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Jean-Pierre Buyle INTRODUCTION INTRODUCTION La libéralisation progressive des industries de réseau, initiée sous l’influence de la Commission européenne depuis le début des années 90, a donné lieu à la création d’autorités dites de “régulation” ayant pour mission de garantir l’équilibre entre l’intérêt économique des nombreux acteurs succédant aux grands monopoles étatiques et les intérêts extra-économiques relatifs à ces secteurs d’activités. Entamée dans le secteur des télécommunications dès le début des années 90, la progressive libéralisation des industries de réseau devrait s’achever, selon les vœux de la Commission européenne, en 2017, par la libéralisation du transport ferroviaire intérieur de passagers, qui représentera bientôt le dernier bastion des grands monopoles d’Etat historiques qui caractérisaient ces secteurs d’activités jusqu’à la fin du XXe siècle. Les autorités de régulation, parce qu’elles sont souvent considérées comme un trait d’union efficace entre le monde politique, soucieux du bien public, et le secteur privé, guidé par le rendement, sont des institutions très variées. Elles ont été créées dans de multiples domaines, tels que la santé, la sécurité alimentaire ou encore les échanges financiers. Bien que certains traits communs puissent être identifiés parmi tous ces organes de régulation, les particularités des entreprises concernées, de même que l’actualité de leur libéralisation, nécessitent que l’on s’y attarde plus particulièrement. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité consacrer le sujet de ce colloque à quatre grands secteurs économiques, caractérisés par leur fonctionnement en réseau : les services postaux, le transport ferroviaire, l’énergie et les télécommunications. Monopoles naturels historiques, exploités grâce à un réseau essentiel à leurs activités, dont la mise en place extrêmement coûteuse ne connaît souvent aucune alternative économiquement viable, ces secteurs sont à ce point intégrés dans la vie sociale que leur maintien pour tous à des conditions acceptables est souvent associé aux fonctions régaliennes des Etats occidentaux. Compte tenu 16/05/2008 | Knops Publishing | www.businesslawnet.eu 1

Jean-Pierre Buyle<br />

INTRODUCTION<br />

INTRODUCTION<br />

La libéralisation progressive des industries de réseau, initiée sous l’influence de<br />

la Commission européenne depuis le début des années 90, a donné lieu à la<br />

création d’autorités dites de “régulation” ayant pour mission de garantir<br />

l’équilibre entre l’intérêt économique des nombreux acteurs succédant aux<br />

grands monopoles étatiques et les intérêts extra-économiques relatifs à ces<br />

secteurs d’activités.<br />

Entamée dans le secteur des télécommunications dès le début des années 90, la<br />

progressive libéralisation des industries de réseau devrait s’achever, selon les<br />

vœux de la Commission européenne, en 2017, par la libéralisation du transport<br />

ferroviaire intérieur de passagers, qui représentera bientôt le dernier bastion des<br />

grands monopoles d’Etat historiques qui caractérisaient ces secteurs d’activités<br />

jusqu’à la fin du XXe siècle.<br />

Les autorités de régulation, parce qu’elles sont souvent considérées comme un<br />

trait d’union efficace entre le monde politique, soucieux du bien public, et le<br />

secteur privé, guidé par le rendement, sont des institutions très variées. Elles ont<br />

été créées dans de multiples domaines, tels que la santé, la sécurité alimentaire<br />

ou encore les échanges financiers.<br />

Bien que certains traits communs puissent être identifiés parmi tous ces organes<br />

de régulation, les particularités des entreprises concernées, de même que<br />

l’actualité de leur libéralisation, nécessitent que l’on s’y attarde plus<br />

particulièrement. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité consacrer le<br />

sujet de ce colloque à quatre grands secteurs économiques, caractérisés par leur<br />

fonctionnement en réseau : les services postaux, le transport ferroviaire,<br />

l’énergie et les télécommunications.<br />

Monopoles naturels historiques, exploités grâce à un réseau essentiel à leurs<br />

activités, dont la mise en place extrêmement coûteuse ne connaît souvent<br />

aucune alternative économiquement viable, ces secteurs sont à ce point intégrés<br />

dans la vie sociale que leur maintien pour tous à des conditions acceptables est<br />

souvent associé aux fonctions régaliennes des Etats occidentaux. Compte tenu<br />

16/05/2008 | Knops Publishing | www.businesslawnet.eu 1


Jean-Pierre Buyle<br />

INTRODUCTION<br />

de leur importance stratégique, sociale et historique, ces secteurs économiques<br />

ne peuvent raisonnablement être abandonnés, dans les premiers temps de leur<br />

libéralisation, aux seules forces régissant le marché, leurs implications extraéconomiques<br />

étant beaucoup trop importantes pour prendre un tel risque.<br />

Si l’IBPT (Institut belge des Services Postaux et des Télécommunications) fête<br />

cette année son 17 e anniversaire, c’est en 2003 qu’il a changé de statut pour<br />

acquérir son indépendance actuelle. La CREG (Commission de Régulation de<br />

l'Electricité et du Gaz) a été créée en 1999 et le régulateur du transport<br />

ferroviaire et de l’exploitation de l’aéroport de Bruxelles-National, créé non pas<br />

comme une autorité autonome mais intégré au sein du ministère des Affaires<br />

économiques, n’a pas encore fêté son deuxième anniversaire. Les autorités de<br />

régulation sont donc, en majorité, des créations relativement récentes.<br />

Le développement des activités en réseau se fait par étape et chacune d’elles<br />

donne lieu à autant de nouvelles questions auxquelles autant de réponses<br />

originales doivent être apportées. La régulation constitue une matière dynamique<br />

dans laquelle tout ou presque reste à inventer. C’est surtout une matière d’avenir<br />

car si la libéralisation de ces secteurs semble un fait irréversible, les obligations<br />

imposées aux différents acteurs concernés, que ce soit en vue de la protection du<br />

consommateur ou de l’ouverture du marché à la concurrence, conserveront une<br />

place essentielle dans les politiques économiques des Etats. Les seules forces du<br />

marché semblent en effet insuffisantes pour assurer une concurrence effective et<br />

durable, dans le respect des exigences du service public.<br />

Les missions confiées aux autorités de régulation sont de plusieurs types,<br />

chacune ayant une importance cruciale pour atteindre un juste équilibre entre les<br />

avantages de la concurrence ou de la compétitivité et les exigences du service<br />

public.<br />

Le contrôle du respect des différentes obligations imposées aux acteurs du<br />

marché occupe une place importante dans les tâches attribuées aux régulateurs.<br />

Si les missions à caractère purement social viennent immédiatement à l’esprit,<br />

on pense par exemple à la fourniture d’un service minimal (appelé parfois service<br />

universel), le volet relatif à la protection des intérêts publics est également<br />

essentiel. On songe, par exemple, à l’imposition d’une large couverture<br />

géographique du territoire, aux obligations de qualité et de régularité, à la<br />

tarification et à la transparence vis-à-vis des consommateurs, ou encore à la<br />

16/05/2008 | Knops Publishing | www.businesslawnet.eu 2


Jean-Pierre Buyle<br />

INTRODUCTION<br />

promotion de politiques gouvernementales, comme le développement des<br />

énergies vertes imposé au secteur de l’énergie.<br />

A côté de ces missions de service public, les régulateurs exercent également des<br />

compétences d’accompagnement et de contrôle du bon déroulement de la<br />

libéralisation de leurs secteurs respectifs. Les opérateurs historiques détenaient<br />

souvent dans leur domaine d’activités un monopole non seulement horizontal,<br />

mais aussi vertical, qui leur offrait non seulement un contrôle global de leur<br />

réseau, voire la propriété matérielle de celui-ci, mais également la maîtrise de la<br />

fourniture du service lui-même. L’ouverture de ces marchés monopolistiques se<br />

heurtait donc prima facie à l’impossibilité économique pour les candidats<br />

concurrents, d’intégrer sans autre forme d’aménagement, un marché dans lequel<br />

l’outil de travail, le réseau, était exploité exclusivement par leur concurrent<br />

direct.<br />

Une telle situation offre inévitablement à l’opérateur historique une position<br />

dominante inattaquable, les seules options laissées aux nouveaux candidats<br />

étant le paiement d’une rente à leur concurrent principal, ce qui rendrait ceux-ci<br />

de facto non concurrentiels. Une alternative pourrait être la création d’un réseau<br />

parallèle mais cette solution n’est pas réellement praticable vu le coût que<br />

représenterait le développement d’un second réseau. En outre, le développement<br />

de réseaux parallèles limités aux seules niches les plus rentables pourrait parfois<br />

fragiliser l’opérateur historique si ses activités devaient se limiter aux missions<br />

de service public qui ne sont pas économiquement les plus avantageuses.<br />

Dans certains secteurs, le législateur a parfois pris des mesures radicales pour<br />

éviter les difficultés d’accès au réseau. La création en 2002, puis la privatisation<br />

en 2005, du transporteur d’électricité ELIA constitue un bon exemple. Dans<br />

d’autres secteurs, dans lesquels des mesures si radicales n’ont pas forcément été<br />

prises, comme les télécommunications, les autorités de régulation ont pour<br />

mission de garantir un accès concurrentiel des opérateurs au réseau de<br />

l’opérateur historique, Ceci se réalise par l’imposition d’obligations, notamment<br />

en matière d’accès au réseau et de tarification, dont le respect est très<br />

strictement contrôlé.<br />

Dans un contexte fortement influencé par le droit européen, qui est à l’origine<br />

des systèmes de régulation mis en place, les régulateurs se sont donc également<br />

vu imposer des missions relatives au respect des normes européennes,<br />

notamment en matière de normalisation ou d’adaptation du réseau aux<br />

16/05/2008 | Knops Publishing | www.businesslawnet.eu 3


Jean-Pierre Buyle<br />

INTRODUCTION<br />

exigences internationales. En matière d’énergie, par exemple, il semble, en effet,<br />

aujourd’hui inimaginable qu’une nouvelle technologie soit développée à l’échelle<br />

d’un Etat sans que ses spécificités techniques n’aient été avalisées par les<br />

instances européennes.<br />

L’instauration de groupements de régulateurs européens, parmi lesquels sont<br />

représentés les régulateurs nationaux des Etats membres, a permis ces dernières<br />

années de faciliter la concertation, la cohérence et l’harmonisation entre les<br />

politiques nationales. Les spécificités nationales sont de moins en moins<br />

nombreuses. L’intervention, aujourd’hui, de représentants de la Commission<br />

européenne ou d’un régulateur étranger, nous le montrera.<br />

Le marché commun européen, basé sur le principe du libre échange et de la libre<br />

concurrence, ne s’accommode pas des grands monopoles historiques. Une des<br />

missions des autorités de régulation consiste donc à garantir un paysage<br />

concurrentiel accessible aux nouveaux arrivants et conforme aux règles<br />

européennes en la matière.<br />

La régulation concerne en définitive des acteurs très différents, dont les intérêts<br />

sont par définition contradictoires et doivent, en outre, être combinés avec ceux<br />

du consommateur. Entre les autorités publiques, les entreprises privées, les<br />

instances européennes, les autorités de la concurrence ou les différentes<br />

juridictions, civiles et administratives, les régulateurs exercent un rôle central de<br />

contrôleur, conseiller, facilitateur ou relais, essentiel au développement<br />

harmonieux des entreprises, dans leur intérêt économique mais également dans<br />

l’intérêt des utilisateurs. Les régulateurs occupent une place incontournable<br />

parmi tous les intervenants des secteurs concernés.<br />

Le droit de la régulation se situe à la croisée des chemins entre le droit<br />

européen, le droit économique, le droit public et le droit privé. Il doit, en outre,<br />

constamment s’adapter aux évolutions technologiques. Il suscite un contentieux<br />

important, qui nécessite des solutions rapides et efficaces, parce qu’il crée<br />

également de nouveaux principes dans des secteurs parfois extrêmement<br />

dynamiques. C’est la raison pour laquelle, en <strong>Belgi</strong>que, le législateur a dessaisi le<br />

Conseil d’Etat, juge naturel des décisions administratives, pour confier à la Cour<br />

d’appel de Bruxelles, le contentieux suscité par les décisions de certains<br />

régulateurs. On pense à l’IBPT ou à la CREG. En la matière, la Cour d’appel<br />

statue comme en référé et dispose d’une compétence de pleine juridiction.<br />

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Jean-Pierre Buyle<br />

INTRODUCTION<br />

Après une nécessaire phase de mise en route, une jurisprudence nouvelle voit le<br />

jour dont les contours ne manqueront pas d’être abordés au cours de cette<br />

journée. Cette jurisprudence s’inscrit bien souvent dans l’actualité immédiate et<br />

suit ou accompagne les évolutions technologiques.<br />

Le juriste, praticien ou chercheur, ne peut rester indifférent à ces évolutions. Il<br />

lui appartient d’analyser cette matière, d’en dessiner les contours, d’en dégager<br />

les lignes de force, de manière à guider les acteurs, publics et privés, et à les<br />

aider à affronter les difficultés juridiques auxquelles ils sont confrontés.<br />

C’est cet objectif que le cabinet Philippe and Partners s’est assigné. A l’initiative<br />

de Mes Sébastien Depré et Mes Laurence Mourlon Beernaert, qui interviennent<br />

quotidiennement dans la matière de la régulation, des spécialistes ont<br />

aimablement accepté de faire part de leur expérience en ce domaine. Je laisse le<br />

soin aux Présidents de séance de vous les présenter mais je tiens d’emblée à les<br />

remercier tout spécialement pour leur contribution à cette journée d’études.<br />

Les intervenants nous permettront d’approcher les différents stades du processus<br />

régulatoire : l’initiative du régulateur, l’intervention des autorités de la<br />

concurrence et des institutions européennes. Nous pourrons également entendre<br />

comment s’établissent les relations entre le régulateur et l’autorité<br />

juridictionnelle. Nous examinerons encore l’incidence que l’action régulatrice a<br />

dans les relations contractuelles entre les opérateurs. Nous entendrons aussi<br />

l’analyse que le milieu académique fait du concept de régulation. Nous<br />

participerons enfin, c’est un privilège, à une Table ronde réunissant des<br />

représentants des quatre opérateurs historiques qui nous feront partager leur<br />

expérience quotidienne de la régulation et nous permettront ainsi d’identifier les<br />

convergences et les divergences que partagent ces secteurs.<br />

J’espère que cette journée d’études fournira des réponses aux questions<br />

actuelles mais aussi qu’elle ouvrira d’autres portes et suscitera de nouvelles<br />

interrogations qui ne pourront qu’enrichir la réflexion. Je forme le vœu, enfin,<br />

qu’elle sera l’occasion de contacts et de discussions entre ceux qui nous ont fait<br />

le plaisir de nous rejoindre.<br />

Je vous remercie.<br />

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