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Cyrano de Bergerac - Théâtre du Passage

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© François Berthon<br />

<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong><br />

théâtre<br />

d’Edmond Rostand<br />

mise en scène Gilles Bouillon<br />

par le CDR <strong>de</strong> Tours<br />

<strong>du</strong> ma 22 au je 24 février 20h<br />

gran<strong>de</strong> salle<br />

Dossier <strong>de</strong> presse<br />

Théâtre <strong>du</strong> <strong>Passage</strong><br />

Saison 2010-2011<br />

Chargé <strong>de</strong> communication:<br />

Benoît Frachebourg | 032 717 82 05 | benoit@theatre<strong>du</strong>passage.ch


DOSSIER DE PRESSE<br />

<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong><br />

De Edmond Rostand<br />

Mise en scène Gilles Bouillon<br />

Dramaturgie, Bernard Pico - Scénographie, Nathalie Holt - Costumes, Marc Anselmi - Lumière, Michel Theuil - Musique, Alain Bruel –<br />

Assistante mise en scène, Albane Aubry - Maquillages et coiffures, Eva Gorszczyk - Création <strong>du</strong> nez, Cécile Kretschmar - Assistante<br />

costumes, Christine Vollard – Peinture et Sculpture, Thierry Dalat - Régie Générale, Laurent Choquet - Construction <strong>du</strong> décor,<br />

réalisée par l'équipe technique <strong>du</strong> CDR <strong>de</strong> Tours sous la direction <strong>de</strong> Pierre-Alexandre Siméon - Réalisation costumes, Catherine<br />

Denully, Marie-Catherine Hirigoyen, Marylène Richard - Maître d’armes, Bertrand Garreaud - Accessoiristes, Emilie Cohuau,<br />

Delphine Guibert.<br />

Avec<br />

Christophe Brault, <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong><br />

Emmanuelle Wion, Roxane<br />

Thibaut Corrion, Christian <strong>de</strong> Neuvillette<br />

Cécile Bouillot, La <strong>du</strong>ègne, Mère Marguerite <strong>de</strong> Jésus<br />

Xavier Guittet, Ragueneau<br />

Philippe Lebas, Comte <strong>de</strong> Guiche<br />

Denis Léger-Milhau, Lignière<br />

Léon Napias, Montfleury, capitaine Carbon, Castel-Jaloux<br />

Marc Siemiatycki, Le Bret<br />

Distribution <strong>de</strong>s rôles en cours…<br />

Louise Belmas<br />

Pauline Bertani<br />

Stephan Blay<br />

Edouard Bonnet<br />

Brice Carrois<br />

Laure Coignard<br />

Richard Pinto<br />

Mikaël Teyssie<br />

CREATION <strong>du</strong> 08 octobre au 27 octobre 2010 au CDR DE TOURS<br />

THEATRE NOUVEL OLYMPIA, 7 RUE DE LUCE / 37000 – Réservation : 02 47 64 50 50<br />

MARDI, MERCREDI, VENDREDI, SAMEDI A 20H00 - LUNDI ET JEUDI A 19H00 - RELACHE LUNDI 11 ET SAMEDI 23.<br />

<strong>du</strong> 09 novembre au 12 décembre au THEATRE DE LA TEMPETE (PARIS)<br />

CARTOUCHERIE, ROUTE DU CHAMP-DE-MANŒUVRE / 75012 - Réservation : 01 43 28 36 36<br />

MARDI, MERCREDI, JEUDI, VENDREDI, SAMEDI A 20H00 - DIMANCHE A 16H30 – RELACHE LE LUNDI.<br />

TOURNEE <strong>du</strong> 14 décembre 2010 au 31 mai 2011 soit 120 représentations<br />

Contact Diffusion : Giovanna Pace<br />

Contact Presse : Sabine Arman<br />

Durée 2h45 sans entracte<br />

Pro<strong>du</strong>ction : Centre Dramatique Régional <strong>de</strong> Tours, avec le soutien <strong>de</strong> la Drac Centre, la Région Centre, le Conseil Général d’Indreet-Loire<br />

- JEUNE THEATRE EN REGION CENTRE - et le soutien <strong>du</strong> Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques, Drac et<br />

Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Copro<strong>du</strong>ction : La compagnie <strong>du</strong> <strong>Passage</strong> – Neuchâtel.


Le pacte : « Je serai ton esprit, tu seras ma beauté. »<br />

Deux timi<strong>de</strong>s aimaient la même femme, l’un court d’esprit, l’autre long <strong>de</strong> nez. Or cette femme aimait<br />

sensuellement la beauté (la blon<strong>de</strong>ur, la moustache) et en même temps qu’on lui parle d’amour avec esprit.<br />

Roxane succombe au désir « <strong>de</strong> l’apparence », au désir qui se manifeste d’abord et seulement par la<br />

beauté d’un corps jeune, frais, doux et sé<strong>du</strong>isant. Ils ne se sont vus qu’au théâtre, ne se sont jamais parlé<br />

encore. Voir et être vu : le jeu <strong>de</strong> la sé<strong>du</strong>ction. Pourtant la sé<strong>du</strong>ction est aussi affaire <strong>de</strong> langage et <strong>de</strong> jeu.<br />

Que veulent les femmes ? Qu’on leur parle ! L’amour naît <strong>de</strong> l’épi<strong>de</strong>rme et se paye <strong>de</strong> jolies phrases.<br />

Le pacte qui va se nouer est un pacte entre <strong>de</strong>ux timi<strong>de</strong>s, le timi<strong>de</strong> <strong>du</strong> physique, <strong>de</strong> l’apparence (<strong>Cyrano</strong>) et<br />

le timi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’esprit, <strong>de</strong> la parole (Christian) : unir les <strong>de</strong>ux armes <strong>de</strong> la sé<strong>du</strong>ction : la beauté physique et la<br />

grâce <strong>de</strong> bien dire : « Dis veux-tu qu’à nous <strong>de</strong>ux nous la sé<strong>du</strong>isions ? »<br />

Combler réciproquement le manque : l’un d’être « un joli mousquetaire qui passe », l’autre <strong>de</strong> « pouvoir<br />

exprimer les choses avec grâce ».<br />

La trouvaille <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong> c’est <strong>de</strong> recoller les <strong>de</strong>ux morceaux disjoints et <strong>de</strong> créer « un héros <strong>de</strong> roman », un<br />

être imaginaire à <strong>de</strong>ux têtes ! Et sans doute nous passionne dans <strong>Cyrano</strong>, l’histoire d’un amour brûlant et<br />

passionné, jusqu’au sacrifice et jusqu’à la mort, pour une figure <strong>de</strong> l’inaccessible étoile, pour la Princesse<br />

lointaine <strong>de</strong> l’amour courtois et <strong>de</strong> l’amour mystique. Mais surtout nous fascine cet arrangement entre <strong>de</strong>ux<br />

hommes, arrangement monstrueux en ce sens qu’il engendre un monstre : hybri<strong>de</strong> <strong>de</strong> lai<strong>de</strong>ur et beauté,<br />

d’esprit et d’absence d’esprit, <strong>de</strong> voix et <strong>de</strong> silence, soulevant tout un pan d’obsessions inconscientes,<br />

dévoilant comme une face cachée <strong>de</strong> la lune.<br />

Un opéra parlé<br />

On a dit <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong> que c’était un opéra parlé.<br />

Et <strong>de</strong> la pièce ont été tirés cinq opéras sans compter le Don Quichotte <strong>de</strong> Massenet qui emprunte<br />

beaucoup à Rostand !<br />

Oui, il y a dans cette comédie héroïque une dimension polyphonique, opératique. Avec ses excès, son<br />

intensité émotionnelle, son baroquisme, ses arias. Un feu d’artifice. L’alexandrin qui va grand train ou qui<br />

vole en éclats. D’une écriture toujours virtuose, brillante, électrique. Du panache !<br />

A la fois comique – dramatique – mélo – héroïque – burlesque – romanesque – parodique – ironique.<br />

Contrastes <strong>de</strong> styles, <strong>de</strong> tons, <strong>de</strong> couleurs, <strong>de</strong> rythmes, <strong>de</strong> géométries.<br />

Elle revisite tout le théâtre français : mystère médiéval, théâtre <strong>de</strong> tréteaux, comédie baroque, Molière,<br />

Corneille et Racine, Hugo et tout le romantisme !<br />

Un opéra c’est <strong>de</strong>s solistes, et c’est <strong>de</strong>s chœurs<br />

Solistes : les six protagonistes et surtout celui qui veut être tout et partout !<br />

<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> c’est d’abord le personnage, avec son nez qu’il porte au milieu <strong>du</strong> visage comme un<br />

défi et comme un masque. Un rôle dont rêvent tous les acteurs. On ne déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> mettre en scène <strong>Cyrano</strong><br />

que parce qu’on a déjà trouvé, choisi, l’acteur qui va jouer <strong>Cyrano</strong> : Christophe Brault a déjà interprété pour<br />

moi Iago. Magnifiquement. C’est avec lui dans le rôle-titre que je mets en scène <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong>.<br />

Mais <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> est aussi une comédie <strong>de</strong> troupe et je tenais à gar<strong>de</strong>r la forme concertante, le<br />

contrepoint entre chœur et protagonistes, le héros et la foule, le héros qui voudrait fuir la foule et en même<br />

temps l’aspirer vers le ciel <strong>de</strong> l’idéal.<br />

Ce serait défigurer la pièce et se priver d’un plaisir exceptionnel <strong>de</strong> théâtre, la faire sonner comme une<br />

musique <strong>de</strong> chambre, sans en faire entendre l’orchestration, les tutti, la polyphonie.<br />

17 acteurs pour interpréter les quelque quarante rôles prévus par l’auteur. C’est peu et c’est beaucoup !


Théâtre forain<br />

Penser cette dimension chorale sans être asservi à la comédie à « grand spectacle », pas plus qu’à la<br />

reconstitution historique.<br />

Ni grand guignol, ni cinéma.<br />

<strong>Cyrano</strong>, c’est <strong>du</strong> théâtre !<br />

Et je veux, comme j’aime le faire avec Shakespeare, jouer avec la convention <strong>du</strong> théâtre, la surprise et la<br />

joie, la théâtralité <strong>de</strong>s rôles multiples, la poésie <strong>du</strong> théâtre en train <strong>de</strong> se faire. Sur le plan scénographique<br />

avec Nathalie Holt, sur le plan <strong>de</strong>s costumes avec Marc Anselmi, autant que sur le plan <strong>du</strong> jeu, <strong>du</strong><br />

mouvement, <strong>de</strong> la mise en scène, il s’agit <strong>de</strong> trouver, au pittoresque <strong>de</strong> la comédie héroïque, <strong>de</strong>s solutions<br />

poétiques plus que spectaculaires, <strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> théâtre. Car il s’agit bien <strong>de</strong> cela : une pièce à la<br />

« gloire » <strong>du</strong> théâtre et <strong>de</strong> la théâtralité. Une pièce pour amoureux <strong>du</strong> théâtre !<br />

La scénographie sera d’abord un espace <strong>de</strong> jeu, dont la structure circulaire évoque la scène en même<br />

temps que la salle <strong>du</strong> théâtre, en même temps le berceau <strong>de</strong> l’amour et le manège, les cavalca<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s<br />

romans <strong>de</strong> cape et d’épée. Un décor en évolution donc, pour représenter chacun <strong>de</strong>s tableaux,<br />

changements à vue possibles, pour évoquer chaque fois un univers différent, avec sa couleur particulière :<br />

la scène <strong>du</strong> Marais, la rôtisserie <strong>de</strong>s poètes, le balcon <strong>de</strong> Roxane, le théâtre <strong>de</strong> la guerre, le couvent <strong>de</strong> la<br />

révélation finale. Mais toujours <strong>de</strong> façon allusive, ludique, le fragment pour le tout !<br />

Une esthétique résolument tournée vers le théâtre brut, l’univers forain et les jeux <strong>de</strong> l’enfance, l’effet <strong>de</strong><br />

théâtre dans le théâtre, la théâtralité qui s’affirme en tant que telle en suggérant le côté forain d’une troupe<br />

qui s’empare <strong>de</strong> l’action et <strong>de</strong>s personnages, d’une représentation en train <strong>de</strong> se construire, avec un<br />

prologue pour en énoncer la règle <strong>du</strong> jeu.<br />

Même liberté pour les costumes. <strong>Cyrano</strong> est un concentré <strong>de</strong> toute l’histoire <strong>du</strong> théâtre français, Corneille,<br />

Racine, Molière sont cités directement ou indirectement, Marivaux dans le jeu <strong>du</strong> langage amoureux, et,<br />

Hugo en tête, tout le romantisme dont la pièce semble allumer un finale <strong>de</strong> feux d’artifice. Et si Rostand<br />

semble tourner le dos à son époque, déchirée entre la défaite <strong>de</strong> 1870 et la gran<strong>de</strong> boucherie <strong>de</strong> 14-18,<br />

avec la distance et le prisme <strong>du</strong> siècle <strong>de</strong> Louis XIII, il lui révèle en réalité sa propre image.<br />

<strong>Cyrano</strong> est une figure imposée, un archétype théâtral, mais Roxane est sans doute parente d’ Adèle Hugo,<br />

comme les poètes faméliques pourraient hanter les rues et les passages <strong>de</strong> Paris évoqués par Bau<strong>de</strong>laire<br />

et Walter Benjamin, et tout comme le siège d’Arras n’est pas sans pouvoir évoquer le bleu horizon <strong>de</strong>s<br />

uniformes <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> guerre.<br />

J’aurai plaisir à redonner à la scène cette profon<strong>de</strong>ur temporelle, à jouer, pour les costumes, <strong>de</strong>s<br />

superpositions, <strong>de</strong> la poésie <strong>de</strong>s collages, <strong>de</strong>s anachronismes. Un peu à la manière <strong>de</strong>s surréalistes dont la<br />

poésie <strong>de</strong> Rostand se rapproche parfois étrangement !<br />

Gilles Bouillon, Bernard Pico, août 2010


Une Fable...<br />

Les <strong>de</strong>ux timi<strong>de</strong>s<br />

Deux amis amoureux <strong>de</strong> la même femme et une intrigue qu’on dirait empruntée à Racine ! <strong>Cyrano</strong><br />

aime Roxane qui aime Christian !<br />

Mais Roxane, sans être le moins <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> une coquette, aime qu’on lui « fasse l’amour », comme<br />

on l’entend au XVII° siècle, c’est à dire qu’on lui parle d’amour avec passion, volubilité et poésie.<br />

Des mots elle veut jouir, plus encore que <strong>de</strong>s corps.<br />

Or Christian, beau, comme le jour, est incapable <strong>de</strong> parler joliment d’amour, tandis que <strong>Cyrano</strong>, ô<br />

combien éloquent et poète, est grotesquement laid, avec ce fameux nez qu’il porte au milieu <strong>du</strong><br />

visage comme un défi et comme un masque. Grotesque et magnifique !<br />

Le coup <strong>de</strong> génie <strong>de</strong> Rostand c’est d’inventer un arrangement improbable, sublimement théâtral,<br />

une substitution amoureuse : pour servir l’amour <strong>de</strong> son ami, <strong>Cyrano</strong> écrit les lettres et dicte les<br />

paroles que Christian met en action. Christian grimpe sur le balcon cueillir le baiser <strong>de</strong> Roxane,<br />

<strong>Cyrano</strong> reste le souffleur <strong>de</strong> la séréna<strong>de</strong>.<br />

Rostand met alors à l’épreuve la force <strong>de</strong> cet amour et <strong>de</strong> ce romanesque monstre à <strong>de</strong>ux têtes, en<br />

le passant au feu <strong>de</strong> l’héroïsme <strong>du</strong> sang, <strong>de</strong> l’abnégation et <strong>du</strong> sacrifice. Les péripéties <strong>de</strong> cette<br />

quête <strong>de</strong> la vérité sous le masque <strong>de</strong>ssinent une fresque où l’action amoureuse le dispute aux<br />

exploits <strong>de</strong> cape et d’épée et à un feu d’artifice poétique, et nous transportent successivement dans<br />

l’univers <strong>de</strong>s précieuses et dans celui <strong>de</strong>s mousquetaires, d’une représentation houleuse au<br />

Théâtre <strong>du</strong> Marais à la boutique <strong>du</strong> pâtissier Ragueneau qui régale poètes faméliques et ca<strong>de</strong>ts <strong>de</strong><br />

Gascogne affamés <strong>de</strong> gloire, <strong>du</strong> siège héroïque d’Arras au jardin <strong>du</strong> couvent final où, comme la<br />

chouette qui prend son vol au crépuscule, est révélé ce qui restera à jamais un amour impossible.<br />

<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> est la plus célèbre pièce <strong>de</strong> théâtre d'Edmond Rostand (1868-1918), qui s'est inspiré<br />

librement d'un personnage réel, Savinien <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> (1619-1655). Un homme d'esprit et d'épée<br />

vivant au XVII° siècle, il est cependant affublé d'un nez démesuré qui l'enlaidit. C'est ce nez qui l'empêche<br />

<strong>de</strong> courtiser sa cousine Roxane, dont il est épris. Par l'intermédiaire <strong>du</strong> jeune Christian, beau jeune homme<br />

mais ayant peu d'esprit, il va pouvoir libérer sa passion envers la femme qu'il aime, sans jamais toutefois se<br />

faire reconnaître.<br />

C’est l’une <strong>de</strong>s pièces les plus renommées <strong>du</strong> Théâtre français <strong>du</strong> XIXe siècle. Elle a été écrite en 1897 et<br />

jouée, la même année, pour la première fois au Théâtre <strong>de</strong> la Porte-Saint-Martin à Paris.


© François Berthon<br />

GILLES BOUILLON<br />

Directeur <strong>du</strong> CDR <strong>de</strong> Tours, metteur en scène<br />

En juin 2004, Gilles Bouillon, directeur <strong>du</strong> Centre Dramatique Régional <strong>de</strong> Tours, inaugure le Nouvel<br />

Olympia avec LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ <strong>de</strong> Shakespeare ; Suivront ensuite : LÉONCE ET<br />

LENA <strong>de</strong> Büchner - DES CROCODILES DANS TES RÊVES OU SEPT PIÈCES EN UN ACTE et<br />

KACHTANKA d’après Tchekhov - HORS-JEU <strong>de</strong> Catherine Benhamou - VICTOR OU LES ENFANTS<br />

AU POUVOIR <strong>de</strong> Roger Vitrac - OTHELLO <strong>de</strong> Shakespeare - LE JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD<br />

<strong>de</strong> Marivaux. ATTEINTES Á SA VIE <strong>de</strong> Martin Crimp - PEINES D’AMOUR PERDUES <strong>de</strong><br />

Shakespeare - KACHTANKA <strong>de</strong> Tchekhov (nouvelle version en juin 2010) – CYRANO DE<br />

BERGERAC <strong>de</strong> Rostand (création en octobre 2010).<br />

Gilles Bouillon a co-fondé LE VOYAGE DES COMÉDIENS (créations et tournées en Région centre)<br />

auxquels il participe <strong>de</strong> 1995 à 1998. Il met en scène à cette occasion TABATABA <strong>de</strong> Bernard-Marie<br />

Koltès, LE RÉCIT D’UN CHASSEUR d’après Tchekhov, SCÈNE <strong>de</strong> François Bon et LA NOCE CHEZ<br />

LES PETITS BOURGEOIS <strong>de</strong> Brecht.<br />

En 2005, grâce au soutien <strong>de</strong> la Région Centre, la Drac Centre, il met en place au sein <strong>du</strong> CDR <strong>de</strong><br />

Tours le dispositif JEUNE THEÂTRE EN REGION CENTRE, affirmant le choix <strong>de</strong> la permanence<br />

artistique au cœur d'une Maison <strong>de</strong> Théâtre.<br />

En Mai 2009, Le Conseil Général d’Indre-et-Loire s’associe au dispositif JTRC.<br />

Cette équipe constitue un véritable atelier <strong>de</strong> recherche et une véritable troupe <strong>de</strong> création, qui<br />

participe à toutes les mises en scènes <strong>de</strong> Gilles Bouillon.<br />

Opéras<br />

Gilles Bouillon met en scène : ORLANDO PALADINO <strong>de</strong> Joseph Haydn, LE VIOL DE LUCRÈCE <strong>de</strong><br />

Benjamin Britten, MONSIEUR DE BALZAC FAIT SON THÉÂTRE sur une musique d'Isabelle<br />

Aboulker, DIALOGUE DES CARMÉLITES <strong>de</strong> Francis Poulenc, DON GIOVANNI <strong>de</strong> Mozart, PELLÉAS<br />

ET MÉLISANDE <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Debussy, LA FLÛTE ENCHANTÉE <strong>de</strong> Mozart aux Chorégies d’Orange,<br />

JENUFA <strong>de</strong> Janacek, LA VIE PARISIENNE d’Offenbach, UN BAL MASQUÉ <strong>de</strong> Verdi, DON<br />

GIOVANNI <strong>de</strong> Mozart (Reprise), LA BOHÊME <strong>de</strong> Puccini, LE BARBIER DE SÉVILLE <strong>de</strong> Rossini, LE<br />

VIOL DE LUCRÈCE <strong>de</strong> Benjamin Britten (reprise), FALSTAFF <strong>de</strong> Giuseppe Verdi , LA BOHÊME <strong>de</strong><br />

Puccini, PELLÉAS ET MÉLISANDE <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Debussy (reprises), CARMEN <strong>de</strong> Bizet (Création) et<br />

ARMIDA <strong>de</strong> Haydn.En 2010, il a mis en scène DIALOGUE DES CARMÉLITES <strong>de</strong> Francis Poulenc<br />

(reprise) et TOSCA <strong>de</strong> Puccini. En 2011 il mettra en scène SIMON BOCCANEGRA <strong>de</strong> Giuseppe Verdi<br />

à l’opéra <strong>de</strong> Tours.


Christophe BRAULT<br />

Formation : Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique <strong>de</strong> Paris.<br />

Au théâtre : N. Renau<strong>de</strong> écrit pour lui Ma Solange comment t’écrire mon désastre, Alex Roux.<br />

Il a joué avec : G. Bouillon (Othello), R. Cantarella, S. Nor<strong>de</strong>y, F. Fisbach, B. Sobel, E. Vigner, G.<br />

Desarthe, J.P. Vincent, J. Kraemer, A. Guillet, M. Mazourki, F. Maragnani et plus récemment<br />

avec S. Braunschweig dans Le Tartuffe <strong>de</strong> Molière et Rosmersholm <strong>de</strong> H. Ibsen.<br />

Emmanuelle WION<br />

Formation : - Ecole <strong>du</strong> Théâtre National <strong>de</strong> Bretagne.<br />

- Ecole <strong>de</strong>s maîtres sous la direction <strong>de</strong> M. Langhoff à Fagagna, Rome, Paris, Bruxelles et<br />

Moscou.<br />

- Ecole russe d’acteurs sous la direction <strong>de</strong> A. Vassiliev – Arta.<br />

Au théâtre : elle a joué avec : G. Bouillon (Othello en 2007), J. Lassalle, M. Mayette, M. Bauer, A.<br />

Zaeppfel, N. Lormeau, L.Thiery, D. Lebert et récemment avec M. Langhoff (Hamlet au Théâtre <strong>de</strong><br />

L’Odéon/ Dijon), C. Lasne (La Mouette au Festival in Avignon) et A. Bonnard (L’Ours).<br />

Thibaut CORRION<br />

Formation : De 1997 à 2000, Classe libre à l’Ecole Florent.<br />

De 2006 à 2008, Il est comédien associé à la Maison <strong>de</strong> la Poésie <strong>de</strong> Paris.<br />

Au théâtre : il a joué avec : C. Piret, J.P. Denizon, C. Carpentier, X. Gallais, H. Marty, F. Hadjadj, S.<br />

Delsaux, J. Vouters, J.P. Bazziconi, I. Solano, A. Ollivier, J.F. Mariotti, F. Jessua, G. Petrovski, J.P. Garnier<br />

et J.L Revol. En 2008-2009, il joue Le Cid <strong>de</strong> Corneille dans la mise en scène d’A. Ollivier. Il met en scène<br />

Metamorphes d’Andromaque <strong>de</strong> Racine, Marchands <strong>de</strong> sable <strong>de</strong> S. Delsaux et Les chants <strong>de</strong> Maldoror <strong>de</strong><br />

Lautréamont.<br />

Cécile BOUILLOT<br />

Formation : Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique - Classe P. Adrien.<br />

Au théâtre : elle a joué avec G. Bouillon (Le songe d’une nuit d’été <strong>de</strong> Shakespeare), E. Petitier,<br />

P. Adrien, M. Didym, L.D. <strong>de</strong> Lencquesaing, G. Paris, I. Moreau, Mla<strong>de</strong>nova/Dobchev, L. Fazer,<br />

D. Podaly<strong>de</strong>s, J.P. Rossfel<strong>de</strong>r, J. Lassalle, S. Maurice, P. Guillois, J.F. Sivadier et L. Lagar<strong>de</strong>.<br />

Xavier GUITTET<br />

Il a travaillé plusieurs années avec la troupe <strong>de</strong> l’Emballage Théâtre.<br />

Au théâtre : il a joué avec G. Bouillon (Woyzeck, En attendant Godot, Fin <strong>de</strong> partie, Les<br />

Guerriers, Léonce et Lena, Des crocodiles dans tes rêves, Le Songe d’une nuit d’été, Othello,<br />

Atteintes à sa vie, Peines d’amour per<strong>du</strong>es), B. Sobel, A. Zhamani, et D. Lurcel.<br />

En 2006, il fon<strong>de</strong> avec P. Siméon la Cie Ecart Théâtre et interprète sous sa direction plusieurs<br />

spectacles dont récemment Dernier chant <strong>de</strong> J-P. Siméon mais aussi, <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> A.<br />

Vve<strong>de</strong>nski, Beckett, J. Rivera, B.M. Koltès, M. Crimp, Molière et A. Chedid.<br />

Philippe LEBAS<br />

Formation : Ecole Supérieure d’Art Dramatique <strong>du</strong> Théâtre National <strong>de</strong> Strasbourg.<br />

Il dirige le département théâtre <strong>du</strong> Conservatoire à Rayonnement Régional <strong>de</strong> Tours <strong>de</strong>puis<br />

1998.<br />

Au théâtre : il a joué avec : G. Bouillon (Sganarelle, La surprise <strong>de</strong> l’amour), J-P. Berthomier, A.<br />

Bézu, J. Kraemer, A-M. Lazarini, C. Joly, D. Lesour, A. Alexi, J-V. Lombard, P. Berling, L. Perello,<br />

R. Gironès, S. Mongin-Algan, A. Picchiarini, J. Maisonnave, J-C. Penchenat, J-M. Villégier, J.<br />

Gillibert, N. Borgeaud, J-L. Hourdin, H. Vincent, C. Boso, L. Melki et V. Garcia.


Denis LEGER- MILHAU<br />

Formation : Conservatoire <strong>de</strong> Montpellier - Ecole Jacques Lecoq, Ecole Nationale Supérieure<br />

d’Art Dramatique <strong>de</strong> Strasbourg.<br />

Au théâtre : il a adapté et interprété pour J. Champagne, la trilogie <strong>de</strong> Jules Vallès (L’Enfant, Le<br />

Bachelier, l’Insurgé).<br />

Il a mis en scène Sur un théâtre <strong>de</strong> marionnettes <strong>de</strong> Kleist à la MCB <strong>de</strong> Bourges, L’histoire <strong>du</strong> soldat <strong>de</strong><br />

Stravinsky au Théâtre <strong>de</strong> Suresnes. Il a joué avec : J. Lassalle, J.M. Villégier, P. Adrien, S. Sei<strong>de</strong>, B.<br />

Sobel, E. Vigner, W. Christie, M. Jocelyn, T. Stepantchenko, J.C. Berutti, H. Colas, D. Hurstel, Aubert/Siad,<br />

J.W. Audoli, T. Kailer, F. Joxe, J.P. Rossfel<strong>de</strong>r, J.L. Cordina, R. Lefèvre, G. Cohen, D. Lemahieu, P.<br />

Santini, G. Chavassieux, P. Van Keyssel et M. Touraille.<br />

Léon NAPIAS<br />

Formation : Centre National <strong>de</strong> Danse Contemporaine (Angers), dirigé par A. Nicolaïs.<br />

Il a également suivi une formation théâtrale avec P. Adrien, S. Sei<strong>de</strong>, J.-L. Benoit et J.C. Fall.<br />

Au théâtre : il a joué avec : G. Bouillon (Woyzeck, Les Femmes savantes, En attendant Godot),<br />

P. Adrien, S. Braunschweig, J.-L.Thamin, L. Wurmser et très récemment avec : F. Dupeu<br />

(Génération Frankenstein d’après Frankenstein-Junior <strong>de</strong> Gene Wil<strong>de</strong>r) et R. Cojo (Elephant<br />

People <strong>de</strong> Daniel Keene).<br />

Comédien-chanteur, il a aussi travaillé avec J. Savary, L. Pelly et J.- L. Martin Barbaz.<br />

Marc SIEMIATYCKI<br />

Formation : Ecole Supérieure d’art dramatique <strong>du</strong> Théâtre National <strong>de</strong> Strasbourg.<br />

Au théâtre : il a joué avec J.L. Hourdin, J.M. Villégier, C. Berling, S. Sei<strong>de</strong>, J. Champagne, A.<br />

Quesemand, X. Lemaire, S. Noyelle et B. Jaques-Wajeman.<br />

Il a été assistant <strong>de</strong> S. Sei<strong>de</strong> sur la mise en scène <strong>de</strong> : L’Anniversaire <strong>de</strong> H. Pinter et La <strong>de</strong>rnière ban<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

S. Beckett.


Troupe permanente <strong>du</strong> J.T.R.C. (Jeune Théâtre en Région Centre)<br />

Louise BELMAS<br />

Formation : Ecole Régionale d’Acteurs <strong>de</strong> Cannes - Ecole Nationale <strong>de</strong> Musique, Danse et Art<br />

Dramatique <strong>de</strong> Noisiel.<br />

Comédienne <strong>du</strong> J.T.R.C. au Cdr <strong>de</strong> Tours, Théâtre Nouvel Olympia dès le 23 août 2010.<br />

Pauline BERTANI<br />

Formation Conservatoire à Rayonnement Régional <strong>de</strong> Tours.<br />

Comédienne <strong>du</strong> J.T.R.C. au Cdr <strong>de</strong> Tours Théâtre Nouvel Olympia <strong>de</strong>puis 2009.<br />

En 2009-2010, elle joue avec G. Bouillon (Peines d’amour per<strong>du</strong>es et Kachtanka).<br />

Stephan BLAY<br />

Formation : Ecole Supérieure d’Art Dramatique <strong>de</strong> Montpellier - Cours Florent, Paris - Cie<br />

Lohengrin, Toulouse.<br />

Comédienne <strong>du</strong> J.T.R.C. au Cdr <strong>de</strong> Tours, Théâtre Nouvel Olympia dès le 23 août 2010.<br />

Edouard BONNET<br />

Formation : Formation à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art Dramatique <strong>de</strong> Montpellier -<br />

Conservatoire National <strong>de</strong> Région <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />

Comédien <strong>du</strong> J.T.R.C. au Cdr <strong>de</strong> Tours, Théâtre Nouvel Olympia dès le 23 août 2010.<br />

Brice CARROIS<br />

Formation : Ecole Nationale Supérieure d’Art Dramatique <strong>de</strong> Montpellier - Conservatoire à<br />

Rayonnement Régional <strong>de</strong> Tours.<br />

Comédien <strong>du</strong> J.T.R.C. au Cdr <strong>de</strong> Tours, Théâtre Nouvel Olympia dès le 23 août 2010.<br />

Laure COIGNARD<br />

Formation : Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique <strong>de</strong> Montpellier, sous la direction <strong>de</strong><br />

A. Garcia Valdés - Conservatoire Régional d’Art Dramatique <strong>de</strong> Toulouse.<br />

Comédienne <strong>du</strong> J.T.R.C. au Cdr <strong>de</strong> Tours, Théâtre Nouvel Olympia dès le 23 août 2010.<br />

Richard PINTO<br />

Formation : Ecole Nationale Supérieure <strong>du</strong> CDN <strong>de</strong> St Etienne - Ecole <strong>du</strong> Théâtre National <strong>de</strong><br />

Chaillot.<br />

Comédien <strong>du</strong> J.T.R.C. au Cdr <strong>de</strong> Tours Théâtre Nouvel Olympia <strong>de</strong>puis 2009.<br />

En 2009-2010, il joue avec G. Bouillon (Peines d’amour per<strong>du</strong>es et Kachtanka).<br />

Au théâtre : il a joué aussi avec : J.C. Berruti et F. Rancillac.<br />

Mikaël TEYSSIE<br />

Formation : Ecole Régionale d’Acteurs <strong>de</strong> Cannes. - Arts <strong>du</strong> spectacle étu<strong>de</strong>s théâtrales à<br />

Toulouse.<br />

Comédien <strong>du</strong> J.T.R.C. au Cdr <strong>de</strong> Tours, Théâtre Nouvel Olympia dès le 23 août 2010.


CREATION LE 08 OCTOBRE 2010, JUSQU’AU 27 OCTOBRE AU CDR DE TOURS,<br />

DU 09 NOVEMBRE AU 12 DECEMBRE AU THEATRE DE LA TEMPETE<br />

EN TOURNEE DU 14 DECEMBRE 2010 AU 31 MAI 2011 : SOIT 120 REPRESENTATIONS<br />

Dates<br />

<strong>du</strong> 8 au 27 octobre<br />

<strong>du</strong> 9 nov. au 12 déc.<br />

Noms Structures<br />

Nouvel Olympia / Tours<br />

Théâtre <strong>de</strong> La Tempête<br />

14 déc. Théâtre André Malraux / Rueil-Malmaison<br />

16 et 17 déc. Théâtre <strong>de</strong> l’Agora/ SN d'Evry et <strong>de</strong> l’Essonne<br />

<strong>du</strong> 7 au 10 janv. 2011<br />

Odyssud Spectacles / Blagnac<br />

13, 14 et 15 janv ABC- Théâtre <strong>de</strong>s Feuillants / Dijon<br />

<strong>du</strong> 18 au 20 janv.<br />

Théâtre Auditorium SN / Bourges<br />

22 janv. Centre Cult. <strong>de</strong>s Portes <strong>de</strong> l'Essonne / Juvisy S/Orge<br />

25 janv. Centre culturel Albert Camus / Issou<strong>du</strong>n<br />

27 et 28 janv. Le Gallia Théâtre / Saintes<br />

1, 2 et 3 fév. Le Festin - CDN / Montluçon<br />

5 fév. Espace Marcel Carné / St Michel sur Orge<br />

8 au 11 fév. SN Angoulême<br />

15 et 16 fév. Le Splendid / Saint-Quentin (02)<br />

18 fév. Le Vivat / Armentières<br />

<strong>du</strong> 22 au 24 fév.<br />

Théâtre <strong>du</strong> passage / Neuchâtel (CH))<br />

7 et 8 mars Espace André Malraux / Château<strong>du</strong>n<br />

19 et 22 mars L’Hectare – Scène Conventionnée / Vendôme<br />

<strong>du</strong> 14 au 17 mars<br />

Théâtre Le Quai T900 - CDN / Angers<br />

24 et 25 mars Théâtre <strong>du</strong> Beauvaisis / Beauvais<br />

29 et 30 mars Théâtre <strong>de</strong> Neuilly-sur-Seine<br />

3, 4 et 5 avril Centre culturel Le Figuier blanc / Argenteuil<br />

8 avril Le Sémaphore / Port <strong>de</strong> Bouc<br />

12 et 13 avril Théâtre <strong>de</strong> Grasse<br />

16 avril Animatis - Salle Clau<strong>de</strong> Nougaro / Issoire<br />

21 avril Théâtre Interlu<strong>de</strong> / Cholet<br />

<strong>du</strong> 26 au 30 avril<br />

Atelier Théâtre Jean Vilar / Louvain La Neuve (BE)<br />

3 mai Théâtre <strong>de</strong> Chartres<br />

6 mai Espace Christian Genevard / Morteau<br />

10 et 11 mai La Piscine - Théâtre Firmin Gémier / Châtenay-Malabry<br />

13 mai Théâtre - Salle Beaurepaire / Saumur<br />

19 au 21 mai Salle Pierre Brasseur - CDN <strong>de</strong> Nice<br />

24 et 25 mai Le Théâtre Musical / Besançon<br />

31 mai Théâtre <strong>de</strong> Bourg en Bresse


AU POULAILLER<br />

Novembre 2010<br />

Critique : <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> (Edmond Rostand / Gilles Bouillon)<br />

<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong><br />

Texte d’Edmond Rostand, mise en scène <strong>de</strong> Gilles Bouillon<br />

Théâtre <strong>de</strong> la Tempête, <strong>du</strong> 9 novembre au 12 décembre 2010<br />

Lorsque Edmond Rostand pénètre au Théâtre <strong>de</strong> la Porte-Saint-Martin le<br />

soir <strong>de</strong> la première <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong>, le 28 décembre 1897,<br />

l’inquiétu<strong>de</strong> le paralyse. Sa pièce, ultime sursaut d’un drame héroïque<br />

moribond, puise dans tous les registres, <strong>du</strong> néo-romantisme à la<br />

commedia <strong>de</strong>ll’arte, et <strong>de</strong> la vraie vie <strong>de</strong> Savinien <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong> à l’image <strong>de</strong><br />

la princesse inaccessible <strong>de</strong> l’amour courtois. Rostand est loin d’être sûr<br />

<strong>de</strong> son coup. D’autant que les critiques <strong>de</strong> ses amis sur la tira<strong>de</strong> <strong>du</strong> nez<br />

sont impitoyables. Mais Rostand a <strong>du</strong> flair : inspiré <strong>du</strong> nez proéminent <strong>de</strong><br />

Coquelin, acteur pour qui il crée le personnage <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong>, il compose une<br />

pièce qui remporte immédiatement un succès sans précé<strong>de</strong>nt.<br />

Plus d’un siècle plus tard, siècle pendant lequel l’art naissant <strong>de</strong> la mise en<br />

scène <strong>de</strong>vient a<strong>du</strong>lte, se confronter à cette œuvre polymorphe aux moult<br />

lieux et aux innombrables personnages tient <strong>de</strong> la gageure, ne serait-ce<br />

que pour faire fi <strong>de</strong> l’interprétation cinématographique et ô combien<br />

populaire <strong>de</strong> Depardieu dans le film <strong>de</strong> Rappeneau.<br />

Gilles Bouillon met en scène <strong>Cyrano</strong> d’abord pour distribuer Christophe<br />

Brault dans le rôle éponyme, ensuite pour, subtilement, aller plus loin<br />

dans les états et les empires <strong>du</strong> théâtre dont la pièce ne cesse <strong>de</strong> parler.<br />

Ce n’est pas seulement le décor, qui renvoie ouvertement au théâtre <strong>de</strong><br />

tréteaux, ni la troupe <strong>de</strong>s comédiens dont la répétition ouvre la pièce, ni<br />

même les tableaux <strong>de</strong> groupe orchestrés au millimètre et <strong>de</strong> manière très<br />

théâtrale, qui font référence au théâtre et ses pouvoirs. C’est surtout la


lecture <strong>du</strong> personnage <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong> que Christophe Brault interprète<br />

majestueusement. Amoureux <strong>de</strong> Roxane, <strong>Cyrano</strong> ne l’a jamais été aussi<br />

discrètement. Non par honte d’avoir un nez aussi visible, mais parce que<br />

son vrai et profond amour sont les mots : le pacte qu’il fait avec Christian<br />

(très juste Thibaut Corrion, pour qui le laconisme est plus synonyme<br />

d’efficacité que <strong>de</strong> bêtise), pacte qui se résume au fameux « je serai ton<br />

esprit, tu seras ma beauté », ne choisit pas l’ombre pour ne pas être vu,<br />

mais parce que c’est la place la plus confortable pour diriger<br />

subrepticement.<br />

Photos : François Berthon<br />

Car que fait ici <strong>Cyrano</strong>, sinon mettre en place un stratagème qui, aussi<br />

altruiste qu’il en a l’air, lui permet <strong>de</strong> gérer entièrement cette parcelle <strong>du</strong><br />

mon<strong>de</strong> qui est tombée sous son emprise ? Il attise à sa guise les<br />

sentiments <strong>de</strong> Roxane, indique à Christian le moment propice pour sortir à<br />

l’air libre, stoppe le leurre quand il le déci<strong>de</strong> et meurt en acteur <strong>de</strong> sa<br />

propre mise en scène. La flamme qui le dévore n’est pas celle, inassouvie,<br />

<strong>de</strong> son amour pour sa cousine, mais celle, toujours recon<strong>du</strong>ite, <strong>du</strong> grand<br />

marionnettiste inventant les mots <strong>de</strong> ses poupées, <strong>du</strong> metteur en scène<br />

maîtrisant avec grand amusement <strong>de</strong>s scènes que, <strong>de</strong> loin, il regar<strong>de</strong>.<br />

Désir <strong>de</strong> maîtrise qui a l’air <strong>de</strong> contaminer le plateau entier, tellement la<br />

mise en scène <strong>de</strong> Gilles Bouillon est sage, propre, ne laissant pas (pour le<br />

moment ?) <strong>de</strong> place à l’irruption <strong>de</strong> la folie et <strong>de</strong> l’acci<strong>de</strong>nt. Mais le travail,<br />

juste et harmonieusement mené, a avant tout le mérite <strong>de</strong> nous faire<br />

découvrir cet autre <strong>Cyrano</strong>.<br />

Myrto Reiss


<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong>, noble désargenté, refusant le compromis autant que la compromission,<br />

poète inconnu, voue toute son énergie à sauvegar<strong>de</strong>r son panache. Fou amoureux <strong>de</strong> sa<br />

cousine Roxane, il n’a jamais osé se déclarer à cause d’un physique pour le moins disgracieux.<br />

Elle lui apprend qu’elle est amoureuse <strong>de</strong> Christian, beau camara<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong>, et lui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> protéger le jeune homme s’ils partent ensemble au combat.<br />

Lorsque Christian avoue à <strong>Cyrano</strong> son amour pour Roxane, celui-ci, dépité, lui offre la lettre<br />

d’amour qu’il avait écrite pour Roxane sans la signer. <strong>Bergerac</strong> dit à Christian <strong>de</strong> donner<br />

cette lettre à Roxane pour la sé<strong>du</strong>ire. Fin lettré, <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong>vient alors la plume <strong>de</strong> Christian<br />

qui se prend au jeu. Associant à sa beauté l’esprit <strong>de</strong> son ami, il sé<strong>du</strong>it Roxane.<br />

Ecrit par Edmond Rostand en 1897, «<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong>» est d’abord joué au théâtre <strong>de</strong> la<br />

Porte Saint Martin qui programmait piécettes et mélos. Le succès massif <strong>de</strong> la pièce efface<br />

alors la subtilité <strong>du</strong> texte. La mise en scène <strong>de</strong> Gilles Bouillon au Théâtre <strong>de</strong> la Tempête la<br />

souligne. Il s’attache à donner vie et éclat à tous les personnages, signalant leurs contradictions,<br />

leurs gran<strong>de</strong>urs et faiblesses.<br />

L’intrigue est connue <strong>de</strong> tous et <strong>de</strong> toutes et pourtant la salle<br />

vibre, s’émeut. On pleure ici et là, on rit <strong>de</strong> bon cœur. C’est là le<br />

grand succès <strong>de</strong> Gilles Bouillon. Il réussit à faire vivre un texte<br />

aussi exigeant que fin à la langue à la fois classique et chatoyante,<br />

enlevée et codifiée.<br />

Gilles Bouillon montre l’épaisseur <strong>de</strong> Roxane, la flamboyance<br />

et la beauté <strong>de</strong> l’indiscipline <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong>, l’héroïsme <strong>de</strong> Christian<br />

(Thibaut Corrion vit la métamorphose <strong>de</strong> ce sé<strong>du</strong>cteur futile<br />

<strong>de</strong>venu héros tragique). Emmanuelle Wion incarne une Roxane<br />

toute en relief, en évolution constante. Elle s’offre au personnage,<br />

faisant le délice <strong>de</strong> la salle, suspen<strong>du</strong>e à ses lèvres. De la<br />

femme précieuse voire superficielle qu’elle est au premier acte<br />

à la douleur profon<strong>de</strong> en passant par une manipulatrice froi<strong>de</strong>,<br />

brillante, inatten<strong>du</strong>e, elle accompagne Roxane.<br />

<strong>Cyrano</strong> se met en scène en permanence, joue l’héroïsme, s’amuse<br />

avec les mots. Entre romantisme et héroïsme, érudition et rébelion,<br />

Christophe Brault sert avec finesse un texte exigeant - et<br />

abondant, la moitié <strong>de</strong>s répliques lui est dévolue. Il porte avec délice ce personnage-parole<br />

qui, ne manquant pourtant pas d’auto-dérision, fustige ceux qui se moquent <strong>de</strong> lui. Il fait<br />

mouche et touche, non sans panache. Il passe avec jouissance <strong>du</strong> sublime au grotesque, <strong>de</strong><br />

l’épique au tragique et excelle dans la représentation <strong>de</strong> cette douleur qui refuse <strong>de</strong> se départir<br />

<strong>de</strong> sa fierté. Sur le plateau s’étend un décor <strong>de</strong> bois clair à la fois sobre et ingénieux<br />

conçu par Nathalie Holt. Mo<strong>de</strong>rne dans son dépouillement, égayé par <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> lumière<br />

savants, il tranche avec les costumes, somptueux <strong>de</strong> Marc Anselmi, qui, eux, évoquent l’Ancien<br />

Régime. Des pans <strong>de</strong> mur coulissent pour former tour à tour un théâtre, un jardin. Les<br />

changements <strong>de</strong> lieux accompagnent l’action sans heurts et l’on glisse <strong>du</strong> théâtre à la rôtisserie<br />

et à la scène <strong>de</strong> guerre sans même sans apercevoir tant les différences <strong>de</strong>s décors sont<br />

lissées par une esthétique commune, forte.<br />

La salle suit la troupe avec bonheur, glissant <strong>de</strong> l’intimisme <strong>de</strong> certains dialogues à <strong>de</strong>s<br />

scènes collectives où les répliques fusent, les vers s’éclatent et où le rythme s’accélère, s’emballe<br />

presque, se maîtrise.<br />

De la sé<strong>du</strong>ction raffinée à la farce, <strong>de</strong> la tragédie <strong>de</strong> la lai<strong>de</strong>ur aux scènes <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> bouffe,<br />

<strong>de</strong>s chansons aux alexandrins, pas un temps mort dans ce <strong>Cyrano</strong> virtuose et baroque avec<br />

jubilation <strong>de</strong> 2h50 sans entracte.<br />

Amandine Agic<br />

NOV. 2010<br />

www.froggy<strong>de</strong>light.com


Le blog <strong>de</strong> Martine Silber : MARSUPILAMIMA<br />

mardi 30 novembre 2010<br />

Théâtre: <strong>Cyrano</strong> à la Tempête<br />

Impossible <strong>de</strong> monter <strong>Cyrano</strong>...sans <strong>Cyrano</strong>!<br />

Gilles Bouillon, directeur <strong>du</strong> Centre dramatique régional <strong>de</strong> Tours, a trouvé le sien:<br />

Christophe Brault.<br />

Un acteur qui, alors qu'il interprétait Iago (Othello), avait terrifié ma voisine, dans ce même<br />

lieu, en 2007. Elle était sortie, cheveux dressés sur la tête, en m'avouant d'une voix tremblante<br />

"je n'aime pas quand les acteurs jouent aussi bien". On ne peut que souhaiter à cette dame<br />

<strong>de</strong> revenir à la Tempête pour se réconcilier avec les comédiens qui jouent bien.


Gilles Bouillon a choisi <strong>de</strong> mettre au second plan le nez <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong>. Décision majeure pour<br />

laisser toute la place à <strong>Cyrano</strong>, l'homme. Malheureux <strong>de</strong> sa lai<strong>de</strong>ur mais résigné, conscient <strong>de</strong><br />

son intelligence, <strong>de</strong> sa bravoure, <strong>de</strong> son adresse physique et intellectuelle. Un homme seul,<br />

isolé par cette apparence physique qui a fait <strong>de</strong> lui un homme sans amour possible. Du moins<br />

en est-il persuadé car on sent que les jeunes femmes qui l'approchent voient au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce<br />

visage et que s'il voulait peut-être...mais il ne veut pas, il n'y croit pas.<br />

Il compense <strong>de</strong>puis toujours en faisant le bouffon, le bravache, prompt à tirer l'épée, à corriger<br />

le moindre affront ce qui a contribué à installer sa célébrité <strong>de</strong> bretteur et d'homme d'esprit<br />

mais l'a isolé aussi <strong>de</strong> la compagnie <strong>de</strong>s hommes.<br />

Seul donc, sans amour et sans amis. Mais, secrètement amoureux <strong>de</strong> sa cousine Roxane, il<br />

saisit l'occasion <strong>de</strong> vivre par procuration cet amour impossible en prêtant sa voix, ses mots, à<br />

Christian, le beau jeune homme sans paroles.<br />

Et ce n'est plus seulement une histoire d'amour, c'est aussi l'histoire d'une amitié indéfectible<br />

car <strong>Cyrano</strong> a pour Christian, son double sublimé par l'apparence, une profon<strong>de</strong> estime.<br />

Jamais, il ne le prend pour un imbécile, il admire son courage, sa beauté. Thibaut Corrion est<br />

tout en retenue, découragé parfois par sa bêtise dont il a pris conscience mais prêt à tout pour<br />

vivre son bonheur. Tout comme Roxane (Emmanuelle Wion), vive, enjouée, qui trouvera<br />

dans sa maturité une profon<strong>de</strong> sérénité.<br />

Le bonheur leur échappera, emporté par la folie <strong>de</strong>s hommes, la guerre, la mort incarnés par<br />

le comte <strong>de</strong> Guiche, l'amoureux transi qui se venge mais qui trouvera aussi<br />

sa ré<strong>de</strong>mption grâce à son courage et sa fidélité à ses hommes.<br />

Et place au théâtre, grâce à quoi tout est possible. Ce théâtre <strong>de</strong> tréteaux, ce théâtre <strong>de</strong> troupe<br />

où les comédiens interprètent <strong>de</strong>s rôles multiples par la magie d'un costume (Marc Anselmi),<br />

d'un décor (Nathalie Holt), d'une voix.<br />

Photos: François Berthon.


SN<br />

Notre<br />

Scene<br />

Deux hommes pour une belle 12/11/2010<br />

<strong>Cyrano</strong> est là, parmi le public et débute le spectacle en interpellant ce bon vieux Montfleury,<br />

mauvais comédien superbement joué par Léon Napias. Dans un joli accoutrement, ce <strong>de</strong>rnier<br />

lance son texte poétique d’une façon qui ferait rougir <strong>de</strong> confusion les rimes. Christophe<br />

Brault, dans le rôle <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong>, débute le spectacle tout en force. Il impose et s’impose dès les<br />

premières répliques. Le panache fait la haie d’honneur a un jeu tout en force. Toute la ru<strong>de</strong>sse<br />

et la vigueur d’un homme en colère transparaissent.<br />

<strong>Cyrano</strong> <strong>du</strong>rant toute la pièce oscille autour <strong>de</strong> trois voix différentes. La première est une voix<br />

d’attaque, forte, la <strong>de</strong>uxième est une voix plus calme, moins relevée qu’il a dans ses moments<br />

<strong>de</strong> confi<strong>de</strong>nce et la troisième est une voix sensible, plus timbrée, plus intérieure. Cette autre<br />

voix où <strong>Cyrano</strong>, amoureux, se découvre autre, rééquilibre le personnage dans un registre où<br />

la sensibilité le dispute à la ru<strong>de</strong>sse. Une voix dans laquelle ce premier d’épée <strong>de</strong>vient jeune<br />

premier, ce frelon, abeille, cet homme <strong>de</strong> combat, poète. La voix rauque et <strong>du</strong>re <strong>du</strong> début <strong>de</strong><br />

spectacle <strong>de</strong>vient voix <strong>de</strong> velours à la fin <strong>de</strong> celui-ci. Trois voix différentes qui sont comme<br />

le kaléidoscope <strong>du</strong> personnage. Toute la force <strong>du</strong> personnage accouche dans ses registres<br />

vocaux appuyés par une présence corporelle certaine.<br />

Le metteur en scène, Gilles Bouillon, a choisi <strong>de</strong> montrer un spectacle <strong>de</strong> bout en bout, avec<br />

<strong>de</strong>s comédiens qui se préparent et atten<strong>de</strong>nt face public, ri<strong>de</strong>au levé, que la pièce démarre.<br />

L’humour, le panache et la poésie sont au ren<strong>de</strong>z-vous. Ainsi, dans la scène <strong>du</strong> balcon où <strong>Cyrano</strong><br />

<strong>de</strong>vient le porte-voix amoureux <strong>de</strong> Christian, un comique <strong>de</strong> jeu s’établit entre les <strong>de</strong>ux<br />

personnages. L’histoire <strong>de</strong> cape et d’épée <strong>de</strong>vient pendant un instant comédie. Dans la même<br />

scène, elle est moment <strong>de</strong> poésie. Ou ballet et chants à un autre moment. La pièce est caméléon<br />

et porte avec elle, les griffes et entailles <strong>de</strong> ses personnages aussi <strong>du</strong>rs que comiques et<br />

sensibles.<br />

Toutes les scènes <strong>de</strong> groupe sont très bien agencées. Ainsi autour <strong>de</strong> Ragueneau, joué par<br />

Xavier Guittet, dans ses cuisines. Ou dans la taverne avec les ca<strong>de</strong>ts <strong>de</strong> Gascogne dans <strong>de</strong>s<br />

chants tout en mesure. Les chants <strong>de</strong>viennent le LA, l’aiguillon rythmique à la cohésion <strong>du</strong><br />

groupe. Les voix sont bien timbrées. Toutes les scènes <strong>de</strong> groupe sont très bien menées avec<br />

pour chaque comédien, une partition bien jouée. L’ordonnancement est toujours heureusement<br />

composé.<br />

Toutefois, la pièce pêche parfois telle que dans la tira<strong>de</strong> <strong>du</strong> nez où Christophe Brault débute<br />

celle-ci trop en force pour se rattraper rapi<strong>de</strong>ment. La <strong>de</strong>rnière scène, où Roxane a un déplacement<br />

à l’avant scène côté jardin peu inspiré, manque quelque peu <strong>de</strong> sincérité même si<br />

<strong>Cyrano</strong> a une voix bien timbrée. Roxane, jouée par Emmanuelle Wion, est un personnage<br />

bien planté, à la fois discrète et réellement présente. Christian <strong>de</strong> Neuvillette, joué par Thibaut<br />

Corrion, est tout en force et dans un rapport fougueux avec <strong>Cyrano</strong>. A noter le superbe<br />

jeu <strong>de</strong> Denis Leger-Milhau dans le rôle <strong>de</strong> Lignière.<br />

La mise en scène redonne noblesse et corps aux capes et aux épées. Les scènes <strong>de</strong> combats<br />

d’épée sont faites avec beaucoup <strong>de</strong> conviction. Elles donnent aux comédiens une assise corporelle<br />

les rendant très convaincants dans leurs personnages. Le spectacle est soigné grâce à<br />

une belle mise en scène. Toutes les scènes où les ca<strong>de</strong>ts <strong>de</strong> Gascogne sont présents sont très<br />

convaincantes. Ils <strong>de</strong>viennent ce fond humain dans laquelle une tragédie d’amour se déroule.<br />

Safidine Alouache


EVENE.fr<br />

mardi 16 novembre<br />

CYRANO DE BERGERAC<br />

Il faut un certain courage pour monter <strong>Cyrano</strong>, cette pièce « monstrueuse »<br />

interdite aux esprits étriqués. De l’argent aussi. Pas forcément autant qu’à la<br />

Comédie-Française où Denys Podalydès a pu faire appel à Christian Lacroix<br />

pour les costumes, mais suffisament pour engager 17 comédiens. Et encore, 17<br />

comédiens pour 40 rôles, ce n’est pas Byzance mais, avec <strong>de</strong>s idées, c’est Arras<br />

et son siège.<br />

Des idées, le metteur en scène<br />

Gilles Bouillon n’en manque pas.<br />

Rien <strong>de</strong> compliqué ni <strong>de</strong> superflu,<br />

juste une utilisation judicieuse<br />

<strong>du</strong> décor, une direction d’acteurs<br />

précise et un sens <strong>du</strong> rythme nécessaire<br />

pour monter <strong>Cyrano</strong><br />

comme un « opéra parlé ». Facile<br />

à dire… et à faire quand on a<br />

<strong>de</strong>s comédiens talentueux. Christophe<br />

Brault est dans la lignée <strong>de</strong>s<br />

grands <strong>Cyrano</strong>, héroïque et mélancolique<br />

(Constant Coquelin,<br />

Daniel Sorano, Jacques Weber...).<br />

Quant à Emmanuelle Wion (Roxane), Thibaut Corrion (Christian) ou Philippe<br />

Lebas (<strong>de</strong> Guiche), chacun joue sa partition avec brio sans jamais oublier la polyphonie<br />

<strong>de</strong> la pièce.<br />

Plus d’un siècle après sa naissance sur les planches, le <strong>Cyrano</strong> d’Edmond Rostand<br />

fait toujours mouche. Son nez protubérant touche une cor<strong>de</strong> sensible. Pour<br />

Gilles Bouillon, <strong>Cyrano</strong> nous interroge « sur le sens et la représentation <strong>de</strong> l’héroïsme<br />

aujourd’hui, sur la possibilité ou l’impossibilité <strong>du</strong> « grand récit » à l’ère<br />

dite post-mo<strong>de</strong>rne, sur la « francité » <strong>du</strong> héros, sur la réconciliation ou l’unité nationale…<br />

» Le panache <strong>de</strong> celui « qui fut tout et qui ne fut rien » a quelque chose<br />

à voir avec l’adage houellebecquien : « rater sa vie, mais la rater <strong>de</strong> peu. » Trois<br />

centimètres <strong>de</strong> chair en trop au milieu <strong>du</strong> visage, c’est à la fois peu et beaucoup.<br />

Etienne Sorin


Histoires <strong>de</strong> théâtre<br />

Des critiques <strong>de</strong> théâtre dans une perspective<br />

historique.<br />

<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong>, d’Edmond Rostand<br />

Une pièce célèbre, avec la tira<strong>de</strong> <strong>du</strong> nez dans la première scène, avec ses références littéraires <strong>de</strong><br />

Molière à Victor Hugo, conçue comme un véritable exercice <strong>de</strong> style par Edmond Rostand qui<br />

emploie une langue parfaite qui s’écoute toujours avec beaucoup <strong>de</strong> plaisir, d’autant qu’elle fait<br />

entendre l’accent régional <strong>de</strong>s Ca<strong>de</strong>ts <strong>de</strong> Gascogne, rarement audible dans le théâtre<br />

d’aujourd’hui. En effet, aphorisme <strong>du</strong> théâtre avec Hercule Savinien <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> en<br />

étonnant histrion qui joue tout au long <strong>de</strong> la pièce sa vie. L’histoire tient à peu <strong>de</strong> choses : <strong>Cyrano</strong><br />

est sous-officier dans les Ca<strong>de</strong>ts, fin bretteur et fertile rimailleur, mais il souffre <strong>de</strong> son physique<br />

peu conforme aux co<strong>de</strong>s <strong>de</strong> beauté, puisqu’il est pourvu d’un nez immense ; ce défaut empêche<br />

ce grand timi<strong>de</strong> <strong>de</strong> se déclarer à sa cousine éloignée Roxane, qui elle brûle d’amour pour un jeune<br />

et beau ca<strong>de</strong>t Christian. Finalement, Roxane est une précieuse qui veut, pour aimer, être bercée<br />

par les mots ; or Christian n’a pas une langue bien habile, c’est donc <strong>Cyrano</strong> qui va écrire ses<br />

lettres, lui souffler les mots d’amour qu’il doit dire, jusqu’à ce que les <strong>de</strong>ux jeunes gens<br />

s’accor<strong>de</strong>nt. Ce rôle <strong>de</strong> substitut se poursuit lors <strong>du</strong> siège d’Arras, auquel le régiment <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>ts<br />

participe, jusqu ‘au moment où Christian est tué alors qu’il pressait <strong>Cyrano</strong> d’avouer la vérité à la<br />

jeune femme. Roxane est une veuve inconsolable, retirée dans un couvent, et elle n’apprend la<br />

vérité qu’au moment <strong>de</strong> la mort acci<strong>de</strong>ntelle <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong>.<br />

Dans cette pièce, une quarantaine <strong>de</strong> rôles — servantes, ca<strong>de</strong>ts, nonnes etc.. — et beaucoup <strong>de</strong><br />

rythme et finalement <strong>du</strong> rire. Gilles Bouillon a mis en scène cette œuvre si française comme si<br />

elle était jouée par une troupe <strong>de</strong> comédiens amateurs : ils revêtent leurs costumes sur scène,<br />

mettent en place les éléments <strong>du</strong> décor, fort bien conçu avec ces praticables <strong>de</strong> bois.<br />

Christophe Brault assume avec autorité, mais sans forfanterie excessive vers laquelle le rôle a<br />

poussé certains <strong>de</strong> ses prédécesseurs, le personnage écrasant <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong>, présent d’un bout à<br />

l’autre <strong>de</strong> la pièce : il est amusant au début avec ses combats minuscules, émouvant quand il se<br />

substitue complètement à Christian (Thibault Corrion) lors <strong>de</strong> la scène <strong>du</strong> balcon alors qu’il perd<br />

définitivement Roxane (Emmanuelle Wion, très dynamique), fort à la fin quand il fait face à la<br />

mort. Parmi tous ces jeunes acteurs pleins d’enthousiasme, se détache Ragueneau (Xavier Guittet,<br />

lunatique pâtissier et traiteur), le Comte <strong>de</strong> Guiche (Philipe Lebas, fourbe au bon cœur), ceux qui<br />

ont un rôle déterminé, mais les autres en groupe <strong>de</strong> soldats, puis <strong>de</strong> villageois, sont excellents. La<br />

mise en scène est rythmée, les changements <strong>de</strong> décor rapi<strong>de</strong>, les acteurs bien en place. Dans ce<br />

contexte, <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> n’est plus une o<strong>de</strong> patriotique et emphatique, mais un bon moment<br />

<strong>de</strong> théâtre avec assez <strong>de</strong> recul et d’élan en même temps.<br />

Jacques Portes


LES TROIS COUPS<br />

Samedi 20 novembre 2010<br />

« <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> », d’Edmond Rostand (critique <strong>de</strong><br />

Sheila Louinet), Théâtre <strong>de</strong> la Tempête à Paris<br />

« Ah ! messeigneurs, quel nez que ce nez- là !… »<br />

Le grand chef Ragueneau vous le dirait. Pour mettre en scène une pièce telle que<br />

« <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> », on ne transige pas sur la recette : le « nez » doit être colossal et<br />

un défi à lui tout seul. Sous la baguette habile d’un Gilles Bouillon, cette véritable « pièce<br />

montée » émoustille les papilles et emporte le public <strong>du</strong> Théâtre <strong>de</strong> la Tempête.<br />

Décidément, son directeur, Philippe Adrien, a le nez fin !<br />

« <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> | © François Berthon


Bruits <strong>de</strong> la salle auxquels se mêlent ceux <strong>de</strong> la scène. Tiens, la pièce est-elle déjà<br />

commencée ? Non, le public s’installe encore. Mais quelques comédiens sont déjà là,<br />

atten<strong>de</strong>nt, placent le décor ou affûtent leurs lames. Murmures <strong>de</strong>s uns, dissonance <strong>de</strong>s autres.<br />

Bref, les brouhahas se mélangent. Tout le mon<strong>de</strong> prend place dans une cacophonie générale.<br />

Mais est-on vraiment certain que la pièce n’a pas déjà débuté ? Les archers règlent leur<br />

violon, le plateau s’éclaire, la scène est un théâtre… Eux viennent voir jouer Montfleury, nous<br />

c’est <strong>Cyrano</strong>. Ah, oui, la pièce avait vraiment débuté !<br />

Voilà donc le problème <strong>de</strong> la scène d’exposition résolue. L’œuvre d’Edmond Rostand s’ouvre<br />

sur le théâtre <strong>de</strong> l’hôtel <strong>de</strong> Bourgogne. Comédiens et spectateurs déboulent <strong>de</strong> toutes parts et<br />

atten<strong>de</strong>nt le lever <strong>du</strong> ri<strong>de</strong>au. L’illusion d’un théâtre dans le théâtre est recréée. Gilles Bouillon<br />

élargit les perspectives et transgresse les frontières <strong>de</strong> la rampe.<br />

Côté décor, une gran<strong>de</strong> table est installée au milieu <strong>de</strong> la scène en guise <strong>de</strong> plateau. Dans le<br />

fond, <strong>de</strong>ux grands paravents en bois mobiles. Ici, pas <strong>de</strong> faste remarquable, rien <strong>de</strong><br />

spectaculaire, on mise sur la simplicité. Mais le réel entre dans l’espace fictif et se voit<br />

théâtralisé. Le metteur en scène réussit là où plus d’un s’est cassé le nez…<br />

Pas <strong>de</strong> doute, c’est bien <strong>Cyrano</strong>.<br />

Et, justement, à propos <strong>de</strong> nez… Qu’en est-il <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong> ? D’un côté comme <strong>de</strong> l’autre,<br />

l’attente est fébrile. Sans lui, la pièce est fichue. Comme dit Gilles Bouillon, « on déci<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

mettre en scène cette pièce parce qu’on a trouvé l’acteur qui va jouer le rôle-titre ». Coiffé<br />

d’un chapeau et chaussé <strong>de</strong> bottes <strong>de</strong> mousquetaire, l’entrée <strong>de</strong> Christophe Brault est<br />

tonitruante. La voix est haute, le timbre net, l’articulation parfaite. Pas <strong>de</strong> doute, c’est bien<br />

<strong>Cyrano</strong>. L’on se souvient <strong>de</strong> Weber ou <strong>de</strong> Depardieu. À part un peu d’embonpoint, il ne lui<br />

manque rien, et il n’a rien à leur envier !<br />

Monsieur, « Vous… avez un nez… euh… un nez… très grand ». Non ! Pauvres critiques que<br />

nous sommes. Le verbe est tellement grand et le jeu si superbe que nous sommes bien obligés<br />

<strong>de</strong> nous incliner… Car nos mots sont bien pâles à côté <strong>de</strong>s vôtres. Piquons <strong>du</strong> nez et restons<br />

humbles. Oui, monsieur <strong>Cyrano</strong>, vous tenez la dragée haute. « Tendre », « Truculent »,<br />

« Dramatique », « Lyrique »… Même en se servant <strong>de</strong>s mots fleuris d’Edmond Rostand, peuton<br />

vraiment rendre justice à Christophe Brault ? En tout cas, il recueille l’ovation <strong>de</strong> toute une<br />

salle. Chapeau bas.<br />

Un <strong>Cyrano</strong> qui excelle. Dix-sept comédiens pour jouer les rôles <strong>de</strong> quarante personnages. Du<br />

pain béni que cette pièce qui se joue en ce moment au Théâtre <strong>de</strong> la Tempête. C’est sans<br />

compter le travail <strong>de</strong> Marc Anselmi sur les costumes. Des Gascons aux aristocrates, on est<br />

ébloui par la variété <strong>de</strong>s tenues et par leur beauté. L’apparition <strong>de</strong> Montfleury, arborant une


jupe bouffante et une collerette rose, donne le ton à cette comédie héroïque : un panel <strong>de</strong><br />

couleurs, une scénographie digne d’un chef d’orchestre qui intro<strong>du</strong>it quelques « tutti » au<br />

milieu <strong>du</strong> languissant violon <strong>de</strong>s amoureux.<br />

L’un est à la beauté ce que l’autre est à l’esprit<br />

Un rapi<strong>de</strong> coup d’œil sur le jeu <strong>de</strong> miroir entre Christian et <strong>Cyrano</strong> : leur costume leur donne<br />

un je-ne-sais-quoi qui les fait se ressembler… Le premier joue sur les apparences, le second<br />

se dissimule <strong>de</strong>rrière sa cape. L’un est à la beauté ce que l’autre est à l’esprit !<br />

De cette histoire d’amour, portée jusqu’au douloureux sacrifice <strong>du</strong> renoncement, naît une<br />

voix hybri<strong>de</strong>. Qui nous émeut. Profondément.<br />

Au milieu <strong>de</strong> ces trouvailles, les talents fourmillent. Ragueneau (« le Pâtissier <strong>de</strong>s comédiens<br />

et <strong>de</strong>s poètes ») nous fait saliver avec ses choux à la crème : Xavier Guittet embroche ses vers<br />

et les « fait tourner au feu ». Léon Napias soulève les rires : Montfleury, puis le capitaine<br />

gascon Castel-Jaloux (qu’il interprète aussi) sont <strong>de</strong>ux personnages dont il arrive à rendre les<br />

couleurs et la truculence. Dans cette distribution, l’énergie <strong>de</strong> chacun est suffisante pour nous<br />

faire oublier le jeu souvent très inégal d’Emmanuelle Wion (Roxane) : parfois l’actrice<br />

manque <strong>de</strong> coffre, la voix est trop basse et le ton pas assez emporté (à la mort <strong>de</strong> Christian,<br />

nous ne croyons pas une secon<strong>de</strong> à son chagrin. Ce soir-là, on passe à côté <strong>de</strong> l’émotion). En<br />

revanche, elle est grandiose dans la scène finale. Son jeu gagnerait donc à être plus<br />

homogène.<br />

Si nous étions au temps <strong>de</strong> Rostand, les femmes diraient qu’elles viennent pour admirer la<br />

gar<strong>de</strong>-robe <strong>de</strong> l’actrice principale. Ici, leur attente ne serait pas déçue, les tenues <strong>de</strong> Roxane<br />

sont superbes : « Ombre et lumière, rouge et or, sang, larmes et rires ». Une variation sur la<br />

matière… <strong>de</strong> laquelle s’élève une poésie qui nous laisse bien rêveurs. Touchés !<br />

Sheila Louinet


<strong>Cyrano</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong><br />

Christophe Brault<br />

[classique]<br />

© François Berthon<br />

Edmond Rostand a eu <strong>du</strong> nez en<br />

choisissant <strong>Cyrano</strong> comme héros <strong>de</strong><br />

son chef-d’œuvre. C’est un <strong>de</strong>s personnages<br />

les plus adorés <strong>du</strong> répertoire. Il a<br />

<strong>du</strong> panache et <strong>de</strong> l’esprit, maniant l’épée<br />

aussi bien que la plume. Il enfile les vers<br />

comme d’autres chez Ragueneau <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s verres. Son malheur est <strong>de</strong><br />

porter au milieu <strong>de</strong> son visage, un nez !<br />

Que dis-je, une péninsule ! La pièce est,<br />

à travers ses cinq actes, une o<strong>de</strong> au<br />

théâtre, à toutes les formes théâtrales,<br />

comédie, drame, tragédie… C’est en<br />

cela qu’elle n’est pas facile à monter ni<br />

à interpréter. On traverse les styles mais<br />

aussi, et c’est rare dans une pièce, les<br />

années. La jeunesse <strong>de</strong>s premiers actes<br />

se fracasse souvent sur le <strong>de</strong>rnier. La<br />

version que nous donne à voir le metteur<br />

en scène Gilles Bouillon est <strong>de</strong>s plus<br />

réjouissantes. Avec la complicité <strong>de</strong> Bernard<br />

Pico à la dramaturgie, il nous offre<br />

une remarquable lecture. Et s’aidant <strong>de</strong><br />

la scénographie <strong>de</strong> Nathalie Holt, le théâtre<br />

est à l’honneur. L’accent est avant<br />

tout mis sur la relation entre <strong>Cyrano</strong>, le<br />

laid qui a <strong>de</strong> l’esprit, et Christian, le beau<br />

qui en manque. Pour marquer qu’entre<br />

eux la différence ne tenait qu’à un nez,<br />

le metteur en scène a choisi <strong>de</strong>ux comédiens<br />

qui se ressemblent comme <strong>de</strong>s<br />

frères. Cela renforce la relation et rend<br />

encore plus plausible le subterfuge<br />

trouvé par <strong>Cyrano</strong> pour déclarer sa<br />

flamme à Roxane. Sans Christian, il n’aurait<br />

pu lui écrire <strong>de</strong>s lettres d’amour.<br />

Christophe Brault, sur un registre d’une<br />

gran<strong>de</strong> sensibilité, est un <strong>Cyrano</strong> magnifique.<br />

Thibaut Corrion a gommé tout le<br />

côté bellâtre <strong>de</strong> Christian, pour en faire<br />

un jeune homme plein <strong>de</strong> vivacité.<br />

Emmanuelle Wion est une belle et<br />

délicate Roxane. Et <strong>de</strong> Guiche ? C’est<br />

Philippe Lebas, terriblement convaincant.<br />

Pardon <strong>de</strong> ne pas pouvoir citer<br />

toute la formidable troupe. Nous avons<br />

pu les applaudir au centre dramatique<br />

<strong>de</strong> Tours, que dirige Gilles Bouillon,<br />

où tous les spectateurs se sont levés à<br />

la fin <strong>de</strong> l’envoi ! ■<br />

Marie-Céline Nivière<br />

Cartoucherie - Tempête<br />

Renseignements page 42.<br />

12 Pariscope semaine <strong>du</strong> 10 au 16 novembre<br />

■ ■


N° 182 / Novembre - 2010<br />

<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> Gilles Bouillon met en scène avec intelligence et générosité les amours<br />

bicéphales inventées par Rostand et compose, avec une troupe équilibrée et talentueuse, un spectacle<br />

pétillant et virtuose.<br />

<strong>Cyrano</strong> emporte dans la tombe son panache immaculé, marque <strong>de</strong> ce que le XVIIème siècle appelait<br />

la gloire et qui désigne ce à quoi on se doit et qui fait un héros. Confon<strong>du</strong> avec une gloriole bravache,<br />

ce panache est souvent ce qui con<strong>du</strong>it à faire <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong> un bretteur insolent et provocateur – et les<br />

vers <strong>de</strong> mirliton <strong>de</strong> Rostand y invitent – plus mousquetaire que philosophe. En choisissant <strong>de</strong> confier<br />

ce rôle à Christophe Brault, comédien dont on ne saluera jamais assez l’intelligence et la distinction,<br />

Gilles Bouillon défait le contresens et rend à <strong>Cyrano</strong> toute la complexité d’un timi<strong>de</strong> que sa difformité<br />

handicape, honteux <strong>de</strong> sa lai<strong>de</strong>ur<br />

parce qu’il aime trop la beauté, celle <strong>de</strong><br />

Roxane, évi<strong>de</strong>mment, mais aussi celle<br />

<strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> l’esprit qui offrent aux<br />

audacieux l’espoir d’aller dans la lune<br />

et leur permet <strong>de</strong> « chanter, rêver, rire,<br />

passer, être seul, être libre » sans souci<br />

d’un « protecteur » ou d’un « patron »,<br />

sans dieu ni maître, libertin comme on<br />

l’était au Grand Siècle et comme le fut<br />

sans conteste Hercule Savinien <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong>,<br />

cet esprit fort avec lequel l’interprétation<br />

<strong>de</strong> Christophe Brault réconcilie<br />

son avatar théâtral. Intellectuel épris<br />

d’une précieuse (là encore, pas une <strong>de</strong><br />

ces pécores que ridiculise Molière, mais une femme libre capable comme Roxane <strong>de</strong> traverser les<br />

rangs ennemis pour rejoindre son amant au siège d’Arras, et à laquelle Emmanuelle Wion donne ici<br />

une intensité dramatique qui flirte avec le sublime), maladroit comme on l’est quand on a trop <strong>de</strong><br />

mots et plus d’intelligence que le commun, le <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> Brault est un <strong>de</strong>s plus fins et <strong>de</strong>s plus subtils<br />

jamais interprétés.<br />

Le laurier et la rose !<br />

Manipulateur d’un jeu qu’il dirige en metteur en scène aguerri, <strong>Cyrano</strong> est aussi un homme <strong>de</strong> théâtre,<br />

c’est-à-dire, fondamentalement, un baroque. S’il déteste l’ampoulé Montfleury, c’est qu’il se fait une<br />

idée bien plus haute <strong>de</strong> l’art dramatique que ce butor prétentieux. Gilles Bouillon le suggère avec<br />

adresse en faisant <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong> le maître <strong>de</strong>s effets scéniques, commandant sa clarté à la lune et organisant<br />

autour <strong>de</strong> lui une scénographie qui s’adapte d’acte en acte avec une fluidité et une élégance<br />

impeccables. <strong>Cyrano</strong>, Brault et Bouillon sont un peu comme les facettes complémentaires d’un même<br />

homme, portant tous ensemble à son acmé un amour <strong>du</strong> théâtre qui conjugue enthousiasme et talent.<br />

Cette alliance est visible dans la place que sait accor<strong>de</strong>r Gilles Bouillon aux jeunes comédiens <strong>du</strong><br />

JTRC qu’il forme au jeu par le jeu (évi<strong>de</strong>nce qu’il est un <strong>de</strong>s rares metteurs en scène contemporains à<br />

réaliser), qui composent dans cette pièce une troupe harmonieuse et joyeuse. Autour <strong>de</strong>s trois comédiens<br />

principaux (Brault et Wion et le très beau Thibaut Corrion qui fut un excellent Rodrigue pour<br />

le regretté Alain Ollivier et confirme ici son talent dans le rôle <strong>de</strong> Christian), les seconds rôles sont<br />

interprétés avec justesse et conviction, et tout concourt à composer un spectacle radieux et tendre,<br />

émouvant et drôle, enlevé et brillant, généreux et populaire, qui mérite <strong>de</strong> se voir servi « le laurier et<br />

la rose » !<br />

Catherine Robert


LE QUOTIDIEN<br />

DU MEDECIN<br />

Date : 08/12/2010<br />

Pays : FRANCE<br />

Page(s) : 11<br />

Rubrique : LE TEMPS DU LOISIR<br />

Diffusion : 08/12/2010 (73000)


Lundi 22 novembre 2010<br />

Scènes<br />

Publié le 20/11/2010<br />

Le Point.fr<br />

"<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong>", le panache et la<br />

grâce<br />

Théâtre. Théâtre <strong>de</strong> la Tempête, Cartoucherie <strong>de</strong><br />

Vincennes, jusqu'au 12 décembre, puis en tournée<br />

jusqu'en mai.<br />

Nedjma Van Egmond<br />

"<strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong>" © François Berthon<br />

Près <strong>de</strong> trois heures, qui passent comme un souffle. C'est le propre <strong>de</strong>s pièces brillantes...<br />

quand elles sont brillamment montées. À la Comédie-Française, le <strong>Cyrano</strong> mis en scène par<br />

Denis Podalydès, avec Michel Vuillermoz dans le rôle-titre, avait laissé une empreinte<br />

<strong>du</strong>rable. Cette version signée Gilles Bouillon nous embarque tout autant. Moyens moindres -<br />

décor <strong>de</strong> bois, tréteaux, toiles peintes et ri<strong>de</strong>au -, mais même bel élan, elle mêle fougue et<br />

émotion, mystérieux jeux <strong>du</strong> coeur et <strong>de</strong> l'esprit, farce et romantisme, humour et drame,<br />

gentes dames et fiers Gascons.<br />

L'histoire est connue. "Je serai ton talent, tu seras ma beauté." Tous <strong>de</strong>ux ten<strong>du</strong>s vers l'amour<br />

d'une même femme, la douce Roxane, <strong>Cyrano</strong>, être brillant mais laid - au visage mangé par un<br />

<strong>de</strong>nse appendice -, offre ses phrases et son talent à Christian, beau mais sot. Le premier<br />

souffle les vers, le second cueille les baisers. Comme dans Peines d'amour per<strong>du</strong>es, le<br />

directeur <strong>du</strong> CDR <strong>de</strong> Tours a réuni une équipe <strong>de</strong> jeunes comédiens réjouissants, en partie<br />

issus <strong>du</strong> Jeune théâtre en Région Centre. Ils forment un choeur rythmé et bondissant. Thibault<br />

Corrion campe un Christian plus habité qu'à l'accoutumée, et Emmanuelle Wion, une Roxane<br />

<strong>de</strong> caractère. Dans le rôle <strong>de</strong> <strong>Cyrano</strong>, Christophe Brault. Il était un Iago ten<strong>du</strong> et vif dans<br />

Othello, le voici formidable poète-mousquetaire. Combattant puis messager, il est <strong>de</strong> toutes<br />

les scènes ou presque, d'un champ <strong>de</strong> bataille à un balcon sous la lune, d'une scène <strong>de</strong> fortune<br />

à un couvent où il livrera son secret. Il est épris d'intégrité et <strong>de</strong> liberté, plein <strong>de</strong> tendresse et<br />

<strong>de</strong> souffrance contenue. Christophe Brault, débordant tout ensemble <strong>de</strong> grâce et <strong>de</strong> panache,<br />

illumine la scène.


Jeudi 2 décembre 2010


le Parisien<br />

10/12/2010<br />

Spectacle<br />

Un <strong>Cyrano</strong> drôle et touchant<br />

On rit beaucoup et on pleure un<br />

peu <strong>de</strong>vant ce <strong>Cyrano</strong> <strong>de</strong> <strong>Bergerac</strong> à la<br />

Cartoucherie <strong>de</strong> Vincennes. Mais on<br />

n’a pas le temps <strong>de</strong> s’ennuyer : <strong>Cyrano</strong><br />

se révèle drôle et touchant, Roxane<br />

passionnée, on se bat à l’épée... Un<br />

décor simple en bois, quelques bruitages<br />

contribuent a l’efficacité <strong>de</strong> la pièce.<br />

Le public prend plaisir à réciter en même<br />

temps que <strong>Cyrano</strong> la fameuse tira<strong>de</strong> <strong>du</strong><br />

nez : «un cap ! ... Une péninsule...»


20 novembre 2010

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