1942, des rafles à la déportation - Mémorial de la Shoah
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LES INSTITUTIONS FRANÇAISES<br />
FACE AU DRAME DE LA SHOAH<br />
Lorsque, en 1943, le général <strong>de</strong> Gaulle crée, <strong>à</strong> Alger, l'embryon du futur<br />
ministère <strong><strong>de</strong>s</strong> prisonniers, déportés, réfugiés, il a déj<strong>à</strong> conscience <strong>de</strong><br />
l'enjeu considérable que représentera <strong>la</strong> réintégration dans <strong>la</strong> nation<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> 5 millions <strong>de</strong> personnes arrachées <strong>à</strong> leur foyer. Concernant les<br />
Juifs, seuls 3 000 reviennent, en 1945, <strong>de</strong> l'enfer <strong><strong>de</strong>s</strong> camps.<br />
Les premières mesures <strong>de</strong> réparation<br />
Tous les internés et déportés français, quel que soit le motif <strong>de</strong> leur<br />
internement ou <strong>de</strong> leur <strong>déportation</strong>, sauf comme «droit commun»,<br />
ont pu obtenir le titre <strong>de</strong> «déporté - ou interné - politique», institué par<br />
l'ordonnance du 11 mai 1945 complétée par les lois du 5 septembre<br />
1947 et du 9 septembre 1948.<br />
Ces mêmes textes précisaient les dispositions re<strong>la</strong>tives au droit <strong>à</strong><br />
pension et aux droits et avantages accessoires qui leur étaient applicables<br />
en tant que victimes civiles.<br />
Tous les textes légis<strong>la</strong>tifs pris ultérieurement concernant l'évolution<br />
du droit <strong>à</strong> réparation en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> internés et déportés politiques leur<br />
ont été appliqués.<br />
La reconnaissance du génoci<strong>de</strong><br />
Même si <strong>la</strong> littérature abor<strong>de</strong> le thème <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>déportation</strong> et <strong>de</strong><br />
l'extermination <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs dès les années 1950, c'est <strong>à</strong> l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> puissants<br />
leviers, comme le cinéma et <strong>la</strong> télévision, qu'une prise <strong>de</strong> conscience<br />
générale se produit dans les années 1970-1980.<br />
En 1993, un décret institue une journée <strong>à</strong> <strong>la</strong> mémoire <strong><strong>de</strong>s</strong> «victimes<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> crimes racistes et antisémites commis sous l'autorité <strong>de</strong> fait dite<br />
du gouvernement <strong>de</strong> l'État français, 1940-1944».<br />
En juillet 1995, le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République déc<strong>la</strong>re officiellement<br />
que «<strong>la</strong> folie criminelle <strong>de</strong> l'occupant a été secondée par <strong><strong>de</strong>s</strong> Français,<br />
par l'État français».<br />
La loi du 10 juillet 2000, tout en reconnaissant explicitement le rôle <strong>de</strong><br />
l'État français, associe au souvenir <strong><strong>de</strong>s</strong> victimes celui <strong><strong>de</strong>s</strong> «Justes»,<br />
ces Français qui, au péril <strong>de</strong> leur vie, ont caché et sauvé <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs<br />
durant l'Occupation.<br />
Un dispositif d'in<strong>de</strong>mnisation<br />
En 1997, <strong>la</strong> mission Mattéoli est créée et chargée «d'étudier les<br />
conditions dans lesquelles les biens immobiliers et mobiliers<br />
appartenant aux Juifs <strong>de</strong> France ont été confisqués ou, d'une manière<br />
générale, requis par frau<strong>de</strong>, violence ou vol, tant par l'occupant que<br />
par les autorités <strong>de</strong> Vichy entre 1940 et 1944».<br />
Ainsi, <strong>de</strong>puis le décret du 10 septembre 1999, <strong>la</strong> France in<strong>de</strong>mnise les<br />
«victimes <strong><strong>de</strong>s</strong> persécutions antisémites et <strong><strong>de</strong>s</strong> actes <strong>de</strong> barbarie<br />
pendant <strong>la</strong> Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale», après instruction <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
par une commission autonome.<br />
Par ailleurs, dans le prolongement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission Mattéoli, les<br />
dispositions du décret du 13 juillet 2000 instituent une mesure <strong>de</strong><br />
réparation pour les orphelins dont les parents ont été victimes <strong>de</strong><br />
persécutions antisémites.<br />
Le bénéfice <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>mnisation s'adresse aux personnes dont le père<br />
ou <strong>la</strong> mère, victime <strong><strong>de</strong>s</strong> persécutions antisémites, a trouvé <strong>la</strong> mort en<br />
<strong>déportation</strong>, si elles étaient mineures (moins <strong>de</strong> 21 ans) au moment<br />
où <strong>la</strong> <strong>déportation</strong> est intervenue.<br />
La mesure <strong>de</strong> réparation, sous réserve <strong>de</strong> ne percevoir aucune<br />
in<strong>de</strong>mnité viagère <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> <strong>la</strong> République fédérale d'Allemagne<br />
ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> République d'Autriche en réparation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>déportation</strong> dont<br />
ses parents, ou l'un d'eux, ont été victimes, prend <strong>la</strong> forme, au choix<br />
du bénéficiaire, d'une in<strong>de</strong>mnité ou d'une rente viagère.<br />
Entretenir <strong>la</strong> mémoire<br />
Le traitement mémoriel <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Shoah</strong> par le gouvernement français va<br />
suivre le même cheminement que <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion re<strong>la</strong>tive <strong>à</strong> <strong>la</strong> réparation.<br />
Dans un premier temps, indissociés <strong>de</strong> l'hommage rendu <strong>à</strong> l'ensemble<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> déportés, le souvenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Shoah</strong> et les réflexions qu'elle suscite<br />
vont bénéficier, <strong>à</strong> partir <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1990, d'une action individualisée<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> part du gouvernement.<br />
Cette action s'est amplifiée au fil du temps et revêt aujourd'hui <strong>de</strong><br />
multiples formes, <strong>de</strong>puis que <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong> ce génoci<strong>de</strong> a été<br />
effective au niveau européen et mondial.<br />
Une direction spécifique, <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> mémoire, du patrimoine et<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> archives (DMPA), a été créée en 1999. Sous l'autorité du secrétaire<br />
d'État, elle définit et met en œuvre <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> mémoire et<br />
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