Le Livre Vert - Annexes - SNDP
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Etats généraux de la presse écrite<br />
3. Audition de M. Patrick Berthomeau, médiateur de Sud Ouest<br />
La contribution de M. Berthomeau est disponible sur cette page (colonne de droite).<br />
M. Berthomeau a, dans un premier temps, souligné que si les journalistes se reconnaissaient tous dans les<br />
principes déontologiques énoncés par les différentes chartes, les risques de dérapage n’en étaient pas moins<br />
nombreux : la quête permanente du scoop peut tourner au désastre ; de façon générale, l’affranchissement des<br />
règles habituellement suivies au nom de la productivité est source de menace, dans la mesure où cette tendance<br />
conduit le journaliste à s’affranchir du terrain, à s’appuyer de façon excessive sur l’Internet. Enfin, le<br />
politiquement correct, la pression compassionnelle qui conduit à donner tous les droits à la victime peuvent<br />
également conduire à des dérapages.<br />
Dans le contexte actuel de fortes mutations technologiques, il est capital de veiller à ce que les nouveaux<br />
modèles économiques ne conduisent pas à renoncer à ce qui peut, à tort, être considéré comme un héritage du<br />
passé, la déontologie. L’exigence déontologique est-elle aujourd’hui condamnée ? Dans un monde où tout peut<br />
se dire, s’écrire, se diffuser instantanément, c’est précisément parce que le risque demeure, s’accroît peutêtre,<br />
que la question de la déontologie devient essentielle : si le journaliste se contente de retransmettre<br />
l’information, le bruit de fond du monde sans veiller à respecter ces règles, ses jours sont probablement comptés.<br />
Il lui appartient au contraire, de conforter son lectorat en lui offrant ce que l’immédiateté d’autres médias ne peut<br />
lui offrir.<br />
A ce titre, le modèle du médiateur est, en général, bien établi maintenant. <strong>Le</strong>s journaux disposent bien souvent<br />
d’une jurisprudence interne qui s’est peu à peu construite, à laquelle ils peuvent se référer en cas de besoin.<br />
4. Audition de M. Hedi Dahmani, ancien rédacteur en chef de Voici et Télé Loisirs, ancien directeur<br />
des rédactions à La Provence<br />
Appuyant son intervention sur ses différentes expériences en presse magazine, presse « people » et presse<br />
régionale, M. Hedi Dahmani a commencé par indiquer qu’en matière de déontologie, plutôt que de faire référence<br />
aux différentes chartes existantes, il préférait parler de conscience personnelle ou professionnelle. A titre<br />
d’exemple, un rédacteur en chef de presse people qui renonce à publier les photos d’une maman célèbre prise<br />
par un proche renonce à les publier non au nom de principes déontologiques mais parce qu’il laisse parler sa<br />
conscience personnelle.<br />
<strong>Le</strong>s journaux sont aujourd’hui quotidiennement confrontés à des problèmes de déontologie. La presse people est<br />
loin d’être la seule, elle serait plutôt l’arbre qui cache la forêt. Peut par exemple être mentionné l’exemple des<br />
journaux de presse régionale qui dans certains cas, depuis de longues années, sont considérés comme le journal<br />
du maire de telle ville.<br />
Deux catégories de dérives peuvent être distinguées. Des dérives en amont de l’information, dans la construction<br />
même de l’information tout d’abord, avec le cas extrême, par exemple, du photographe qui construit la photo<br />
censée représenter un événement. Mais aussi des dérives en aval, dans l’utilisation et la diffusion de<br />
l’information. <strong>Le</strong> cas du référendum sur le projet de traité instituant une constitution européenne en est une bonne<br />
illustration : les lecteurs ont souvent reproché aux journalistes d’avoir fait passer leur convictions personnelles en<br />
faveur du « oui » avant l’exigence d’assurer une information équilibrée entre les deux camps.<br />
Il n’est pas certain sur ce point qu’une charte unique du journalisme soit une solution réellement efficace. Bien<br />
sûr, tout le monde ne peut qu’être d’accord sur le principe. Mais en pratique, une telle charte serait probablement<br />
inapplicable. <strong>Le</strong>s instruments existant actuellement sont peut-être suffisants, à condition que les journalistes<br />
veillent avec une vigilance particulière à les respecter.<br />
Compte-rendu de la séance n°7 du 4 décembre 2008<br />
La 7 ème réunion du groupe de travail a été l’occasion d’un débat entre les participants sur les enseignements à<br />
tirer des deux sessions d’auditions réalisées sur le thème de la déontologie, ainsi que sur le sens des réformes à<br />
proposer en la matière.<br />
<strong>Le</strong>s participants se sont tout d’abord accordés sur l’urgence qu’il y a à remettre au premier plan l’exigence<br />
déontologique dans la presse écrite. La demande est celle des lecteurs, mais elle est aussi celle des journalistes<br />
eux-mêmes : les journalistes souhaitent non seulement que leur profession réponde à cette attente du public,<br />
mais ils s’interrogent également sur la façon de concilier le respect des règles déontologiques avec des méthodes<br />
de travail qui se transforment de façon radicale, sous l’impact des nouvelles technologies notamment. Parmi les<br />
exemples avancés figure la difficulté qu’il peut y avoir aujourd’hui à vérifier, confronter, recouper les informations,<br />
alors que l’exigence de rapidité, d’immédiateté de l’information va croissant.<br />
<strong>Annexes</strong> aux recommandations des pôles de débat et de proposition 12/93