1942, des rafles à la déportation - Mémorial de la Shoah

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Les dirigeants nazis pensent remporter une victoire rapide contre l’URSS. La résistance inattendue des troupes soviétiques les amène à remiser, au moins provisoirement, le projet d’une expulsion généralisée des Juifs à l’Est, en même temps qu’elle laisse entrevoir l’éventualité d’une nouvelle défaite militaire de l’Allemagne. C’est dans ce contexte qu’est prise, à l’automne 1941, la décision d’assassiner tous les Juifs d’Europe. La technique retenue est le gazage, homicide déjà employé en secret depuis le début de l’année 1940 dans six centres d’euthanasie situés à l’intérieur du Reich à l’encontre d’handicapés mentaux et de malades incurables, lors de l’Aktion T4. Dans un premier temps, les Juifs sont asphyxiés à l’arrière de camions au moyen des gaz d’échappement. Ces camions à gaz sont utilisés à Chelmno à partir du 8 décembre 1941. L’extermination des Juifs a donc commencé lorsque se tient à Wannsee, le 20 janvier 1942, une conférence au cours de laquelle sont précisées les modalités administratives, politiques et diplomatiques de la «Solution finale de la question juive». La conférence était initialement convoquée pour le 9 décembre 1941. Elle fut repoussée en raison de l’attaque japonaise contre les États-Unis, provoquant son entrée en guerre et l’extension désormais planétaire du conflit. Pour les nazis, onze millions de Juifs, dont ceux présents en Angleterre, en Irlande et sur les territoires liées à la France en Afrique du Nord, sont concernés. La réunion confirme par ailleurs la prééminence administrative et bureaucratique de la SS dans le génocide des Juifs d’Europe. L’étape suivante est la liquidation des Juifs du Gouvernement général, appelée Aktion Reinhard. Trois «centres de mise à mort», selon l’expression de Raul Hilberg, équipés de chambres à gaz fixes, sont construits à Belzec, Treblinka et Sobibor au début de l’année 1942. Les trois centres de mise à mort fonctionnent selon un même modèle. À l’arrivée des convois, les victimes doivent se déshabiller avant d’être poussées dans les chambres à gaz à travers un corridor entouré de barbelés. Les chambres à gaz, maquillées en salles de douche, fonctionnent au moyen du monoxyde de carbone produit par des moteurs diesel. Les corps des victimes sont d’abord ensevelis dans des fosses communes creusées à proximité, puis brûlés sur des bûchers à ciel ouvert, afin de dissimuler toute trace du massacre. Environ 550 000 personnes sont tuées à Belzec en l’espace de neuf mois entre mars et décembre 1942 ; 250 000 à Sobibor entre mai 1942 et octobre 1943 ; 900 000 à Treblinka entre juillet 1942 et novembre 1943. Alors que le site de Belzec est abandonné en juin 1943, Treblinka et Sobibor cessent de fonctionner après la révolte du commando juif chargé du fonctionnement des installations, respectivement le 2 août et le 14 octobre 1943. L’Aktion Reinhard prend fin avec l’exécution des 43 000 détenus juifs du camp de Majdanek et des ateliers de travail de la région de Lublin, entre le 3 et le 5 novembre 1943. Parallèlement à l’Aktion Reinhard, le camp d’Auschwitz est doté de grandes installations de gazage et d’incinération, où un million de Juifs, déportés de tous les territoires occupés par les forces du Reich, sont assassinés entre 1942 et 1944. Malgré la volonté des nazis de préserver le secret sur ces crimes, des informations circulent rapidement au sein des pays occupés et sont transmises aux principaux gouvernements alliés. Ainsi en mai 1942, un rapport du Bund (Union générale des travailleurs juifs) parvient au gouvernement polonais en exil à Londres, décrivant l’extermination des Juifs, fournissant une liste de sites d’extermination ainsi qu’une estimation du nombre de victimes de 700 000, qui s’avère inférieure à la réalité. La radio anglaise rapporte ces informations. Tout au long du printemps et jusqu’à la fin de l’année, de nouveaux messages parviennent à Londres et à Washington. Ainsi, le 8 août 1942, le représentant du congrès juif mondial en Suisse, Gerhart Riegner adresse un télégramme au rabbin Stephen Wise, président du congrès juif mondial aux États-Unis, et à Sidney Silverman, un député britannique, relayant les confidences d’Eduard Schulte, un industriel allemand, sur un vaste programme d’assassinat des Juifs d’Europe. Dans les dernières semaines de 1942, le résistant polonais Jan Karski témoigne de son parcours clandestin au sein du ghetto de Varsovie auprès du premier ministre britannique puis, en 1943, auprès du président américain. Sur la base de ces informations, les gouvernements alliés dénoncent le 17 décembre 1942, pour la première fois expressément, la politique d’extermination des Juifs d’Europe, sans jamais intervenir directement jusqu’à la fin de la guerre. _18

RÉPARTITION DES VICTIMES PAR PAYS (DANS LES FRONTIÈRES DE 1937) Les chiffres du bilan établi par Raul Hilberg sont des minima. Pour certains historiens, le nombre des victimes est plus élevé et pourrait atteindre le chiffre de 6,5 millions. Selon R. Hilberg * Selon l’Enzyklopädie des Holocaust ** EUROPE DE L’EST Pologne environ 3 000 000 2 900 000 à 3 000 000 Lituanie environ 130 000 140 000 à 143 000 Lettonie 70 000 70 000 à 71 500 Estonie 2 000 1 500 à 2 000 Roumanie 270 000 271 000 à 287 000 URSS plus de 700 000 1 000 000 à 1 100 000 EUROPE CENTRALE ET BALKANIQUE Allemagne environ 120 000 134 500 à 141 500 Autriche environ 50 000 50 000 Tchécoslovaquie 260 000 146 150 à 149 150 Hongrie plus de 180 000 550 000 à 569 000 Yougoslavie 60 000 56 200 à 63 300 Grèce 60 000 60 000 à 67 000 EUROPE OCCIDENTALE France 75 000 77 320 Belgique 24 000 28 900 Pays-Bas environ 100 000 100 000 Luxembourg environ 1000 1 950 Italie (y compris Rhodes) 9 000 7680 Norvège environ 1000 762 Total général environ 5 100 000 5 596 000 à 5 860 000 * D’après Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988. ** E. Jäckel, P. Longerich, J.H. Schoeps (dir.), Enzyklopädie des Holocaust, Argon, 1993, 1 re édition, Israël Gutman (dir.), 1990. _19

RÉPARTITION DES VICTIMES PAR PAYS<br />

(DANS LES FRONTIÈRES DE 1937)<br />

Les chiffres du bi<strong>la</strong>n établi par Raul Hilberg sont <strong><strong>de</strong>s</strong> minima. Pour<br />

certains historiens, le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> victimes est plus élevé et pourrait<br />

atteindre le chiffre <strong>de</strong> 6,5 millions.<br />

Selon R. Hilberg * Selon l’Enzyklopädie <strong><strong>de</strong>s</strong> Holocaust **<br />

EUROPE DE L’EST<br />

Pologne environ 3 000 000 2 900 000 <strong>à</strong> 3 000 000<br />

Lituanie environ 130 000 140 000 <strong>à</strong> 143 000<br />

Lettonie 70 000 70 000 <strong>à</strong> 71 500<br />

Estonie 2 000 1 500 <strong>à</strong> 2 000<br />

Roumanie 270 000 271 000 <strong>à</strong> 287 000<br />

URSS plus <strong>de</strong> 700 000 1 000 000 <strong>à</strong> 1 100 000<br />

EUROPE CENTRALE ET BALKANIQUE<br />

Allemagne environ 120 000 134 500 <strong>à</strong> 141 500<br />

Autriche environ 50 000 50 000<br />

Tchécoslovaquie 260 000 146 150 <strong>à</strong> 149 150<br />

Hongrie plus <strong>de</strong> 180 000 550 000 <strong>à</strong> 569 000<br />

Yougos<strong>la</strong>vie 60 000 56 200 <strong>à</strong> 63 300<br />

Grèce 60 000 60 000 <strong>à</strong> 67 000<br />

EUROPE OCCIDENTALE<br />

France 75 000 77 320<br />

Belgique 24 000 28 900<br />

Pays-Bas environ 100 000 100 000<br />

Luxembourg environ 1000 1 950<br />

Italie (y compris Rho<strong><strong>de</strong>s</strong>) 9 000 7680<br />

Norvège environ 1000 762<br />

Total général environ 5 100 000 5 596 000 <strong>à</strong> 5 860 000<br />

* D’après Raul Hilberg, La <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs d’Europe, Fayard, 1988.<br />

** E. Jäckel, P. Longerich, J.H. Schoeps (dir.), Enzyklopädie <strong><strong>de</strong>s</strong> Holocaust, Argon, 1993, 1 re édition, Israël Gutman (dir.), 1990.<br />

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