L’année <strong>1942</strong> constitue donc un tournant pour les popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> toute l’Europe, notamment en France. Dans ce pays, dès l’occupation en 1940, les Juifs sont frappés par les directives alleman<strong><strong>de</strong>s</strong> et celles du régime <strong>de</strong> Vichy qui visent <strong>à</strong> les mettre au ban <strong>de</strong> <strong>la</strong> société en définissant au préa<strong>la</strong>ble <strong><strong>de</strong>s</strong> critères d’i<strong>de</strong>ntification. Ces mesures se précisent et se radicalisent au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> mois, provoquant l’internement <strong>de</strong> plusieurs milliers d’individus, leur retrait <strong>de</strong> nombreuses professions comme <strong>de</strong> pans entiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie quotidienne, légalisant aussi le pil<strong>la</strong>ge économique. Des <strong>rafles</strong> vont frapper dès mai 1941 <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes juifs étrangers en zone nord, avant <strong>de</strong> toucher également <strong><strong>de</strong>s</strong> personnalités <strong>de</strong> nationalité française en décembre 1941. Les <strong>rafles</strong> visent <strong>à</strong> interner et <strong>à</strong> exclure les Juifs étrangers puis français <strong>de</strong> <strong>la</strong> société. Au printemps <strong>1942</strong>, l’application <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions radicales adoptées par le régime nazi se met en p<strong>la</strong>ce, avec <strong>la</strong> complicité du régime <strong>de</strong> Vichy qui entend affirmer ses prérogatives et sa loyauté envers les autorités d’occupation, plus encore après le retour au pouvoir comme vice-prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> Pierre Laval en avril <strong>1942</strong>, aux côtés du maréchal Pétain. Le responsable <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires juives <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gestapo en France, Dannecker, organise le départ d’un premier convoi <strong>de</strong> Juifs <strong>à</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tination d’Auschwitz le 27 mars <strong>1942</strong>, dans une optique <strong>de</strong> représailles après les attaques commises contre les troupes alleman<strong><strong>de</strong>s</strong>. Il se compose <strong>de</strong> 1 112 hommes. Les convois reprendront <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> juin et plus encore dans les mois suivants. Cette politique est l’aboutissement <strong>de</strong> négociations entamées au printemps <strong>1942</strong> par l’Allemagne nazie auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités françaises afin <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> leur participation pour l’arrestation et l’internement <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs désormais <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>déportation</strong> et <strong>à</strong> <strong>la</strong> mort. Des <strong>rafles</strong> perpétrées dans les semaines suivantes frappent cette fois <strong><strong>de</strong>s</strong> familles entières, <strong>à</strong> Paris <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> mi-juillet et en zone sud <strong>à</strong> partir du 26 août. 10 000 Juifs venant <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone non occupée seront remis ainsi au III e Reich. Au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> seule année <strong>1942</strong>, plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux millions et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> Juifs d’Europe sont assassinés. S’agissant <strong>de</strong> <strong>la</strong> France ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belgique par exemple, près <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié du nombre total <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs tués durant <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre l'est cette année l<strong>à</strong>. Entre mars et novembre, 43 convois avec 42 000 Juifs déportés quittent <strong>la</strong> France. Mais si <strong>1942</strong> marque une étape cruciale dans l’accomplissement du génoci<strong>de</strong>, parallèlement <strong><strong>de</strong>s</strong> informations vont parvenir auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> dirigeants alliés sur les crimes en cours. En France, les mesures d’exclusion et <strong>de</strong> persécution, notamment les <strong>rafles</strong> <strong>de</strong> l’été <strong>1942</strong>, suscitent une prise <strong>de</strong> conscience d’une partie grandissante <strong>de</strong> l’opinion qui favorise le sauvetage <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> Juifs <strong>de</strong> France. DATES DES PREMIERS CONVOIS ARRIVANT À AUSCHWITZ Ghettos avoisinant Auschwitz : mars <strong>1942</strong> Slovaquie : 26 mars <strong>1942</strong> France : 30 mars <strong>1942</strong> Pays-Bas : 17 juillet <strong>1942</strong> Belgique : 5 août <strong>1942</strong> Yougos<strong>la</strong>vie : 18 août <strong>1942</strong> Camp-ghetto <strong>de</strong> Theresienstadt (Tchécoslovaquie) : 28 octobre <strong>1942</strong> Norvège : 1 er décembre <strong>1942</strong> Allemagne : 10 décembre <strong>1942</strong> _10
LA SHOAH L’EXTERMINATION DES JUIFS EN EUROPE Rampe d'arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> convois <strong>de</strong> déportés <strong>à</strong> Auschwitz-Birkenau. Pologne, 1945. © <strong>Mémorial</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Shoah</strong>/CDJC _11