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Innovations agricoles au service du développement durable

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Jönsson et Vinneras (2004) ont estimé l’azote contenu dans l’urine à 2-4 kg par personne par an, ce qui constitue une quantité<br />

considérable d’azote. Les études précédentes montrent que l’urine humaine utilisée comme source d’azote améliore les<br />

rendements des cultures, de la même manière que les engrais chimiques. Une étude pilote ECOSAN <strong>au</strong> Burkina Faso a montré que<br />

l’urine humaine contient environ 2,7 g N L -1 et accroît considérablement la pro<strong>du</strong>ction de maïs et d’<strong>au</strong>bergine (Bonzi, 2005 ; Kiba,<br />

2005). Au Zimbabwe, Guzha et al. (2005) ont également montré que la pro<strong>du</strong>ction de maïs <strong>au</strong>gmente avec un apport d’urine<br />

humaine. L’effet positif de l’urine humaine sur les pro<strong>du</strong>ctions de betterave et de carotte a également été noté en Afrique <strong>du</strong> Sud<br />

(Mnkeni et al., 2008).<br />

Toutefois, l’urine humaine contient un volume important de sodium (Na), qui peut considérablement <strong>au</strong>gmenter la salinité <strong>du</strong> sol,<br />

affecter ainsi le processus de nitrification et freiner la croissance végétale. Lors de notre précédente recherche, nous nous sommes<br />

aperçu que l’urine humaine fournissant la même dose d’azote sous forme d’urée entraînait un faible t<strong>au</strong>x de survie (86 %) de<br />

l’<strong>au</strong>bergine (Kiba, 2005). Adamson (2000) a également observé un effet dépressif de l’urine humaine non diluée sur la croissance<br />

de l’algue Scenedesmus acuminatus. Dans une étude réalisée par Mnkeni et al. (2008), l’application de l’urine humaine à 1,20 g N<br />

par plante a entraîné une forte con<strong>du</strong>ctivité électrique dans le sol et une consommation extrêmement forte de sodium par le maïs<br />

et la tomate (comparativement <strong>au</strong> traitement non fertilisé et <strong>au</strong> traitement d’urée), mais n’a pas baissé les rendements. L’effet<br />

dépressif de l’urine humaine sur le rendement végétal est tributaire de la sensibilité de la plante <strong>au</strong> sel. L’<strong>au</strong>bergine est l’une des<br />

cultures les plus importantes de l’Afrique et elle est cultivée dans de nombreuses zones tropicales. Dans une étude menée sur la<br />

tolérance de l’<strong>au</strong>bergine <strong>au</strong> sel, Heuer et al. (1986) ont montré que les rendements étaient ré<strong>du</strong>its à un t<strong>au</strong>x de 6,9 % par unité (dS<br />

m -1 ) sous l’effet de la h<strong>au</strong>sse de la salinité <strong>du</strong> sol. Ünlükara et al. (2010) ont également montré que l’<strong>au</strong>bergine était modérément<br />

sensible à la salinité et que sa consommation d’e<strong>au</strong> et l’efficacité d’utilisation d’e<strong>au</strong> baissaient avec l’<strong>au</strong>gmentation de la salinité.<br />

Bresler et al. (1982) ont classé l’<strong>au</strong>bergine dans la catégorie des cultures végétales sensibles <strong>au</strong> sel.<br />

Vu l’importance des engrais ECOSAN pour les petits agriculteurs africains et l’effet dépressif possible de l’urine humaine sur la<br />

pro<strong>du</strong>ction végétale, il est important de déterminer une dose optimum d’urine humaine, en particulier pour les cultures sensibles<br />

<strong>au</strong> sel, afin de proposer une utilisation <strong>du</strong>rable de cet engrais à faible coût. Nous avons émis l’hypothèse que l’urine humaine<br />

fournie à la dose N recommandée pour l’urée minérale n’est pas la dose optimum pour la pro<strong>du</strong>ction de l’<strong>au</strong>bergine. La présente<br />

étude vise à comprendre les effets de l’urine humaine sur la pro<strong>du</strong>ction de l’<strong>au</strong>bergine et l’évolution de l’urine humaine N dans le<br />

sol.<br />

Matériels et méthodes<br />

Sol, <strong>au</strong>bergine et urine humaine<br />

<strong>Innovations</strong> <strong>agricoles</strong> <strong>au</strong> <strong>service</strong> <strong>du</strong> développement<br />

L’échantillon de sol utilisé dans cette étude a été prélevé dans le champ d’un agriculteur où une expérience préalable ECOSAN avait<br />

été menée. Toutes les pierres et racines ont été retirées et le sol a été séché à la température ambiante. L’analyse chimique a<br />

montré que le sol était modérément acide (pH de l’e<strong>au</strong> 5,7) avec une faible teneur en substance nutritive : 0,44 g N, 0,31 g P 2 O 5 ,<br />

0,87 g K 2 O et 62 g C kg -1 .<br />

L’urine utilisée provient des latrines ECOSAN installées dans un village <strong>du</strong> plate<strong>au</strong> central <strong>du</strong> Burkina Faso (01°25′O, 12°21′N), à<br />

environ 30 km de la station de recherche de l’Institut de l’environnement et de recherches <strong>agricoles</strong> (INERA) à Kamboinsé. L’urine<br />

était alcaline (8,9 de pH) et contenait 2,7 g N, 0,85 g P 2 O 5 et 0,38 g K 2 O L -1 .<br />

L’<strong>au</strong>bergine hybride F 1 , « Kalenda », cultivée à grande échelle <strong>au</strong> Burkina Faso, a été utilisée dans cette étude.<br />

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