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Application de l'évaluation des risques dans la chaîne alimentaire

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Workshop<br />

Sci Com 2006<br />

<strong>Application</strong><br />

<strong>de</strong> l’évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

Rédigé par le Comité scientifique et le Secrétariat scientifique <strong>de</strong> l’AFSCA


Editeurs responsables<br />

André Huyghebaert, Prési<strong>de</strong>nt du Comité scientifique<br />

Gil Houins, Administrateur délégué<br />

Agence fédérale pour <strong>la</strong> Sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

WTC III – 21ème étage<br />

Boulevard Simon Bolivar 30<br />

1000 Bruxelles<br />

Mise en page<br />

Service Communication AFSCA<br />

Photos couverture<br />

Salmonel<strong>la</strong> spp © Jan Mast (CODA-CERVA, Belgique)<br />

Autres photos © AFSCA<br />

Dépot légal D/2007/10.413/2<br />

Cette brochure est rédigée par le Comité scientifique et le secrétariat scientifique <strong>de</strong><br />

l’AFSCA. Le contenu <strong>de</strong>s articles individuels relève <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s auteurs.<br />

Citation subordonnée à l’indication <strong>de</strong> <strong>la</strong> source<br />

2


Préface<br />

J’ai le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> vous présenter, au nom du Comité scientifique<br />

(Sci Com), cette brochure du Workshop 2006.<br />

Le thème choisi cette année pour le workshop est l’évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, après le principe <strong>de</strong> précaution l’année<br />

<strong>de</strong>rnière. Je souhaite commenter ce choix brièvement.<br />

L’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> occupe une position centrale <strong>dans</strong><br />

les activités du Sci Com et <strong>de</strong> l’AFSCA et constitue une partie<br />

essentielle, plus encore une condition sine qua non, pour les<br />

avis émis par le Sci Com.<br />

Chaque organisation réfléchit à l’occasion sur ses propres<br />

activités. Ce<strong>la</strong> peut prendre différentes formes : une auto-analyse,<br />

un audit, ou un autre terme. Une approche scientifique<br />

étant centrale au sein du Sci Com et du secrétariat scientifique,<br />

c’est <strong>la</strong> formule du workshop qui a été choisie. Cette<br />

formule permet <strong>de</strong> confronter <strong>de</strong>s initiatives propres à une<br />

expertise externe. La confrontation <strong>de</strong>s idées a sans aucun<br />

doute un effet inspirant. Il est tout aussi important que cette<br />

réunion constitue également une opportunité <strong>de</strong> rencontrer<br />

<strong>de</strong>s collègues, <strong>de</strong> les revoir ou d’apprendre à les connaître.<br />

On me dit souvent que cet aspect à une réunion scientifique,<br />

est tout aussi important que l’aspect strictement scientifique.<br />

Une décision prise sur base d’une évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

recouvre <strong>de</strong> nombreux contenus différents, al<strong>la</strong>nt d’une<br />

première estimation grossière du risque à une approche<br />

scientifique soli<strong>de</strong>. Le rôle du Sci Com, épaulé à ce sujet par<br />

le secrétariat scientifique, est bien entendu en premier lieu<br />

<strong>de</strong> délivrer <strong>de</strong>s avis soli<strong>de</strong>ment étayés d’un point <strong>de</strong> vue<br />

scientifique. Je souhaite par <strong>la</strong> présente souligner le rôle du<br />

secrétariat scientifique.<br />

Au nom du Sci Com, je souhaite remercier <strong>la</strong> direction <strong>de</strong><br />

l’AFSCA pour l’appui <strong>dans</strong> l’édition <strong>de</strong> cette brochure. Le Sci<br />

Com voit ceci comme une reconnaissance <strong>de</strong> leur travail et<br />

comme un encouragement pour continuer d’émettre <strong>de</strong>s<br />

avis scientifiques basés sur l’évaluation du risque.<br />

Je vous souhaite beaucoup <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir à <strong>la</strong> lecture.<br />

Prof. Em. dr. ir. André Huyghebaert<br />

Prési<strong>de</strong>nt du Comité scientifique <strong>de</strong> l’AFSCA<br />

3


Table <strong>de</strong>s matières<br />

Préface 3<br />

Introduction 7<br />

Campylobacter <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s préparations à base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille 17<br />

Evaluation quantitative <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> <strong>de</strong> Salmonel<strong>la</strong> enterica serovar Enteritidis <strong>dans</strong> les œufs <strong>de</strong> poule en Belgique 27<br />

La patuline <strong>dans</strong> le jus <strong>de</strong> pomme 37<br />

Les dioxines <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>: évaluation du risque <strong>dans</strong> le cadre normatif<br />

et <strong>dans</strong> le contexte d’un acci<strong>de</strong>nt ponctuel 45<br />

Mercure et substances <strong>de</strong> type dioxine <strong>dans</strong> les aliments marins 59<br />

Evaluation <strong>de</strong> risque pour <strong>la</strong> réglementation et le monitoring <strong>de</strong>s bactéries <strong>de</strong> quarantaine <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre 71<br />

<strong>Application</strong> <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> par les gestionnaires <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> 83<br />

Recommandations générales et conclusions 87<br />

4


Introduction<br />

5


Introduction<br />

C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Saegerman 1 et Dirk Berkvens 2,3<br />

1<br />

Université <strong>de</strong> Liège ; 2 Institut <strong>de</strong> Médicine Tropicale d’Anvers ; 3 Sci Com AFSCA<br />

1. Analyse <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

L’accord <strong>de</strong> Marrakech <strong>de</strong> l’Organisation mondiale du Commerce<br />

(OMC) d’avril 1994 re<strong>la</strong>tif à l’application <strong>de</strong> mesures<br />

sanitaires et phytosanitaires (Accord SPS) prévoit que les Etats<br />

ont le droit <strong>de</strong> définir le niveau <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s consommateurs<br />

qu’ils jugent approprié et <strong>de</strong> restreindre, si nécessaire,<br />

le commerce international <strong>dans</strong> le but <strong>de</strong> protéger <strong>la</strong> vie<br />

<strong>de</strong>s personnes, <strong>de</strong>s animaux et <strong>de</strong>s végétaux 1 . Ces mesures<br />

SPS ne peuvent toutefois pas comporter <strong>de</strong> restrictions<br />

infondées, arbitraires ou déguisées entravant le commerce.<br />

L’existence d’un risque doit être justifiée scientifiquement,<br />

sauf <strong>dans</strong> le cas <strong>de</strong> mesures d’urgence ou <strong>dans</strong> le cadre du<br />

principe <strong>de</strong> précaution. Deux options peuvent être utilisées à<br />

cette fin : soit se baser sur <strong>de</strong>s normes, <strong>de</strong>s recommandations<br />

ou <strong>de</strong>s directives internationales a (harmonisation), soit utiliser<br />

une évaluation scientifique <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> b , où <strong>la</strong> cohérence logique<br />

et <strong>la</strong> proportionnalité sont respectées et où les conséquences<br />

biologiques et économiques (le rapport coût/efficacité<br />

d’autres métho<strong>de</strong>s) sont prises en considération. Enfin,<br />

il existe différentes manières <strong>de</strong> garantir un même niveau <strong>de</strong><br />

protection (équivalence), et les mesures prises doivent être<br />

annoncées le plus rapi<strong>de</strong>ment possible (transparence).<br />

Une évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> ne doit toutefois pas se limiter à<br />

l’application aveugle <strong>de</strong>s normes. Le développement d’une<br />

expertise approfondie d’évaluation collective <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> au<br />

sein <strong>de</strong> chaque Etat est indispensable à <strong>la</strong> bonne exécution<br />

d’une évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> 2 . Afin d’é<strong>la</strong>borer cette expertise,<br />

il est utile <strong>de</strong> définir c<strong>la</strong>irement <strong>de</strong>s directives à suivre – com-<br />

a<br />

L’Accord SPS reconnaît plus précisément le caractère international<br />

<strong>de</strong>s normes établies respectivement par l’Organisation mondiale<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> santé animale (OIE), <strong>la</strong> Commission du Co<strong>de</strong>x Alimentarius<br />

(CCA) pour <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s, et <strong>la</strong> Convention<br />

internationale pour <strong>la</strong> Protection <strong>de</strong>s Végétaux (CIPV) pour les<br />

mesures re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> santé <strong>de</strong>s végétaux. Ces organisations,<br />

conjointement avec l’Autorité européenne <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>s aliments<br />

(EFSA), édictent également <strong>de</strong>s directives en rapport avec<br />

les métho<strong>de</strong>s et les procédures pour l’exécution d’une évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong>.<br />

b<br />

L’Accord SPS définit une évaluation scientifique <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

comme : (i) l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> l’entrée, <strong>de</strong> l’établissement<br />

ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissémination d’un parasite ou d’une ma<strong>la</strong>die sur<br />

le territoire d’un Etat membre, en fonction <strong>de</strong>s mesures sanitaires<br />

et phytosanitaires qui pourraient être appliquées, et <strong>de</strong>s conséquences<br />

biologiques et économiques qui pourraient en résulter,<br />

ou (ii) l’évaluation <strong>de</strong>s effets négatifs que pourrait avoir sur <strong>la</strong><br />

santé <strong>de</strong>s personnes et <strong>de</strong>s animaux <strong>la</strong> présence d’additifs, <strong>de</strong><br />

contaminants, <strong>de</strong> toxines ou d’organismes pathogènes <strong>dans</strong> les<br />

produits <strong>alimentaire</strong>s, les boissons ou les aliments pour animaux.<br />

7


me c’est par exemple déjà le cas au sein <strong>de</strong>s comités scientifiques<br />

<strong>de</strong> l’Autorité européenne <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>s aliments<br />

(EFSA) et d’organisations nationales comme l’Agence fédérale<br />

pour <strong>la</strong> Sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chaîne <strong>alimentaire</strong> (AFSCA) – ou <strong>de</strong><br />

prévoir une procédure d’évaluation <strong>de</strong> <strong>risques</strong> comme sousprocessus<br />

lors d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> formelle d’avis 3,4 .<br />

Avant <strong>de</strong> définir l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, un bref aperçu du<br />

contexte général est présenté.<br />

Concept et définitions : «Commission du Co<strong>de</strong>x<br />

Alimentarius» (CCA) versus «Organisation mondiale<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> santé animale» (OIE)<br />

Selon le paradigme du Co<strong>de</strong>x Alimentarius, une analyse <strong>de</strong>s<br />

<strong>risques</strong> se compose <strong>de</strong> trois parties reliées entre elles par<br />

un lien logique : (i) l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, (ii) <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s<br />

<strong>risques</strong> et (iii) <strong>la</strong> communication re<strong>la</strong>tive aux <strong>risques</strong> (Figure 1).<br />

L’OIE utilise un cadre légèrement différent (Figure 2) 6 .<br />

I<strong>de</strong>ntification<br />

Appréciation<br />

Gestion <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>s dangers<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

<strong>risques</strong><br />

Communication re<strong>la</strong>tive aux <strong>risques</strong><br />

Figure 2. Le paradigme <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> d’après l’OIE 6<br />

L’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> constitue <strong>dans</strong> les <strong>de</strong>ux cas un processus<br />

fondé scientifiquement, qui doit avoir lieu indépendamment<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. Le contenu <strong>de</strong>s différentes<br />

étapes à parcourir lors d’une évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> diffère<br />

bien entendu également suivant l’organisation. Le tableau<br />

ci-<strong>de</strong>ssous donne un aperçu <strong>de</strong>s différences entre <strong>la</strong> terminologie<br />

utilisée par <strong>la</strong> CCA et celle utilisée par l’OIE.<br />

Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Gestion <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Tableau 1. Différences entre <strong>la</strong> terminologie utilisée par <strong>la</strong> Commission du Co<strong>de</strong>x Alimentarius<br />

(CCA) et l’Organisation mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé animale (OIE)<br />

Communication re<strong>la</strong>tive aux <strong>risques</strong><br />

Figure 1. Le paradigme <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> d’après le Commission<br />

du Co<strong>de</strong>x Alimentarius 5<br />

CCA<br />

Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

• I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers<br />

• Caractérisation <strong>de</strong>s dangers<br />

• Evaluation <strong>de</strong> l’exposition<br />

• Caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Gestion <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Communication re<strong>la</strong>tive aux <strong>risques</strong><br />

OIE<br />

I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers<br />

Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

• Appréciation <strong>de</strong> l’émission<br />

• Appréciation <strong>de</strong> l’exposition<br />

• Appréciation <strong>de</strong>s conséquences<br />

Gestion <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Communication re<strong>la</strong>tive aux <strong>risques</strong><br />

8


Malgré le fait que <strong>la</strong> terminologie utilisée soit différente (et<br />

précédée par l’i<strong>de</strong>ntification du danger pour l’OIE), une évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> concerne <strong>dans</strong> les <strong>de</strong>ux cas un processus<br />

structuré logiquement <strong>dans</strong> le cadre duquel un certain nombre<br />

d’étapes doivent être accomplies. Dans <strong>la</strong> suite du texte,<br />

c’est le paradigme <strong>de</strong> <strong>la</strong> CCA qui a été retenu.<br />

L’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> liés à <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> est un<br />

processus structuré, indépendant, objectif et transparent<br />

d’organisation et d’analyse <strong>de</strong>s données disponibles 2 . Les résultats<br />

d’une évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> sont tributaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> pertinence,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong>s données utilisées<br />

<strong>dans</strong> chacune <strong>de</strong>s quatre étapes suivantes : (i) l’i<strong>de</strong>ntification<br />

du danger ; (ii) <strong>la</strong> caractérisation du danger ; (iii) l’évaluation<br />

<strong>de</strong> l’exposition et (iv) <strong>la</strong> caractérisation du risque. L’évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> peut concerner <strong>de</strong>s effets à long terme ou à court<br />

terme sur <strong>la</strong> santé publique. Plusieurs étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas seront<br />

développées <strong>dans</strong> les chapitres suivants en vue d’exemplifier<br />

le processus d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>.<br />

I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers<br />

Un danger est un agent biologique, chimique ou physique<br />

présent <strong>dans</strong> les <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s ou les aliments pour<br />

animaux, ou un état <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s ou aliments<br />

pour animaux, pouvant avoir un effet néfaste sur <strong>la</strong> santé.<br />

L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers se compose par conséquent <strong>de</strong><br />

l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s agents biologiques, chimiques et physiques<br />

qui peuvent générer <strong>de</strong>s conséquences néfastes pour <strong>la</strong><br />

santé et qui peuvent être présents <strong>dans</strong> une <strong>de</strong>nrée <strong>alimentaire</strong><br />

spécifique ou <strong>dans</strong> un groupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s.<br />

Il s’agit d’une démarche purement qualitative qui est liée à <strong>la</strong><br />

veille scientifique.<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s dangers<br />

La caractérisation <strong>de</strong>s dangers est l’évaluation qualitative<br />

et/ou quantitative <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s effets néfastes sur <strong>la</strong> santé<br />

associés aux agents biologiques, chimiques et physiques qui<br />

peuvent être présents <strong>dans</strong> les <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s. Pour les<br />

agents chimiques, il y a lieu <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une détermination<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> courbe dose-réponse. Pour les agents biologiques et<br />

physiques, on procé<strong>de</strong>ra à une détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> dose-réponse<br />

si on peut se procurer <strong>de</strong>s données.<br />

Evaluation <strong>de</strong> l’exposition<br />

L’évaluation <strong>de</strong> l’exposition constitue l’évaluation qualitative<br />

et/ou quantitative <strong>de</strong> l’ingestion probable d’un agent<br />

biologique, chimique ou physique via l’alimentation et, le cas<br />

échéant, le contact par d’autres voies d’exposition.<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Un risque est une fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> probabilité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gravité<br />

d’un effet néfaste sur <strong>la</strong> santé, du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence d’un<br />

danger. Dans tous les cas, une caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

doit comporter : les incertitu<strong>de</strong>s y afférentes, <strong>la</strong> probabilité<br />

d’apparition et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gravité <strong>de</strong>s effets potentiels néfastes sur<br />

<strong>la</strong> santé <strong>dans</strong> une popu<strong>la</strong>tion donnée, basée sur l’i<strong>de</strong>ntification<br />

et <strong>la</strong> caractérisation <strong>de</strong>s dangers et sur l’évaluation <strong>de</strong><br />

l’exposition.<br />

La métho<strong>de</strong> utilisée pour caractériser le risque dépend<br />

<strong>de</strong>s informations disponibles (ou <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> celles-ci)<br />

9


concernant <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> survenue et les conséquences du danger en question. Il existe différentes manières d’exprimer le<br />

niveau <strong>de</strong> connaissance (ou à l’inverse d’incertitu<strong>de</strong>), mais c’est en tout cas <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>(s) l’évaluateur(s) <strong>de</strong> risque <strong>de</strong><br />

veiller à ce que l’incertitu<strong>de</strong> existante soit communiquée <strong>de</strong> manière correcte aux gestionnaires <strong>de</strong> <strong>risques</strong>. Ils doivent en effet<br />

savoir quelle est <strong>la</strong> fiabilité <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>.<br />

Le schéma suivant est un schéma général esquissant le lien entre incertitu<strong>de</strong> et analyse <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> (Figure 3).<br />

Figure 3. Re<strong>la</strong>tion entre (le manque <strong>de</strong>) les connaissances et <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> pour évaluer un risque 7<br />

10


2. Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> versus<br />

principe <strong>de</strong> précaution en fonction<br />

<strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong><br />

Comme il apparaît c<strong>la</strong>irement à <strong>la</strong> Figure 3, un risque n’est défini<br />

que lorsque certaines connaissances minimales données<br />

sur <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> survenue ainsi que sur les conséquences<br />

sont disponibles. Lorsque ces connaissances minimales<br />

ne sont pas disponibles, il faut en informer c<strong>la</strong>irement le(s)<br />

gestionnaire(s) <strong>de</strong> <strong>risques</strong> pour leur permettre d’appliquer le<br />

principe <strong>de</strong> précaution. La limite entre une évaluation vali<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> et <strong>la</strong> présence d’une incertitu<strong>de</strong> trop gran<strong>de</strong> n’est<br />

pas toujours c<strong>la</strong>ire et dépend en plus du danger considéré.<br />

3. Considérations pratiques<br />

Continuité<br />

Une série <strong>de</strong> raisons font que l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> est un<br />

processus continu et que le risque estimé doit être réévalué régulièrement.<br />

Après que <strong>de</strong>s options <strong>de</strong> gestion aient été sélectionnées<br />

et mises en œuvre par les gestionnaires <strong>de</strong> <strong>risques</strong>, il<br />

faut vérifier que le risque estimé soit à nouveau inférieur au risque<br />

jugé acceptable. Lorsque <strong>de</strong>s normes internationales sont<br />

modifiées, lorsque le risque jugé acceptable a évolué, lorsque<br />

<strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s ont été comblées par <strong>de</strong> nouvelles connaissances<br />

scientifiques, lorsque <strong>de</strong>s modifications extérieures<br />

sont apparues (changement <strong>de</strong> processus <strong>de</strong> production, un<br />

changement climatique) ou lorsque <strong>de</strong> nouvelles données sont<br />

disponibles, il faut également estimer l’impact <strong>de</strong> ces modifications<br />

sur l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> qui a été réalisée.<br />

Approche multidisciplinaire<br />

Pour mener à bien une évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, <strong>de</strong>s experts<br />

regroupant plusieurs disciplines doivent interagir selon le risque<br />

à évaluer (ex. épidémiologie, méthodologie d’évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, mé<strong>de</strong>cine, virologie, bactériologie, parasitologie,<br />

microbiologie, technologie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s, hygiène,<br />

chimie, physique, biologie, agronomie). Ces expertises ne<br />

sont pas simplement additionnées les unes aux autres mais<br />

un synergisme doit être recherché. Notons que les experts<br />

doivent agir avec transparence et en toute indépendance.<br />

Ils ne représentent en aucun cas leur institution d’origine.<br />

Il s’agit d’une expertise scientifique collective qui doit être<br />

structurée et qui rend plus pertinents les résultats obtenus.<br />

Options <strong>de</strong> maîtrise du risque<br />

La définition <strong>de</strong>s options <strong>de</strong> réduction du risque consiste à<br />

établir <strong>la</strong> liste <strong>de</strong> toutes les métho<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> tous les moyens<br />

permettant <strong>de</strong> contrôler le risque. La démarche d’évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> est également un outil pour le choix <strong>de</strong>s mesures<br />

<strong>de</strong> gestion les plus appropriées à prendre. En changeant<br />

les paramètres d’un modèle d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, les<br />

experts peuvent sélectionner et proposer les options les plus<br />

efficaces.<br />

Communication re<strong>la</strong>tive aux <strong>risques</strong><br />

La communication re<strong>la</strong>tive aux <strong>risques</strong> correspond à un<br />

échange d’informations et d’opinions concernant les <strong>risques</strong>,<br />

entre les responsables <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, les<br />

responsables <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> <strong>risques</strong> et les autres parties<br />

intéressées telles que les milieux professionnels et le public.<br />

11


Par exemple, le gestionnaire peut déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> communiquer<br />

à propos <strong>de</strong>s mesures préventives à mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>dans</strong> les<br />

milieux professionnels et le public. Elle assure <strong>la</strong> transparence<br />

<strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> qui a été menée et sa cohérence.<br />

Ce n’est toutefois pas une opération finale dédiée aux seuls<br />

gestionnaires. Des modalités doivent encore être définies<br />

pour conduire cette communication <strong>de</strong> manière appropriée<br />

entre les parties intéressées.<br />

4. Conclusion et recommandations<br />

La démarche d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> constitue un travail important<br />

<strong>de</strong> collecte, <strong>de</strong> rassemblement et d’analyse critique<br />

<strong>de</strong>s données et nécessite le développement <strong>de</strong> modèles qui<br />

peuvent être complexes. Elle dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

qualité, <strong>de</strong> l’accès et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pertinence <strong>de</strong>s données. La finalité<br />

d’une évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> est d’apporter, le plus rapi<strong>de</strong>ment<br />

possible, <strong>de</strong>s options <strong>de</strong> gestion aux gestionnaires <strong>de</strong><br />

<strong>risques</strong>. Pour atteindre ce but, on doit tout d’abord examiner<br />

s’il y a assez d’informations et <strong>de</strong> connaissances disponibles<br />

pour procé<strong>de</strong>r à une évaluation formelle <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. Si ce<br />

n’est pas le cas, une alternative (comme par exemple, une<br />

analyse <strong>de</strong> scénario) doit être considérée. Si suffisamment<br />

d’informations sont disponibles, une analyse aussi détaillée<br />

que possible (déterministe ou probabiliste suivant l’incertitu<strong>de</strong><br />

présente) sera effectuée 8,9 , au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle on prêtera<br />

attention à ce que l’incertitu<strong>de</strong> totale se retrouve <strong>dans</strong> les<br />

intervalles <strong>de</strong> confiance finaux qui seront transmis aux gestionnaires<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. Bien entendu, on prendra soin <strong>de</strong> ne<br />

passer à l’application du principe <strong>de</strong> précaution uniquement<br />

qu’après que toutes les autres possibilités aient été épuisées.<br />

Pour accélérer le processus d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, une<br />

formu<strong>la</strong>tion correcte du problème à résoudre et <strong>de</strong>s objectifs<br />

<strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> à mettre en œuvre est essentielle<br />

(termes <strong>de</strong> référence). Celle-ci nécessite une communication<br />

entre les gestionnaires et les évaluateurs afin que le résultat<br />

final soit utile pour <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> décisions visant à assurer <strong>la</strong><br />

sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique.<br />

Un <strong>de</strong>s grands avantages <strong>de</strong> l’instauration d’une politique<br />

d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> <strong>dans</strong> le maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

chaîne <strong>alimentaire</strong> est le « rôle structurant » <strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche.<br />

En effet, les différentes parties intéressées apprennent à<br />

travailler ensemble d’une manière scientifique et structurée<br />

(les rôles <strong>de</strong> chacun étant établis) <strong>dans</strong> le but <strong>de</strong> garantir<br />

<strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> <strong>dans</strong> son ensemble. Ce<br />

rôle structurant <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> a beaucoup <strong>de</strong><br />

sens pour abor<strong>de</strong>r les défis <strong>de</strong> <strong>de</strong>main que sont les <strong>risques</strong><br />

émergents.<br />

Enfin, les évaluations <strong>de</strong> <strong>risques</strong> tiennent compte, actuellement,<br />

<strong>de</strong>s données <strong>de</strong> contamination et <strong>de</strong>s données <strong>de</strong><br />

consommation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées incriminées. Certaines <strong>de</strong>nrées<br />

ont toutefois une composition nutritionnelle intéressante<br />

pour <strong>la</strong> santé du consommateur. Dès lors, <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong><br />

prendre en compte cette troisième composante se fait sentir.<br />

12


5. Références<br />

1. OMC, 1994. Accord sur l’application <strong>de</strong>s mesures sanitaires<br />

et phytosanitaires, pp. 13.<br />

2. Parlement européen et Conseil, 2002. Journal officiel <strong>de</strong>s<br />

Communautés européennes, L31, 1.<br />

3. Commission européenne, 2003. Journal officiel <strong>de</strong>s Communautés<br />

européennes, L185, 6.<br />

4. Commission européenne, 2004. Journal officiel <strong>de</strong>s Communautés<br />

européennes, L379, 64.<br />

5. Commission du Co<strong>de</strong>x Alimentarius, 2003. Manuel <strong>de</strong><br />

procédure du Co<strong>de</strong>x Alimentarius, pp. 234.<br />

6. OIE, 2006. Titre 1.3. Analyse <strong>de</strong> risque. Disponible à http://<br />

www.oie.int/fr/normes/mco<strong>de</strong>/fr_titre_1.3.htm.<br />

7. European Science and Technology Observatory, 1999. On<br />

science and precaution in the management of thechnological<br />

risk, pp. 56. Disponible à ftp://ftp.jrc.es/pub/EURdoc/eur19056en.pdf.<br />

8. Saegerman et al., 2002. J Toxicol Env Health, 65:1289.<br />

9. Vrijens et al., 2002. Food Addit Contam, 19:687.<br />

13


Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas<br />

15


Campylobacter <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s préparations à base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille<br />

Mieke Uyttendaele, Katleen Baert et Lieven De Zutter<br />

Université <strong>de</strong> Gand<br />

1. Localisation du danger considéré<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

Durant <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière décennie, les campylobacters pathogènes<br />

se sont développés jusqu’à <strong>de</strong>venir <strong>la</strong> cause principale<br />

<strong>de</strong> gastroentérites bactériennes. En effet, le nombre <strong>de</strong> cas<br />

<strong>de</strong> campylobactérioses dépasse, en Belgique comme <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s pays européens, le nombre <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> salmonelloses.<br />

Selon certaines étu<strong>de</strong>s, les vian<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille et<br />

préparations à base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille seraient responsables<br />

<strong>de</strong> 40% <strong>de</strong>s cas humains <strong>de</strong> campylobactériose 1 . Il est<br />

toutefois difficile d’apporter <strong>de</strong>s données épidémiologiques<br />

précises sur les infections <strong>alimentaire</strong>s à ce micro-organisme<br />

pathogène en raison notamment du caractère isolé et saisonnier<br />

<strong>de</strong> celles-ci. Les résultats <strong>de</strong>s contrôles microbiologiques<br />

réalisés tant par les autorités (AFSCA) que par les entreprises<br />

<strong>alimentaire</strong>s indiquent que <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong> produits <strong>de</strong><br />

vo<strong>la</strong>illes par Campylobacter spp. est re<strong>la</strong>tivement élevée <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> chaîne. Vu l’offre et <strong>la</strong> vente croissantes <strong>de</strong> préparations à<br />

base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille et les opportunités <strong>de</strong> contamination<br />

croisée ou <strong>de</strong> réchauffement insuffisant lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation,<br />

l’autorité compétente (le Service Public Fédéral Santé<br />

publique, Sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> et Environnement)<br />

a <strong>de</strong>mandé, fin novembre 2003, au Conseil Supérieur<br />

d’Hygiène (CSH) d’évaluer les <strong>risques</strong> pour <strong>la</strong> santé publique<br />

d’une manière scientifiquement fondée. L’étu<strong>de</strong> s’est limitée<br />

à l’étape finale <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>, à savoir <strong>la</strong> distribution<br />

<strong>de</strong>s produits en question (préparations à base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille, comme par exemple les saucisses, hamburgers,<br />

haché préparé, pilons, brochettes, etc.) au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> vente<br />

au détail et du transport ainsi que <strong>de</strong> l’entreposage et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

préparation par le consommateur (Figure 1).<br />

17


Fréquence<br />

(% contaminé)<br />

Concentration<br />

(nombre/g)<br />

Transport<br />

et conservation<br />

(temps/<br />

température)<br />

Préparation<br />

(contamination croisée)<br />

Réchauffement<br />

(insuffisament réchauffé)<br />

Dose- réponse<br />

Probabilité d’infection/<br />

Probabilité <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die<br />

Figure 1. Vue générale du modèle d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

2. Termes <strong>de</strong> référence /<br />

objectif <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas<br />

Il existe, au niveau européen, un cadre réglementaire pour <strong>la</strong><br />

surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s zoonoses transmissibles par l’alimentation<br />

(Règlement CE N° 2160/2003), mais il n’a pas encore été appliqué<br />

pour <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> Campylobacter. Aucun critère <strong>de</strong><br />

performance n’a encore été déterminé pour <strong>la</strong> prévalence <strong>de</strong><br />

ce micro-organisme pathogène <strong>dans</strong> les produits commercialisés<br />

ou pour certaines étapes <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne. Au cours <strong>de</strong>s<br />

prochaines années, <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> mesures légis<strong>la</strong>tives au<br />

niveau européen sera examinée. La Belgique contribuera<br />

<strong>de</strong> manière active à ce processus, avec l’appui <strong>de</strong> données<br />

scientifiques appropriées. En attendant, <strong>de</strong>s mesures nationales<br />

doivent être étudiées sur base du risque. C’est <strong>dans</strong> ce<br />

cadre, et en disposant <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> prévalence actuelles<br />

<strong>de</strong> Campylobacter <strong>dans</strong> les vian<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille, provenant<br />

du programme <strong>de</strong> monitoring <strong>de</strong> l’AFSCA 2 , que se situe <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> du Service Public Fédéral Santé publique, Sécurité<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> et Environnement adressée au CSH.<br />

L’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> a pour objectif <strong>de</strong> poser un fon<strong>de</strong>ment<br />

scientifique pour <strong>la</strong> gestion et <strong>la</strong> communication <strong>de</strong><br />

ce risque. Étant donné qu’il s’agit d’un groupe <strong>de</strong> travail ad<br />

hoc du CSH avec limitation <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> moyens, cette<br />

contribution concerne une étu<strong>de</strong> préliminaire du type méta<br />

analyse, <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature et <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s<br />

rapports <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce ayant été utilisées pour l’évaluation<br />

quantitative <strong>de</strong> risque. Un modèle d’évaluation quantitative<br />

<strong>de</strong> risque a été é<strong>la</strong>boré suivant <strong>la</strong> méthodologie MPRM<br />

(Modu<strong>la</strong>r Process Risk Mo<strong>de</strong>lling) en vue <strong>de</strong> répondre à <strong>la</strong><br />

question suivante : quel est, pour le consommateur, le niveau<br />

<strong>de</strong> risque lié à différents niveaux <strong>de</strong> contamination par le<br />

micro-organisme pathogène <strong>dans</strong> les produits en question<br />

(exemples : absence <strong>dans</strong> 25g, 10g, 1g, 0,1g et 0,01g) ?<br />

18


3. Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers<br />

Campylobacter fait partie du groupe <strong>de</strong>s bactéries spiralées.<br />

Une espèce en particulier, Campylobacter jejuni, est<br />

responsable <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies. Seul un pourcentage limité <strong>de</strong><br />

cas <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die est provoqué par d’autres espèces (C. coli et<br />

éventuellement C. <strong>la</strong>ri). Campylobacter est une bactérie qui<br />

se rencontre <strong>dans</strong> les intestins <strong>de</strong>s animaux et qui survit bien<br />

<strong>dans</strong> l’environnement (surtout <strong>dans</strong> l’eau) et <strong>dans</strong> les <strong>de</strong>nrées<br />

<strong>alimentaire</strong>s fraîches réfrigérées avec une valeur a w<br />

(activité<br />

d’eau) élevée, ainsi qu’en présence d’une humidité re<strong>la</strong>tive<br />

élevée. Les réservoirs principaux <strong>de</strong> Campylobacter sont les<br />

animaux <strong>de</strong> ferme (surtout les vo<strong>la</strong>illes et les porcins) ainsi<br />

que les animaux sauvages (oiseaux, rongeurs) ou les insectes<br />

(mouches). La bactérie peut rendre l’homme ma<strong>la</strong><strong>de</strong> par<br />

consommation <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s d’origine animale<br />

crues, notamment <strong>la</strong> vo<strong>la</strong>ille, et indirectement via d’innombrables<br />

autres <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s ainsi que via l’eau, tant<br />

par consommation d’eau potable contaminée que par<br />

contact avec d’eau <strong>de</strong> baigna<strong>de</strong> 3 . L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas re<strong>la</strong>tive à ce<br />

sujet s’est focalisée sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transmission par <strong>la</strong> vian<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille. Campylobacter est régulièrement découvert <strong>dans</strong><br />

<strong>de</strong>s vian<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>illes (22.9% <strong>de</strong> présence par gramme <strong>dans</strong><br />

<strong>de</strong>s morceaux avec peau au niveau <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> découpe,<br />

3.9% <strong>de</strong> présence par 0.01g sur <strong>de</strong>s carcasses au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vente au détail, 27% <strong>de</strong> présence par 25 g <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s vo<strong>la</strong>illes<br />

fraîches sans peau au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> vente au détail) (zoonotic<br />

report of Belgium, results of 2005 monitoring).<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s dangers<br />

Les infections provoquées par Campylobacter constituent un<br />

sérieux problème <strong>de</strong> santé publique en Belgique. Le système<br />

<strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies transmissibles révèle un taux<br />

d’inci<strong>de</strong>nce moyen annuel <strong>de</strong> 70 à 80 cas par 100.000 habitants<br />

(l’inci<strong>de</strong>nce réelle est probablement beaucoup plus élevée<br />

vu le manque <strong>de</strong> données rapportées) 3 . En Belgique, 6324<br />

et 5711 cas <strong>de</strong> campylobactériose ont respectivement été<br />

rapportés en 2005 et 2006 (4846 et 3630 cas <strong>de</strong> salmonellose<br />

en 2005 et 2006). Depuis le début <strong>de</strong> 2005, les campylobactérioses<br />

sont <strong>la</strong> cause principale <strong>de</strong>s toxi-infections en Belgique<br />

(http:/www.iph.fgov.be/epi<strong>de</strong>mio/<strong>la</strong>bo, données <strong>de</strong> 2006).<br />

La présence <strong>de</strong> Campylobacter <strong>dans</strong> l’alimentation peut<br />

provoquer <strong>de</strong>s symptômes qui sont généralement bénins :<br />

diarrhée, nausées, fièvre, coliques, <strong>dans</strong> les 2 à 5 jours suivant<br />

l’exposition à l’organisme pathogène. La ma<strong>la</strong>die dure<br />

normalement 1 semaine. Une infection à Campylobacter<br />

peut occasionnellement engendrer <strong>de</strong>s complications plus<br />

graves (arthrite réactive, syndrome <strong>de</strong> Reiter, syndrome <strong>de</strong><br />

Guil<strong>la</strong>in-Barré (GBS)). On estime qu’une infection sur 1000<br />

conduit à un GBS, le risque augmentant <strong>de</strong> 1 à 200 s’il s’agit<br />

d’une infection par un type <strong>de</strong> souche spécifique <strong>de</strong> C.<br />

jejuni (Penner type HS:19) 4 . La dose infectieuse pour C. jejuni<br />

serait assez faible (environ 500 organismes). Les informations<br />

re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion dose-réponse pour l’infection à Campylobacter<br />

sont rares. Les informations provenant <strong>de</strong> données<br />

épidémiologiques sont insuffisantes. Une seule expérience,<br />

lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>de</strong>s jeunes adultes volontaires se sont vus<br />

administrer <strong>de</strong>ux souches <strong>de</strong> C. jejuni, ingérées <strong>dans</strong> du <strong>la</strong>it,<br />

19


peut être utilisée pour établir une courbe dose/réponse 5 .<br />

Les auteurs <strong>de</strong> ce rapport signalent toutefois que différentes<br />

recherches <strong>de</strong>vraient être réalisées avant d’utiliser ce modèle<br />

pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. D’autres approches<br />

pour l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion dose/réponse ont été étudiées<br />

<strong>dans</strong> le chapitre caractérisation du risque. Vous trouverez <strong>de</strong><br />

plus amples informations sur l’approche <strong>de</strong> l’évaluation du<br />

risque <strong>dans</strong> l’Avis du CSH 7947 6 .<br />

Evaluation <strong>de</strong> l’exposition<br />

On a utilisé une approche probabiliste tenant compte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

variabilité au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. On tient donc ici compte<br />

<strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> données qui ont été évaluées, sur base<br />

<strong>de</strong> données <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature, pour <strong>la</strong> contamination croisée, le<br />

réchauffement insuffisant et les courbes dose-réponse. Les<br />

calculs sont établis avec le programme @RISK (Palisa<strong>de</strong>, UK).<br />

En guise d’ « input » pour le programme @RISK, on a utilisé<br />

les données (détermination <strong>de</strong> présence ou d’absence <strong>de</strong><br />

Campylobacter <strong>dans</strong> le produit en question) recueillies lors<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> l’AFSCA pour <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

2002, à savoir : notamment 9% <strong>de</strong>s échantillons présentent<br />

un niveau <strong>de</strong> contamination > 100/g, <strong>dans</strong> 24% <strong>de</strong>s échantillons,<br />

Campylobacter est présent par 25 g <strong>de</strong> produit mais<br />

à un niveau < 100/g, et <strong>dans</strong> 67% <strong>de</strong>s échantillons analysés,<br />

Campylobacter n’est pas présent par 25 g <strong>de</strong> produit (Figure<br />

2a). Du fait <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> caractère quantitatif <strong>de</strong> ces<br />

données, les échantillons ne peuvent être répartis qu’en 3<br />

catégories. Tout d’abord, les données disponibles re<strong>la</strong>tives à<br />

<strong>la</strong> contamination par Campylobacter <strong>de</strong> produits à base <strong>de</strong><br />

poulet ont, comme susmentionné, d’abord été converties<br />

en probabilité cumu<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> contamination et le logarithme<br />

népérien <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong> Campylobacter a été calculé<br />

(Figure 2b). Pour cette métho<strong>de</strong>, une distribution normale a<br />

été appliquée aux 3 points <strong>de</strong> mesures (qui déterminent les<br />

limites <strong>de</strong>s catégories), et celle-ci a été utilisée comme input<br />

<strong>dans</strong> le programme @RISK. Les situations 2, 3, 4, 5 et 6 sont<br />

dérivées <strong>de</strong> cette situation. Ces situations conservent une<br />

même valeur <strong>de</strong> moyenne mais resserrent <strong>de</strong> plus en plus <strong>la</strong><br />

courbe en cloche <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution normale (Figure 2c). Alors<br />

que, pour <strong>la</strong> situation 1, il ressort <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution normale<br />

estimée que 7,45% <strong>de</strong>s échantillons ont un niveau <strong>de</strong> contamination<br />

> 100 ufc <strong>de</strong> Campylobacter jejuni /g, les situations<br />

2, 3, 4, 5 et 6 correspon<strong>de</strong>nt à une réduction du nombre<br />

d’échantillons qui dépassent <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> >100/g, réduction<br />

jusqu’à respectivement 4,5%, 1, 97%, 1,05%, 0,44% et 0,21%.<br />

Dans les situations 2 à 6 incluses, on tend donc à limiter le<br />

pourcentage d’échantillons avec les niveaux <strong>de</strong> contamination<br />

les plus élevés.<br />

20


a<br />

> 2500 cfu/25g<br />

9%<br />

1-2500 cfu/25g<br />

24%<br />

< 1 cfu/25g<br />

67%<br />

Cumu<strong>la</strong>tive probability<br />

1<br />

0,8<br />

0,6<br />

0,4<br />

0,2<br />

-30 -20 -10<br />

0<br />

0 10 20<br />

b<br />

Crcmp (ln CFU/g)<br />

c<br />

Figure 2. Vue générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> méthodologie suivie<br />

21


Caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Les distributions normales <strong>de</strong>s situations 1 à 6 incluses ont été<br />

utilisées comme input du modèle et 10 000 itérations ont été<br />

effectuées. Ce faisant <strong>la</strong> probabilité d’exposition à Campylobacter<br />

jejuni d’une popu<strong>la</strong>tion lorsque celle-ci consomme une<br />

portion <strong>de</strong> produit réchauffé à base <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>illes a été générée<br />

comme output.<br />

Vu que le modèle dose-réponse <strong>dans</strong> le cas <strong>de</strong> Campylobacter<br />

se base sur un nombre <strong>de</strong> données limité et qu’il est donc<br />

associé à une gran<strong>de</strong> incertitu<strong>de</strong>, il est préférable d’exprimer<br />

les <strong>risques</strong> en terme d’exposition plutôt que <strong>de</strong> parler <strong>de</strong><br />

probabilité d’infection. Dans l’étu<strong>de</strong>, on a également choisi<br />

d’appliquer, à côté du modèle c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong> dose-réponse,<br />

<strong>de</strong>ux autres métho<strong>de</strong>s décrites <strong>dans</strong> <strong>la</strong> littérature pour l’introduction<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> dose-réponse <strong>dans</strong> <strong>la</strong> caractérisation du risque<br />

(approche 2 et approche 3).<br />

L’exposition et <strong>la</strong> probabilité moyennes d’infection sont<br />

simulées pour les 6 situations et sont reprises <strong>dans</strong> le Tableau<br />

1. Les chiffres <strong>de</strong> ce tableau ne doivent pas être considérés<br />

comme <strong>de</strong>s valeurs absolues mais doivent plutôt être comparés<br />

entre eux <strong>de</strong> manière re<strong>la</strong>tive, et les rapports doivent<br />

être considérés comme un ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur indicatif. Les<br />

valeurs reprises <strong>dans</strong> le tableau sont en effet <strong>de</strong>s estimations<br />

sujettes à une gran<strong>de</strong> incertitu<strong>de</strong> suite aux nombreuses<br />

hypothèses qui ont dû être émises lors <strong>de</strong> l’établissement<br />

du modèle d’évaluation <strong>de</strong> risque, en raison <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong><br />

données quantitatives pour le produit en question (préparations<br />

à base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille) ou pour <strong>la</strong> situation belge.<br />

Indépendamment <strong>de</strong> l’approche et <strong>de</strong> son développement<br />

pratique, on a constaté, toujours sur base <strong>de</strong>s mêmes hypothèses,<br />

que l’exposition, ainsi que <strong>la</strong> probabilité d’infection<br />

diminuent <strong>de</strong> manière significative à mesure que le niveau<br />

<strong>de</strong> contamination par Campylobacter est mieux maîtrisé et<br />

que <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> quantités élevées est limitée. Le Tableau 1<br />

résume ce<strong>la</strong> <strong>de</strong> manière explicite.<br />

22


Tableau 1. Probabilité moyenne d’exposition/d’infection par Campylobacter spp. suite à <strong>la</strong> consommation d’une portion <strong>de</strong> préparation à base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille, calculée avec @RISK<br />

sur base <strong>de</strong> l’input <strong>de</strong> différentes distributions du niveau <strong>de</strong> contamination par Campylobacter jejuni <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s préparations à base <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille<br />

Situation<br />

Exposition<br />

(ufc 1 par portion <strong>de</strong> 100g)<br />

En moyenne<br />

Approche 2<br />

(Probabilité infection)<br />

En moyenne<br />

Approche 3<br />

(% infection)<br />

1 (situation actuelle inférée du jeux <strong>de</strong> données<br />

2.02E+07 2.38E-03 0.0353<br />

issus du monitoring <strong>de</strong> l’AFSCA, 2002)<br />

1b 2<br />

1.45E+10<br />

(sit 1x718) 3<br />

4.98E-02<br />

(sit 1x21)<br />

1.0155<br />

(sit 1 x 29)<br />

2 ( 10000/g) 1.83E+05<br />

(sit 1:110)<br />

1.38E-03<br />

(sit 1:2)<br />

0.0089<br />

(sit 1:4)<br />

3 ( 1000/g) 1.77E+03<br />

(sit 1:11390)<br />

6.72E-04<br />

(sit 1:4)<br />

0.0016<br />

(sit 1:22)<br />

4 ( 100/g) 1.98E+01<br />

(sit 1:1.0x10 6 )<br />

2.42E-04<br />

(sit 1:10)<br />

0.0003<br />

(sit 1 : 118)<br />

5 ( 10/g) 3.26E-01<br />

5.50E-05<br />

0<br />

(sit 1:6.2x10 7 )<br />

(sit 1:43)<br />

6 ( 1/g) 1.23E-02<br />

(sit 1:1.6x10 9 )<br />

6.33E-06<br />

(sit 1:376)<br />

0<br />

1<br />

ufc: unité formant colonie<br />

2<br />

Situation actuelle mais supposition <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> produit cru<br />

3<br />

L’exposition pour situation 1b est 718 fois plus grand que situation 1<br />

On peut globalement conclure, sur base <strong>de</strong>s évaluations <strong>de</strong><br />

risque réalisées, que si l’on ramenait <strong>la</strong> distribution actuellement<br />

estimée du niveau <strong>de</strong> contamination (12.5% > 10/g et<br />

7.5% > 100/g) à une distribution avec élimination <strong>de</strong>s échantillons<br />

avec > 1000/g (< 1%) et limitation <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong><br />

contamination <strong>de</strong> > 100/g (max. 2%) et <strong>de</strong> > 10/g (max. 5%),<br />

une contribution positive serait apportée à <strong>la</strong> santé publique<br />

et on obtiendrait une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> probabilité d’infection<br />

<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 8 x (4-22x). Par ailleurs, un contrôle ultérieur <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> distribution du niveau <strong>de</strong> contamination appliqué avec<br />

pour objectifs à atteindre une distribution avec élimination<br />

<strong>de</strong>s échantillons avec > 100/g (< 1%) et une limitation <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong> > 10/g (max. 2%) occasionnerait<br />

alors, sur base <strong>de</strong>s évaluations <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> effectuées,<br />

une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> probabilité d’infection <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 30x<br />

(10-118x) en comparaison avec <strong>la</strong> situation actuelle.<br />

23


On peut en outre conclure que si les préparations à base <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong> hachée <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille sont consommées crues, <strong>la</strong> probabilité<br />

d’infection augmente considérablement par rapport au<br />

produit à réchauffer (ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 20 à 30x). Ce<strong>la</strong> signifie<br />

que <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong> normes n’offre en elle-même aucune<br />

garantie <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique mais également<br />

que <strong>la</strong> communication au consommateur est nécessaire pour<br />

attirer l’attention sur les dangers <strong>de</strong> consommer <strong>de</strong>s produits<br />

crus, et sur <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> bien réchauffer <strong>de</strong> tels produits.<br />

Vous pouvez retrouver <strong>de</strong> plus amples informations à propos<br />

<strong>de</strong>s résultats du modèle d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

publication sur ce thème <strong>de</strong> Uyttendaele et al. 7 .<br />

4. Considérations spécifiques<br />

Avant même le début <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, il a été indiqué que <strong>de</strong>s<br />

données manquent actuellement pour <strong>la</strong> réalisation d’une<br />

évaluation <strong>de</strong> risque complète. A différentes étapes <strong>de</strong><br />

l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, il y a nécessité d’avoir <strong>de</strong> données<br />

épidémiologiques/données <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce. Il manque d’une<br />

part <strong>de</strong>s données quantitatives sur le niveau <strong>de</strong> contamination<br />

du groupe <strong>de</strong> produit par le pathogène spécifique au<br />

niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> vente au détail et à différents sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

<strong>alimentaire</strong>. Pour évaluer les <strong>risques</strong> pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d’une<br />

région/d’un pays, <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> consommation et/ou <strong>de</strong>s<br />

pratiques d’hygiène du consommateur <strong>dans</strong> cette situation<br />

spécifique sont également nécessaires. En répertoriant<br />

systématiquement les différentes étapes du continuum <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> fourche à <strong>la</strong> fourchette, on peut<br />

i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s étapes/processus/opportunités critiques <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> et démontrer <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> recueillir<br />

<strong>de</strong>s données aux différentes étapes et d’indiquer leur mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> collecte ainsi que leur c<strong>la</strong>ssification selon les priorités.<br />

D’autre part, un bon monitoring <strong>de</strong>s infections humaines (et<br />

du lien causal avec <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> produit) est nécessaire<br />

pour vérifier l’évaluation du risque au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé<br />

publique. La vérification <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> risque est toutefois<br />

une tâche difficile et ne peut véritablement être réalisée <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> pratique qu’en comparant l’effet <strong>de</strong>s mesures d’intervention<br />

avec les prévisions du modèle. Les modèles d’évaluation<br />

<strong>de</strong> risque bien développés permettent en effet d’évaluer<br />

l’influence que les changements <strong>dans</strong> <strong>la</strong> production et l’entreposage<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong> ont sur le risque. Différents<br />

scénarios peuvent être testés <strong>de</strong> manière simple. Des comparaisons<br />

(éventuellement sous forme re<strong>la</strong>tive) sont possibles.<br />

5. Objectif atteint ?<br />

L’étu<strong>de</strong> a permis <strong>de</strong> constater qu’une diminution considérable<br />

du risque peut être réalisée en éliminant les produits les<br />

plus contaminés.<br />

Cette étu<strong>de</strong> a mis en lumière <strong>de</strong>s <strong>la</strong>cunes <strong>dans</strong> les données<br />

disponibles et a décrit les besoins <strong>de</strong> recherche. Il s’agissait<br />

entre autres d’un manque <strong>de</strong> données quantitatives à propos<br />

du niveau <strong>de</strong> contamination, par Campylobacter, <strong>de</strong>s produits<br />

en question, <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>s consommateurs lors <strong>de</strong><br />

l’entreposage et <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>s produits concernés, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> notion <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> production et <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

<strong>de</strong>s produits en question. Un projet <strong>de</strong> recherche pour le recueil<br />

<strong>de</strong>s ces informations a récemment démarré à l’Universi-<br />

24


té <strong>de</strong> Gand (UGent) subventionné par le SPF Santé publique,<br />

Sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chaîne <strong>alimentaire</strong> et Environnement et doit<br />

permettre <strong>de</strong> disposer, à l’avenir, <strong>de</strong> meilleures données afin<br />

d’alimenter le modèle en données représentatives pour le<br />

produit et <strong>la</strong> situation belge, en vue <strong>de</strong> limiter l’incertitu<strong>de</strong> associée<br />

au résultat du modèle actuel d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>.<br />

6. Discussion et recommandations<br />

spécifiques<br />

La bonne délimitation <strong>de</strong>s questions auxquelles il faut répondre<br />

et <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> risque est essentielle<br />

lorsque l’on entreprend une étu<strong>de</strong>. De plus, une bonne communication<br />

entre les gestionnaires <strong>de</strong> <strong>risques</strong> et les évaluateurs<br />

<strong>de</strong> <strong>risques</strong> est d’un intérêt crucial lors du processus. D’une<br />

part pour les évaluateurs <strong>de</strong> <strong>risques</strong> afin que le but <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />

répon<strong>de</strong> à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. D’autre part pour les gestionnaires <strong>de</strong><br />

<strong>risques</strong> afin <strong>de</strong> préciser l’incertitu<strong>de</strong> du résultat suite à certaines<br />

hypothèses ou à l’utilisation <strong>de</strong> jeux <strong>de</strong> données limités.<br />

Il faut remarquer que les prévisions du modèle d’évaluation<br />

<strong>de</strong> risque vont <strong>de</strong> pair avec une certaine incertitu<strong>de</strong>.<br />

Par conséquent, lors <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> risque, on a besoin<br />

d’une analyse critique, objective et progressive <strong>de</strong>s différents<br />

éléments <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> quantitative en vue <strong>de</strong><br />

mettre en évi<strong>de</strong>nce l’impact sur le résultat qu’ont eu les hypothèses<br />

émises, le fait que les données détaillées sont ou non<br />

disponibles, le choix <strong>de</strong>s modèles mathématiques, etc. Dans<br />

<strong>la</strong> pratique, il semble en effet que les données nécessaires<br />

ne sont pas toujours présentes ou le sont insuffisamment, ce<br />

qui entraîne <strong>de</strong>s hypothèses et une incertitu<strong>de</strong>. Les évaluations<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> sont <strong>de</strong> préférence soumises à une « peer<br />

review » réalisée par <strong>de</strong>s personnes indépendantes.<br />

Le processus décisionnel n’est pas évi<strong>de</strong>nt, compte tenu <strong>de</strong><br />

l’incertitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> variabilité, ainsi que du caractère mathématique<br />

finalement complexe <strong>de</strong> l’évaluation complète<br />

<strong>de</strong> risque. Les efforts nécessaires doivent être fournis pour<br />

présenter les résultats <strong>de</strong> manière à ce que ceux-ci, ainsi que<br />

le processus décisionnel soient facilement accessibles.<br />

Une option éventuelle suite à une évaluation du risque est<br />

<strong>la</strong> mise au point <strong>de</strong> normes <strong>alimentaire</strong>s tenant compte <strong>de</strong>s<br />

résultats <strong>de</strong> l’estimation d’exposition. La rédaction <strong>de</strong> normes<br />

nécessite <strong>de</strong> définir plus <strong>de</strong> paramètres que <strong>de</strong>s PO’s (Performance<br />

Objectives) ou <strong>de</strong>s niveaux maximums tolérables<br />

pouvant éventuellement être inférés <strong>de</strong> l’évaluation du risque.<br />

En effet, <strong>la</strong> normalisation doit également définir un p<strong>la</strong>n<br />

d’échantillonnage (n, c, m, M) permettant <strong>de</strong> vérifier, avec un<br />

certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> fiabilité, si un objectif a été atteint.<br />

7. Références<br />

1. Vellinga et al., 2002. Emerg Infect Dis, 8:19.<br />

2. Ghafir et al., 2007. Int J Food Microbiol, 116:111.<br />

3. Gezondheid.be, 2005. http://www.gezondheid.be/in<strong>de</strong>x.<br />

cfm?fuseaction=art&art_id=3055.<br />

4. Humphrey et al., 2007. Int J Food Microbiol, doi:10.1016/<br />

j.ijfoodmicro.2007.01.006.<br />

5. B<strong>la</strong>ck et al., 1988. J Infect Dis, 157:472.<br />

6. HGR, 2005. Advies van <strong>de</strong> Hoge Gezondheidsgraad 7947.<br />

7. Uyttendaele et al., 2006. Int J Food Microbiol, 111:149.<br />

25


Evaluation quantitative <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> <strong>de</strong> Salmonel<strong>la</strong> enterica serovar<br />

Enteritidis <strong>dans</strong> les œufs <strong>de</strong> poule en Belgique<br />

Koen Grijspeerdt 1 , Winy Messens 1 et Lieve Herman 1,2<br />

1<br />

ILVO ; 2 Sci Com AFSCA<br />

1. Localisation du danger considéré<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

Salmonel<strong>la</strong> est <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième cause <strong>la</strong> plus fréquente d’infections<br />

gastro-intestinales en Belgique (Campylobacter spp.<br />

étant <strong>la</strong> première) et a été isolée <strong>dans</strong> 3630 cas <strong>de</strong> gastroentérites<br />

en 2006.<br />

2. Termes <strong>de</strong> référence /<br />

objectif <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas<br />

Une évaluation quantitative <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> peut être une ai<strong>de</strong><br />

précieuse lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s différentes<br />

mesures <strong>de</strong> gestion possibles pour réduire le nombre <strong>de</strong> cas,<br />

malgré <strong>la</strong> complexité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> <strong>de</strong>s œufs. Un<br />

exemple venant <strong>de</strong> l’étranger le prouve : une étu<strong>de</strong> approfondie<br />

a été réalisée aux Etats-Unis 1 au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle a été<br />

simulé l’effet potentiel <strong>de</strong> mesures correctrices. L’Organisation<br />

mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé (OMS) a pris ce modèle comme base<br />

pouvant être utilisée pour é<strong>la</strong>borer une analyse du risque<br />

locale 2 .<br />

3. Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers<br />

La majeure partie <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> salmonellose était jusqu’en 2006<br />

provoquée par Salmonel<strong>la</strong> enterica serovar Enteritidis (SE), à<br />

savoir 71,4% en 2003 et 45,3 % en 2005. SE est surtout associée<br />

à <strong>la</strong> consommation d’œufs et d’ovoproduits 3 . Avec <strong>la</strong> vaccination<br />

<strong>de</strong>s poules pon<strong>de</strong>uses, davantage d’iso<strong>la</strong>ts <strong>de</strong> Salmonel<strong>la</strong><br />

enterica serovar Typhimurium (49,4%) que <strong>de</strong> SE (28,39%) ont<br />

pour <strong>la</strong> première fois été rapportés par l’ISP en 2006 (communication<br />

personnelle <strong>de</strong> N. Botteldoorn). C’était/est alors aussi<br />

l’une <strong>de</strong>s priorités <strong>de</strong>s pouvoirs publics que <strong>de</strong> réduire davantage/encore<br />

<strong>la</strong> contamination <strong>de</strong>s œufs <strong>de</strong> poules par SE.<br />

27


Caractérisation <strong>de</strong>s dangers<br />

Une infection par Salmonel<strong>la</strong> se révèle <strong>la</strong> plupart du temps<br />

être limitée à une gastroentérite, mais elle peut <strong>dans</strong> certains<br />

cas donner lieu à <strong>de</strong>s symptômes plus graves et conduire<br />

à <strong>de</strong> l’arthrite réactive, une hospitalisation voire même<br />

au décès. En particulier, les groupes à risque (appelés les<br />

YOPI’s : young, old, pregnant and immunosuppressed) sont<br />

vulnérables. Une caractérisation approfondie <strong>de</strong>s dangers est<br />

disponible auprès <strong>de</strong> l’OMS 2 .<br />

Evaluation <strong>de</strong> l’exposition<br />

Module <strong>de</strong> production<br />

Le module <strong>de</strong> production prédit <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> concentration<br />

en SE d’un œuf choisi <strong>de</strong> manière aléatoire en Belgique.<br />

Ceci est déterminé entre autres par <strong>la</strong> prévalence du lot, <strong>la</strong><br />

prévalence au sein du lot et <strong>la</strong> fraction d’œufs contaminés<br />

pondus par <strong>de</strong>s poules infectées (Figure 2). La prévalence du<br />

lot est bien entendu un input important du modèle. Une estimation<br />

exacte pour <strong>la</strong> Belgique n’est pas encore connue, c’est<br />

pourquoi cet input a été maintenu variable pour l’analyse<br />

ultérieure du scénario.<br />

Le modèle <strong>de</strong> risque est basé sur le modèle <strong>de</strong> l’OMS pour SE<br />

<strong>dans</strong> les œufs <strong>de</strong> poule et les ovoproduits 2 . Ce modèle a été<br />

adapté autant que possible à <strong>la</strong> situation belge. Il comporte<br />

<strong>de</strong>s données <strong>de</strong> production tel que le nombre <strong>de</strong> lots, le<br />

Nombre<br />

<strong>de</strong> lots<br />

nombre moyen d’animaux par lot et <strong>de</strong>s données d’import/<br />

export, et <strong>de</strong>s résultats d’enquête sur le comportement <strong>de</strong>s<br />

consommateurs ont également été incorporés 4,5 .<br />

L’analyse <strong>de</strong> l’exposition peut être subdivisée en trois modu-<br />

Prévalence<br />

du lot<br />

les : le module <strong>de</strong> production, le module <strong>de</strong> distribution et<br />

<strong>de</strong> stockage et le module <strong>de</strong> consommation (Figure 1). Les<br />

ovoproduits n’ont à ce moment pas encore été implémentés<br />

<strong>dans</strong> le modèle.<br />

Fraction d’œufs<br />

contaminés <strong>de</strong>s poules<br />

infectées<br />

Prévalence au<br />

sein du lot<br />

Production<br />

Distribution et<br />

stockage<br />

Préparation et<br />

consommation<br />

Fraction<br />

contaminée <strong>de</strong>s œufs<br />

Figure 1. Aperçu schématique du modèle <strong>de</strong> risque<br />

Figure 2. Les différentes subdivisions du module <strong>de</strong> production<br />

28


Module <strong>de</strong> distribution et <strong>de</strong> stockage<br />

Dans ce module est modélisée <strong>la</strong> phase située entre <strong>la</strong> production et le consommateur. Les différentes étapes, comme le transport<br />

vers le centre d’embal<strong>la</strong>ge et le stockage <strong>dans</strong> celui-ci et le transport vers un point <strong>de</strong> vente ou un utilisateur institutionnel,<br />

y sont intégrées (Figure 3).<br />

Température initiale <strong>de</strong> l’œuf (°C)<br />

Contamination initiale par<br />

Salmonel<strong>la</strong><br />

Probabilité <strong>de</strong> contamination du<br />

jaune d’œuf<br />

k – Température Stockage avant transport Temps<br />

k – Température Transport Temps<br />

k – Température Stockage avant centre d’embal<strong>la</strong>ge Temps<br />

k – Température Centre d’embal<strong>la</strong>ge Temps<br />

k – Température Stockage après centre d’embal<strong>la</strong>ge Temps<br />

k – Température Transport vers utilisateur final Temps<br />

Nombre <strong>de</strong> Salmonel<strong>la</strong> <strong>dans</strong> l’œuf après <strong>la</strong> production<br />

Figure 3. Le module <strong>de</strong> distribution et <strong>de</strong> stockage, <strong>de</strong> <strong>la</strong> production à l’utilisateur final institutionnel ou au point <strong>de</strong> vente<br />

29


En fonction du type d’utilisateur final, les conditions <strong>de</strong> stockage <strong>de</strong>s œufs contaminés sont différentes (Figure 4). La température<br />

interne <strong>de</strong> l’œuf est modélisée en tant que fonction du temps <strong>de</strong> séjour à température ambiante et <strong>de</strong> cette température<br />

ambiante à l’ai<strong>de</strong> d’une constante <strong>de</strong> convection spécifique. L’output <strong>de</strong> ce module est une distribution qui reflète le nombre<br />

<strong>de</strong> SE <strong>dans</strong> un œuf contaminé, au moment où commence <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> préparation.<br />

Salmonel<strong>la</strong> par œuf après production et distribution<br />

Temps- k- Température Distribution<br />

Etablissement Temps – k - Température<br />

Temps- k- Température Ménages<br />

Stockage après mé<strong>la</strong>nge Temps – k - Température<br />

Temps- k- Température<br />

Stockage après mé<strong>la</strong>nge<br />

Type préparation Préparation Etendue préparation<br />

Stockage après préparation<br />

Temps – k - Température<br />

Nombre <strong>de</strong> Salmonel<strong>la</strong> après préparation<br />

Figure 4. Conditions <strong>de</strong> stockage en fonction du type d’utilisateur final<br />

30


Module <strong>de</strong> préparation et <strong>de</strong> consommation<br />

Le module <strong>de</strong> préparation simule chaque œuf contaminé suivant<br />

un certain trajet menant à <strong>la</strong> consommation (Figure 5).<br />

La <strong>de</strong>stination finale d’un œuf contaminé peut être un commerce<br />

<strong>de</strong> détail ou <strong>de</strong>s utilisateurs institutionnels. Il peut être<br />

mé<strong>la</strong>ngé ou non à d’autres œufs. Il peut être servi tel quel<br />

ou être utilisé comme ingrédient. L’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation<br />

dépend du trajet suivi. Le nombre <strong>de</strong> repas auxquels un œuf<br />

contribue dépend aussi du trajet suivi. L’output <strong>de</strong> ce module<br />

est une distribution <strong>de</strong> <strong>la</strong> variabilité pour le nombre <strong>de</strong> SE par<br />

repas pour chacun <strong>de</strong>s trajets possibles. C’est alors aussi <strong>la</strong> fin<br />

<strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> l’exposition, telle que définie par l’OMS 6 .<br />

Croissance bactérienne<br />

La croissance et <strong>la</strong> survie bactériennes ont été modélisées<br />

pour tous les trajets possibles. Seule <strong>la</strong> croissance <strong>dans</strong> le<br />

jaune d’œuf a été considérée, et celle-ci ne peut commencer<br />

qu’après que <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane du jaune d’œuf soit<br />

<strong>de</strong>scendue en <strong>de</strong>ssous d’une limite critique. La dégradation<br />

<strong>de</strong> cette membrane est une fonction <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> l’œuf et <strong>de</strong>s<br />

températures auxquelles il a été exposé 7,8 . Ce processus est<br />

en fait analogue à une phase <strong>de</strong> <strong>la</strong>tence pour <strong>la</strong> croissance<br />

bactérienne. Si ce n’est durant <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> préparation même,<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>struction bactérienne n’est pas prise en considération.<br />

Pour une petite fraction <strong>de</strong>s œufs, il est supposé qu’ils étaient<br />

contaminés initialement <strong>dans</strong> le jaune d’œuf, ce qui mène à<br />

un développement direct <strong>de</strong> SE (Figure 3).<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Ménages<br />

Etablissements<br />

Mé<strong>la</strong>ngé Non mé<strong>la</strong>ngé Mé<strong>la</strong>ngé Non mé<strong>la</strong>ngé<br />

L’output du modèle d’exposition a été combiné à un modèle<br />

<strong>de</strong> dose-réponse. Les paramètres <strong>de</strong> ce modèle ont été déterminés<br />

à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> données épidémiologiques <strong>de</strong> l’OMS 2 .<br />

Ingréd Oeuf Ingréd Oeuf Ingréd Oeuf Ingréd Oeuf<br />

Préparation<br />

Préparation<br />

Préparation<br />

Préparation<br />

Préparation<br />

Préparation<br />

Préparation<br />

Préparation<br />

C R T L C R T L C R T L C R T L<br />

Figure 5. Les différents trajets qu’un œuf contaminé peut suivre <strong>dans</strong> le module <strong>de</strong> préparation<br />

et <strong>de</strong> consommation (C = cuit, R = cru, T = bien cuit, L = moyennement cuit)<br />

31


4. Résultats<br />

Base<br />

Le modèle génère un grand nombre d’outputs, tous sur base<br />

annuelle. Certains d’entre eux sont résumés <strong>dans</strong> le Tableau 1.<br />

Tableau 1. Quelques outputs du modèle <strong>de</strong> base<br />

Output Minimum Moyenne Maximum 5 e percentile 95 e percentile<br />

Œufs contaminés 29 70 990 12 480 170 1 156 275 693<br />

Repas 1 259 781 43 416 730 4 138 1 011 592<br />

Nombre <strong>de</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s 1 18 860 3 399 768 258 72 122<br />

Rétablissement sans soins médicaux 0 17 770 3 197 186 242 67 788<br />

Visite du mé<strong>de</strong>cin 0 996 186 807 13 3 848<br />

Hospitalisation 0 85 14 591 1 330<br />

Morbidité 0 9 1 183 0 35<br />

Arthrite réactive 0 565 107 786 8 2 168<br />

Le risque général <strong>de</strong> salmonellose via <strong>la</strong> consommation<br />

d’œufs est <strong>de</strong> 1 x 10 -4 %. Le nombre <strong>de</strong> cas moyen est <strong>dans</strong><br />

le même ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur que le nombre actuel <strong>de</strong> cas<br />

rapportés en Belgique en 2002 9 . A <strong>la</strong> suite du programme <strong>de</strong><br />

lutte, le nombre <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> SE a récemment considérablement<br />

diminué (3630 cas en Belgique en 2006, communication personnelle<br />

<strong>de</strong> N. Botteldoorn). Ces données ne sont cependant<br />

pas reprises <strong>dans</strong> cette étu<strong>de</strong>.<br />

Comme c’est toujours le cas <strong>dans</strong> pareilles étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s<br />

incertitu<strong>de</strong>s importantes sont associées aux résultats. Il est<br />

par conséquent indiqué d’utiliser pareils modèles principalement<br />

pour déceler <strong>de</strong>s tendances, plutôt que d’accor<strong>de</strong>r trop<br />

d’importance aux chiffres <strong>dans</strong> l’absolu.<br />

Analyse <strong>de</strong> sensibilité<br />

Une analyse <strong>de</strong> sensibilité a été réalisée en faisant varier différents<br />

inputs. Tout d’abord, une analyse basée sur <strong>la</strong> régression<br />

a été réalisée sur les résultats du modèle <strong>de</strong> base, <strong>de</strong> sorte<br />

qu’une première indication <strong>de</strong>s paramètres potentiellement<br />

les plus importants a été obtenue. Dans une étape suivante,<br />

ces variables ont été systématiquement modifiées : les<br />

valeurs fixes ont été adaptées pas à pas autour <strong>de</strong> leur valeur<br />

<strong>de</strong> base <strong>dans</strong> un intervalle <strong>de</strong> 50% (± 25%), <strong>de</strong>s distributions<br />

d’inputs ont été fixées <strong>de</strong> manière séquentielle sur leur valeur<br />

<strong>de</strong> percentile (1 à 99 percentile), <strong>de</strong> sorte que l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

distribution <strong>de</strong>s inputs a été échantillonné.<br />

32


Les résultats ont été résumés <strong>dans</strong> un graphique torna<strong>de</strong><br />

(Figure 6). Etant donné qu’il n’est pas facile <strong>de</strong> comparer<br />

<strong>de</strong>s inputs fixes et probabilistes, ceux-ci ont été p<strong>la</strong>cés sur<br />

différents graphiques. Il ressort c<strong>la</strong>irement <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure que<br />

<strong>la</strong> température constitue l’un <strong>de</strong>s principaux facteurs. Le<br />

temps <strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong> <strong>la</strong> membrane s’avère également<br />

important, ce qui était prévisible étant donné qu’il s’agit d’un<br />

concept <strong>de</strong> phase <strong>de</strong> <strong>la</strong>tence alternatif.<br />

La prévalence au sein du lot a également un impact important<br />

sur les résultats du modèle, plus que <strong>la</strong> prévalence <strong>de</strong> lot<br />

actuelle. L’intervalle pour ce facteur est très grand, ce qui peut<br />

montrer que <strong>la</strong> distribution d’inputs n’a pas été déterminée<br />

suffisamment précisément. Cette distribution a en effet été<br />

déterminée sur base <strong>de</strong>s données d’une seule étu<strong>de</strong> 10 . Des<br />

données supplémentaires semblent indispensables afin <strong>de</strong><br />

minimaliser cette incertitu<strong>de</strong>.<br />

Ce facteur s’avère malgré tout d’une gran<strong>de</strong> importance, mais<br />

il est en réalité difficile à manipuler et nécessiterait probablement<br />

<strong>de</strong>s interventions structurelles <strong>dans</strong> les systèmes <strong>de</strong>s<br />

ménages et <strong>dans</strong> <strong>la</strong> gestion opérationnelle.<br />

a<br />

b<br />

Temperature<br />

Within flock prevalence<br />

Yolk membrane breakdown time<br />

Time<br />

Probability of egg contamination<br />

Prevalence<br />

Probability of yolk contamination<br />

b (square root mo<strong>de</strong>l)<br />

a (beta-Poisson mo<strong>de</strong>l)<br />

Initial number of bacteria<br />

Tmin (square root mo<strong>de</strong>l)<br />

b (beta-Poisson mo<strong>de</strong>l)<br />

10000 20000 30000 40000 50000<br />

Annual salmonellosis cases<br />

1e+1 1e+2 1e+3 1e+4 1e+5 1e+6<br />

Annual salmonellosis cases<br />

Figure 6. Analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité d’un nombre d’inputs fixes (a) et probabilistes (b) du modèle. Les valeurs fixes varient entre -25 et 25% <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> base, les inputs probabilistes<br />

ont été modifiés du premier percentile au 99 e<br />

33


Mesures d’intervention<br />

Le modèle permet <strong>de</strong> faire une estimation <strong>de</strong> manière simple<br />

<strong>de</strong>s mesures d’intervention possibles. Le Tableau 2 montre le<br />

changement <strong>dans</strong> les cas annuels prévus lorsque <strong>la</strong> température<br />

ou <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> conservation <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne est abaissée<br />

<strong>de</strong> 25%, soit séparément, soit simultanément.<br />

Tableau 2. Changement <strong>dans</strong> les cas annuels prévus lors d’une réduction<br />

<strong>de</strong> 25% <strong>de</strong> <strong>la</strong> température et/ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> conservation<br />

Mesure d’intervention Cas % réduction<br />

25% <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température 12 130 36<br />

25% <strong>de</strong> réduction du temps <strong>de</strong> conservation 14 623 22,5<br />

Combinaison réduction temps-température 9 974 47<br />

L’effet d’une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

jusqu’en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 7°C, en partie ou complètement, est<br />

résumé <strong>dans</strong> le Tableau 3. Les scénarios pris en considération<br />

sont <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une température maximale admissible<br />

<strong>dans</strong> le secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution, chez le consommateur<br />

et <strong>dans</strong> les établissements. Vu que <strong>la</strong> température <strong>de</strong> conservation<br />

<strong>dans</strong> les établissements est en réalité déjà assez basse,<br />

cette mesure a là peu d’effet (3% <strong>de</strong> réduction). L’impact<br />

d’une intervention <strong>dans</strong> le secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution est du<br />

même ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur que chez le consommateur (39%<br />

<strong>de</strong> réduction). L’introduction d’une température maximale<br />

générale mènerait à une réduction prévue <strong>de</strong> 69%.<br />

Tableau 3. Outputs du modèle avec une température maximale <strong>de</strong> 7°C à différents endroits <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

Minimum Moyenne Maximum 5 e percentile 95 e percentile<br />

Cas 1 5 810 970 438 52 21 136<br />

Chaîne entière<br />

Cas <strong>dans</strong> les ménages 0 3 378 430 661 28 12 568<br />

Cas <strong>dans</strong> établissements 0 2 350 539 777 9 8 452<br />

Cas 1 11 693 1 164 560 145 50 009<br />

Distribution<br />

Cas <strong>dans</strong> les ménages 0 9 062 866 933 104 37 425<br />

Cas <strong>dans</strong> établissements 0 2 553 297 627 12 10 818<br />

Cas 1 11 556 1 698 241 149 46 945<br />

Consommateur<br />

Cas <strong>dans</strong> les ménages 0 8 712 479 916 109 35 911<br />

Cas <strong>dans</strong> établissements 0 2 728 1 218 325 12 9 496<br />

Cas 1 18 307 1 707 966 253 71 894<br />

Établissements<br />

Cas <strong>dans</strong> les ménages 0 15 961 1 542 958 232 66 859<br />

Cas <strong>dans</strong> établissements 0 2 234 302 178 9 7 511<br />

34


5. Objectif atteint ?<br />

Un modèle quantitatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> fourche à <strong>la</strong> fourchette est<br />

complexe par définition et fournit <strong>de</strong>s résultats avec une incertitu<strong>de</strong><br />

associée consi dérable, dont il faut tenir compte lors<br />

<strong>de</strong> l’interprétation <strong>de</strong> ces résultats. Pareils modèles peuvent<br />

cependant être <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> valeur pour i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s facteurs<br />

importants et pour définir et évaluer <strong>de</strong>s mesures d’intervention<br />

possibles.<br />

6. Discussion et recommandations<br />

spécifiques<br />

Pour ce cas spécifique <strong>de</strong> SE <strong>dans</strong> les œufs <strong>de</strong> poule en<br />

Belgique, <strong>la</strong> température s’avère c<strong>la</strong>irement être un facteur<br />

important pour réduire le nombre <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> salmonellose. La<br />

solution <strong>la</strong> plus durable est <strong>de</strong> débarrasser les lots <strong>de</strong> l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s Salmonel<strong>la</strong>, et ces <strong>de</strong>rnières années un grand progrès<br />

a été réalisé à ce sujet, entre autres par <strong>la</strong> vaccination.<br />

8. Références<br />

1. Hope et al., 2002. Risk Anal, 22:203.<br />

2. World Health Organization, 2003. Microbiological risk<br />

assessment series; no. 2.<br />

3. De Schrijver, 2000. Epi<strong>de</strong>miologisch Bulletin van <strong>de</strong><br />

V<strong>la</strong>amse Gemeenschap, 30:1.<br />

4. Grijspeerdt et al., 1999. J Food Safety, 19:249.<br />

5. Messens et al., 2002. J Food Safety, 22:273.<br />

6. Notermans et al., 1996. Int J Food Microbiol, 30:3.<br />

7. Baker et al., 1998. US Department of Agricultural Food<br />

Safety and Inspection Service Report. 268p.<br />

8. Almonacid et al., 2002. J Food Sci, 67:1115.<br />

9. Nationaal Referentiecentrum voor Salmonel<strong>la</strong> en Shigel<strong>la</strong>,<br />

2003. Wetenschappelijk Instituut voor <strong>de</strong> Volksgezondheid,<br />

Af<strong>de</strong>ling bacteriologie, Departement Microbiologie<br />

Report. 47p.<br />

10. Humphrey et al., 1989. Epi<strong>de</strong>miol Inf, 103:415.<br />

Dans l’intervalle, l’introduction d’une chaîne du froid pour<br />

les œufs <strong>de</strong> poule et <strong>la</strong> sensibilisation <strong>de</strong>s acteurs pourraient<br />

déjà générer un important résultat positif.<br />

7. Remerciements<br />

Les auteurs souhaitent remercier <strong>la</strong> Commission européenne<br />

pour son soutien financier, projet QLK5-CT-2001-01606.<br />

35


La patuline <strong>dans</strong> le jus <strong>de</strong> pomme<br />

Katleen Baert 1 , Bruno De Meulenaer 1 , Fre<strong>de</strong>rik Verdonck 1,2 , Inge Huybrechts 1 , Stefaan De Henauw 1 ,<br />

Peter A. Vanrolleghem 1 , Johan Debevere 1,3 et Frank Devlieghere 1<br />

1<br />

Université <strong>de</strong> Gand; 2 EURAS; 3 Sci Com AFSCA<br />

1. Localisation du danger considéré<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

La patuline est une mycotoxine qui est principalement formée<br />

par Penicillium expansum, une moisissure que l’on retrouve<br />

fréquemment sur les pommes. L’infection <strong>de</strong>s pommes<br />

se produit pendant <strong>la</strong> récolte et le stockage <strong>de</strong>s pommes. En<br />

cours du stockage, <strong>la</strong> moisissure va poursuivre son développement<br />

et produire <strong>de</strong> <strong>la</strong> patuline. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> production<br />

<strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme, <strong>la</strong> patuline se retrouve <strong>dans</strong> le jus, ce qui<br />

entraîne l’exposition du consommateur (Figure 1).<br />

culture <strong>de</strong>s pommes<br />

récolte <strong>de</strong>s pommes<br />

stockage <strong>de</strong>s pommes<br />

production <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme<br />

Croissance <strong>de</strong><br />

Penicillium expansum<br />

et production <strong>de</strong> <strong>la</strong> patuline<br />

stockage du jus <strong>de</strong> pomme<br />

consommation<br />

Figure 1. Diagramme <strong>de</strong> <strong>la</strong> production <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme ( ■ sta<strong>de</strong> étudié <strong>dans</strong> l’étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> cas présentée)<br />

37


2. Termes <strong>de</strong> référence /<br />

objectif <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas<br />

La patuline se retrouve généralement comme contaminant<br />

<strong>de</strong>s pommes et <strong>de</strong> produits dérivés tels que le jus <strong>de</strong> pomme.<br />

Une étu<strong>de</strong> a montré que <strong>la</strong> prévalence <strong>de</strong> <strong>la</strong> patuline <strong>dans</strong> le<br />

jus <strong>de</strong> pomme biologique (12 %), conventionnel (13 %) et artisanal<br />

(10 %) n’est pas significativement différente, alors que<br />

<strong>la</strong> concentration moyenne en patuline <strong>dans</strong> les échantillons<br />

contaminés est significativement plus élevée <strong>dans</strong> le jus <strong>de</strong><br />

pomme biologique (41.3 µg/litre) que <strong>dans</strong> le jus <strong>de</strong> pomme<br />

conventionnel (10.2 µg/litre) et artisanal (10.5 µg/litre) 1 . Le but<br />

<strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> était <strong>de</strong> vérifier si ces teneurs plus élevées<br />

en patuline ont également un effet sur <strong>la</strong> santé publique. A<br />

cette fin, on a comparé l’exposition à <strong>la</strong> patuline avec <strong>la</strong> dose<br />

journalière tolérable (TDI). Dans cette étu<strong>de</strong>, l’accent a été<br />

mis sur les jeunes enfants qui sont exposés à <strong>la</strong> patuline via<br />

le jus <strong>de</strong> pomme, étant donné qu’une étu<strong>de</strong> effectuée <strong>dans</strong><br />

l’Union européenne a montré que les jeunes enfants sont<br />

exposés à une ingestion <strong>de</strong> patuline plus élevée en comparaison<br />

avec les autres groupes <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, et que le<br />

jus <strong>de</strong> pomme et le nectar <strong>de</strong> pomme sont les principales<br />

sources <strong>de</strong> patuline 2 . Un <strong>de</strong>uxième objectif était <strong>de</strong> comparer<br />

différentes mesures visant à réduire l’exposition <strong>de</strong>s jeunes<br />

enfants à <strong>la</strong> patuline. Une première mesure qui a été testée<br />

est <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission européenne d’abaisser<br />

<strong>la</strong> teneur maximale en patuline <strong>dans</strong> le jus <strong>de</strong> pomme 3 . Un<br />

<strong>de</strong>uxième scénario qui a été testé est une diminution <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme par les jeunes enfants,<br />

comme le conseillent les pédiatres 4 .<br />

3. Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers<br />

La patuline a été initialement isolée comme antibiotique lors<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> quête <strong>de</strong> nouveaux antibiotiques après <strong>la</strong> découverte<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> pénicilline par Fleming en 1929. Bien qu’une étu<strong>de</strong><br />

clinique ait montré que <strong>la</strong> patuline peut être utilisée pour<br />

le traitement <strong>de</strong>s rhumes 5 , on ne l’a pas utilisée à cette fin<br />

car plusieurs effets négatifs sur <strong>la</strong> santé sont attribués à ce<br />

composé 6 . La patuline présente une toxicité aituë 7-9 , est<br />

génotoxique 10-12 , cytotoxique 13 , immunosuppressive 14;15 , tératogène<br />

16;17 et probablement neurotoxique 18 . La patuline a une<br />

forte affinité pour les groupes sulfhydryles, ce qui provoque<br />

l’inactivation <strong>de</strong>s enzymes 19 et peut expliquer ses effets cytotoxiques<br />

et certains effets génotoxiques 20 . Il est toutefois peu<br />

vraisemb<strong>la</strong>ble que <strong>la</strong> toxicité soit systémique étant donné<br />

que <strong>la</strong> patuline se dégra<strong>de</strong> rapi<strong>de</strong>ment après absorption<br />

<strong>dans</strong> le canal gastro-intestinal, ce qui fait qu’elle ne provoquera<br />

vraisemb<strong>la</strong>blement que <strong>de</strong>s effets toxiques locaux 21;22 .<br />

La patuline a longtemps été considérée comme un composé<br />

carcinogène sur base d’une étu<strong>de</strong> effectuée par Dickens<br />

and Jones en 1961 23 , mais selon l’agence internationale <strong>de</strong><br />

recherche sur le cancer (IARC), il n’y a pas suffisamment <strong>de</strong><br />

preuves pour conclure que <strong>la</strong> patuline est carcinogène chez<br />

<strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong> <strong>la</strong>boratoire 24 .<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s dangers<br />

Sur base d’une étu<strong>de</strong> dose-réponse, le dose sans effet néfaste<br />

observable (no observed adverse effect level, NOAEL) pour <strong>la</strong><br />

patuline a été établi à 43 µg/kg <strong>de</strong> poids corporel/jour (µg/kg<br />

pc/jour). Sur base <strong>de</strong> cette valeur et d’un facteur <strong>de</strong> sécurité<br />

38


<strong>de</strong> 100, le JECFA (Joint FAO/WHO Expert Committee on Food<br />

Additives) a préconisé <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> 0.4 µg/kg <strong>de</strong> poids corporel/jour<br />

comme TDI pour <strong>la</strong> patuline 25 .<br />

Evaluation <strong>de</strong> l’exposition<br />

Dans cette étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas, l’exposition d’enfants en bas âge<br />

à <strong>la</strong> patuline par <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme a été<br />

déterminée à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> techniques probabilistes basées sur<br />

une simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Monte Carlo. La consommation <strong>de</strong> jus <strong>de</strong><br />

pomme a été déterminée d’après une étu<strong>de</strong> épidémiologique<br />

qui étudiait les habitu<strong>de</strong>s nutritionnelles chez les enfants<br />

en bas âge en F<strong>la</strong>ndre (2.5-6.5 ans) 26 . Pour les données <strong>de</strong><br />

contamination, on a analysé 177 jus <strong>de</strong> pomme quant à leur<br />

teneur en patuline 1 . L’exposition a été estimée en multipliant<br />

les données <strong>de</strong> consommation avec les données <strong>de</strong> contamination<br />

<strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme biologique, conventionnel et<br />

artisanal, comme indiqué <strong>dans</strong> <strong>la</strong> formule ci-après.<br />

Ingestion <strong>de</strong> patuline (µg/kg pc/jour) =<br />

concentration <strong>de</strong> patuline <strong>dans</strong> le jus <strong>de</strong> pomme (µg/kg)<br />

x consommation <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme (g/kg pc/jour) x 0.001 (g/kg)<br />

A cette occasion, on a supposé qu’un consommateur n’utilise<br />

qu’un <strong>de</strong>s 3 types <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme (un utilisateur <strong>de</strong> jus <strong>de</strong><br />

pomme biologique ne consommera que du jus <strong>de</strong> pomme<br />

biologique). On a également supposé que le schéma <strong>de</strong><br />

consommation pour les 3 groupes <strong>de</strong> consommateurs (biologique,<br />

artisanal et conventionnel) était le même.<br />

Avant <strong>de</strong> pouvoir entamer l’estimation <strong>de</strong> l’exposition, il fal<strong>la</strong>it<br />

trouver une manière adéquate <strong>de</strong> traiter les échantillons ayant<br />

une concentration inférieure à <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> détection (LD) étant<br />

donné que entre 87 et 91 % <strong>de</strong>s échantillons font partie <strong>de</strong> ce<br />

groupe. La LD était <strong>de</strong> 5,2 et <strong>de</strong> 8,6 µg/kg pour respectivement<br />

le jus <strong>de</strong> pommes c<strong>la</strong>ir et trouble. Dans <strong>la</strong> littérature (p.ex.<br />

Govaerts et al. en Tressou et al. 27;28 ), les données sous <strong>la</strong> LD sont<br />

soit remp<strong>la</strong>cées par <strong>la</strong> LD correspondante, soit par <strong>la</strong> LD divisée<br />

par <strong>de</strong>ux, soit par zéro. La comparaison <strong>de</strong> ces trois métho<strong>de</strong>s a<br />

fait apparaître que le choix <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> avait un effet sur les<br />

percentiles plus élevés <strong>de</strong> l’exposition, celle-ci s’élevant jusqu’à<br />

<strong>de</strong>s valeurs avoisinant <strong>la</strong> TDI (0.4 µg/kg pc/jour). Même le 99 e<br />

percentile avec une exposition avoisinant <strong>la</strong> TDI était influencé<br />

par le choix du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> traitement pour les données sous<br />

<strong>la</strong> LD. Une analyse approfondie <strong>de</strong>s données a montré que <strong>la</strong><br />

consommation <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme pouvait s’élever jusqu’à 67.3<br />

µg/kg pc/jour, <strong>de</strong> telle sorte que même à une concentration<br />

sous <strong>la</strong> LD (p.ex. 8 µg/kg) l’ingestion <strong>de</strong> patuline s’élevait à 0.5<br />

µg/kg pc/jour. Par conséquent, on a développé une quatrième<br />

métho<strong>de</strong>. On s’attendait à ce que <strong>la</strong> variabilité observée <strong>de</strong>s<br />

concentrations <strong>de</strong> patuline <strong>dans</strong> le jus <strong>de</strong> pomme au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

LD apparaisse pour <strong>de</strong>s concentrations inférieures à <strong>la</strong> LD. C’est<br />

pourquoi on a remp<strong>la</strong>cé les données inférieures à <strong>la</strong> LD par <strong>de</strong>s<br />

échantillons aléatoires d’une distribution uniforme avec <strong>de</strong>s<br />

limites incertaines, à savoir une distribution uniforme avec α<br />

comme minimum (α = distribution uniforme entre 0 et <strong>la</strong> LD) et<br />

β comme maximum (β = distribution uniforme entre 0 et <strong>la</strong> LD).<br />

Une comparaison <strong>de</strong>s expositions simulées pour <strong>la</strong> métho<strong>de</strong><br />

avec <strong>la</strong> distribution uniforme et <strong>la</strong> valeur fixe LD/2 a montré que<br />

les expositions simulées sont simi<strong>la</strong>ires, mais <strong>de</strong> plus grands intervalles<br />

<strong>de</strong> confiance étaient obtenus pour <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> avec <strong>la</strong><br />

distribution uniforme. C’est un meilleur reflet <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité étant<br />

donné qu’une gran<strong>de</strong> incertitu<strong>de</strong> existe à propos <strong>de</strong>s concentrations<br />

inférieures à <strong>la</strong> LD. L’information additionnelle peut être<br />

retrouvée <strong>dans</strong> Baert et al. 29 .<br />

39


La métho<strong>de</strong> basée sur <strong>la</strong> distribution uniforme a été utilisée<br />

pour vérifier l’exposition à <strong>la</strong> patuline chez <strong>de</strong> jeunes enfants<br />

f<strong>la</strong>mands (Tableau 1). Les simu<strong>la</strong>tions ont montré que 83 %<br />

<strong>de</strong>s enfants n’ingéraient pas <strong>de</strong> patuline via le jus <strong>de</strong> pomme<br />

(sur base <strong>de</strong> l’ingestion <strong>de</strong> 3 jours). Des expositions plus<br />

élevées ont été observées pour le jus <strong>de</strong> pomme biologique<br />

que pour les 2 autres types <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme.<br />

Tableau 1. Exposition à <strong>la</strong> patuline (µg/kg pc/jour) pour différents jus <strong>de</strong> pomme (JP)<br />

(médiane [90% d’intervalle <strong>de</strong> confiance])<br />

JP biologique JP conventionnel JP artisanal<br />

P83* 0 [0-0] 0 [0-0] 0 [0-0]<br />

P90 0.039 [0.014-0.069] 0.030 [0.011-0.049] 0.037[0.013-0.066]<br />

P95 0.072 [0.027-0.117] 0.059 [0.031-0.085] 0.065 [0.027-0.102]<br />

P97.5 0.135 [0.053-0.229] 0.095 [0.057-0.133] 0.102 [0.047-0.151]<br />

P99 0.350 [0.143-0.822] 0.156 [0.106-0.206] 0.150 [0.084-0.229]<br />

P99.9 1.471 [0.526-3.066] 0.328 [0.210-0.548] 0.298 [0.156-0.460]<br />

Moyenne 0.019 [0.010-0.032] 0.009 [0.006-0.013] 0.010 [0.005-0.015]<br />

*83 e percentile<br />

Etant donné que <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’exposition a montré que<br />

<strong>la</strong> TDI pour <strong>la</strong> patuline est parfois dépassée, on a évalué 2<br />

scénarii <strong>dans</strong> le but <strong>de</strong> réduire l’ingestion <strong>de</strong> patuline. Dans<br />

le Règlement 1425/2003 re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> patuline, il était prévu que<br />

<strong>la</strong> Commission abaisse <strong>la</strong> teneur maximum pour <strong>la</strong> patuline.<br />

Afin <strong>de</strong> tester l’effet d’un abaissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> teneur maximale,<br />

on a réduit <strong>de</strong> 50 % <strong>la</strong> limite actuelle <strong>de</strong> 50 µg/kg, résultant<br />

en une nouvelle limite <strong>de</strong> 25 µg/kg. On a supposé que tous<br />

les jus <strong>de</strong> pomme dont <strong>la</strong> teneur en patuline dépasse 25 µg/<br />

kg seraient retirés du marché. Etant donné que <strong>de</strong>s concentrations<br />

supérieures à 25 µg/kg n’étaient observées que pour<br />

le jus <strong>de</strong> pomme biologique, cette mesure n’a été testée que<br />

pour ce type <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme. Pour le 99.9 e percentile, on a<br />

obtenu une réduction <strong>de</strong> 54 % lorsque <strong>la</strong> contamination était<br />

inférieure à 50 µg/kg, et une réduction <strong>de</strong> 79 % lorsque <strong>la</strong><br />

contamination était inférieure à 25 µg/kg (Tableau 2). Pour le<br />

95 e percentile, on a toutefois obtenu une réduction <strong>de</strong><br />

4 % lorsque <strong>la</strong> contamination était inférieure à 50 µg/kg, et<br />

<strong>de</strong> 11 % lorsque elle était inférieure à 25 µg/kg. Ceci démontre<br />

qu’une réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination réduit principalement<br />

les expositions élevées. Cette option touche donc les enfants<br />

exposés au risque le plus élevé.<br />

Tableau 2. Exposition à <strong>la</strong> patuline (µg/kg pc/jour) pour le jus <strong>de</strong> pomme (JP) biologique<br />

pour différents niveaux <strong>de</strong> contamination (médiane [90 % d’intervalle <strong>de</strong> confiance])<br />

Situation actuelle Contamination


43 % pour le jus <strong>de</strong> pomme biologique, alors que pour les jus<br />

<strong>de</strong> pomme conventionnel et artisanal, cette réduction était<br />

respectivement <strong>de</strong> 49 et <strong>de</strong> 54 % (Tableau 3). Ces réductions<br />

plus importantes pour le jus <strong>de</strong> pomme conventionnel et artisanal<br />

peuvent être mises en re<strong>la</strong>tion avec les concentrations<br />

plus faibles en patuline observées <strong>dans</strong> ces types <strong>de</strong> jus <strong>de</strong><br />

pomme. Ce qui démontre qu’une réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation<br />

<strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme a plus d’effet lorsque le niveau <strong>de</strong><br />

contamination est plus faible.<br />

Tableau 3. Exposition à <strong>la</strong> patuline (µg/kg pc/jour) pour différents jus <strong>de</strong> pomme (JP)<br />

lorsque <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> fruits est réduite à 200 ml/jour (médiane [90 %<br />

d’intervalle <strong>de</strong> confiance])<br />

JP biologique JP conventionnel JP artisanal<br />

P50* 0 [0-0] 0 [0-0] 0 [0-0]<br />

P90 0.026 [0.009-0.047] 0.019 [0.007-0.033] 0.024 [0.008-0.041]<br />

P95 0.048 [0.018-0.077] 0.038 [0.020-0.056] 0.044 [0.018-0.073]<br />

P97.5 0.069 [0.028-0.121] 0.056 [0.033-0.078] 0.059 [0.027-0.090]<br />

P99 0.183 [0.067-0.519] 0.085 [0.058-0.118] 0.085 [0.039-0.120]<br />

P99.9 0.844 [0.371-1.634] 0.167 [0.116-0.217] 0.136 [0.066-0.167]<br />

Moyenne 0.006 [0.011-0.018] 0.005 [0.004-0.007] 0.006 [0.003-0.009]<br />

*50 e percentile<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Le rassemblement <strong>de</strong>s données tirées <strong>de</strong> <strong>la</strong> caractérisation<br />

<strong>de</strong>s dangers et <strong>de</strong> l’estimation <strong>de</strong> l’exposition a montré que <strong>la</strong><br />

probabilité <strong>de</strong> dépasser <strong>la</strong> TDI avec <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> jus<br />

<strong>de</strong> pomme biologique était <strong>de</strong> 0.009 [IC 90%: 0.003-0.018],<br />

tandis que pour les jus <strong>de</strong> pomme conventionnel et artisanal,<br />

elle était respectivement <strong>de</strong> 0.001 [IC 90%: 0-0.003] et <strong>de</strong> 0 [IC<br />

90%: 0-0.002].<br />

Une réduction du niveau <strong>de</strong> contamination à 25 µg/kg peut<br />

réduire <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> dépasser <strong>la</strong> TDI <strong>de</strong> 0.009 [IC 90 %:<br />

0.003-0.018] à 0 [IC 90%: 0-0.003] pour le jus <strong>de</strong> pomme<br />

biologique.<br />

Si <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme est réduite, les enfants<br />

qui consomment du jus <strong>de</strong> pomme conventionnel ou artisanal<br />

ne dépasseront pas <strong>la</strong> TDI [90% IC: 0-0]. Pour le jus <strong>de</strong><br />

pomme biologique, <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> dépasser <strong>la</strong> TDI passait<br />

<strong>de</strong> 0.009 [90% IC: 0.003-0.018] à 0.006 [90% IC: 0.001-0.014].<br />

4. Objectif atteint ?<br />

En faisant appel à <strong>de</strong>s techniques probabilistes et à <strong>de</strong>s<br />

données <strong>de</strong> contamination qui ont été spécifiquement<br />

rassemblées pour cette évaluation du risque, il a été possible<br />

d’évaluer l’exposition à <strong>la</strong> patuline pour les jeunes enfants<br />

en Belgique. En outre, l’étu<strong>de</strong> a également permis <strong>de</strong> tester<br />

différentes manières <strong>de</strong> réduire l’exposition.<br />

5. Discussion et recommandations<br />

spécifiques<br />

L’étu<strong>de</strong> décrite montre que <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> jus <strong>de</strong><br />

pomme et plus précisément <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme biologique<br />

par <strong>de</strong> jeunes enfants peut conduire au dépassement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

TDI. En outre, il a été montré que <strong>la</strong> teneur maximale (LM)<br />

actuelle <strong>de</strong> 50 µg/kg donne une protection insuffisante aux<br />

jeunes enfants à l’égard du dépassement <strong>de</strong> <strong>la</strong> TDI. Deux mesures<br />

ont été testées pour réduire l’exposition à <strong>la</strong> patuline.<br />

41


L’abaissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> LM en patuline <strong>dans</strong> le jus <strong>de</strong> pomme<br />

constitue <strong>la</strong> mesure stratégique <strong>la</strong> plus efficace pour abaisser<br />

l’exposition <strong>de</strong>s jeunes enfants à <strong>la</strong> patuline. En 2 e instance,<br />

on peut obtenir une nouvelle réduction <strong>de</strong> l’exposition grâce<br />

à <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pomme. A cet<br />

égard, il y a lieu <strong>de</strong> faire remarquer que <strong>de</strong>s teneurs maximales<br />

sont imposées par <strong>la</strong> loi, tandis que les recommandations<br />

nutritionnelles ne sont que <strong>de</strong>s directives qui sont souvent<br />

négligées ou ignorées par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. La recommandation<br />

d’abaisser <strong>la</strong> LM implique aussi <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>s<br />

recommandations pour les producteurs sur <strong>la</strong> manière dont<br />

ils peuvent atteindre une réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> LM. A cette fin, on<br />

peut faire appel à une approche «<strong>de</strong> <strong>la</strong> fourche à <strong>la</strong> fourchette»<br />

englobant une évaluation du risque qui considère<br />

l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière, y compris <strong>la</strong> croissance et <strong>la</strong> production<br />

<strong>de</strong> patuline par P. expansum.<br />

En outre, on a également montré qu’une approche adéquate<br />

<strong>de</strong>s données <strong>de</strong> concentration inférieures à <strong>la</strong> LD ne peut<br />

pas être sous-estimée et doit être examinée et évaluée pour<br />

chaque jeu <strong>de</strong> données.<br />

42


6. Références<br />

1. Baert et al., 2006. J Food Prot, 69:1371.<br />

2. Directorate – General Health and Consumer Protection,<br />

2002. Reports on tasks for scientific cooperation task<br />

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4. American Aca<strong>de</strong>my of Pediatrics, 2001. Pediatrics, 107:1210.<br />

5. Raistrick et al., 1943. Lancet, 245:625.<br />

6. Moake et al., 2005. Compr Rev Food Sci F, 4:8.<br />

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8. McKinley et al., 1980. Food Cosmet Toxicol, 18:181.<br />

9. Mckinley et al., 1980. Food Cosmet Toxicol, 18:173.<br />

10. Alves et al., 2000. Mutagenesis, 15:229.<br />

11. Liu et al., 2003. Toxicol Appl Pharm, 191:255.<br />

12. Schumacher et al., 2003. N-S Arch Pharmacol, 367(Suppl.<br />

1):166.<br />

13. Riley et al., 1991. Toxicol Appl Pharm, 109:108.<br />

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15. Escou<strong>la</strong> et al., 1988. Int J Immunopharmaco, 10:983.<br />

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20. Speijers, 2004. In: Magan et al. (Eds.), Mycotoxins in food:<br />

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22. Rychlik et al., 2004. Food Chem Toxicol, 42:729.<br />

23. Dickens et al., 1961. Brit J Cancer, 15:85.<br />

24. IARC, 1987. Patulin – Summary of data reported and<br />

evaluation, 40:83.<br />

25. JECFA, 1995. WHO Technical report Series, NO 859.<br />

26. Huybrechts et al., 2006. Brit J Nutr, 95:1.<br />

27. Govaerts et al., 2005. Environmetrics, 16:109.<br />

28. Tressou et al., 2004. Regul Toxicol Pharm, 40:252.<br />

29. Baert et al., 2007. Food Chem Toxicol, 45:1745.<br />

30. V<strong>la</strong>ams Instituut voor Gezondheidspromotie, 2004. De<br />

voedingsdriehoek: een praktische voedingsgids.<br />

43


Les dioxines <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>: évaluation du risque<br />

<strong>dans</strong> le cadre normatif et <strong>dans</strong> le contexte d’un acci<strong>de</strong>nt ponctuel<br />

Luc Pussemier 1,2 , Valérie Vromman 3 et C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Saegerman 4<br />

1<br />

CERVA-CODA ; 2 Sci Com AFSCA ; 3 AFSCA ; 4 Université <strong>de</strong> Liège<br />

1. Localisation du danger considéré<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

L’histoire <strong>de</strong> l’Agence Fédérale pour <strong>la</strong> Sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chaîne Alimentaire<br />

est fortement liée à <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong>s dioxines <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>. L’inci<strong>de</strong>nt majeur qu’a connu <strong>la</strong> Belgique<br />

en 1999 a été un <strong>de</strong>s éléments déclencheurs du processus <strong>de</strong> création<br />

<strong>de</strong> l’Agence 1 . Depuis, malgré l’instauration par <strong>la</strong> nouvelle<br />

Agence du programme CONSUM (CONtaminants SUrveil<strong>la</strong>nce<br />

systeM), <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts liés aux polychlorobiphényles (PCBs) et<br />

dioxines sont venus jalonner le cours <strong>de</strong> son existence. Ce<strong>la</strong> veutil<br />

dire que les choses n’ont pas ou guère évolué ? Que le contrôle<br />

est insuffisant ? Que l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> ne permet toujours<br />

pas <strong>de</strong> cerner les vrais problèmes ? Cette étu<strong>de</strong> du cas « dioxines »<br />

a pour but <strong>de</strong> présenter <strong>la</strong> méthodologie d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

aussi bien <strong>dans</strong> une perspective globale lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong> seuil<br />

toxicologique et lors <strong>de</strong> l’établissement <strong>de</strong> normes que <strong>dans</strong> le<br />

contexte d’un acci<strong>de</strong>nt ponctuel qui serait susceptible d’avoir <strong>de</strong>s<br />

répercussions sur <strong>la</strong> santé <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

Les dioxines (polychlorodiphényldioxines, PCDDs et polychlorodiphénylfurannes,<br />

PCDFs) sont générées <strong>de</strong> façon naturelle<br />

(par exemple, suite à <strong>de</strong>s feux <strong>de</strong> forêt) ou en raison <strong>de</strong> l’activité<br />

humaine (par exemple, sidérurgie, incinération, industrie<br />

chimique en tant qu’impuretés <strong>de</strong> synthèse ou lors d’acci<strong>de</strong>nts<br />

tels que celui <strong>de</strong> Seveso, transport) (Figure 1). De ce fait,<br />

ce sont <strong>de</strong>s polluants persistants (POPs) <strong>de</strong> l’environnement<br />

mais aussi <strong>de</strong>s contaminants <strong>de</strong> certaines ressources naturelles<br />

(par exemple, les gisements d’argiles) voire d’auxiliaires<br />

technologiques (par exemple, l’HCl utilisé <strong>dans</strong> l’industrie<br />

agro-<strong>alimentaire</strong>) 2,3 . Quant aux PCBs <strong>de</strong> type dioxine (dioxin<br />

like PCBs, dl-PCBs), ils font partie du groupe <strong>de</strong>s PCBs au sens<br />

<strong>la</strong>rge, dont <strong>la</strong> production industrielle est bannie mais dont<br />

il existe un réservoir historique important <strong>dans</strong> l’environnement.<br />

Par le passé les PCBs ont également été <strong>de</strong>s contaminants<br />

<strong>de</strong>s procédés <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong>s produits agricoles<br />

et <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong>s aliments (par exemple, fuite d’échangeurs<br />

<strong>de</strong> chaleur, <strong>de</strong> transformateurs électriques) 4 .<br />

45


PCDDs<br />

Polychlorodiphényldioxines<br />

PCDFs<br />

Polychlorodiphénylfurannes<br />

dl-PCBs<br />

Polychlorobiphényles <strong>de</strong> type dioxine<br />

Figure 1. Structure chimique <strong>de</strong>s polychlorodiphényldioxines (PCDDs), <strong>de</strong>s<br />

polychlorodiphénylfuranes (PCDDs) et polychlorobiphenyles <strong>de</strong> type dioxine (dl-PCBs)<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche) que les production d’aliments pour animaux<br />

(contamination <strong>de</strong>s matières premières, <strong>de</strong>s auxiliaires<br />

technologiques) constituent <strong>de</strong>s points d’entrée critique pour<br />

les dioxines <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>. L’évaluation globale<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> doit prendre en compte tous ces éléments qui<br />

concourent à l’exposition <strong>alimentaire</strong> <strong>de</strong>s humains. Pour<br />

être complet, il conviendrait <strong>de</strong> mettre en exergue <strong>dans</strong> le<br />

compartiment « exposition humaine » <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce essentielle<br />

occupée par les jeunes femmes qui sont susceptibles <strong>de</strong><br />

concevoir puis d’al<strong>la</strong>iter leurs jeunes enfants. Ces expositions<br />

in utero et par al<strong>la</strong>itement maternel constituent <strong>de</strong>s étapes<br />

cruciales <strong>dans</strong> le processus d’exposition humaine aux dioxines<br />

et peuvent donc avoir <strong>de</strong>s répercussions importantes sur<br />

<strong>la</strong> santé du jeune fœtus ou du jeune nourrisson.<br />

La Figure 2 permet <strong>de</strong> visualiser <strong>la</strong> localisation du danger<br />

«dioxines» <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> avec <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong><br />

contamination essentiellement environnementales (colonne<br />

<strong>de</strong> gauche) ou liées aux procédés <strong>de</strong> production ou<br />

fabrication/transformation/transport/distribution <strong>alimentaire</strong><br />

(colonne centrale) pour finalement aboutir chez l’homme<br />

(colonne <strong>de</strong> droite) via <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong>s aliments. Il est<br />

à remarquer, tout particulièrement, les nombreuses interactions<br />

existant entre <strong>la</strong> colonne centrale et celle <strong>de</strong> gauche<br />

suite à <strong>la</strong> production d’aliments pour animaux (entre autres, à<br />

partir <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche), l’élevage et consécutivement<br />

l’accumu<strong>la</strong>tion préférentielle <strong>de</strong>s dioxines <strong>dans</strong> les aliments<br />

d’origine animale tels que le <strong>la</strong>it, les vian<strong>de</strong>s, les graisses<br />

animales et les œufs. Dans cette figure, il apparaît que tant<br />

l’environnement (et son impact sur <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s produits<br />

Contamination<br />

environmentale<br />

Cultures<br />

Elévages<br />

d’animaux<br />

Pêcheries<br />

Contamination lors<br />

<strong>de</strong> traitements (*)<br />

Production <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées<br />

<strong>alimentaire</strong>s<br />

Production d’aliment<br />

pour animaux<br />

(*) fabrication, transformation, transport, distribution<br />

Point critique d’entrée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

Figure 2. Schéma global <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

par les dioxines et points critiques d’entrée<br />

Exposition<br />

humaine<br />

Consommateur<br />

46


La Figure 3, quant à elle, permet <strong>de</strong> localiser <strong>de</strong> façon plus<br />

précise le danger « dioxines » <strong>dans</strong> le cadre d’un inci<strong>de</strong>nt<br />

ponctuel survenu en 2005 et mis à jour début 2006. Dans ce<br />

cas le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination est à rechercher<br />

<strong>dans</strong> un auxiliaire technologique (HCl) utilisé pour l’extraction<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> gé<strong>la</strong>tine. Les graisses résiduelles (Free Fatty Acid fats,<br />

FFA) entrent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> composition d’aliments pour porcs et vo<strong>la</strong>ille.<br />

L’évaluation ponctuelle <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> réalisée <strong>dans</strong> le cadre<br />

<strong>de</strong> cet inci<strong>de</strong>nt a pris en compte l’exposition du consommateur<br />

via <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> produits animaux (graisses<br />

<strong>de</strong> porc et <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille) mais également via <strong>la</strong> consommation<br />

<strong>de</strong> gé<strong>la</strong>tine, celle-ci étant préparée par hydrolyse aci<strong>de</strong> <strong>de</strong>s os<br />

<strong>de</strong> porc dégraissés et introduite directement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

<strong>alimentaire</strong> <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> préparations spécifiques. Dans<br />

ce cas, le point critique d’entrée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

est principalement le processus <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> graisses<br />

résiduelles pour alimentation animale. Les animaux ainsi<br />

nourris pouvant eux-mêmes servir <strong>de</strong> matière première<br />

pour <strong>la</strong> production <strong>de</strong> graisses résiduelles, on risque donc,<br />

en absence <strong>de</strong> contrôle, d’amplifier <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

chaîne <strong>alimentaire</strong> et, par voie <strong>de</strong> conséquence, l’exposition<br />

humaine. En revanche, l’entrée <strong>de</strong> dioxines <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

<strong>alimentaire</strong> via <strong>la</strong> gé<strong>la</strong>tine constitue un point d’attention particulier<br />

car ce cas illustre c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> connaître<br />

et d’étudier en détail tous les processus <strong>de</strong> préparation et<br />

<strong>de</strong> transformation <strong>de</strong>s ingrédients <strong>alimentaire</strong>s, même si,<br />

en première analyse, l’ingrédient en question (<strong>la</strong> gé<strong>la</strong>tine)<br />

semble ne constituer en aucun cas une matière susceptible<br />

<strong>de</strong> contamination par les dioxines.<br />

Contamination<br />

environmentale<br />

Cultures<br />

Elévages<br />

d’animaux<br />

Pêcheries<br />

Contamination lors<br />

<strong>de</strong> traitements (*)<br />

Production <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées<br />

<strong>alimentaire</strong>s<br />

(vo<strong>la</strong>ille, porc, gé<strong>la</strong>tine)<br />

Production d’aliment<br />

pour animaux<br />

(graisses résiduelles)<br />

(*) fabrication, transformation, transport, distribution<br />

Point critique d’entrée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

Exposition<br />

humaine<br />

Consommateur<br />

Figure 3. Schéma <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> par les dioxines<br />

suite à l’inci<strong>de</strong>nt ponctuel révélé en Belgique en 2006 et point critique d’entrée<br />

2. Objectif <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas «dioxines»/<br />

termes <strong>de</strong> référence<br />

Le but <strong>de</strong> cet article est <strong>de</strong> fournir une information globale<br />

sur l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> pour <strong>la</strong> santé liés à <strong>la</strong> présence <strong>de</strong><br />

dioxines <strong>dans</strong> l’alimentation. Pour ce faire, une information<br />

sera produite sur les principes généraux qui sont suivis pour<br />

<strong>la</strong> fixation <strong>de</strong> normes <strong>dans</strong> les produits <strong>alimentaire</strong>s. Il s’agit<br />

d’un exercice c<strong>la</strong>ssique d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> basé sur <strong>la</strong><br />

fixation d’un seuil d’ingestion maximal, en l’occurrence <strong>la</strong><br />

dose hebdomadaire ou mensuelle tolérable provisoirement<br />

(Provisional Tolerable Weekly Intake, PTWI ou Provisional<br />

Tolerable Montly Intake, PTMI). Ces Valeurs Toxicologiques <strong>de</strong><br />

Référence (VTR) sont déterminées sur base d’expérimentations<br />

réalisées sur animaux <strong>de</strong> <strong>la</strong>boratoire et en appliquant<br />

47


<strong>de</strong>s facteurs d’incertitu<strong>de</strong>s permettant l’extrapo<strong>la</strong>tion à<br />

l’homme. Il est à faire remarquer que cette caractérisation<br />

du danger « dioxine » a été réalisée, suivant <strong>de</strong>s modalités<br />

simi<strong>la</strong>ires mais non i<strong>de</strong>ntiques, par diverses instances internationales<br />

et que ces différentes démarches ont conduit à<br />

<strong>de</strong>s VTR re<strong>la</strong>tivement comparables. Dès lors, l’évaluation <strong>de</strong>s<br />

<strong>risques</strong> au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion globale est réalisée en<br />

comparant <strong>la</strong> VTR déterminée par les instances européennes<br />

(en l’occurrence il s’agit d’une PTWI) à l’exposition <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions<br />

humaines <strong>dans</strong> divers pays disposant <strong>de</strong> données<br />

pertinentes.<br />

Pour illustrer concrètement <strong>la</strong> démarche d’évaluation <strong>de</strong>s<br />

<strong>risques</strong> chimiques <strong>dans</strong> le cadre d’un inci<strong>de</strong>nt ponctuel, un<br />

exemple récent mis à jour en janvier 2006, a été utilisé. Dans<br />

le cas d’espèce, il s’agissait pour le Comité scientifique <strong>de</strong><br />

l’AFSCA d’évaluer rapi<strong>de</strong>ment <strong>dans</strong> quelle mesure l’exposition<br />

humaine consécutive à l’inci<strong>de</strong>nt était susceptible <strong>de</strong> présenter<br />

un risque pour <strong>la</strong> santé publique. Dans ce cas, <strong>la</strong> méthodologie<br />

suivie a été basée i) sur l’établissement <strong>de</strong> scénarii<br />

réalistes <strong>de</strong> contamination en amont <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

(niveaux <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong>s graisses résiduelles), ii) sur<br />

l’évaluation <strong>de</strong>s concentrations en dioxines <strong>dans</strong> les produits<br />

animaux consécutives à <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong>s aliments selon<br />

les scénarii préa<strong>la</strong>blement envisagés, iii) sur l’évaluation <strong>de</strong><br />

l’exposition du consommateur suite à l’ingestion <strong>de</strong>s différents<br />

produits susceptibles d’être contaminés et, finalement,<br />

iv) sur <strong>la</strong> comparaison <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge corporelle supplémentaire<br />

en dioxines consécutive à l’inci<strong>de</strong>nt par rapport à l’exposition<br />

<strong>de</strong> fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion générale.<br />

3. Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers :<br />

quelles substances chimiques et quels effets toxiques ?<br />

Le vocable « dioxines » englobe différents types <strong>de</strong> composés<br />

chimiques (Figure 1), à savoir les 210 congénères appartenant<br />

au groupe <strong>de</strong>s PCDDs (polychlorodiphényldioxines) et PCDFs<br />

(polychlorodiphénylfurannes). En réalité, seuls 17 congénères<br />

<strong>de</strong> PCDDs/PCDFs sont toxiques parmi lesquels <strong>la</strong> célèbre<br />

TCDD (tétrachlorodiphényldioxine ou « dioxine <strong>de</strong> Seveso »)<br />

qui est <strong>la</strong> molécule <strong>la</strong> plus toxique. Les étu<strong>de</strong>s toxicologiques<br />

sont principalement réalisées sur <strong>la</strong> TCDD et, <strong>dans</strong> le calcul <strong>de</strong><br />

l’exposition, <strong>la</strong> contribution re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong>s autres congénères est<br />

appréciée à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> facteurs d’équivalence toxique (TEF), ce<br />

qui permet d’obtenir un résultat quantitatif total exprimé en<br />

équivalents toxiques <strong>de</strong> dioxines (TEQ). A côté <strong>de</strong>s PCDDs/<br />

PCDFs, il y a lieu <strong>de</strong> prendre en compte d’autres composés<br />

susceptibles <strong>de</strong> manifester une activité dioxine, à savoir les<br />

polychlorobiphényles <strong>de</strong> type dioxine (dl-PCBs).<br />

Ceci étant, il y a lieu <strong>de</strong> souligner qu’il existe d’autres<br />

composés susceptibles d’exercer un mécanisme d’activité<br />

biologique <strong>de</strong> type dioxine, c’est-à-dire susceptible <strong>de</strong> se lier<br />

au récepteur cellu<strong>la</strong>ire spécifique (arylhydrocarbon receptor,<br />

AhR) et que ces autres composés ne sont (pour l’instant)<br />

pas considérés <strong>dans</strong> l’évaluation du risque dioxine bien que<br />

certains d’entre eux puissent interagir avec certains <strong>de</strong>s outils<br />

cellu<strong>la</strong>ires mis au point pour <strong>la</strong> détection <strong>de</strong>s dioxines (par<br />

exemple, le système CALUX).<br />

48


Pour ce qui concerne l’espèce humaine, les effets toxiques<br />

démontrés pour les dioxines ont trait à l’hépatotoxicité, au<br />

chloracné (bien que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre dose et effet ne soit pas<br />

c<strong>la</strong>irement établie), au cancer (en cas d’exposition occupationnelle)<br />

et à <strong>la</strong> modification du sex ratio (mis en évi<strong>de</strong>nce<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion exposée suite à l’acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Seveso).<br />

Chez les animaux il y a lieu <strong>de</strong> noter une très gran<strong>de</strong> variabilité<br />

<strong>de</strong>s valeurs expérimentales <strong>de</strong> <strong>la</strong> dose létale 50 (DL50) :<br />

<strong>de</strong> 1 mg/kg chez le cobaye à 5 000 mg/kg chez le hamster 5 .<br />

En toxicité chronique, il y a lieu <strong>de</strong> mentionner <strong>de</strong>s pertes<br />

<strong>de</strong> poids, l’atrophie du thymus, l’hépatotoxicité (y compris<br />

<strong>la</strong> présence <strong>de</strong> carcinomes hépatiques et <strong>de</strong>s follicules<br />

thyroïdiens) 2 . Les étu<strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> reproduction et les étu<strong>de</strong>s<br />

portant sur plusieurs générations chez le rat méritent toute<br />

notre attention car elles mettent notamment en évi<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong>s diminutions du nombre <strong>de</strong> spermatozoï<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s effets<br />

sur <strong>la</strong> fertilité 6,7 .<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s dangers et obtention d’une VTR.<br />

En Europe, le SCF (Scientific Committee on Food) propose<br />

comme VTR une TWI <strong>de</strong> 14 pg WHO-TEQ/kg pc et semaine 8 .<br />

Celle-ci dérive d’une étu<strong>de</strong> réalisée sur rats Wistar reconnus<br />

comme étant les plus sensibles 9 mettant en évi<strong>de</strong>nce une<br />

production diminuée <strong>de</strong> sperme et d’autres altérations <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>scendance mâle. Dans cette étu<strong>de</strong>, le niveau d’exposition<br />

le plus faible montrant <strong>de</strong>s effets délétères est <strong>de</strong> 25ng TCDD/<br />

kg pc. Cette charge corporelle maternelle chez le rat étant<br />

connue, elle permet <strong>de</strong> déterminer le niveau d’exposition du<br />

foetus animal. En supposant que le fœtus humain n’est pas<br />

plus sensible que le fœtus <strong>de</strong> rat (ce qui est très p<strong>la</strong>usible<br />

car il est connu que le rat est une espèce particulièrement<br />

sensible), on peut recalculer le niveau d’exposition correspondant<br />

<strong>dans</strong> l’espèce humaine, en déduire <strong>la</strong> dose d’ingestion<br />

correspondante et, après application <strong>de</strong> facteurs d’incertitu<strong>de</strong>,<br />

déterminer <strong>la</strong> PTWI, en l’occurrence 14 pg WHO TEQ/kg<br />

pc. Il est d’usage d’utiliser <strong>de</strong>s facteurs d’incertitu<strong>de</strong> pour<br />

prendre en compte <strong>la</strong> variabilité inter et intra-spécifique (généralement<br />

100 comme valeur par défaut) et d’autres sources<br />

d’incertitu<strong>de</strong>s (par exemple, <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s données). Dans<br />

le cas spécifique <strong>de</strong> <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong> <strong>la</strong> TWI par le SCF le facteur<br />

d’incertitu<strong>de</strong> global est <strong>de</strong> 10 car les évaluateurs disposaient<br />

<strong>de</strong> suffisamment d’éléments permettant <strong>de</strong> réduire l’ampleur<br />

<strong>de</strong>s facteurs d’incertitu<strong>de</strong>.<br />

Pour être complet, on mentionnera que d’autres instances<br />

ont obtenu <strong>de</strong>s VTR différentes mais néanmoins proches <strong>de</strong><br />

celles fixées par le SCF. Ainsi, l’Organisation Mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Santé (OMS) a proposé en 1998 une ingestion journalière <strong>de</strong><br />

1 à 4 pg TEQ/kg, ce qui, si l’on prend <strong>la</strong> moyenne, correspond<br />

exactement à <strong>la</strong> VTR du comité européen (2 pg TEQ/kg x 7<br />

jours = 14pg TEQ/kg et semaine). Enfin, le Comité mixte FAO/<br />

OMS pour les contaminants et les additifs <strong>alimentaire</strong>s (Joint<br />

committee FAO/WHO on contaminants and food additives,<br />

JECFA) a proposé en 2002 une valeur <strong>de</strong> 70 pg TEQ/kg par<br />

mois (et ce, afin d’insister sur l’exposition <strong>de</strong> longue durée),<br />

valeur qui correspond plus ou moins à 2,3 pg TEQ/kg et jour<br />

et qui est donc proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> VTR adoptée par l’UE 5 .<br />

Evaluation <strong>de</strong> l’exposition<br />

Comme indiqué <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Figure 2, les teneurs en dioxines<br />

présentes <strong>dans</strong> l’environnement terrestre et aquatique sont<br />

déterminantes pour <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

et in fine l’exposition humaine. Le passage par l’étape<br />

49


<strong>de</strong> production d’aliments pour animaux (avec recyc<strong>la</strong>ge<br />

<strong>de</strong> graisses, incorporation <strong>de</strong> sous-produits <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche,<br />

utilisation d’additifs et d’auxiliaires technologiques à risque)<br />

renforce ou démultiplie l’effet <strong>de</strong> l’input purement environnemental<br />

par une contamination plus élevée <strong>de</strong> <strong>la</strong> production<br />

animale (essentiellement boeuf, porc, vo<strong>la</strong>ille mais aussi <strong>la</strong>it<br />

et produits <strong>la</strong>itiers, œufs et produits <strong>de</strong> l’aquaculture).<br />

Il en résulte que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion générale possè<strong>de</strong>, <strong>de</strong> nos<br />

jours, une charge corporelle en dioxines en moyenne proche<br />

<strong>de</strong> 2 pg TEQ/kg pc et jour 5 . Divers éléments indiquent que<br />

cette charge corporelle est à <strong>la</strong> baisse, conséquence d’une<br />

réduction drastique <strong>de</strong> <strong>la</strong> pollution environnementale opérée<br />

durant les années 80 et 90. Ainsi, aux Pays-Bas, l’ingestion<br />

<strong>de</strong>s PCCDs, PCDFs et dl-PCBs serait passée <strong>de</strong> 9 pg TEQ/kg<br />

pc et jour en 1978 à un peu plus <strong>de</strong> 1 pg TEQ/kg pc et jour en<br />

1999 10 . Différentes étu<strong>de</strong>s coordonnées par l’OMS indiquent,<br />

parallèlement, une réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination du <strong>la</strong>it<br />

maternel <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s proportions pouvant aller <strong>de</strong> 1 :2 à 1 :3 en<br />

une quinzaine d’années <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s pays caractérisés par <strong>de</strong>s<br />

niveaux historiques élevés <strong>de</strong> contamination comme les<br />

Pays-Bas et l’Allemagne 5,10-11 .<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

La caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> s’opère en confrontant les données<br />

d’exposition à <strong>la</strong> VTR. Comme signalé plus haut, <strong>dans</strong><br />

l’UE <strong>la</strong> VTR est une exposition hebdomadaire (PTWI) fixée à 14<br />

pg TEQ/kg pc.<br />

fond serait supérieure à 2 pg/kg pc et pour 15% d’entre eux<br />

elle serait supérieure à 4pg/kg pc (soit <strong>la</strong> limite supérieure <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> fourchette proposée par l’OMS).<br />

On constate donc qu’en Belgique, comme <strong>dans</strong> <strong>de</strong> nombreux<br />

autres pays industrialisés, une part importante <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion est, encore aujourd’hui, exposée à <strong>de</strong>s teneurs<br />

supérieures à <strong>la</strong> VTR. Ceci est surtout le cas pour <strong>de</strong> grands<br />

consommateurs <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> produits <strong>la</strong>itiers. En<br />

outre, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s récentes 14,15 ont montré qu’en Belgique, il<br />

existe également un risque accru pour les consommateurs<br />

privilégiant les œufs <strong>de</strong> poules d’origine non commerciale et<br />

disposant d’un parcours extérieur.<br />

De tout ceci, il ressort que <strong>la</strong> situation, bien qu’en phase<br />

d’amélioration, nécessite encore <strong>de</strong> prendre certaines<br />

précautions pour éviter les dépassements <strong>de</strong> <strong>la</strong> VTR. Ainsi <strong>la</strong><br />

consommation <strong>de</strong> poisson bien qu’encouragée vu l’intérêt<br />

nutritionnel, doit cependant rester raisonnable et variée <strong>de</strong><br />

façon à éviter une forte consommation d’espèces à risque<br />

(poissons gras) ou provenant d’endroits plus pollués (mer<br />

Baltique). En outre, il est important d’également attacher <strong>de</strong><br />

l’importance aux popu<strong>la</strong>tions les plus vulnérables, à savoir les<br />

jeunes filles et les femmes en âge <strong>de</strong> procréer en raison <strong>de</strong>s<br />

<strong>risques</strong> ciblés sur leur <strong>de</strong>scendance.<br />

En Belgique, il ressort d’un rapport du Conseil Supérieur <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Santé, CSS 13 rédigé suite à l’inci<strong>de</strong>nt dioxines <strong>de</strong> 1999, que<br />

pour 70% <strong>de</strong>s adolescents Belges l’exposition journalière <strong>de</strong><br />

50


4. Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> <strong>dans</strong><br />

le contexte d’un inci<strong>de</strong>nt ponctuel<br />

Le <strong>de</strong>rnier inci<strong>de</strong>nt en date qu’a connu l’AFSCA au début<br />

<strong>de</strong> l’année 2006 (contamination <strong>de</strong> graisses animales et <strong>de</strong><br />

gé<strong>la</strong>tine via l’aci<strong>de</strong> chlorhydrique) sera illustré plus en détail<br />

comme exemple d’évaluation <strong>de</strong>s risqus <strong>dans</strong> le cas d’un<br />

inci<strong>de</strong>nt ponctuel. On abor<strong>de</strong>ra tout d’abord l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

contamination qui fût imputée à un lot d’HCl qui s’avéra être<br />

contaminé par <strong>de</strong>ux congénères bien spécifiques <strong>de</strong>s PCDDs<br />

à savoir le 2,3,7,8-TCDD et le 1,2,3,7,8-PeCDD. Cet aci<strong>de</strong> a été<br />

utilisé par une entreprise spécialisée <strong>dans</strong> le traitement <strong>de</strong>s<br />

os <strong>de</strong> porcs pour produire <strong>de</strong> <strong>la</strong> gé<strong>la</strong>tine et pour en extraire<br />

les graisses résiduelles. Il s’en est suivi une contamination<br />

d’un lot <strong>de</strong> graisse <strong>de</strong> porc utilisé pour <strong>la</strong> production d’aliments<br />

pour animaux ainsi que d’un lot <strong>de</strong> gé<strong>la</strong>tine <strong>de</strong>stinée<br />

à <strong>la</strong> consommation humaine. Un fait remarquable est <strong>la</strong><br />

signature caractéristique <strong>de</strong> cette contamination dominée<br />

par les <strong>de</strong>ux congénères en question, signature encore<br />

jamais observée au cours <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts précé<strong>de</strong>nts (Figure 4)<br />

et qui a permis <strong>de</strong> circonscrire très rapi<strong>de</strong>ment les matières et<br />

<strong>de</strong>nrées concernées par l’inci<strong>de</strong>nt.<br />

%<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

OCDD<br />

1,2,3,4,6,7,8-HpCDD<br />

1,2,3,7,8,9-HxCDD<br />

1,2,3,6,7,8-HxCDD<br />

1,2,3,4,7,8-HxCDD<br />

1,2,3,7,8-PeCDD<br />

2,3,7,8-TCDD<br />

OCDF<br />

1,2,3,4,7,8,9-HpCDF<br />

1,2,3,4,6,7,8-HpCDF<br />

1,2,3,7,8,9-HxCDF<br />

2,3,4,6,7,8-HxCDF<br />

1,2,3,6,7,8-HxCDF<br />

1,2,3,4,7,8-HxCDF<br />

2,3,4,7,8-PeCDF<br />

1,2,3,7,8-PeCDF<br />

2,3,7,8-TCDF<br />

Legen<strong>de</strong> : ! Graisse <strong>de</strong> porc contaminée avec 50 pg WHO-TEQ dioxine/g (Rapid Alert System for Food and Feed, 25 janvier 2006) ; " Mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux échantillons <strong>de</strong> gé<strong>la</strong>tine<br />

<strong>alimentaire</strong> contaminée avec 2,8 ng WHO TEQ dioxine/kg ; ! HCl contaminé avec 3,2 ng WHO-TEQ dioxine/kg.<br />

Figure 4. Profils en dioxines <strong>dans</strong> l’HCl, <strong>la</strong> graisse <strong>de</strong> porc et <strong>la</strong> gé<strong>la</strong>tine au cours <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt révélé en Belgique début 2006<br />

51


La gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise a nécessité <strong>la</strong> réalisation <strong>dans</strong> l’urgence<br />

d’une évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> afin <strong>de</strong> permettre aux responsables<br />

<strong>de</strong> l’AFSCA <strong>de</strong> pouvoir prendre les mesures appropriées<br />

qui s’imposaient.<br />

Os <strong>de</strong> porc, couenne<br />

+ HCl<br />

Dès lors, le Comité scientifique <strong>de</strong> l’Agence a procédé <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> façon suivante : i) fixation <strong>de</strong>s scenarii les plus p<strong>la</strong>usibles,<br />

ii) choix d’outils/modèle <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion/prédiction <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

contamination <strong>de</strong>s produits animaux, iii) application <strong>de</strong> l’outil<br />

sélectionné aux scenarii fixés, iv) estimation <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion Belge, v) évaluation du risque par une approche<br />

déterministe, et vi) validation a posteriori <strong>de</strong> l’outil utilisé.<br />

Gé<strong>la</strong>tine<br />

Homme<br />

Graisses<br />

résiduelles<br />

Aliments pour<br />

animaux<br />

Vo<strong>la</strong>ille, porc<br />

Fixation <strong>de</strong>s scénarii<br />

A partir <strong>de</strong>s données disponibles, il est apparu que l’estimation<br />

<strong>de</strong> l’exposition humaine <strong>de</strong>vait tenir compte <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

voies différentes (Figure 5): <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong>s produits<br />

animaux et <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong> <strong>la</strong> gé<strong>la</strong>tine.<br />

La contamination <strong>de</strong>s produits animaux (porcs, vo<strong>la</strong>ille) doit<br />

être estimée à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong>s graisses utilisées<br />

pour <strong>la</strong> fabrication <strong>de</strong>s aliments. Ces graisses résultent<br />

elles-mêmes du mé<strong>la</strong>nge, avec <strong>de</strong> <strong>la</strong> graisse <strong>de</strong> porc, d’un<br />

lot <strong>de</strong> graisses résiduelles (free fatty acid fat, FFA) obtenu par<br />

extraction <strong>de</strong>s os <strong>de</strong> porcs à l’HCl contaminé.<br />

Compte tenu <strong>de</strong>s résultats d’analyses effectuées chez le producteur<br />

<strong>de</strong> graisses pour alimentation animale, trois valeurs<br />

p<strong>la</strong>usibles <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong> <strong>la</strong> graisse incorporée aux<br />

aliments pour porcs et vo<strong>la</strong>illes ont été retenues, à savoir 50,<br />

220 et 400 pg TEQ/g lipi<strong>de</strong>.<br />

Figure 5. Voies d’exposition <strong>de</strong> l’homme suite à l’inci<strong>de</strong>nt ponctuel mis en évi<strong>de</strong>nce<br />

en janvier 2006<br />

Choix d’un outil <strong>de</strong> prédiction <strong>de</strong>s teneurs <strong>dans</strong> produits<br />

animaux<br />

Après un rapi<strong>de</strong> examen <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s scientifiques disponibles<br />

sur le transfert <strong>de</strong>s dioxines présentes <strong>dans</strong> l’alimentation<br />

vers les produits animaux (graisses <strong>de</strong> porc et <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille), le<br />

choix s’est porté sur l’utilisation <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> bioconcentration<br />

(BCFs) proposés par Hoogenboom et al. 16 . Un facteur <strong>de</strong><br />

bioconcentration est défini comme le rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> substance étudiée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> graisse animale et sa<br />

concentration <strong>dans</strong> <strong>la</strong> graisse <strong>de</strong> l’aliment. Les conditions expérimentales<br />

<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> et les valeurs <strong>de</strong> BCFs qui en dérivent<br />

sont présentées <strong>dans</strong> le Tableau 1.<br />

52


Tableau 1. Facteurs <strong>de</strong> bioconcentration (BCFs) et informations sur les conditions expérimentales <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> dont les BCFs dérivent 16<br />

Paramètre Porc Vo<strong>la</strong>ille Mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul<br />

Concentration totale ingérée en dioxines (ng WHO-TEQ) 378 26 A<br />

Durée <strong>de</strong> l’ingestion (jours) 7 7 B<br />

Quantité d’aliment ingéré par jour (kg) 1,2 0,087 C<br />

Concentration totale ingérée par jour en dioxines (ng WHO-TEQ/jour) 54 3,71 D=A/B<br />

Concentration en dioxines <strong>dans</strong> l’aliment (ng WHO-TEQ/kg) 45 42,69 E=D/C<br />

Pourcentage <strong>de</strong> graisse <strong>dans</strong> l’aliment 2 5,00 F<br />

Concentration en dioxines <strong>dans</strong> les graisses ingérées (ng WHO-TEQ/kg) 2250 853,86 G=E*(100/F)<br />

Concentration <strong>dans</strong> <strong>la</strong> graisse animale après 7 jour d’exposition (pg WHO-TEQ/g) 26,1 102 H<br />

Facteur <strong>de</strong> bioconcentration 0,0116 0,1195 I=H/G<br />

Estimation <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong>s produits<br />

animaux<br />

Cette estimation a été effectuée en se basant sur les BCFs retenus<br />

et sur les hypothèses concernant le niveau <strong>de</strong> contamination<br />

<strong>de</strong>s aliments pour animaux, à savoir 50, 220 et 400 pg<br />

TEQ/g lipi<strong>de</strong>. Les résultats sont présentés <strong>dans</strong> le Tableau 2.<br />

Tableau 2. Estimation <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> concentration en dioxines <strong>dans</strong> les graisses animales pour les trois niveaux fixés <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong>s aliments<br />

Aliment<br />

Concentration <strong>dans</strong> <strong>la</strong> graisse <strong>de</strong> l’aliment<br />

(pg WHO-TEQ/g)<br />

Facteur <strong>de</strong> bioconcentration<br />

Concentration <strong>dans</strong> <strong>la</strong> graisse animale<br />

(pg WHO-TEQ/g)<br />

Porc 50 0,0116 0,580<br />

Vo<strong>la</strong>ille 50 0,1195 5,973<br />

Porc 220 0,0116 2,552<br />

Vo<strong>la</strong>ille 200 0,1195 26,281<br />

Porc 400 0,0116 4,640<br />

Vo<strong>la</strong>ille 400 0,1195 47,783<br />

53


Estimation <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion Belge<br />

Cette estimation a été réalisée en tenant compte <strong>de</strong> l’estimation<br />

<strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> contamination reprise du point précé<strong>de</strong>nt<br />

et <strong>de</strong> l’ingestion possible <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées animales contaminées.<br />

Les données <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>s produits animaux<br />

et <strong>de</strong> gé<strong>la</strong>tine proviennent <strong>de</strong> l’enquête <strong>alimentaire</strong> réalisée<br />

par l’Institut <strong>de</strong> Santé Publique 17 . Les résultats <strong>de</strong> cette estimation<br />

sont présentés <strong>dans</strong> le Tableau 3.<br />

Tableau 3. Estimations <strong>de</strong> l’ingestion <strong>de</strong> dioxines par les consommateurs belges suite à l’inci<strong>de</strong>nt ponctuel révélé en janvier 2006<br />

Scénario<br />

retenu<br />

Denrée<br />

Consommation<br />

(g/personne/jour)<br />

Dose hebdomadaire<br />

ingérée en<br />

dioxines<br />

% <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> PTWI<br />

Dose ingérée sur 3<br />

mois en dioxines<br />

% d’augmentation<br />

du stock corporel en<br />

dioxines<br />

(1) (2) (3) (4) (5) (6)<br />

50 pg WHO-TEQ/g Graisse <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille 1,303 0,91 6,49 10,90 0,22<br />

Graisse <strong>de</strong> porc 7,42 0,50 3,58 6,02 0,12<br />

Gé<strong>la</strong>tine 5,15 1,68 12,02 20,19 0,41<br />

220 pg WHO-TEQ/g Graisse <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille 1,303 4,00 28,54 47,94 0,97<br />

Graisse <strong>de</strong> porc 7,42 2,21 15,77 26,50 0,54<br />

Gé<strong>la</strong>tine 5,15 1,68 12,02 20,19 0,41<br />

400 pg WHO-TEQ/g Graisse <strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille 1,303 7,26 51,88 87,17 1,76<br />

Graisse <strong>de</strong> porc 7,42 4,02 28,68 48,18 0,97<br />

Gé<strong>la</strong>tine 5,15 1,68 12,02 20,19 0,41<br />

(1) Trois valeurs p<strong>la</strong>usibles <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong> <strong>la</strong> graisse incorporée aux aliments pour porcs et vo<strong>la</strong>illes ont été retenues, à savoir 50, 220 et 400 pg TEQ/g lipi<strong>de</strong> ;<br />

(2) données issues <strong>de</strong> l’enquête <strong>alimentaire</strong> réalisée par l’Institut <strong>de</strong> Santé Publique 17 ;<br />

(3) = [(2) x 7 jours x concentration en dioxines <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nrée] / 60 Kg ; ceci en considérant les concentrations en dioxines reprises au tableau 2 pour les graisses <strong>de</strong> porc et <strong>de</strong><br />

vo<strong>la</strong>ille et une concentration <strong>de</strong> 2,8 pg TEQ/g pour <strong>la</strong> gé<strong>la</strong>tine ;<br />

(4) = [(3) / PTWI] x 100 ;<br />

(5) = [(3) x 4 semaines x 3 mois] ;<br />

(6) = {[(5) + stock corporel en dioxines] / 100 } x stock corporel en dioxines; ceci en considérant un stock corporel <strong>de</strong> 4950 pg WHO-TEQ/kg <strong>de</strong> poids corporel 18 .<br />

54


Caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Il ressort <strong>de</strong> l’estimation <strong>de</strong>s quantités ingérées par l’homme<br />

que l’augmentation estimée <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge corporelle en<br />

dioxines <strong>de</strong>vait être minime (<strong>de</strong> 0,12 à 1,76% au maximum).<br />

En effet, <strong>dans</strong> le scénario le plus pessimiste qui a été envisagé<br />

(consommation quotidienne pendant 3 mois <strong>de</strong> graisses <strong>de</strong><br />

vo<strong>la</strong>ille présentant le niveau <strong>de</strong> contamination le plus élevé,<br />

soit 47,8 pg TEQ/g graisse, l’ingestion estimée est <strong>de</strong> 87,17 pg<br />

TEQ/kg pc, ce qui représente 1,76% <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge corporelle<br />

médiane estimée à 4950 pg TEQ/kg pc pour un adulte <strong>de</strong><br />

50 ans 18 . Pour tous les autres scénarii, l’ingestion représentait<br />

moins <strong>de</strong> 1% <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge corporelle. Comme le risque pour<br />

<strong>la</strong> santé causé par les dioxines dépend principalement <strong>de</strong><br />

l’exposition <strong>de</strong> fond, on peut donc considérer que cet inci<strong>de</strong>nt<br />

a eu peu ou pas d’impact sur <strong>la</strong> santé publique.<br />

S’il s’avère exact que <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts tels que celui décrit ci<strong>de</strong>ssus<br />

ont eu peu d’impact sur l’exposition <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion, faut-il en déduire que les mesures prises par les<br />

autorités sont excessives (surveil<strong>la</strong>nce coûteuse <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

<strong>alimentaire</strong>, mesures drastiques telles que le blocage <strong>de</strong>s<br />

exploitations agricoles et le retrait <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées du marché) ? Pareilles<br />

affirmations nécessitent d’être tempérées car s’il est vrai<br />

que le niveau d’exposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion a diminué ces dix<br />

<strong>de</strong>rnières années, <strong>de</strong>s efforts doivent encore être consentis afin<br />

<strong>de</strong> pouvoir satisfaire aux objectifs fixés par l’OMS et visant une<br />

exposition humaine inférieure à 1 pg TEQ/kg pc/jour (valeur<br />

cible à atteindre). Rappelons, en outre, que selon l’estimation<br />

du Conseil Supérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé 13 , l’ingestion <strong>de</strong> dioxines<br />

par <strong>la</strong> voie <strong>alimentaire</strong> dépasserait les VTR chez une fraction<br />

importante <strong>de</strong>s adolescents, popu<strong>la</strong>tion <strong>la</strong> plus vulnérable car<br />

intégrant les futures femmes en âge <strong>de</strong> procréer.<br />

Validation a posteriori <strong>de</strong> l’outil utilisé pour l’estimation <strong>de</strong>s<br />

concentrations <strong>dans</strong> produits animaux<br />

Comme l’AFSCA a, parmi les mesures <strong>de</strong> gestion prises, bloqué<br />

les entreprises agricoles ayant été fournies en aliments<br />

supposés contaminés et qu’elle a procédé à l’abattage <strong>de</strong>s<br />

animaux suspects d’être contaminés et à l’analyse <strong>de</strong>s dioxines<br />

susceptibles d’être présentes <strong>dans</strong> les graisses corporelles<br />

<strong>de</strong> ces animaux, il est possible d’évaluer si les estimations <strong>de</strong><br />

concentrations réalisées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s BCFs se voient confirmées<br />

par les analyses réalisées sur le terrain. Le Tableau 4<br />

synthétise les principaux résultats obtenus.<br />

Tableau 4. Comparaisons entre les teneurs estimées et les teneurs mesurées<br />

en dioxines <strong>dans</strong> <strong>la</strong> graisse <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong>s entreprises affectées par l’inci<strong>de</strong>nt ponctuel<br />

révélé en 2006<br />

Concentration en dioxines<br />

Valeurs prédites en utilisant les<br />

facteurs <strong>de</strong> bioconcentration<br />

Graisse<br />

<strong>de</strong> porc<br />

(pg WHO-TEQ/g)<br />

Graisse<br />

<strong>de</strong> vo<strong>la</strong>ille<br />

(pg WHO-TEQ/g)<br />

0,58 – 4,64 5,97 – 47,78<br />

Valeurs moyennes mesurées 1,52 (n = 55) 7,5 (n = 13)<br />

Valeurs maximales mesurées 13,9 (n = 55) 16 (n = 13)<br />

De l’examen <strong>de</strong> ce tableau il ressort que les valeurs moyennes<br />

mesurées se situent bien <strong>dans</strong> les fourchettes estimées<br />

à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’outil sélectionné et ce, malgré les inévitables<br />

sources <strong>de</strong> variabilité et d’incertitu<strong>de</strong> afférentes à ce type<br />

d’exercice (divergences entre conditions expérimentales <strong>de</strong><br />

l’étu<strong>de</strong> sélectionnée et les conditions réelles rencontrées sur<br />

le terrain en matière d’âge <strong>de</strong>s animaux, durée <strong>de</strong> l’exposition<br />

avec aliments contaminés, etc ). De même, si l’on considère<br />

les valeurs maximales déterminées expérimentalement, on<br />

55


s’aperçoit que le modèle reste parfaitement fiable pour ce<br />

qui concerne <strong>la</strong> vo<strong>la</strong>ille alors que chez les porcs, <strong>la</strong> valeur<br />

maximale déterminée expérimentalement est <strong>de</strong>ux fois plus<br />

élevée que l’estimation <strong>la</strong> plus haute, ce qui peut aisément<br />

s’expliquer par le fait que <strong>dans</strong> l’étu<strong>de</strong> à <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’établissement<br />

<strong>de</strong>s BCFs, l’exposition était limitée à 7 jours (Tableau 1).<br />

5. Discussion et recommandations<br />

spécifiques<br />

Les dioxines sont associées à différents problèmes <strong>de</strong> santé<br />

qui peuvent se manifester essentiellement à long terme en<br />

cas d’exposition excessive. Plusieurs composés chimiques<br />

sont impliqués et <strong>la</strong> liste <strong>de</strong> substances présentant une activité<br />

<strong>de</strong> type dioxine continue à s’allonger, ce qui constitue un<br />

défi pour <strong>la</strong> mise en pratique d’un programme <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce<br />

représentatif (beaucoup <strong>de</strong> composés à rechercher, mise<br />

en œuvre <strong>de</strong> techniques complexes).<br />

En terme d’exposition, il faut distinguer l’exposition <strong>de</strong> fond<br />

résultant <strong>de</strong> l’alimentation qui est en diminution suite à <strong>la</strong><br />

réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>dans</strong> l’environnement amorcées<br />

au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières décennies du siècle précé<strong>de</strong>nt.<br />

Néanmoins, les informations disponibles nous indiquent<br />

que <strong>de</strong>s fractions non négligeables <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion (et en<br />

particulier les adolescents) pourraient dépasser les niveaux<br />

d’exposition actuellement fixés <strong>dans</strong> l’UE (correspondant à<br />

2 pg TEQ/ kg pc par jour) et donc a fortiori les valeurs cibles<br />

proposées par l’OMS (correspondant à 1 pg TEQ/kg pc par<br />

jour). Les efforts doivent donc être poursuivis et ceux-ci<br />

doivent prendre en compte aussi bien l’exposition <strong>de</strong> fond<br />

se manifestant tout au long du cycle <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s consommateurs<br />

que les inci<strong>de</strong>nts ponctuels dont l’accumu<strong>la</strong>tion <strong>dans</strong><br />

le temps ne fait que contribuer à augmenter petit à petit<br />

l’exposition <strong>de</strong> fond.<br />

Parmi les mesures permettant <strong>de</strong> diminuer l’exposition <strong>de</strong><br />

fond, épinglons par exemple, <strong>la</strong> diversification <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s d’origine animale tant en<br />

ce qui concerne leur nature que leur origine : consommer<br />

<strong>de</strong> préférence <strong>de</strong>s vian<strong>de</strong>s maigres ou du <strong>la</strong>it écrémé 2,19 ,<br />

diversifier les espèces <strong>de</strong> poisson, limiter <strong>la</strong> consommation<br />

<strong>de</strong> poissons gras et éviter <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> poissons provenant<br />

d’endroits plus pollués 20 . Des étu<strong>de</strong>s actuellement en<br />

cours <strong>de</strong>vront permettre <strong>de</strong> mieux cerner l’impact <strong>de</strong> l’autoconsommation<br />

<strong>de</strong> produits locaux, et plus particulièrement,<br />

<strong>de</strong>s œufs <strong>de</strong> poules élevées par <strong>de</strong>s particuliers <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s<br />

conditions favorables à une contamination par <strong>de</strong>s polluants<br />

environnementaux.<br />

Au registre <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong>stinées à prévenir tout nouvel<br />

inci<strong>de</strong>nt <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>, il y a lieu <strong>de</strong> souligner les<br />

efforts importants déployés par l’AFSCA afin <strong>de</strong> bien contrôler<br />

les nombreux matériaux à risque (matières premières à<br />

base <strong>de</strong> graisses, additifs pour <strong>la</strong> fabrication d’aliments pour<br />

animaux comme, par exemple, le sulfate <strong>de</strong> Ca et les « ballc<strong>la</strong>ys<br />

»). En outre, comme plusieurs inci<strong>de</strong>nts récents l’ont<br />

démontré, il y a lieu d’être vigi<strong>la</strong>nt à l’égard <strong>de</strong> toute modification<br />

d’un procédé <strong>de</strong> fabrication d’aliments ou d’auxiliaires<br />

technologiques. Outre l’exemple <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong><br />

chlorhydrique <strong>la</strong>rgement documenté <strong>dans</strong> le présent article,<br />

signalons encore, à cet égard, l’utilisation d’argiles contaminées<br />

<strong>dans</strong> les bains <strong>de</strong> flottaison <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre,<br />

ce qui a conduit à <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong>s épluchures utilisés<br />

en alimentation animale (inci<strong>de</strong>nt aux Pay-Bas en 2004). Il<br />

est également <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> tous les acteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

56


chaîne <strong>alimentaire</strong> <strong>de</strong> prendre toute les mesures nécessaires<br />

pour éviter d’autres sources d’inci<strong>de</strong>nts que sont les erreurs<br />

<strong>de</strong> recyc<strong>la</strong>ge et les manipu<strong>la</strong>tions frauduleuses car celles-ci<br />

peuvent également conduire à <strong>de</strong>s pollutions ponctuelles <strong>de</strong><br />

plus ou moins gran<strong>de</strong> ampleur qui viennent s’additionner à<br />

l’exposition <strong>de</strong> fond.<br />

Enfin relevons l’extrême utilité d’une structure scientifique<br />

indépendante et permanente d’évaluation collective <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

telle que celle mise en p<strong>la</strong>ce <strong>dans</strong> le Comité scientifique<br />

<strong>de</strong> l’AFSCA et son secrétariat.<br />

6. Références<br />

1. Bernard et al., 2002. Environ Res, 88:1.<br />

2. Maghuin-Rogister et al., 1999. Annales <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine<br />

vétérinaire, 143:379.<br />

3. Saegerman et al., 2006. Rev Sci Tech Off Int Epiz, 25:665.<br />

4. Drotman et al., 1983. Am J Public Health, 73:290.<br />

5. European Food Safety Authority, 2004. Scientific Colloquium<br />

on Dioxins, Furans and Dioxin-like PCBs, 28-29<br />

June 2004, Brussels, pp. 130.<br />

6. Wereldgezondheidsorganisatie, 2000a. WHO Regional Office<br />

for Europe, Copenhagen, Denmark, p. 22. Disponible<br />

à http://www.euro.who.int/document/aiq/5_11pcddpcdf.<br />

pdf.<br />

7. Wereldgezondheidsorganisatie, 2000b. WHO Regional Office<br />

for Europe, Copenhagen, Denmark, p. 21. Disponible à<br />

http://www.euro.who.int/document/aiq/5_10pcbs.pdf<br />

8. Scientific Committee on Food (SCF), 2000. Opinion of<br />

the SCF on the risk assessment of dioxins and dioxin-like<br />

PCBs in food. Disponible à http://ec.europa.eu/food/fs/<br />

sc/scf/out90_en.pdf.<br />

9. Faqi et al., 1998. Toxicol Appl Pharmacol, 150:383.<br />

10. Baars et al., 2004. Toxicol Lett, 151:51.<br />

11. Aylward et al., 2002. Journal of Exposure Analysis and<br />

Environmental Epi<strong>de</strong>miology, 12:319.<br />

12. Päpke et al., 1996. Chemosphere, 32:575.<br />

13. Hoge Gezondheidsraad, 2001. Rapport 7300/1. Disponible<br />

à https://portal.health.fgov.be/portal/page?_pageid=56,4190386&_dad=portal&_schema=PORTAL.<br />

14. Pussemier et al., 2004. Ta<strong>la</strong>nta, 63:1273.<br />

15. Van Overmeire et al., 2006. Food Addit Contam, 23:1109.<br />

16. Hoogenboom et al., 2004. Chemosphere, 57:35.<br />

17. Devriese et al., 2006. De Belgische voedselconsumptiepeiling<br />

1 - 2004: Rapport. Disponible à http://www.iph.<br />

fgov.be/EPIDEMIO/epien/in<strong>de</strong>x5.htm.<br />

18. Vrijens B. et al., 2002. Food Addit Contam, 19:687.<br />

19. Saegerman et al., 2002. J Toxicol Environ Health, 65:1305.<br />

20. Willems et al., 2006. BELSPO - Scientific support p<strong>la</strong>n for<br />

a sustainable <strong>de</strong>velopment policy. SPSD II Part 1 Sustainable<br />

production and consumption patterns, Agro Food<br />

- CP56, 2006, 104 p.<br />

57


Mercure et substances <strong>de</strong> type dioxine <strong>dans</strong> les aliments marins<br />

Isabelle Sioen 1 , John Van Camp 1 , Stefaan De Henauw 1 , Fre<strong>de</strong>rik Verdonck 1,2 , Wim Verbeke 1 et Jan L. Willems 1<br />

1 Université <strong>de</strong> Gand; 2 EURAS<br />

1. Localisation du danger considéré<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

Il ressort d’une étu<strong>de</strong> épidémiologique qu’il est essentiel<br />

que les aliments marins (poisson et fruits <strong>de</strong> mer) occupent<br />

une p<strong>la</strong>ce importante <strong>dans</strong> l’alimentation humaine, et ce en<br />

raison <strong>de</strong> leur effet favorable pour <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies<br />

cardio-vascu<strong>la</strong>ires. Cet effet favorable est attribué à <strong>la</strong> présence<br />

d’aci<strong>de</strong>s gras polyinsaturés <strong>de</strong> type oméga-3 à longue<br />

chaîne (dénommés plus loin aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3<br />

LC) 1-5 . Le poisson et les fruits <strong>de</strong> mer représentent une source<br />

unique d’aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC, en particulier<br />

d’aci<strong>de</strong> eicosapentaénoique (EPA, C20:5n-3) et d’aci<strong>de</strong> docosahexaénoique<br />

(DHA, C22:6n-3). Le poisson et les fruits <strong>de</strong><br />

mer, surtout les espèces <strong>de</strong> poisson gras, comparativement<br />

à d’autres <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s, contiennent une concentration<br />

élevée en EPA et DHA par gramme d’aliment. L’ingestion<br />

d’aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC <strong>dans</strong> le régime <strong>alimentaire</strong><br />

belge moyen est trop faible par rapport aux recommandations<br />

6;7 . Une solution possible est d’inciter les consommateurs<br />

à revoir à <strong>la</strong> hausse leur consommation <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong><br />

fruits <strong>de</strong> mer 6-8 .<br />

Cependant, vu <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> contaminants <strong>dans</strong> ce type <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s, <strong>la</strong> question s’est posée <strong>de</strong> savoir s’il était<br />

bien pru<strong>de</strong>nt d’émettre un tel avis. Les océans, les mers, les<br />

rivières et autres cours d’eau renferment <strong>de</strong>s contaminants<br />

chimiques persistants, qui se concentrent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

aquatique à <strong>de</strong>s niveaux susceptibles <strong>de</strong> constituer<br />

une menace pour <strong>la</strong> santé du consommateur. Comme exemples<br />

<strong>de</strong> tels contaminants, citons les polychlorobiphényles<br />

(PCB), les polychlorodiphényldioxines/furannes (PCDD/F) et<br />

le mercure 9-11 . Une consommation accrue <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong><br />

fruits <strong>de</strong> mer augmente également l’ingestion <strong>de</strong> ces contaminants,<br />

qui peuvent comporter un risque pour <strong>la</strong> santé.<br />

Aci<strong>de</strong>s gras<br />

Effet positif sur<br />

oméga-3 LC<br />

<strong>la</strong> santé<br />

Consommation<br />

Conflit nutritionneltoxicologique<br />

<strong>de</strong> poisson<br />

Contaminants<br />

Effet négatif<br />

(dioxines,<br />

sur <strong>la</strong> santé<br />

mercure, …)<br />

Figure 1. Conflit nutritionnel-toxicologique lié à une consommation accrue <strong>de</strong> poisson et<br />

<strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer<br />

59


2. Termes <strong>de</strong> référence /<br />

objectif <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas<br />

L’objectif <strong>de</strong> l’analyse effectuée était <strong>de</strong> mettre en avant<br />

le risque lié à une consommation accrue <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong><br />

fruits <strong>de</strong> mer, en se focalisant sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion belge. Afin <strong>de</strong><br />

réaliser cette évaluation <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière <strong>la</strong> plus<br />

réaliste possible, une approche probabiliste a été utilisée.<br />

Cette approche a comme grand avantage <strong>de</strong> pouvoir prendre<br />

en considération <strong>la</strong> variabilité <strong>de</strong>s différents paramètres 12 .<br />

Une procédure probabiliste <strong>de</strong> ce type a permis <strong>de</strong> prendre<br />

en compte <strong>la</strong> variabilité sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> consommation,<br />

<strong>de</strong>s poids corporels et <strong>de</strong>s teneurs en nutriments et<br />

contaminants.<br />

La première tâche <strong>de</strong> cette analyse consistait, par conséquent,<br />

à réaliser un aperçu détaillé <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> poisson<br />

et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer disponibles sur le marché belge, avec <strong>de</strong>s<br />

données numériques concernant <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> production<br />

(sauvage ou élevage) et <strong>la</strong> zone où ont été capturés ces produits.<br />

Des banques <strong>de</strong> données ont ensuite été assemblées,<br />

<strong>dans</strong> lesquelles <strong>de</strong>s informations <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature sur les teneurs<br />

en aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC et en contaminants<br />

<strong>de</strong> tous les aliments marins disponibles à <strong>la</strong> consommation<br />

en Belgique ont été inventoriées, codés par zone <strong>de</strong> capture.<br />

Sur base <strong>de</strong> ces informations, <strong>de</strong>s distributions probabilistes<br />

ont été déterminées, constituant l’input du modèle probabiliste<br />

avec lequel l’ingestion tant <strong>de</strong>s substances positives sur<br />

<strong>la</strong> santé (nutriments) que <strong>de</strong>s substances néfastes à celle-ci<br />

(contaminants) a été évaluée et ensuite comparée aux normes<br />

(doses journalières recommandées/tolérables).<br />

3. Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers<br />

L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers consistait à déterminer les contaminants<br />

chimiques à analyser <strong>de</strong> plus près <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong><br />

cette étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas. Comme déjà mentionné, les aci<strong>de</strong>s gras<br />

<strong>de</strong> type oméga-3 LC ont également été considérés, mais nous<br />

n’allons pas nous étendre sur ce sujet <strong>dans</strong> ce paragraphe.<br />

En ce qui concerne les contaminants, il a été décidé <strong>de</strong> se<br />

concentrer sur le mercure (Hg) et le méthylmercure (MeHg),<br />

les PCB et les PCDD/F. En ce qui concerne les PCB, <strong>de</strong>ux sousgroupe<br />

distincts ont été considérés : les 7 congénères PCB<br />

indicateurs (iPCB) et les 12 congénères PCB <strong>de</strong> type dioxine<br />

(dlPCB). Ces congénères ont un effet toxique très simi<strong>la</strong>ire à<br />

celui <strong>de</strong>s PCDD/F. La somme <strong>de</strong>s PCB <strong>de</strong> type dioxine et <strong>de</strong>s<br />

PCDD/F a également été considérée sous <strong>la</strong> dénomination<br />

‘quantité totale <strong>de</strong> substances <strong>de</strong> type dioxine’ (totTEQ).<br />

La raison pour <strong>la</strong>quelle le (méthyl) mercure a été sélectionné<br />

est que le poisson et les fruits <strong>de</strong> mer constituent les principales<br />

sources <strong>de</strong> mercure <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> humaine.<br />

En outre, le mercure est présent <strong>dans</strong> le milieu marin principalement<br />

sous forme organique, à savoir sous forme <strong>de</strong><br />

méthylmercure 13 , une forme très toxique pour l’être humain 14 .<br />

Le mercure s’avère surtout nocif pour le système nerveux, et<br />

l’hypothèse se développe que le mercure va à l’encontre <strong>de</strong><br />

l’effet préventif <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 15;16 .<br />

La raison d’intégrer les PCB et les PCDD/F <strong>dans</strong> cette étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> cas est que le poisson et les fruits <strong>de</strong> mer contiennent une<br />

plus gran<strong>de</strong> concentration en PCB et PCDD/F par gramme <strong>de</strong><br />

graisse que les autres aliments. Ces <strong>de</strong>rnières décennies, une<br />

60


tendance à <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong>s concentrations en PCB et PCDD/F<br />

<strong>dans</strong> les <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s a pu être observée, conséquence<br />

<strong>de</strong> l’adoption <strong>de</strong> mesures strictes. Cette tendance à <strong>la</strong><br />

baisse est toutefois moins marquée <strong>dans</strong> le milieu aquatique<br />

parce que ces liaisons chimiques s’avèrent être re<strong>la</strong>tivement<br />

stables <strong>dans</strong> les grands ‘réservoirs’ tels que les mers et les<br />

rivières 17 . Par conséquent, le poisson et les fruits <strong>de</strong> mer<br />

constituent, <strong>dans</strong> le régime <strong>alimentaire</strong> global, l’une <strong>de</strong>s principales<br />

sources <strong>de</strong> PCB et <strong>de</strong> PCDD/F 17-21 . Les PCB et PCDD/F<br />

sont toxiques pour le système immunitaire et reproductif et<br />

contribuent à l’apparition <strong>de</strong> cancers.<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s dangers<br />

Pour les contaminants considérés, les normes européennes,<br />

exprimées par kg <strong>de</strong> poids corporel (body weight (bw)), ont<br />

été utilisées. Pour le méthylmercure, <strong>la</strong> dose hebdomadaire<br />

tolérable (tolerable weekly intake, TWI) équivaut à 1.6 µg/kg<br />

bw/semaine (228 ng/kg bw/jour). Pour les substances <strong>de</strong><br />

type dioxine, <strong>la</strong> TWI équivaut à 14 pg TEQ/kg bw/semaine (2<br />

pg TEQ/kg bw/jour) 13 . Il est toutefois important <strong>de</strong> mentionner<br />

c<strong>la</strong>irement <strong>dans</strong> cette étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas que ces normes<br />

valent pour l’ingestion via l’ensemble du régime <strong>alimentaire</strong>.<br />

Par contre, les doses d’ingestion qui ont été calculées <strong>dans</strong><br />

cette étu<strong>de</strong> n’ont pris en compte que le poisson et les fruits<br />

<strong>de</strong> mer comme source <strong>de</strong> contaminants.<br />

Evaluation <strong>de</strong> l’exposition<br />

Un module <strong>de</strong> logiciel, ProbIntakeUG, a été développé<br />

pour l’évaluation probabiliste <strong>de</strong> l’exposition, où l’ingestion<br />

combinée <strong>de</strong> nutriments et <strong>de</strong> contaminants a été évaluée<br />

en partant <strong>de</strong> données <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong><br />

fruits <strong>de</strong> mer et <strong>de</strong> données <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s substances<br />

concernées <strong>dans</strong> ces <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s. Ce module<br />

<strong>de</strong> logiciel fonctionne <strong>dans</strong> le paquet statistique disponible<br />

gratuitement R®, version 2.4.1. 22 .<br />

Les informations sur <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits<br />

<strong>de</strong> mer ont été tirées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux banques <strong>de</strong> données belges<br />

disponibles. La première banque <strong>de</strong> données concerne <strong>de</strong>s<br />

informations rassemblées, en 1997, à l’ai<strong>de</strong> d’un journal <strong>de</strong>s<br />

aliments consommés, tenu pendant sept jours, <strong>dans</strong> un<br />

groupe <strong>de</strong> 341 adolescents f<strong>la</strong>mands <strong>de</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Gand.<br />

Davantage d’informations <strong>de</strong> base sur cette popu<strong>la</strong>tion<br />

peuvent être retrouvées <strong>dans</strong> Matthys et al. 23;24 . La <strong>de</strong>uxième<br />

banque <strong>de</strong> données <strong>de</strong> consommation a été collectée à<br />

l’ai<strong>de</strong> d’un questionnaire semi-quantitatif sur <strong>la</strong> fréquence<br />

<strong>alimentaire</strong>, complété par un échantillon représentatif <strong>de</strong> 852<br />

adultes belges, en 2004 (enquête réalisée <strong>dans</strong> le cadre du<br />

projet européen SEAFOODplus 25;26 ). Ce questionnaire sondait<br />

uniquement <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong>s principales espèces <strong>de</strong><br />

poisson frais.<br />

Les banques <strong>de</strong> données <strong>de</strong> consommation montraient,<br />

du moins pour les données dont nous disposons, que tant<br />

les adolescents que les adultes consomment en moyenne<br />

trop peu <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer et ne satisfont pas<br />

aux recommandations <strong>de</strong> consommation (suivant le Conseil<br />

Supérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé belge, celles-ci sont d’une à <strong>de</strong>ux fois<br />

par semaine 27 , les recommandations internationales étant <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux fois par semaine 3 ). Une conséquence directe <strong>de</strong> cette<br />

consommation trop faible est une faible ingestion d’aci<strong>de</strong>s<br />

gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC, <strong>la</strong>quelle est corrélée à <strong>la</strong> consommation<br />

d’aliments marins. Lorsque seul cet aspect est pris en<br />

considération, une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong><br />

61


poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer est à recomman<strong>de</strong>r auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion belge.<br />

Les Tableaux 1 et 2 reprennent les résultats <strong>de</strong> l’évaluation<br />

d’exposition <strong>de</strong>s différents contaminants pour les adolescents,<br />

exprimée par kg <strong>de</strong> poids corporel (kg bw). Une<br />

distinction est faite pour l’ingestion estimée <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion (‘Tous’) et <strong>de</strong>s consommateurs <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong><br />

fruits <strong>de</strong> mer (‘Cons.’). L’ingestion, par exemple, pour le 50 e et<br />

le 95 e percentile signifie que respectivement 50 et 95% <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion visée a une ingestion inférieure à <strong>la</strong> concentration<br />

indiquée pour ce percentile.<br />

Tableau 1. L’ingestion estimée <strong>de</strong> contaminants via <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer pour les adolescents (les ingestions qui dépassent les normes sont indiquées en gras)<br />

Hg MeHg iPCB dlPCB PCDD/F totTEQ<br />

ng/kg bw/jour<br />

pg TEQ/kg bw/jour<br />

Tous<br />

(n=341)<br />

Cons.<br />

(n=218)<br />

Tous<br />

(n=341)<br />

Cons.<br />

(n=218)<br />

Tous<br />

(n=341)<br />

Cons.<br />

(n=218)<br />

Tous<br />

(n=341)<br />

Cons.<br />

(n=218)<br />

Tous<br />

(n=341)<br />

Cons.<br />

(n=218)<br />

Tous<br />

(n=341)<br />

Cons.<br />

(n=218)<br />

Moyenne 23.64 36.98 16.81 26.29 3.13 4.89 0.36 0.57 0.23 0.35 0.48 0.75<br />

D.S. 41.14 46.42 27.87 31.08 31.50 39.29 1.12 1.36 0.51 0.60 1.14 1.35<br />

25 e percentile 0.00 9.24 0.00 6.14 0.00 0.42 0.00 0.05 0.00 0.03 0.00 0.08<br />

50 e percentile 7.71 22.74 5.27 16.37 0.35 1.46 0.04 0.17 0.02 0.12 0.07 0.26<br />

75 e percentile 30.16 43.81 21.97 32.90 2.53 4.28 0.29 0.66 0.19 0.40 0.41 0.87<br />

90 e percentile 64.36 86.80 47.29 64.32 5.90 7.62 1.12 1.56 0.66 0.98 1.51 2.21<br />

95 e percentile 103.83 126.24 73.27 90.66 8.47 10.31 1.79 2.33 1.26 1.55 2.56 3.16<br />

97.5 e percentile 143.15 166.94 97.46 116.11 11.71 14.31 2.65 3.28 1.82 2.19 3.43 3.95<br />

99 e percentile 186.18 216.89 133.12 150.38 18.10 21.74 3.66 4.01 2.47 2.90 4.82 5.38<br />

D.S.: déviation standard, Cons.: uniquement consommateurs <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer<br />

62


Les résultats du Tableau 1 montrent que les ingestions<br />

moyennes <strong>de</strong>s contaminants considérés se situent en<br />

<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s TWI. Pour les percentiles plus élevés, on peut<br />

cependant constater un dépassement <strong>de</strong> <strong>la</strong> TWI pour les<br />

substances <strong>de</strong> type dioxine. Dans une <strong>de</strong>uxième phase, l’ingestion<br />

<strong>de</strong>s substances <strong>de</strong> type dioxine a aussi été évaluée, à<br />

l’exception <strong>de</strong>s concentrations mesurées <strong>dans</strong> le saumon et<br />

le hareng en provenance <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Baltique, voir Tableau 2.<br />

La raison en est que le poisson provenant <strong>de</strong> cette mer est<br />

plus fortement contaminé, et le risque est donc plus élevé<br />

que les concentrations dépassent <strong>la</strong> norme imposée par<br />

<strong>la</strong> Commission européenne. Afin <strong>de</strong> réduire l’ingestion <strong>de</strong><br />

substances <strong>de</strong> type dioxine par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> Commission<br />

européenne a en effet décidé que le poisson et les fruits <strong>de</strong><br />

mer (à l’exception <strong>de</strong> l’anguille) disponibles sur le marché<br />

européen pouvait contenir au maximum 8 pg TEQ par g <strong>de</strong><br />

produit 13 .<br />

Tableau 2. L’ingestion estimée <strong>de</strong> contaminants via <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer pour les adolescents (les ingestions qui dépassent les normes sont indiquées en gras),<br />

à l’exception <strong>de</strong>s concentration mesurées <strong>dans</strong> le saumon et le hareng provenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Baltique<br />

dlPCB dioxine totTEQ<br />

pg TEQ/kg bw/jour<br />

Tous (n=341) Cons. (n=218) Tous (n=341) Cons. (n=218) Tous (n=341) Cons. (n=218)<br />

Moyenne 0.25 0.39 0.15 0.24 0.33 0.52<br />

D.S. 0.85 1.03 0.36 0.42 0.83 0.99<br />

25 e percentile 0.00 0.05 0.00 0.02 0.00 0.08<br />

50 e percentile 0.04 0.14 0.02 0.10 0.07 0.22<br />

75 e percentile 0.22 0.41 0.16 0.29 0.33 0.59<br />

90 e percentile 0.65 0.91 0.42 0.60 0.90 1.38<br />

95 e percentile 1.01 1.30 0.70 0.88 1.60 2.03<br />

97.5 e percentile 1.43 1.73 1.08 1.38 2.34 2.83<br />

99 e percentile 2.33 3.00 1.69 2.06 3.09 3.50<br />

D.S.: déviation standard, Cons.: uniquement consommateurs <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer<br />

Une comparaison <strong>de</strong>s Tableaux 1 et 2 montre que l’absence<br />

<strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> saumon et <strong>de</strong> hareng provenant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mer Baltique réduit l’ingestion <strong>de</strong> substances <strong>de</strong> type dioxine.<br />

L’ingestion moyenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> somme totale <strong>de</strong> substances <strong>de</strong><br />

type dioxine baisse <strong>de</strong> 0.48 à 0.33 pg TEQ/kg bw/jour, le 95 e<br />

percentile diminue <strong>de</strong> 2.56 pg à 1.60 pg TEQ/kg bw/jour.<br />

63


Les Tableaux 3 et 4 reprennent les résultats sur base <strong>de</strong>s<br />

données <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion adulte. Puisque<br />

cette popu<strong>la</strong>tion consomme davantage <strong>de</strong> poisson,<br />

l’ingestion <strong>de</strong> contaminants est également plus élevée. Une<br />

comparaison <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong>s Tableaux 3 et 4 montre, à nouveau,<br />

c<strong>la</strong>irement que l’absence <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> saumon<br />

et <strong>de</strong> hareng <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Baltique mène à une diminution <strong>de</strong><br />

l’ingestion <strong>de</strong> substances <strong>de</strong> type dioxine.<br />

Tableau 3. L’ingestion estimée <strong>de</strong> contaminants via <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer pour les adolescents (les ingestions qui dépassent les normes sont indiquées en gras)<br />

Hg MeHg iPCB dlPCB dioxine tot TEQ<br />

ng/kg bw/jour<br />

pg TEQ/kg bw/jour<br />

Tous<br />

(n=821)<br />

Cons.<br />

(n=769)<br />

Tous<br />

(n=821)<br />

Cons.<br />

(n=769)<br />

Tous<br />

(n=821)<br />

Cons.<br />

(n=769)<br />

Tous(<br />

n=821)<br />

Cons.<br />

(n=769)<br />

Tous<br />

(n=821)<br />

Cons.<br />

(n=769)<br />

Tous<br />

(n=821)<br />

Cons.<br />

(n=769)<br />

Moyenne 55.8 59.6 42.7 45.6 6.4 6.8 0.81 0.87 0.47 0.50 0.94 1.00<br />

D.S. 90.3 92.1 63.6 64.7 12.7 13.0 0.96 0.96 0.52 0.52 1.04 1.05<br />

25 e percentile 15.3 19.2 12.2 15.0 1.2 1.4 0.21 0.26 0.13 0.16 0.25 0.32<br />

50 e percentile 36.3 39.5 28.7 31.2 3.1 3.4 0.54 0.59 0.32 0.35 0.62 0.68<br />

75 e percentile 70.5 73.8 55.2 57.7 6.6 7.0 1.08 1.13 0.63 0.66 1.27 1.34<br />

90 e percentile 119.6 122.9 91.8 94.7 13.8 14.5 1.86 1.91 1.09 1.13 2.11 2.16<br />

95 e percentile 165.0 168.6 125.3 128.6 22.6 23.5 2.49 2.55 1.46 1.50 2.88 2.95<br />

97.5 e percentile 216.2 222.9 164.9 167.6 35.0 36.5 3.16 3.23 1.88 1.93 3.54 3.65<br />

99 e percentile 322.9 332.6 229.1 232.3 56.1 58.0 4.59 4.65 2.55 2.59 4.90 4.99<br />

D.S.: déviation standard, Cons.: uniquement consommateurs <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer<br />

64


Tableau 4. L’ingestion estimée <strong>de</strong> contaminants via <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer pour les adolescents (les ingestions qui dépassent les normes sont indiquées en gras),<br />

à l’exception <strong>de</strong>s concentration mesurées <strong>dans</strong> le saumon et le hareng provenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Baltique<br />

dlPCB Dioxine totTEQ<br />

pg TEQ/kg bw/jour<br />

Tous (n=821) Cons. (n=769) Tous (n=821) Cons. (n=769) Tous (n=821) Cons. (n=769)<br />

Moyenne 0.52 0.56 0.33 0.35 0.62 0.66<br />

D.S. 0.66 0.67 0.38 0.38 0.70 0.70<br />

25 e percentile 0.13 0.16 0.09 0.11 0.17 0.21<br />

50 e percentile 0.33 0.36 0.21 0.23 0.41 0.45<br />

75 e percentile 0.68 0.71 0.43 0.46 0.82 0.86<br />

90 e percentile 1.20 1.23 0.76 0.78 1.41 1.46<br />

95 e percentile 1.67 1.71 1.03 1.06 1.93 1.98<br />

97.5 e percentile 2.21 2.25 1.32 1.36 2.43 2.49<br />

99 e percentile 3.05 3.09 1.87 1.89 3.14 3.17<br />

D.S.: déviation standard, Cons.: uniquement consommateurs <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer<br />

Caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Il paraissait pertinent, <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, d’évaluer<br />

en même temps l’ingestion d’aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC<br />

et celle <strong>de</strong> contaminants. Une telle évaluation simultanée est<br />

représentée <strong>dans</strong> les figures ci-<strong>de</strong>ssous. Pour obtenir ces figures,<br />

on a calculé pour chaque individu le ratio <strong>de</strong> l’ingestion<br />

<strong>de</strong> nutriments et <strong>de</strong> contaminants par rapport à <strong>la</strong> norme.<br />

Pour les aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC, <strong>la</strong> recommandation<br />

belge qui fixe que 0.3% <strong>de</strong> l’apport énergétique total doit<br />

provenir d’aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC 28 a été utilisée.<br />

Par conséquent, lorsque ce ratio pour les nutriments est<br />

supérieur à «1», l’ingestion <strong>de</strong> cet individu satisfait à <strong>la</strong> recommandation.<br />

Lorsque ce ratio se situe au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> «1» pour<br />

les contaminants, <strong>la</strong> TWI est alors dépassé. Vu que le risque<br />

<strong>de</strong> dépassement <strong>de</strong> <strong>la</strong> norme était surtout pertinent pour les<br />

substances <strong>de</strong> type dioxine et moins pour le méthylmercure,<br />

seules les figures re<strong>la</strong>tives aux substances <strong>de</strong> type dioxine<br />

sont montrées ci-<strong>de</strong>ssous.<br />

65


1<br />

1.E+01<br />

2<br />

1.E+01<br />

1 2<br />

EPA&DHA (ingestion/recommendation)<br />

1.E+00<br />

1.E-04 1.E-03 1.E-02 1.E-01 1.E+00 1.E+01 1.E+02<br />

3<br />

1.E-01<br />

1.E-02<br />

1.E-03<br />

1.E-04<br />

totTEQ (ingestion/TDI)<br />

4<br />

EPA&DHA (ingestion/recommendation)<br />

1.E+00<br />

1.E-03 1.E-02 1.E-01 1.E+00 1.E+01 1.E+02<br />

3<br />

1.E-01<br />

1.E-02<br />

1.E-03<br />

totTEQ (ingestion/TDI)<br />

4<br />

Figure 2. Ratio <strong>de</strong> l’ingestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité totale <strong>de</strong> substances <strong>de</strong> type dioxine (totTEQ) divisée par <strong>la</strong> DJT et ingestion <strong>de</strong> EPA&DHA divisée par <strong>la</strong> recommendation (échelle logarithmique)<br />

en tenant uniquement compte <strong>de</strong> l’ingestion via <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> fruits <strong>de</strong> mer, et <strong>de</strong> saumon et <strong>de</strong> hareng <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Baltique uniquement ; gauche: adolescents;<br />

droite : adultes<br />

Les figures ci-<strong>de</strong>ssus montrent que <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion examinée ne satisfaisait pas à <strong>la</strong> recommandation<br />

pour les aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC lorsque le poisson<br />

et les fruits <strong>de</strong> mer sont les seules sources prises en compte.<br />

Il y a cependant une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qui dépassait <strong>la</strong><br />

norme pour les substances <strong>de</strong> type dioxine, même sans tenir<br />

compte <strong>de</strong>s autres sources.<br />

4. Considérations spécifiques<br />

En vue <strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>s recommandations <strong>alimentaire</strong>s, <strong>de</strong>s<br />

analyses <strong>de</strong> scénario ont également été effectuées, fournissant<br />

<strong>de</strong>s informations complémentaires, par ex. Quel est<br />

l’apport <strong>de</strong> nutriments et <strong>de</strong> contaminants si du poisson<br />

gras est mangé <strong>de</strong>ux fois par semaine ? La recommandation<br />

pour l’ingestion d’aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC peut-elle<br />

être atteinte via <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> poisson, sans que les<br />

normes re<strong>la</strong>tives à l’ingestion <strong>de</strong>s différents contaminants ne<br />

soient dépassées ? Ces scénarios ont été é<strong>la</strong>borés et évalués.<br />

Les résultats <strong>de</strong> ces analyses <strong>de</strong> scénario sont résumés brièvement<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure ci-<strong>de</strong>ssous.<br />

66


Consommation actuelle<br />

50! poisson gras et 50! maigre<br />

100! poisson gras<br />

Consommation actuelle<br />

50! poisson gras et 50! maigre<br />

100! poisson gras<br />

EPA#DHA (ingestion/recommendation)<br />

2.0<br />

1.0<br />

0.9<br />

0.8<br />

0.7<br />

0.6<br />

0.5<br />

0.4<br />

0.3<br />

0.2<br />

0.1<br />

1x150g<br />

2x150g<br />

3x150g<br />

EPA#DHA (ingestion/recommendation)<br />

2.0<br />

1.0<br />

0.9<br />

0.8<br />

0.7<br />

0.6<br />

0.5<br />

0.4<br />

0.3<br />

0.2<br />

0.1<br />

0.10 1.00<br />

0.04 0.05 0.06 0.08 0.20 0.30 0.40 0.50 0.60 0.80<br />

MeHg (ingestion/TD")<br />

0.1 1.0<br />

0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 2.0<br />

TotTEQ (ingestion/TD")<br />

%<br />

Figure 3. Résultats <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> scénario pour trois modèles différents <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> poisson et trois fréquences différentes <strong>de</strong> consommation, à gauche pour l’évaluation <strong>de</strong><br />

l’ingestion <strong>de</strong> méthylmercure et à droite pour l’évaluation <strong>de</strong> l’ingestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité totale <strong>de</strong> substances <strong>de</strong> type dioxine (échelle logarithmique)<br />

Pour les analyses <strong>de</strong> scénario, on a pris en compte une popu<strong>la</strong>tion<br />

adulte consommant une, <strong>de</strong>ux ou trois fois par semaine<br />

une portion <strong>de</strong> 150g <strong>de</strong> poisson. Ce repas <strong>de</strong> poisson<br />

pouvait soit (1) être basé sur <strong>la</strong> proportion actuelle <strong>de</strong> poisson<br />

maigre et gras <strong>dans</strong> le régime <strong>alimentaire</strong> moyen belge,<br />

soit (2) se composer à moitié <strong>de</strong> poisson gras et à moitié <strong>de</strong><br />

poisson maigre, soit (3) se composer uniquement <strong>de</strong> poisson<br />

gras. Dans tous les scénarios, le saumon et le hareng <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Mer Baltique étaient évités. Les résultats ci-<strong>de</strong>ssus montrent<br />

que, lorsque le poisson gras et le poisson maigre sont alternés,<br />

trois portions par semaine sont nécessaires pour atteindre<br />

<strong>la</strong> norme concernant les aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC,<br />

en ne tenant pas compte <strong>de</strong>s autres sources. Lorsque seul du<br />

poisson gras est choisi, <strong>de</strong>ux portions par semaine suffisent.<br />

Dans aucun <strong>de</strong>s scénarios ci-<strong>de</strong>ssus, il n’y a <strong>de</strong> risque que <strong>la</strong><br />

norme pour le méthylmercure ne soit dépassée. Toutefois,<br />

avec trois portions <strong>de</strong> poisson gras, le risque augmente que<br />

<strong>la</strong> norme pour les substances <strong>de</strong> type dioxine soit dépassée,<br />

surtout lorsque l’on prend également en considération les<br />

autres sources <strong>de</strong> ces contaminants.<br />

67


5. Objectif atteint ?<br />

Contrairement à une approche déterministe, où <strong>de</strong>s estimations<br />

ponctuelles (par exemple <strong>la</strong> moyenne ou le 97,5 e<br />

percentile) sont utilisés et où <strong>la</strong> variabilité n’est pas prise en<br />

compte, l’approche probabiliste a fourni plus <strong>de</strong> résultats détaillés.<br />

C’était pertinent, vu <strong>la</strong> forte variabilité constatée <strong>dans</strong><br />

le régime <strong>alimentaire</strong> <strong>de</strong> différents individus au sein d’une<br />

popu<strong>la</strong>tion d’une part et <strong>la</strong> forte variation <strong>dans</strong> les concentrations<br />

<strong>de</strong> contaminants et nutriments <strong>dans</strong> les aliments marins<br />

d’autre part.<br />

6. Discussions et recommandations<br />

spécifiques<br />

La recommandation actuelle du Conseil Supérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé<br />

belge est <strong>de</strong> manger une ou <strong>de</strong>ux portions <strong>de</strong> poisson <strong>de</strong><br />

150 à 300 g par semaine 27 . Les analyses <strong>de</strong> scénario réalisées<br />

<strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> ce travail confirment cet avis. L’ingestion<br />

d’aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-3 LC par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion belge<br />

est considérablement inférieure à <strong>la</strong> dose recommandée. On<br />

peut atteindre celle-ci en mangeant <strong>de</strong>ux fois par semaine<br />

une portion <strong>de</strong> poisson gras. Dans le scénario où le poisson<br />

gras <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer Baltique a été éliminé du marché belge,<br />

l’ingestion <strong>de</strong> substances <strong>de</strong> type dioxine restait en outre<br />

inférieure à <strong>la</strong> limite au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle le risque <strong>de</strong> dommages<br />

sur <strong>la</strong> santé augmente. En ce qui concerne le mercure,<br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion belge ne court pas vraiment <strong>de</strong> risque. Enfin,<br />

il peut être intéressant <strong>de</strong> varier les espèces <strong>de</strong> poisson gras<br />

choisies, <strong>de</strong> sorte que l’on évite l’ingestion trop fréquente <strong>de</strong>s<br />

espèces les plus contaminées. Il reste important d’expliquer à<br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion que les aliments marins constituent une source<br />

importante <strong>de</strong> nutriments et que leurs bénéfices ne peuvent<br />

être sous-estimés. Il est vrai que ces produits contiennent<br />

également <strong>de</strong>s contaminants nuisibles, mais, si le poisson <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Baltique n’est pas présent sur le marché belge, il n’y a pas<br />

<strong>de</strong> raison <strong>de</strong> s’inquiéter outre mesure si l’avis est suivi.<br />

Cette conclusion – que <strong>la</strong> consommation recommandée <strong>de</strong><br />

poisson n’entraîne pas <strong>de</strong> risque important – dépend cependant<br />

<strong>de</strong> l’existence effective <strong>de</strong> règles strictes et structurées<br />

et <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong> contrôle extensifs, afin <strong>de</strong> veiller à ce<br />

que le poisson contenant <strong>de</strong>s teneurs en contaminants supérieures<br />

aux normes européennes n’arrive pas sur le marché.<br />

Cette conclusion ne peut donc certainement pas servir <strong>de</strong><br />

prétexte pour réduire les mécanismes <strong>de</strong> contrôle existants.<br />

68


7. Références<br />

1. <strong>de</strong> Deckere et al., 1998. Eur J Clin Nutr, 52:749.<br />

2. Kris-Etherton et al., 2002. Circu<strong>la</strong>tion, 106:2747.<br />

3. Kris-Etherton et al., 2003. Arterioscler Thromb Vasc Biol,<br />

23:151.<br />

4. Whelton et al., 2004. Am J Cardiol, 93:1119.<br />

5. Lands, 2005. Fish, omega-3 and human health. 2 ed.<br />

Illinois: AOCS Press.<br />

6. Sioen et al., 2006. Lipids, 41:415.<br />

7. Sioen et al., 2007. J Hum Nutr Diet, In press.<br />

8. Linseisen et al., 2003. Ann Nutr Metab, 47:37.<br />

9. Smith et al., 2002. Food Chem Toxicol, 40:767.<br />

10. Yaktine et al., 2006. Nutrition Reviews, 64:403.<br />

11. Baeyens et al., 2003. Arch Environ Contam Toxicol,<br />

45:498.<br />

12. Petersen, 2000. Food Addit Contam, 17:591.<br />

13. European Commission, 2006. COMMISSION REGULATION<br />

(EC) No 1881/2006 of 19 December 2006 setting maximum<br />

levels for certain contaminants in foodstuffs.<br />

14. C<strong>la</strong>rkson et al., 2006. Crit Rev Toxicol, 36:609.<br />

15. Salonen et al., 2000. Atherosclerosis, 148:265.<br />

16. Chan et al., 2004. Nutr Rev, 62:68.<br />

17. AFSSA. Dioxines, furanes et PCB <strong>de</strong> type dioxine: Evaluation<br />

<strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion française. Disponible<br />

à www.afssa.fr.<br />

18. Fattore et al., 2006. Mol Nutr Food Res, 50:915.<br />

19. Kiviranta et al., 2004. Environ Int, 30:923.<br />

20. Bocio et al., 2005. Environ Res, 97:1.<br />

21. Darnerud et al., 2006. Food Chem Toxicol, 44:1597.<br />

22. R Development Core Team, 2006. R Foundation for Statistical<br />

Computing, Vienna, Austria. ISBN 3-900051-07-0,<br />

Disponible à http://www.R-project.org.<br />

23. Matthys et al., 2003. Eur J Clin Nutr, 57:366.<br />

24. Matthys et al., 2006. Br J Nutr, 95:546.<br />

25. Brunsø et al., 2007. Br Food J, Submitted.<br />

26. Honkanen et al., 2007. Deliverable 4, Project 2.1, SEA-<br />

FOODplus. Disponible à www.seafoodplus.org/Europen_fish_consumption.411.0.html<br />

.<br />

27. Belgian Health Council, 2004. Fish and health of adolescents.<br />

D/2004/7795/3. Disponible à https://portal.health.<br />

fgov.be/pls/portal/.<br />

28. Belgian Health Council, 2006. Voedingsaanbevelingen<br />

voor België. Disponible à https://portal.health.fgov.<br />

be/pls/portal/. Brussels.<br />

69


Evaluation <strong>de</strong> risque pour <strong>la</strong> réglementation et le monitoring<br />

<strong>de</strong>s bactéries <strong>de</strong> quarantaine <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre<br />

Johan Van Vaerenbergh, Brigitte De Paepe, Rachid Tahzima et Annemie Hoe<strong>de</strong>kie<br />

ILVO<br />

La directive phytosanitaire 2000/29/CE protège l’agriculture et<br />

l’horticulture européenne contre un certain nombre d’organismes<br />

particulièrement nuisibles. On ne peut plus importer <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts <strong>de</strong><br />

pommes <strong>de</strong> terre <strong>dans</strong> l’Union européenne (UE) en provenance<br />

<strong>de</strong> pays tiers, à l’exception <strong>de</strong> <strong>la</strong> Suisse, dont le système <strong>de</strong> production<br />

et <strong>de</strong> contrôle est agréé comme équivalent au système<br />

<strong>de</strong> l’UE.<br />

Afin <strong>de</strong> préserver <strong>la</strong> santé du secteur communautaire <strong>de</strong>s<br />

pommes <strong>de</strong> terre, <strong>de</strong>s directives séparées sont en outre mises<br />

en oeuvre pour <strong>la</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire (C<strong>la</strong>vibacter michiganensis<br />

ssp. sepedonicus) et pour <strong>la</strong> pourriture brune (Ralstonia<br />

so<strong>la</strong>nacearum). Les connaissances à propos <strong>de</strong> l’apparition<br />

<strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies, <strong>de</strong> l’échantillonnage, <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> détection,<br />

<strong>de</strong> l’épidémiologie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies ont été<br />

rassemblées <strong>dans</strong> un soli<strong>de</strong> paquet <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong>stinées à<br />

empêcher leur introduction et leur propagation, et à réaliser<br />

leur éradication en cas d’introduction.<br />

Pour les <strong>de</strong>ux organismes, chaque Etat membre doit effectuer<br />

un contrôle systématique <strong>de</strong> sa propre production <strong>de</strong><br />

pommes <strong>de</strong> terre. L’ampleur <strong>de</strong> ce monitoring doit être le<br />

résultat d’une évaluation <strong>de</strong> risque approfondie, fondée sur<br />

<strong>de</strong>s faits scientifiques et statistiques et tenant compte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

détection ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> non détection récente d’une contamination<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> production <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre. Il y a également<br />

<strong>de</strong>s programmes spécifiques pour <strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture<br />

brune <strong>dans</strong> les eaux <strong>de</strong> surface et <strong>la</strong> douce-amère (So<strong>la</strong>num<br />

dulcamara) le long <strong>de</strong>s cours d’eau, et <strong>dans</strong> les déchets soli<strong>de</strong>s<br />

et liqui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre.<br />

Atteinte <strong>de</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire<br />

Atteinte <strong>de</strong> pourriture brune<br />

71


1. Stratégie d’échantillonnage<br />

en vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> détection <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pourriture annu<strong>la</strong>ire<br />

Pour les organismes <strong>de</strong> quarantaine, aucune tolérance n’est<br />

acceptée. La mise en oeuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> tolérance zéro par les<br />

inspections sur le terrain ou le contrôle visuel <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nts est<br />

insuffisante. Dans beaucoup <strong>de</strong> variétés <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre,<br />

l’infection se développe lentement, <strong>de</strong> sorte que pendant <strong>la</strong><br />

culture <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nts, il n’y a pas d’indice <strong>de</strong> ce développement.<br />

C’est pourquoi un test <strong>de</strong> <strong>la</strong>boratoire est effectué sur un<br />

échantillon représentatif. Par conséquent, <strong>la</strong> tolérance zéro<br />

est liée à un résultat négatif du test <strong>de</strong> cet échantillon. Un<br />

modèle pour le calcul <strong>de</strong> cet échantillon représentatif a été<br />

dérivé <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution Poisson <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong><br />

terre infectées sur une parcelle 1 et a ensuite été affiné pour<br />

les tubercules <strong>de</strong> semence 2 . Pour <strong>de</strong> petites valeurs d’infection<br />

comme typiquement pour cette bactérie, <strong>la</strong> probabilité<br />

<strong>de</strong> détection (P) est chiffrée, pour un niveau <strong>de</strong> contamination<br />

donné (i) et pour un nombre donné <strong>de</strong> tubercules <strong>de</strong><br />

semence <strong>dans</strong> l’échantillon (n), par l’équation simplifiée :<br />

P = 1 – e -ni<br />

Dans cette équation, on suppose que (1) le lot est équivalent<br />

à un nombre infini d’éléments, que (2) les tubercules infectés<br />

sont uniformément répartis <strong>dans</strong> le lot, que (3) l’échantillonnage<br />

est entièrement aléatoire et représentatif du lot <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>nts, et que (4) <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> d’analyse donne toujours un<br />

résultat positif dès qu’un seul tubercule infecté est présent<br />

<strong>dans</strong> l’échantillon. Un échantillon statistiquement optimal<br />

doit toutefois être concilié avec le travail d’analyse au <strong>la</strong>bo.<br />

La norme d’échantillonnage recommandée est <strong>de</strong> (au<br />

moins) 1 échantillon par fraction <strong>de</strong> 25 tonnes. Un échantillon<br />

contient 200 tubercules. Cette stratégie a été validée par <strong>de</strong>s<br />

simu<strong>la</strong>tions statistiques sur ordinateur et par un essai pratique.<br />

Dans 25 tonnes <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts (environ 300000 tubercules) d’une<br />

variété à chair b<strong>la</strong>nche, on a mé<strong>la</strong>ngé <strong>de</strong>s tubercules <strong>de</strong> semence<br />

à chair rouge qui représentaient les tubercules infectés<br />

<strong>de</strong> telle façon qu’une infection homogène ou une infection<br />

par agrégats (cluster) soit amenée à 1 % (i = 0,01 ou 3000<br />

tubercules ‘contaminés’ <strong>dans</strong> le lot) et à 0,1 % (i = 0,001 ou 300<br />

tubercules ‘contaminés’ <strong>dans</strong> le lot). Pour 100 échantillonnages<br />

aléatoires <strong>de</strong> 200, 400 ou 1000 tubercules <strong>de</strong> semence, on<br />

a déterminé le nombre re<strong>la</strong>tif d’échantillons présentant au<br />

moins un tubercule <strong>de</strong> pomme <strong>de</strong> terre à chair rouge (P exp<br />

) et<br />

on l’a comparé à <strong>la</strong> probabilité théorique (P th<br />

). Les résultats <strong>de</strong><br />

cette analyse sont repris <strong>dans</strong> le Tableau 1.<br />

Tableau 1. Probabilité théorique (P th<br />

) et expérimentale (P exp<br />

) <strong>de</strong> détection en fonction <strong>de</strong><br />

l’échantillon tiré <strong>de</strong> 25 tonnes <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts avec 1 % ou 0,1 % <strong>de</strong> contamination<br />

i = 0,01 i = 0,001<br />

échantillon<br />

(n)<br />

P th<br />

homogène<br />

P exp<br />

homogène<br />

P exp<br />

cluster<br />

P th<br />

homogène<br />

P exp<br />

homogène<br />

P exp<br />

cluster<br />

200 (1x200) 0,86 0,85 0,83 0,18 0,17 0,13<br />

400 (2x200) 0,98 0,98 0,94 0,33 0,33 0,27<br />

1000 (5x200) 1,00 1,00 0,98 0,63 0,64 0,62<br />

En cas <strong>de</strong> répartition homogène <strong>de</strong> l’infection, les valeurs<br />

expérimentales s’avèrent très bien correspondre aux valeurs<br />

théoriques. Si l’infection est en agrégats, <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong><br />

détection est légèrement plus faible. Il y a en tout cas une<br />

72


certitu<strong>de</strong> suffisante que les principes statistiques présupposés<br />

soient applicables. De ce fait, nous pouvons calculer<br />

qu’avec un seul échantillon <strong>de</strong> 200 tubercules, il existe à peu<br />

près 87 % <strong>de</strong> probabilité d’un résultat positif <strong>de</strong> l’analyse en<br />

présence <strong>de</strong> 1 % d’infection <strong>dans</strong> un lot <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts. S’il y a 0,1 %<br />

d’infection, il y a toutefois 82 % <strong>de</strong> probabilité que l’infection<br />

ne soit pas détectée par l’analyse d’un seul échantillon.<br />

Dans notre système <strong>de</strong> production <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts, <strong>de</strong>s infections<br />

<strong>la</strong>tentes sont en outre plutôt <strong>la</strong> règle que l’exception.<br />

Les p<strong>la</strong>nts <strong>de</strong>stinés à <strong>la</strong> multiplication ne peuvent pas être<br />

coupés, car cette opération peut éventuellement leur<br />

transmettre une infection. Par conséquent, une infection par<br />

C.m. ssp. sepedonicus <strong>dans</strong> un lot <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts est généralement<br />

minime et particulièrement difficile à détecter, à moins d’un<br />

étalement contamination acci<strong>de</strong>ntel causé, par exemple, par<br />

un dégermage mécanique. En 2003, <strong>la</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire a<br />

été détectée pour <strong>la</strong> première fois <strong>dans</strong> <strong>la</strong> production belge<br />

<strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts. Finalement, sept lots <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts présentant une<br />

parenté clonale étaient infectés. Le niveau et <strong>la</strong> <strong>la</strong>tence <strong>de</strong><br />

l’infection ont été mesurés <strong>dans</strong> ces lots par un échantillonnage<br />

adéquat. Le résultat est présenté au Tableau 2.<br />

Tableau 2. Résultats <strong>de</strong> l’échantillonnage <strong>de</strong> lots <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts pour <strong>la</strong> détection <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire, C<strong>la</strong>vibacter michiganensis ssp. sepedonicus<br />

production<br />

nombre d’échantillons analysés et<br />

nombre d’échantillons infectés 1<br />

nombre <strong>de</strong> tubercules <strong>de</strong> semence<br />

tubercules<br />

P pour 200<br />

analysés et nombre (n) nécessaire % d’infection 3 avec pourriture<br />

tubercules<br />

pour une détection positive 2 annu<strong>la</strong>ire 5<br />

4<br />

1 24 20 4800 240 1,25 3 0,918<br />

2 9 8 1800 225 1,33 1 0,930<br />

3 11 4 2200 550 0,54 0 0,660<br />

4 11 8 2200 275 1,09 1 0,887<br />

5 19 1 3800 3800 0,08 0 0,148<br />

6 20 4 4000 1000 0,30 0 0,451<br />

7 8 2 1600 800 0,37 0 0,523<br />

total 102 47 20400 5<br />

1<br />

: un échantillon comprend 200 tubercules<br />

2<br />

: nombre <strong>de</strong> tubercules d’un lot nécessaires pour constater avec 95% <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> l’infection <strong>dans</strong> l’hypothèse d’un tubercule infecté par échantillon positif<br />

3<br />

: sur base <strong>de</strong> P = 1 – e -ni avec P = 0.95 et le résultat exprimé en %<br />

4<br />

: nombre <strong>de</strong> tubercules testés avec <strong>de</strong>s symptômes <strong>de</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire<br />

5<br />

: sur base <strong>de</strong>s valeurs calculées <strong>de</strong> n et i<br />

73


L’infection était supérieure à 1 % <strong>dans</strong> trois productions<br />

<strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts. Avec l’analyse d’un échantillon <strong>de</strong> 200 tubercules,<br />

l’infection aurait été détectée <strong>dans</strong> ces lots avec une<br />

probabilité élevée (P~90 %). L’infection était inférieure à 0,1<br />

% <strong>dans</strong> une seule production. Il est très peu probable que<br />

l’analyse d’un seul échantillon aurait permis <strong>de</strong> détecter cette<br />

contamination (P~15 %). Les trois autres productions avaient<br />

une infection comprise entre 0,3 % et 0,6 %. Ici, l’analyse d’un<br />

seul échantillon aurait été incertaine (45 % < P < 66 %). Pour<br />

pouvoir détecter <strong>la</strong> contamination <strong>dans</strong> ces lots <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts<br />

avec une certitu<strong>de</strong> suffisante (P = 90 %), il aurait fallu analyser<br />

un échantillon <strong>de</strong> 800 tubercules.<br />

Le moment d’échantillonnage est un autre facteur important.<br />

Après <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ntation d’un tubercule <strong>de</strong> semence contaminé, <strong>la</strong><br />

bactérie migre vers les tiges par le circuit vascu<strong>la</strong>ire. De là, elle<br />

atteint les stolons et peut infecter les tubercules nouvellement<br />

formés. En fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> variété <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre<br />

et <strong>de</strong>s conditions climatiques, l’infection progresse <strong>de</strong> façon<br />

plus ou moins graduelle, <strong>de</strong> telle sorte que <strong>la</strong> bactérie n’est<br />

installée convenablement <strong>dans</strong> les nouveaux tubercules que<br />

vers <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> culturale 3 . Par conséquent, l’échantillonnage<br />

au champ <strong>de</strong> tubercules <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre en<br />

vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> détection <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire est déconseillé.<br />

Etant donné que <strong>la</strong> bactérie pénètre <strong>de</strong> façon systémique<br />

<strong>dans</strong> les tubercules via les stolons, <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> détecter<br />

est <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> à l’endroit où le tubercule est relié au<br />

stolon. C’est pourquoi on coupe les talons <strong>de</strong>s 200 tubercules.<br />

L’échantillon est donc réduit à 200 talons <strong>de</strong> tubercules<br />

qui, après traitement, sont analysés au moyen d’un test <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong>bo sensible. Dans les tubercules d’une variété sensible, les<br />

quantités détectables sont rapi<strong>de</strong>ment atteintes pendant <strong>la</strong><br />

saison <strong>de</strong> croissance. Dans les tubercules d’une variété tolérante,<br />

l’imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie se fait plus tardivement et<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire ne <strong>de</strong>vient<br />

suffisamment élevée pour permettre <strong>la</strong> détection que tard<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> saison, comme il ressort <strong>de</strong> <strong>la</strong> Figure 1. Chez certaines<br />

variétés, les tubercules ne sont pas du tout atteints 4,5 .<br />

infection<br />

Bintje<br />

Désiree<br />

Pourriture annu<strong>la</strong>ire <strong>dans</strong> les<br />

tubercules infectés<br />

Infection <strong>la</strong>tente déterminée avec<br />

un test <strong>de</strong> <strong>la</strong>bo<br />

Infection <strong>la</strong>tente pas<br />

déterminée avec un test <strong>de</strong> <strong>la</strong>bo<br />

temps<br />

Figure 1. Représentation du développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire <strong>dans</strong><br />

une variété sensible (Bintje) et <strong>dans</strong> une variété tolérante (Désirée) <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre, et<br />

les implications pour <strong>la</strong> détection<br />

De plus, il n’y a qu’un certain nombre <strong>de</strong> tubercules d’une<br />

p<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> pomme <strong>de</strong> terre infectée qui sont infectés 6 et, étant<br />

donné que <strong>la</strong> propagation d’une p<strong>la</strong>nte à l’autre <strong>dans</strong> une<br />

parcelle est également quasi inexistante 7 , <strong>la</strong> multiplication<br />

<strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nts sur un certain nombre <strong>de</strong> générations au champ<br />

se traduit finalement par une dilution considérable <strong>de</strong> l’infection.<br />

Une infection initiale <strong>de</strong> 5 % peut être décimée sur <strong>de</strong>ux<br />

générations au champ. Dans un essai pratique, 5 tubercules<br />

<strong>de</strong> semence ont été inoculés au niveau du germe apical lors<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce, et on les a p<strong>la</strong>nté parmi 95 tubercules <strong>de</strong><br />

74


semence non inoculés. Les tubercules <strong>de</strong> <strong>la</strong> première génération<br />

au champ (G1) ont fait l’objet d’une analyse individuelle.<br />

Les tubercules infectés ont été conservés séparément et, lors<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième génération au champ (G2), on les a p<strong>la</strong>nté<br />

parmi les tubercules testés négatifs (Tableau 3).<br />

Tableau 3. Dilution <strong>de</strong> l’infection <strong>de</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire <strong>dans</strong> les générations au champ<br />

tubercules <strong>de</strong> semence<br />

p<strong>la</strong>ntés<br />

% d’infection p<strong>la</strong>ntes analysées p<strong>la</strong>ntes infectées tubercules analysés<br />

% <strong>de</strong> tubercules<br />

infectés<br />

G1 100 5,00 a 98 5 891 1,91 b<br />

G2 842 c 1,31 d 827 11 7748 e 0,54 f<br />

a<br />

: 5 tubercules <strong>de</strong> semence inoculés au niveau du germe apical<br />

b<br />

: 1,91% = 17 tubercules infectés sur 891<br />

c<br />

: nombre <strong>de</strong> tubercules rep<strong>la</strong>ntés après conservation<br />

d<br />

: 1,31% = 11 tubercules infectés sur 842<br />

e<br />

: les tubercules <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes infectées provenant <strong>de</strong> G1 ont été analysés individuellement, et les tubercules <strong>de</strong>s autres p<strong>la</strong>ntes ont été analysés en échantillons <strong>de</strong> 200 tubercules<br />

f<br />

: 0,45% = 42 tubercules infectés sur 7748<br />

Après <strong>la</strong> première génération au champ, l’infection <strong>de</strong> pourriture<br />

annu<strong>la</strong>ire a été détectée <strong>dans</strong> 17 <strong>de</strong>s 43 tubercules <strong>de</strong>s<br />

5 p<strong>la</strong>ntes infectées qui avaient été mises <strong>dans</strong> <strong>la</strong> parcelle. Sur<br />

un total <strong>de</strong> 891 tubercules analysés, l’infection initiale a, par<br />

conséquent, été réduite <strong>de</strong> 5 % à 1,91 %. Sur les autres p<strong>la</strong>ntes,<br />

on n’a pas détecté <strong>de</strong> tubercules infectés.<br />

Sur les 17 tubercules infectés, 6 tubercules présentant <strong>la</strong><br />

pourriture annu<strong>la</strong>ire ont été perdus en cours <strong>de</strong> conservation.<br />

Après <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième génération au champ, 42 tubercules<br />

atteints <strong>de</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire ont été trouvés sur un<br />

total <strong>de</strong> 7748 tubercules analysés. L’infection finale s’est, par<br />

conséquent, soldée par un taux <strong>de</strong> 0,54 %, soit à peu près<br />

1/10 e <strong>de</strong> l’infection initiale. Sur les 42 tubercules testés positifs,<br />

37 avaient été produits par les 11 p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong><br />

terre issues <strong>de</strong> tubercules notoirement infectés. Les 5 autres<br />

tubercules testés positifs provenaient <strong>de</strong> 3 p<strong>la</strong>ntes issues<br />

<strong>de</strong> tubercules testés négatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> première génération au<br />

champ. Ces tubercules avaient probablement été produits<br />

par les p<strong>la</strong>ntes infectées qui avaient été mises sur <strong>la</strong> parcelle<br />

G1 comme infection initiale. Dans ces tubercules, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire <strong>dans</strong> le talon du<br />

tubercule aurait été inférieure à <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> détection.<br />

75


Conclusion<br />

L’apparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire <strong>dans</strong><br />

les p<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre est particulièrement capricieuse<br />

et imprévisible du fait <strong>de</strong> l’état <strong>la</strong>tent <strong>de</strong> l’infection, <strong>de</strong><br />

l’absence <strong>de</strong> propagation <strong>dans</strong> une parcelle et <strong>de</strong> <strong>la</strong> dilution<br />

<strong>de</strong> l’infection initiale au cours <strong>de</strong>s générations successives<br />

au champ. Comme <strong>la</strong> tolérance zéro est mise en oeuvre par<br />

l’échantillonnage, il est important pour l’autorité phytosanitaire<br />

<strong>de</strong> définir, pour l’ampleur du monitoring, le niveau auquel<br />

<strong>la</strong> pourriture annu<strong>la</strong>ire n’est pas détectée. Si on prend comme<br />

valeur limite une infection <strong>de</strong> 0,1 % avec une probabilité <strong>de</strong><br />

détection <strong>de</strong> 90 %, il faudrait analyser 2300 tubercules <strong>de</strong><br />

chaque lot. Ce qui n’est pas réalisable, ni d’un point <strong>de</strong> vue<br />

économique pour les entreprises, ni d’un point <strong>de</strong> vue technique<br />

pour les <strong>la</strong>boratoires. Dans le système belge, on p<strong>la</strong>ce<br />

donc le filet aux mailles les plus fines au début <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière <strong>de</strong><br />

production, et ensuite les mailles sont modulées en fonction<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts, le but principalement visé étant <strong>de</strong><br />

tenir les choses à l’œil. Pour les lots qui sont introduits <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

multiplication, un échantillon <strong>de</strong> 1000 tubercules donne une<br />

probabilité <strong>de</strong> 63 % <strong>de</strong> détecter une infection <strong>de</strong> 0,1 %. Une<br />

fois qu’un lot <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> base est admis <strong>dans</strong> le système<br />

<strong>de</strong> production, <strong>de</strong>s mesures spécifiques sont nécessaires<br />

pour empêcher l’introduction d’une infection <strong>de</strong> pourriture<br />

annu<strong>la</strong>ire, en particulier éviter le contact avec les pommes <strong>de</strong><br />

terre <strong>de</strong> consommation.<br />

2. Infection et persistance <strong>de</strong> Ralstonia<br />

so<strong>la</strong>nacearum ras3/biovar2 <strong>dans</strong> les<br />

adventices <strong>de</strong>s cultures et les rotations<br />

<strong>de</strong> cultures après arrosage avec<br />

<strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface contaminées<br />

La bactérie ras3/biovar2 est <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture brune <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> pomme <strong>de</strong> terre <strong>dans</strong> les régions à climat tempéré. Après les<br />

premières constatations en 1989, <strong>la</strong> pourriture brune a officiellement<br />

été constatée <strong>dans</strong> 28 productions <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre<br />

dont 22 se situaient <strong>dans</strong> <strong>de</strong>ux régions centrales à sol sablonneux<br />

où <strong>de</strong>s parcelles <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre étaient régulièrement<br />

arrosées avec <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface. Après coup, un réseau<br />

<strong>de</strong> cours d’eau et <strong>de</strong> drainage afférent <strong>de</strong> cette région s’est révélé<br />

être contaminé par <strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture brune. L’introduction<br />

<strong>de</strong> l’organisme nuisible pour les p<strong>la</strong>ntes s’est probablement<br />

produite avec <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre primeurs d’Egypte. Suite à<br />

l’introduction acci<strong>de</strong>ntelle <strong>dans</strong> le canal Bocholt-Herentals par le<br />

biais d’eaux <strong>de</strong> traitement contaminées issues <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation<br />

<strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre, <strong>la</strong> bactérie a pu se fixer <strong>dans</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte<br />

sauvage douce-amère (So<strong>la</strong>num dulcamara). La douce-amère est<br />

une p<strong>la</strong>nte vivace <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s so<strong>la</strong>nacées qui se rencontre<br />

couramment sur les rives <strong>de</strong>s cours d’eau. Dans cet habitat, elle<br />

croît avec les racines <strong>dans</strong> l’eau. Un monitoring a dressé <strong>la</strong> carte<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> propagation <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong> sorte qu’un règlement<br />

phytosanitaire sur l’utilisation <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface pour les cultures<br />

agricoles a pu être institué. L’AM du 14 février 2000 interdit<br />

l’utilisation <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface pour l’arrosage et l’application<br />

<strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s sur les parcelles <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre (ainsi que<br />

pour <strong>la</strong> culture <strong>de</strong>s tomates et aubergines) <strong>dans</strong> 42 communes<br />

<strong>de</strong>s provinces d’Anvers et du Limbourg, comme représenté par<br />

<strong>la</strong> Figure 2.<br />

76


1000000<br />

100000<br />

10000<br />

log ufc + 1 par litre<br />

1000<br />

100<br />

10<br />

1<br />

1 5 9 13 17 21 25 29 33 37 41 45 49<br />

semaine<br />

Figure 2. Régions soumises à une interdiction d’arroser les parcelles <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre<br />

et échantillonnage <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface<br />

Figure 3. Evolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination <strong>de</strong> Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum R3bv2 <strong>dans</strong> l’eau<br />

<strong>de</strong> canal mesurée sur une p<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> douce-amère infectée (courbe rouge: évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

contamination <strong>de</strong> l’eau à différents moments <strong>de</strong> l’échantillonnage; courbe bleu: courbe<br />

<strong>de</strong> tendance)<br />

Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum est mesurable <strong>dans</strong> l’eau <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin<br />

du printemps au début <strong>de</strong> l’automne 8 . L’activité <strong>de</strong>s racines<br />

provoque un renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination et est principalement<br />

induite par le réchauffement <strong>de</strong> l’eau. Ce faisant,<br />

ce<strong>la</strong> entraîne une multiplication active <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie <strong>dans</strong><br />

les racines, qui s’écoule ensuite <strong>dans</strong> l’eau par celles-ci. Les<br />

précipitations provoquent un effet <strong>de</strong> dilution. On mesure<br />

donc <strong>de</strong>s pics <strong>de</strong> contamination comme le présente <strong>la</strong> Figure<br />

3. Les cours d’eau contaminés ne peuvent être nettoyés que<br />

par l’élimination <strong>de</strong> <strong>la</strong> douce-amère.<br />

Cette interdiction d’arrosage ne s’applique pas aux autres<br />

productions agricoles. On sait cependant que différentes<br />

adventices et p<strong>la</strong>ntes cultivées n’appartenant pas à <strong>la</strong><br />

famille <strong>de</strong>s so<strong>la</strong>nacées (So<strong>la</strong>naceae), peuvent assimiler <strong>de</strong>s<br />

infections (<strong>la</strong>tentes) <strong>de</strong> Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum R3bv2 <strong>dans</strong><br />

<strong>de</strong>s conditions météorologiques chau<strong>de</strong>s et humi<strong>de</strong>s 9 . Si <strong>la</strong><br />

bactérie peut hiverner <strong>de</strong> façon viable et virulente, quel est le<br />

risque d’infection par <strong>la</strong> pourriture brune <strong>dans</strong> les p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong><br />

pommes <strong>de</strong> terre qui sont ensuite cultivées 10 ?<br />

77


(Chenopodium album), le chrysanthème <strong>de</strong>s blés (Chrysanthemum<br />

segetum), le séneçon commun (Senecio vulgaris) et<br />

l’ortie brû<strong>la</strong>nte (Urtica urens). Aucune infection n’a toutefois<br />

été constatée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> tige. Dans <strong>la</strong> morelle noire (So<strong>la</strong>num nigrum),<br />

en revanche, on a établi tant une infection <strong>de</strong>s racines<br />

qu’une infection systémique. Les résultats sont présentés en<br />

Figure 5.<br />

1 2 3<br />

Figure 4. Protocole d’essai pour l’analyse <strong>de</strong> l’infection et <strong>de</strong> <strong>la</strong> persistance <strong>de</strong> Ralstonia<br />

so<strong>la</strong>nacearum R3bv2 <strong>dans</strong> les adventices <strong>de</strong>s cultures et <strong>dans</strong> les p<strong>la</strong>ntes cultivées<br />

Les bases scientifiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation ont été apportées<br />

par l’acquisition <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>stination <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture brune <strong>dans</strong> un régime d’arrosage<br />

excessif (16 applications <strong>de</strong> 25 mm par m2) <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes<br />

cultivées et d’adventices <strong>de</strong>s cultures, avec <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> rivière<br />

contaminée (10 4 -10 6 ufc par litre). L’infection et <strong>la</strong> persistance<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture brune ont finalement été<br />

analysées <strong>dans</strong> 37 variétés d’adventices <strong>de</strong>s cultures et <strong>dans</strong><br />

8 p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> culture pouvant être cultivées en rotation avec<br />

<strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre. Ce protocole d’essai est représenté par<br />

<strong>la</strong> Figure 4.<br />

Les conditions météorologiques durant l’analyse étaient très<br />

favorables à <strong>la</strong> bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture brune <strong>de</strong> début juin à<br />

fin août avec une température maximale au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 25°C et<br />

243 mm <strong>de</strong> précipitations durant 43 jours. A <strong>la</strong> fin du régime<br />

d’arrosage, <strong>de</strong>s cellules virulentes <strong>de</strong> Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum<br />

ont été isolées sur 5 adventices d’un an, à savoir l’amarante<br />

réfléchie (Amaranthus retroflexus), le chénopo<strong>de</strong> b<strong>la</strong>nc<br />

4 5 6<br />

Figure 5. Présence <strong>de</strong> cellules virulentes <strong>de</strong> Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum R3bv2 <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s<br />

adventices <strong>de</strong>s cultures <strong>dans</strong> un régime d’arrosage excessif avec <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> rivière<br />

contaminée ( 1 Amaranthus retroflexus, 2 Chenopodium album, 3 Chrysanthemum segetum,<br />

4<br />

Senecio vulgaris, 5 So<strong>la</strong>num nigrum, 6 Urtica urens)<br />

Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum n’a été découvert ni <strong>dans</strong> les adventices<br />

vivaces ni <strong>dans</strong> les p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> culture cultivées. Sur<br />

les champs <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre, 63 <strong>de</strong>s 150 p<strong>la</strong>ntes étaient<br />

infectées par <strong>la</strong> pourriture brune à un <strong>de</strong>gré plus ou moins<br />

important. La contamination du sol était évi<strong>de</strong>nte durant le<br />

régime d’arrosage mais 17 jours après le <strong>de</strong>rnier arrosage, on<br />

ne pouvait déjà plus l’établir.<br />

La bactérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pourriture brune a atteint sa <strong>de</strong>nsité <strong>la</strong> plus<br />

élevée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> morelle noire et cette p<strong>la</strong>nte a été choisie<br />

78


comme modèle pour étudier sa persistance et son infectivité<br />

après hivernage naturel. Dans <strong>de</strong>s conteneurs <strong>de</strong> 45 litres <strong>de</strong><br />

terre, 25-30 morelles noires ont été infectées par Ralstonia<br />

so<strong>la</strong>nacearum R3bv2, par ‘soil drenching’. Les conteneurs ont<br />

été enterrés pour régler <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre sur <strong>la</strong> surface<br />

environnante. La contamination <strong>dans</strong> les conteneurs a été<br />

mesurée <strong>de</strong> <strong>la</strong> mi-décembre à <strong>la</strong> mi-avril à différentes profon<strong>de</strong>urs.<br />

Les morelles noires ont été détruites par le gel. Mi-avril,<br />

on ne pouvait encore mesurer un résidu <strong>de</strong> cellules virulentes<br />

<strong>de</strong> bactérie <strong>de</strong> pourriture brune que <strong>dans</strong> les couches <strong>de</strong><br />

terre inférieures <strong>de</strong>s conteneurs comme indiqué en Figure 6.<br />

10000000<br />

log Raso par gram terre<br />

1000000<br />

100000<br />

10000<br />

1000<br />

100<br />

10<br />

1<br />

w44 w48 w02 w06 w10 w14<br />

échantillonage<br />

Trois p<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong> ont alors été p<strong>la</strong>ntés et cultivés <strong>dans</strong><br />

chaque conteneur. Après 75 jours, aucune infection par <strong>la</strong><br />

pourriture brune n’a été constatée, que ce soit <strong>dans</strong> les pommes<br />

<strong>de</strong> terre ou <strong>dans</strong> les p<strong>la</strong>nts (<strong>la</strong>tente). A ce moment, plus<br />

aucun résidu <strong>de</strong> Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum n’a pu être mesuré<br />

<strong>dans</strong> le sol.<br />

Conclusion<br />

Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum R3Bv2 peut être présent, par arrosage,<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> rhizosphère d’adventices d’un an. Après hivernage<br />

<strong>de</strong> morelles noires (So<strong>la</strong>num nigrum) infectées, <strong>de</strong>s cellules<br />

bactériennes viables et virulentes <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie sont libérées<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> terre. Ce résidu <strong>de</strong> contamination ne résulte pas en<br />

une infection par <strong>la</strong> pourriture brune <strong>dans</strong> les p<strong>la</strong>ntes ou<br />

p<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre. Il n’y a aucune indication que <strong>de</strong>s<br />

cellules <strong>de</strong> Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum se soient transformées en<br />

une forme viable mais non cultivable. Dans les conditions <strong>de</strong><br />

l’étu<strong>de</strong>, il ressort que l’arrosage <strong>de</strong> parcelles agricoles avec<br />

<strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface contaminées par Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum<br />

durant l’année <strong>de</strong> culture précédant celle <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong><br />

terre n’implique aucun risque manifeste d’infection par <strong>la</strong><br />

pourriture brune.<br />

Figure 6. Persistance <strong>de</strong> Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum R3bv2 à 20-30 cm <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>dans</strong><br />

<strong>de</strong>s conteneurs <strong>de</strong> terre durant et après hivernage <strong>de</strong> morelles noires infectées par ‘soil<br />

drenching’ (les différentes courbes représentent les différents conteneurs <strong>de</strong> terre ; w =<br />

semaine)<br />

79


3. Conclusion générale<br />

En se faisant une idée <strong>de</strong>s aspects clés <strong>de</strong> <strong>la</strong> biologie et <strong>de</strong><br />

l’épidémiologie, il est possible d’offrir une base scientifique<br />

suffisante aux programmes phytosanitaires re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong><br />

pourriture annu<strong>la</strong>ire et à <strong>la</strong> pourriture brune <strong>de</strong> <strong>la</strong> pomme <strong>de</strong><br />

terre. Grâce à un monitoring efficace et à une réglementation<br />

pertinente, il est possible <strong>de</strong> donner au secteur <strong>la</strong> protection<br />

nécessaire à l’égard <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong> ces ma<strong>la</strong>dies.<br />

4. Références<br />

1. Lund et al., 1985. Am Potato J, 62:347.<br />

2. C<strong>la</strong>yton et al., 1988. Am Potato J, 65:711.<br />

3. De Boer et al., 1992. Potato Res, 35:207.<br />

4. De Boer et al., 1990. Am Potato J, 67:685.<br />

5. Hukkanen et al., 2005. J P<strong>la</strong>nt Dis Prot, 112:88.<br />

6. Langerfeld et al., 1992. Nachrichtenb<strong>la</strong>tt <strong>de</strong>s Deutschen<br />

Pf<strong>la</strong>nzenschutzdienstes, 44:157.<br />

7. Mansfeld-Giese, 1997. Potato Res, 40:229.<br />

8. Elphinstone et al., 1998. EPPO Bulletin, 26:663.<br />

9. Janse et al., 2004. J P<strong>la</strong>nt Pathol, 86:147.<br />

10. Van Vaerenbergh et al., 2006. Presentation at the 4th<br />

International Bacterial Wilt Symposium, York, July 2006.<br />

80


<strong>Application</strong><br />

<strong>de</strong> l’évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> par les<br />

gestionnaires <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

81


<strong>Application</strong> <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> par les gestionnaires <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Frans Verstraete<br />

Commission Européenne<br />

Le Règlement (CE) N° 178/2002 du Parlement européen et du<br />

Conseil du 28 janvier 2002 établissant les principes généraux<br />

et les prescriptions générales <strong>de</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>alimentaire</strong>,<br />

instituant l’Autorité européenne <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>s aliments<br />

et fixant <strong>de</strong>s procédures re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées<br />

<strong>alimentaire</strong>s («Légis<strong>la</strong>tion <strong>alimentaire</strong> générale») établit au<br />

niveau européen comment l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> doit<br />

être appliquée par les gestionnaires <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> en matière<br />

<strong>de</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>alimentaire</strong> assurant <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées<br />

<strong>alimentaire</strong>s.<br />

La légis<strong>la</strong>tion <strong>alimentaire</strong> générale poursuit un niveau élevé<br />

<strong>de</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé <strong>de</strong>s personnes, en<br />

tenant compte, le cas échéant, <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé<br />

et du bien-être <strong>de</strong>s animaux, <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes et <strong>de</strong><br />

l’environnement.<br />

Pour adopter une approche suffisamment globale et intégrée<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s, il convient <strong>de</strong> définir<br />

<strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>alimentaire</strong> au sens <strong>la</strong>rge <strong>de</strong> manière à couvrir<br />

un <strong>la</strong>rge éventail <strong>de</strong> dispositions ayant un effet direct ou indirect<br />

sur <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s et <strong>de</strong>s aliments<br />

pour animaux, notamment les dispositions sur les matériaux<br />

et objets en contact avec <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s, sur les aliments<br />

pour animaux et les autres intrants agricoles au niveau<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> production primaire.<br />

Pour assurer <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s, il convient<br />

<strong>de</strong> prendre en considération tous les aspects <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

<strong>de</strong> production <strong>alimentaire</strong> <strong>dans</strong> sa continuité, à partir <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> production primaire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> production d’aliments pour<br />

animaux jusqu’à <strong>la</strong> vente ou à <strong>la</strong> fourniture <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées<br />

<strong>alimentaire</strong>s au consommateur, étant donné que chaque<br />

élément peut avoir un impact potentiel sur <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s.<br />

Lorsque <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion <strong>alimentaire</strong> se propose <strong>de</strong> réduire,<br />

d’éliminer ou d’éviter un risque pour <strong>la</strong> santé, les trois volets<br />

interconnectés <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> — évaluation <strong>de</strong>s<br />

<strong>risques</strong>, gestion <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> et communication re<strong>la</strong>tive aux<br />

<strong>risques</strong> — constituent une méthodologie systématique pour<br />

déterminer <strong>de</strong>s mesures efficaces, proportionnées et ciblées<br />

ou d’autres actions pour protéger <strong>la</strong> santé.<br />

Il est reconnu que l’évaluation scientifique <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> ne<br />

peut à elle seule, <strong>dans</strong> certains cas, fournir toutes les informations<br />

sur lesquelles une décision <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

doit se fon<strong>de</strong>r et que d’autres facteurs pertinents doivent<br />

légitimement être pris en considération, notamment <strong>de</strong>s<br />

facteurs sociétaux, économiques, traditionnels, éthiques et<br />

environnementaux, ainsi que <strong>la</strong> faisabilité <strong>de</strong>s contrôles.<br />

83


Le principe <strong>de</strong> précaution a été invoqué pour assurer <strong>la</strong><br />

protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Communauté, créant ainsi <strong>de</strong>s<br />

entraves à <strong>la</strong> libre circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s et <strong>de</strong>s<br />

aliments pour animaux. C’est pourquoi une base uniforme<br />

<strong>dans</strong> l’Union a été adoptée pour régir le recours à ce principe.<br />

Dans les circonstances particulières où un risque pour <strong>la</strong><br />

vie ou <strong>la</strong> santé existe, mais où une incertitu<strong>de</strong> scientifique<br />

persiste, le principe <strong>de</strong> précaution fournit un mécanisme<br />

permettant <strong>de</strong> déterminer <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

ou d’autres actions en vue d’assurer le niveau élevé <strong>de</strong><br />

protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé choisi <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Communauté.<br />

La sécurité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s et <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s<br />

intérêts <strong>de</strong>s consommateurs constituent une préoccupation<br />

croissante du grand public, <strong>de</strong>s organisations non gouvernementales,<br />

<strong>de</strong>s associations professionnelles, <strong>de</strong>s partenaires<br />

commerciaux internationaux et <strong>de</strong>s organisations du commerce<br />

international. Il est nécessaire d’assurer <strong>la</strong> confiance<br />

<strong>de</strong>s consommateurs et <strong>de</strong>s partenaires commerciaux à<br />

travers un processus ouvert et transparent d’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

légis<strong>la</strong>tion <strong>alimentaire</strong> et à travers l’adoption, par les autorités<br />

publiques, <strong>de</strong> mesures appropriées en vue d’informer <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion lorsqu’il existe <strong>de</strong>s motifs raisonnables <strong>de</strong> soupçonner<br />

que <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées <strong>alimentaire</strong>s peuvent présenter un<br />

risque pour <strong>la</strong> santé.<br />

84


Recommandations<br />

générales et conclusions<br />

85


Recommandations générales et conclusions<br />

Xavier Van Huffel<br />

AFSCA<br />

Le Comité scientifique <strong>de</strong> l’AFSCA a organisé le 20 octobre<br />

2006 avec le secrétariat scientifique un workshop intitulé<br />

«<strong>Application</strong> <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>».<br />

Cet atelier était p<strong>la</strong>cé sous <strong>la</strong> direction scientifique<br />

du Prof. dr. ir. D. Berkvens – membre du Comité scientifique<br />

– et a été suivi par quelque 140 invités provenant <strong>de</strong> divers<br />

horizons (pouvoirs publics, mon<strong>de</strong> académique, secteurs,<br />

établissements <strong>de</strong> recherche, organes consultatifs, consommateurs,<br />

…).<br />

L’objectif du workshop consistait en premier lieu à dresser<br />

le cadre <strong>dans</strong> lequel se déroule l’analyse <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> <strong>dans</strong> le<br />

domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>, et d’indiquer<br />

ses possibilités et ses limites. Ensuite, une série d’exemples<br />

pratiques d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas détaillées a été présentée.<br />

Les thèmes <strong>de</strong> réflexion suivants ont été abordés.<br />

L’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> est l’un <strong>de</strong>s trois piliers <strong>de</strong> l’analyse<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong><br />

Avec <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> et <strong>la</strong> communication re<strong>la</strong>tive aux<br />

<strong>risques</strong>, l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> constitue l’un <strong>de</strong>s trois piliers<br />

<strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. L’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> occupe une<br />

p<strong>la</strong>ce centrale <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mission <strong>de</strong> base <strong>de</strong> l’AFSCA et elle assure<br />

<strong>la</strong> mise au point <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> contrôle, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns<br />

d’échantillonnage et d’analyse, et donc <strong>la</strong> prise <strong>de</strong>s décisions<br />

stratégiques adéquates.<br />

Au niveau européen, l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> est également<br />

utilisée comme processus central pour <strong>la</strong> préparation et<br />

<strong>la</strong> décision <strong>de</strong> <strong>la</strong> stratégie à suivre. Il n’existe toutefois pas<br />

encore d’harmonisation c<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’approche et <strong>de</strong> <strong>la</strong> méthodologie<br />

utilisées par les Etats membres pour réaliser une<br />

évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. L’EFSA a dès lors préconisé <strong>de</strong> faire <strong>de</strong><br />

cette harmonisation un important objectif pour les prochaines<br />

années.<br />

Au cours <strong>de</strong> l’atelier, différents aspects, qui sont d’une importance<br />

primordiale pour <strong>la</strong> réalisation experte d’une évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> et pour l’interprétation <strong>de</strong> ses résultats, ont été<br />

abordés.<br />

Utilisation d’une terminologie uniforme et correcte<br />

Lors <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, il y a lieu d’utiliser une terminologie<br />

uniforme et correcte afin d’éviter toute confusion <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> compréhension. Songeons, par exemple, aux notions <strong>de</strong><br />

base <strong>de</strong> «danger» et <strong>de</strong> «risque», qui ne peuvent se confondre.<br />

L’importance d’une terminologie correcte avait d’ailleurs déjà été<br />

précocement reconnue par le Comité scientifique, ce qui l’avait<br />

amené à rédiger une brochure : «Terminologie en matière d’ana-<br />

87


lyse <strong>de</strong>s dangers et <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> selon le Co<strong>de</strong>x Alimentarius»<br />

(cette brochure peut être consultée sur internet à l’adresse www.<br />

afsca.be/home/com-sci/doc/thema/SciCom_Term_Fr.pdf ). Lors<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> rédaction <strong>de</strong> <strong>la</strong> présente brochure, «<strong>Application</strong> <strong>de</strong> l’évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>», il a également<br />

été <strong>de</strong>mandé aux auteurs d’accor<strong>de</strong>r une attention particulière à<br />

l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> terminologie correcte.<br />

L’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> est un processus structuré, scientifiquement<br />

fondé, indépendant, objectif et transparent<br />

L’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> consiste en un exercice <strong>de</strong> réflexion<br />

scientifique structuré (<strong>de</strong>sk-top research), effectué par étapes<br />

et qui se déroule <strong>de</strong> façon indépendante, objective, transparente<br />

et multidisciplinaire.<br />

Au départ d’un questionnement c<strong>la</strong>ir et bien défini, on décrit<br />

les termes <strong>de</strong> référence à l’intérieur <strong>de</strong>squels sera réalisée<br />

l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. Cette <strong>de</strong>rnière se caractérise par quatre<br />

éléments principaux, à savoir : l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s dangers,<br />

<strong>la</strong> caractérisation <strong>de</strong>s dangers, l’évaluation <strong>de</strong> l’exposition et <strong>la</strong><br />

caractérisation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>.<br />

En fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> disponibilité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s données,<br />

on procé<strong>de</strong>ra à une évaluation qualitative ou quantitative <strong>de</strong>s<br />

<strong>risques</strong>, ou à une combinaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux. La méthodologie<br />

pour <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> est encore en<br />

pleine évolution. Outre une approche qualitative, on opte<br />

<strong>de</strong> plus en plus pour <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s quantitatives. Celles-ci<br />

peuvent être <strong>de</strong> nature déterministe (ponctuelle) ou reposer<br />

sur une approche probabiliste. Cette <strong>de</strong>rnière tient compte<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution <strong>de</strong>s données. Des questions plus complexes<br />

peuvent être étudiées à l’ai<strong>de</strong> d’une analyse <strong>risques</strong>-bénéfices<br />

et <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s d’analyse <strong>de</strong> scénarios.<br />

L’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> requiert une approche multidisciplinaire<br />

basée sur l’expertise indépendante émanant <strong>de</strong><br />

disciplines diverses : microbiologie, chimie, statistiques, épidémiologie,<br />

toxicologie, technologie <strong>de</strong>s aliments, mé<strong>de</strong>cine<br />

<strong>de</strong> santé publique, …<br />

Une évaluation soli<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> disponibilité<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s données<br />

La collecte, <strong>la</strong> sélection, le c<strong>la</strong>ssement et l’évaluation <strong>de</strong>s<br />

données est un élément important et essentiel du processus<br />

d’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, et cet élément prend une gran<strong>de</strong><br />

partie du temps à consacrer à cette évaluation.<br />

Il est nécessaire <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> données numériques<br />

concernant aussi bien le danger que l’ingestion <strong>de</strong>s aliments.<br />

Ces données doivent être utilisées <strong>de</strong> manière critique par<br />

l’expert en évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>.<br />

Le résultat d’une évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> n’est jamais définitif.<br />

Dès que <strong>de</strong> nouvelles données sont disponibles, le processus<br />

doit être répété.<br />

La seule certitu<strong>de</strong> <strong>dans</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> est l’existence<br />

<strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong><br />

L’incertitu<strong>de</strong> est une caractéristique inhérente à l’évaluation<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. Cette incertitu<strong>de</strong> peut être liée à un manque<br />

<strong>de</strong> connaissance (incertitu<strong>de</strong> épistémologique) ou à une<br />

variabilité biologique (incertitu<strong>de</strong> stochastique). L’évaluateur<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong> doit i<strong>de</strong>ntifier ces incertitu<strong>de</strong>s et en tenir compte<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>.<br />

88


L’existence <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> ne peut pas être prise à <strong>la</strong> légère<br />

pour invoquer le principe <strong>de</strong> précaution lors <strong>de</strong> décisions<br />

à prendre. Ce principe <strong>de</strong> précaution a été abordé plus en<br />

détail lors du workshop <strong>de</strong> 2005. Les textes re<strong>la</strong>tifs à ce workshop<br />

peuvent être consultés sur le site internet <strong>de</strong> l’AFSCA<br />

(www.afsca.be/home/com-sci/workshops_fr.asp#02).<br />

C’est en forgeant qu’on <strong>de</strong>vient forgeron<br />

Etant donné qu’il n’existe pas <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> standardisée bien<br />

définie pour l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, il est important d’acquérir<br />

les connaissances et <strong>la</strong> compétence en procédant à <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas. Leur résultat doit faire l’objet d’une évaluation<br />

critique (peer-review). Au sein du Comité scientifique <strong>de</strong><br />

l’AFSCA, cette peer-review <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> réalisée<br />

par le secrétariat scientifique et par un groupe <strong>de</strong> travail ad<br />

hoc, est faite par le Comité scientifique au complet.<br />

Au cours du workshop, un certain nombre d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

cas concernant différents secteurs ont été présentées. A<br />

cette occasion, plusieurs dangers ont été abordés, comme:<br />

Campylobacter et Salmonel<strong>la</strong> <strong>dans</strong> les produits avicoles,<br />

les bactéries <strong>de</strong> quarantaine <strong>dans</strong> les pommes <strong>de</strong> terre, les<br />

dioxines <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> et les mycotoxines <strong>dans</strong><br />

le jus <strong>de</strong> pommes. Y ont été développés <strong>de</strong>s exemples tant<br />

d’une évaluation déterministe que probabiliste <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>.<br />

On s’est également penché sur <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s (telle que<br />

l’évaluation <strong>risques</strong>-bénéfices) qui permettent tout <strong>de</strong> même<br />

d’informer le consommateur <strong>de</strong> manière correcte lors <strong>de</strong><br />

situations conflictuelles entre <strong>de</strong>s recommandations <strong>alimentaire</strong>s<br />

favorables (consommation <strong>de</strong> poisson et aci<strong>de</strong>s gras<br />

oméga-3) et <strong>de</strong>s dangers toxicologiques (consommation <strong>de</strong><br />

poisson et contaminants). Toutefois, il n’existe pour l’instant<br />

aucun consensus à propos <strong>de</strong> paramètres communs pouvant<br />

mesurer le bénéfice ou le caractère nuisible <strong>de</strong>s aliments<br />

pour <strong>la</strong> santé.<br />

Enfin, le <strong>de</strong>rnier intervenant s’est penché plus en détail sur<br />

l’utilisation <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> par les gestionnaires<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. Une évaluation scientifiquement fondée <strong>de</strong>s<br />

<strong>risques</strong> constitue l’un <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> départ les plus importants<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong> normes,<br />

les gestionnaires <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> se basent toutefois aussi sur<br />

d’autres critères sociaux pour parvenir à une prise <strong>de</strong> décision.<br />

La communication au consommateur a également été<br />

considérée comme une tâche importante du gestionnaire<br />

<strong>de</strong>s <strong>risques</strong>.<br />

Cette brochure a été rédigée afin <strong>de</strong> valoriser les précieuses<br />

contributions <strong>de</strong>s différents intervenants du workshop 2006.<br />

Le secrétariat scientifique souhaite dès lors aussi remercier<br />

en particulier toutes les personnes et col<strong>la</strong>borateurs qui y ont<br />

contribué.<br />

89


Glossaire explicatif<br />

91


Acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Seveso<br />

Le 10 juillet 1976, un réacteur TCP (2,4,5-trichlorophénol)<br />

d’une usine chimique explosait à Meda, en Italie, <strong>la</strong>issant ainsi<br />

s’échapper un nuage <strong>de</strong> gaz toxique à haute concentration<br />

en dioxine qui pollua un territoire <strong>de</strong>nse en popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> 6<br />

km <strong>de</strong> long sur 1 km <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge, provoquant <strong>de</strong> nombreux cas<br />

<strong>de</strong> décès. Le vil<strong>la</strong>ge voisin <strong>de</strong> Seveso fut fortement touché,<br />

d’où l’appel<strong>la</strong>tion acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Seveso.<br />

Analyse basée sur <strong>la</strong> régression<br />

L’analyse basée sur <strong>la</strong> régression est une technique statistique<br />

pour l’analyse <strong>de</strong> données pour <strong>la</strong>quelle il est (éventuellement)<br />

question d’une re<strong>la</strong>tion spécifique, désignée par<br />

régression.<br />

Analyse <strong>de</strong> scénario<br />

Dans une analyse <strong>de</strong> scénario, différentes mesures <strong>de</strong><br />

maîtrise du risque (aussi appelées scénarios) sont comparées<br />

les unes aux autres pour examiner <strong>la</strong>quelle permet <strong>de</strong><br />

limiter le mieux le risque. L’analyse <strong>de</strong> scénario peut aussi<br />

être utilisée si les connaissances actuelles ne permettent pas<br />

d’effectuer une seule évaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, c’est-à-dire si les<br />

informations sont manquantes ou insuffisantes pour pouvoir<br />

attribuer une probabilité aux différents scénarios.<br />

Analyse <strong>de</strong> sensibilité<br />

Métho<strong>de</strong> utilisée pour examiner quelles variables, <strong>dans</strong> le<br />

modèle d’analyse <strong>de</strong>s <strong>risques</strong>, ont <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> influence<br />

sur les résultats <strong>de</strong> ce modèle.<br />

CIPV<br />

(Convention Internationale pour <strong>la</strong> Protection <strong>de</strong>s Végétaux)<br />

Le CIPV est une convention internationale ayant pour but<br />

d’entreprendre <strong>de</strong>s actions contre l’introduction et <strong>la</strong> diffusion<br />

d’organismes nuisibles, ainsi que <strong>de</strong> promouvoir <strong>de</strong>s<br />

mesures appropriées pour leur contrôle.<br />

Co<strong>de</strong>x Alimentarius<br />

Le Co<strong>de</strong>x Alimentarius (mot <strong>la</strong>tin pour «loi <strong>alimentaire</strong>»)<br />

est un recueil <strong>de</strong> lois et <strong>de</strong> normes en vigueur au niveau<br />

international sur les procédés, directives et recommandations<br />

en rapport avec l’alimentation, <strong>la</strong> production <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées<br />

<strong>alimentaire</strong>s et <strong>la</strong> sécurité <strong>alimentaire</strong>. Les textes <strong>de</strong> ce système<br />

<strong>de</strong> lois et <strong>de</strong> normes sont é<strong>la</strong>borés par <strong>la</strong> Commission<br />

du Co<strong>de</strong>x Alimentarius (CCA), une institution créée en 1963<br />

par l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et<br />

l’Organisation mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé (OMS).<br />

Critère <strong>de</strong> performance<br />

Un critère <strong>de</strong> performance est le résultat requis d’une ou<br />

<strong>de</strong> plusieurs mesures <strong>de</strong> maîtrise (‘control measures’) lors<br />

d’une étape <strong>de</strong> production ou d’une combinaison d’étapes<br />

<strong>de</strong> production, qui sont mises en oeuvre <strong>dans</strong> le but <strong>de</strong><br />

garantir <strong>la</strong> sécurité <strong>alimentaire</strong>. Si l’on établit <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong><br />

performance, il faut prendre en considération le <strong>de</strong>gré initial<br />

<strong>de</strong> contamination <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nrée <strong>alimentaire</strong> par le danger<br />

microbiologique et les changements qui se produisent avec<br />

ce <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> contamination microbienne au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> production,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution, du stockage,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>nrée.<br />

93


Dose-réponse<br />

La dose-réponse est <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre<br />

l’ampleur <strong>de</strong> l’exposition (dose) à un agent chimique, biologique<br />

ou physique, et <strong>la</strong> gravité et/ou <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong>s effets<br />

associés sur <strong>la</strong> santé (réponse).<br />

Etalement<br />

L’étalement est le transfert d’une contamination sur <strong>de</strong>s<br />

(parties <strong>de</strong>) végétaux sains via le contact avec <strong>de</strong>s (parties<br />

<strong>de</strong>) végétaux ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s. L’étalement est souvent associé à <strong>la</strong><br />

présence d’exsudat sur <strong>de</strong>s (parties <strong>de</strong>) végétaux infectés par<br />

<strong>la</strong> bactérie ; il s’agit <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> bactéries accumulées<br />

<strong>dans</strong> une substance visqueuse qui sont formées <strong>dans</strong><br />

<strong>de</strong>s conditions spécifiques. Dans cet exsudat, les bactéries<br />

sont également bien protégées contre les conditions extérieures<br />

défavorables telles que le <strong>de</strong>ssèchement, <strong>la</strong> lumière<br />

du soleil et <strong>la</strong> chaleur. Dans l’exsudat, les bactéries peuvent<br />

survivre facilement plusieurs mois.<br />

Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> déterministe<br />

La métho<strong>de</strong> déterministe utilise, pour chaque variable du<br />

modèle, une estimation ponctuelle (par exemple, <strong>la</strong> moyenne)<br />

pour déterminer le résultat du modèle.<br />

Evaluation <strong>de</strong>s <strong>risques</strong> probabiliste<br />

Dans <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> probabiliste, les variables du modèle sont<br />

considérées comme <strong>de</strong>s distributions.<br />

FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture)<br />

L’Organisation <strong>de</strong>s Nations Unies pour l’Alimentation et<br />

l’Agriculture est une organisation qui a pour objectif <strong>de</strong> lutter<br />

contre <strong>la</strong> famine <strong>dans</strong> le mon<strong>de</strong>.<br />

Incertitu<strong>de</strong><br />

L’incertitu<strong>de</strong> (aussi appelée incertitu<strong>de</strong> épistémique) est un<br />

manque <strong>de</strong> connaissance parfaite. L’incertitu<strong>de</strong>, associée à <strong>la</strong><br />

variabilité, a pour conséquence qu’il est impossible <strong>de</strong> prédire<br />

l’avenir.<br />

Inci<strong>de</strong>nce<br />

L’inci<strong>de</strong>nce est le nombre <strong>de</strong> nouveaux cas d’une ma<strong>la</strong>die par<br />

unité <strong>de</strong> temps, <strong>dans</strong> une popu<strong>la</strong>tion considérée. L’inci<strong>de</strong>nce<br />

ne doit pas être confondue avec <strong>la</strong> prévalence qui indique<br />

combien <strong>de</strong> personnes/d’animaux d’une popu<strong>la</strong>tion donnée<br />

souffrent à un moment donné d’une ma<strong>la</strong>die.<br />

Infection <strong>la</strong>tente<br />

Une infection <strong>la</strong>tente est une infection pour <strong>la</strong>quelle aucun<br />

signe clinique ne se manifeste.<br />

Itération<br />

Une itération est un processus qui se répète, permettant<br />

d’effectuer un calcul.<br />

JECFA (Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives)<br />

Le JECFA est un comité scientifique international <strong>de</strong> <strong>la</strong> FAO et<br />

<strong>de</strong> l’OMS. Au départ, il a été mis sur pied pour analyser <strong>la</strong><br />

94


sécurité <strong>de</strong>s additifs. Par <strong>la</strong> suite, l’évaluation <strong>de</strong>s contaminants<br />

et <strong>de</strong>s poisons naturels y a été ajoutée.<br />

LD (Limite <strong>de</strong> détection)<br />

La limite <strong>de</strong> détection est <strong>la</strong> plus petite quantité d’une<br />

substance qui peut être distinguée, par un test d’analyse, <strong>de</strong><br />

l’absence <strong>de</strong> cette substance, avec une fiabilité définie au<br />

préa<strong>la</strong>ble.<br />

Lot<br />

Un groupe d’animaux vivant ensemble.<br />

Méthodologie MPRM (Modu<strong>la</strong>r Process Risk Mo<strong>de</strong>lling)<br />

MPRM est <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong> en modules<br />

afin d’argumenter <strong>la</strong> transparence du modèle <strong>de</strong> risque.<br />

NOAEL (No Observed Adverse Effect Level)<br />

NOAEL est le niveau d’exposition (par exemple en µg/kg <strong>de</strong><br />

poids corporel par jour) pour lequel il est supposé qu’aucun<br />

effet négatif sur <strong>la</strong> santé n’est occasionné. Ce niveau est obtenu<br />

à partir d’analyses expérimentales sur <strong>de</strong>s animaux.<br />

Objectif <strong>de</strong> performance<br />

L’objectif <strong>de</strong> performance est une fréquence et/ou une<br />

concentration maximale définie d’un danger <strong>dans</strong> une<br />

<strong>de</strong>nrée <strong>alimentaire</strong> à une étape spécifique <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

<strong>alimentaire</strong>, avant qu’elle ne soit consommée. L’objectif <strong>de</strong><br />

performance contribue à atteindre un objectif <strong>de</strong> sécurité<br />

<strong>alimentaire</strong> (FSO-Food Safety Objective).<br />

OIE (Office International <strong>de</strong>s Epizooties)<br />

L’OIE, aussi appelé OMSA (Organisation mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé<br />

animale), est une organisation intergouvernementale responsable<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé animale au niveau mondial,<br />

qui s’occupe aussi d’autres domaines comme le bien-être<br />

animal et <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne <strong>alimentaire</strong>.<br />

OMS<br />

L’Organisation Mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé (World Health Organization,<br />

WHO) est une organisation <strong>de</strong>s Nations Unies ayant<br />

pour objectif <strong>de</strong> dresser un aperçu <strong>de</strong>s aspects mondiaux<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique, <strong>de</strong> coordonner les activités sur le p<strong>la</strong>n<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> santé publique et d’améliorer <strong>la</strong> santé <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

mondiale.<br />

Percentile<br />

Un percentile d’un ensemble <strong>de</strong> données est l’un <strong>de</strong>s 99<br />

points qui partagent l’ensemble ordonné <strong>de</strong> données en 100<br />

parties <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur égale. Le 95 e percentile est, par exemple,<br />

un nombre auquel 95% <strong>de</strong>s données sont inférieures ou<br />

égales et 5% plus gran<strong>de</strong>s ou égales.<br />

P<strong>la</strong>n d’échantillonnage (n, c, m, M)<br />

Un p<strong>la</strong>n d’échantillonnage attributif à 3 c<strong>la</strong>sses se caractérise<br />

par le nombre d’échantillons qui doivent être testés (n), <strong>la</strong><br />

norme (ou le nombre <strong>de</strong> germes) autorisée (m), <strong>la</strong> limite supérieure<br />

maximale autorisée (M) et le nombre d’échantillons<br />

présentant un résultat entre m et M (c).<br />

95


Prévalence<br />

La prévalence indique combien <strong>de</strong> personnes/d’animaux<br />

d’une popu<strong>la</strong>tion donnée souffrent à un moment donné<br />

d’une ma<strong>la</strong>die.<br />

Principe <strong>de</strong> précaution<br />

Le Règlement européen 178/2002 décrit le principe <strong>de</strong><br />

précaution comme suit : <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s cas particuliers où une<br />

évaluation <strong>de</strong>s informations disponibles révèle <strong>la</strong> possibilité<br />

d’effets nocifs sur <strong>la</strong> santé, mais où il subsiste une incertitu<strong>de</strong><br />

scientifique, <strong>de</strong>s mesures provisoires <strong>de</strong> gestion du risque,<br />

nécessaires pour assurer un niveau élevé <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

santé, peuvent être adoptées <strong>dans</strong> l’attente d’autres informations<br />

scientifiques en vue d’une évaluation plus complète du<br />

risque.<br />

Probabilité cumu<strong>la</strong>tive<br />

La probabilité cumu<strong>la</strong>tive est <strong>la</strong> probabilité qu’une variable<br />

X (p.ex. concentration d’un contaminant) soit inférieure ou<br />

égale à <strong>la</strong> valeur x (p.ex. 50µg/kg).<br />

PTMI (Provisional Tolerable Monthly Intake)<br />

PTMI est <strong>la</strong> quantité d’un composé donné (exprimée par kg <strong>de</strong><br />

poids corporel) qui peut être ingérée mensuellement pendant<br />

une vie entière sans que ce<strong>la</strong> ne génère <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong><br />

santé. Le PTMI typiquement utilisé pour les contaminants aux<br />

propriétés cumu<strong>la</strong>tives ayant une <strong>de</strong>mi-vie très longue <strong>dans</strong><br />

le corps humain. Cette ingestion doit être considérée comme<br />

une valeur temporaire qui peut être modifiée si <strong>de</strong>s connaissances<br />

scientifiques supplémentaires sont disponibles.<br />

PTWI (Provisional Tolerable Weekly Intake)<br />

PTWI est <strong>la</strong> quantité d’un composé donné (exprimée par kg<br />

<strong>de</strong> poids corporel) qui peut être ingérée <strong>de</strong> manière hebdomadaire<br />

pendant une vie entière sans que ce<strong>la</strong> ne génère <strong>de</strong><br />

problèmes <strong>de</strong> santé. Le PTWI est typiquement utilisé pour les<br />

contaminants aux propriétés cumu<strong>la</strong>tives. Cette quantité doit<br />

être considérée comme une valeur temporaire qui peut être<br />

modifiée si <strong>de</strong>s connaissances scientifiques supplémentaires<br />

sont disponibles.<br />

Simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Monte Carlo<br />

La technique <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Monte Carlo fait appel à un<br />

échantillonnage aléatoire <strong>de</strong> chaque distribution <strong>de</strong> probabilité<br />

<strong>dans</strong> un modèle pour produire un grand nombre <strong>de</strong><br />

scénarios ou d’itérations. Le prélèvement <strong>de</strong> l’échantillon est<br />

effectué en tenant compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution.<br />

Soil drenching<br />

Le soil drenching est une métho<strong>de</strong> utilisée pour obtenir <strong>de</strong>s<br />

infections naturelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie Ralstonia so<strong>la</strong>nacearum<br />

<strong>dans</strong> <strong>de</strong>s hôtes végétaux. L’hôte végétal est cultivé <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s<br />

conteneurs remplis <strong>de</strong> terre et est inoculé en répandant un<br />

volume <strong>de</strong> suspension cellu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> bactérie sur <strong>la</strong> masse<br />

<strong>de</strong> terre <strong>de</strong> sorte que <strong>la</strong> terre en soit saturée. L’infection se fait<br />

le long <strong>de</strong>s racines. Il s’agit par conséquent d’une manière<br />

<strong>de</strong> restituer <strong>la</strong> façon dont <strong>de</strong>s infections <strong>de</strong> pourriture brune<br />

apparaissent en arrosant <strong>de</strong>s parcelles <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre.<br />

96


Stolon<br />

Un stolon est <strong>la</strong> tige souterraine que l’on trouve chez <strong>la</strong><br />

pomme <strong>de</strong> terre. A l’extrémité d’un stolon se forme le tubercule,<br />

autrement dit <strong>la</strong> pomme <strong>de</strong> terre.<br />

Syndrome <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>in-Barré<br />

Le syndrome <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>in-Barré est une affection neuromuscu<strong>la</strong>ire<br />

chez l’homme qui provoque le non-fonctionnement ou<br />

le mal fonctionnement <strong>de</strong>s muscles.<br />

Syndrome <strong>de</strong> Reiter<br />

Le syndrome <strong>de</strong> Reiter est une affection rhumatismale. Elle<br />

provoque une inf<strong>la</strong>mmation <strong>de</strong>s articu<strong>la</strong>tions (arthrite) et <strong>de</strong>s<br />

douleurs au niveau <strong>de</strong>s articu<strong>la</strong>tions.<br />

TDI (Tolerable Daily Intake)<br />

La TDI est <strong>la</strong> quantité d’un composé donné (exprimée par kg<br />

<strong>de</strong> poids corporel) qui peut être ingérée quotidiennement<br />

pendant une vie entière sans que ce<strong>la</strong> ne génère <strong>de</strong> problèmes<br />

<strong>de</strong> santé. La TDI est typiquement utilisée pour les contaminants<br />

(par opposition à <strong>la</strong> dose journalière acceptable).<br />

TEQ (equivalence toxique)<br />

La concentration d’un groupe <strong>de</strong> composés toxiques, exprimée<br />

comme <strong>la</strong> concentration d’un composé <strong>de</strong> référence,<br />

en utilisant les valeurs TEF respectives pour chaque composé<br />

individuel (le facteur d’équivalence toxique-TEF est un facteur<br />

attribué à un composé et qui indique quel est son <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

toxicité par rapport à un composé <strong>de</strong> référence considéré<br />

comme le plus toxique au sein du groupe <strong>de</strong>s composés;<br />

typiquement utilisé pour caractériser <strong>la</strong> toxicité d’un groupe<br />

<strong>de</strong> composés analogues comme les dioxines).<br />

TWI (Tolerable Weekly Intake)<br />

La TWI est <strong>la</strong> quantité d’un composé donné (exprimée par kg<br />

<strong>de</strong> poids corporel) qui peut être ingérée <strong>de</strong> manière hebdomadaire<br />

pendant une vie entière sans que ce<strong>la</strong> ne génère <strong>de</strong><br />

problèmes <strong>de</strong> santé. La TWI est typiquement utilisée pour les<br />

contaminants.<br />

Variabilité interspécifique<br />

La variabilité entre <strong>de</strong>s espèces différentes.<br />

Variabilité intraspécifique<br />

La variabilité au sein d’une même espèce.<br />

Variabilité<br />

La variabilité représente l’hétérogénéité ou <strong>la</strong> diversité au sein<br />

d’une popu<strong>la</strong>tion définie au préa<strong>la</strong>ble. La variabilité est aussi<br />

une conséquence <strong>de</strong> connaissances imparfaites et a pour<br />

conséquence, associée à l’incertitu<strong>de</strong>, qu’il est impossible <strong>de</strong><br />

prédire ce qu’il va se produire <strong>dans</strong> l’avenir.<br />

VTR (valeur toxicologique <strong>de</strong> référence)<br />

La VTR est une expression générale pour désigner différents<br />

paramètres toxicologiques tels que l’ADI, le (P)TWI, le (P)TMI,<br />

<strong>la</strong> TDI, etc.<br />

97


Agence fédérale pour <strong>la</strong> Sécurité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chaîne <strong>alimentaire</strong><br />

WTC 3 • Boulevard Simon Bolivar 30 • 1000 Bruxelles • T 02 208 34 11 • F 02 208 33 37 • www.afsca.be • info@afsca.be

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