Voir un extrait du dossier de presse - Académie des sciences
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Académie des technologies INVITATION A LA PRESSE Etienne-Emile Baulieu, Edouard Brézin, Président et Vice-Président de l’Académie des sciences et Jean-Claude Lehmann, Président de l’Académie des technologies présenteront le Rapport « Nanosciences - Nanotechnologies» lors d’une conférence de presse jeudi 29 avril 2004 à 11 heures Salon de l’Académie des sciences Aile Le Vau 23, quai de Conti - 75006 Paris Ce rapport sera commenté par : Philippe Nozières, Membre de l’Académie des sciences et Claude Weisbuch, Membre de l’Académie des technologies Ce rapport de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies, publié aux Editions Tec & Doc – Lavoisier, sera disponible en librairie à partir du 29 avril 2004. Pour toute information s’adresser à : Académie des sciences Académie des technologies Délégation à l’Information Délégation à la Communication Scientifique et à la Communication Jacques Lesourne, Délégué Dominique Meyer, Déléguée Olga Allard, assistante Françoise Vitali-Jacob Tél : 01 53 85 44 48 Tél : 01 44 41 44 60 Fax : 01 53 85 44 45 Fax : 01 44 41 45 50 Mél : presse@academie -technologies.fr
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Académie <strong>de</strong>s<br />
technologies<br />
INVITATION A LA PRESSE<br />
Etienne-Emile Baulieu, Edouard Brézin,<br />
Prési<strong>de</strong>nt et Vice-Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong><br />
et Jean-Clau<strong>de</strong> Lehmann, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s technologies<br />
présenteront le Rapport<br />
« Nano<strong>sciences</strong> - Nanotechnologies»<br />
lors d’<strong>un</strong>e conférence <strong>de</strong> <strong>presse</strong><br />
jeudi 29 avril 2004 à 11 heures<br />
Salon <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong><br />
Aile Le Vau<br />
23, quai <strong>de</strong> Conti - 75006 Paris<br />
Ce rapport sera commenté par :<br />
Philippe Nozières, Membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong><br />
et Clau<strong>de</strong> Weisbuch, Membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s technologies<br />
Ce rapport <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong> et <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s technologies,<br />
publié aux Editions Tec & Doc – Lavoisier,<br />
sera disponible en librairie à partir <strong>du</strong> 29 avril 2004.<br />
Pour toute information s’adresser à :<br />
Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong><br />
Académie <strong>de</strong>s technologies<br />
Délégation à l’Information<br />
Délégation à la Comm<strong>un</strong>ication<br />
Scientifique et à la Comm<strong>un</strong>ication<br />
Jacques Lesourne, Délégué<br />
Dominique Meyer, Déléguée<br />
Olga Allard, assistante<br />
Françoise Vitali-Jacob Tél : 01 53 85 44 48<br />
Tél : 01 44 41 44 60 Fax : 01 53 85 44 45<br />
Fax : 01 44 41 45 50<br />
Mél : <strong>presse</strong>@aca<strong>de</strong>mie -technologies.fr
Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong> / Académie <strong>de</strong>s technologies<br />
Conférence <strong>de</strong> <strong>presse</strong> <strong>du</strong> 29 avril 2004<br />
Rapport RST n°18 « Nano<strong>sciences</strong> - Nanotechnologies »<br />
Chimie et Nano<strong>sciences</strong><br />
Résumé <strong>de</strong> Robert Corriu, Membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong> et <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong>s technologies<br />
Les progrès <strong>de</strong> la synthèse chimique au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies ont profondément<br />
modifié les perspectives ouvertes à la chimie qui est passé d'<strong>un</strong>e science <strong>de</strong> découverte à <strong>un</strong>e<br />
science <strong>de</strong> création. Les chimiste ont actuellement les moyens <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong><br />
la matière et peuvent et se fixer comme objectif <strong>de</strong> trouver les voies permettant d'organiser la<br />
matière en termes <strong>de</strong> propriétés (physiques, chimiques, mécaniques voire biologiques).<br />
Dans le cadre <strong>de</strong>s nano<strong>sciences</strong>, la contribution <strong>de</strong> la chimie se situera donc dans l'approche<br />
« BOTTOM-UP », c'est à dire la préparation <strong>de</strong> nanomatériaux à partir <strong>de</strong> nanoobjets<br />
(nanotools). Ces nanoobjets correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s entités d’<strong>un</strong>e taille <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>du</strong><br />
nanomètre (molécules, particules, agrégats, etc.) présentant <strong>de</strong>s propriétés (vi<strong>de</strong>, supra). Le<br />
rapport décrit les principaux types <strong>de</strong> nanoobjets doués <strong>de</strong> différentes propriétés physiques<br />
(magnétique, optique, électronique,) ou chimiques (séparation sélective, catalyse).<br />
Les différents types <strong>de</strong> nanomatériaux sont décrits. Les nanocomposites sont constitués d'<strong>un</strong><br />
nanoobjet incorporé dans <strong>un</strong>e matrice d'oxy<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> polymère. Les nanostructures sont <strong>de</strong>s<br />
matériaux monophases dans lesquels matrice et nanoobjet sont liés chimiquement. Ces<br />
matériaux présentent <strong>de</strong>s possibilités d'auto-organisation. Ils s'ouvrent sur les matériaux<br />
nanoporeux qui préparent les voies qui permettront d’accé<strong>de</strong>r aux matériaux adaptatifs (smart<br />
materials). Ces <strong>de</strong>rniers vont impliquer l'organisation <strong>de</strong> la matière en termes <strong>de</strong> propriétés<br />
interactivement contrôlées. Cet objectif sera accessible aux physiciens et chimistes travaillant<br />
en complémentarité.<br />
Quelques applications seront données :<br />
• transmission optique,<br />
• stockage <strong>de</strong> l'information,<br />
• séparation sélective (nucléaire, pollution),<br />
• catalyse, etc.
Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong> / Académie <strong>de</strong>s technologies<br />
Conférence <strong>de</strong> <strong>presse</strong> <strong>du</strong> 29 avril 2004<br />
Rapport RST n°18 « Nano<strong>sciences</strong> - Nanotechnologies »<br />
Physique et Nano<strong>sciences</strong><br />
Résumé <strong>de</strong> Philippe Nozières, Membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong><br />
La nanophysique ouvre à la recherche et aux applications <strong>un</strong> champ considérable qui paraissait<br />
complètement inaccessible il y a vingt ans.<br />
La partie scientifique <strong>du</strong> rapport sur ce sujet, rédigée par les meilleurs acteurs actuels, trace les<br />
gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> ce domaine émergent et les progrès en cours. Il couvre aussi bien les<br />
nanocircuits fabriqués par lithographie (approche "top-down"), que l'autoorganisation par<br />
instabilité d'<strong>un</strong>e surface. Cette <strong>de</strong>rnière approche "bottom-up" est sé<strong>du</strong>isante, prometteuse (et<br />
bon marché !), mais difficile à contrôler. Un chapitre particulier traite <strong>de</strong> "l'électronique<br />
moléculaire", où l'on cherche à fonctionnaliser ("cabler") <strong>de</strong>s molécules chimiques bien choisies.<br />
L'exemple le plus développé à ce jour concerne <strong>de</strong>s structures carbonées <strong>du</strong> type fullerènes ou<br />
nanotubes. Ce domaine aux frontières <strong>de</strong> la physique et <strong>de</strong> la chimie est fascinant, mais <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
encore beaucoup <strong>de</strong> travail. Lorsque l'on augmente la taille <strong>de</strong>s molécules on rejoint la physique<br />
<strong>de</strong>s agrégats, domaine charnière où la France occupe <strong>un</strong>e place enviable.<br />
Si l’on prend par exemple le cas <strong>de</strong>s propriétés électroniques <strong>de</strong>s soli<strong>de</strong>s, on s’aperçoit que les<br />
phénomènes les plus fondamentaux ne sont jamais très loin d’applications très prometteuses. La<br />
nouveauté est <strong>de</strong> trois ordres :<br />
(i) Si <strong>un</strong> grain est suffisamment petit l'addition d'<strong>un</strong> électron <strong>un</strong>ique donne <strong>un</strong> effet<br />
mesurable et contrôlable avec <strong>un</strong>e tension extérieure. La nature discrète <strong>de</strong> la matière<br />
<strong>de</strong>vient accessible et ouvre la voie à <strong>de</strong>s composants logiques révolutionnaires.<br />
(ii) La cohérence quantique, caractérisée par la phase <strong>de</strong> la fonction d'on<strong>de</strong>, <strong>de</strong>vient<br />
mesurable et change <strong>du</strong> tout au tout l'image physique (on envisage aujourd'hui <strong>de</strong>s<br />
ordinateurs ou <strong>de</strong> la cryptographie quantiques). Le saut qualitatif est comparable à celui<br />
qui a mené <strong>de</strong> la lampe à incan<strong>de</strong>scence à l'holographie en optique: c'est dire son<br />
importance !<br />
(iii) Le spin <strong>de</strong>s électrons, jusque là simple spectateur <strong>du</strong> mouvement <strong>de</strong>s charges, <strong>de</strong>vient<br />
<strong>un</strong> outil fécond. Cette "électronique <strong>de</strong> spin" est riche d'applications.<br />
Un long chapitre est consacré aux moyens expérimentaux <strong>de</strong> la nanophysique, sans lesquels rien<br />
ne serait possible. La microscopie électronique en champ lointain a fait <strong>un</strong> bond ces <strong>de</strong>rnières<br />
décennies et atteint aujourd'hui la résolution atomique. Elle est <strong>un</strong> outil irremplaçable pour <strong>un</strong>e<br />
étu<strong>de</strong> globale en volume, mais elle est lour<strong>de</strong>. La révolution est venue <strong>de</strong> la microscopie en<br />
champ proche où l'on déplace <strong>un</strong>e pointe à la surface <strong>de</strong> l'échantillon à l'ai<strong>de</strong> d'<strong>un</strong> quartz<br />
piézoélectrique asservi au système <strong>de</strong> mesure. On mesure le courant électrique entre le substrat<br />
et la pointe (microscopie à effet t<strong>un</strong>nel) ou le déplacement vertical <strong>de</strong> ladite pointe (microscope à<br />
force atomique). On peut ainsi observer et manipuler <strong>de</strong>s atomes indivi<strong>du</strong>els, et même faire <strong>un</strong>e<br />
spectroscopie locale en variant la tension appliquée (on atteint les processus inélastiques). La<br />
nanophysique est vraiment <strong>un</strong>e "terra incognita" fascinante à la fois pour le physicien<br />
fondamental qui déchiffre <strong>de</strong>s concepts nouveaux et pour les applications les plus inatten<strong>du</strong>es.<br />
Mais il faut dire clairement qu'elle ne rend pas ca<strong>du</strong>que la physique plus traditionnelle, toujours<br />
vivante et créatrice, qui lui fournit moyens et outils. Il n'y aurait pas d'auto-organisation sans la<br />
maîtrise <strong>de</strong> la croissance cristalline, pas <strong>de</strong> boîte quantique semicon<strong>du</strong>ctrice sans <strong>un</strong>e parfaite<br />
compréhension <strong>du</strong> matériau sous-jacent. On n'écrit pas <strong>de</strong> pièce <strong>de</strong> théâtre sans maîtriser la<br />
langue. La nanophysique se construit avec et sur la physique, et non pas contre elle. La<br />
conclusion <strong>du</strong> rapport souligne que peindre d'<strong>un</strong> vernis "nano" tout et n'importe quoi est <strong>un</strong>e<br />
attitu<strong>de</strong> néfaste.
Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong> / Académie <strong>de</strong>s technologies<br />
Conférence <strong>de</strong> <strong>presse</strong> <strong>du</strong> 29 avril 2004 : Rapport RST n°18<br />
« Nano<strong>sciences</strong> - Nanotechnologies »<br />
Les nanotechnologies<br />
Résumé <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Weisbuch, Membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s technologies<br />
Les nanotechnologies constituent <strong>un</strong> champ <strong>de</strong> recherches et <strong>de</strong> développements technologiques<br />
impliquant la fabrication <strong>de</strong> structures, <strong>de</strong> dispositifs et <strong>de</strong> systèmes à partir <strong>de</strong> procédés permettant <strong>de</strong><br />
structurer la matière au niveau atomique, moléculaire ou supra moléculaire, à <strong>de</strong>s échelles<br />
caractéristiques comprises approximativement entre 1 et 100 nanomètres.<br />
Pour autant, les nanotechnologies ne sont pas <strong>un</strong>e simple étape vers la miniaturisation : elles se<br />
caractérisent souvent par la mise en œuvre au sein <strong>de</strong>s matériaux et dispositifs <strong>de</strong> nouvelles lois <strong>de</strong><br />
comportement qui émergent et dominent le fonctionnement <strong>de</strong> l’objet pro<strong>du</strong>it. Ces nouveaux<br />
comportements qui interviennent à l’échelle nanométrique font intervenir <strong>de</strong>s effets quantiques, <strong>de</strong>s<br />
effets <strong>de</strong> confinement, la prédominance <strong>de</strong> rapports surface/volume ou d’autres effets ou phénomènes<br />
mésoscopiques. Ils résultent aussi souvent d’<strong>un</strong>e hiérarchie d’architectures, à l’image <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong><br />
processus rencontrés dans les êtres vivants.<br />
Nano<strong>sciences</strong> et nanotechnologies s’intéressent à la même échelle, et par conséquent partagent et<br />
développent <strong>de</strong>s outils comm<strong>un</strong>s. Elles n’en ont pas moins <strong>de</strong>s finalités distinctes. Les nano<strong>sciences</strong><br />
requièrent la manipulation et le contrôle <strong>de</strong> la matière –éventuellement jusqu’au niveau atomique– et<br />
élaborent <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> laboratoire permettant la mise en évi<strong>de</strong>nce et l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> phénomènes<br />
nouveaux. Les nanotechnologies visent à formaliser <strong>de</strong>s concepts et <strong>de</strong>s savoir-faire permettant<br />
d’élaborer <strong>de</strong>s matériaux ou <strong>de</strong>s systèmes dont la fonctionnalité répond à <strong>un</strong> besoin particulier, en vue<br />
d’<strong>un</strong>e application i<strong>de</strong>ntifiée. Elles se préoccupent <strong>de</strong>s procédés <strong>de</strong> mise en œuvre pour la fabrication<br />
<strong>de</strong> masse, et <strong>de</strong> l’impact qu’aura le pro<strong>du</strong>it développé sur le marché. Il en découle que les enjeux, le<br />
mo<strong>de</strong> d’organisation <strong>de</strong> la recherche, le rôle <strong>de</strong> l’état et <strong>de</strong>s autres acteurs seront différents entre<br />
nano<strong>sciences</strong> et nanotechnologies.<br />
Les nanotechnologies n’en sont encore qu’à leurs débuts et n’ont pas encore donné leur pleine mesure<br />
dans la plupart <strong>de</strong>s domaines. Leur impact sera immense ; il est déjà mesurable dans certains<br />
domaines, et les développements anticipés ont d’ores et déjà <strong>un</strong>e base réelle. Ainsi, les dispositifs à<br />
multicouches métalliques exploitant l'effet <strong>de</strong> « MagnétoRésistance Géante » (MRG) ont eu <strong>un</strong> impact<br />
spectaculaire sur les performances <strong>de</strong>s disques magnétiques commercialisés à partir <strong>du</strong> milieu <strong>de</strong>s<br />
années 1990 pour le stockage <strong>de</strong> l’information. Plus <strong>de</strong> dix ans auparavant, l’avènement in<strong>du</strong>striel <strong>de</strong>s<br />
lasers à puits quantiques (<strong>de</strong>s structures constituées d’<strong>un</strong>e superposition <strong>de</strong> couches semi-con<strong>du</strong>ctrices<br />
<strong>de</strong> quelques nanomètres contrôlées au plan atomique près) avait permis la popularisation <strong>de</strong><br />
l’enregistrement audio numérique au sein <strong>du</strong> grand public, et le développement spectaculaire <strong>de</strong>s<br />
télécomm<strong>un</strong>ications par fibre optique. Les catalyseurs nanostructurés ont révolutionné la catalyse<br />
<strong>de</strong>puis 40 ans et ont eu <strong>un</strong> impact considérable en pétrochimie.<br />
On peut dé<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> l’expérience passée qu’il ne faut pas s’effrayer <strong>de</strong> la subtilité, <strong>de</strong> la complexité, et<br />
<strong>du</strong> niveau <strong>de</strong> contrôle nécessaires pour aboutir à la réalisation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its qui constituent les objectifs<br />
<strong>de</strong> la nanotechnologie. La sophistication <strong>de</strong>s outils actuels et les progrès constants auxquels on assiste<br />
tant dans les domaines scientifiques que technologiques montrent que ces objectifs sont réalistes.<br />
Le rôle <strong>de</strong> la puissance publique pour créer les conditions favorables au développement et à la<br />
pérennisation <strong>de</strong> l'entreprise <strong>de</strong>vient encore plus important aujourd'hui que dans le passé. En France<br />
comme ailleurs, l'in<strong>du</strong>strie est confrontée à <strong>un</strong>e compétition intense et s'éloigne <strong>de</strong> la recherche<br />
exploratoire. Cela ne rend que plus importante la recherche publique, qui a <strong>de</strong> plus en plus la<br />
responsabilité <strong>de</strong> la base scientifique et technique <strong>du</strong> pays. Ceci concerne en particulier les<br />
nanotechnologies qui constitueront la base technologique <strong>de</strong> l’in<strong>du</strong>strie <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.
Académie <strong>de</strong>s <strong>sciences</strong> / Académie <strong>de</strong>s technologies<br />
Conférence <strong>de</strong> <strong>presse</strong> <strong>du</strong> 29 avril 2004<br />
Rapport RST n°18 « Nano<strong>sciences</strong> - Nanotechnologies »<br />
Présentation générale <strong>du</strong> rapport<br />
Synthèse et recommandations comm<strong>un</strong>es<br />
Philippe Nozières, Robert Corriu et Clau<strong>de</strong> Weisbuch<br />
Le rapport sur les nano<strong>sciences</strong> et les nanotechnologies énumère <strong>un</strong> ensemble <strong>de</strong> domaines<br />
scientifiques et technologiques <strong>de</strong> première importance pour le futur. Il indique aussi, dans ses<br />
recommandations, les voies pour permettre à notre pays <strong>de</strong> prendre sa place dans ce<br />
formidable défi qui pose aussi <strong>de</strong> redoutables problèmes organisationnels à notre système <strong>de</strong><br />
recherche. Pour être utile, <strong>un</strong> rapport doit aussi pointer les difficultés matérielles qui souvent<br />
sont <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> blocage. Un écueil évi<strong>de</strong>nt est l'extrême pluridisciplinarité <strong>de</strong>s nano<strong>sciences</strong>,<br />
qui mêlent étroitement physiciens, chimistes et ingénieurs. Pour câbler <strong>de</strong>s molécules il faut les<br />
fabriquer - c'est <strong>de</strong> la chimie, les rendre opérationnelles - c'est <strong>de</strong> la physique. Mélanger<br />
artificiellement <strong>de</strong>s comm<strong>un</strong>autés qui ont chac<strong>un</strong>e leur culture risque <strong>de</strong> déboucher sur <strong>un</strong><br />
"volapuk intégré" stérile. Il vaut mieux leur apprendre à se parler, à s'écouter et à se<br />
comprendre. Le problème démarre très en amont car les enseignements <strong>un</strong>iversitaires <strong>de</strong> la<br />
physique et <strong>de</strong> chimie ten<strong>de</strong>nt à diverger. Le rapport suggère diverses évolutions <strong>de</strong> la maîtrise<br />
et <strong>du</strong> DEA. Plus en aval, il faut favoriser l'éclosion <strong>de</strong> projets comm<strong>un</strong>s où chac<strong>un</strong> aura<br />
impérativement besoin <strong>de</strong> l'autre. Ceci suppose <strong>un</strong>e responsabilité comm<strong>un</strong>e.<br />
L'autre écueil est la rapidité <strong>de</strong> réaction aux nouveautés. Ces problèmes à la pointe <strong>de</strong><br />
l'actualité évoluent très vite : l'échelle est le mois, voire moins. L'<strong>un</strong>ité <strong>de</strong> gestion française est<br />
l'année (dans le meilleur <strong>de</strong>s cas). Si l'on se plie à ce carcan, la France sera toujours en retard<br />
d'<strong>un</strong> métro, éternel second choix. Il est donc essentiel <strong>de</strong> constituer <strong>un</strong>e agence <strong>de</strong> moyens<br />
autonomes, disposant <strong>de</strong> financements dans la <strong>du</strong>rée (typiquement 5-10 ans), contrôlée a<br />
posteriori. Une telle agence aura les moyens <strong>de</strong> réagir instantanément lorsque cela sera<br />
nécessaire. C'est elle qui distribuera sur programme les contrats aux laboratoires partenaires,<br />
et qui veillera à maintenir la synergie entre les différentes disciplines. Au départ il y a <strong>un</strong> contrat<br />
<strong>de</strong> confiance entre l'Etat et <strong>un</strong>e comm<strong>un</strong>auté scientifique, qui doit rester seul maître à bord<br />
dans la vie quotidienne et ne pas quéman<strong>de</strong>r à chaque instant approbation ou crédits<br />
complémentaires. "L'Agence Nationale pour les Nano<strong>sciences</strong> et la Nanotechnologie", A3N,<br />
que nous préconisons doit être le maître d'œuvre <strong>de</strong> cette comm<strong>un</strong>auté.<br />
Un tel mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion est <strong>un</strong>e petite révolution dans la fonction publique. Par certains côtés,<br />
elle existe déjà : pensons au CEA, au CNES, etc... La nouveauté ici est qu'elle ne doit pas<br />
déboucher sur <strong>un</strong>e structure pérenne, avec son personnel, son administration, ses privilèges,<br />
etc... Les nano<strong>sciences</strong> sont aujourd'hui <strong>un</strong>e urgence : elles ne le seront pas toujours l'A3N a<br />
vocation à disparaître. Il s'agit donc d'<strong>un</strong>e structure légère, à vocation strictement scientifique.<br />
Les personnels <strong>de</strong> recherche statutaires doivent rester dans le cadre <strong>de</strong>s laboratoires où ils<br />
travaillent si l'on veut éviter <strong>de</strong>s drames lorsque l'A3N s'éteindra. L'A3N est simplement <strong>un</strong>e<br />
agence <strong>de</strong> moyens qui coiffe l'activité scientifique sans se substituer aux laboratoires existants.
Il est clair qu'<strong>un</strong>e telle liberté d'action suppose <strong>un</strong>e parfaite rigueur scientifique. La<br />
mission <strong>de</strong> l'A3N est aussi d'évaluer en permanence l'activité <strong>de</strong> ses contractants, ne serait ce<br />
que pour pouvoir l'infléchir et/ou la confronter avec celle d'autres disciplines. Cette évaluation<br />
scientifique permanente ne doit pas être <strong>un</strong>e distribution <strong>de</strong> bons points, mais vraiment <strong>un</strong><br />
dialogue entre <strong>de</strong>s acteurs d'<strong>un</strong> côté, <strong>de</strong>s experts scientifiques <strong>de</strong> l'autre. Nous pensons que ce<br />
travail <strong>de</strong> conseil scientifique se situe à <strong>de</strong>ux niveaux<br />
(i) Un échange constant ne peut se faire qu'avec <strong>un</strong> conseil scientifique national, extérieur<br />
à l'A3N dans la mesure <strong>du</strong> possible, mais en contact étroit. Un tel conseil doit se ré<strong>un</strong>ir<br />
souvent pour réagir vite à <strong>de</strong>s dérives préoccupantes.<br />
(ii) Une évaluation objective, débouchant sur <strong>un</strong> véritable audit <strong>de</strong> l'A3N, doit s'appuyer<br />
en priorité sur <strong>de</strong>s experts étrangers. A ce niveau les ré<strong>un</strong>ions sont nécessairement rares,<br />
même si on veille à tenir au courant les "sages" pendant les pério<strong>de</strong>s intermédiaires. Mais<br />
elles sont nécessaires pour mesurer la pertinence <strong>de</strong> l'action <strong>de</strong> l'A3N<br />
Le rôle clef <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux niveaux scientifiques souligne <strong>un</strong>e fois <strong>de</strong> plus le fait qu'à nos yeux<br />
l'A3N n'est pas <strong>un</strong> nouvel organisme au sens hexagonal habituel, mais <strong>un</strong>e structure <strong>de</strong><br />
réflexion et d'action au plan strictement scientifique.<br />
Pour conclure, nous estimons que les nano<strong>sciences</strong> représentent aujourd'hui <strong>un</strong>e aventure et <strong>un</strong><br />
enjeu comparable à la naissance <strong>de</strong>s semicon<strong>du</strong>cteurs dans les années 50, ou <strong>du</strong> laser dans les<br />
années 60. Il faut leur donner les moyens <strong>de</strong> leur épanouissement, dans <strong>un</strong> contexte<br />
international où le temps s'accélère <strong>de</strong> plus en plus. Rapidité, efficacité sont les maîtres mots,<br />
qui vont <strong>de</strong> pair avec <strong>un</strong>e rigueur scientifique <strong>de</strong> tous les instants. Nous pensons que l'A3N<br />
doit permettre <strong>de</strong> répondre au défi.