que socialement. Le seuil d’accessibilité était donc très<br />
bas.<br />
35 patients ont été référencés vers le Vlaamse Vereniging voor<br />
Respiratore Gezondheidszorg (VRGT/ équivalent du FARES), 15<br />
vers des médecins généralistes ou à l’hôpital, 13 vers d’autres<br />
lieux.<br />
Au centre Victor, tous les vendredi midis, une permanence était<br />
tenue par des travailleurs du CPAS. La collaboration était optimale<br />
: la quasi-totalité des sans-abris pour lesquels Médecins<br />
du Monde avait fait une demande d’aide médicale<br />
urgente, ont eu accès aux soins de santé classique, incluant<br />
les soins de seconde ligne.<br />
LES CONSULTATIONS POUR LE PUBLIC SANS ABRI<br />
À L’ANNÉE : LE CENTRE DE JOUR KAMIANO,<br />
EN COLLABORATION AVEC LE CENTRE DE SOINS<br />
DE LA VILLE D’ANVERS<br />
Tout comme à Bruxelles, les consultations pour les personnes<br />
sans abri ne s’achèvent pas avec la fin de l’hiver.<br />
Les consultations médicales et les soins infirmiers qui avaient lieu<br />
dans le Centre de soins de la Ville d’Anvers sont transposées au<br />
centre Kamiano à la fermeture du plan hiver. Elles sont assurées<br />
par un médecin, un accueillant et un infirmier, tous les lundi matins.<br />
Le centre de soins de la Ville d’Anvers propose des consultations à<br />
bas seuil pour les sans-abris. Les infirmiers font des consultations<br />
trois fois par semaine, une pédicure et un coiffeur font également<br />
des permanences hebdomadaires. Tous les lundi soirs, l’équipe<br />
para-médicale est renforcée par un docteur de Médecins<br />
du Monde. 96 consultations ont été réalisées auprès de 64<br />
patients.<br />
27
28 «ALLER VERS»<br />
Appuyer le relais-santé à<br />
La Louvière<br />
Le 17 octobre 2013, le projet à La Louvière fêtait son premier anniversaire. Nous avons en effet inauguré<br />
la première consultation, le 17 octobre 2012, en étroite collaboration avec le CPAS et le Relais-santé.<br />
Bilan des 12 premiers mois :<br />
108 patients accueillis et soignés,<br />
293 consultations dispensées,<br />
649 diagnostics réalisés.<br />
CE PROJET NOUS EST PRÉCIEUX<br />
• car il marque notre engagement dans la région wallone,<br />
• car la bonne pratique de notre partenariat avec le CPAS<br />
et les acteurs de première ligne de la Ville de La Louvière nous<br />
incite à la développer dans d’autres villes,<br />
• car l’offre de soins que nos équipes bénévoles y dispense est<br />
mise au défi d’une précarité très différente de celle que<br />
nous rencontrons dans nos autres projets.<br />
« Fatigue et dépression, nous rencontrons beaucoup de<br />
problèmes psychologiques. Il faut se mettre dans la tête<br />
ce que c’est que de vivre une nuit à la rue. Cela doit être<br />
épouvantable. On se sent souvent impuissant, et parfois<br />
démuni. Ce matin encore, on a rencontré des problèmes<br />
difficiles à soigner : ce qu’on peut faire, c’est aider par les<br />
petits moyens que nous avons. Ecouter, c’est surtout cela. »<br />
Docteur De Vriendt, médecin bénévole<br />
NOTRE OFFRE DE SOINS PROPOSE<br />
➔ un volet préventif qui s’articule autour de quatre axes<br />
principaux :<br />
1) l’accès aux soins,<br />
2) la couverture vaccinale pour les enfants,<br />
3) le dépistage VIH,<br />
4) le dépistage de la Tuberculose,<br />
➔ un volet curatif. Comme pour l’ensemble de nos autres<br />
projets, notre offre ne se pose pas comme un circuit alternatif<br />
aux médecins généralistes de la région. Il s’agit d’un<br />
dépannage dans l’urgence d’un public déstructuré<br />
par la précarité. Un dépannage minimal en médicaments<br />
accompagne ce volet.<br />
Notre travail s’inscrit également dans une<br />
logique d’orientation et de relais :<br />
• vers les services d’aide aux sans-abris mis en place par<br />
la ville, notamment les structures qui ont en charge la<br />
sortie de la rue et le travail d’insertion locale.<br />
• vers les structures de soins traditionnelles, principalement<br />
avec les centres hospitaliers universitaires de<br />
Jolimont et Tivoli.<br />
UNE DIMENSION PARTICULIÈRE DE LA PRÉCARITÉ<br />
Le public que nous rencontrons à La Louvière…<br />
… est majoritairement masculin.<br />
68% de nos bénéficiaires sont des hommes.<br />
… est relativement jeune.<br />
La part des bénéficiaires âgés de moins de 20 ans représente<br />
plus d’un tiers de nos patients.<br />
La moyenne d’âge y est de 32 ans.<br />
… est principalement belge.<br />
81% de nos bénéficiaires ont la nationalité belge.<br />
… rencontre des problèmes de logement.<br />
61% de nos patients sont sans abri.<br />
… présente surtout des troubles psychologiques (45%)<br />
ainsi que des symptômes respiratoires (12%) et<br />
ostéo-articulaires (8%)<br />
… a un accès ouvert aux soins.<br />
73% de nos bénéficiaires ont une couverture médicale.<br />
… mais n’y a pas recours.<br />
77% de nos patients déclarent ne pas avoir de médecin traitant.
«ALLER VERS»<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
« Le wagon de La Louvière s’est bien<br />
accroché au train de Médecins du Monde »<br />
salue Rita Lambert, coordinatrice bénévole<br />
du projet La Louvière.<br />
Notre mission est d’offrir un accès effectif aux soins de santé primaire.<br />
Nous accueillons et soignons donc un public précarisé en errance<br />
et en rupture totale avec les structures de soins classiques.<br />
Notre mission est de leur offrir un accès effectif aux soins<br />
de santé primaire, et de travailler avec le Relais-santé à l’ouverture<br />
et/ou à la récupération de leurs droits. Mais, dans les faits, nos<br />
médecins et nos infirmiers s’attachent surtout à (re)créer de la<br />
confiance entre eux et nos bénéficiaires. L’écoute est active pour<br />
soutenir psychologiquement d’une part, et pour maintenir les liens<br />
qui se forment d’autre part : 45% de nos bénéficiaires reviennent<br />
en effet plus d’une fois à nos consultations.<br />
Nous le constatons dans l’ensemble de nos activités : la précarité<br />
est multifactorielle, et c’est dans sa diversité d’expressions (financières,<br />
sociales, psychologiques…) qu’elle influence négativement<br />
l’accès aux soins. A La Louvière, la corrélation entre le non-recours<br />
aux soins et les différentes dimensions de la précarité, est très<br />
forte. Notre public en grande difficulté de vie cumule deux précarités<br />
majeures: sociale et psychologique. Le rouage qu’elles forment<br />
enclenche le mécanisme de construction d’une vulnérabilité<br />
de plus long terme. Notre projet à La Louvière nous dit bien que<br />
le renoncement aux soins est peut-être l’un des plus importants<br />
indicateurs de la précarité en santé...<br />
« J’ai connu Médecins du Monde grâce à Olivier du Relais-Santé.<br />
Je viens ici très souvent. Je pensais avoir trouvé<br />
un logement, mais je suis de nouveau dans la rue. Je dors<br />
dans les banques parfois. Je viens ici pour des problèmes<br />
psychologiques. Si je ne viens pas, si je ne suis pas suivie,<br />
c’est très grave. Je fais une vraie dépression, mon état est<br />
à zéro. Quand on en a marre de vivre dans la rue, on en a<br />
marre. Je ne vois rien avancer, c’est catastrophique. »<br />
Les consultations sont assurées tous les mercredis au sein<br />
des locaux du Relais-Santé par une équipe composée de<br />
deux infirmières et de quatre médecins, qui se relaient.<br />
5 à 6 patients sont reçus par plage de consultations.<br />
Natalie, une bénéficiaire<br />
29
30 ZOOM // «ALLER VERS»<br />
Être femme et mère en situations<br />
En situation de grandes précarités, penser à se soigner est loin d’être simple, et réussir à se soigner<br />
ne rentre parfois plus dans le champ des possibles. A cet égard, la situation des femmes vulnérables<br />
est particulièrement inquiétante. Leur quotidien est rempli d’incertitudes et de risques -dont un certain<br />
nombre est lié à leur identité féminine- qui les rendent vulnérables.<br />
LES PROBLÉMATIQUES DE FEMMES<br />
RENCONTRÉES PENDANT LES<br />
ANIMATIONS<br />
Dans le cadre du projet «Avec Elles», nous<br />
animons des séances de sensibilisation et<br />
d’information auprès de femmes vulnérables.<br />
Ces séances ont pour objectif de répondre<br />
clairement aux nombreuses préoccupations<br />
et demandes exprimées par ces<br />
femmes : la grossesse et son suivi, les infections<br />
sexuellement transmissibles, la sexualité<br />
et la contraception, les violences liées aux<br />
genres, l’hygiène et le corps, la santé et le<br />
travail, les acteurs et parcours de l’accès aux<br />
soins… Le but : encourager, avec des outils<br />
pédagogiques ludiques, la parole et le dialogue<br />
des femmes avec les animatrices tout d’abord,<br />
puis le dialogue entre les femmes, de manière<br />
à lever certains tabous.<br />
Ce jeu de l’oie fait partie<br />
des outils pédagogiques utilisés<br />
« J’ai eu un problème à l’utérus.<br />
Je suis allée voir le docteur à<br />
la polyclinique, puis à l’hôpital.<br />
Ils m’ont dit que j’avais besoin<br />
d’une opération, 3 000 euros. Au<br />
CPAS, on m’a dit que je devais<br />
payer cette somme. Quelques<br />
amis ont pu m’aider et m’ont<br />
donné 700 euros. Je suis allée à<br />
l’hôpital avec cet argent et j’ai dit<br />
que je pouvais payer seulement<br />
ça, et que je donnerai le reste<br />
après. Ils ont dit non. »<br />
Madame Y. rencontrée lors<br />
d’une animation de promotion<br />
de la santé<br />
51% des patientes de nos deux centres de soins<br />
évaluent leur santé comme «mauvaise» et «très<br />
mauvaise», contre 37% pour nos bénéficiaires<br />
hommes.<br />
LE CASO PROPOSE DES CONSULTATIONS<br />
SPÉCIFIQUES POUR LES FEMMES<br />
Une femme et/ou une mère, accueillie dans un de nos projets – aux<br />
séances de promotion de la santé, dans le Médibus, lors des consultations<br />
du Plan Hiver ou encore des consultations libres du CASO –<br />
peut se voir proposer une consultation santé-femme dans notre<br />
centre de soins bruxellois. Tous les vendredi matins, un médecin<br />
gynécologue et une assistante sociale accueillent ces femmes. 5<br />
consultations sont prévues par matinée.<br />
« Je travaille comme gynécologue chez MdM depuis<br />
Février 2011. Je fais les frottis de col chez les<br />
femmes qui n’ont pas accès à l’Aide Médicale Urgente,<br />
je prescris des contraceptifs oraux, place des<br />
stérilets … Je vois des pathologies de toutes sortes,<br />
je diagnostique des myomes, des MST comme le<br />
Sida, mais aussi des fausses couches. Je suis bien<br />
aidée par les assistantes sociales qui expliquent le<br />
fonctionnement de l’AMU aux patientes et m’aident<br />
à intégrer ces femmes dans un service d’ONE. Elles<br />
sont très attachantes et reconnaissantes ; je suis<br />
surprise par leurs détresses et leurs vulnérabilités,<br />
mais aussi par leur désir d’enfant. »<br />
Suzanne, gynécologue bénévole au CASO
ZOOM // «ALLER VERS»<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
de grandes précarités<br />
QUELQUES CHIFFRES…<br />
En 2013, Médecins du Monde a organisé…<br />
➔ 23 séances d’animation dans le cadre du projet «Avec Elles»,<br />
➔ 64 consultations de gynécologie dans le cadre du réseau<br />
«Spécialistes»,<br />
➔ 3 785 consultations dispensées sur l’ensemble des projets pour des<br />
femmes.<br />
…pour 1 560 femmes, dont :<br />
➔ 716 étaient sans autorisation de séjour,<br />
➔ 387 étaient sans abri,<br />
➔ 897 n’avaient aucune prise en charge médicale,<br />
➔ 89 femmes enceintes. 73% de ces femmes (65) n’avaient aucun suivi<br />
de grossesse. Parmi elles, 35% enregistraient un retard de suivi de<br />
grossesse 23 .<br />
51% des patientes de nos deux centres de soins évaluent leur santé<br />
comme «mauvaise» et «très mauvaise», contre 37% de nos patients<br />
masculins.<br />
© Fréderic Pauwels<br />
23<br />
23 femmes enregistrent un retard de suivi de grossesse. Lorsque la première consultation a lieu<br />
après la 12 ème semaine de grossesse, le suivi de grossesse est dit « tardif ».<br />
AGIR AU-DELÀ DES SOINS POUR ELLES…<br />
Médecins du Monde ne se limite pas aux soins. Comme indiqué dans<br />
notre charte, nous soignons…et nous témoignons.<br />
MANIFESTATION / 29 janvier 2014 – Mobilisation des ONG<br />
européennes pour soutenir les femmes en Espagne et le droit<br />
à l’avortement en Europe<br />
Suite à un projet de loi du gouvernement espagnol en Décembre<br />
2013 visant à limiter de façon significative le droit à l’avortement, Médecins<br />
du Monde a donc rejoint la manifestation organisée devant l’ambassade<br />
d’Espagne de Belgique pour soutenir le « Train de la Liberté »<br />
à Madrid. Nous avons marqué notre solidarité avec les femmes en Espagne<br />
et en Europe en défendant que les droits sexuels et reproductifs<br />
sont des droits humains.<br />
COLLOQUE / 14 Février 2014 – Précarité et santé sexuelle :<br />
quels défis ?<br />
Assurer aux femmes vulnérables un accès effectif à des services complets<br />
de Santé Sexuelle et Reproductive est un impératif : l’amélioration<br />
de la santé maternelle et infantile est un des Objectifs du Millénaire pour<br />
le Développement. L’absence de suivi en matière de sexualité et de<br />
reproduction a de graves répercussions sur la femme elle-même<br />
(sur sa santé, mais aussi sur sa mobililité, son statut économique et<br />
social…), mais également sur la santé publique (infections sexuellement<br />
transmissibles, mortalité maternelle…). C’est dans ce sens que la<br />
Fédération laïque des centres de planning familial et Médecins du Monde<br />
ont organisé le 14 Février 2014 un colloque « Précarité et santé sexuelle :<br />
quels défis ? ».<br />
ON AVANCE / Anvers – Accès aux soins pour les<br />
femmes enceintes vulnérables<br />
En 2011, Médecins du Monde et des acteurs de santé de<br />
terrain ont formé une plateforme « Femmes enceintes vulnérables<br />
», au sein de laquelle MdM joue le rôle de moteur.<br />
Cette plateforme s’assure que les droits des femmes enceintes<br />
vulnérables soient respectés (accès aux soins périnataux<br />
et accouchement sécurisé) 24 .<br />
La plateforme, dans son rôle de veille médicale, a motivé<br />
la Ville et le CPAS d’Anvers à unir leurs forces et travailler<br />
en réseau. On note une belle avancée : des assistantes sociales<br />
du CPAS deviennent les personnes de référence pour<br />
ces femmes enceintes. Les demandes d’AMU leur sont<br />
également adressées. Le réseau se réunit une à deux fois<br />
par an. Le centre d’expertise « De Kraamvogel », spécialisé<br />
en soins périnataux est le moteur de ce réseau. Grâce à<br />
leur soutien financier, les femmes enceintes ont aujourd’hui<br />
accès aux examens de laboratoire et d’imagerie, dans les<br />
centres de soutien prénataux (Prenatale Steunpunten), en<br />
collaboration avec le laboratoire AML, (qui a baissé ses tarifs)<br />
et l’Hôpital Universitaire d’Anvers qui apporte un échographe<br />
mobile, deux fois par mois.<br />
24<br />
Pour plus d’informations sur ce plaidoyer, se référer au Rapport annuel<br />
2012 des projets belges, Plaidoyer à Anvers : accès aux soins pour les<br />
femmes enceintes vulnérables<br />
31
32<br />
FOCUS // «ALLER VERS»<br />
Notre<br />
enquête<br />
sur les<br />
violences en rue<br />
« C’est très dur de satisfaire ses besoins<br />
personnels en rue, que ce soit l’hygiène,<br />
l’alimentation ou simplement dormir… Je<br />
ne dors que d’un œil parce que j’ai peur de<br />
me faire agresser. Je marche la tête baissée.<br />
Je ne reste pas à un endroit fixe, sinon les<br />
gens viennent te parler, et après, tu ne sais<br />
pas pourquoi, ils t’insultent. Je n’ai pas été<br />
éduqué comme ça.»<br />
José Junco, un bénéficiaire rencontré au<br />
centre d’urgence Rue des Alexiens<br />
Dans le cadre du « Plan Hiver », des centaines de bénévoles se<br />
relaient pour offrir des soins médicaux gratuits aux résidents des<br />
centres d’accueil et d’hébergement d’urgence. Cette période hivernale<br />
représente une opportunité unique pour MdM d’organiser<br />
une récolte de données afin de mieux connaître la population<br />
sans abri.<br />
Dans le cadre de l’enquête 2013-2014, en parallèle de leur situation<br />
administrative, de l’évaluation de leur étant de santé et leurs<br />
problèmes d’accès aux soins, un volet plus spécifique a été développé<br />
sur la problématique des violences en rue 25 .<br />
Il n’existe pas « une » réalité, mais autant d’histoires qu’il y a<br />
d’hommes et de femmes vivant leur « épreuve » de la rue. A maints<br />
égards, la rue reste un milieu hostile et violent, où les personnes<br />
sont plus que vulnérables face aux violences qu’elle génère.<br />
Elles sont souvent amenées à développer de véritables stratégies<br />
de survie pour s’y adapter. Parmi notre échantillon de bénéficiaires<br />
interrogés, la prévalence des problèmes de violences physiques<br />
(38% pour les hommes et 49% pour les femmes) et sexuelles<br />
(5,5% pour les hommes et 39% pour les femmes) est en effet<br />
beaucoup plus importante en comparaison avec celle de la population<br />
belge générale.<br />
25<br />
Enquête réalisée auprès de 212 personnes (40 femmes et 172 hommes) de mi-novembre<br />
2013 à fin mars 2014 : Evaluation de l’état de santé de la population du<br />
Plan Hiver 2013/14 – Rapport d’étude quantitative<br />
COMPARAISON<br />
DES VIOLENCES<br />
SUBIES AVEC LA<br />
POPULATION<br />
BELGE (%)<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
Violences physiques Violences verbales Violences sexuelles<br />
Hommes Plan Hiver<br />
Hommes National<br />
Femmes Plan Hiver<br />
Femmes National<br />
47%<br />
se sont déjà fait confisquer<br />
et/ou voler leur argent<br />
et/ou papiers.<br />
53%<br />
souffrent de la faim.<br />
53%<br />
ont déjà été expulsés de<br />
leur logement.<br />
Quel que soit le type de violence, la proportion de victimes<br />
de sexe féminin est plus grande. Quitter une situation<br />
de violence conjugale est parfois le chemin qui les mène vers le<br />
sans-abrisme, lorsqu’elles n’ont pas les ressources adéquates<br />
pour vivre seules. Néanmoins, si la violence peut être une cause<br />
du sans-abrisme pour de nombreuses femmes, le fait de vivre<br />
seules en rue les rend également plus vulnérables et plus<br />
à risque d’être victimes de violences physiques, mais surtout de<br />
violences psychologiques 26 et sexuelles.<br />
Pourtant, 65% des hommes et des femmes que nous<br />
avons interrogé et qui déclarent avoir été victimes de violences<br />
ne connaissent aucune des organisations qui<br />
fournissent l’assistance socio-juridique nécessaire<br />
face à ces situations.<br />
26<br />
Par « Violences psychologiques », nous entendons : les agressions verbales, le<br />
harcèlement, les insultes, les humiliations, les intimidations, le fait d’être suivi(e)<br />
dans la rue…
FOCUS «ALLER VERS»<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
Les conditions de la vie en rue ont de lourdes implications en matière de santé : elles agissent à<br />
la fois sur l’état de santé des personnes sans abri, mais aussi sur leur prise en charge.<br />
© Fréderic Pauwels<br />
Dans le cadre de cette enquête, le bien-être émotionnel<br />
de notre échantillon a été analysé à partir de trois critères :<br />
>> LA SANTÉ SUBJECTIVE<br />
56% estimaient leur santé comme étant moyenne (27%),<br />
mauvaise (18%) et très mauvaise (11%).<br />
>> LEUR ISOLEMENT<br />
83% des bénéficiaires interrogés vivaient seul(e)s, et 50%<br />
d’entre eux n’avaient pas rencontré un ami la semaine<br />
précédente<br />
>> L’ÉTAT DE BIEN-ÊTRE ÉMOTIONNEL<br />
Du fait de leurs conditions de vie,<br />
61% manquent de sommeil<br />
57% se déclarent stressés et tendus<br />
56% se disent déprimés et malheureux<br />
Les violences dures décrites précédemment s’accompagnent<br />
donc de violences qui font partie du quotidien des personnes sans<br />
abri. Les processus de désocialisation aboutissent à des « souffrances<br />
» et des « fractures » sociales. L’errance fatigue et<br />
use les corps, mais fait perdre également toutes les attaches.<br />
Ces personnes en arrivent à perdre progressivement toute représentation<br />
du temps et de l’espace, de la société, du groupe et du<br />
corps : lorsqu’il n’existe plus de repère permettant la continuité,<br />
basculer dans la « désaffiliation » est chose aisée.<br />
La vie en rue n’est donc pas seulement l’absence de toit.<br />
C’est aussi la surexposition aux agressions et aux violences<br />
physiques et sexuelles d’une part, à la rupture puis<br />
à l’absence de relations sociales d’autre part. Or, nous le<br />
constatons : la peur, l’absence de repères, les souffrances<br />
psychiques… sont autant de facteurs qui rendent difficile<br />
l’accès aux soins, voire qui expliquent le non-recours aux<br />
soins… alors qu’il y a de réels besoins.<br />
Face à ce constat, nous demandons à ce que les réponses apportées<br />
par les pouvoirs publics ne s’inscrivent plus dans une<br />
approche parcellaire de ces problématiques, mais dans une approche<br />
globale et intégrée.<br />
Plus particulièrement, nous demandons la création et/ou le renforcement<br />
de dispositifs d’urgence pour les femmes et les familles en<br />
situation de détresse.<br />
Ces structures doivent :<br />
>> être spécifiques. Actuellement, la mixité dans les centres d’hébergement<br />
d’urgence ne permet pas une prise en charge adéquate<br />
des femmes.<br />
>> accueillir les femmes à problématiques multiples (problèmes<br />
de dépendance, problèmes psychologiques, victimes de violences…),<br />
et offrir une prise en charge commune. En effet, les<br />
femmes sans abri et les femmes victimes de violences ont tendance<br />
à être traitées comme des populations distinctes et donc<br />
à être prises en charge dans des dispositifs différents. Or, nous<br />
connaissons l’importante corrélation qui existe entre ces deux<br />
états.<br />
Dans la nuit du 08 novembre 2010, la STRADA, centre d’appui au secteur bruxellois d’aide aux sans abri, organisait son deuxième recensement des personnes sans<br />
abri, sans logement et en logement inadéquat 27 dans la région Bruxelles-Capitale. Environ 2 000 personnes ont été recensées. 329 personnes vivant en rue, dont 11%<br />
de femmes. 282 personnes hébergées dans les centres d’urgence, dont 36% de femmes.<br />
33<br />
27<br />
Est « sans abri » toute personne vivant dans la rue ou dans un centre d’hébergement d’urgence. Est « sans logement » toute personne vivant dans un foyer d’hébergement pour<br />
personnes sans domicile ou dans un foyer d’hébergement pour femmes. Vit dans un « logement inadéquat » toute personne habitant dans des structures provisoires telles que<br />
des occupations négociées, ou encore dans des logements indignes comme les squats.
34 ACCOMPAGNER<br />
© Fréderic Pauwels<br />
ACCOMPAGNER :<br />
garantir l’accès et le droit à la santé<br />
pour tous<br />
Offrir des soins de qualité<br />
Dans nos deux Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation, à Bruxelles et à Anvers, Médecins du<br />
Monde assure un accès aux soins de qualité pour les populations en précarité, en offrant une<br />
consultation multidisciplinaire (social- médical-psychologique). Ces centres ont pour objectif de soigner<br />
mais aussi d’ouvrir un accès aux soins pérenne et donc de ré-intégrer la personne dans le système<br />
classique.<br />
>> NOUS ACCUEILLONS…<br />
… un public en réel décrochage. Le passé souvent dur (migration,<br />
extrême pauvreté, violences…) et le présent précaire<br />
(sans autorisation de séjour, vies en rue, travail insécurisant…)<br />
de nos bénéficiaires fragilise et handicape leur prise<br />
de contact avec les institutions.<br />
Nous admettons donc tous les patients présentant une vulnérabilité<br />
médicale, en portant un œil particulièrement vigilant<br />
sur les femmes enceintes, les personnes ayant besoin<br />
d’une orientation en deuxième ligne (soins spécialistes),<br />
les personnes devant faire des examens en laboratoire, les<br />
personnes ayant un besoin psychologique ou des troubles<br />
psychiatriques chroniques nécessitant une prise de médicaments,<br />
les plus de 65 ans et les moins de 15 ans.<br />
La vulnérabilité sociale est un critère de renforcement de<br />
l’admissibilité des patients. Les personnes sans abri, sans<br />
papiers, les mères célibataires et les personnes isolées font<br />
partie de nos publics.<br />
Dans nos CASO, nous faisons « acte d’accueil » : nous<br />
écoutons le besoin en santé formulé par le patient, afin de le<br />
comprendre et de le considérer en y apportant la réponse la<br />
plus adéquate. Ce cadre chaleureux a pour but de (re)créer<br />
du lien et de faire (re)prendre confiance au patient.<br />
>> NOUS RENDONS<br />
L’ACCÈS AUX SOINS<br />
EFFECTIFS…<br />
… en nous assurant que la personne<br />
soit reçue par un médecin,<br />
pour y bénéficier :<br />
- de soins de qualité. Nos<br />
professionnels de santé<br />
bénévoles dispensent des<br />
soins de santé primaires,<br />
(ceci inclut les soins de santé<br />
sexuelle et reproductive). Les<br />
équipes médicales et sociales<br />
peuvent aussi faire appel à<br />
des psychologues : toujours<br />
présents dans les locaux lors<br />
des consultations, ils peuvent<br />
offrir des consultations psychologiques<br />
ou leur soutien<br />
en co-consultation.<br />
- d’un traitement adéquat.<br />
Des médicaments peuvent<br />
être donnés gratuitement,<br />
lorsque les patients n’ont pas<br />
les ressources nécessaires<br />
pour se les procurer.<br />
>> NOUS TRAVAILLONS<br />
À (RÉ)INTÉGRER…<br />
… nos patients dans le système<br />
classique de soins, car<br />
nous ne sommes pas une<br />
structure de soins continus.<br />
Lorsque l’accès aux soins est<br />
ouvert, le patient peut alors intégrer<br />
une maison médicale, la<br />
consultation d’un généraliste,<br />
avoir un dossier médical global,<br />
être pris en charge par un<br />
centre de santé mentale…<br />
Nous allions donc opérationnalité<br />
(quelques 10 450<br />
consultations gratuites en<br />
2013) et plaidoyer (actions<br />
structurelles pour garantir le<br />
droit à l’accès aux soins).<br />
Le référencement du patient<br />
en précarité, sa visibilité auprès<br />
des services de santé au<br />
sens large, son inclusion et<br />
l’effectivité des soins sont<br />
au cœur de notre objectif.
ACCOMPAGNER<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
Notre CASO bruxellois…<br />
En 2013, notre plan d’action visait :<br />
➔ la révision des plages de consultations afin d’avoir une<br />
ligne de soins cohérente entre les différents projets bruxellois,<br />
➔ la formation des professionnels de santé et des<br />
bénévoles-MdM sur le fonctionnement du système belge<br />
d’accessibilité aux soins,<br />
➔ une récolte d’information sur les entraves à l’accès aux<br />
soins en région bruxelloise.<br />
Au regard des résultats attendus, les activités menées au cours de<br />
l’année ont été les suivantes :<br />
1/ Le développement de notre ligne de soins…<br />
… avec l’instauration de consultations uniquement médicales en<br />
première ligne et une seconde ligne psycho-médico-sociale (CF.<br />
Notre ligne de soins « santé-précarité – pages 8/9). Nous avons<br />
également renforcé l’intégration systématique des patients des<br />
projets mobiles – ceux qui ont besoin d’une prise en charge plus<br />
globale au niveau de notre CASO.<br />
2/ La poursuite de notre volet «Formation»…<br />
… avec le développement de séances d’information sur l’accès<br />
aux soins pour les professionnels du secteur de la santé 28 et pour<br />
les professionnels bénévoles de MdM : 25 en 2013 ! Une permanence<br />
téléphonique est aussi assurée par le service social : nous<br />
recevons plus de 20 appels du réseau médical et associatif par<br />
mois pour un complément d’informations sur l’accès aux soins.<br />
3/ L’énergie déployée par nos travailleurs pour rétablir<br />
l’accès aux soins…<br />
… des familles en séjour irrégulier résidant sur le territoire de la<br />
commune de 1000 Bruxelles. A la fin de l’année 2013, ces familles<br />
étaient toujours privées de ce droit, et ce depuis 2009. Notre avocate<br />
bénévole a poursuivi la défense de ces dossiers au tribunal<br />
du travail, avec succès ! Aujourd’hui ces familles ont donc retrouvé<br />
un droit élémentaire : le droit à la santé.<br />
Plus largement, les travailleurs des différents pools sont présents<br />
et engagés auprès de divers groupes de travail qui permettent, de<br />
près ou de loin, de faire levier pour une meilleure application<br />
du droit universel à l’accès aux soins pour tous 29 . Grâce à ce<br />
travail quotidien de défense, et suite aux nombreux accompagnements<br />
physiques des patients dans divers services, nous avons<br />
obtenu beaucoup de bonnes nouvelles cette année ! Notamment<br />
la délivrance de cartes médicales pour des patients qui nécessitaient<br />
un suivi médical et pour lesquels la situation était bloquée 30 .<br />
Mais malgré de belles avancées 31 , les obstacles à l’accès<br />
effectif aux soins restent de mise. Notre offre de soins<br />
au CASO, seul centre médical offrant des consultations<br />
gratuites, se retrouve aujourd’hui saturée : nous ne pouvons<br />
pas faire face à l’entièreté de la demande des personnes<br />
et des services en région bruxelloise, nos moyens financiers<br />
nous permettant d’effectuer 5.000 consultations/an.<br />
• Avoir une adresse de résidence pour bénéficier de<br />
l’aide médicale urgente reste un facteur de frein<br />
énorme pour l’accès aux soins des personnes en situation<br />
précaire (sans-abris, personnes occupant des logements<br />
instables…). Cette exigence de territorialité pour obtenir une<br />
carte médicale ne permet souvent pas une bonne continuité<br />
des soins, voire aucune ouverture d’accès aux soins!<br />
• Les hôpitaux restreignent drastiquement la possibilité d’une<br />
première consultation pour les personnes sans accès aux<br />
soins…qui présentent des vulnérabilités médicales.<br />
• De plus en plus de justificatifs sont demandés aux patients<br />
pour ouvrir leurs droits, et l’usage de la carte<br />
médicale se réduit avec le temps. Le CPAS de Bruxelles-<br />
Ville veut par exemple imposer un nouveau format de certificat<br />
d’aide médicale urgente: les patients devront y inscrire<br />
des informations issues de l’enquête menée par une assistante<br />
sociale. Le CPAS de Molenbeek demande de nouvelles<br />
preuves concernant le séjour ininterrompu.<br />
Nous assistons aujourd’hui à un réel recul des droits et<br />
à une « charge de la preuve » décourageante pour les<br />
patients et leurs soignants. De manière générale, au niveau<br />
des CPAS, les procédures se complexifient et la<br />
durée de couverture se limite. La mise en place d’un<br />
nouveau logiciel de paiement (Mediprima) est d’ailleurs<br />
souvent utilisée comme argument pour la restriction de<br />
ces droits.<br />
28<br />
Principalement les professionnels de l’ONE, de la Croix-Rouge ainsi que l’ASBL<br />
Dune.<br />
29<br />
Réseau Trauma- Exil, Comité de Vigilance, Coordination sociale de Schaerbeek,<br />
groupe de travail Pigment, Comité belge d’aide aux réfugiés,…<br />
30<br />
Pas de possibilité de donner une adresse de résidence, pas de preuve d’identité<br />
jugée valable par le CPAS, pas de prise en charge par l’hôpital pour une première<br />
consultation chez un spécialiste,…<br />
31<br />
Nous relevons toujours positivement les initiatives de certains CPAS comme 1030,<br />
1060… pour leur groupe de travail permettant un dialogue constructif entre le<br />
CPAS et le secteur associatif en vue d’une amélioration de l’accès aux soins de<br />
santé de leurs habitants notamment.<br />
35
36 ACCOMPAGNER<br />
En 2013<br />
5 706 consultations<br />
3 337 consultations médicales, 2 018 consultations sociales,<br />
351 consultations psychologiques.<br />
±40 bénévoles actifs<br />
Accueillants, médecins, infirmiers, psychologues, assistantes<br />
sociales, etc.<br />
1 586 patients<br />
82% ne bénéficiaient d’aucune couverture médicale.<br />
Actuellement, nos professionnels sont de plus en plus<br />
confrontés aux difficultés d’ouverture de l’accès aux soins<br />
pour les patients européens et résidents étrangers en Europe.<br />
Le contexte de crise prédominant en Europe diminue leurs<br />
droits en matière d’accès aux soins ; et certaines personnes<br />
tombent en dehors des systèmes légaux existants (visa,<br />
prise en charge, nouveaux européens, etc). Nous prenons en<br />
charge ce public tout en sachant qu’en cas de pathologies<br />
lourdes, il sera difficile de trouver rapidement une solution.<br />
© MdM<br />
Notre réseau actuel de médecins spécialistes s’étend et se renouvelle.<br />
Nous ne prenons pas une catégorie de bénéficiaires plus en<br />
charge qu’une autre : nous souhaitons être accessibles<br />
aux personnes les plus vulnérables en matière de santé.<br />
« Mr O. souffrant de délires paranoïaques et vivant en rue<br />
depuis plusieurs mois, ne souhaitait plus faire valoir ses<br />
droits au CPAS. Grâce à un travail régulier de mise en<br />
confiance par nos différentes équipes, nous maintenons<br />
un contact régulier. Il a accepté de se rendre avec nous<br />
au CPAS. »<br />
Sophie D., assistante sociale<br />
Quelques perspectives d’avenir<br />
L’application de notre ligne de soins au sein des projets bruxellois<br />
nous amène un public toujours plus divers au CASO, ce<br />
qui nécessite une évolution de nos pratiques. Les personnes<br />
qui sont prises en charge à court terme au CASO présentent<br />
en effet des vulnérabilités médicales qui nécessitent une ouverture<br />
de l’accès aux soins et un accès effectif aux structures<br />
de soins – pas uniquement une couverture administrative.<br />
Nous souhaitons maintenir nos plages de consultations en<br />
santé sexuelle et reproductive et renforcer nos collaborations<br />
avec les plannings familiaux et l’ONE.<br />
Au mois d’avril 2013, notre centre médical « a pris des couleurs<br />
» ! Nous avons déménagé pour accueillir les patients<br />
dans un environnement bien plus agréable !<br />
En 2013-2014, notre mission « SPÉCIALISTES »…<br />
… s’est poursuivie en intégrant de nouveaux collaborateurs<br />
médecins !<br />
Notre réseau permet en effet d’offrir des soins de seconde<br />
ligne aux bénéficiaires qui en ont besoin durant leur accompagnement,<br />
et qui ne disposent pas encore du droit aux soins<br />
durables. Assurées par une trentaine de bénévoles (médecins<br />
et accueillants), les consultations sont organisées à la fondation<br />
Baron Lambert (hôpitaux IRIS-SUD) qui met ses locaux à<br />
notre disposition tous les jeudi soirs. Les consultations dentaires<br />
ont lieu au clos Sainte Thérèse à Saint-Gilles.<br />
498 consultations médicales<br />
(ophtalmologie, chirurgie, ORL, gynécologie, kinésithérapie,<br />
urologie, dermatologie, médecine interne…) :<br />
+ 5,5% par rapport à 2012 !<br />
257 consultations dentaires<br />
En 2015, nous ouvrons un nouveau cabinet dentaire à la rue<br />
Botanique ! Des accords de collaboration se développent avec<br />
de nouveaux établissements hospitaliers, tandis que notre réseau<br />
actuel de médecins spécialistes s’étend et se renouvelle.
ACCOMPAGNER<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
Et notre<br />
COZO anversois !<br />
Tout comme le CASO de Bruxelles, le COZO à Anvers ne<br />
« tournerait » pas sans la collaboration de tous les bénévoles.<br />
En 2013, 60 bénévoles y étaient actifs, dans des domaines<br />
très variés : accueil et soutien administratif, greffiers, infirmiers,<br />
médecins, psychologues/psychothérapeutes, assistants sociaux,<br />
nutritionnistes, entraîneurs sportifs.<br />
Tout le suivi de cette offre de soins complexe et intégrée est<br />
assuré par une équipe fixe au COZO, constitué d’un médecin,<br />
une psychothérapeute et deux assistantes sociaux.<br />
En 2013<br />
4 739 consultations<br />
ont été réalisées au COZO.<br />
SOINS INFIRMIERS ET MÉDICAUX<br />
Toutes les semaines, nos bénévoles font des consultations<br />
de soins infirmiers (soins de plaies, prises de sang, contrôle<br />
de la tension et du niveau de sucre, suivi hebdomadaire des<br />
médicaments). Ils réalisent également des sessions d’information<br />
et de prévention et s’assurent de l’éducation thérapeutique des<br />
patients (prise correcte du médicament…)<br />
qu’ils rencontrent dans leur accès aux soins et cibler leurs besoins.<br />
Ceci permet un travail en profondeur et davantage de patients<br />
peuvent être référés vers les soins de santé mentale « classiques ».<br />
- Projet Trauma & Exil<br />
Lancé en 2013, le projet « Trauma et Exil » a pris forme. Il s’agit<br />
d’apporter un soutien psychologique aux patients ayant souffert<br />
de leur parcours migratoire. Le projet Trauma & Exil sera reconduit<br />
les prochaines années. Nous mobilisons des thérapeutes :<br />
l’objectif est ensuite de pouvoir faire appel à eux pour référer nos<br />
patients exclus des soins. Le réseau existe mais il doit être consolidé<br />
et renforcé.<br />
PLATEFORME<br />
« FEMMES ENCEINTES VULNÉRABLES »<br />
Médecins du Monde et des acteurs de santé de terrain ont formé<br />
en 2011 une plateforme « Femmes enceintes vulnérables », au<br />
sein de laquelle MdM joue le rôle de moteur. Cette plateforme<br />
s’assure que les droits des femmes enceintes vulnérables soient<br />
respectés (accès aux soins périnataux et accouchements sécurisés).<br />
Pour plus d’infos, se référer à la partie “Zoom” de ce rapport<br />
(p.30-31).<br />
A l’initiative d’un des accueillants, la salle d’attente s’est transformée en une<br />
aire de jeux pour les enfants, pour leur plus grand bonheur. “C’est vrai, il y<br />
a maintenant plus de bruit dans la salle d’attente, mais c’est agréable : voix<br />
joyeuses, rires. Avant j’entendais surtout des pleurs et des plaintes des enfants.<br />
Cette aire de jeu est vraiment une grande amélioration ! »<br />
Les infirmiers sont en charge de la « pré-consultation » : si besoin,<br />
ils orientent les patients vers le médecin.<br />
ACTIVITÉS PRÉVENTIVES<br />
- Dépistage : En plus des soins qu’ils prodiguent au quotidien,<br />
les infirmiers ont une tâche très importante de prévention,<br />
en orientant les patients vers le VRGT 32 pour un dépistage<br />
tuberculose et vers l’Institut tropical d’Anvers pour les dépistages<br />
VIH et IST.<br />
- Activité sportive : Une fois par semaine, les patients du COZO<br />
ont la possibilité d’aller se promener au parc. Les patients<br />
reçoivent un podomètre et un objectif quotidien de 10.000<br />
pas à faire. Tous les patients viennent tant pour des raisons<br />
médicales (obésité, diabète, hypertension), que pour des raisons<br />
psychologiques et sociales.<br />
SOINS EN SANTÉ MENTALE<br />
L’objectif premier des soins en santé mentale est avant tout<br />
de stabiliser les patients avant de les référer dans le système<br />
de soins de santé « classique ».<br />
- Accompagnement psychologique<br />
Les patients qui sont orientés vers un psychologue sont d’abord<br />
reçus par une assistante sociale pour travailler sur les obstacles<br />
Les référencements vers des<br />
soins spécialistes à Anvers<br />
Parce que l’objectif spécifique de cette année a été d’assurer<br />
une meilleure qualité des soins intégrés, l’accent a été mis sur<br />
les référencements vers des soins de deuxième ligne, que ce soit<br />
dans des hôpitaux, des cabinets privés, ou même en interne, dans<br />
les murs du COZO.<br />
SOINS SPÉCIALISTES ET PARAMÉDICAUX AU COZO<br />
Certains soins spécialistes sont organisés en interne chez Médecins<br />
du Monde.<br />
➔ Orthopédie<br />
Depuis janvier 2013, un orthopédiste bénévole tient une consultation<br />
mensuelle, lors de laquelle il reçoit en moyenne 12 patients.<br />
Les médecins généralistes du COZO peuvent ainsi plus facilement<br />
faire une orientation interne. Il a formé les médecins généralistes<br />
et infirmiers du COZO à la détection de cas nécessitant une orientation<br />
ou de l’imagerie.<br />
32<br />
VRGT : Vlaamse Vereniging voor Respiratoire Gezondheidszorg en Tuberculosebestrijding<br />
(équivalent néerlandophone du FARES)<br />
37
38 ACCOMPAGNER<br />
➔ Pneumologie<br />
Depuis que le COZO existe, un pneumologue bénévole offre ses<br />
services. S’il était d’abord actif en tant que médecin de première<br />
ligne, depuis 2013, nous orientons les patients ayant des problèmes<br />
respiratoires complexes vers lui. Il exerce alors en tant<br />
que spécialiste. Tant les médecins que notre pneumologue considèrent<br />
cette façon de travailler comme une valeur ajoutée.<br />
➔ Diabète<br />
Depuis deux ans, grâce au soutien du GZA (GasthuisZusters<br />
Antwerpen), nous proposons des consultations spécifiques pour<br />
les diabétiques qui font face à certaines difficultés. Le médecin<br />
est supervisé par un endocrinologue et travaille en collaboration<br />
avec un spécialiste de l’éducation au diabète. Avec ce projet, le<br />
rôle crucial des diététiciens est apparu. Du matériel visuel a été<br />
élaboré sur l’importance d’une alimentation saine, ainsi que des<br />
outils pour apprendre à bien se nourrir à moindre coût. Une collaboration<br />
avec les banques alimentaires pour obtenir des colis pour<br />
diabétiques a été mise en place.<br />
➔ Psychiatrie<br />
Depuis janvier 2012, nous n’avons plus de psychiatre bénévole<br />
au COZO. Tous les psychiatres de la province d’Anvers ont été<br />
contactés, mais malheureusement sans résultat. Un médecin bénévole<br />
a montré de l’intérêt pour un suivi de patients psychiatriques.<br />
Depuis deux ans, elle tient une consultation pour ces<br />
patients.<br />
RÉFÉRENCEMENTS VERS DES SPÉCIALISTES<br />
AU SEIN DES HÔPITAUX GZA<br />
Depuis 2 ans, grâce à la convention de collaboration entre MdM<br />
et les hôpitaux chrétiens de la Ville d’Anvers GZA (GasthuisZusters<br />
Antwerpen), nos patients ont accès aux soins de deuxième<br />
ligne. La procédure de référencement entre les services sociaux<br />
du COZO et le groupe GZA fonctionne parfaitement. En 2013,<br />
25 référencements ont été organisés. MdM a pu faire appel aux<br />
spécialités suivantes : neurologie, gynécologie, radiologie, pédiatrie,<br />
endocrinologie, gastro-entérologie, proctologie, néphrologie<br />
et rhumatologie.<br />
AUTRES RÉFÉRENCEMENTS SPÉCIALISTES<br />
La collaboration avec le groupe d’hôpitaux GZA est une grande<br />
plus-value pour MdM, mais ne couvre pas tous les besoins de<br />
référencements. Certaines spécialités ne sont pas disponibles,<br />
d’autres sont sur-sollicitées. C’est pourquoi, le COZO a fait un<br />
important effort pour recruter des spécialistes, au sein d’autres<br />
hôpitaux/cliniques et dans des cabinets privés.<br />
➔ Référencements vers des spécialistes au sein d’autres<br />
hôpitaux<br />
Nous faisons appel à d’autres hôpitaux, en premier lieu le ZNA.<br />
16 patients ont ainsi pu bénéficier d’une consultation (orthopédie,<br />
ophtalmologie, urologie, hépatologie, gynécologie). Nous avons<br />
également pu compter sur une collaboration avec le service psychiatrique<br />
du ZNA. En 2014, nous avons intensifié cette collaboration.<br />
De longues listes d’attentes dans les services de soins de santé<br />
mentale, un accès difficile à la psychiatrie, et sans garantie<br />
aux hôpitaux, voilà pourquoi Médecins du Monde recherche<br />
toujours de nouvelles opportunités de référencement à Anvers.<br />
L’identification de thérapeutes prêts à recevoir des patients du<br />
CASO dans leur propre cabinet est très importante : ceci permet<br />
de garantir une approche pluridisciplinaire et une continuité du<br />
suivi.<br />
➔ Référencements vers des pratiques privées<br />
Nous sollicitons également des spécialistes qui exercent dans des<br />
pratiques privées.<br />
Depuis 2014, pour les besoins en imagerie des patients, certains<br />
spécialistes réalisent gratuitement une radiographie ou une<br />
échographie dans leur cabinet.<br />
Depuis septembre 2013, une collaboration avec un dentiste<br />
a été mise en place : il soigne bénévolement les patients du<br />
COZO. Il tient quatre rendez-vous libres par semaine pour ces<br />
consultations. Les médecins et les infirmiers sélectionnent les<br />
patients en fonction de l’urgence et les assistants sociaux étudient<br />
la possibilité d’une insertion dans le système de soins de santé<br />
classique. La demande en soins dentaire est forte.<br />
➔ Référencements vers le CPAS<br />
pour l’ouverture des droits<br />
Nous nous efforçons d’ouvrir le droit aux soins pour nos patients<br />
via le CPAS d’Anvers, auquel nous adressons également des<br />
demandes d’AMU. Depuis de nombreuses années, nous<br />
poussons le CPAS à changer certaines pratiques afin que le droit<br />
à la santé soit effectif.<br />
Tous les trois mois, nous avons une rencontre avec le CPAS<br />
afin de discuter des dossiers qui bloquent en espérant pouvoir<br />
trouver une solution. Certains cadres de l’AMU sont interprétés<br />
de manière très restrictive par le CPAS et engendrent souvent des<br />
retards de prise en charge et/ou des droits non ouverts.<br />
➔ Référencements spécialistes à la clinique du<br />
Baron Lambert<br />
Parce que cette clinique se trouve à Bruxelles, les référencements<br />
ne sont pas toujours simples d’un point de vue du coût du transport.<br />
Nous espérons donc trouver des solutions à Anvers.<br />
Nous référons les patients à Bruxelles pour les seules spécialités<br />
suivantes : ophtalmologie, ORL et dermatologie. En 2013, 30<br />
patients ont pu être référés, dont 20 pour des problèmes ophtalmologiques.
ACCOMPAGNER<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
Et à l’avenir ?<br />
• L’objectif de la collaboration entre MdM et GZA est bien<br />
entendu de prodiguer à nos patients les soins de santé dont<br />
ils ont besoin, mais aussi d’aboutir à l’ouverture de leurs<br />
droits. La collaboration permet l’établissement de solides<br />
dossiers de demandes d’Aide Médicale Urgente auprès du<br />
CPAS. Grâce au rapport établi par le médecin spécialiste,<br />
le référent médical du COZO peut compléter le dossier du<br />
patient, qui se voit remettre une garantie médicale par le<br />
CPAS. Il entre alors dans le système « classique » de soins !<br />
A Anvers, certaines Maisons Médicales ont également<br />
pris en charge des patients n’ayant pas accès aux<br />
soins de santé sans couverture médicale : c’est pourquoi<br />
elles ont également des besoins de référencement.<br />
La collaboration entre le groupe d’hôpitaux GZA<br />
et MdM a donc été élargie aux Maisons Médicales !<br />
Nous avons constaté que beaucoup de spécialistes du GZA<br />
ne connaissent pas Médecins du Monde, ou bien de manière<br />
trop floue. C’est pourquoi nous planifions une présentation<br />
en octobre 2014, en espérant les mobiliser sur notre<br />
projet.<br />
• Nous travaillons aussi à l’établissement d’un cabinet dentaire<br />
au COZO : nous serons donc bientôt de nouveau à la<br />
recherche de dentistes bénévoles !<br />
De tous les projets de Médecins du Monde, nos<br />
Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation<br />
comptabilisent le plus fort pourcentage de patients<br />
sans aucune prise en charge de leur santé au<br />
moment où ils se présentent aux consultations…<br />
alors que les besoins en santé sont bien là.<br />
Nous sommes, pour eux, un point d’ancrage<br />
temporaire. Toute la pertinence de nos CASO<br />
tient au travail d’orientations et de références :<br />
le patient doit être (ré)intégré dans le système<br />
classique de soins.<br />
En faisant le choix de cibler les publics les plus vulnérables,<br />
les suivis sont de plus en plus complexes<br />
et de plus en plus lourds : « référer » devient difficile<br />
pour nos équipes sociales qui doivent faire face à un<br />
nombre croissant d’obstacles. Avec nos actions de<br />
référencements de patients et avec nos actions de<br />
plaidoyer, nous témoignons de ces entraves, et<br />
demandons à ce que des changements structurels<br />
de long terme soient engagés au niveau<br />
des structures qui ouvrent le droit (entre autres les<br />
CPAS) mais aussi au niveau des structures de soins<br />
classiques, afin de prendre en charge de manière<br />
globale et intégrée ces publics et leurs spécificités.<br />
© Frédéric Pauwels<br />
La collaboration permet l’établissement de solides dossiers de demandes<br />
d’Aide Médicale Urgente auprès du CPAS.<br />
39
40<br />
ENTRETIENS<br />
Nos patients et<br />
nos volontaires<br />
nous parlent !<br />
« Je suis arrivée en Belgique en 2012. Je n’ai pas de mutuelle.<br />
Je suis tombée enceinte, mais je ne pouvais pas<br />
garder l’enfant. C’est une amie qui m’a dit de venir ici<br />
pour l’IVG, elle m’a dit qu’on prendrait soin de moi. Avant,<br />
c’était très difficile. Depuis que je suis venue ici, ça va, en<br />
tout cas pour la santé. »<br />
• Jeune femme congolaise, patiente de la consultation<br />
femmes du CASO<br />
© Kathleen de Meeûs<br />
« ‘Un possible : et notre désespéré reprend le souffle, il revit, car<br />
sans possible, pour ainsi dire, on ne respire pas’. 33 Dans un contexte<br />
de criminalisation des personnes dites «sans papiers», venir chaque<br />
mardi exercer bénévolement mon métier de psychologue au CASO<br />
de Médecins du Monde relève à mes yeux d’un engagement citoyen,<br />
d’un acte de résistance. Un cramponnement à ce qui nous fonde<br />
en tant qu’être humain et à l’idéal du Vivre Ensemble.<br />
Forcés par nécessité d’être invisibles, dans une situation de non-droit,<br />
l’estime de soi des patients que je reçois se trouve profondément affectée.<br />
Un sentiment constant de ne pas avoir la permission d’exister<br />
les hante. Nos entretiens psychologiques ont pour noyau un tissu<br />
déchiré, qu’il faut s’évertuer de réparer. J’accueille des désespoirs et<br />
je cherche à contenir les effondrements, en soutenant les bricolages<br />
de la pulsion de vie. Ensemble, nous faisons le pari d’offrir un<br />
lieu où ces personnes peuvent faire le récit de leur exil, et ainsi<br />
pouvoir enfin poser leurs bagages, en quelque sorte.<br />
Face à un discours politique marqué par la suspicion et le rejet, nous<br />
bataillons pour que l’immigré, le demandeur d’asile, l’étranger, trouve<br />
réassurance à être de nouveau quelqu’un de visible, quelqu’un de<br />
vivant (avec des désirs, des projets entendus et respectés).<br />
C’est donc un privilège pour moi de rencontrer ces personnes<br />
jugées « indésirables », et cela a abondamment nourri ma citoyenneté.»<br />
• Aurore, psychologue bénévole au CASO<br />
33<br />
Soren Kierkegaard, «Traité du Désespoir», Paris Gallimard, 1954<br />
« La colère c’est une énergie que je peux utiliser soit pour<br />
détruire, frapper, tuer, pour tout casser… mais je peux<br />
aussi l’utiliser pour construire. C’est ce que je fais chez<br />
Médecins du Monde. Quand j’accompagne quelqu’un,<br />
c’est l’aboutissement de tout un travail. Les assistantes<br />
sociales ont déjà préparé le dossier, et théoriquement,<br />
la rencontre avec le CPAS doit fonctionner.<br />
Je me rappelle qu’un beau jour, j’étais avec un jeune<br />
homme qui parlait arabe et un peu anglais. Au départ,<br />
je ne savais pas d’où il venait exactement. On était<br />
dans la salle d’attente. Jusque-là, il ne dit rien. Il n’y<br />
a personne d’autre que nous. Il était devant la fenêtre,<br />
et d’un coup, il s’est met à neiger. Tout était devenu<br />
blanc. Et il s’est mis à parler en anglais « : ‘Et maintenant,<br />
la neige, il ne manquait plus que ça…’. Il m’a alors<br />
tout expliqué : le Samu social, l’errance dès les petites<br />
heures du matin, son pays, les raisons de son départ…<br />
jusqu’à ce que nous retrouvions l’assistante sociale qui<br />
lui demande de quel pays il vient. Il lui répond : ‘Je n’ai<br />
pas de pays’. Ce jeune homme était Palestinien. Encore<br />
aujourd’hui, je reste très ému, je me suis rendu compte à<br />
quel point le fait de devoir quitter son pays, c’est quelque<br />
chose de fort. »<br />
• Eric, accueillant bénévole au CASO<br />
« «Mme X., originaire d’Erythrée,vivait dans la rue avec<br />
sa fille de 5 ans. Suite à des violences conjugales, elle<br />
a donné naissance à un troisième enfant à moins de 30<br />
semaines de grossesse. Elle a pu être hébergée dans un<br />
centre d’accueil pour réfugiés. Elle est arrivée chez nous<br />
en détresse psychologique et nous a demandé de l’hospitaliser,<br />
d’urgence. Grâce à la mobilisation rapide de notre<br />
équipe et un travail en réseau, nous avons pu la faire hospitaliser,<br />
sans l’éloigner de son nouveau-né et de sa fille . »<br />
• Natacha, responsable du CASO<br />
« J’ai rencontré Boris lors d’une de mes visites Rue des<br />
Alexiens. (…) Celui-ci fréquentait souvent nos consultations<br />
médicales. Un jour, j’ai organisé un rendez-vous<br />
pour lui dans une maison médicale. La semaine suivante,<br />
nous nous sommes recroisés. (…) Il m’a dit que sa rencontre<br />
avec le médecin avait été très positive et que ça<br />
allait mieux. Et en effet, son regard en témoignait. Depuis,<br />
je vois Boris de temps en temps au Plan Hiver. Il vient pour<br />
parler et même pour nous aider en tant d’interprète. (…) »<br />
• Frédéric, coordinateur bénévole du Plan Hiver<br />
en tant qu’interprète
ACTIONS<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
Nos plaidoyers<br />
en 2013<br />
Des familles Roms,<br />
femmes, enfants et<br />
nouveaux-nés,<br />
en errance à Bruxelles<br />
En 2013, le suivi médical de ces familles était<br />
assuré par Médecins du Monde.<br />
Depuis bientôt quatre ans, des familles migrantes de la<br />
communauté Rom sont en errance à Bruxelles et dans toute la<br />
Belgique : elles errent sans solution entre la rue, les squats et les<br />
centres d’hébergement d’urgence, dans le risque permanent<br />
d’être expulsées.<br />
Sur demande du Gouvernement, un travail politique a été lancé :<br />
nous comptons parmi les associations qui se sont mobilisées.<br />
L’objectif de cette « task force » est d’apporter des réponses<br />
structurelles et durables aux besoins médicaux et sociaux de<br />
ces familles en grandes précarités. Le 23 octobre 2013, lors<br />
d’un colloque organisé chez Médecins du Monde en partenariat<br />
avec le CIRE, Amnesty international, LdH et Rom en Rom, un<br />
manifeste a été rédigé avec deux principales directives :<br />
1- stabiliser…<br />
Les familles doivent pouvoir vivre dans le même lieu pendant<br />
une durée d’au moins deux ans… Or, le lundi 5 novembre<br />
2013, la commune de Saint-Josse finit par mettre à exécution<br />
l’expulsion du squat de GESU !<br />
2- offrir un suivi social de qualité…<br />
Il faut pouvoir travailler avec ces familles à leur insertion sur le<br />
long terme en matière d’emploi, de logement, de scolarité et…<br />
de santé !<br />
Aujourd’hui, aucune réponse satisfaisante n’est réellement<br />
apportée à la situation. Jusqu’au 30 Septembre 2014, ces<br />
familles avec enfants ont été hébergées dans un centre d’accueil<br />
du Samu social. Nous demandons au nouveau gouvernement<br />
d’activer rapidement ce manifeste pour que cette situation<br />
inacceptable cesse.<br />
L’importance du<br />
dépistage pour les<br />
publics précaires<br />
Dans le cadre de la semaine européenne du dépistage VIH et<br />
à la veille de la Journée Mondiale de la Lutte contre le virus,<br />
le parvis du Parlement européen a accueilli notre Médibus !<br />
En collaboration avec EATG et Ex-Aequo, des Tests Rapides<br />
d’Orientation Diagnostique (TROD) ont été réalisés au sein de<br />
notre cabinet de consultations mobile. Notre objectif ? Sensibiliser<br />
le public et les décideurs européens à l’importance<br />
du dépistage.<br />
Aujourd’hui, en Europe…<br />
2,3 millions de personnes vivent avec le VIH<br />
1 sur 3 ignore sa séropositivité<br />
50% des personnes séropositives débutent leur<br />
traitement tardivement.<br />
Aujourd’hui, en Belgique… les patients pris en charge au<br />
CASO à Bruxelles peuvent bénéficier de notre partenariat privilégié<br />
avec le centre Elisa. En 2015, nous voulons renforcer<br />
notre action dans le dépistage, et ce parce que nous touchons<br />
une population à risque. Pour ce faire, les TROD (tests<br />
rapides) présentent de nombreux avantages, dont celui de<br />
réaliser le dépistage là où se trouvent les personnes à risques<br />
ou toutes celles qui ne font pas la démarche d’elles-mêmes,<br />
quelle qu’en soit la raison. En termes de dépistage, la Belgique<br />
doit mieux faire, qu’il s’agisse du VIH, de l’Hépatite C<br />
ou d’autres pathologies infectieuses.<br />
Le dépistage dans sa forme mobile est d’autant plus pertinent<br />
pour Médecins du Monde que nous offrons en parallèle<br />
du diagnostic la possibilité d’ouvrir l’accès aux soins pour<br />
ceux qui ne l’ont pas, ou travailler à la réintégration des personnes<br />
dans des structures spécialisées pour leur prise en<br />
charge thérapeutique.<br />
41
42 PUBLICATION<br />
Le Livre vert<br />
sur l’accès<br />
aux soins<br />
est paru !<br />
A travers 34 entretiens et témoignages de<br />
l’ensemble des acteurs du secteur de la<br />
santé (professionnels de la santé, travailleurs<br />
de terrain, mutualités, patients et politiciens),<br />
ce Livre vert pose un regard sans<br />
complaisance sur l’accès aux soins en<br />
Belgique des plus vulnérables. Il est une<br />
initiative unique initiée par l’INAMI, les<br />
mutualités, et Médecins du Monde dans<br />
le cadre des 50 ans de l’assurance obligatoire.<br />
Le Livre vert inventorie les problématiques d’accès aux<br />
soins pour une série de populations spécifiques.<br />
• Une première partie porte sur les problèmes d’accès aux soins<br />
des personnes se trouvant en dehors du cadre de l’assurance<br />
obligatoire : les personnes en séjour irrégulier, sous<br />
visa, les européens, les demandeurs d’asile ou encore les<br />
Belges qui ne sont plus en ordre de mutuelle…<br />
• Une deuxième partie est consacrée aux problèmes d’accès aux<br />
soins pour une série de populations vulnérables qui ont<br />
des besoins en soins spécifiques : les primo-arrivants, les<br />
sans-abris, les travailleuses du sexe, les personnes ayant<br />
des problèmes de dépendance…<br />
• Une troisième partie – une revue critique des mécanismes<br />
existants –vise à améliorer l’accès aux soins en Belgique.<br />
Les principaux constats<br />
du Livre vert<br />
La Belgique est considérée comme un pays ayant une bonne<br />
protection sociale et un système de santé de qualité. Pourtant,<br />
pour une série de populations, l’accès aux soins est loin d’être<br />
toujours aussi évident. Pour des raisons administratives,<br />
financières, linguistiques, psychologiques ou autres, nombre<br />
d’entre eux se voient obligés de renoncer à des soins ou de les<br />
postposer. Les personnes exclues des soins sont pourtant<br />
celles qui en ont le plus besoin.<br />
Le Livre vert nous rappelle aussi que l’exclusion à la santé ne se<br />
limite pas aux seuls problèmes d’accès aux soins, mais qu’elle<br />
intègre aussi les déterminants sociaux de la santé : l’absence<br />
d’un logement adéquat, la difficulté d’avoir une alimentation saine,<br />
le chômage, les mauvaises conditions de travail, l’absence d’un<br />
entourage affectif stable.<br />
« L’organisation de l’écriture de certains chapitres n’a pas<br />
été tout le temps évidente Certains secteurs se caractérisent<br />
en effet par une offre de soins particulièrement morcelée ainsi<br />
qu’une organisation qui peut fortement varier d’une région à<br />
l’autre. Cette multitude d’acteurs, en elle-même, pose le problème<br />
de l’accès aux soins, puisque très vite, chaque acte de<br />
soins est segmenté et l’accès aux services n’est pas aisé. »<br />
Ingrid PELGRIMS, responsable de la rédaction du Livre<br />
vert et de l’organisation des tables rondes<br />
© Clément Deridder
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
Les inégalités sociales de santé en quelques chiffres…<br />
➔ Un homme de 25 ans diplômé de l’enseignement supérieur de type long peut espérer vivre en bonne santé pendant 18 ans de plus<br />
qu’un non-diplômé. Pour les femmes, cette différence est de 25 ans !<br />
➔ Lors du Plan Hiver 2012-2013, seuls 26 % des sans-abris qualifiaient leur état de santé de bon à très bon, contre 77 % de la population<br />
belge. Or, 30 % des sans-abris déclaraient consulter un médecin généraliste, contre 94,5 % de la population belge.<br />
➔ La participation des femmes issues des classes sociales faibles aux dépistages des cancers du sein et du col de l’utérus est respectivement<br />
13 % et 42 % inférieure que celle de la classe la plus élevée.<br />
➔ 1 Belge sur 7 reporte des soins de santé pour raisons financières. A Bruxelles, cela concerne 1 personne sur 4 ; parmi les familles<br />
monoparentales, 1 personne sur 3. 40% des chômeurs et des bénéficiaires du revenu d’intégration sont concernés.<br />
Les tables rondes<br />
et leurs recommandations<br />
politiques<br />
Le 28 mars 2014, plus de 300 personnes issues de l’ensemble<br />
du secteur de la santé ont débattu des principaux thèmes abordés<br />
dans le Livre vert, dans le cadre de tables-rondes : les Personnes<br />
hors cadre assurance soins de santé ; Sans-abris et santé mentale<br />
; Report de soins ; Groupes ayant des pratiques à risque ;<br />
Femmes et enfants en situation précaire ; Primo-arrivants.<br />
A l’issue de cette journée, de nombreuses stratégies opérationnelles<br />
ont été dégagées. 5 axes de recommandations prioritaires<br />
en sont ressortis.<br />
>> Oser une politique d’inclusion<br />
Notre système actuel prévoit toute une série de limites et de conditions<br />
pour bénéficier d’une aide médicale. Est-il vraiment efficace<br />
de mobiliser toute une administration, et les coûts qui y sont inhérents,<br />
pour se charger du contrôle ? Pourquoi ne pas oser une<br />
politique d’inclusion via la fusion des différents systèmes en un<br />
système unique d’assistance médicale standardisé et informatisé ?<br />
>> Renforcer les dispositifs existants<br />
De nombreuses réformes ont déjà été menées jusqu’à aujourd’hui<br />
pour améliorer l’accessibilité financière aux soins (interdiction<br />
de facturer des suppléments d’honoraires dans les chambres à<br />
deux lits ou des chambres communes, extention du Maximum A<br />
Facturer (MAF) pour les malades chroniques...).<br />
>> Renforcer le travail sur la prévention, une composante<br />
essentielle de la santé publique.<br />
Il s’agit d’améliorer le dialogue entre les dispensateurs de soins et<br />
les publics précaires, ainsi que de leur donner les moyens d’assurer<br />
un plus grand contrôle sur leur santé et d’améliorer celle-ci,<br />
notamment en s’adaptant à leur milieu et en évoluant avec celui-ci<br />
(approche de la réduction des risques, dépistage, adhérence thérapeutique…)<br />
« Sans exagérer, les Tables-rondes et le Livre Vert sont<br />
un succès immense. Jamais je n’ai participé à un colloque<br />
où l’institution officielle invitante s’est autant impliquée,<br />
convaincue par la qualité de la préparation. Nous allons<br />
sûrement pouvoir concrétiser plusieurs recommandations<br />
importantes pour les publics que nous soignons »<br />
Pierre Verbeeren, Directeur Général de Médecins du<br />
Monde Belgique<br />
>> Offrir des « soins sur mesure »<br />
les schémas traditionnels d’assistance ne sont pas taillés pour les<br />
patients qui sont refusés à cause de problèmes trop complexes :<br />
risques spécifiques de contracter l’hépatite C, le HIV et le SIDA,<br />
la gale, la combinaison de problèmes psychotiques avec l’usage<br />
de stupéfiants…<br />
>> Renforcer l’information au patient (« littératie en santé », en<br />
anglais « health literacy »)<br />
On entend par « littératie en santé » la capacité d’un individu à<br />
trouver, comprendre et utiliser l’information sur la santé de base,<br />
les options de traitement qui s’offrent à lui et à prendre des décisions<br />
éclairées concernant sa propre santé. Pour combattre<br />
l’inégalité des chances, les moyens doivent aussi être répartis de<br />
manière inégale.<br />
Ces recommandations destinées aux autorités publiques<br />
ont ensuite été rassemblées sous la forme d’un livre… blanc<br />
cette fois-ci ! Il présente un ensemble de stratégies opérationnelles<br />
que nous espérons voir reprises dans la définition<br />
des politiques de santé pour les prochaines années.<br />
43
44<br />
Conclusions et<br />
recommandations<br />
La précarité est un phénomène rampant qui s’immisce dans<br />
tous les pans de la vie quotidienne. De nos jours, les situations<br />
de précarité sont multiples, différentes et uniques<br />
pour chaque individu. Cette complexité est probablement<br />
l’une des difficultés majeures pour la combattre.<br />
Dans le domaine de la santé, là où la précarité devient douleur<br />
physique et/ou psychique, entre la reconnaissance d’un besoin<br />
de santé et le recours réel aux soins, entre la connaissance d’un<br />
risque et l’adoption de comportements favorables à la santé, se<br />
déploie, pour chaque individu vivant en précarité, toute une trajectoire.<br />
Nos bénévoles professionnels de santé sont chaque jour auprès<br />
des exclus des soins. Ce lien entre le bénévole et les personnes<br />
en précarité est une manière de (re)créer et de (re)tisser de la solidarité,<br />
et d’accompagner cette trajectoire. Médecins du Monde<br />
investit les lieux de vie de ces personnes vulnérables pour tenter<br />
d’en faire des opportunités de santé.<br />
Au sein de nos différents lieux de consultations, nous sommes<br />
confrontés au paradoxe saisissant que les personnes qui ont le<br />
plus de besoins en soins sont ceux qui ont le plus de mal à<br />
avoir un accès aux soins. Simplement dit, les individus en plus<br />
grande souffrance psychique et physique peinent davantage et/<br />
ou échouent à s’insérer dans le système de santé. Les raisons<br />
de cette non-insertion sont multiples et variées ; et les barrières<br />
(administratives, psychiques, culturelles…) s’additionnent quand<br />
elles ne se complexifient pas les unes les autres.<br />
Pour inclure ces populations exclues des soins, Médecins du<br />
Monde demande un travail simultané et cohérent, collectif et<br />
structurel sur trois axes majeurs.<br />
AXE 1<br />
Oser une politique<br />
d’inclusion et instaurer<br />
une Couverture Médicale<br />
Universelle en Belgique<br />
Pour les bénéficiaires des systèmes subsidiaires (Aide Médicale<br />
Urgente, Fédasil…), Médecins du Monde demande<br />
une fusion des systèmes « subsidiaires » au niveau d’une<br />
caisse fédérale et/ou régionale qui suit les mêmes règles<br />
de remboursement et mécanismes de contrôle que l’INAMI.<br />
L’objectif est d’enlever tout le caractère discriminatoire du système<br />
existant 34 .<br />
Dans le cadre de la couverture universelle, Médecins du Monde<br />
défend une véritable protection médicale et une non-expulsion des<br />
personnes gravement malades qui n’ont pas accès aux soins dans<br />
leur pays d’origine.<br />
Cette politique d’inclusion demande une ré-affirmation du<br />
droit à la santé pour tous, peu importe le statut administratif<br />
de la personne. Pour que ce droit soit effectif, cette ré-affirmation<br />
doit s’accompagner de mesures impactant :<br />
- la non-connaissance. L’offre de soins n’est pas connue par les<br />
publics précaires. Sont en cause le manque d’accès à l’information,<br />
la mauvaise transmission des informations de la part du<br />
prestataire social…<br />
- la non-demande. Quand l’offre de soins est connue, elle peut ne<br />
pas être demandée par les groupes vulnérables. Sont en cause<br />
la stigmatisation, le manque de confiance envers l’institution,<br />
l’anticipation des difficultés, les difficultés de procédure…<br />
- la non-réception. L’offre de soins est connue et demandée,<br />
mais non-obtenue. Sont en cause l’abandon de la demande, les<br />
changements de conditions d’octroi en cours de procédure, les<br />
discriminations, les dysfonctionnements du service prestataire…<br />
34<br />
Discrimination administrative : en fonction de son statut de séjour, la personne a<br />
des droits différents. Discrimination géographique : chaque pratique de CPAS est<br />
différente et la prise en charge peut varier d’un CPAS à l’autre. Si ce système peut<br />
être compréhensible dans le cadre de l’aide sociale (où l’aide devient résiduaire),<br />
dans le cadre de l’AMU pour les personnes en séjour irrégulier, nous devons être<br />
dans un système où soit la personne a accès, soit elle ne l’a pas.
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
AXE 2<br />
Offrir des soins<br />
«sur mesure» aux groupes<br />
précaires exclus<br />
des soins<br />
Médecins du Monde demande qu’il y ait une structuration<br />
des services, et que ces structures défendent une approche multidisciplinaire,<br />
flexible et proactive où les personnes exclues des<br />
soins :<br />
- peuvent bénéficier de soins de santé primaire (y compris la santé<br />
sexuelle et reproductive dans sa globalité)<br />
- avec des conditions d’accès non-discriminantes et respectueuses<br />
- visant un objectif, celui de la (ré)intégration de ces personnes<br />
dans la première ligne de soins traditionnelle.<br />
Cet ensemble de services doit exister tant en milieu urbain que<br />
rural, et doit chercher à être le trait d’union entre les lieux de vie et<br />
de socialisation et le système de santé classique. L’obsession de<br />
cet ensemble de services, insérés dans une ligne de soins «santé-précarité»,<br />
appelée aussi « ligne de soins 0.5 », est l’exclusion<br />
– la continuité doit être quant à elle garantie dans et par la première<br />
ligne classique.<br />
AXE 3<br />
Renforcer l’offre d’accueil<br />
et de soins des<br />
structures de la<br />
première ligne<br />
Médecins du monde plaide pour un renforcement de l’offre<br />
de soins global en première ligne. Cette offre de soins doit être<br />
pensée pour un public multi-vulnérable ; la prise en charge doit<br />
être multidisciplinaire et globale, flexible et accessible.<br />
Au sein de cette première ligne, de nouveaux métiers doivent<br />
être créés afin d’augmenter la «health litteracy» des individus, et<br />
améliorer par-là l’adhésion au système de santé : des médiateurs<br />
multiculturels, des accompagnateurs psycho-sociaux…<br />
L’intégration systématique d’un volet « santé-précarité » dans la<br />
formation de base et dans la formation continue de médecine<br />
générale est aussi un élément primordial pour favoriser l’inclusion<br />
de ce public.<br />
Même si nous sommes conscients qu’il n’est qu’un des facteurs influençant les inégalités sociales de santé, l’accès aux soins de santé<br />
est une évidence pour Médecins du Monde. Il est temps que nous ayons une réelle politique de santé publique qui privilégierait<br />
l’accès de tous et sans entrave à une couverture maladie vraiment universelle 35 . Ce choix politique se justifie par des<br />
arguments juridiques 36 , par des arguments de santé publique 37 , par des arguments économiques 38 mais aussi et simplement<br />
par des arguments moraux et éthiques découlant de la pratique des professionnels de santé. Discuté au niveau<br />
international, il doit devenir un thème à aborder en Belgique. »<br />
35<br />
Couverture médicale universelle : l’objectif d’une couverture universelle de santé est de s’assurer que toutes les personnes aient un accès aux services de santé dont ils ont<br />
besoin sans rencontrer de barrières – OMS –<br />
36<br />
La Constitution belge déclare : « Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine. A cette fin, la loi, le décret ou la règle (…) garantissent (…) les droits économiques,<br />
sociaux et culturels (…). Ces droits comprennent notamment (…) le droit à la sécurité sociale, à la protection de la santé et à l’aide sociale, médicale et juridique »<br />
(article 23). Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels dit : « Les états parties (…) reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur<br />
état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre » (article 12).<br />
37<br />
Faciliter l’accès aux soins permet une prise en charge précoce et un dépistage des maladies infectieuses, ce qui a évidemment un impact positif sur la santé publique dans<br />
sa globalité.<br />
45<br />
38<br />
En termes d’économie de la santé, il a été démontré qu’un accès à la première ligne est moins coûteux qu’une prise en charge hospitalière.
46<br />
Remerciements<br />
Le travail quotidien d’«aller<br />
vers», de dispenser des soins<br />
de qualité, d’accompagner et<br />
de défendre les droits… a été<br />
rendu possible par l’investissement<br />
et la collaboration tant<br />
des équipes salariées que des<br />
équipes de bénévoles. Le premier<br />
signe fort de solidarité envers<br />
les personnes exclues des<br />
soins de santé nous vient de<br />
leur engagement et de leur professionnalisme.<br />
En 2013, Médecins<br />
du Monde comptait 455<br />
bénévoles et 50 salariés.<br />
Ces bénévoles et ces travailleurs<br />
sont donc les premiers acteurs<br />
à faire de l’accès aux soins<br />
une réalité quotidienne : ils nous<br />
montrent qu’une société plus<br />
juste est possible, et qu’elle le<br />
devient en étant solidaires.<br />
Nous leur disons Merci !<br />
« On se sent utile, et je trouve que<br />
d’un côté, ça remplit. Je ne dis pas<br />
que j’ai besoin de ça : je vois des<br />
gens tous les jours, je n’ai pas de<br />
problème à ce niveau-là. Penser<br />
que l’on fait quelque chose pour<br />
lutter contre la misère humaine,<br />
c’est cela qui est motivant. »<br />
Philippe, référent au Plan Hiver<br />
et au Médibus<br />
Equipes bénévoles :<br />
Abena Edwige, Adam Marleen, Aerts Heleen, Aerts Ingrid, Aesloos Elke, Aguado Gonzalez Gabriela, Ahraoui Chahrazade,<br />
Alhajouj, Ali Mahmoud, Allard Tim, Allewaert Nele, Amiel Caroline, Andries Myriam, Arslanian Anelga, Audoor<br />
Evelyn, Baert Eli, Bailey Elif, Baillon Jean-Marie, Baraza Julie, Barbe Rein, Bastide Nikita, Becquet Jade, Beek Rahim,<br />
Bellis-Scheer Irma, Benhammou Abdelkrim, Bérard Jérôme, Bertin May-Lis, Berton J.Christophe, Besson Anne,<br />
Bettencourt Natacha, Bikubu Fabrice, Bilcke Ann, Bilglç Samil, Blondiau Pierre, Bodson Julie, Bogaerts Michèle,<br />
Bogard Chantal, Bogard Philippe, Bohle Carbonell Francisca, Bollaerts Jean Claude, Bolsens Marc, Bonet Els,<br />
Born Emmanuelle, Boscia Ilaria, Bosmans Nicky, Bosteels Laurence, Bourgeois Annemie, Boutreur John, Bouttin<br />
Véronique, Breysens Louise, Broes, Myriam, Brossault Aurore, Bruininkx Ben, Bruyns Marie, Buchelot Anne Sophie,<br />
Buitinck, Irène, Buret Christophe, Busseuil Humphrey, Buyck Corneel, Cañellas Catalina, Caprace Nathanaëlle,<br />
Carlier Marie-Anne, Carre Domitille, Carriou Anne-Laure, Cauderlier Sophie, Caugant Isabelle, Cerralvo Francesca<br />
Marina, Ceulemans Christine, Ceuterick Elisabeth, Ceysens Hugues, Challouki, Imane, Charles Colette, Chevalier<br />
Claude, Chiem, Chinnici Daniela, Chot Laure, Christaens Suzanne, Cisse Bakary, CollenVanessa, Comeliau Nicole,<br />
Conix, Bart, Coremans Walter, Corongiu Elena, Correnti Maurilio, Crombé Florence, Cuyckens Jan, Cuyvers Roger,<br />
Daems Anjes, Dahl Ellen, David Hans-Joachim, De Béthune Xavier, De Block Ann, De Bock Erna, De Boel Ilke, De<br />
Clerck Isabelle, De Crée Ella, De Flores Mima, De Gennaro Elisabeta, De Geyter Katrien, De Groote Eric, De Jaer<br />
Béatrice, De Jamblinne Véronique, De Krahe Myriam, De Krahe Marthe, De la Fouchardiere Marc, De Passemar<br />
Claire, De Rycker Paul, De Smet Simone, De Vriendt, De Weerdt Lieve, De Wilde Harry, Debusschere Marion, Decerf,<br />
Marie, Deckx Christine, Deflo Gaston, Del Rio, Mario, Delescluse Timothée, Delori Caroline, Deltour Philippe,<br />
Demanet Bernadette, Demoulin Isabelle, Denneulin Clémence, Derenne Marie, Desoignies Marjorie, Desrumaux<br />
Wilfried, Desseaux Laure, Dewaele Frank, Dewaele Karlien, Dewind Dominique, Dhaene Frédéric, Dierick Claire,<br />
Dierickx Veerle, Dille Anne-Françoise, Dion Virginie, Dochen Camille, Dufrasne Aurore, Dujardin Marina, Dujeu Maud,<br />
Dumontier Emilie, Duquaine Jacqueline, Edwards Lucy, El Sayyed Tareq, Engels Marc, Eraly Kitty, Errachidi R’Kia,<br />
Eskenazi Anaïs, Expeels Anne, Faelens Magda, Farée Lucila, Farias-Rivas Alfonso, Ferrare Alyssia, Ferté-Devin<br />
Anouk, Fierens Greta, Fierens, Greta, Flores Lupe, Foidart Willems, Jacqueline Foucault, Anaïs France Yannick,<br />
Francescangeli Laura, Frantzen Pratima, Furrer Edwige, Gaillet Etienne, Gaudion Charlotte, Gautier Céline, Gautreau<br />
Manon, Gaye Annick, Gázquez María, Gazquez Lopez Maria, Geerts Ludo, Gepts Lode, Gerin Sylvia, Ghaddhab<br />
Nizar, Gheur Claire, Giacomo Bruno, Giambona Aurélien, Giarra Helene, Goffin Sarah, Goovaerts Marie, Grenez<br />
Marie, Gubin Baudry, Guillaud Sylvie, Guillaume Thierry, Guiot Adrien, Gunst Nele, Guyot Jean-Marc, Haenen Leo,<br />
Heijs-Pham Jacqueline, Hendrickx Brigitte, Hernando Nathalia, Herry André, Heymans Marc, Heyvaert Frank, Hollants<br />
Lennie, Honhon Sabine, Hosten Edouard, Hovine Margaux, Hubert Michel, Huyghe Sigrid, Ibalayam Nkoy<br />
Christian, Impellizeri Isabelle, Issaad Sarah, Jaber Sanaa, Jacobs Martin, Jadot Emilie, Janssen Cindy, Janssens<br />
Michèle, Janssens Stef, Javdani Zahra, Jelezek Nadine, Jraich Chaimae, Joos Christian, Juneidi Suleiman, Jurdant<br />
Anouk, Kasongo Kakupa Danny, Kervyn Benoit, Kervyn Guy, Kestens Eliane, Kibobo Mputu Guélord, Kieft Suzanne,<br />
Kips Delphine, Kiss Samantha, Kolczok Elena, Kouadio Trésors, Krebs Françoise, Kreis Natacha, Kuylen Lieve,<br />
Laenens Greet, Lambert Rita, Lambert Albert, Lamotte Laurence, Laurencin Arnaud, Laurent Amandine, Lauwers<br />
Frans Bob, Le Boulengé Chantal, Le Merkovic Ilona, Lebrun Gérard, Lefebvre Eleonore, Lejeune Michèle, Lepke Liv,<br />
Lepropre Sophie, Lerin Antoine, Leus An, Leyens Mireille, Leynen Françoise, Lopez Garcia Margarita, Louradour<br />
Gabrielle, Luyten Dirk, Mahyo Nassiha, Maillot Justine, Maira Matteo, Makita, Liliane, Maria Salud, Juan Ortiz, Masala<br />
Boly, Maskens Brigitte, Masson Veronique, Masureel Anne- Sophie, Matos Maria João, Meerts Alice, Mennig Clara,<br />
Mercier Cécile, Meurant Grégory, Meurice Thérèse, Meyer Audrey, Miazek Marta, Milicevic Vera, Millet M.Antoinette,<br />
Miranda de Ortuno Claudia, Moens Anouk, Molitor Julie, Monderer Samuel, Morel Eric, Moreno Cely Adriana, Morren<br />
Michèle, Mostaert Sophie, Moureau Eleonore, Munoz Valenzuela Ana Gabriela, Munyemirwe Gerard, Muyle Manon,<br />
Nagant Claire, Namulondo Mpaulo, Mary Anne, Naveau Béatrice, Neels Jolijn, Neggaz Marouane, Nicolas Marta,<br />
Noirfalise Magali, Ntshila Kabeya Tia, Okou Pacome Ange, Olaru Iona, Ordonez Pellon, Arabelle Ormini Laura,<br />
Othman Salwa, Oudaha Idir, Pannier Lin, Papiney Enara, Parres- Albert Angel, Pauwen Nathalie, Pavia Ivon, Payen<br />
Claude, Peerboom Françoise, Peeters Inge, Petit Sheila, Petruszka Monique, Piens Claire, Pietin Sophie, Pignon<br />
Charlotte, Pirouzdjou Poupak, Poelaert Geertrui, Poelaert Geertrui, Pol Thomas, Prervoteau Chady, Puig Joan-Père,<br />
Rademakers Nadine, Rancel leslie, Ravignon Hedwige, Reininger Béatrice, Renier Audrey, Rennotte Christine, Rens<br />
Gerda, Richelle Lou, Rifai Nassera, Rillaerts Eric, Rizvan Kadina, Robouch Isabelle, Roland François, Rombouts<br />
Sofie, Ronse Janneke, Rossignol Patrick, Sadi Michel, Salas Monia, Salvatori Amélie, Sartorelli Brigitta, Scarcez<br />
Jacques, Schaar Michel, Schillings Eric, Schlit Bernadette, Schroeder Floriane, Seaux Lieve, Seberechts Christine,<br />
Segers Muriel, Sels Lieve, Shand Marie, Sillen Hedwig, Silva Patricia, Silva Margarida, Simao Salomé, Simon Patricia,<br />
Smal Alexandra, Snick Hilde, Soeleimansjah Fari, Soetewey Wis, Souhail Farid, Springael, Steenman Eric, Steyaert<br />
Agnes, Stockmans Lola, Stouffs Adèle, Streel Geneviève, Sungani Mariana, Supo Flor, Romero Margerita, Surma<br />
Magdalena, Szyper Michèle, Tennstedt Christiane, Tennstedt Françoise, Tenzer-Baillon Denise, Thielemans Paul,<br />
Thiry Perrine, Titeca Evelyn, Tom Van liefferinge, Tomàs Laia, Torfs Marlies, Tran Hoan, Tshibuabua Guylan, Tsobgni<br />
Vivette, Tsumbu Nlandu, Michel Sadi, Tunbekici Talat, Urbain, Céline, Uwimbabazi Noella, Valles Gwendoline, Van<br />
Bellingen Nicole, Van Bragt Stefan, Van Caster Jean Marie, Van Cleempoel Roland, Van de Steen Pascale, Van<br />
der Linden Caroline, Van der Plancke Véronique, Van Dijck An, Van Duppen Dirk, Van Eekert Martine, van Egten<br />
Nathalie, Van Gils Pierre-Yves, Van Haver Emma, Van Hecke Sarah, Van Herreweghe Miejeanne, Van Immerseel An,<br />
Van Looveren, Anne, Van Luchene Ria, Van Oosterwijck Nicole, Van Osta David, Van Peel Dirk, Van Reusel Elly, Van<br />
Roy Jean-Marie, Van Suetendael Luna, Van Vooren Priya, Van Voorst Manuela, Van Wesemael Rita, Van Wijnendaele<br />
Rodolphe, Vandenbroucke Alexia, Vandeputte Ludovic, Vandergunst Rita, Vanderlinden Eric, Vanderstraeten<br />
Nicole, Vandoorne Lore, Vangeel Lucas, Vanhauwaert Ingrid, Vanneste Laurent, Verberck Kim, Verbrugghe Brecht,<br />
Vercauteren Drubbel Maëlle, Verhas Michel, Verhoeven Etienne, Verjans Joël, Vermeulen Michel, Vernimmen Mark,<br />
Verschuren Zoë, Verstraeten Laura, Vervoort Katrien, Verwacht Guy, Verweirde José, Vilain Morgane, Vleminckx<br />
Maud, Von Waldburg Thomas, Vrancke Sofie, Waelkens An, Wagner Erika, Wante-Nuttin Claudine, Watterman Tanguy,<br />
Wauthier Laurence, Wezel Anne, Wijgers, Sonja, Wils Griet, Winterbeek Caroline, Wirtz Dominique, Witteveen<br />
Daphne, Wouters Natascha, Wyn Benoit, Yacine Ouafa, Zaniewski Zofia, Zida Anta
MÉDECINS DU MONDE<br />
PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />
Equipes salariées des projets belges :<br />
Coordination générale :<br />
Manantsoa Sofie, Heymans Stéphane, Pelgrims Ingrid<br />
Anvers :<br />
De Bruyne Kathleen, Yacine Ouafa, Smits Marijke, Anthuenis Katrien,<br />
Erven Greet, Meylemans Hilde<br />
Bruxelles :<br />
Annez Nathalie, Thérèse de Foy, Geneviève Loots, Sophie Bleus,<br />
Sophie Damien, Natacha Dewitte, Maud Durant, Steffens Marité,<br />
Lahaye Sophie, Nadeau Chloé To Amy, Sugumi Tanaka<br />
« J’ai toujours été attiré par la Déclaration<br />
universelle des droits de<br />
l’homme. Elle a à peu près le même<br />
âge que moi. C’est un peu comme<br />
une grande sœur. (…) Je trouve<br />
que c’est un document extraordinaire.<br />
(…) Médecins du Monde est<br />
un endroit où l’on essaye de fédérer<br />
les compétences, les énergies, les<br />
moyens financiers mis au service de<br />
la Déclaration des droits de l’Homme,<br />
en ciblant un article, l’article 25 sur<br />
l’accès aux soins de santé. Je trouve<br />
cela formidable. »<br />
© Mark Baert<br />
Eric, accueillant et soutien<br />
social au CASO<br />
Nos partenaires financiers :<br />
INAMI, NIF, Gasthuiszusters Antwerpen, Ello mobile, Cocom, Fondation Roi Baudoin, SPP Intégration Sociale, Fédération Wallonie-Bruxelles, Villes<br />
d’Anvers, Province d’Anvers, CPAS de la louvière, 4S, STIB, BNP Fortis, Cocof, Fonds d’impulsion pour les immigrés (FIPI), Loterie Nationale.<br />
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© Frédéric Pauwels<br />
NOUS SOMMES TOUS MÉDECINS DU MONDE<br />
MÉDECINS DU MONDE<br />
Rue Botanique 75 I B-1210 Bruxelles I T. +32 (0)2 225 43 00 I F. +32 (0)218 69 00<br />
info@medecinsdumonde.be I www.medecinsdumonde.be<br />
Responsables publication : Marie-Anne Robberecht, Marion Darrière<br />
Rédaction : Kathleen Debruyne, Natacha Dewitte, Stéphane Heymans, Trésors Kouadio, Etienne Verhoeven, Michel Roland, Geneviève Loots<br />
Relecture et lissage des textes : Emmy Deschuttere, An-Heleen De Greef, Jeroen Janssens, Marion Darrière, Anke Hoenraet, Clément Deridder<br />
Mise en page et production : Gilgraphic<br />
Images : Frédéric Pauwels, Mark Baert, Kathleen de Meeûs, Clément Deridder, Lucyna Piotrowska