Kazimierz Braun RAYONNEMENT - Bibliothèque Polonaise à Paris
Kazimierz Braun RAYONNEMENT - Bibliothèque Polonaise à Paris Kazimierz Braun RAYONNEMENT - Bibliothèque Polonaise à Paris
MARIE. Mais pourtant, il y est. C’est sûr. EVE. C’est comme avec le radium, n’est-ce pas ? Pendant des années, tu savais qu’il existait mais tu ne le voyais pas. Tu voulais le voir. C’est pourquoi tu as remué à la pelle dix tonnes de minerai. MARIE. Huit. Depuis quatre ans, nous savions qu’il existait. On ne pouvait ni le voir, ni le peser, ni le toucher. Et pourtant, il y était…Cela résultait de nos calculs. Nous croyions qu’il existait. Non. Ce n’était pas la foi. C’était le savoir. EVE. Tu veux parler de ces quatre années dans le vieux laboratoire. MARIE. Oui. Les plus dures et les plus belles années de ma vie. Eve s’assied pour prendre des notes. EVE. Mais dis-moi, Mé, comment c’était avec ces laboratoires ? Les uns après les autres. J’aimerai mettre de l’ordre dans tout ça. Au début tu travaillais au laboratoire de Papa ? Dans son école ? N’est-ce pas ? MARIE. Décris-moi les couleurs. EVE. Mais tu le sais. MARIE. Les couleurs. EVE. Bon. D’accord. Le Mont Blanc est déjà légèrement jauni, l’après midi s’achève. MARIE. Et après. 8
EVE. Et après le jaune virera au rose puis au violet pour enfin être absorbé par le bleu marine de la nuit… Tu es contente ? Alors, au travail. Donc, tes laboratoires… MARIE. Oh, c’est de l’ancien temps. Elle prend ses lunettes de lecture. Elle ouvre une chemise en carton contenant un manuscrit. Ce n’est pas le moment des souvenirs. Moi aussi, j’ai du travail. Elle se déplace du fauteuil roulant à un fauteuil à côté de la table de jardin. EVE. Je t’aiderai, Mé… MARIE. Merci. Elle commence la correction. EVE. Tu m’avais promis. MARIE. Peut-être demain. J’ai encore deux cent pages à corriger. EVE. Tu m’avais promis. MARIE, sèchement. Pourquoi tu persistes. EVE. Comme toujours - pour ton bien. MARIE. Tu n’es pas bonne avec moi, pas bonne ! EVE. Je ne dois pas être bonne avec toi pour que mon livre à ton sujet soit bon. MARIE. Mon livre sur la radioactivité, doit lui aussi être bon. Laisse-moi tranquille. 9
- Page 1 and 2: Kazimierz Braun RAYONNEMENT Récit
- Page 3 and 4: L’année 1934. L’été. Sanator
- Page 5 and 6: la force de sa volonté ou d’inst
- Page 7: MARIE. Assez. Aiguille de Bionassay
- Page 11 and 12: EVE. Qui est-ce ? Zeromski ? MARIE.
- Page 13 and 14: MARIE. Et moi, je ne me comprenais
- Page 15 and 16: MARIE. De la mort ? EVE. De la vie
- Page 17 and 18: MARIE, sans interrompre ses correct
- Page 19 and 20: était. Il ne pouvait pas ne pas y
- Page 21 and 22: EVE. Je l’ai. En 1912. MARIE. Je
- Page 23 and 24: monde. Sous peu on va commencer le
- Page 25 and 26: Oui, je le reconnais, j’ai eu de
- Page 27 and 28: EVE. Ne te fâche pas. Ce que j’
- Page 29 and 30: m’enfonçais dans le désespoir.
- Page 31 and 32: seulement gentils. Il m’a donné
- Page 33 and 34: J’ai tué Paul dans mon cœur pen
- Page 35 and 36: MARIE. Anémie ? Non ce n’est pas
- Page 37 and 38: Sciences. Oui… D’abord, il parl
- Page 39 and 40: le propos d’Alfred Nobel. Et celu
- Page 41 and 42: fondamentales. Qu’est-ce que la m
- Page 43: a été enterrée au cimetière de
MARIE. Mais pourtant, il y est. C’est sûr.<br />
EVE. C’est comme avec le radium, n’est-ce pas ? Pendant des années, tu savais<br />
qu’il existait mais tu ne le voyais pas. Tu voulais le voir. C’est pourquoi tu as<br />
remué à la pelle dix tonnes de minerai.<br />
MARIE. Huit. Depuis quatre ans, nous savions qu’il existait. On ne pouvait ni le<br />
voir, ni le peser, ni le toucher. Et pourtant, il y était…Cela résultait de nos<br />
calculs. Nous croyions qu’il existait. Non. Ce n’était pas la foi. C’était le savoir.<br />
EVE. Tu veux parler de ces quatre années dans le vieux laboratoire.<br />
MARIE. Oui. Les plus dures et les plus belles années de ma vie.<br />
Eve s’assied pour prendre des notes.<br />
EVE. Mais dis-moi, Mé, comment c’était avec ces laboratoires ? Les uns après<br />
les autres. J’aimerai mettre de l’ordre dans tout ça. Au début tu travaillais au<br />
laboratoire de Papa ? Dans son école ? N’est-ce pas ?<br />
MARIE. Décris-moi les couleurs.<br />
EVE. Mais tu le sais.<br />
MARIE. Les couleurs.<br />
EVE. Bon. D’accord. Le Mont Blanc est déjà légèrement jauni, l’après midi<br />
s’achève.<br />
MARIE. Et après.<br />
8