השריפה בכרמל: צרפת התגייסה לסייע - Ambassade de France

Pionnière
du bac franco-israéLIEN
par Dominique Jakubowicz
Entretien avec
France Bessis, directrice
du lycée francoisraélien
de Mikvé
Israël
Il y a quatre mois, France
Bessis quittait matins d’hiver,
1300 élèves et 120 professeurs
du lycée Molière à
Paris pour venir diriger le lycée
franco-israélien Raymond Leven,
créé en partenariat avec
l’Alliance israélite universelle
sur le campus historique de
Mikvé Israël. L’allée de palmiers
de Mikvé remplace désormais
les platanes parisiens mais ce
n’est pas là le seul changement.
Il a fallu
partir à la découverte
d’un
système éducatif
étranger.
Et apprendre
à connaître
les lycéens israéliens,
« qui
ont une très
grande liberté
d’action »
mais qui acceptent ses remarques
« avec le sourire, sans
aucune inhibition ou agressivité,
et sans avoir le sentiment
d’être pris en faute », dit-elle en
souriant.
« Le hasard et de multiples
convergences ont fait que l’on
me propose ce poste », explique-t-elle,
« et j’ai accepté
ce beau projet parce que partir
exercer mon métier à l’étranger
était un vœu de longue date ;
le fait que ce soit en Israël correspondait
en outre à un projet
personnel et familial ».
A Mikvé, son objectif est clair :
renforcer le rapprochement
franco-israélien du point de vue
scolaire mais aussi extrascolaire,
proposer une éducation
biculturelle aux Israéliens et
à tous ceux qui s’installent ici,
"Cet établissement
est destiné à faire de
tous nos élèves, français
et israéliens, les
ambassadeurs de la
culture de l’autre"
notamment à la communauté
francophone des Olim Hadachim
et des expatriés. « Un
des changements que je m’emploie
à porter dès cette année
est de multiplier les activités
françaises sous forme d’une
association sportive franco-israélienne,
d’un club de théâtre
ou de spectacles d’artistes franco-israéliens
à Mikvé, aux côtés
des traditionnels ‘tiyoulim‘ (excursions)
hérités du système israélien
et d’un
voyage en Pologne
à la fin
de l’année. Il
s’agit de faire
de tous nos
élèves, français
et israéliens,
les ambassadeurs
de la culture
de l’autre ».
France Bessis souhaite également
que le lycée Raymon
Leven, comme l’établissement
israélien de Mikvé Israël auquel
il est rattaché, inscrive prochainement
dans son projet pédagogique
des cours sur l’environnement
et le développement
durable. Autre idée qui lui tient
à cœur : renforcer l’enseignement
déjà existant des relations
internationales.
Mais son grand projet est le
baccalauréat franco-israélien.
Initié lors de la signature du
partenariat entre les gouvernements
français et israélien, il
est resté lettre morte jusqu’à ce
qu’il soit relancé à l’initiative de
l’ambassadeur Christophe Bigot
« qui a été très volontariste
sur ce sujet », explique-t-elle.
En novembre dernier, une mission
du ministère français de
l’Education nationale est venue
rencontrer des responsables israéliens
et poser les premiers
jalons pour l’élaboration d’une
certification commune. « Avec
un peu d’optimisme, on peut
supposer que ce baccalauréat
franco-israélien verra le jour
en 2012 ou 2013. L’objectif de
ce bac, comme toutes les certifications
européennes et internationales
en France, est de
présenter une valeur ajoutée
pour les élèves qui souhaitent
ensuite étudier en France ou en
Israël ».
« Il faut que le lycée franco-israélien
soit complètement partie
prenante des partenariats qui
existent déjà entre les grandes
écoles et universités françaises,
(Sciences-po, Paris-Dauphine,
HEC) et les universités de Tel
Aviv et Jérusalem ou le Technion,
mais aussi les renforcer
pour les étendre à Polytechnique,
Centrale, l’Ecole des
Télécom. Quant au ministère
israélien de
l’Education,
il semble disposé
à établir
des conventions
de partenariat
privilégié
entre notre
établissement
et l’université
de Tel Aviv ».
« Si l’on arrive à mettre en
place le baccalauréat francoisraélien
dans ce lycée-pilote
franco-israélien, il pourra être
instauré dans d’autres lycées
en Israël et en France. J’ai une
mission qui est de faire vivre
mais aussi de faire grandir cet
établissement. C’est un projet
Le 28 janvier 2011 :
journée « Portes ouvertes
» de 9h30 à
12h30 au lycée franco-israélien
Raymond
Leven – Mikvé Israël
unique et très ambitieux. Ce
baccalauréat franco-israélien –
ou en tout cas une certification
commune avec une valeur ajoutée
pour les deux pays – me
semble fondamental pour l’avenir
du lycée ».
Après l’Ecole normale supérieure,
une agrégation d’allemand
et plusieurs années d’enseignement,
France Bessis a
passé le concours de direction
d’établissement pour diriger
le lycée franco-allemand de
Buc, près de Versailles. C’est
dire combien le multiculturalisme
lui est familier. Attentive,
enthousiaste et extrêmement
lucide, elle en connaît également
les écueils. « Dans un
établissement franco-israélien,
il faut être vigilent car il y a des
intérêts divergents et parfois
contradictoires. Prenons le calendrier
scolaire, basé ici sur les
fêtes juives. Impensable pourtant
pour les enfants d’expatriés
de renoncer aux fêtes de Noël
et au rassemblement
familial
! Il fallait
donc trouver
un compromis
acceptable
par tous. L’expérience
franco-allemande
m’a appris
qu’il fallait
éviter les
malentendus par un dialogue
constant. L’interculturel n’existe
que si l’on comprend et accepte
la culture de l’autre sans renoncer
à la sienne propre ».
Renseignements :
03-5020647 / 052-6187048
14 Dialogues # 34 Janvier - Février 2011