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Le Livre Vert - Annexes - SNDP

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Etats généraux de la presse écrite<br />

Compte-rendu des auditions de la séance n°6 du 27 novembre 2008<br />

Quatre auditions ont été réalisées lors de la deuxième séance que le groupe de travail a consacré à la<br />

déontologie.<br />

1. Audition de M. Nicolas Bonnal, président de la 17 ème chambre du TGI de Paris<br />

<strong>Le</strong> Président Bonnal a indiqué en guise d’introduction qu’en l’absence d’autre dispositif existant en France, le juge<br />

jouait souvent le rôle de « déontologue » de la presse, qu’il s’agisse d’ailleurs du juge français ou de la cour<br />

européenne des droits de l’homme. Il est ainsi particulièrement instructif pour les journalistes de venir défendre<br />

leur travail devant le juge. Toutefois, assimiler droit et déontologie constitue un abus de langage. <strong>Le</strong> droit renvoie<br />

en effet à un ensemble de règles fixées par l’Etat. A l’inverse, la déontologie est constituée de l’ensemble des<br />

devoirs qu’impose à un professionnel l’exercice de son métier : elle est l’affaire d’une profession.<br />

<strong>Le</strong>s deux notions sont toutefois loin d’être étrangères. La jurisprudence définit ainsi la « bonne foi » du journaliste<br />

en faisant largement écho aux règles d’exercice interne de la profession. Pour mémoire, 4 critères<br />

cumulatifs doivent être remplis pour que la bonne foi soit établie : le journaliste doit avoir poursuivi un but légitime,<br />

avoir été dénué de toute animosité personnelle, avoir procédé à une enquête sérieuse et, enfin, avoir fait preuve<br />

de prudence dans son expression.<br />

En sens inverse, le juge ne s’appuie que de façon rarissime sur les chartes rédactionnelles dont peuvent se doter<br />

les journaux. Il se fonde essentiellement sur les arguments et les pièces au dossier, et s’en tient à ses propres<br />

critères. Un contre-exemple récent mérite toutefois d’être mentionné, celui de l’arrêt Stoll C/ Suisse du 10<br />

décembre 2007 (n°69698/01) dans lequel la Cour européenne des droits de l’homme s’est appuyée sur une<br />

décision du conseil suisse de la presse pour se déterminer.<br />

Si l’on devait faire une typologie des dysfonctionnements qui peuvent conduire à ce que le juge refuse de<br />

reconnaître la bonne foi d’un journaliste, et, par suite, à des condamnations, 3 éléments principaux entrent en<br />

ligne de compte : l’urgence d’une part, qui contraint parfois le journaliste à renoncer à vérifier les faits afin de ne<br />

pas retarder une publication ; la quête du spectaculaire d’autre part ; enfin, le recours insuffisant au contradictoire,<br />

qui s’explique parfois par la crainte du journaliste de voir son scoop lui échapper.<br />

2. Audition de M. Denis Hiault, directeur de l’information de l’AFP.<br />

M. Hiault a ouvert sa présentation en rappelant la responsabilité particulière de l’AFP à l’égard de ses clients et<br />

du public. Toute dépêche est en effet susceptible d’être reprise par des milliers de clients, que l’AFP soit la<br />

première à sortir l’information ou qu’elle la reprenne, dans la mesure où elle joue alors un rôle de certification et<br />

d’amplificateur de l’information. Dans tous les cas, une erreur de l’AFP en amont se répercutera en aval en<br />

cascade sur des centaines de plates- formes. La fiabilité de l’information est ainsi l’une des priorités de l’agence.<br />

Toutefois, dans le même temps, l’AFP poursuit un second objectif, tout aussi primordial : la rapidité. L’AFP se doit<br />

d’être le plus souvent possible la première à divulguer l’information. Des pointages horaires sont par exemple<br />

établis à la minute près sur les grands sujets afin de situer la réactivité de l’agence par rapport à ses concurrents.<br />

Afin de concilier au mieux cette double exigence, l’AFP s’est attachée à consolider et à actualiser ses règles de<br />

fonctionnement, au travers d’un arsenal de textes, manuels et guides de bonnes pratiques disponibles dans<br />

toutes les langues. <strong>Le</strong> manuel de l’agencier y joue un rôle particulier. Réalisé par la direction de l’information, à la<br />

suite d’un dialogue en interne avec les journalistes et les différents services de l’agence, il est aujourd’hui<br />

disponibles en ligne et fait l’objet de mises à jour régulières.<br />

<strong>Le</strong> manuel rappelle les règles de base : respect absolu de la vérité, nécessité de sourcer l’information par<br />

exemple. De même, afin d’assurer la transparence de l’information délivrée à l’utilisateur, le genre de chaque<br />

dépêche doit être signalé : dépêche factuelle, documentation, reportage, analyse. <strong>Le</strong> manuel porte sur des<br />

questions aussi diverses que les règles à adopter en matière de terminologie ou de rémunérations extérieures et<br />

de cadeaux. Enfin, parmi les nouveaux enjeux aujourd’hui pris en compte dans le manuel peuvent être<br />

mentionnées les précautions à adopter face à Internet (avec l’interdiction d’utiliser sans vérification des contenus<br />

apparaissant sur des sites comme facebook, wikipédia ou youtube, qui présentent un risque particulièrement<br />

élevé de faux, de canulars ou de contrefaçons) ou la réflexion actuellement en cours sur l’utilisation possible de<br />

documents produits par des « journalistes citoyens ».<br />

En dépit de ces règles et de la vigilance des journalistes, les faux pas sont inévitables. Il est alors indispensable<br />

de « tuer » l’information, en révélant aussitôt l’erreur commise et en la rectifiant.<br />

<strong>Annexes</strong> aux recommandations des pôles de débat et de proposition 11/93

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