1942, des rafles à la déportation - Mémorial de la Shoah

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.LE TOURNANT DE L’ÉTÉ 1942. Les autobus et voitures de la police ayant servi à transporter les Juifs lors de la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942, garés devant le Vélodrome d’Hiver à Paris. Retrouvée par Serge Klarsfeld en 1990, il s’agit de la seule photographie connue à ce jour se rapportant à ces journées tragiques. © Mémorial de la Shoah/CDJC/BHVP L'année 1942 marque le début de la mise en œuvre de la «Solution finale» à l’échelle européenne. Le 27 mars, un premier convoi de déportés juifs quitte la France pour Auschwitz. Soixante-treize autres suivront par la suite, la plupart pour cette même destination. Reinhard Heydrich se rend à Paris le 5 mai 1942 afin d’installer le général SS Karl Oberg comme chef de la SS et de la police en France et lancer la préparation des déportations massives. Adolf Eichmann, le chef de la section antijuive du RSHA, se déplacera à son tour le 30 juin. Entre-temps, une ordonnance allemande est proclamée le 29 mai, et simultanément en France, en Belgique et aux Pays-Bas, relative au port de l’étoile jaune. Elle entre en vigueur le 7 juin. Peu après, l’accès à la plupart des lieux publics est interdit aux Juifs. L’exclusion se renforce. Début juin, Oberg entame des négociations avec les autorités françaises sur l’organisation et les conditions de mise en œuvre de ••• _32

De gauche à droite : Le cardinal Saliège, archevêque de Toulouse. Le cardinal Saliège fait lire dès le 23 août 1942 dans les églises de son diocèse une vigoureuse lettre de protestation contre les rafles de Juifs. Haute-Garonne, non daté. Portrait de Mgr Pierre-Marie Théas, évêque de Montauban, interné à Compiègne pour des faits de résistance. Tarn-et-Garonne, non daté. Le cardinal Gerlier, archevêque et primat des Gaules. Mgr Jean Delay, évêque de Marseille. Le pasteur Marc Boegner. Membre du Comité de coordination pour l’assistance dans les camps, il met toute son autorité morale en jeu pour tenter d'améliorer le sort des Juifs. Il défend et sauve de nombreux Juifs et des réfugiés politiques. France, 13 mars 1938. © DR l’arrestation, du transfert et de la déportation des Juifs de France, aboutissant à la signature d’un accord officiel avec René Bousquet, secrétaire d’État à la Police de Vichy représentant le gouvernement, le 2 juillet 1942. Ce document valide la participation des forces de l’ordre françaises aux arrestations de Juifs, le nombre des Juifs à arrêter et à livrer, les critères d’arrestation, le transfert de Juifs depuis la zone sud, alors non occupée, en vue de leur déportation. Le nombre est fixé à 100 000 personnes pour l’année 1942. Sur la proposition de Pierre Laval, la déportation des enfants de moins de 16 ans est en outre acceptée par Berlin et appliquée en août. Malgré le nombre élevé de personnes prises lors de la rafle, organisée à Paris et en région parisienne les 16 et 17 juillet 1942, le quota de Juifs à déporter fixé par les Allemands et les représentants du gouvernement de Vichy lors de négociations n’est pas atteint. Pour y parvenir, l’État français se tourne vers les camps d’internement de la zone sud, encore non occupée. Ceux-ci constituent un vivier dans lequel il puisera régulièrement. Ainsi, parmi les 10 000 Juifs livrés au Reich en août-septembre 1942, figurent en majorité des apatrides et des étrangers provenant de ces camps. Les autres sont raflés à partir du 26 août dans les départements du sud de la France. À cette date, le gouvernement s’efforce encore de conserver le contrôle illusoire des mesures prises envers les Juifs français, tout en acceptant que les enfants nés en France de parents étrangers soient déportés. Plus de la moitié des Juifs déportés de France l’a été au cours du deuxième semestre 1942. Les grandes rafles de l’été 1942 concernent pour la première fois des familles entières. Elles suscitent une réaction indignée dans une partie de l’opinion publique, jusqu’alors peu sensible aux persécutions commises contre les Juifs. Ainsi, une partie de l’épiscopat français, plus particulièrement en zone libre, se manifeste. De hautes personnalités comme Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, Mgr Théas, évêque de Montauban, Mgr Delay, évêque de Marseille, le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, ou le pasteur Marc Boegner, protestent contre l’arrestation, les mauvais traitements et la remise des Juifs à l’occupant. Des institutions religieuses, des couvents, participent à l’accueil sous de fausses identités d’enfants, notamment ceux dont les parents étrangers sont enfermés dans les camps d’internement ou sont déjà déportés. Dans le milieu rural, des initiatives individuelles et spontanées se manifestent également. ••• _33

De gauche <strong>à</strong> droite : Le cardinal Saliège, archevêque <strong>de</strong> Toulouse. Le cardinal Saliège fait lire dès le 23 août <strong>1942</strong> dans les églises <strong>de</strong> son diocèse<br />

une vigoureuse lettre <strong>de</strong> protestation contre les <strong>rafles</strong> <strong>de</strong> Juifs. Haute-Garonne, non daté. Portrait <strong>de</strong> Mgr Pierre-Marie Théas, évêque <strong>de</strong> Montauban, interné <strong>à</strong><br />

Compiègne pour <strong><strong>de</strong>s</strong> faits <strong>de</strong> résistance. Tarn-et-Garonne, non daté. Le cardinal Gerlier, archevêque et primat <strong><strong>de</strong>s</strong> Gaules. Mgr Jean De<strong>la</strong>y, évêque <strong>de</strong> Marseille.<br />

Le pasteur Marc Boegner. Membre du Comité <strong>de</strong> coordination pour l’assistance dans les camps, il met toute son autorité morale en jeu pour tenter<br />

d'améliorer le sort <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs. Il défend et sauve <strong>de</strong> nombreux Juifs et <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés politiques. France, 13 mars 1938.<br />

© DR<br />

l’arrestation, du transfert et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>déportation</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs <strong>de</strong> France,<br />

aboutissant <strong>à</strong> <strong>la</strong> signature d’un accord officiel avec René Bousquet,<br />

secrétaire d’État <strong>à</strong> <strong>la</strong> Police <strong>de</strong> Vichy représentant le gouvernement,<br />

le 2 juillet <strong>1942</strong>. Ce document vali<strong>de</strong> <strong>la</strong> participation <strong><strong>de</strong>s</strong> forces <strong>de</strong><br />

l’ordre françaises aux arrestations <strong>de</strong> Juifs, le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs <strong>à</strong><br />

arrêter et <strong>à</strong> livrer, les critères d’arrestation, le transfert <strong>de</strong> Juifs<br />

<strong>de</strong>puis <strong>la</strong> zone sud, alors non occupée, en vue <strong>de</strong> leur <strong>déportation</strong>.<br />

Le nombre est fixé <strong>à</strong> 100 000 personnes pour l’année <strong>1942</strong>. Sur <strong>la</strong><br />

proposition <strong>de</strong> Pierre Laval, <strong>la</strong> <strong>déportation</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong><br />

16 ans est en outre acceptée par Berlin et appliquée en août.<br />

Malgré le nombre élevé <strong>de</strong> personnes prises lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> rafle, organisée<br />

<strong>à</strong> Paris et en région parisienne les 16 et 17 juillet <strong>1942</strong>, le quota <strong>de</strong> Juifs<br />

<strong>à</strong> déporter fixé par les Allemands et les représentants du gouvernement<br />

<strong>de</strong> Vichy lors <strong>de</strong> négociations n’est pas atteint. Pour y parvenir,<br />

l’État français se tourne vers les camps d’internement <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone<br />

sud, encore non occupée. Ceux-ci constituent un vivier dans lequel<br />

il puisera régulièrement. Ainsi, parmi les 10 000 Juifs livrés au Reich<br />

en août-septembre <strong>1942</strong>, figurent en majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> apatri<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étrangers provenant <strong>de</strong> ces camps. Les autres sont raflés <strong>à</strong> partir du<br />

26 août dans les départements du sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.<br />

À cette date, le gouvernement s’efforce encore <strong>de</strong> conserver le<br />

contrôle illusoire <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures prises envers les Juifs français, tout en<br />

acceptant que les enfants nés en France <strong>de</strong> parents étrangers soient<br />

déportés. Plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs déportés <strong>de</strong> France l’a été au<br />

cours du <strong>de</strong>uxième semestre <strong>1942</strong>.<br />

Les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rafles</strong> <strong>de</strong> l’été <strong>1942</strong> concernent pour <strong>la</strong> première fois<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> familles entières. Elles suscitent une réaction indignée dans une<br />

partie <strong>de</strong> l’opinion publique, jusqu’alors peu sensible aux persécutions<br />

commises contre les Juifs. Ainsi, une partie <strong>de</strong> l’épiscopat français,<br />

plus particulièrement en zone libre, se manifeste. De hautes<br />

personnalités comme Mgr Saliège, archevêque <strong>de</strong> Toulouse,<br />

Mgr Théas, évêque <strong>de</strong> Montauban, Mgr De<strong>la</strong>y, évêque <strong>de</strong> Marseille,<br />

le cardinal Gerlier, archevêque <strong>de</strong> Lyon, ou le pasteur Marc Boegner,<br />

protestent contre l’arrestation, les mauvais traitements et <strong>la</strong> remise<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs <strong>à</strong> l’occupant. Des institutions religieuses, <strong><strong>de</strong>s</strong> couvents,<br />

participent <strong>à</strong> l’accueil sous <strong>de</strong> fausses i<strong>de</strong>ntités d’enfants, notamment<br />

ceux dont les parents étrangers sont enfermés dans les camps d’internement<br />

ou sont déj<strong>à</strong> déportés. Dans le milieu rural, <strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives<br />

individuelles et spontanées se manifestent également.<br />

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