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MÉDECINS DU MONDE<br />

Projets BELGES<br />

ETAT DES LIEUX DE L’ACCÈS AUX SOINS<br />

CHIFFRES 2013<br />

© Frédéric Pauwels


Charte des valeurs<br />

MÉDECINS DU MONDE EST UNE ASSOCIATION DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE<br />

QUI A POUR VOCATION<br />

» de soigner les populations les plus vulnérables dans des<br />

situations de crises et d’exclusion partout dans le monde et en<br />

Belgique,<br />

» en suscitant l’engagement volontaire et bénévole de médecins,<br />

d’autres professionnels de la santé, ainsi que des professionnels<br />

d’autres disciplines nécessaires à ses actions,<br />

» en s’assurant l’appui de toutes les compétences indispensables<br />

à l’accomplissement de sa mission,<br />

» en privilégiant en toutes occasions des relations de proximité<br />

avec les populations soignées.<br />

A PARTIR DE SA PRATIQUE MÉDICALE ET EN TOUTE INDÉPENDANCE,<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

» révèle les risques de crises et de menaces pour la santé et<br />

pour la dignité afin de contribuer à leur prévention,<br />

» mobilise des partenaires pour les actions de solidarité sortant<br />

du champ de la santé,<br />

» dénonce par ses actions de témoignage les atteintes aux<br />

droits de l’homme et plus particulièrement les entraves à<br />

l’accès aux soins,<br />

» développe de nouvelles approches et de nouvelles pratiques<br />

de la santé publique dans le monde, fondées sur le<br />

respect de la dignité humaine,<br />

» s’engage auprès de ses donateurs à entretenir des relations<br />

d’une totale transparence,<br />

» milite pour instituer, en fonction d’une éthique de la responsabilité,<br />

les valeurs de la médecine humanitaire.<br />

© Fréderic Pauwels<br />

En privilégiant en toutes occasions des relations de proximité avec les populations soignées.


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

Sommaire<br />

» 04-05 Avant-propos<br />

» 08-09 Notre ligne de soins « santé-précarité »<br />

» 10-16 Chiffres 2013<br />

» 17 ALLER VERS : à la rencontre des plus vulnérables<br />

17-19 Promouvoir la santé au féminin<br />

20-22 (Re) créer des liens avec le Médibus<br />

23-27 Soigner dans les centres d’accueil et d’hébergement<br />

28-29 Appuyer le relais-santé à La Louvière<br />

30-31 Zoom I Être femme et mère en situations de grandes précarités<br />

32-33 Focus I Notre enquête sur les violences en rue<br />

» 34 ACCOMPAGNER : garantir l’accès et le droit à la santé pour tous<br />

34-39 Offrir des soins de santé de qualité - CASO/COZO<br />

40 Entretiens I Nos patients et nos volontaires nous parlent<br />

41 Actions I Nos plaidoyers en 2013<br />

42-43 Publication I Le Livre Vert sur l’accès aux soins est paru !<br />

» 44-45 Conclusions et recommandations<br />

» 46-47 Remerciements<br />

3


4<br />

Edito<br />

Médecins du Monde, notre histoire, nos valeurs<br />

Une introduction pour le rapport des missions belges ? Le texte<br />

parle de lui-même, c’est plutôt une conclusion que je devrais<br />

écrire, une conclusion qui soulignerait l’énorme engagement de<br />

tous nos travailleurs, de tous nos collaborateurs, statutaires ou<br />

bénévoles, ceux d’ici, les expatriés et les locaux pour soigner<br />

« toute la misère du monde » et se battre pour une humanité plus<br />

juste et plus solidaire.<br />

Médecins du Monde, tout le monde connaît, a déjà vu la<br />

petite colombe et le rameau d’olivier de la paix sur le logo rond<br />

et bleu (où les cinq feuilles représentent les cinq continents alors<br />

que la forme ronde rappelle le globe terrestre), a reconnu des<br />

tee-shirts lors des 20 kms de Bruxelles, a été sollicité par<br />

des collecteurs de fonds en rue, a croisé le MediBus, sait<br />

qu’à Bruxelles, il y a un CASO, et aussi un COZO à Anvers,<br />

et des consultations au SAMUsocial, et des sans-papiers,<br />

et des exclus de toutes sortes, qui n’ont pas de domicile,<br />

pas de mutuelle, que de tous ceux-là dans notre société,<br />

quasi personne ne s’occupe. Et que Médecins du Monde<br />

veut aider sur le plan de leur santé et aussi du reste « ceux<br />

que le monde oublie peu à peu ».<br />

La valeur fondamentale de Médecins du Monde: faire en<br />

sorte que tous sans aucune distinction puissent bénéficier<br />

de soins de qualité. Cela ne date pas d’hier! Au 18 ème siècle<br />

déjà, certains médecins et chirurgiens interviennent directement<br />

sur les champs de bataille pour apporter aux blessés les secours<br />

immédiats dont ils ont besoin grâce à des ambulances volantes<br />

(les ancêtres de notre MediBus). Mais c’est à la bataille de Solférino<br />

qu’Henry Dunant, homme d’affaires protestant évangélique,<br />

avec le concours de quelques amis, met sur pied un système<br />

organisé de soins à tous les combattants, indifféremment amis et<br />

ennemis. Le système de soins mis en place deviendra plus tard<br />

le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), qui aujourd’hui<br />

et depuis plus d’un siècle, s’efforce de prévenir la souffrance<br />

par la promotion et le renforcement du droit et des principes<br />

humanitaires universels. Il rassemble à ce jour 186 Sociétés<br />

nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge. On retrouve<br />

dans cet engagement de la Croix-Rouge le premier pilier du<br />

trépied idéologique de Médecins du Monde : « SOIGNER ».<br />

En 1971, plusieurs médecins français étaient au Biafra dans<br />

le cadre d’une mission de la Croix-Rouge. Depuis 1967, le<br />

Nigeria est le théâtre d’une féroce guerre civile au départ de la<br />

sécession d’une province orientale, le Biafra, qui s’autoproclame<br />

« république ». En réponse, le gouvernement organise un blocus<br />

de la région, terrestre et maritime, dont la conséquence est la mort<br />

de un à deux millions de personnes en raison de la famine qui<br />

s’ensuit. La neutralité absolue devant de telles situations reste-telle<br />

éthiquement acceptable ? Surtout que les crises politiques,<br />

les guerres fratricides avec leurs habituelles violences faites aux<br />

civils, conjointement à de terribles catastrophes naturelles, sont<br />

nombreuses en cette époque : le grand séisme au Pérou, le cyclone<br />

de Bhola qui frappe le Pakistan oriental (actuel Bangladesh),<br />

les massacres des Palestiniens en Jordanie lors du Septembre<br />

Noir, tout cela en 1970. Plusieurs des médecins présents au<br />

Biafra, autour de Bernard Kouchner, le plus médiatique d’entre<br />

eux, décident alors de créer une association qui allierait aide<br />

humanitaire et actions de sensibilisation auprès des médias et<br />

des institutions politiques. Médecins sans Frontières est fondé en<br />

décembre 1971, et affirme le deuxième pilier du trépied de<br />

Médecins du Monde : « TÉMOIGNER ».<br />

En 1980 est fondé Médecins du Monde. Cette nouvelle<br />

ONG veut s’impliquer encore plus dans le plaidoyer et la<br />

dénonciation des injustices et des inégalités dans le but de<br />

les diminuer. Le trépied idéologique de base de MdM est<br />

alors complet : « SOIGNER, TÉMOIGNER, CHANGER ».<br />

Car à quoi sert le témoignage, a fortiori le plaidoyer, si<br />

ce n’est à espérer ou à vouloir changer la réalité de la<br />

situation dénoncée ? Et c’est là le sens d’avoir ajouté aux<br />

deux premiers piliers du trépied le troisième, sans doute le<br />

plus important : le changement. Promouvoir le changement,<br />

l’accompagner, le provoquer, l’initier et/ou le réaliser, ce ne sont<br />

là que des questions d’échelle, de niveau d’intervention, de<br />

participation passive ou active. Ces déclarations d’intention sont<br />

relativement récentes au sein de Médecins du Monde, du moins<br />

de manière aussi claire, aussi explicite, et elles sont encore source<br />

de discussions, de degrés de positionnement, sinon de débats<br />

plus ou moins animés, plus ou moins acharnés, plus ou moins<br />

polémiques. Il est par exemple évident que, par nature, MdM<br />

est à l’origine une structure de soins, même si ceux-ci ne visent<br />

pas préférentiellement l’urgence comme MSF. Mais dans quelle<br />

mesure ces soins constituent-ils l’objectif premier et ne sont-ils<br />

pas aussi (essentiellement ?) le meilleur moyen pour construire du<br />

« matériel » de plaidoyer et alimenter des actions de changement<br />

social ?<br />

Et il est question ici autant des problèmes de fond et d’objectifs<br />

que de ceux de forme et d’image. Il est une nécessité d’interpeller<br />

le pluralisme officiel de l’organisation, la coexistence de valeurs<br />

complémentaires sinon contradictoires, la cohérence entre<br />

l’humanitaire et le politique.


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

© Fréderic Pauwels<br />

Mais il est évident que des positions radicales sur certaines<br />

problématiques de santé risquent d’éloigner les individus, les<br />

structures et les systèmes qui reconnaissent bien entendu comme<br />

tout le monde aujourd’hui la réalité des inégalités de santé, mais<br />

pas que leur origine se situe dans les conditions économiques<br />

et sociales. Et pourtant la séquence causale, à l’échelon collectif<br />

mais aussi individuel, va bien dans le sens social-santé et pas<br />

l’inverse. Ceux qui sont en bas de l’échelle sociétale, les personnes<br />

en situation de précarité, les exclus, quels qu’ils soient, traduisent<br />

bien cette réalité du gradient social, conséquence directe<br />

de l’organisation de la Cité, c’est-à-dire du système politicoéconomique<br />

qui la sous-tend. Et tous ceux là sont justement<br />

ceux que nous voulons préférentiellement prendre en<br />

compte, écouter, et soigner, évidemment. Témoigner de<br />

cette réalité et vouloir la changer peut faire que Médecins<br />

du Monde quitte son image de neutralité absolue. Peut-on<br />

rester neutre face à l’horreur, aux catastrophes naturelles,<br />

aux guerres programmées, aux violences faites aux hommes<br />

et surtout aux femmes, à l’exploitation éhontée des pays<br />

et des territoires, aux causes bien connues des famines, à<br />

l’appauvrissement organisé des pays dits moins avancés<br />

par un ordre économique mondial basé sur le marché et<br />

le profit, tout cela alors que, le plus souvent, les causes<br />

sont connues et les chronologies du temps soigneusement<br />

préparées ? Où commence le soin, où continue le plaidoyer,<br />

où s’arrête la volonté de changement ? Le but est-il le droit à<br />

la santé et pas seulement le droit aux soins, dans la mesure où le<br />

droit à la santé dépasse le seul système sanitaire pour s’inscrire<br />

plus globalement dans le système général et l’organisation<br />

sociale ?<br />

Progressivement et surtout au début sous la tutelle et dans<br />

la cohérence idéologique de MdM France, la « maisonmère<br />

», des sections nationales s’ouvrent un peu partout<br />

dans le monde. Actuellement on en compte 15 : en Belgique,<br />

au Luxembourg, aux Pays-Bas, en France évidemment,<br />

en Grèce, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, au Japon,<br />

au Canada, en Espagne, au Portugal, en Allemagne, en<br />

Suède, en Suisse et en Argentine. Quasi toutes développent<br />

des programmes nationaux dits domestiques à côtés des<br />

programmes internationaux souvent menés en collaboration<br />

internationale et avec d’autres ONG. Actuellement, on compte<br />

147 programmes internationaux dans 65 pays, et 165<br />

projets nationaux dans les 14 pays des sections locales.<br />

En ce qui concerne MdM Belgique, nos programmes internationaux<br />

couvrent le Mali, le Niger, la Tunisie, le Maroc, Haïti, la République<br />

Démocratique du Congo.<br />

Du côté de la Belgique, ce rapport vous décrira nos projets<br />

domestiques dans le détail, que ce soit à Bruxelles (les<br />

consultations du CASO, le Plan Hiver, le Medibus, Avec<br />

Elles), à Anvers (les consultations du COZO, le Plan Hiver,<br />

Trauma et Exil) ou à La Louvière.<br />

Pour tout cela, je vous remercie tous très profondément, toute<br />

l’équipe de Médecins du Monde, salariés et bénévoles, en<br />

Belgique ou sur les terrains, pour l’énorme travail accompli,<br />

souvent dans des conditions particulièrement difficiles, mais<br />

toujours avec un engagement et un professionnalisme sans faille.<br />

Le présent rapport en est encore la preuve, s’il en fallait.<br />

Pr. Michel ROLAND<br />

Président de Médecins du Monde Belgique<br />

5


6<br />

Médecins du Monde Belgique<br />

est une des dernières associations fédérales<br />

Nos projets mobiles<br />

Avec Elles<br />

• Séances d’information et<br />

d’éducation à la Santé Sexuelle et<br />

Reproductive.<br />

• Accompagner les femmes dans<br />

leurs démarches de soins avec un<br />

réseau de marraines.<br />

« J’avais un bon job aux Philippines, mais<br />

mon histoire d’amour a mal tourné. J’étais<br />

avec un copain depuis dix ans, mais<br />

il n’allait pas bien. Il s’est mis à me battre,<br />

me battre, me battre. J’ai décidé de partir<br />

et d’essayer de rejoindre la Belgique. Je<br />

n’avais pas le choix ».<br />

Jiman, une jeune femme philippine<br />

rencontrée lors d’une animation du<br />

projet Avec Elles.<br />

+<br />

BRUXELLES<br />

Médibus<br />

• (Re) créer du lien et de la confiance<br />

entre les professionnels de santé et<br />

les bénéficiaires.<br />

• Offrir des soins préventifs et curatifs<br />

– volet « Réduction des risques ».<br />

• Favoriser les relais avec les<br />

structures de soins de bas seuil<br />

(en médecine générale et en<br />

toxicomanie).<br />

© Fréderic Pauwels<br />

LA LOUVIÈRE<br />

+<br />

Lors des consultations mobiles MdM offre des soins préventifs et curatifs.<br />

Consultations pour le public sans-abri<br />

• Offrir des soins (para-)médicaux<br />

immédiats<br />

• Référer vers les urgences<br />

hospitalières, les consultations<br />

gratuites, les consultations de<br />

dépistage…<br />

• Accompagner les démarches de<br />

soins pour l’ouverture des droits<br />

« La rue, si tu n’es pas malade, tu peux t’en sortir mieux que les autres. Si tu es malade,<br />

la rue, pour se soigner, c’est foutu, à moins que tu aies beaucoup de courage et de<br />

volonté… et que tu rencontres des gens biens… comme l’homme à lunettes du bus, à<br />

la Gare Centrale ».<br />

Marc, un patient du Plan Hiver à Bruxelles.


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

PRÉSENTE DANS LES<br />

trois régions<br />

(wallonne, flamande et Bruxelles-Capitale)<br />

AVEC<br />

12 projets<br />

Nos projets fixes<br />

ANVERS<br />

+<br />

+<br />

Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation<br />

• Assurer un accès effectif à des soins<br />

directs de qualité et aux traitements.<br />

• Informer, accompagner et travailler à la<br />

(ré) intégration des bénéficiaires dans le<br />

système de santé classique<br />

« Je ne peux pas venir tout le temps chez<br />

Médecins du Monde pour prendre mes<br />

traitements. Alors, si j’obtiens mon titre<br />

de séjour moi-même, j’aurai l’avantage<br />

d’acheter mes médicaments. Pour le<br />

moment, je ne suis pas régularisé. J’attends,<br />

et si j’ai tous mes papiers, la carte<br />

médicale avec l’aide de Médecins du<br />

Monde, alors je pourrai prendre les sous<br />

moi-même ».<br />

Antonio, un patient du CASO.<br />

© Lore Sampers40<br />

Réseau<br />

Spécialistes<br />

• Dépanner en offrant des consultations de<br />

deuxième ligne dans l’attente de l’ouverture des<br />

droits.<br />

• Dentistes, ophtalmologie, chirurgie, ORL,<br />

gynécologie, kinésithérapie, urologie, médecine<br />

interne, dermatologie, psychiatrie…<br />

Notre réseau de spécialistes s ’étend peu à peu.<br />

Appui médical<br />

• Appuyer le volet médical du Relais-<br />

Santé avec des consultations de<br />

médecine générale.<br />

« Je suis à la rue depuis deux ans, je voyage de gauche à droite. Ici, il y a des médecins<br />

si tu veux un suivi médical, tu peux leur demander une prescription. J’approuve, j’aime<br />

bien le relais-santé et MdM. Ce matin, j’ai dialogué avec les infirmières. Elles m’ont un<br />

peu calmé, j’étais un peu énervé, j’avais mal dormi ; maintenant, je me sens un peu plus<br />

calme, plus posé.»<br />

Un patient de La Louvière<br />

7


8<br />

Notre ligne de soins<br />

«santé-précarité»<br />

Nos projets s’insèrent dans une ligne<br />

de soins cohérente et dynamique,<br />

appelée « ligne de soins santéprécarité<br />

»<br />

ELLE EST<br />

MULTIDISCIPLINAIRE<br />

La prise en charge de nos bénéficiaires est<br />

globale (médicale, sociale et psychologique)<br />

pour garantir une vraie (ré)intégration et un suivi<br />

de long terme dans les structures médicales<br />

classiques.<br />

FLEXIBLE ET ACCESSIBLE<br />

Notre offre de soins et notre accompagnement<br />

sont accessibles à tous, parce qu’ils sont<br />

gratuits, et qu’ils répondent à une logique<br />

proactive. Nos professionnels de santé font<br />

une démarche d’ « outreaching » : ils « vont<br />

vers ». Ils se déplacent auprès des groupes<br />

cibles directement dans leurs lieux de vie et<br />

de socialisation (rues, gares, squats, centres<br />

d’accueil et d’hébergement…). Ce travail<br />

mobile, en dehors du cadre institutionnel, est<br />

l’une des solutions pour (re)tisser du lien et<br />

pour faire (re)prendre confiance aux personnes<br />

en leurs propres capacités et à celles des<br />

autres à pouvoir les aider.<br />

TEMPORAIRE<br />

Notre objectif n’est pas de nous substituer au<br />

système de santé classique : nous agissons<br />

en complémentarité avec la première ligne de<br />

soins en venant combler les « gaps » existants<br />

entre les demandes de soins du public précaire<br />

et l’offre traditionnelle de soins. L’issue reste à<br />

terme la (ré)intégration médicale, sociale et<br />

psychologique des patients dans les structures<br />

classiques d’assistance médicale et sociale.<br />

NON-DISCRIMINANTE<br />

La notion du « temps » est importante dans nos<br />

projets : le temps de la prise de confiance, le<br />

temps de l’accompagnement médical, social<br />

et psychologique, le temps des orientations et<br />

des références… Ce temps se fait « à deux » -<br />

le bénéficiaire avec nos acteurs sociaux et de<br />

santé – et obligatoirement dans la confiance, le<br />

non-jugement et le respect. Concilier la santé<br />

individuelle avec la santé collective est notre<br />

manière de concevoir le soin.<br />

Notre ligne de soins se fixe trois objectifs<br />

PROMOUVOIR<br />

Apprendre aux bénéficiaires à agir en faveur de leur santé dans<br />

et avec leur communauté.<br />

Avec nos dispositifs mobiles, les équipes bénévoles s’insèrent directement<br />

dans le tissu local communautaire de nos bénéficiaires. En y organisant des<br />

actions de promotion de la santé, l’objectif est d’apprendre aux bénéficiaires<br />

à agir en faveur de leur santé, dans et avec leur communauté. Dans ce cadre :<br />

• nous organisons des séances de sensibilisation et d’éducation à la Santé<br />

Sexuelle et Reproductive 1 auprès des femmes et mères en grande vulnérabilité.<br />

• nous développons un volet « Réductions Des Risques 2 » : ceci consiste à<br />

informer et prévenir les publics usagers de drogue et travailleuses du sexe sur<br />

les risques de leurs pratiques, mais également à leur offrir des moyens et des<br />

outils concrets pour diminuer les risques individuels et collectifs (programmes<br />

d’échange de matériel stérile, distributions de préservatifs, actions de<br />

dépistage…)<br />

De manière transversale, sur l’ensemble de nos projets, nous travaillons avec<br />

les bénéficiaires à la découverte et à l’apprentissage du système de santé<br />

belge, souvent méconnu du fait de sa complexité et de leurs propres barrières.<br />

L’objectif est l’autonomisation des patients dans leurs démarches médicales<br />

et sociales futures : où aller me soigner ? quels papiers ? pourquoi cette<br />

structure ?...<br />

GARANTIR ET (RÉ)INSÉRER<br />

Assurer aux patients des soins de santé de qualité.<br />

Parmi les bénéficiaires qui présentent un de nos critères de vulnérabilité, un<br />

suivi médico-psycho-social est assuré en parallèle d’un travail de (ré)intégration<br />

sociale et médicale, qui passe pour la grande majorité d’entre eux par l’ouverture<br />

de leurs droits à l’accès aux soins. Un réseau de médecins spécialistes leur est<br />

également accessible si nécessaire.<br />

TÉMOIGNER<br />

Veiller à se faire entendre.<br />

Le triptyque « Soigner, Témoigner, Changer » est notre mandat : nous agissons<br />

au-delà des soins. Tout au long de l’année, nous plaidons auprès du grand<br />

public, de la presse et des politiciens, pour que l’accès universel aux soins de<br />

santé soit une priorité en Belgique, et que le droit à une couverture de santé<br />

décente, abordable et équitable soit enfin une réalité. Nous travaillons en réseau,<br />

avec un ensemble de partenaires associatifs et institutionnels, pour amener les<br />

politiques de santé à enclencher une « dynamique » de changements structurels<br />

de long terme.<br />

1<br />

La Santé Sexuelle et Reproductive – SSR – concerne différents aspects de la santé des femmes : santé<br />

maternelle et infantile, prévention et prise en charge maternelle et infantile, prévention et prise en charge<br />

des grossesses non-désirées (planification familiale), lutte contre les infections sexuellement transmissibles,<br />

prévention de la transmission mère-enfant du VIH…<br />

2<br />

La Réduction Des Risques – RdR – est une stratégie de santé publique qui s’inscrit dans une démarche<br />

de promotion de la santé physique, mentale et sociale. Elle a pour objet de réduire les risques et de prévenir<br />

les dommages que l’usage de drogues peut occasionner chez les personnes qui ne peuvent ou ne<br />

veulent pas s’abstenir d’en consommer.


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

« La ligne de soins telle qu’elle existe sur les projets bruxellois a pour objectif concret d’arriver à soigner les plus vulnérables.<br />

Médecins du Monde est donc présente sur le lieu de vie des personnes qui vivent en rue, grâce au Médibus, et en hiver, aux<br />

consultations organisées pendant le Plan Hiver… Trois demi-jours par semaine, les personnes sans accès aux soins peuvent<br />

aussi venir au CASO en consultations libres. Les bénéficiaires les plus vulnérables vus sur ces projets sont ensuite référés en<br />

2ème ligne au CASO où leur prise en charge sera psycho-médico-sociale. Si nécessaire, les bénéficiaires seront envoyés pour<br />

une prise en charge en médecine spécialisée. »<br />

Dr Thérèse De FOY, référente médicale des projets mobiles<br />

Bénéficiaires<br />

accueillis dans<br />

le Médibus<br />

Bénéficiaires des<br />

centres d’accueil<br />

et d’hébergement<br />

Bénéficiaires des<br />

séances<br />

« Avec Elles »<br />

Bénéficiaires des<br />

consultations<br />

« libres »<br />

1 ÈRE LIGNE<br />

CRITÈRES DE VULNÉRABILITÉS<br />

2 ÈME LIGNE<br />

Centre<br />

d’Accueil,<br />

de Soins et<br />

d’Orientation<br />

(Réseau Spécialistes)<br />

Système<br />

de santé dit<br />

« classique »<br />

Nos projets sont connectés les uns aux autres par cette ligne de soins :<br />

elle assure un continu entre notre offre de soins de première ligne et notre travail de deuxième ligne<br />

1 ÈRE LIGNE<br />

Notre première ligne de soins offre des consultations de dépannage (para)médical<br />

aux personnes précaires que nous rencontrons dans nos projets mobiles, et lors<br />

des consultations libres – sans rendez-vous – que nous dispensons trois demijournées<br />

par semaine au CASO.<br />

L’accès à notre deuxième ligne de soins est conditionné par quatre critères de<br />

vulnérabilités identiques sur l’ensemble de nos projets :<br />

1- les bénéficiaires présentant une maladie chronique<br />

2- les bénéficiaires avec des problèmes relevant de la santé mentale<br />

3- les familles (les bénéficiaires femmes et enfants)<br />

4- les bénéficiaires nécessitant un suivi spécialiste<br />

Ce filtrage n’est donc pas social, et n’est pas lié à la seule dimension<br />

administrative. Il s’agit uniquement de se baser sur des vulnérabilités médicales.<br />

Nous accueillons des bénéficiaires qui peuvent tout à fait avoir un accès<br />

administratif aux soins. Avec eux, nous travaillons sur les autres barrières leur<br />

empêchant l’exercice de ce droit.<br />

2 ÈME LIGNE<br />

Les patients qui présentent un de ses quatre<br />

critères sont ainsi référés en deuxième ligne.<br />

Les médecins et/ou psychologues bénévoles<br />

continuent à assurer leur suivi tandis qu’une<br />

stratégie globale et interdisciplinaire est mise<br />

en place.<br />

➔ L’objectif est d’accompagner les parcours<br />

de soins de chaque patient, avec leurs<br />

spécificités, jusqu’à l’ouverture de leurs<br />

droits et leur (ré) intégration dans le système<br />

de santé dit «classique». Durant ce temps,<br />

un réseau de spécialistes leur est également<br />

accessible si nécessaire.<br />

9


10<br />

Chiffres globaux 2013<br />

Pour beaucoup, le système de santé belge est, à raison, un<br />

système élaboré et performant qui assure, notamment avec la<br />

couverture de notre assurance-maladie et l’existence des filets<br />

de sécurité sociale, un niveau de protection élevée. Pourtant,<br />

nous le savons, nous ne sommes pas tous égaux face à<br />

la santé. Les inégalités existent, voire l’exclusion à la santé<br />

ne se limite pas aux seules difficultés d’accès au système de<br />

soins. Elle intègre aussi les déterminants sociaux de la santé.<br />

Et cela passe malheureusement souvent inaperçu... Dans le<br />

cadre de l’accès et de l’accessibilité aux services sanitaires,<br />

une vigilance particulière s’impose donc pour les personnes<br />

dites vulnérables aujourd’hui en Belgique. Les groupes en<br />

grandes précarités (matérielle, sociale et psychologique) sont<br />

souvent les premières victimes de ces grandes inégalités de<br />

santé. Pourtant, ce public, exclu des soins, est paradoxalement<br />

celui qui en aurait le plus besoin. Nos chiffres 2013<br />

témoignent de ce paradoxe.<br />

Sur l’année 2013,<br />

Médecins du Monde a réalisé<br />

17 467<br />

consultations médicales,<br />

sociales et psychologiques<br />

15 681<br />

diagnostics pour<br />

5 543<br />

patients.<br />

17467<br />

Informations complémentaires<br />

Implémenté dans l’ensemble de nos projets, mobiles et fixes, le logiciel Sphinx permet :<br />

- l’encodage de l’ensemble des données inscrites dans les dossiers médicaux des patients venus<br />

en consultation sur l’année 2013,<br />

- l’extraction des chiffres globaux présentés ci-dessous<br />

La taille des échantillons est précisée pour chaque chiffre énoncé. En effet, certaines données ne<br />

sont pas systématiquement évaluées, et/ou ne concernent pas tous les projets.<br />

NOMBRE DE PATIENTS ET DE<br />

CONSULTATIONS 4739<br />

PAR PROJET<br />

EN 2013<br />

5543<br />

Nombre de patients<br />

venus aux consultations<br />

Nombre de consultations dispensées<br />

17467<br />

51<br />

1011<br />

86 86<br />

108<br />

293<br />

4288<br />

5706<br />

4739<br />

5543<br />

Nom<br />

venu<br />

Nom<br />

55 78 375 375<br />

1363<br />

1586<br />

755<br />

1051<br />

495 64 96 400<br />

1011<br />

86 86<br />

108<br />

293


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

28% de nos bénéficiaires sont des femmes.<br />

© Frédéric Pauwels<br />

NOS PATIENTS…<br />

28% 3 de nos bénéficiaires sont des femmes. La féminisation de<br />

notre public ne faiblit pas. En 2012, ce chiffre s’élevait à 29% (cf.<br />

Rapport annuel des projets belges 2012, disponible sur www.<br />

medecinsdumonde.be). Ceci témoigne bien de l’absence de<br />

réponses structurelles quant à l’accueil et à la prise en charge<br />

médico-psycho-sociale des femmes en grande précarité.<br />

Parmi les bénéficiaires venus lors des consultations que nous<br />

offrons dans les centres d’accueil et d’hébergement d’urgence,<br />

19% 4 sont des femmes (en 2012, elles représentaient 11% des<br />

bénéficiaires).<br />

L’âge moyen de nos patients est de 34,5 ans. Notre public<br />

rajeunit sensiblement : la moyenne d’âge était de 36,4 ans en<br />

2012, et la part des bénéficiaires âgés de moins de 20 ans a<br />

augmenté de 3.5% 5 .<br />

PROVENANCE<br />

GÉOGRAPHIQUE<br />

DE NOS PATIENTS<br />

UE (hors<br />

Belgique)<br />

14%<br />

Afrique<br />

sub-saharienne<br />

25%<br />

Belgique<br />

10%<br />

Maghreb<br />

31%<br />

Europe<br />

9%<br />

Autre<br />

6%<br />

Proche et<br />

Moyen Orient<br />

5%<br />

Asie<br />

4%<br />

Amérique et<br />

Océanie<br />

2%<br />

Apatrides<br />

3 patients<br />

3<br />

1 548 bénéficiaires femmes sur tous nos projets.<br />

4<br />

294 bénéficiaires femmes sans abri hébergées dans les centres d’accueil et d’hébergement<br />

d’urgence : 216 dans les deux centres bruxellois, 65 dans le centre De<br />

Vaart, et 13 dans le cadre de nos consultations au centre Kamiano à Anvers.<br />

5<br />

588 bénéficiaires âgés de moins de 20 ans sur tous nos projets : 304 âgés de moins<br />

de 10 ans et 284 âgés de 10 à 20 ans.<br />

11


12<br />

L’Afrique reste le continent le plus représenté, mais le nombre de<br />

patients belges et de ressortissants européens ne décline pas :<br />

24% de l’ensemble de nos bénéficiaires sont citoyens de l’Union<br />

Européenne 6 (en 2012, il s’agissait de 25% des bénéficiaires).<br />

Dans notre pays, l’accès aux soins de santé est lié à deux conditions<br />

principales : le statut administratif et le domicile. Les personnes<br />

les plus précarisées peinent à réunir ces deux conditions.<br />

Et lorsqu’elles y arrivent, d’autres variables interviennent, nous<br />

faisant prendre conscience qu’avoir un droit ne signifie pas nécessairement<br />

avoir accès à celui-ci. D’une manière générale, notre<br />

système de couverture subsidiaire (pour les personnes hors cadre<br />

assurance obligatoire) est hautement discriminant : à chaque<br />

commune sa pratique… donc à chaque commune une effectivité<br />

du droit différente !<br />

35% de nos bénéficiaires déclarent ne pas avoir de logement 7 .<br />

6<br />

Taille de l’échantillon : n = 5 013 bénéficiaires<br />

7<br />

Taille de l’échantillon : n = 3 985 bénéficiaires<br />

58%<br />

STATUT ADMINISTRATIF<br />

DE NOS PATIENTS<br />

13%<br />

9%<br />

6% 5%<br />

4% 3% 2%<br />

Sans autorisation<br />

de séjour<br />

Pièce d'identité<br />

belge<br />

Demande<br />

d'asile<br />

Ne connaît pas<br />

son statut<br />

Européen avec<br />

titre de séjour<br />

Touriste non UE<br />

(visa)<br />

Touriste UE<br />

(< 3 mois)<br />

Autre titre de<br />

séjour<br />

13% des patients que nous avons soignés ont la nationalité belge 8 .<br />

8<br />

Taille de l’échantillon : n = 4 815 bénéficiaires<br />

...ONT DES BESOINS<br />

DE SANTÉ…<br />

La santé «est un état complet de bien-être<br />

physique, mental et social qui ne consiste<br />

pas seulement en l’absence de maladie<br />

ou d’infirmité». Cette définition de la santé<br />

est inscrite dans le Préambule de la Constitution<br />

de l’Organisation Mondiale de la Santé<br />

- elle n’a subi aucune modification depuis<br />

1948…


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

80% de nos patients interrogés 9 estimaient leur santé comme<br />

étant moyenne, mauvaise et très mauvaise 10 , contre 23% de la<br />

population moyenne belge 11 .<br />

Nos patients rencontrent des problèmes communs de santé,<br />

aggravés par leurs conditions de vie. La grande vulnérabilité<br />

des sans-abris les exposent à de multiples risques de maladies,<br />

de blessures et de troubles psychologiques, tandis que les longues<br />

périodes d’errance complexifient, voire rendent impossible<br />

toute prise en charge thérapeutique, pourtant indispensable pour<br />

le suivi médical des maladies chroniques.<br />

9<br />

Taille de l’échantillon : n = 1 619 patients (question posée aux bénéficiaires participant<br />

à notre enquête du Plan Hiver, ainsi qu’à un bénéficiaire sur sept de nos deux<br />

centres de soins)<br />

10<br />

La mesure de la santé des individus est essentielle pour suivre l’évolution de l’état<br />

de santé des populations, et évaluer les interventions de santé dans les politiques<br />

publiques. Néanmoins, les procédés de mesures physiques ne peuvent à eux<br />

seuls mesurer toutes les dimensions de la santé. Nous avons recours alors à des<br />

mesures subjectives de santé, obtenues à l’aide de questionnaires d’auto-évaluation.<br />

Les personnes interrogées évaluent leur état de santé selon une échelle de<br />

cinq points allant de « très bonne » à « très mauvais ».<br />

11 <br />

Donnée extraite de l’Enquête nationale de Santé menée par l’Institut scientifique<br />

de santé publique, en 2008. Cette étude est effectuée tous les 5 ans : les résultats<br />

pour 2013 ne sont pas encore parus.<br />

PROBLÈMES DE SANTÉ<br />

RAPPORTÉS<br />

Social<br />

Génital masculin<br />

Génital féminin<br />

Gynéco, obstétrique, Plannings familiaux<br />

Urinaire<br />

Métabollique et endocrinologique<br />

Dermatologique<br />

Respiratoire<br />

Psychologique<br />

Neurologique<br />

Ostéo-articulaire<br />

Cardio-vasculaire<br />

ORL<br />

Ophtalmologique<br />

Digestif<br />

Sang, hématologie, immunologie<br />

Général et aspécifique<br />

126<br />

139<br />

351<br />

355<br />

326<br />

234<br />

351<br />

123<br />

696<br />

848<br />

1012<br />

1189<br />

1523<br />

1812<br />

1978<br />

2197<br />

2421<br />

Nos bénéficiaires présentent également des problèmes de santé<br />

spécifiques, à la fois causes et conséquences de leur actuelle<br />

précarité.<br />

Les maladies psychologiques et psychiatriques en sont un<br />

exemple. Les patients visitant les consultations psychologiques<br />

de nos centres de soins sont, pour une grande majorité d’entre<br />

eux, en souffrance. Chez les personnes ayant quitté leur pays<br />

d’origine, cette détresse s’explique en partie par la nature des violences<br />

qu’ils ont pu subir, avant leur départ et après leur arrivée en<br />

Belgique, mais aussi au cours de leur parcours migratoire.<br />

13


14<br />

SIGNES DÉTECTÉS<br />

LORS DES<br />

CONSULTATIONS<br />

PSYCHOLOGIQUES<br />

Tentatives de suicide<br />

Problèmes alimentaires<br />

Psychotique<br />

7 tentatives<br />

1%<br />

3%<br />

2 174 plaintes répertoriées sur l’ensemble des<br />

consultations psychologiques dispensées dans<br />

nos deux centres de soins.<br />

Idéation suicidaire<br />

Problèmes relationnels<br />

4%<br />

4%<br />

Problèmes liés au comportement<br />

Problèmes cognitifs<br />

8%<br />

8%<br />

Isolement<br />

10%<br />

Anxiété<br />

13%<br />

Humeur<br />

Symptômes psychosomatiques<br />

15%<br />

15%<br />

Problèmes de sommeil<br />

20%<br />

40% ont été victimes de violences physiques<br />

23% ont été victimes de menaces et de tortures<br />

31% ont été victimes de violence de la part des forces de l’ordre<br />

19% ont été victimes de violences sexuelles et/ou de viol<br />

54% ont été victimes de violences psychologiques<br />

53% ont souffert de la faim<br />

53% ont été expulsés de leur logement, et 47% ont été victimes du vol et/ou de la confiscation de leur argent et/ou de leurs papiers. 12<br />

Les pratiques dites «à risques» (consommation de produits illicites, relations sexuelles non-protégées…) sont un autre exemple.<br />

12<br />

Ces données sont extraites de l’enquête que nous avons réalisée auprès de nos patients du Plan hiver bruxellois 2013-2014. Ces pourcentages représentent le nombre de<br />

violences déclarées par 204 bénéficiaires.<br />

Non<br />

42%<br />

Oui<br />

58%<br />

NOMBRE DE PATIENTS<br />

AYANT DÉCLARÉ UNE OU DES<br />

DÉPENDANCE(S)<br />

FRÉQUENCE DES DÉPENDANCES DÉCLARÉES<br />

27%<br />

23%<br />

Non<br />

42%<br />

Oui<br />

58%<br />

16%<br />

10% 10%<br />

8%<br />

7%<br />

Alcool Tabagisme Méthadone Anxiolytiques Cocaïne / Crack Marijuana Héroïne<br />

Ces chiffres concernent uniquement le projet du Médibus.<br />

Taille de l’échantillon : n = 108 bénéficiaires.<br />

Ces chiffres concernent uniquement le projet du Médibus. Taille de l’échantillon : n = 108 bénéficiaires.<br />

23%


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

...MAIS RENCONTRENT DES<br />

BARRIÈRES POUR SE SOIGNER !<br />

LA SANTÉ<br />

EST UN DROIT<br />

ce que nous disent les<br />

textes…<br />

67%<br />

TYPE DE COUVERTURE MÉDICALE<br />

«Chacun a le droit de mener<br />

une vie conforme à la dignité<br />

humaine. A cette fin, la loi,<br />

le décret ou la règle (…)<br />

garantissent (…) les droits<br />

économiques, sociaux et<br />

culturels (…) Ces droits<br />

comprennent notamment (…)<br />

le droit à la sécurité sociale, à la<br />

protection de la santé et à l’aide<br />

sociale, médicale et juridique.»<br />

Article 23 - Titre II<br />

Constitution belge<br />

Aucune prise<br />

en charge<br />

12% 11%<br />

Couverture<br />

mutuelle<br />

Ne connaît<br />

pas sa<br />

situation<br />

7%<br />

Prise en<br />

charge par<br />

un CPAS<br />

2% 1% 18 cas 12 cas<br />

Carte<br />

mutuelle<br />

européenne<br />

Réquisitoire<br />

Fédasil<br />

Autre<br />

assurance<br />

privée<br />

Garant<br />

«Toute personne a le droit de<br />

bénéficier de toutes les mesures<br />

lui permettant de jouir du meilleur<br />

état de santé qu’elle puisse<br />

atteindre.»<br />

Article 11<br />

Charte sociale européenne<br />

60% 13 des patients soignés n’ont aucune sécurité sociale et donc aucun accès au système<br />

de soins de santé classique.<br />

27% 14 de nos bénéficiaires ont déclaré avoir un médecin traitant ou pouvoir se rendre dans<br />

une maison médicale, alors que 94,5% de la population belge dispose d’un médecin généraliste<br />

attitré 15 .<br />

Nos publics se heurtent à des barrières administratives, financières, linguistiques,<br />

psychologiques…, à une grande méconnaissance de leurs droits, mais aussi à des<br />

lois restrictives et des pratiques discriminatoires qui complexifient, voire avortent<br />

toutes démarches de soins pour l’ouverture de leurs droits. Les entraves sont donc<br />

nombreuses et variées, s’additionnent et se renforcent 16 . Pour les individus précarisés qui<br />

multiplient les vulnérabilités, ces entraves sont d’autant plus difficiles à surmonter, et l’accès<br />

et l’accessibilité aux soins de santé sont loin d’être une évidence.<br />

51% de nos bénéficiaires ont rencontré une ou plusieurs barrières dans leurs démarches<br />

d’accès aux soins, tandis que 17% d’entre eux n’ont pas essayé d’aller dans une structure<br />

médicale 17 .<br />

«Les états parties (…)<br />

reconnaissent le droit qu’a toute<br />

personne de jouir du meilleur état<br />

de santé physique et mentale<br />

qu’elle soit capable d’atteindre.»<br />

Article 12 – Pacte international<br />

relatif aux droits économiques,<br />

sociaux et culturels<br />

«Toute personne a droit à un<br />

niveau de vie suffisant pour<br />

assurer sa santé, son bien-être<br />

et ceux de sa famille, notamment<br />

pour (…) les soins médicaux<br />

ainsi que pour les services<br />

sociaux nécessaires».<br />

Article 25 – Déclaration<br />

Universelle des Droits<br />

de l’Homme<br />

«La possession du meilleur<br />

état de santé qu’il est capable<br />

d’atteindre constitue l’un<br />

des droits fondamentaux de<br />

tout être humain, quelles que<br />

soient sa race, sa religion,<br />

ses opinions politiques, sa<br />

condition économique et<br />

sociale».<br />

Organisation Mondiale<br />

de la Santé<br />

13<br />

Taille de l’échantillon : n = 4 638 bénéficiaires<br />

14<br />

Taille de l’échantillon : n = 1 465 bénéficiaires<br />

15<br />

Donnée extraite de l’Enquête nationale de Santé menée par l’Institut scientifique de santé publique, en 2008. Cette<br />

étude est effectuée tous les 5 ans : les résultats pour 2013 ne sont pas encore parus.<br />

16<br />

Taille de l’échantillon : n = 965 patients<br />

17<br />

Taille de l’échantillon : n = 965 bénéficiaires<br />

15


16<br />

PRINCIPALES BARRIERES<br />

RENCONTREES<br />

PAR NOS<br />

BENEFICIAIRES<br />

22% N'a pas essayé d'aller dans une structure médicale<br />

13% Problèmes de justificatifs ou de preuves à apporter<br />

pour obtenir une prise en charge des frais<br />

16% Ne connaît / ne comprend pas le système ni ses droits<br />

13% N'a pas obtenu de couverture maladie<br />

16% Consultation ou traitement ou avance trop cher(s)<br />

1% Barrière linguistique<br />

2% Peur d'être dénoncé(e) et/ou arrêté(e)<br />

3% Mauvaise expérience du système de santé<br />

3% Couverture santé trop chère<br />

11% Autre raison<br />

Durant leur parcours de soins, 15% de nos patients ont rencontré un refus de soins et 38% ont abandonné leurs traitements 18 .<br />

18<br />

Taille de l’échantillon : n = 965 bénéficiaires<br />

Les chiffres présentés ci-dessus montrent clairement que les précarités, quelles qu’elles soient,<br />

sont des freins à l’accès aux soins. Notre plaidoyer auprès de la société civile, des acteurs institutionnels<br />

et politiques relaie ce constat : les barrières que rencontrent notre public les empêchent<br />

de bénéficier en droit et en fait d’une «bonne santé».<br />

Permettre un accès continu à des soins de santé de qualité pour l’ensemble de la population<br />

vivant en Belgique doit devenir un impératif. Une couverture sanitaire véritablement universelle<br />

est, pour nous, la garantie du meilleur système de santé solidaire, juste et efficace. Ce combat<br />

appelle du courage et de la volonté : c’est un investissement politique, économique, financier et<br />

social… mais humain avant tout.<br />

Notre présent rapport<br />

s’organise en deux temps<br />

Une première partie est consacrée aux projets mobiles qui<br />

partent à la rencontre des publics exclus des soins et travaillent à<br />

(re)faire de la santé une priorité dans leurs lieux de vie.<br />

© Fréderic Pauwels<br />

Les barrières que rencontrent notre public les empêchent de bénéficier<br />

en droit et en fait d’une « bonne santé ».<br />

La seconde partie s’attache à présenter les projets fixes qui<br />

accompagnent, quant à eux, ces publics dans leur parcours de<br />

soins. Des zooms et des focus seront également l’occasion de<br />

donner la parole aux bénéficiaires et aux professionnels de santé<br />

bénévoles, de s’arrêter sur certains visages et dimensions de<br />

l’exclusion à la santé, et de partager avec vous notre plaidoyer,<br />

celui-là même qui construit notre identité d’ONG qui «soigne, témoigne<br />

et change».


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

ALLER VERS :<br />

à la rencontre des plus vulnérables<br />

© Frédéric Pauwels<br />

Promouvoir la santé au féminin :<br />

Avec Elles<br />

A Bruxelles, les femmes en situations précaires sont représentées par des groupes hétérogènes : femmes<br />

sans abri, sans revenus, travailleuses clandestines, européennes en séjour illégal… Parmi ces groupes,<br />

des inégalités en matière d’accès aux services de santé des femmes existent : elles ne savent vers qui<br />

se tourner ni où aller. Ces femmes affrontent des précarités multifactorielles qui construisent et nourrissent<br />

chez elles une vulnérabilité de long terme : elles doivent faire face à plus de difficultés pour continuer<br />

à assumer leur identité de femme, et relèguent trop souvent au second plan leur recours aux soins.<br />

«Chaque année, des millions de femmes<br />

et d’enfants meurent de causes évitables.<br />

Ce ne sont pas là de simples statistiques.<br />

Il s’agit d’êtres humains qui ont<br />

un nom et un visage. Leurs souffrances<br />

ne sont pas acceptables au XXIe siècle.<br />

Par conséquent, nous devons faire davantage<br />

(…) pour l’adolescente confrontée<br />

à une grossesse non désirée ; pour<br />

l’épouse qui apprend sa séropositivité<br />

au VIH ; et pour la femme enceinte dont<br />

l’accouchement présente des complications.<br />

La santé des femmes et des enfants<br />

est la clé pour atteindre tous les<br />

objectifs de développement.»<br />

Facteurs<br />

familiaux :<br />

violence conjugale,<br />

pressions,<br />

estime de soi...<br />

Facteurs socio-économiques et<br />

culturels : faibles revenus, situation<br />

administrative, travail précaire, culture<br />

d’origine et religion…<br />

Absence ou<br />

faible accès à des<br />

consultations complètes<br />

de santé sexuelle<br />

et reproductive.<br />

Facteurs<br />

environnementaux<br />

et politiques : Aide<br />

Médicale Urgente,<br />

coût des consultations,<br />

langue, complexité<br />

du système de santé<br />

belge et segmentation<br />

des soins de santé des<br />

femmes…<br />

Extrait de l’avant-propos de Ban Ki<br />

Facteurs cognitifs : manque de<br />

Moon, Secrétaire général de l’ONU,<br />

connaissance et d’information sur l’accès aux<br />

dans la Stratégie mondiale pour la<br />

17<br />

soins, perception de la contraception et du<br />

santé de la femme et de l’enfant mariage, perception du système de soins…


18 «ALLER VERS»<br />

Pour Médecins du Monde, les vulnérabilités, quelles qu’elles<br />

soient, ne doivent pas empêcher les femmes d’avoir la maîtrise<br />

de leurs choix de vie, et de leur désir ou non de maternité.<br />

Le projet « Avec Elles » a donc été pensé pour redonner<br />

confiance à ces femmes dans les soins en leur offrant un réel<br />

accès à l’information, à l’accompagnement et à l’acte de soins.<br />

Pour ce faire, nous nous efforçons d’agir directement sur<br />

les facteurs comportementaux, biologiques et politiques,<br />

à travers deux volets principaux : un volet préventif et un<br />

volet curatif. Cela passe inévitablement par les reconnaître en<br />

tant qu’êtres humains, à respecter leur individualité et intégrité, à<br />

restaurer leur identité, pour, à terme, améliorer leur santé.<br />

«Pour m’en sortir, j’acceptais plusieurs petits boulots et il<br />

m’arrivait de travailler jusqu’à 15 heures par jour. J’ai commencé<br />

à perdre mes forces… J’ai eu des gros problèmes<br />

de santé et j’ai dû petit à petit arrêter de travailler. J’ai rencontré<br />

ici quelqu’un qui m’a aidée à recréer un tissu social,<br />

administratif et médical. Cette personne m’a aidée à trouver<br />

l’aide à laquelle j’avais droit. Moi, je n’avais plus l’énergie de<br />

m’informer, de demander…»<br />

Une jeune femme rencontrée lors d’une animation<br />

à l’association partenaire Nativitas<br />

VOLET PRÉVENTIF…<br />

Nous animons des séances de sensibilisation et d’information<br />

auprès de différents publics de femmes en développant des<br />

partenariats privilégiés avec plusieurs associations communautaires<br />

:<br />

- ORCA qui accompagne les travailleuses clandestines,<br />

- Entraide & Culture qui propose des cours de français et d’alphabétisation<br />

à un public de primo-arrivants,<br />

- et deux centres d’accueil de jours, La Rencontre et Nativitas, qui<br />

accueillent notamment des femmes sans abri.<br />

Pour permettre aux femmes de devenir actrices de leur santé,<br />

il est primordial de développer leurs aptitudes individuelles. Ces<br />

animations ont ainsi pour objectif de renforcer leurs capacités et<br />

leurs compétences en matière de Santé Sexuelle et Reproductive.<br />

«Je suis arrivée en Belgique il y a trois ans. Avant, j’habitais<br />

avec ma grand-mère dans une petite ville en Roumanie. A<br />

17 ans, je suis venue ici car je voulais une vie meilleure. J’ai<br />

commencé à venir chez Entraide et Culture pour apprendre<br />

le français. C’était très difficile au début, je ne savais pas me<br />

débrouiller. Ce dont on parlait avec Médecins du Monde aujourd’hui<br />

était très intéressant, surtout en ce qui concerne la<br />

grossesse, la contraception et le SIDA. J’ai 20 ans, je ne suis<br />

pas encore passée par là et je ne connais rien de tout ça ! »<br />

Une jeune femme rencontrée lors d’une animation à<br />

l’association partenaire Entraide et Culture<br />

En chiffres...<br />

20<br />

séances d’animations<br />

±10<br />

femmes par séance<br />

8<br />

animatrices<br />

2<br />

écoutantes<br />

En raison des diverses nationalités, des différentes langues utilisées<br />

et du niveau d’éducation des bénéficiaires, nous avons privilégié<br />

des méthodes pédagogiques participatives et ludiques<br />

pour une participation dynamique et interactive de groupe.<br />

Les outils ont été créés au fur et à mesure des séances d’animation,<br />

et adaptés régulièrement après les avoir testés auprès<br />

du public. Chaque séance débute par un jeu brise-glace qui<br />

permet d’installer un climat de confiance avec les femmes.<br />

Nous proposons ensuite un brainstorming sur le thème abordé<br />

afin d’avoir une idée du niveau de connaissance du groupe, de<br />

construire l’animation sur ce qu’elles savent, et de l’adapter en<br />

conséquence. Des jeux, des photos, des mises en situation ou<br />

des déplacements au tableau... sont proposés pour évaluer les<br />

informations acquises.<br />

Chaque thème s’accompagne d’un guide pédagogique qui<br />

reprend les bases théoriques et les messages clés : l’équipe<br />

d’animateurs et animatrices bénéficie ainsi d’un socle commun de<br />

travail. Pour exemple, nous avons traduit le document de l’association<br />

« Volle Maan vzw » portant sur la santé sexuelle - et plus<br />

particulièrement sur les moyens de contraception - au sein du<br />

public migrant. Ce document d’une soixantaine de pages accompagne<br />

une valise pédagogique que nous utilisons désormais dans<br />

nos séances de sensibilisation sur les moyens de contraception.


«ALLER VERS»<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

VOLET CURATIF…<br />

Le projet « Avec Elles » a permis de diffuser de manière plus forte l’intérêt<br />

qui doit être porté, au sein de Médecins du Monde, à la santé<br />

globale des femmes. Un volet curatif vient compléter le volet préventif.<br />

Les femmes peuvent être directement référées en consultations SSR -<br />

en fonction du protocole- le vendredi matin au CASO de Bruxelles. Elles<br />

y bénéficieront d’une consultation gynécologique, accompagnée d’une<br />

assistante sociale qui travaillera avec elles à leur accès au droit, en partenariat<br />

avec les autres acteurs en lice sur la problématique : plannings familiaux,<br />

Office de la Naissance et de l’Enfance, Kind en Gezin, Aquarelle,<br />

Espace P… Les animations de promotion de la santé nous permettent<br />

donc également d’approcher les femmes les plus vulnérables qui n’ont<br />

aucun accès aux soins.<br />

UN AN APRÈS : UNE BELLE ÉVOLUTION…<br />

L’évaluation globale des séances montre :<br />

- une bonne intégration des messages clés de<br />

chaque animation.<br />

- une participation active avec une forte interaction<br />

entre les participantes et les animatrices, ainsi qu’un<br />

intérêt prononcé pour les thèmes abordés.<br />

Grâce à notre réseau de partenariats, d’autres organisations<br />

nous contactent pour bénéficier de ces séances<br />

de prévention auprès de leurs publics. Ces demandes<br />

sont croissantes, et confortent la pertinence du projet.<br />

Pour l’année 2015, trois axes clés sont à approfondir.<br />

1Education par les pairs :<br />

formation de formateurs et<br />

construction d’outils et de<br />

méthodologies ad-hoc<br />

Le meilleur moyen de transmettre un<br />

message et de garantir une pérennité<br />

dans les capacités d’acquisition de<br />

connaissances et d’actions passe par<br />

l’implication de femmes «relais». Elles<br />

seront le lien entre Médecins du<br />

Monde et leurs communautés, ou<br />

entre Médecins du Monde et les<br />

associations. Depuis le début de l’année<br />

2014, nous développons ce volet<br />

grâce à l’implication des animatrices<br />

bénévoles de l’équipe : elles définissent<br />

avec les bénéficiaires leurs rôles et les<br />

diverses formations dont elles ont besoin,<br />

et construisent divers outils (un<br />

livret sur nos différentes thématiques<br />

est en cours d’élaboration pour une<br />

association d’alphabétisation).<br />

Nous allons également inclure davantage<br />

les travailleurs des associations<br />

partenaires en leur proposant par<br />

exemple de les former sur certains<br />

thèmes et d’animer conjointement les<br />

séances de promotion de la santé.<br />

2<br />

Partenariat :<br />

consolidation de nos<br />

partenariats avec les<br />

structures où nous<br />

rencontrons les femmes<br />

De manière globale, il s’agira de<br />

diversifier nos partenariats et<br />

de les renforcer. Pour exemple,<br />

une collaboration plus particulière<br />

a été entamée avec la Fédération<br />

Laïque des centres de<br />

plannings familiaux : nous avons<br />

organisé, le 14 février 2014, un<br />

colloque pour penser les relations<br />

entre précarité et accès à<br />

la Santé Sexuelle et Reproductive,<br />

et interpeller par ce biais les<br />

politiques sur ces inégalités en<br />

termes d’accès aux soins pour<br />

les femmes précaires (CF. Zoom<br />

– Pages 30/31).<br />

3<br />

Accompagnement :<br />

transversaliser le volet<br />

«Accompagnement»<br />

L’addition des vulnérabilités médicales, sociales et/<br />

ou psychologiques que rencontrent le public exclu<br />

des soins rend l’entreprise de démarches difficile,<br />

voire insurmontable. Afin d’appuyer concrètement<br />

notre mission de (ré)intégration dans le système de<br />

santé classique, nous avons mis en place, au cours<br />

de l’année 2013, un système d’accompagnement<br />

en constituant un réseau d’une dizaine de marraines.<br />

Cet accompagnement a été fortement sollicité et a<br />

révélé toute sa pertinence dans le cadre de notre investissement<br />

auprès des familles Roms en errance à<br />

Bruxelles. Accompagner, c’est concrètement faciliter<br />

les démarches de nos bénéficiaires en étant à leurs<br />

côtés dans leurs déplacements vers les organismes<br />

compétents. La relation de confiance qui se crée est<br />

un réel « faire ensemble » dont l’objectif est double :<br />

être « Avec Elles » pour les sécuriser, les aider à mobiliser<br />

leurs propres ressources, et les autonomiser<br />

pour la suite de leurs parcours.<br />

Au cours de l’année 2014, une réflexion a été menée<br />

sur l’accompagnement, et notamment sur la possibilité<br />

de tranversaliser ce pôle à l’ensemble de nos<br />

projets bruxellois.<br />

Facteur aggravant dans l’accès et l’accessibilité aux soins de santé, la précarité l’est d’autant plus<br />

pour les femmes, dans la mesure où aucune politique d’envergure n’est réellement menée pour les<br />

extraire de la spirale de la paupérisation.<br />

Médecins du Monde demande donc que, dans le cadre d’une approche globale de la santé, l’information et la<br />

sensibilisation sur les pratiques relevant de la Santé Sexuelle et Reproductive deviennent indispensables pour<br />

les enrayer. Encourager la parole et le dialogue est fondamental, surtout dans le cadre de cette problématique<br />

où le silence a des répercussions importantes sur la santé et la dignité.<br />

19


20 «ALLER VERS»<br />

(Re)créer des liens<br />

avec le Médibus<br />

« Beaucoup de gens au Plan Hiver sont des<br />

personnes qui peuvent encore se déplacer, qui<br />

ont la possibilité de téléphoner et qui viennent<br />

se soigner. Ici, c’est encore autre chose… Cette<br />

femme dort sous le pont là-bas, et elle se pique. Ce<br />

sont des gens qui sont vraiment à la rue. Il faut aller<br />

vers eux, car eux ne viendront pas. »<br />

Philippe, accueillant et logisticien bénévole<br />

du Médibus<br />

© Fréderic Pauwels


«ALLER VERS»<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

NOUVEAU PROJET…<br />

NOUVEAU PUBLIC… 19<br />

202<br />

patients accueillis dans le Médibus.<br />

290<br />

consultations assurées par une équipe de 18 bénévoles,<br />

dont 9 infirmiers.<br />

Les bénéficiaires…<br />

• Public majoritairement masculin : 91% sont des hommes.<br />

• 47% sont membres de l’Union européenne, dont 22%<br />

sont Belges. 39% viennent du Maghreb.<br />

• 57% sont sans autorisation de séjour.<br />

• 64% vivent en rue et/ou dans les centres d’hébergement<br />

d’urgence.<br />

Leur état de santé…<br />

Sur 236 diagnostics réalisés, le « top 3 »<br />

1- Problèmes dermatologiques<br />

2- Problèmes ostéo-articulaires<br />

3- Affections gastro-intestinales<br />

• 58% des bénéficiaires déclarent une (ou plusieurs)<br />

dépendance(s).<br />

Leur accès aux soins…<br />

• 76% de nos patients déclarent ne pas avoir de médecin<br />

traitant et ne pouvoir se rendre en maison médicale.<br />

Sur les routes de Bruxelles depuis le 7 Novembre 2013, le Médibus<br />

est un mobil-home que nous avons aménagé :<br />

- en un cabinet de consultations pour des soins infirmiers<br />

de première ligne,<br />

- et en un comptoir d’échange de matériels stériles et de<br />

réduction des risques.<br />

En partenariat avec l’ASBL DUNE, Dépannage d’Urgence de<br />

Nuit et Echange, et l’ASBL Espace P, cette unité mobile nous<br />

permet d’ «aller vers» les publics les plus vulnérables en<br />

rupture totale avec les structures de soins classiques. Il<br />

s’agit d’offrir des soins paramédicaux aux plus démunis, et de<br />

travailler à la réduction des risques auprès des publics usagers de<br />

drogue et travailleuses du sexe.<br />

19 <br />

Les chiffres rapportés dans ce cadre couvrent la période du 17 novembre 2013<br />

au 5 mai 2014 (évaluation des six premiers mois du projet). Ils excluent les données<br />

relatives à la mission du Médibus auprès des migrants afghans à l’Eglise du<br />

Béguinage.<br />

Trois fois par semaine, nous allons à la rencontre de ce public,<br />

en soirée et aux abords stratégiques des gares et stations<br />

de métro. Parce qu’il est mobile, le Médibus offre une flexibilité<br />

permettant l’adaptation de nos lieux et horaires aux besoins du<br />

public. L’important est en effet d’inscrire le dispositif dans le temps<br />

en marquant une présence qui doit être régulière et la plus proche<br />

des précarités du public-cible.<br />

Avec le Médibus,<br />

Nous accueillons…<br />

Notre équipe bénévole se rend directement dans les lieux de vie<br />

et de socialisation de notre public où elle se montre présente<br />

physiquement pour « accueillir » et « écouter ». L’objectif est<br />

de construire un cadre chaleureux pour (re)nouer le dialogue et<br />

(re)créer des liens afin de rétablir à terme la confiance entre les<br />

patients et les structures de soins.<br />

Nous informons et prévenons…<br />

Dans le cadre de nos deux partenariats, nous intervenons<br />

auprès d’un public plus spécifique : les personnes ayant des<br />

pratiques à risques. Nos équipes de soins et de rue 20 mènent<br />

des actions de promotion de la santé autour de deux axes<br />

principaux :<br />

• informer les bénéficiaires sur la réduction des risques liés à<br />

l’usage de drogues ou aux relations sexuelles non protégées,<br />

• assurer un accès aux moyens directs pour réduire ces<br />

risques (distribution de préservatifs aux travailleuses du sexe,<br />

distribution de matériels stériles d’injection aux usagers de<br />

drogues, avec la possibilité de récupération du matériel utilisé)<br />

Nous soignons…<br />

Au sein du cabinet de consultation, des soins infirmiers classiques<br />

dits de « première ligne » sont dispensés (pansements,<br />

bandages, hygiène…). Le temps du soin permet à nos infirmier(e)s<br />

d’évaluer la situation médicale, sociale et psychologique<br />

du patient, et de penser ensemble un accompagnement social<br />

et sanitaire à Médecins du Monde, s’il présente un des critères<br />

de vulnérabilité (cf. ligne de soins santé-précarité), ou vers<br />

d’autres structures d’aides et de soins dans le cas contraire.<br />

Nous répondons à l’urgence…<br />

Du mois de novembre 2013 au mois de janvier 2014, nous<br />

avons assuré tous les vendredi matins des permanences<br />

médicales et sociales auprès des migrants afghans accueillis à<br />

l’Eglise du Béguinage : 64 consultations ont été réalisées auprès<br />

de 52 personnes.<br />

Lorsque des groupes de personnes en situation irrégulière occupent un lieu,<br />

le Médibus permet à nos équipes d’assurer une disponibilité sous la forme<br />

de consultations médicales de dépannage, donc limitées dans le temps.<br />

20<br />

A chaque sortie du Médibus, l’équipe se divise en deux groupes : l’équipe de<br />

soins, accueillants et infirmiers, qui assure une présence au sein du véhicule ; et<br />

21<br />

l’équipe en rue qui se déploie aux alentours du Médibus en effectuant des circuits<br />

de maraudes.


22 «ALLER VERS»<br />

Une longue phase de préparation<br />

avant que le Médibus n’ait pu arpenter<br />

les rues bruxelloises<br />

1. Enquête auprès de 70 consommateurs et usagers pour identifier<br />

les lieux et les horaires du Médibus correspondant à leurs<br />

besoins.<br />

2. Rencontres, discussions et sensibilisations des divers acteurs<br />

et services bruxellois (services de prévention de la commune<br />

de Bruxelles, concertation bas-seuil toxicomanes, acteurs médicaux<br />

pour les références de notre public, le secteur sans-abri,<br />

la STIB…)<br />

3. Création d’outils (guide infirmier, dossier socio-médical adapté<br />

pour le bus, tableau d’échanges de matériels stériles, gestion<br />

des conduites agressives…)<br />

4. Signature de la convention de partenariat avec DUNE<br />

5. Recrutement des bénévoles : une équipe de 10 bénévoles<br />

à ses débuts, une équipe de 18 bénévoles, dont 9 infirmiers,<br />

en mai 2014.<br />

6. Formation et encadrement des équipes bénévoles : sur<br />

les rôles des accueillants et des infirmiers ; sur la réduction des<br />

risques dispensée par Modus Vivendi & Transit ; et tout dernièrement,<br />

sur les orientations sociales en 1ère ligne de soins de<br />

MdM. Une attention particulière a été portée récemment sur<br />

leurs représentations des valeurs de Médecins du Monde afin<br />

de voir comment elles rejoignent ou non celles de l’association.<br />

>> Le Médibus a fait sa première sortie le 7 novembre 2013 !<br />

Quel avenir ?<br />

Le Médibus est certes un jeune projet, mais qui répond à un<br />

réel besoin : trop de personnes vivant en rue ne savent pas<br />

vers qui se tourner pour obtenir des soins. En 2014, pour la<br />

sixième édition du Prix fédéral de la Lutte contre la Pauvreté 21 ,<br />

le Médibus a d’ailleurs fait partie des trois nominés de la région<br />

bruxelloise ! Cependant, l’expérience du travail en partenariat<br />

et la rencontre de ce public nous amènent à réfléchir sur<br />

certains points importants. Pour 2015, il nous faut :<br />

• évaluer le fonctionnement du Médibus en<br />

fonction des saisons, entre l’hiver et l’été,<br />

• saisir les opportunités de prévention dans nos<br />

rencontres avec ces publics (tests de dépistages<br />

rapides VIH et Hépatites).<br />

21<br />

Chaque année, la secrétaire d’Etat à l’Intégration sociale et à la Lutte contre la Pauvreté,<br />

et le SPP Intégration sociale remettent à une personne, une association ou à<br />

tout organisme le Prix fédéral de la Lutte contre la Pauvreté. En 2014, il s’agissait<br />

de la sixième édition récompensant les projets venant en aide aux indépendants<br />

vivant en situation de pauvreté, aux sans-abris et aux familles pauvres.<br />

© MdM<br />

Le médibus est certes un jeune projet, mais qui répond à un réel<br />

besoin : trop de personnes vivant en rue ne savent pas vers qui<br />

se tourner pour obtenir des soins.


«ALLER VERS»<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

© Fréderic Pauwels<br />

Il est essentiel de garder un œil médical sur un public défavorisé.<br />

Soigner dans les<br />

centres d’accueil<br />

et d’hébergement<br />

Les personnes sans abri constituent un groupe de population très vulnérable. Médecins du Monde leurs<br />

consacre donc une attention toute particulière : dans le cadre du Plan hiver mais aussi tout au long de<br />

l’année, tant à Bruxelles qu’à Anvers. Il y est question de «dépannage» médical, sans jamais perdre<br />

de vue l’importance des référencements pour faciliter le réaccrochage médical, et donc l’ouverture de<br />

l’accès aux soins. Des soins préventifs sont également proposés (dépistage tuberculose). Un important<br />

dispositif qui n’existerait pas sans l’engagement de centaines de bénévoles, qui le disent tous : si le soin<br />

est évidemment primordial, l’écoute des patients sans abri l’est tout autant.<br />

23


24 «ALLER VERS»<br />

BRUXELLES<br />

RÉSULTATS DES ACTIVITÉS<br />

Pour la septième fois consécutive, à Bruxelles, Médecins du<br />

Monde a participé au Plan Hiver sur Bruxelles. Les consultations<br />

ont eu lieu un soir sur deux, sur les trois sites d’hébergements<br />

d’urgence :<br />

- Rue Royale : accueil d’hommes et de familles, capacité<br />

d’environ 400 personnes. Consultations 4 soirs par semaine.<br />

- Rue des Alexiens : accueil d’hommes, capacité de 400<br />

personnes. Consultations 4 soirs par semaine.<br />

- Rue du Trône : accueil d’hommes, capacité 120 personnes.<br />

Consultations une fois par semaine.<br />

Du 22 novembre 2013 au 31 mars 2014 :<br />

4 288 consultations<br />

dans 3 centres d’accueil<br />

Rue Royale >> 2 066 consultations<br />

Rue des Alexiens >> 2 078 consultations<br />

Rue du Trône>> 144 consultations<br />

Contrairement à l’augmentation croissante du nombre des consultations<br />

depuis 2010, sur les cinq mois d’activités, 4288 consultations<br />

ont été réalisées, soit une réduction de 38% par rapport à<br />

2012 (6.945 consultations en 2012). Ceci s’explique aisément : les<br />

consultations ont été réduites à quatre soirs par semaine (2012 :<br />

consultations 7j/7). Par ailleurs, l’hiver fut moins rude que les années<br />

précédentes, les centres d’accueil d’urgence ont donc fermé<br />

leurs portes plus tôt.<br />

1 363 patients ont été reçus en soirée. Nous<br />

avons vu moins de patients que l’année dernière,<br />

mais cette réduction est moins significative que la<br />

baisse du nombre de consultations : ceci signifie<br />

en effet que les patients ont moins fréquenté les<br />

consultations de Médecins du Monde, preuve de<br />

leur effectivité.<br />

220 femmes ont été reçues en consultation,<br />

ce qui représente 19% de nos patients. Année<br />

après année, elles sont toujours plus nombreuses.<br />

Pour cette édition 2013-2014, nous<br />

notons une augmentation de 13% par rapport à<br />

2012. La présence d’enfants, très problématique<br />

au plan hiver, nous fait penser que les mères sont<br />

également menacées de précarisation.<br />

La grande majorité des patients, tous sexes<br />

confondus, se situait dans la tranche d’âge<br />

21-50 ans. On note également que les femmes<br />

étaient davantage représentées dans les tranches<br />

d’âge plus extrêmes.<br />

5943 diagnostics ont été réalisés. Comme<br />

chaque année durant le plan hiver, les problèmes<br />

respiratoires, dermatologiques et<br />

musculo-squelettiques ont été majoritaires.<br />

Les problèmes psychologiques et psychiatriques<br />

sont également importants.<br />

21% des patients étaient originaires de<br />

l’Union européenne (hors Belgique), ce qui<br />

implique de sérieuses difficultés administratives<br />

d’ouverture de l’accès aux soins. 20% de nos<br />

patients étaient Belges. 37% des patients<br />

étaient sans autorisation de séjour.<br />

35% des patients n’avaient aucune couverture<br />

médicale et donc aucun accès au système<br />

classique de soins de santé. Pour eux, le plan<br />

hiver représente donc une opportunité unique<br />

de voir un médecin et de bénéficier d’une éventuelle<br />

démarche d’ouverture de l’accès aux soins.<br />

Ceci n’aurait pas été possible sans l’implication<br />

de plus de 120 bénévoles, qu’ils soient accueillants,<br />

assistants sociaux, infirmier(e)s, ou médecins.<br />

L’IMPORTANCE DES RÉFÉRENCEMENTS<br />

Garantir des soins de qualité passe par la continuité des<br />

soins et donc, par les référencements.<br />

D’une part, à travers le réseau interne de MdM : comprenant<br />

le Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO) pour les<br />

consultations de 1° ligne et vers la mission spécialiste Baron Lambert<br />

pour les consultations de seconde ligne. Ainsi, les patients<br />

peuvent accéder à un suivi à long terme, à l’avis d’un spécialiste,<br />

ou à des examens de laboratoire.<br />

Je dors à la gare centrale. J’ai rencontré quelqu’un qui m’a<br />

dit que je pouvais voir un médecin gratuitement au Samu<br />

Social. C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Médecins<br />

du Monde. Ils m’ont donné un rendez-vous dans leur<br />

centre, pour qu’un docteur fasse le suivi de mon problème<br />

au genou. C’est vrai, j’ai du mal à marcher, mais je ne suis<br />

pas déçu. Ici, on me soigne et on m’écoute.<br />

Ali, 30 ans, Belge.<br />

D’autre part à travers notre réseau de partenaires, avec lequel<br />

MdM a renforcé sa collaboration: le centre « La Fontaine »<br />

pour la prise en charge des gales et poux (1° cause des références),<br />

le Fonds des Affections Respiratoires (FARES) pour les<br />

cas de suspicions de tuberculose, le centre ELISA pour le dépistage<br />

VIH, hépatites et IST, et les Maisons médicales Botanique,<br />

Atlas et Enseignement.<br />

Au total, 369 référencements ont été organisés


«ALLER VERS»<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

RÉPARTITION DES RÉFÉRENCES MÉDICALES 22<br />

SSR<br />

2%<br />

Urgences med<br />

10%<br />

Autre<br />

1%<br />

Baron Lambert<br />

17%<br />

31%<br />

MM<br />

7%<br />

Référence<br />

impossible<br />

13%<br />

CASO<br />

10%<br />

Dentiste<br />

2%<br />

Elisa<br />

3%<br />

Fontaine<br />

25%<br />

Fares<br />

10%<br />

Toutefois, pour 13% des patients, il était impossible d’organiser une référence. Ceci était dû au manque de la spécialité demandée dans<br />

notre réseau (cardiologue, neurologue, psychiatre …) ou à un manque de disponibilité au niveau des plannings du Baron Lambert.<br />

Un système d’accompagnement était mis en place pour aider les patients dans leur démarche administrative et médicale. Ainsi pour ceux qui le désiraient et dans<br />

la mesure du possible, des bénévoles du « pool accompagnement » les accompagnaient jusqu’à leur lieu de rendez-vous.<br />

22<br />

CASO : 36 - SSR : 9 - MM : 26 - Baron lambert : 64 - Fontaine : 91 - Fares : 38<br />

Dentiste : 8 - Urgences : 38 - références impossibles : 46 - Elisa : 10 - Autres : 3 - Total : 369<br />

© Fréderic Pauwels<br />

Les dépistages tuberculose avec le FARES<br />

Dans le cadre des actions de soins préventifs, trois dépistages<br />

actifs contre la tuberculose ont eu lieu rue Royale et rue des<br />

Alexiens, dans le car du FARES. 222 patients au total ont pu<br />

bénéficier d’une radiographie pulmonaire. 38 cas suspects de<br />

tuberculose ont été référés au FARES en journée… Parmi ces<br />

patients envoyés, aucun cas de tuberculose n’a été confirmé.<br />

CONSULTATIONS POUR LE PUBLIC<br />

SANS ABRI À L’ANNÉE : LES PETITS REMPARTS<br />

(SAMU SOCIAL)<br />

Les consultations médicales de Médecins du Monde pour les<br />

personnes sans abri ne s’arrêtent pas avec la fin du Plan hiver.<br />

Elles se poursuivent toute l’année, dans les locaux du Samu<br />

Social, rue des Petits Remparts. Il s’agit d’un lieu d’accueil, de<br />

mise à l’abri d’urgence, de repos et de travail psychosocial<br />

pour les personnes sans domicile fixe. Les médecins généralistes<br />

bénévoles de Médecins du Monde sont présents une fois par<br />

semaine, durant toute l’année.<br />

Prêter une oreille attentive aux patients est fondamental.<br />

25


26<br />

«ALLER VERS»<br />

ANVERS<br />

RÉSULTATS DES ACTIVITÉS<br />

Pour la troisième fois consécutive, Médecins du Monde a proposé<br />

des consultations médicales dans le cadre du Plan Hiver,<br />

organisé par le CPAS de la Ville d’Anvers, qui, cette année, nous a<br />

soutenus financièrement. Pour assurer une large disponibilité envers<br />

le public sans abri, MdM a organisé 4 à 5 consultations par<br />

semaine, dans 4 centres d’accueil couvrant différentes zones<br />

de la ville :<br />

- Au Nord d’Anvers, le Centre de jour «De Vaart» : une permanence<br />

était assurée tous les vendredi matins par un médecin,<br />

deux infirmier(e)s et un accueillant.<br />

- Centre-ville d’Anvers, le Centre de jour «De Steenhouwer» :<br />

une permanence était assurée tous les lundi matins. Au moins<br />

un(e) infirmier(e) était présent(e) pour effectuer des premiers<br />

soins et relever certains indicateurs auprès des patients (pression<br />

artérielle, température, etc). Avec la fermeture du centre De<br />

Steenhouwer, les consultations ont eu lieu au Centre de jour<br />

Kamiano, dès le mois de février 2014.<br />

- Au Sud d’Anvers, le centre de nuit «Victor», (le plus grand<br />

centre, capacité 120 places) des consultations se tenaient tous<br />

les mardi, jeudi et samedi soirs. Parce que ce centre était de<br />

loin le plus fréquenté, 2 accueillants, 2 infirmiers et un médecin<br />

y étaient présents. Une pédicure était présente, une fois par semaine<br />

: plus de 60 soins ont été réalisés.<br />

Du 09 décembre 2013 au 31 mars 2014 :<br />

1 051 consultations<br />

dans 4 centres d’accueil<br />

Centre Victor >> 639 consultations<br />

Centre De Vaart >> 157 consultations<br />

Centre de Steenhouwer +<br />

Centre de soins >> 72 consultations<br />

Kamiano >> 62 consultations<br />

Non référencées >> 121 consultations<br />

Contrairement à l’augmentation croissante du nombre des consultations<br />

depuis 2010, sur les quatre mois d’activités, 1051 consultations<br />

ont été réalisées, soit une réduction de 11% par rapport<br />

à 2012 (1159 consultations réalisées). Ceci s’explique : l’hiver<br />

fut moins rude que les années précédentes, les centres d’accueil<br />

d’urgence ont donc fermé leurs portes plus tôt.<br />

400 patients ont été reçus en soirée. Si le<br />

nombre de consultations a diminué, le nombre<br />

de patients, lui, a augmenté (366 patients reçus<br />

lors de l’édition 2012-2013).<br />

65 femmes ont été reçues en consultations, ce<br />

qui représente 17 % des patients. Les femmes<br />

sont donc toujours plus nombreuses dans<br />

nos consultations anversoises : lors du plan<br />

hiver 2012-2013, elles représentaient 11% des<br />

patients.<br />

La grande majorité des patients, tous sexes<br />

confondus, se situaient dans la tranche d’âge<br />

31-40 ans.<br />

1472 diagnostics ont été réalisés. Comme<br />

chaque année durant le plan hiver, à Anvers<br />

comme à Bruxelles, les problèmes respiratoires,<br />

dermatologiques et musculo-squelettiques<br />

ont été majoritaires. Les problèmes<br />

psychologiques et psychiatriques sont également<br />

importants.<br />

La grande majorité des patients étaient issue<br />

du Afrique du Nord (27%). Viennent ensuite les<br />

Belges (25%) et les Européens (23%), dont la<br />

moitié sont Polonais. 42 % des patients n’étaient<br />

pas en ordre de séjour.<br />

50% de nos patients à Anvers ne disposait<br />

d’aucune couverture médicale. Pour eux, le<br />

plan hiver représente donc une opportunité<br />

unique de voir un médecin et de bénéficier<br />

d’une éventuelle démarche d’ouverture de l’accès<br />

aux soins.<br />

Le plan hiver médical n’aurait pas été possible<br />

sans l’implication de 17 médecins, 22 infirmiers,<br />

1 pédicure, 10 travailleurs psychosociaux et 12<br />

accueillants. 3 greffiers bénévoles se sont chargés<br />

de relever les chiffres. La coordination du<br />

plan hiver a été assurée par la coordinatrice du<br />

COZO, assistée par une infirmière bénévole.<br />

5 étudiants en médecine générale ont assisté<br />

les médecins cet hiver. La valeur ajoutée de ces<br />

bénévoles a non seulement permis de faire plus<br />

de consultations, mais surtout : les étudiants ont<br />

pu acquérir de l’expérience avec le groupe cible<br />

spécifique qu’est le public sans abri, et travailler<br />

de manière pluridisciplinaire.<br />

Cette année, des étudiants en dentisterie ont effectué<br />

un examen bucco-dentaire auprès de nos<br />

patients, et les ont sensibilisés à l’hygiène. Les<br />

enfants ont été l’objet d’une attention toute particulière<br />

de la part des étudiants. Une formation<br />

pour un groupe de 20 personnes sans-abri» a été<br />

mise en place.


«ALLER VERS»<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

Remarques<br />

Nos patients souffrent souvent de problèmes de santé mentale… Pendant l’hiver<br />

2013-2014, des travailleurs sociaux et des psychologues étaient présents lors des<br />

consultations pour offrir un soutien psycho-social. Ce travail est essentiel et doit<br />

donc être mis en place de manière structurelle pour le prochain plan hiver.<br />

Cet hiver, il est apparu nécessaire, encore plus que les hivers précédents, d’avoir<br />

une infirmerie. Les patients exclus de l’hôpital, avec une forte fièvre, et les patients<br />

gravement malades (deux patients sont décédés l’hiver dernier) pouvaient rester<br />

alités au centre Victor, mais des soins médicaux n’étaient pas prévus pendant la<br />

journée. Des bénévoles (médecins et infirmiers) passaient voir les malades, ponctuellement.<br />

L’hiver prochain, Médecins du Monde, en collaboration avec le<br />

Centre de Soins de la Ville d’Anvers, prendra en charge les soins aux personnes<br />

sans abri de manière professionnelle et structurelle au sein d’une<br />

infirmerie.<br />

Dans les 3 centres de soins, pour la première fois, des assistants sociaux et<br />

psychologues ont pris en charge des patients sans abri qui en ressentaient le<br />

besoin.<br />

L’IMPORTANCE DES RÉFÉRENCEMENTS<br />

Dans l’optique de garantir la continuité des soins, de nombreux<br />

référencements ont été organisés depuis le plan hiver : au total,<br />

on en dénombre 146.<br />

Etre suivis tant (para)médicalement que socialement.<br />

© Lucyna Piotrowska<br />

83 patients ont été référencés vers le CASO, où ils pouvaient<br />

se rendre tous les mardi après-midis, et être suivis tant (para)médicalement<br />

que socialement. Le seuil d’accessibilité était donc très<br />

bas.<br />

35 patients ont été référencés vers le Vlaamse Vereniging voor<br />

Respiratore Gezondheidszorg (VRGT/ équivalent du FARES), 15<br />

vers des médecins généralistes ou à l’hôpital, 13 vers d’autres<br />

lieux.<br />

Au centre Victor, tous les vendredi midis, une permanence était<br />

tenue par des travailleurs du CPAS. La collaboration était optimale<br />

: la quasi-totalité des sans-abris pour lesquels Médecins<br />

du Monde avait fait une demande d’aide médicale<br />

urgente, ont eu accès aux soins de santé classique, incluant<br />

les soins de seconde ligne.<br />

LES CONSULTATIONS POUR LE PUBLIC SANS ABRI<br />

À L’ANNÉE : LE CENTRE DE JOUR KAMIANO,<br />

EN COLLABORATION AVEC LE CENTRE DE SOINS<br />

DE LA VILLE D’ANVERS<br />

Tout comme à Bruxelles, les consultations pour les personnes<br />

sans abri ne s’achèvent pas avec la fin de l’hiver.<br />

Les consultations médicales et les soins infirmiers qui avaient lieu<br />

dans le Centre de soins de la Ville d’Anvers sont transposées au<br />

centre Kamiano à la fermeture du plan hiver. Elles sont assurées<br />

par un médecin, un accueillant et un infirmier, tous les lundi matins.<br />

Le centre de soins de la Ville d’Anvers propose des consultations à<br />

bas seuil pour les sans-abris. Les infirmiers font des consultations<br />

trois fois par semaine, une pédicure et un coiffeur font également<br />

des permanences hebdomadaires. Tous les lundi soirs, l’équipe<br />

para-médicale est renforcée par un docteur de Médecins<br />

du Monde. 96 consultations ont été réalisées auprès de 64<br />

patients.<br />

27


28 «ALLER VERS»<br />

Appuyer le relais-santé à<br />

La Louvière<br />

Le 17 octobre 2013, le projet à La Louvière fêtait son premier anniversaire. Nous avons en effet inauguré<br />

la première consultation, le 17 octobre 2012, en étroite collaboration avec le CPAS et le Relais-santé.<br />

Bilan des 12 premiers mois :<br />

108 patients accueillis et soignés,<br />

293 consultations dispensées,<br />

649 diagnostics réalisés.<br />

CE PROJET NOUS EST PRÉCIEUX<br />

• car il marque notre engagement dans la région wallone,<br />

• car la bonne pratique de notre partenariat avec le CPAS<br />

et les acteurs de première ligne de la Ville de La Louvière nous<br />

incite à la développer dans d’autres villes,<br />

• car l’offre de soins que nos équipes bénévoles y dispense est<br />

mise au défi d’une précarité très différente de celle que<br />

nous rencontrons dans nos autres projets.<br />

« Fatigue et dépression, nous rencontrons beaucoup de<br />

problèmes psychologiques. Il faut se mettre dans la tête<br />

ce que c’est que de vivre une nuit à la rue. Cela doit être<br />

épouvantable. On se sent souvent impuissant, et parfois<br />

démuni. Ce matin encore, on a rencontré des problèmes<br />

difficiles à soigner : ce qu’on peut faire, c’est aider par les<br />

petits moyens que nous avons. Ecouter, c’est surtout cela. »<br />

Docteur De Vriendt, médecin bénévole<br />

NOTRE OFFRE DE SOINS PROPOSE<br />

➔ un volet préventif qui s’articule autour de quatre axes<br />

principaux :<br />

1) l’accès aux soins,<br />

2) la couverture vaccinale pour les enfants,<br />

3) le dépistage VIH,<br />

4) le dépistage de la Tuberculose,<br />

➔ un volet curatif. Comme pour l’ensemble de nos autres<br />

projets, notre offre ne se pose pas comme un circuit alternatif<br />

aux médecins généralistes de la région. Il s’agit d’un<br />

dépannage dans l’urgence d’un public déstructuré<br />

par la précarité. Un dépannage minimal en médicaments<br />

accompagne ce volet.<br />

Notre travail s’inscrit également dans une<br />

logique d’orientation et de relais :<br />

• vers les services d’aide aux sans-abris mis en place par<br />

la ville, notamment les structures qui ont en charge la<br />

sortie de la rue et le travail d’insertion locale.<br />

• vers les structures de soins traditionnelles, principalement<br />

avec les centres hospitaliers universitaires de<br />

Jolimont et Tivoli.<br />

UNE DIMENSION PARTICULIÈRE DE LA PRÉCARITÉ<br />

Le public que nous rencontrons à La Louvière…<br />

… est majoritairement masculin.<br />

68% de nos bénéficiaires sont des hommes.<br />

… est relativement jeune.<br />

La part des bénéficiaires âgés de moins de 20 ans représente<br />

plus d’un tiers de nos patients.<br />

La moyenne d’âge y est de 32 ans.<br />

… est principalement belge.<br />

81% de nos bénéficiaires ont la nationalité belge.<br />

… rencontre des problèmes de logement.<br />

61% de nos patients sont sans abri.<br />

… présente surtout des troubles psychologiques (45%)<br />

ainsi que des symptômes respiratoires (12%) et<br />

ostéo-articulaires (8%)<br />

… a un accès ouvert aux soins.<br />

73% de nos bénéficiaires ont une couverture médicale.<br />

… mais n’y a pas recours.<br />

77% de nos patients déclarent ne pas avoir de médecin traitant.


«ALLER VERS»<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

« Le wagon de La Louvière s’est bien<br />

accroché au train de Médecins du Monde »<br />

salue Rita Lambert, coordinatrice bénévole<br />

du projet La Louvière.<br />

Notre mission est d’offrir un accès effectif aux soins de santé primaire.<br />

Nous accueillons et soignons donc un public précarisé en errance<br />

et en rupture totale avec les structures de soins classiques.<br />

Notre mission est de leur offrir un accès effectif aux soins<br />

de santé primaire, et de travailler avec le Relais-santé à l’ouverture<br />

et/ou à la récupération de leurs droits. Mais, dans les faits, nos<br />

médecins et nos infirmiers s’attachent surtout à (re)créer de la<br />

confiance entre eux et nos bénéficiaires. L’écoute est active pour<br />

soutenir psychologiquement d’une part, et pour maintenir les liens<br />

qui se forment d’autre part : 45% de nos bénéficiaires reviennent<br />

en effet plus d’une fois à nos consultations.<br />

Nous le constatons dans l’ensemble de nos activités : la précarité<br />

est multifactorielle, et c’est dans sa diversité d’expressions (financières,<br />

sociales, psychologiques…) qu’elle influence négativement<br />

l’accès aux soins. A La Louvière, la corrélation entre le non-recours<br />

aux soins et les différentes dimensions de la précarité, est très<br />

forte. Notre public en grande difficulté de vie cumule deux précarités<br />

majeures: sociale et psychologique. Le rouage qu’elles forment<br />

enclenche le mécanisme de construction d’une vulnérabilité<br />

de plus long terme. Notre projet à La Louvière nous dit bien que<br />

le renoncement aux soins est peut-être l’un des plus importants<br />

indicateurs de la précarité en santé...<br />

« J’ai connu Médecins du Monde grâce à Olivier du Relais-Santé.<br />

Je viens ici très souvent. Je pensais avoir trouvé<br />

un logement, mais je suis de nouveau dans la rue. Je dors<br />

dans les banques parfois. Je viens ici pour des problèmes<br />

psychologiques. Si je ne viens pas, si je ne suis pas suivie,<br />

c’est très grave. Je fais une vraie dépression, mon état est<br />

à zéro. Quand on en a marre de vivre dans la rue, on en a<br />

marre. Je ne vois rien avancer, c’est catastrophique. »<br />

Les consultations sont assurées tous les mercredis au sein<br />

des locaux du Relais-Santé par une équipe composée de<br />

deux infirmières et de quatre médecins, qui se relaient.<br />

5 à 6 patients sont reçus par plage de consultations.<br />

Natalie, une bénéficiaire<br />

29


30 ZOOM // «ALLER VERS»<br />

Être femme et mère en situations<br />

En situation de grandes précarités, penser à se soigner est loin d’être simple, et réussir à se soigner<br />

ne rentre parfois plus dans le champ des possibles. A cet égard, la situation des femmes vulnérables<br />

est particulièrement inquiétante. Leur quotidien est rempli d’incertitudes et de risques -dont un certain<br />

nombre est lié à leur identité féminine- qui les rendent vulnérables.<br />

LES PROBLÉMATIQUES DE FEMMES<br />

RENCONTRÉES PENDANT LES<br />

ANIMATIONS<br />

Dans le cadre du projet «Avec Elles», nous<br />

animons des séances de sensibilisation et<br />

d’information auprès de femmes vulnérables.<br />

Ces séances ont pour objectif de répondre<br />

clairement aux nombreuses préoccupations<br />

et demandes exprimées par ces<br />

femmes : la grossesse et son suivi, les infections<br />

sexuellement transmissibles, la sexualité<br />

et la contraception, les violences liées aux<br />

genres, l’hygiène et le corps, la santé et le<br />

travail, les acteurs et parcours de l’accès aux<br />

soins… Le but : encourager, avec des outils<br />

pédagogiques ludiques, la parole et le dialogue<br />

des femmes avec les animatrices tout d’abord,<br />

puis le dialogue entre les femmes, de manière<br />

à lever certains tabous.<br />

Ce jeu de l’oie fait partie<br />

des outils pédagogiques utilisés<br />

« J’ai eu un problème à l’utérus.<br />

Je suis allée voir le docteur à<br />

la polyclinique, puis à l’hôpital.<br />

Ils m’ont dit que j’avais besoin<br />

d’une opération, 3 000 euros. Au<br />

CPAS, on m’a dit que je devais<br />

payer cette somme. Quelques<br />

amis ont pu m’aider et m’ont<br />

donné 700 euros. Je suis allée à<br />

l’hôpital avec cet argent et j’ai dit<br />

que je pouvais payer seulement<br />

ça, et que je donnerai le reste<br />

après. Ils ont dit non. »<br />

Madame Y. rencontrée lors<br />

d’une animation de promotion<br />

de la santé<br />

51% des patientes de nos deux centres de soins<br />

évaluent leur santé comme «mauvaise» et «très<br />

mauvaise», contre 37% pour nos bénéficiaires<br />

hommes.<br />

LE CASO PROPOSE DES CONSULTATIONS<br />

SPÉCIFIQUES POUR LES FEMMES<br />

Une femme et/ou une mère, accueillie dans un de nos projets – aux<br />

séances de promotion de la santé, dans le Médibus, lors des consultations<br />

du Plan Hiver ou encore des consultations libres du CASO –<br />

peut se voir proposer une consultation santé-femme dans notre<br />

centre de soins bruxellois. Tous les vendredi matins, un médecin<br />

gynécologue et une assistante sociale accueillent ces femmes. 5<br />

consultations sont prévues par matinée.<br />

« Je travaille comme gynécologue chez MdM depuis<br />

Février 2011. Je fais les frottis de col chez les<br />

femmes qui n’ont pas accès à l’Aide Médicale Urgente,<br />

je prescris des contraceptifs oraux, place des<br />

stérilets … Je vois des pathologies de toutes sortes,<br />

je diagnostique des myomes, des MST comme le<br />

Sida, mais aussi des fausses couches. Je suis bien<br />

aidée par les assistantes sociales qui expliquent le<br />

fonctionnement de l’AMU aux patientes et m’aident<br />

à intégrer ces femmes dans un service d’ONE. Elles<br />

sont très attachantes et reconnaissantes ; je suis<br />

surprise par leurs détresses et leurs vulnérabilités,<br />

mais aussi par leur désir d’enfant. »<br />

Suzanne, gynécologue bénévole au CASO


ZOOM // «ALLER VERS»<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

de grandes précarités<br />

QUELQUES CHIFFRES…<br />

En 2013, Médecins du Monde a organisé…<br />

➔ 23 séances d’animation dans le cadre du projet «Avec Elles»,<br />

➔ 64 consultations de gynécologie dans le cadre du réseau<br />

«Spécialistes»,<br />

➔ 3 785 consultations dispensées sur l’ensemble des projets pour des<br />

femmes.<br />

…pour 1 560 femmes, dont :<br />

➔ 716 étaient sans autorisation de séjour,<br />

➔ 387 étaient sans abri,<br />

➔ 897 n’avaient aucune prise en charge médicale,<br />

➔ 89 femmes enceintes. 73% de ces femmes (65) n’avaient aucun suivi<br />

de grossesse. Parmi elles, 35% enregistraient un retard de suivi de<br />

grossesse 23 .<br />

51% des patientes de nos deux centres de soins évaluent leur santé<br />

comme «mauvaise» et «très mauvaise», contre 37% de nos patients<br />

masculins.<br />

© Fréderic Pauwels<br />

23<br />

23 femmes enregistrent un retard de suivi de grossesse. Lorsque la première consultation a lieu<br />

après la 12 ème semaine de grossesse, le suivi de grossesse est dit « tardif ».<br />

AGIR AU-DELÀ DES SOINS POUR ELLES…<br />

Médecins du Monde ne se limite pas aux soins. Comme indiqué dans<br />

notre charte, nous soignons…et nous témoignons.<br />

MANIFESTATION / 29 janvier 2014 – Mobilisation des ONG<br />

européennes pour soutenir les femmes en Espagne et le droit<br />

à l’avortement en Europe<br />

Suite à un projet de loi du gouvernement espagnol en Décembre<br />

2013 visant à limiter de façon significative le droit à l’avortement, Médecins<br />

du Monde a donc rejoint la manifestation organisée devant l’ambassade<br />

d’Espagne de Belgique pour soutenir le « Train de la Liberté »<br />

à Madrid. Nous avons marqué notre solidarité avec les femmes en Espagne<br />

et en Europe en défendant que les droits sexuels et reproductifs<br />

sont des droits humains.<br />

COLLOQUE / 14 Février 2014 – Précarité et santé sexuelle :<br />

quels défis ?<br />

Assurer aux femmes vulnérables un accès effectif à des services complets<br />

de Santé Sexuelle et Reproductive est un impératif : l’amélioration<br />

de la santé maternelle et infantile est un des Objectifs du Millénaire pour<br />

le Développement. L’absence de suivi en matière de sexualité et de<br />

reproduction a de graves répercussions sur la femme elle-même<br />

(sur sa santé, mais aussi sur sa mobililité, son statut économique et<br />

social…), mais également sur la santé publique (infections sexuellement<br />

transmissibles, mortalité maternelle…). C’est dans ce sens que la<br />

Fédération laïque des centres de planning familial et Médecins du Monde<br />

ont organisé le 14 Février 2014 un colloque « Précarité et santé sexuelle :<br />

quels défis ? ».<br />

ON AVANCE / Anvers – Accès aux soins pour les<br />

femmes enceintes vulnérables<br />

En 2011, Médecins du Monde et des acteurs de santé de<br />

terrain ont formé une plateforme « Femmes enceintes vulnérables<br />

», au sein de laquelle MdM joue le rôle de moteur.<br />

Cette plateforme s’assure que les droits des femmes enceintes<br />

vulnérables soient respectés (accès aux soins périnataux<br />

et accouchement sécurisé) 24 .<br />

La plateforme, dans son rôle de veille médicale, a motivé<br />

la Ville et le CPAS d’Anvers à unir leurs forces et travailler<br />

en réseau. On note une belle avancée : des assistantes sociales<br />

du CPAS deviennent les personnes de référence pour<br />

ces femmes enceintes. Les demandes d’AMU leur sont<br />

également adressées. Le réseau se réunit une à deux fois<br />

par an. Le centre d’expertise « De Kraamvogel », spécialisé<br />

en soins périnataux est le moteur de ce réseau. Grâce à<br />

leur soutien financier, les femmes enceintes ont aujourd’hui<br />

accès aux examens de laboratoire et d’imagerie, dans les<br />

centres de soutien prénataux (Prenatale Steunpunten), en<br />

collaboration avec le laboratoire AML, (qui a baissé ses tarifs)<br />

et l’Hôpital Universitaire d’Anvers qui apporte un échographe<br />

mobile, deux fois par mois.<br />

24<br />

Pour plus d’informations sur ce plaidoyer, se référer au Rapport annuel<br />

2012 des projets belges, Plaidoyer à Anvers : accès aux soins pour les<br />

femmes enceintes vulnérables<br />

31


32<br />

FOCUS // «ALLER VERS»<br />

Notre<br />

enquête<br />

sur les<br />

violences en rue<br />

« C’est très dur de satisfaire ses besoins<br />

personnels en rue, que ce soit l’hygiène,<br />

l’alimentation ou simplement dormir… Je<br />

ne dors que d’un œil parce que j’ai peur de<br />

me faire agresser. Je marche la tête baissée.<br />

Je ne reste pas à un endroit fixe, sinon les<br />

gens viennent te parler, et après, tu ne sais<br />

pas pourquoi, ils t’insultent. Je n’ai pas été<br />

éduqué comme ça.»<br />

José Junco, un bénéficiaire rencontré au<br />

centre d’urgence Rue des Alexiens<br />

Dans le cadre du « Plan Hiver », des centaines de bénévoles se<br />

relaient pour offrir des soins médicaux gratuits aux résidents des<br />

centres d’accueil et d’hébergement d’urgence. Cette période hivernale<br />

représente une opportunité unique pour MdM d’organiser<br />

une récolte de données afin de mieux connaître la population<br />

sans abri.<br />

Dans le cadre de l’enquête 2013-2014, en parallèle de leur situation<br />

administrative, de l’évaluation de leur étant de santé et leurs<br />

problèmes d’accès aux soins, un volet plus spécifique a été développé<br />

sur la problématique des violences en rue 25 .<br />

Il n’existe pas « une » réalité, mais autant d’histoires qu’il y a<br />

d’hommes et de femmes vivant leur « épreuve » de la rue. A maints<br />

égards, la rue reste un milieu hostile et violent, où les personnes<br />

sont plus que vulnérables face aux violences qu’elle génère.<br />

Elles sont souvent amenées à développer de véritables stratégies<br />

de survie pour s’y adapter. Parmi notre échantillon de bénéficiaires<br />

interrogés, la prévalence des problèmes de violences physiques<br />

(38% pour les hommes et 49% pour les femmes) et sexuelles<br />

(5,5% pour les hommes et 39% pour les femmes) est en effet<br />

beaucoup plus importante en comparaison avec celle de la population<br />

belge générale.<br />

25<br />

Enquête réalisée auprès de 212 personnes (40 femmes et 172 hommes) de mi-novembre<br />

2013 à fin mars 2014 : Evaluation de l’état de santé de la population du<br />

Plan Hiver 2013/14 – Rapport d’étude quantitative<br />

COMPARAISON<br />

DES VIOLENCES<br />

SUBIES AVEC LA<br />

POPULATION<br />

BELGE (%)<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Violences physiques Violences verbales Violences sexuelles<br />

Hommes Plan Hiver<br />

Hommes National<br />

Femmes Plan Hiver<br />

Femmes National<br />

47%<br />

se sont déjà fait confisquer<br />

et/ou voler leur argent<br />

et/ou papiers.<br />

53%<br />

souffrent de la faim.<br />

53%<br />

ont déjà été expulsés de<br />

leur logement.<br />

Quel que soit le type de violence, la proportion de victimes<br />

de sexe féminin est plus grande. Quitter une situation<br />

de violence conjugale est parfois le chemin qui les mène vers le<br />

sans-abrisme, lorsqu’elles n’ont pas les ressources adéquates<br />

pour vivre seules. Néanmoins, si la violence peut être une cause<br />

du sans-abrisme pour de nombreuses femmes, le fait de vivre<br />

seules en rue les rend également plus vulnérables et plus<br />

à risque d’être victimes de violences physiques, mais surtout de<br />

violences psychologiques 26 et sexuelles.<br />

Pourtant, 65% des hommes et des femmes que nous<br />

avons interrogé et qui déclarent avoir été victimes de violences<br />

ne connaissent aucune des organisations qui<br />

fournissent l’assistance socio-juridique nécessaire<br />

face à ces situations.<br />

26<br />

Par « Violences psychologiques », nous entendons : les agressions verbales, le<br />

harcèlement, les insultes, les humiliations, les intimidations, le fait d’être suivi(e)<br />

dans la rue…


FOCUS «ALLER VERS»<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

Les conditions de la vie en rue ont de lourdes implications en matière de santé : elles agissent à<br />

la fois sur l’état de santé des personnes sans abri, mais aussi sur leur prise en charge.<br />

© Fréderic Pauwels<br />

Dans le cadre de cette enquête, le bien-être émotionnel<br />

de notre échantillon a été analysé à partir de trois critères :<br />

>> LA SANTÉ SUBJECTIVE<br />

56% estimaient leur santé comme étant moyenne (27%),<br />

mauvaise (18%) et très mauvaise (11%).<br />

>> LEUR ISOLEMENT<br />

83% des bénéficiaires interrogés vivaient seul(e)s, et 50%<br />

d’entre eux n’avaient pas rencontré un ami la semaine<br />

précédente<br />

>> L’ÉTAT DE BIEN-ÊTRE ÉMOTIONNEL<br />

Du fait de leurs conditions de vie,<br />

61% manquent de sommeil<br />

57% se déclarent stressés et tendus<br />

56% se disent déprimés et malheureux<br />

Les violences dures décrites précédemment s’accompagnent<br />

donc de violences qui font partie du quotidien des personnes sans<br />

abri. Les processus de désocialisation aboutissent à des « souffrances<br />

» et des « fractures » sociales. L’errance fatigue et<br />

use les corps, mais fait perdre également toutes les attaches.<br />

Ces personnes en arrivent à perdre progressivement toute représentation<br />

du temps et de l’espace, de la société, du groupe et du<br />

corps : lorsqu’il n’existe plus de repère permettant la continuité,<br />

basculer dans la « désaffiliation » est chose aisée.<br />

La vie en rue n’est donc pas seulement l’absence de toit.<br />

C’est aussi la surexposition aux agressions et aux violences<br />

physiques et sexuelles d’une part, à la rupture puis<br />

à l’absence de relations sociales d’autre part. Or, nous le<br />

constatons : la peur, l’absence de repères, les souffrances<br />

psychiques… sont autant de facteurs qui rendent difficile<br />

l’accès aux soins, voire qui expliquent le non-recours aux<br />

soins… alors qu’il y a de réels besoins.<br />

Face à ce constat, nous demandons à ce que les réponses apportées<br />

par les pouvoirs publics ne s’inscrivent plus dans une<br />

approche parcellaire de ces problématiques, mais dans une approche<br />

globale et intégrée.<br />

Plus particulièrement, nous demandons la création et/ou le renforcement<br />

de dispositifs d’urgence pour les femmes et les familles en<br />

situation de détresse.<br />

Ces structures doivent :<br />

>> être spécifiques. Actuellement, la mixité dans les centres d’hébergement<br />

d’urgence ne permet pas une prise en charge adéquate<br />

des femmes.<br />

>> accueillir les femmes à problématiques multiples (problèmes<br />

de dépendance, problèmes psychologiques, victimes de violences…),<br />

et offrir une prise en charge commune. En effet, les<br />

femmes sans abri et les femmes victimes de violences ont tendance<br />

à être traitées comme des populations distinctes et donc<br />

à être prises en charge dans des dispositifs différents. Or, nous<br />

connaissons l’importante corrélation qui existe entre ces deux<br />

états.<br />

Dans la nuit du 08 novembre 2010, la STRADA, centre d’appui au secteur bruxellois d’aide aux sans abri, organisait son deuxième recensement des personnes sans<br />

abri, sans logement et en logement inadéquat 27 dans la région Bruxelles-Capitale. Environ 2 000 personnes ont été recensées. 329 personnes vivant en rue, dont 11%<br />

de femmes. 282 personnes hébergées dans les centres d’urgence, dont 36% de femmes.<br />

33<br />

27<br />

Est « sans abri » toute personne vivant dans la rue ou dans un centre d’hébergement d’urgence. Est « sans logement » toute personne vivant dans un foyer d’hébergement pour<br />

personnes sans domicile ou dans un foyer d’hébergement pour femmes. Vit dans un « logement inadéquat » toute personne habitant dans des structures provisoires telles que<br />

des occupations négociées, ou encore dans des logements indignes comme les squats.


34 ACCOMPAGNER<br />

© Fréderic Pauwels<br />

ACCOMPAGNER :<br />

garantir l’accès et le droit à la santé<br />

pour tous<br />

Offrir des soins de qualité<br />

Dans nos deux Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation, à Bruxelles et à Anvers, Médecins du<br />

Monde assure un accès aux soins de qualité pour les populations en précarité, en offrant une<br />

consultation multidisciplinaire (social- médical-psychologique). Ces centres ont pour objectif de soigner<br />

mais aussi d’ouvrir un accès aux soins pérenne et donc de ré-intégrer la personne dans le système<br />

classique.<br />

>> NOUS ACCUEILLONS…<br />

… un public en réel décrochage. Le passé souvent dur (migration,<br />

extrême pauvreté, violences…) et le présent précaire<br />

(sans autorisation de séjour, vies en rue, travail insécurisant…)<br />

de nos bénéficiaires fragilise et handicape leur prise<br />

de contact avec les institutions.<br />

Nous admettons donc tous les patients présentant une vulnérabilité<br />

médicale, en portant un œil particulièrement vigilant<br />

sur les femmes enceintes, les personnes ayant besoin<br />

d’une orientation en deuxième ligne (soins spécialistes),<br />

les personnes devant faire des examens en laboratoire, les<br />

personnes ayant un besoin psychologique ou des troubles<br />

psychiatriques chroniques nécessitant une prise de médicaments,<br />

les plus de 65 ans et les moins de 15 ans.<br />

La vulnérabilité sociale est un critère de renforcement de<br />

l’admissibilité des patients. Les personnes sans abri, sans<br />

papiers, les mères célibataires et les personnes isolées font<br />

partie de nos publics.<br />

Dans nos CASO, nous faisons « acte d’accueil » : nous<br />

écoutons le besoin en santé formulé par le patient, afin de le<br />

comprendre et de le considérer en y apportant la réponse la<br />

plus adéquate. Ce cadre chaleureux a pour but de (re)créer<br />

du lien et de faire (re)prendre confiance au patient.<br />

>> NOUS RENDONS<br />

L’ACCÈS AUX SOINS<br />

EFFECTIFS…<br />

… en nous assurant que la personne<br />

soit reçue par un médecin,<br />

pour y bénéficier :<br />

- de soins de qualité. Nos<br />

professionnels de santé<br />

bénévoles dispensent des<br />

soins de santé primaires,<br />

(ceci inclut les soins de santé<br />

sexuelle et reproductive). Les<br />

équipes médicales et sociales<br />

peuvent aussi faire appel à<br />

des psychologues : toujours<br />

présents dans les locaux lors<br />

des consultations, ils peuvent<br />

offrir des consultations psychologiques<br />

ou leur soutien<br />

en co-consultation.<br />

- d’un traitement adéquat.<br />

Des médicaments peuvent<br />

être donnés gratuitement,<br />

lorsque les patients n’ont pas<br />

les ressources nécessaires<br />

pour se les procurer.<br />

>> NOUS TRAVAILLONS<br />

À (RÉ)INTÉGRER…<br />

… nos patients dans le système<br />

classique de soins, car<br />

nous ne sommes pas une<br />

structure de soins continus.<br />

Lorsque l’accès aux soins est<br />

ouvert, le patient peut alors intégrer<br />

une maison médicale, la<br />

consultation d’un généraliste,<br />

avoir un dossier médical global,<br />

être pris en charge par un<br />

centre de santé mentale…<br />

Nous allions donc opérationnalité<br />

(quelques 10 450<br />

consultations gratuites en<br />

2013) et plaidoyer (actions<br />

structurelles pour garantir le<br />

droit à l’accès aux soins).<br />

Le référencement du patient<br />

en précarité, sa visibilité auprès<br />

des services de santé au<br />

sens large, son inclusion et<br />

l’effectivité des soins sont<br />

au cœur de notre objectif.


ACCOMPAGNER<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

Notre CASO bruxellois…<br />

En 2013, notre plan d’action visait :<br />

➔ la révision des plages de consultations afin d’avoir une<br />

ligne de soins cohérente entre les différents projets bruxellois,<br />

➔ la formation des professionnels de santé et des<br />

bénévoles-MdM sur le fonctionnement du système belge<br />

d’accessibilité aux soins,<br />

➔ une récolte d’information sur les entraves à l’accès aux<br />

soins en région bruxelloise.<br />

Au regard des résultats attendus, les activités menées au cours de<br />

l’année ont été les suivantes :<br />

1/ Le développement de notre ligne de soins…<br />

… avec l’instauration de consultations uniquement médicales en<br />

première ligne et une seconde ligne psycho-médico-sociale (CF.<br />

Notre ligne de soins « santé-précarité – pages 8/9). Nous avons<br />

également renforcé l’intégration systématique des patients des<br />

projets mobiles – ceux qui ont besoin d’une prise en charge plus<br />

globale au niveau de notre CASO.<br />

2/ La poursuite de notre volet «Formation»…<br />

… avec le développement de séances d’information sur l’accès<br />

aux soins pour les professionnels du secteur de la santé 28 et pour<br />

les professionnels bénévoles de MdM : 25 en 2013 ! Une permanence<br />

téléphonique est aussi assurée par le service social : nous<br />

recevons plus de 20 appels du réseau médical et associatif par<br />

mois pour un complément d’informations sur l’accès aux soins.<br />

3/ L’énergie déployée par nos travailleurs pour rétablir<br />

l’accès aux soins…<br />

… des familles en séjour irrégulier résidant sur le territoire de la<br />

commune de 1000 Bruxelles. A la fin de l’année 2013, ces familles<br />

étaient toujours privées de ce droit, et ce depuis 2009. Notre avocate<br />

bénévole a poursuivi la défense de ces dossiers au tribunal<br />

du travail, avec succès ! Aujourd’hui ces familles ont donc retrouvé<br />

un droit élémentaire : le droit à la santé.<br />

Plus largement, les travailleurs des différents pools sont présents<br />

et engagés auprès de divers groupes de travail qui permettent, de<br />

près ou de loin, de faire levier pour une meilleure application<br />

du droit universel à l’accès aux soins pour tous 29 . Grâce à ce<br />

travail quotidien de défense, et suite aux nombreux accompagnements<br />

physiques des patients dans divers services, nous avons<br />

obtenu beaucoup de bonnes nouvelles cette année ! Notamment<br />

la délivrance de cartes médicales pour des patients qui nécessitaient<br />

un suivi médical et pour lesquels la situation était bloquée 30 .<br />

Mais malgré de belles avancées 31 , les obstacles à l’accès<br />

effectif aux soins restent de mise. Notre offre de soins<br />

au CASO, seul centre médical offrant des consultations<br />

gratuites, se retrouve aujourd’hui saturée : nous ne pouvons<br />

pas faire face à l’entièreté de la demande des personnes<br />

et des services en région bruxelloise, nos moyens financiers<br />

nous permettant d’effectuer 5.000 consultations/an.<br />

• Avoir une adresse de résidence pour bénéficier de<br />

l’aide médicale urgente reste un facteur de frein<br />

énorme pour l’accès aux soins des personnes en situation<br />

précaire (sans-abris, personnes occupant des logements<br />

instables…). Cette exigence de territorialité pour obtenir une<br />

carte médicale ne permet souvent pas une bonne continuité<br />

des soins, voire aucune ouverture d’accès aux soins!<br />

• Les hôpitaux restreignent drastiquement la possibilité d’une<br />

première consultation pour les personnes sans accès aux<br />

soins…qui présentent des vulnérabilités médicales.<br />

• De plus en plus de justificatifs sont demandés aux patients<br />

pour ouvrir leurs droits, et l’usage de la carte<br />

médicale se réduit avec le temps. Le CPAS de Bruxelles-<br />

Ville veut par exemple imposer un nouveau format de certificat<br />

d’aide médicale urgente: les patients devront y inscrire<br />

des informations issues de l’enquête menée par une assistante<br />

sociale. Le CPAS de Molenbeek demande de nouvelles<br />

preuves concernant le séjour ininterrompu.<br />

Nous assistons aujourd’hui à un réel recul des droits et<br />

à une « charge de la preuve » décourageante pour les<br />

patients et leurs soignants. De manière générale, au niveau<br />

des CPAS, les procédures se complexifient et la<br />

durée de couverture se limite. La mise en place d’un<br />

nouveau logiciel de paiement (Mediprima) est d’ailleurs<br />

souvent utilisée comme argument pour la restriction de<br />

ces droits.<br />

28<br />

Principalement les professionnels de l’ONE, de la Croix-Rouge ainsi que l’ASBL<br />

Dune.<br />

29<br />

Réseau Trauma- Exil, Comité de Vigilance, Coordination sociale de Schaerbeek,<br />

groupe de travail Pigment, Comité belge d’aide aux réfugiés,…<br />

30<br />

Pas de possibilité de donner une adresse de résidence, pas de preuve d’identité<br />

jugée valable par le CPAS, pas de prise en charge par l’hôpital pour une première<br />

consultation chez un spécialiste,…<br />

31<br />

Nous relevons toujours positivement les initiatives de certains CPAS comme 1030,<br />

1060… pour leur groupe de travail permettant un dialogue constructif entre le<br />

CPAS et le secteur associatif en vue d’une amélioration de l’accès aux soins de<br />

santé de leurs habitants notamment.<br />

35


36 ACCOMPAGNER<br />

En 2013<br />

5 706 consultations<br />

3 337 consultations médicales, 2 018 consultations sociales,<br />

351 consultations psychologiques.<br />

±40 bénévoles actifs<br />

Accueillants, médecins, infirmiers, psychologues, assistantes<br />

sociales, etc.<br />

1 586 patients<br />

82% ne bénéficiaient d’aucune couverture médicale.<br />

Actuellement, nos professionnels sont de plus en plus<br />

confrontés aux difficultés d’ouverture de l’accès aux soins<br />

pour les patients européens et résidents étrangers en Europe.<br />

Le contexte de crise prédominant en Europe diminue leurs<br />

droits en matière d’accès aux soins ; et certaines personnes<br />

tombent en dehors des systèmes légaux existants (visa,<br />

prise en charge, nouveaux européens, etc). Nous prenons en<br />

charge ce public tout en sachant qu’en cas de pathologies<br />

lourdes, il sera difficile de trouver rapidement une solution.<br />

© MdM<br />

Notre réseau actuel de médecins spécialistes s’étend et se renouvelle.<br />

Nous ne prenons pas une catégorie de bénéficiaires plus en<br />

charge qu’une autre : nous souhaitons être accessibles<br />

aux personnes les plus vulnérables en matière de santé.<br />

« Mr O. souffrant de délires paranoïaques et vivant en rue<br />

depuis plusieurs mois, ne souhaitait plus faire valoir ses<br />

droits au CPAS. Grâce à un travail régulier de mise en<br />

confiance par nos différentes équipes, nous maintenons<br />

un contact régulier. Il a accepté de se rendre avec nous<br />

au CPAS. »<br />

Sophie D., assistante sociale<br />

Quelques perspectives d’avenir<br />

L’application de notre ligne de soins au sein des projets bruxellois<br />

nous amène un public toujours plus divers au CASO, ce<br />

qui nécessite une évolution de nos pratiques. Les personnes<br />

qui sont prises en charge à court terme au CASO présentent<br />

en effet des vulnérabilités médicales qui nécessitent une ouverture<br />

de l’accès aux soins et un accès effectif aux structures<br />

de soins – pas uniquement une couverture administrative.<br />

Nous souhaitons maintenir nos plages de consultations en<br />

santé sexuelle et reproductive et renforcer nos collaborations<br />

avec les plannings familiaux et l’ONE.<br />

Au mois d’avril 2013, notre centre médical « a pris des couleurs<br />

» ! Nous avons déménagé pour accueillir les patients<br />

dans un environnement bien plus agréable !<br />

En 2013-2014, notre mission « SPÉCIALISTES »…<br />

… s’est poursuivie en intégrant de nouveaux collaborateurs<br />

médecins !<br />

Notre réseau permet en effet d’offrir des soins de seconde<br />

ligne aux bénéficiaires qui en ont besoin durant leur accompagnement,<br />

et qui ne disposent pas encore du droit aux soins<br />

durables. Assurées par une trentaine de bénévoles (médecins<br />

et accueillants), les consultations sont organisées à la fondation<br />

Baron Lambert (hôpitaux IRIS-SUD) qui met ses locaux à<br />

notre disposition tous les jeudi soirs. Les consultations dentaires<br />

ont lieu au clos Sainte Thérèse à Saint-Gilles.<br />

498 consultations médicales<br />

(ophtalmologie, chirurgie, ORL, gynécologie, kinésithérapie,<br />

urologie, dermatologie, médecine interne…) :<br />

+ 5,5% par rapport à 2012 !<br />

257 consultations dentaires<br />

En 2015, nous ouvrons un nouveau cabinet dentaire à la rue<br />

Botanique ! Des accords de collaboration se développent avec<br />

de nouveaux établissements hospitaliers, tandis que notre réseau<br />

actuel de médecins spécialistes s’étend et se renouvelle.


ACCOMPAGNER<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

Et notre<br />

COZO anversois !<br />

Tout comme le CASO de Bruxelles, le COZO à Anvers ne<br />

« tournerait » pas sans la collaboration de tous les bénévoles.<br />

En 2013, 60 bénévoles y étaient actifs, dans des domaines<br />

très variés : accueil et soutien administratif, greffiers, infirmiers,<br />

médecins, psychologues/psychothérapeutes, assistants sociaux,<br />

nutritionnistes, entraîneurs sportifs.<br />

Tout le suivi de cette offre de soins complexe et intégrée est<br />

assuré par une équipe fixe au COZO, constitué d’un médecin,<br />

une psychothérapeute et deux assistantes sociaux.<br />

En 2013<br />

4 739 consultations<br />

ont été réalisées au COZO.<br />

SOINS INFIRMIERS ET MÉDICAUX<br />

Toutes les semaines, nos bénévoles font des consultations<br />

de soins infirmiers (soins de plaies, prises de sang, contrôle<br />

de la tension et du niveau de sucre, suivi hebdomadaire des<br />

médicaments). Ils réalisent également des sessions d’information<br />

et de prévention et s’assurent de l’éducation thérapeutique des<br />

patients (prise correcte du médicament…)<br />

qu’ils rencontrent dans leur accès aux soins et cibler leurs besoins.<br />

Ceci permet un travail en profondeur et davantage de patients<br />

peuvent être référés vers les soins de santé mentale « classiques ».<br />

- Projet Trauma & Exil<br />

Lancé en 2013, le projet « Trauma et Exil » a pris forme. Il s’agit<br />

d’apporter un soutien psychologique aux patients ayant souffert<br />

de leur parcours migratoire. Le projet Trauma & Exil sera reconduit<br />

les prochaines années. Nous mobilisons des thérapeutes :<br />

l’objectif est ensuite de pouvoir faire appel à eux pour référer nos<br />

patients exclus des soins. Le réseau existe mais il doit être consolidé<br />

et renforcé.<br />

PLATEFORME<br />

« FEMMES ENCEINTES VULNÉRABLES »<br />

Médecins du Monde et des acteurs de santé de terrain ont formé<br />

en 2011 une plateforme « Femmes enceintes vulnérables », au<br />

sein de laquelle MdM joue le rôle de moteur. Cette plateforme<br />

s’assure que les droits des femmes enceintes vulnérables soient<br />

respectés (accès aux soins périnataux et accouchements sécurisés).<br />

Pour plus d’infos, se référer à la partie “Zoom” de ce rapport<br />

(p.30-31).<br />

A l’initiative d’un des accueillants, la salle d’attente s’est transformée en une<br />

aire de jeux pour les enfants, pour leur plus grand bonheur. “C’est vrai, il y<br />

a maintenant plus de bruit dans la salle d’attente, mais c’est agréable : voix<br />

joyeuses, rires. Avant j’entendais surtout des pleurs et des plaintes des enfants.<br />

Cette aire de jeu est vraiment une grande amélioration ! »<br />

Les infirmiers sont en charge de la « pré-consultation » : si besoin,<br />

ils orientent les patients vers le médecin.<br />

ACTIVITÉS PRÉVENTIVES<br />

- Dépistage : En plus des soins qu’ils prodiguent au quotidien,<br />

les infirmiers ont une tâche très importante de prévention,<br />

en orientant les patients vers le VRGT 32 pour un dépistage<br />

tuberculose et vers l’Institut tropical d’Anvers pour les dépistages<br />

VIH et IST.<br />

- Activité sportive : Une fois par semaine, les patients du COZO<br />

ont la possibilité d’aller se promener au parc. Les patients<br />

reçoivent un podomètre et un objectif quotidien de 10.000<br />

pas à faire. Tous les patients viennent tant pour des raisons<br />

médicales (obésité, diabète, hypertension), que pour des raisons<br />

psychologiques et sociales.<br />

SOINS EN SANTÉ MENTALE<br />

L’objectif premier des soins en santé mentale est avant tout<br />

de stabiliser les patients avant de les référer dans le système<br />

de soins de santé « classique ».<br />

- Accompagnement psychologique<br />

Les patients qui sont orientés vers un psychologue sont d’abord<br />

reçus par une assistante sociale pour travailler sur les obstacles<br />

Les référencements vers des<br />

soins spécialistes à Anvers<br />

Parce que l’objectif spécifique de cette année a été d’assurer<br />

une meilleure qualité des soins intégrés, l’accent a été mis sur<br />

les référencements vers des soins de deuxième ligne, que ce soit<br />

dans des hôpitaux, des cabinets privés, ou même en interne, dans<br />

les murs du COZO.<br />

SOINS SPÉCIALISTES ET PARAMÉDICAUX AU COZO<br />

Certains soins spécialistes sont organisés en interne chez Médecins<br />

du Monde.<br />

➔ Orthopédie<br />

Depuis janvier 2013, un orthopédiste bénévole tient une consultation<br />

mensuelle, lors de laquelle il reçoit en moyenne 12 patients.<br />

Les médecins généralistes du COZO peuvent ainsi plus facilement<br />

faire une orientation interne. Il a formé les médecins généralistes<br />

et infirmiers du COZO à la détection de cas nécessitant une orientation<br />

ou de l’imagerie.<br />

32<br />

VRGT : Vlaamse Vereniging voor Respiratoire Gezondheidszorg en Tuberculosebestrijding<br />

(équivalent néerlandophone du FARES)<br />

37


38 ACCOMPAGNER<br />

➔ Pneumologie<br />

Depuis que le COZO existe, un pneumologue bénévole offre ses<br />

services. S’il était d’abord actif en tant que médecin de première<br />

ligne, depuis 2013, nous orientons les patients ayant des problèmes<br />

respiratoires complexes vers lui. Il exerce alors en tant<br />

que spécialiste. Tant les médecins que notre pneumologue considèrent<br />

cette façon de travailler comme une valeur ajoutée.<br />

➔ Diabète<br />

Depuis deux ans, grâce au soutien du GZA (GasthuisZusters<br />

Antwerpen), nous proposons des consultations spécifiques pour<br />

les diabétiques qui font face à certaines difficultés. Le médecin<br />

est supervisé par un endocrinologue et travaille en collaboration<br />

avec un spécialiste de l’éducation au diabète. Avec ce projet, le<br />

rôle crucial des diététiciens est apparu. Du matériel visuel a été<br />

élaboré sur l’importance d’une alimentation saine, ainsi que des<br />

outils pour apprendre à bien se nourrir à moindre coût. Une collaboration<br />

avec les banques alimentaires pour obtenir des colis pour<br />

diabétiques a été mise en place.<br />

➔ Psychiatrie<br />

Depuis janvier 2012, nous n’avons plus de psychiatre bénévole<br />

au COZO. Tous les psychiatres de la province d’Anvers ont été<br />

contactés, mais malheureusement sans résultat. Un médecin bénévole<br />

a montré de l’intérêt pour un suivi de patients psychiatriques.<br />

Depuis deux ans, elle tient une consultation pour ces<br />

patients.<br />

RÉFÉRENCEMENTS VERS DES SPÉCIALISTES<br />

AU SEIN DES HÔPITAUX GZA<br />

Depuis 2 ans, grâce à la convention de collaboration entre MdM<br />

et les hôpitaux chrétiens de la Ville d’Anvers GZA (GasthuisZusters<br />

Antwerpen), nos patients ont accès aux soins de deuxième<br />

ligne. La procédure de référencement entre les services sociaux<br />

du COZO et le groupe GZA fonctionne parfaitement. En 2013,<br />

25 référencements ont été organisés. MdM a pu faire appel aux<br />

spécialités suivantes : neurologie, gynécologie, radiologie, pédiatrie,<br />

endocrinologie, gastro-entérologie, proctologie, néphrologie<br />

et rhumatologie.<br />

AUTRES RÉFÉRENCEMENTS SPÉCIALISTES<br />

La collaboration avec le groupe d’hôpitaux GZA est une grande<br />

plus-value pour MdM, mais ne couvre pas tous les besoins de<br />

référencements. Certaines spécialités ne sont pas disponibles,<br />

d’autres sont sur-sollicitées. C’est pourquoi, le COZO a fait un<br />

important effort pour recruter des spécialistes, au sein d’autres<br />

hôpitaux/cliniques et dans des cabinets privés.<br />

➔ Référencements vers des spécialistes au sein d’autres<br />

hôpitaux<br />

Nous faisons appel à d’autres hôpitaux, en premier lieu le ZNA.<br />

16 patients ont ainsi pu bénéficier d’une consultation (orthopédie,<br />

ophtalmologie, urologie, hépatologie, gynécologie). Nous avons<br />

également pu compter sur une collaboration avec le service psychiatrique<br />

du ZNA. En 2014, nous avons intensifié cette collaboration.<br />

De longues listes d’attentes dans les services de soins de santé<br />

mentale, un accès difficile à la psychiatrie, et sans garantie<br />

aux hôpitaux, voilà pourquoi Médecins du Monde recherche<br />

toujours de nouvelles opportunités de référencement à Anvers.<br />

L’identification de thérapeutes prêts à recevoir des patients du<br />

CASO dans leur propre cabinet est très importante : ceci permet<br />

de garantir une approche pluridisciplinaire et une continuité du<br />

suivi.<br />

➔ Référencements vers des pratiques privées<br />

Nous sollicitons également des spécialistes qui exercent dans des<br />

pratiques privées.<br />

Depuis 2014, pour les besoins en imagerie des patients, certains<br />

spécialistes réalisent gratuitement une radiographie ou une<br />

échographie dans leur cabinet.<br />

Depuis septembre 2013, une collaboration avec un dentiste<br />

a été mise en place : il soigne bénévolement les patients du<br />

COZO. Il tient quatre rendez-vous libres par semaine pour ces<br />

consultations. Les médecins et les infirmiers sélectionnent les<br />

patients en fonction de l’urgence et les assistants sociaux étudient<br />

la possibilité d’une insertion dans le système de soins de santé<br />

classique. La demande en soins dentaire est forte.<br />

➔ Référencements vers le CPAS<br />

pour l’ouverture des droits<br />

Nous nous efforçons d’ouvrir le droit aux soins pour nos patients<br />

via le CPAS d’Anvers, auquel nous adressons également des<br />

demandes d’AMU. Depuis de nombreuses années, nous<br />

poussons le CPAS à changer certaines pratiques afin que le droit<br />

à la santé soit effectif.<br />

Tous les trois mois, nous avons une rencontre avec le CPAS<br />

afin de discuter des dossiers qui bloquent en espérant pouvoir<br />

trouver une solution. Certains cadres de l’AMU sont interprétés<br />

de manière très restrictive par le CPAS et engendrent souvent des<br />

retards de prise en charge et/ou des droits non ouverts.<br />

➔ Référencements spécialistes à la clinique du<br />

Baron Lambert<br />

Parce que cette clinique se trouve à Bruxelles, les référencements<br />

ne sont pas toujours simples d’un point de vue du coût du transport.<br />

Nous espérons donc trouver des solutions à Anvers.<br />

Nous référons les patients à Bruxelles pour les seules spécialités<br />

suivantes : ophtalmologie, ORL et dermatologie. En 2013, 30<br />

patients ont pu être référés, dont 20 pour des problèmes ophtalmologiques.


ACCOMPAGNER<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

Et à l’avenir ?<br />

• L’objectif de la collaboration entre MdM et GZA est bien<br />

entendu de prodiguer à nos patients les soins de santé dont<br />

ils ont besoin, mais aussi d’aboutir à l’ouverture de leurs<br />

droits. La collaboration permet l’établissement de solides<br />

dossiers de demandes d’Aide Médicale Urgente auprès du<br />

CPAS. Grâce au rapport établi par le médecin spécialiste,<br />

le référent médical du COZO peut compléter le dossier du<br />

patient, qui se voit remettre une garantie médicale par le<br />

CPAS. Il entre alors dans le système « classique » de soins !<br />

A Anvers, certaines Maisons Médicales ont également<br />

pris en charge des patients n’ayant pas accès aux<br />

soins de santé sans couverture médicale : c’est pourquoi<br />

elles ont également des besoins de référencement.<br />

La collaboration entre le groupe d’hôpitaux GZA<br />

et MdM a donc été élargie aux Maisons Médicales !<br />

Nous avons constaté que beaucoup de spécialistes du GZA<br />

ne connaissent pas Médecins du Monde, ou bien de manière<br />

trop floue. C’est pourquoi nous planifions une présentation<br />

en octobre 2014, en espérant les mobiliser sur notre<br />

projet.<br />

• Nous travaillons aussi à l’établissement d’un cabinet dentaire<br />

au COZO : nous serons donc bientôt de nouveau à la<br />

recherche de dentistes bénévoles !<br />

De tous les projets de Médecins du Monde, nos<br />

Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation<br />

comptabilisent le plus fort pourcentage de patients<br />

sans aucune prise en charge de leur santé au<br />

moment où ils se présentent aux consultations…<br />

alors que les besoins en santé sont bien là.<br />

Nous sommes, pour eux, un point d’ancrage<br />

temporaire. Toute la pertinence de nos CASO<br />

tient au travail d’orientations et de références :<br />

le patient doit être (ré)intégré dans le système<br />

classique de soins.<br />

En faisant le choix de cibler les publics les plus vulnérables,<br />

les suivis sont de plus en plus complexes<br />

et de plus en plus lourds : « référer » devient difficile<br />

pour nos équipes sociales qui doivent faire face à un<br />

nombre croissant d’obstacles. Avec nos actions de<br />

référencements de patients et avec nos actions de<br />

plaidoyer, nous témoignons de ces entraves, et<br />

demandons à ce que des changements structurels<br />

de long terme soient engagés au niveau<br />

des structures qui ouvrent le droit (entre autres les<br />

CPAS) mais aussi au niveau des structures de soins<br />

classiques, afin de prendre en charge de manière<br />

globale et intégrée ces publics et leurs spécificités.<br />

© Frédéric Pauwels<br />

La collaboration permet l’établissement de solides dossiers de demandes<br />

d’Aide Médicale Urgente auprès du CPAS.<br />

39


40<br />

ENTRETIENS<br />

Nos patients et<br />

nos volontaires<br />

nous parlent !<br />

« Je suis arrivée en Belgique en 2012. Je n’ai pas de mutuelle.<br />

Je suis tombée enceinte, mais je ne pouvais pas<br />

garder l’enfant. C’est une amie qui m’a dit de venir ici<br />

pour l’IVG, elle m’a dit qu’on prendrait soin de moi. Avant,<br />

c’était très difficile. Depuis que je suis venue ici, ça va, en<br />

tout cas pour la santé. »<br />

• Jeune femme congolaise, patiente de la consultation<br />

femmes du CASO<br />

© Kathleen de Meeûs<br />

« ‘Un possible : et notre désespéré reprend le souffle, il revit, car<br />

sans possible, pour ainsi dire, on ne respire pas’. 33 Dans un contexte<br />

de criminalisation des personnes dites «sans papiers», venir chaque<br />

mardi exercer bénévolement mon métier de psychologue au CASO<br />

de Médecins du Monde relève à mes yeux d’un engagement citoyen,<br />

d’un acte de résistance. Un cramponnement à ce qui nous fonde<br />

en tant qu’être humain et à l’idéal du Vivre Ensemble.<br />

Forcés par nécessité d’être invisibles, dans une situation de non-droit,<br />

l’estime de soi des patients que je reçois se trouve profondément affectée.<br />

Un sentiment constant de ne pas avoir la permission d’exister<br />

les hante. Nos entretiens psychologiques ont pour noyau un tissu<br />

déchiré, qu’il faut s’évertuer de réparer. J’accueille des désespoirs et<br />

je cherche à contenir les effondrements, en soutenant les bricolages<br />

de la pulsion de vie. Ensemble, nous faisons le pari d’offrir un<br />

lieu où ces personnes peuvent faire le récit de leur exil, et ainsi<br />

pouvoir enfin poser leurs bagages, en quelque sorte.<br />

Face à un discours politique marqué par la suspicion et le rejet, nous<br />

bataillons pour que l’immigré, le demandeur d’asile, l’étranger, trouve<br />

réassurance à être de nouveau quelqu’un de visible, quelqu’un de<br />

vivant (avec des désirs, des projets entendus et respectés).<br />

C’est donc un privilège pour moi de rencontrer ces personnes<br />

jugées « indésirables », et cela a abondamment nourri ma citoyenneté.»<br />

• Aurore, psychologue bénévole au CASO<br />

33<br />

Soren Kierkegaard, «Traité du Désespoir», Paris Gallimard, 1954<br />

« La colère c’est une énergie que je peux utiliser soit pour<br />

détruire, frapper, tuer, pour tout casser… mais je peux<br />

aussi l’utiliser pour construire. C’est ce que je fais chez<br />

Médecins du Monde. Quand j’accompagne quelqu’un,<br />

c’est l’aboutissement de tout un travail. Les assistantes<br />

sociales ont déjà préparé le dossier, et théoriquement,<br />

la rencontre avec le CPAS doit fonctionner.<br />

Je me rappelle qu’un beau jour, j’étais avec un jeune<br />

homme qui parlait arabe et un peu anglais. Au départ,<br />

je ne savais pas d’où il venait exactement. On était<br />

dans la salle d’attente. Jusque-là, il ne dit rien. Il n’y<br />

a personne d’autre que nous. Il était devant la fenêtre,<br />

et d’un coup, il s’est met à neiger. Tout était devenu<br />

blanc. Et il s’est mis à parler en anglais « : ‘Et maintenant,<br />

la neige, il ne manquait plus que ça…’. Il m’a alors<br />

tout expliqué : le Samu social, l’errance dès les petites<br />

heures du matin, son pays, les raisons de son départ…<br />

jusqu’à ce que nous retrouvions l’assistante sociale qui<br />

lui demande de quel pays il vient. Il lui répond : ‘Je n’ai<br />

pas de pays’. Ce jeune homme était Palestinien. Encore<br />

aujourd’hui, je reste très ému, je me suis rendu compte à<br />

quel point le fait de devoir quitter son pays, c’est quelque<br />

chose de fort. »<br />

• Eric, accueillant bénévole au CASO<br />

« «Mme X., originaire d’Erythrée,vivait dans la rue avec<br />

sa fille de 5 ans. Suite à des violences conjugales, elle<br />

a donné naissance à un troisième enfant à moins de 30<br />

semaines de grossesse. Elle a pu être hébergée dans un<br />

centre d’accueil pour réfugiés. Elle est arrivée chez nous<br />

en détresse psychologique et nous a demandé de l’hospitaliser,<br />

d’urgence. Grâce à la mobilisation rapide de notre<br />

équipe et un travail en réseau, nous avons pu la faire hospitaliser,<br />

sans l’éloigner de son nouveau-né et de sa fille . »<br />

• Natacha, responsable du CASO<br />

« J’ai rencontré Boris lors d’une de mes visites Rue des<br />

Alexiens. (…) Celui-ci fréquentait souvent nos consultations<br />

médicales. Un jour, j’ai organisé un rendez-vous<br />

pour lui dans une maison médicale. La semaine suivante,<br />

nous nous sommes recroisés. (…) Il m’a dit que sa rencontre<br />

avec le médecin avait été très positive et que ça<br />

allait mieux. Et en effet, son regard en témoignait. Depuis,<br />

je vois Boris de temps en temps au Plan Hiver. Il vient pour<br />

parler et même pour nous aider en tant d’interprète. (…) »<br />

• Frédéric, coordinateur bénévole du Plan Hiver<br />

en tant qu’interprète


ACTIONS<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

Nos plaidoyers<br />

en 2013<br />

Des familles Roms,<br />

femmes, enfants et<br />

nouveaux-nés,<br />

en errance à Bruxelles<br />

En 2013, le suivi médical de ces familles était<br />

assuré par Médecins du Monde.<br />

Depuis bientôt quatre ans, des familles migrantes de la<br />

communauté Rom sont en errance à Bruxelles et dans toute la<br />

Belgique : elles errent sans solution entre la rue, les squats et les<br />

centres d’hébergement d’urgence, dans le risque permanent<br />

d’être expulsées.<br />

Sur demande du Gouvernement, un travail politique a été lancé :<br />

nous comptons parmi les associations qui se sont mobilisées.<br />

L’objectif de cette « task force » est d’apporter des réponses<br />

structurelles et durables aux besoins médicaux et sociaux de<br />

ces familles en grandes précarités. Le 23 octobre 2013, lors<br />

d’un colloque organisé chez Médecins du Monde en partenariat<br />

avec le CIRE, Amnesty international, LdH et Rom en Rom, un<br />

manifeste a été rédigé avec deux principales directives :<br />

1- stabiliser…<br />

Les familles doivent pouvoir vivre dans le même lieu pendant<br />

une durée d’au moins deux ans… Or, le lundi 5 novembre<br />

2013, la commune de Saint-Josse finit par mettre à exécution<br />

l’expulsion du squat de GESU !<br />

2- offrir un suivi social de qualité…<br />

Il faut pouvoir travailler avec ces familles à leur insertion sur le<br />

long terme en matière d’emploi, de logement, de scolarité et…<br />

de santé !<br />

Aujourd’hui, aucune réponse satisfaisante n’est réellement<br />

apportée à la situation. Jusqu’au 30 Septembre 2014, ces<br />

familles avec enfants ont été hébergées dans un centre d’accueil<br />

du Samu social. Nous demandons au nouveau gouvernement<br />

d’activer rapidement ce manifeste pour que cette situation<br />

inacceptable cesse.<br />

L’importance du<br />

dépistage pour les<br />

publics précaires<br />

Dans le cadre de la semaine européenne du dépistage VIH et<br />

à la veille de la Journée Mondiale de la Lutte contre le virus,<br />

le parvis du Parlement européen a accueilli notre Médibus !<br />

En collaboration avec EATG et Ex-Aequo, des Tests Rapides<br />

d’Orientation Diagnostique (TROD) ont été réalisés au sein de<br />

notre cabinet de consultations mobile. Notre objectif ? Sensibiliser<br />

le public et les décideurs européens à l’importance<br />

du dépistage.<br />

Aujourd’hui, en Europe…<br />

2,3 millions de personnes vivent avec le VIH<br />

1 sur 3 ignore sa séropositivité<br />

50% des personnes séropositives débutent leur<br />

traitement tardivement.<br />

Aujourd’hui, en Belgique… les patients pris en charge au<br />

CASO à Bruxelles peuvent bénéficier de notre partenariat privilégié<br />

avec le centre Elisa. En 2015, nous voulons renforcer<br />

notre action dans le dépistage, et ce parce que nous touchons<br />

une population à risque. Pour ce faire, les TROD (tests<br />

rapides) présentent de nombreux avantages, dont celui de<br />

réaliser le dépistage là où se trouvent les personnes à risques<br />

ou toutes celles qui ne font pas la démarche d’elles-mêmes,<br />

quelle qu’en soit la raison. En termes de dépistage, la Belgique<br />

doit mieux faire, qu’il s’agisse du VIH, de l’Hépatite C<br />

ou d’autres pathologies infectieuses.<br />

Le dépistage dans sa forme mobile est d’autant plus pertinent<br />

pour Médecins du Monde que nous offrons en parallèle<br />

du diagnostic la possibilité d’ouvrir l’accès aux soins pour<br />

ceux qui ne l’ont pas, ou travailler à la réintégration des personnes<br />

dans des structures spécialisées pour leur prise en<br />

charge thérapeutique.<br />

41


42 PUBLICATION<br />

Le Livre vert<br />

sur l’accès<br />

aux soins<br />

est paru !<br />

A travers 34 entretiens et témoignages de<br />

l’ensemble des acteurs du secteur de la<br />

santé (professionnels de la santé, travailleurs<br />

de terrain, mutualités, patients et politiciens),<br />

ce Livre vert pose un regard sans<br />

complaisance sur l’accès aux soins en<br />

Belgique des plus vulnérables. Il est une<br />

initiative unique initiée par l’INAMI, les<br />

mutualités, et Médecins du Monde dans<br />

le cadre des 50 ans de l’assurance obligatoire.<br />

Le Livre vert inventorie les problématiques d’accès aux<br />

soins pour une série de populations spécifiques.<br />

• Une première partie porte sur les problèmes d’accès aux soins<br />

des personnes se trouvant en dehors du cadre de l’assurance<br />

obligatoire : les personnes en séjour irrégulier, sous<br />

visa, les européens, les demandeurs d’asile ou encore les<br />

Belges qui ne sont plus en ordre de mutuelle…<br />

• Une deuxième partie est consacrée aux problèmes d’accès aux<br />

soins pour une série de populations vulnérables qui ont<br />

des besoins en soins spécifiques : les primo-arrivants, les<br />

sans-abris, les travailleuses du sexe, les personnes ayant<br />

des problèmes de dépendance…<br />

• Une troisième partie – une revue critique des mécanismes<br />

existants –vise à améliorer l’accès aux soins en Belgique.<br />

Les principaux constats<br />

du Livre vert<br />

La Belgique est considérée comme un pays ayant une bonne<br />

protection sociale et un système de santé de qualité. Pourtant,<br />

pour une série de populations, l’accès aux soins est loin d’être<br />

toujours aussi évident. Pour des raisons administratives,<br />

financières, linguistiques, psychologiques ou autres, nombre<br />

d’entre eux se voient obligés de renoncer à des soins ou de les<br />

postposer. Les personnes exclues des soins sont pourtant<br />

celles qui en ont le plus besoin.<br />

Le Livre vert nous rappelle aussi que l’exclusion à la santé ne se<br />

limite pas aux seuls problèmes d’accès aux soins, mais qu’elle<br />

intègre aussi les déterminants sociaux de la santé : l’absence<br />

d’un logement adéquat, la difficulté d’avoir une alimentation saine,<br />

le chômage, les mauvaises conditions de travail, l’absence d’un<br />

entourage affectif stable.<br />

« L’organisation de l’écriture de certains chapitres n’a pas<br />

été tout le temps évidente Certains secteurs se caractérisent<br />

en effet par une offre de soins particulièrement morcelée ainsi<br />

qu’une organisation qui peut fortement varier d’une région à<br />

l’autre. Cette multitude d’acteurs, en elle-même, pose le problème<br />

de l’accès aux soins, puisque très vite, chaque acte de<br />

soins est segmenté et l’accès aux services n’est pas aisé. »<br />

Ingrid PELGRIMS, responsable de la rédaction du Livre<br />

vert et de l’organisation des tables rondes<br />

© Clément Deridder


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

Les inégalités sociales de santé en quelques chiffres…<br />

➔ Un homme de 25 ans diplômé de l’enseignement supérieur de type long peut espérer vivre en bonne santé pendant 18 ans de plus<br />

qu’un non-diplômé. Pour les femmes, cette différence est de 25 ans !<br />

➔ Lors du Plan Hiver 2012-2013, seuls 26 % des sans-abris qualifiaient leur état de santé de bon à très bon, contre 77 % de la population<br />

belge. Or, 30 % des sans-abris déclaraient consulter un médecin généraliste, contre 94,5 % de la population belge.<br />

➔ La participation des femmes issues des classes sociales faibles aux dépistages des cancers du sein et du col de l’utérus est respectivement<br />

13 % et 42 % inférieure que celle de la classe la plus élevée.<br />

➔ 1 Belge sur 7 reporte des soins de santé pour raisons financières. A Bruxelles, cela concerne 1 personne sur 4 ; parmi les familles<br />

monoparentales, 1 personne sur 3. 40% des chômeurs et des bénéficiaires du revenu d’intégration sont concernés.<br />

Les tables rondes<br />

et leurs recommandations<br />

politiques<br />

Le 28 mars 2014, plus de 300 personnes issues de l’ensemble<br />

du secteur de la santé ont débattu des principaux thèmes abordés<br />

dans le Livre vert, dans le cadre de tables-rondes : les Personnes<br />

hors cadre assurance soins de santé ; Sans-abris et santé mentale<br />

; Report de soins ; Groupes ayant des pratiques à risque ;<br />

Femmes et enfants en situation précaire ; Primo-arrivants.<br />

A l’issue de cette journée, de nombreuses stratégies opérationnelles<br />

ont été dégagées. 5 axes de recommandations prioritaires<br />

en sont ressortis.<br />

>> Oser une politique d’inclusion<br />

Notre système actuel prévoit toute une série de limites et de conditions<br />

pour bénéficier d’une aide médicale. Est-il vraiment efficace<br />

de mobiliser toute une administration, et les coûts qui y sont inhérents,<br />

pour se charger du contrôle ? Pourquoi ne pas oser une<br />

politique d’inclusion via la fusion des différents systèmes en un<br />

système unique d’assistance médicale standardisé et informatisé ?<br />

>> Renforcer les dispositifs existants<br />

De nombreuses réformes ont déjà été menées jusqu’à aujourd’hui<br />

pour améliorer l’accessibilité financière aux soins (interdiction<br />

de facturer des suppléments d’honoraires dans les chambres à<br />

deux lits ou des chambres communes, extention du Maximum A<br />

Facturer (MAF) pour les malades chroniques...).<br />

>> Renforcer le travail sur la prévention, une composante<br />

essentielle de la santé publique.<br />

Il s’agit d’améliorer le dialogue entre les dispensateurs de soins et<br />

les publics précaires, ainsi que de leur donner les moyens d’assurer<br />

un plus grand contrôle sur leur santé et d’améliorer celle-ci,<br />

notamment en s’adaptant à leur milieu et en évoluant avec celui-ci<br />

(approche de la réduction des risques, dépistage, adhérence thérapeutique…)<br />

« Sans exagérer, les Tables-rondes et le Livre Vert sont<br />

un succès immense. Jamais je n’ai participé à un colloque<br />

où l’institution officielle invitante s’est autant impliquée,<br />

convaincue par la qualité de la préparation. Nous allons<br />

sûrement pouvoir concrétiser plusieurs recommandations<br />

importantes pour les publics que nous soignons »<br />

Pierre Verbeeren, Directeur Général de Médecins du<br />

Monde Belgique<br />

>> Offrir des « soins sur mesure »<br />

les schémas traditionnels d’assistance ne sont pas taillés pour les<br />

patients qui sont refusés à cause de problèmes trop complexes :<br />

risques spécifiques de contracter l’hépatite C, le HIV et le SIDA,<br />

la gale, la combinaison de problèmes psychotiques avec l’usage<br />

de stupéfiants…<br />

>> Renforcer l’information au patient (« littératie en santé », en<br />

anglais « health literacy »)<br />

On entend par « littératie en santé » la capacité d’un individu à<br />

trouver, comprendre et utiliser l’information sur la santé de base,<br />

les options de traitement qui s’offrent à lui et à prendre des décisions<br />

éclairées concernant sa propre santé. Pour combattre<br />

l’inégalité des chances, les moyens doivent aussi être répartis de<br />

manière inégale.<br />

Ces recommandations destinées aux autorités publiques<br />

ont ensuite été rassemblées sous la forme d’un livre… blanc<br />

cette fois-ci ! Il présente un ensemble de stratégies opérationnelles<br />

que nous espérons voir reprises dans la définition<br />

des politiques de santé pour les prochaines années.<br />

43


44<br />

Conclusions et<br />

recommandations<br />

La précarité est un phénomène rampant qui s’immisce dans<br />

tous les pans de la vie quotidienne. De nos jours, les situations<br />

de précarité sont multiples, différentes et uniques<br />

pour chaque individu. Cette complexité est probablement<br />

l’une des difficultés majeures pour la combattre.<br />

Dans le domaine de la santé, là où la précarité devient douleur<br />

physique et/ou psychique, entre la reconnaissance d’un besoin<br />

de santé et le recours réel aux soins, entre la connaissance d’un<br />

risque et l’adoption de comportements favorables à la santé, se<br />

déploie, pour chaque individu vivant en précarité, toute une trajectoire.<br />

Nos bénévoles professionnels de santé sont chaque jour auprès<br />

des exclus des soins. Ce lien entre le bénévole et les personnes<br />

en précarité est une manière de (re)créer et de (re)tisser de la solidarité,<br />

et d’accompagner cette trajectoire. Médecins du Monde<br />

investit les lieux de vie de ces personnes vulnérables pour tenter<br />

d’en faire des opportunités de santé.<br />

Au sein de nos différents lieux de consultations, nous sommes<br />

confrontés au paradoxe saisissant que les personnes qui ont le<br />

plus de besoins en soins sont ceux qui ont le plus de mal à<br />

avoir un accès aux soins. Simplement dit, les individus en plus<br />

grande souffrance psychique et physique peinent davantage et/<br />

ou échouent à s’insérer dans le système de santé. Les raisons<br />

de cette non-insertion sont multiples et variées ; et les barrières<br />

(administratives, psychiques, culturelles…) s’additionnent quand<br />

elles ne se complexifient pas les unes les autres.<br />

Pour inclure ces populations exclues des soins, Médecins du<br />

Monde demande un travail simultané et cohérent, collectif et<br />

structurel sur trois axes majeurs.<br />

AXE 1<br />

Oser une politique<br />

d’inclusion et instaurer<br />

une Couverture Médicale<br />

Universelle en Belgique<br />

Pour les bénéficiaires des systèmes subsidiaires (Aide Médicale<br />

Urgente, Fédasil…), Médecins du Monde demande<br />

une fusion des systèmes « subsidiaires » au niveau d’une<br />

caisse fédérale et/ou régionale qui suit les mêmes règles<br />

de remboursement et mécanismes de contrôle que l’INAMI.<br />

L’objectif est d’enlever tout le caractère discriminatoire du système<br />

existant 34 .<br />

Dans le cadre de la couverture universelle, Médecins du Monde<br />

défend une véritable protection médicale et une non-expulsion des<br />

personnes gravement malades qui n’ont pas accès aux soins dans<br />

leur pays d’origine.<br />

Cette politique d’inclusion demande une ré-affirmation du<br />

droit à la santé pour tous, peu importe le statut administratif<br />

de la personne. Pour que ce droit soit effectif, cette ré-affirmation<br />

doit s’accompagner de mesures impactant :<br />

- la non-connaissance. L’offre de soins n’est pas connue par les<br />

publics précaires. Sont en cause le manque d’accès à l’information,<br />

la mauvaise transmission des informations de la part du<br />

prestataire social…<br />

- la non-demande. Quand l’offre de soins est connue, elle peut ne<br />

pas être demandée par les groupes vulnérables. Sont en cause<br />

la stigmatisation, le manque de confiance envers l’institution,<br />

l’anticipation des difficultés, les difficultés de procédure…<br />

- la non-réception. L’offre de soins est connue et demandée,<br />

mais non-obtenue. Sont en cause l’abandon de la demande, les<br />

changements de conditions d’octroi en cours de procédure, les<br />

discriminations, les dysfonctionnements du service prestataire…<br />

34<br />

Discrimination administrative : en fonction de son statut de séjour, la personne a<br />

des droits différents. Discrimination géographique : chaque pratique de CPAS est<br />

différente et la prise en charge peut varier d’un CPAS à l’autre. Si ce système peut<br />

être compréhensible dans le cadre de l’aide sociale (où l’aide devient résiduaire),<br />

dans le cadre de l’AMU pour les personnes en séjour irrégulier, nous devons être<br />

dans un système où soit la personne a accès, soit elle ne l’a pas.


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

AXE 2<br />

Offrir des soins<br />

«sur mesure» aux groupes<br />

précaires exclus<br />

des soins<br />

Médecins du Monde demande qu’il y ait une structuration<br />

des services, et que ces structures défendent une approche multidisciplinaire,<br />

flexible et proactive où les personnes exclues des<br />

soins :<br />

- peuvent bénéficier de soins de santé primaire (y compris la santé<br />

sexuelle et reproductive dans sa globalité)<br />

- avec des conditions d’accès non-discriminantes et respectueuses<br />

- visant un objectif, celui de la (ré)intégration de ces personnes<br />

dans la première ligne de soins traditionnelle.<br />

Cet ensemble de services doit exister tant en milieu urbain que<br />

rural, et doit chercher à être le trait d’union entre les lieux de vie et<br />

de socialisation et le système de santé classique. L’obsession de<br />

cet ensemble de services, insérés dans une ligne de soins «santé-précarité»,<br />

appelée aussi « ligne de soins 0.5 », est l’exclusion<br />

– la continuité doit être quant à elle garantie dans et par la première<br />

ligne classique.<br />

AXE 3<br />

Renforcer l’offre d’accueil<br />

et de soins des<br />

structures de la<br />

première ligne<br />

Médecins du monde plaide pour un renforcement de l’offre<br />

de soins global en première ligne. Cette offre de soins doit être<br />

pensée pour un public multi-vulnérable ; la prise en charge doit<br />

être multidisciplinaire et globale, flexible et accessible.<br />

Au sein de cette première ligne, de nouveaux métiers doivent<br />

être créés afin d’augmenter la «health litteracy» des individus, et<br />

améliorer par-là l’adhésion au système de santé : des médiateurs<br />

multiculturels, des accompagnateurs psycho-sociaux…<br />

L’intégration systématique d’un volet « santé-précarité » dans la<br />

formation de base et dans la formation continue de médecine<br />

générale est aussi un élément primordial pour favoriser l’inclusion<br />

de ce public.<br />

Même si nous sommes conscients qu’il n’est qu’un des facteurs influençant les inégalités sociales de santé, l’accès aux soins de santé<br />

est une évidence pour Médecins du Monde. Il est temps que nous ayons une réelle politique de santé publique qui privilégierait<br />

l’accès de tous et sans entrave à une couverture maladie vraiment universelle 35 . Ce choix politique se justifie par des<br />

arguments juridiques 36 , par des arguments de santé publique 37 , par des arguments économiques 38 mais aussi et simplement<br />

par des arguments moraux et éthiques découlant de la pratique des professionnels de santé. Discuté au niveau<br />

international, il doit devenir un thème à aborder en Belgique. »<br />

35<br />

Couverture médicale universelle : l’objectif d’une couverture universelle de santé est de s’assurer que toutes les personnes aient un accès aux services de santé dont ils ont<br />

besoin sans rencontrer de barrières – OMS –<br />

36<br />

La Constitution belge déclare : « Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine. A cette fin, la loi, le décret ou la règle (…) garantissent (…) les droits économiques,<br />

sociaux et culturels (…). Ces droits comprennent notamment (…) le droit à la sécurité sociale, à la protection de la santé et à l’aide sociale, médicale et juridique »<br />

(article 23). Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels dit : « Les états parties (…) reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur<br />

état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre » (article 12).<br />

37<br />

Faciliter l’accès aux soins permet une prise en charge précoce et un dépistage des maladies infectieuses, ce qui a évidemment un impact positif sur la santé publique dans<br />

sa globalité.<br />

45<br />

38<br />

En termes d’économie de la santé, il a été démontré qu’un accès à la première ligne est moins coûteux qu’une prise en charge hospitalière.


46<br />

Remerciements<br />

Le travail quotidien d’«aller<br />

vers», de dispenser des soins<br />

de qualité, d’accompagner et<br />

de défendre les droits… a été<br />

rendu possible par l’investissement<br />

et la collaboration tant<br />

des équipes salariées que des<br />

équipes de bénévoles. Le premier<br />

signe fort de solidarité envers<br />

les personnes exclues des<br />

soins de santé nous vient de<br />

leur engagement et de leur professionnalisme.<br />

En 2013, Médecins<br />

du Monde comptait 455<br />

bénévoles et 50 salariés.<br />

Ces bénévoles et ces travailleurs<br />

sont donc les premiers acteurs<br />

à faire de l’accès aux soins<br />

une réalité quotidienne : ils nous<br />

montrent qu’une société plus<br />

juste est possible, et qu’elle le<br />

devient en étant solidaires.<br />

Nous leur disons Merci !<br />

« On se sent utile, et je trouve que<br />

d’un côté, ça remplit. Je ne dis pas<br />

que j’ai besoin de ça : je vois des<br />

gens tous les jours, je n’ai pas de<br />

problème à ce niveau-là. Penser<br />

que l’on fait quelque chose pour<br />

lutter contre la misère humaine,<br />

c’est cela qui est motivant. »<br />

Philippe, référent au Plan Hiver<br />

et au Médibus<br />

Equipes bénévoles :<br />

Abena Edwige, Adam Marleen, Aerts Heleen, Aerts Ingrid, Aesloos Elke, Aguado Gonzalez Gabriela, Ahraoui Chahrazade,<br />

Alhajouj, Ali Mahmoud, Allard Tim, Allewaert Nele, Amiel Caroline, Andries Myriam, Arslanian Anelga, Audoor<br />

Evelyn, Baert Eli, Bailey Elif, Baillon Jean-Marie, Baraza Julie, Barbe Rein, Bastide Nikita, Becquet Jade, Beek Rahim,<br />

Bellis-Scheer Irma, Benhammou Abdelkrim, Bérard Jérôme, Bertin May-Lis, Berton J.Christophe, Besson Anne,<br />

Bettencourt Natacha, Bikubu Fabrice, Bilcke Ann, Bilglç Samil, Blondiau Pierre, Bodson Julie, Bogaerts Michèle,<br />

Bogard Chantal, Bogard Philippe, Bohle Carbonell Francisca, Bollaerts Jean Claude, Bolsens Marc, Bonet Els,<br />

Born Emmanuelle, Boscia Ilaria, Bosmans Nicky, Bosteels Laurence, Bourgeois Annemie, Boutreur John, Bouttin<br />

Véronique, Breysens Louise, Broes, Myriam, Brossault Aurore, Bruininkx Ben, Bruyns Marie, Buchelot Anne Sophie,<br />

Buitinck, Irène, Buret Christophe, Busseuil Humphrey, Buyck Corneel, Cañellas Catalina, Caprace Nathanaëlle,<br />

Carlier Marie-Anne, Carre Domitille, Carriou Anne-Laure, Cauderlier Sophie, Caugant Isabelle, Cerralvo Francesca<br />

Marina, Ceulemans Christine, Ceuterick Elisabeth, Ceysens Hugues, Challouki, Imane, Charles Colette, Chevalier<br />

Claude, Chiem, Chinnici Daniela, Chot Laure, Christaens Suzanne, Cisse Bakary, CollenVanessa, Comeliau Nicole,<br />

Conix, Bart, Coremans Walter, Corongiu Elena, Correnti Maurilio, Crombé Florence, Cuyckens Jan, Cuyvers Roger,<br />

Daems Anjes, Dahl Ellen, David Hans-Joachim, De Béthune Xavier, De Block Ann, De Bock Erna, De Boel Ilke, De<br />

Clerck Isabelle, De Crée Ella, De Flores Mima, De Gennaro Elisabeta, De Geyter Katrien, De Groote Eric, De Jaer<br />

Béatrice, De Jamblinne Véronique, De Krahe Myriam, De Krahe Marthe, De la Fouchardiere Marc, De Passemar<br />

Claire, De Rycker Paul, De Smet Simone, De Vriendt, De Weerdt Lieve, De Wilde Harry, Debusschere Marion, Decerf,<br />

Marie, Deckx Christine, Deflo Gaston, Del Rio, Mario, Delescluse Timothée, Delori Caroline, Deltour Philippe,<br />

Demanet Bernadette, Demoulin Isabelle, Denneulin Clémence, Derenne Marie, Desoignies Marjorie, Desrumaux<br />

Wilfried, Desseaux Laure, Dewaele Frank, Dewaele Karlien, Dewind Dominique, Dhaene Frédéric, Dierick Claire,<br />

Dierickx Veerle, Dille Anne-Françoise, Dion Virginie, Dochen Camille, Dufrasne Aurore, Dujardin Marina, Dujeu Maud,<br />

Dumontier Emilie, Duquaine Jacqueline, Edwards Lucy, El Sayyed Tareq, Engels Marc, Eraly Kitty, Errachidi R’Kia,<br />

Eskenazi Anaïs, Expeels Anne, Faelens Magda, Farée Lucila, Farias-Rivas Alfonso, Ferrare Alyssia, Ferté-Devin<br />

Anouk, Fierens Greta, Fierens, Greta, Flores Lupe, Foidart Willems, Jacqueline Foucault, Anaïs France Yannick,<br />

Francescangeli Laura, Frantzen Pratima, Furrer Edwige, Gaillet Etienne, Gaudion Charlotte, Gautier Céline, Gautreau<br />

Manon, Gaye Annick, Gázquez María, Gazquez Lopez Maria, Geerts Ludo, Gepts Lode, Gerin Sylvia, Ghaddhab<br />

Nizar, Gheur Claire, Giacomo Bruno, Giambona Aurélien, Giarra Helene, Goffin Sarah, Goovaerts Marie, Grenez<br />

Marie, Gubin Baudry, Guillaud Sylvie, Guillaume Thierry, Guiot Adrien, Gunst Nele, Guyot Jean-Marc, Haenen Leo,<br />

Heijs-Pham Jacqueline, Hendrickx Brigitte, Hernando Nathalia, Herry André, Heymans Marc, Heyvaert Frank, Hollants<br />

Lennie, Honhon Sabine, Hosten Edouard, Hovine Margaux, Hubert Michel, Huyghe Sigrid, Ibalayam Nkoy<br />

Christian, Impellizeri Isabelle, Issaad Sarah, Jaber Sanaa, Jacobs Martin, Jadot Emilie, Janssen Cindy, Janssens<br />

Michèle, Janssens Stef, Javdani Zahra, Jelezek Nadine, Jraich Chaimae, Joos Christian, Juneidi Suleiman, Jurdant<br />

Anouk, Kasongo Kakupa Danny, Kervyn Benoit, Kervyn Guy, Kestens Eliane, Kibobo Mputu Guélord, Kieft Suzanne,<br />

Kips Delphine, Kiss Samantha, Kolczok Elena, Kouadio Trésors, Krebs Françoise, Kreis Natacha, Kuylen Lieve,<br />

Laenens Greet, Lambert Rita, Lambert Albert, Lamotte Laurence, Laurencin Arnaud, Laurent Amandine, Lauwers<br />

Frans Bob, Le Boulengé Chantal, Le Merkovic Ilona, Lebrun Gérard, Lefebvre Eleonore, Lejeune Michèle, Lepke Liv,<br />

Lepropre Sophie, Lerin Antoine, Leus An, Leyens Mireille, Leynen Françoise, Lopez Garcia Margarita, Louradour<br />

Gabrielle, Luyten Dirk, Mahyo Nassiha, Maillot Justine, Maira Matteo, Makita, Liliane, Maria Salud, Juan Ortiz, Masala<br />

Boly, Maskens Brigitte, Masson Veronique, Masureel Anne- Sophie, Matos Maria João, Meerts Alice, Mennig Clara,<br />

Mercier Cécile, Meurant Grégory, Meurice Thérèse, Meyer Audrey, Miazek Marta, Milicevic Vera, Millet M.Antoinette,<br />

Miranda de Ortuno Claudia, Moens Anouk, Molitor Julie, Monderer Samuel, Morel Eric, Moreno Cely Adriana, Morren<br />

Michèle, Mostaert Sophie, Moureau Eleonore, Munoz Valenzuela Ana Gabriela, Munyemirwe Gerard, Muyle Manon,<br />

Nagant Claire, Namulondo Mpaulo, Mary Anne, Naveau Béatrice, Neels Jolijn, Neggaz Marouane, Nicolas Marta,<br />

Noirfalise Magali, Ntshila Kabeya Tia, Okou Pacome Ange, Olaru Iona, Ordonez Pellon, Arabelle Ormini Laura,<br />

Othman Salwa, Oudaha Idir, Pannier Lin, Papiney Enara, Parres- Albert Angel, Pauwen Nathalie, Pavia Ivon, Payen<br />

Claude, Peerboom Françoise, Peeters Inge, Petit Sheila, Petruszka Monique, Piens Claire, Pietin Sophie, Pignon<br />

Charlotte, Pirouzdjou Poupak, Poelaert Geertrui, Poelaert Geertrui, Pol Thomas, Prervoteau Chady, Puig Joan-Père,<br />

Rademakers Nadine, Rancel leslie, Ravignon Hedwige, Reininger Béatrice, Renier Audrey, Rennotte Christine, Rens<br />

Gerda, Richelle Lou, Rifai Nassera, Rillaerts Eric, Rizvan Kadina, Robouch Isabelle, Roland François, Rombouts<br />

Sofie, Ronse Janneke, Rossignol Patrick, Sadi Michel, Salas Monia, Salvatori Amélie, Sartorelli Brigitta, Scarcez<br />

Jacques, Schaar Michel, Schillings Eric, Schlit Bernadette, Schroeder Floriane, Seaux Lieve, Seberechts Christine,<br />

Segers Muriel, Sels Lieve, Shand Marie, Sillen Hedwig, Silva Patricia, Silva Margarida, Simao Salomé, Simon Patricia,<br />

Smal Alexandra, Snick Hilde, Soeleimansjah Fari, Soetewey Wis, Souhail Farid, Springael, Steenman Eric, Steyaert<br />

Agnes, Stockmans Lola, Stouffs Adèle, Streel Geneviève, Sungani Mariana, Supo Flor, Romero Margerita, Surma<br />

Magdalena, Szyper Michèle, Tennstedt Christiane, Tennstedt Françoise, Tenzer-Baillon Denise, Thielemans Paul,<br />

Thiry Perrine, Titeca Evelyn, Tom Van liefferinge, Tomàs Laia, Torfs Marlies, Tran Hoan, Tshibuabua Guylan, Tsobgni<br />

Vivette, Tsumbu Nlandu, Michel Sadi, Tunbekici Talat, Urbain, Céline, Uwimbabazi Noella, Valles Gwendoline, Van<br />

Bellingen Nicole, Van Bragt Stefan, Van Caster Jean Marie, Van Cleempoel Roland, Van de Steen Pascale, Van<br />

der Linden Caroline, Van der Plancke Véronique, Van Dijck An, Van Duppen Dirk, Van Eekert Martine, van Egten<br />

Nathalie, Van Gils Pierre-Yves, Van Haver Emma, Van Hecke Sarah, Van Herreweghe Miejeanne, Van Immerseel An,<br />

Van Looveren, Anne, Van Luchene Ria, Van Oosterwijck Nicole, Van Osta David, Van Peel Dirk, Van Reusel Elly, Van<br />

Roy Jean-Marie, Van Suetendael Luna, Van Vooren Priya, Van Voorst Manuela, Van Wesemael Rita, Van Wijnendaele<br />

Rodolphe, Vandenbroucke Alexia, Vandeputte Ludovic, Vandergunst Rita, Vanderlinden Eric, Vanderstraeten<br />

Nicole, Vandoorne Lore, Vangeel Lucas, Vanhauwaert Ingrid, Vanneste Laurent, Verberck Kim, Verbrugghe Brecht,<br />

Vercauteren Drubbel Maëlle, Verhas Michel, Verhoeven Etienne, Verjans Joël, Vermeulen Michel, Vernimmen Mark,<br />

Verschuren Zoë, Verstraeten Laura, Vervoort Katrien, Verwacht Guy, Verweirde José, Vilain Morgane, Vleminckx<br />

Maud, Von Waldburg Thomas, Vrancke Sofie, Waelkens An, Wagner Erika, Wante-Nuttin Claudine, Watterman Tanguy,<br />

Wauthier Laurence, Wezel Anne, Wijgers, Sonja, Wils Griet, Winterbeek Caroline, Wirtz Dominique, Witteveen<br />

Daphne, Wouters Natascha, Wyn Benoit, Yacine Ouafa, Zaniewski Zofia, Zida Anta


MÉDECINS DU MONDE<br />

PROJETS BELGES - CHIFFRES 2013<br />

Equipes salariées des projets belges :<br />

Coordination générale :<br />

Manantsoa Sofie, Heymans Stéphane, Pelgrims Ingrid<br />

Anvers :<br />

De Bruyne Kathleen, Yacine Ouafa, Smits Marijke, Anthuenis Katrien,<br />

Erven Greet, Meylemans Hilde<br />

Bruxelles :<br />

Annez Nathalie, Thérèse de Foy, Geneviève Loots, Sophie Bleus,<br />

Sophie Damien, Natacha Dewitte, Maud Durant, Steffens Marité,<br />

Lahaye Sophie, Nadeau Chloé To Amy, Sugumi Tanaka<br />

« J’ai toujours été attiré par la Déclaration<br />

universelle des droits de<br />

l’homme. Elle a à peu près le même<br />

âge que moi. C’est un peu comme<br />

une grande sœur. (…) Je trouve<br />

que c’est un document extraordinaire.<br />

(…) Médecins du Monde est<br />

un endroit où l’on essaye de fédérer<br />

les compétences, les énergies, les<br />

moyens financiers mis au service de<br />

la Déclaration des droits de l’Homme,<br />

en ciblant un article, l’article 25 sur<br />

l’accès aux soins de santé. Je trouve<br />

cela formidable. »<br />

© Mark Baert<br />

Eric, accueillant et soutien<br />

social au CASO<br />

Nos partenaires financiers :<br />

INAMI, NIF, Gasthuiszusters Antwerpen, Ello mobile, Cocom, Fondation Roi Baudoin, SPP Intégration Sociale, Fédération Wallonie-Bruxelles, Villes<br />

d’Anvers, Province d’Anvers, CPAS de la louvière, 4S, STIB, BNP Fortis, Cocof, Fonds d’impulsion pour les immigrés (FIPI), Loterie Nationale.<br />

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© Frédéric Pauwels<br />

NOUS SOMMES TOUS MÉDECINS DU MONDE<br />

MÉDECINS DU MONDE<br />

Rue Botanique 75 I B-1210 Bruxelles I T. +32 (0)2 225 43 00 I F. +32 (0)218 69 00<br />

info@medecinsdumonde.be I www.medecinsdumonde.be<br />

Responsables publication : Marie-Anne Robberecht, Marion Darrière<br />

Rédaction : Kathleen Debruyne, Natacha Dewitte, Stéphane Heymans, Trésors Kouadio, Etienne Verhoeven, Michel Roland, Geneviève Loots<br />

Relecture et lissage des textes : Emmy Deschuttere, An-Heleen De Greef, Jeroen Janssens, Marion Darrière, Anke Hoenraet, Clément Deridder<br />

Mise en page et production : Gilgraphic<br />

Images : Frédéric Pauwels, Mark Baert, Kathleen de Meeûs, Clément Deridder, Lucyna Piotrowska

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