Innovations agricoles au service du développement durable

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08.11.2014 Views

Introduction La production laitière apporte une importante contribution au revenu, à la nutrition et aux moyens de subsistance généraux d’un grand nombre de ménages en Ouganda. Elle contribue à hauteur de 54 à 98 % des revenus des ménages pour les fermes agro-laitières mixtes dans le croissant du Lac Victoria (Mubiru et al., 2007). Toutefois, on s’est aperçu que la production laitière était très faible – avoisinant 2400 kg par vache par lactation, pour les vaches de race croisée (croisées Holstein Friesian avec petits zébus d’Afrique orientale), ce qui représente environ 50 % de leur potentiel de production laitière. Les études précédentes ont montré que les fermiers ne fournissaient respectivement que 59 et 36 % de l’exigence minimum d’énergie métabolisable (EM) et de protéines brutes (PB), à leurs vaches laitières (Mubiru et al., 2003). La mauvaise alimentation du bétail résultant d’une alimentation insuffisante constituait un grand facteur contributif du faible niveau de production laitière. Une réunion des parties prenantes, qui a vu la participation des fermiers a identifié la principale source du problème de sous-alimentation comme étant un manque d’informations claires sur la manière d’alimenter le cheptel laitier. Les fermiers ont fait état de connaissances de ressources d’alimentation du bétail à forte valeur. Toutefois, ils n’avaient aucune connaissance des quantités d’aliments à fournir. L’intervention principale, jugée appropriée pour faire face à ce problème, a été l’élaboration d’un mécanisme qui permettrait aux fermiers de connaître les quantités appropriées d’aliments à fournir à leurs vaches afin de satisfaire au moins leurs besoins nutritionnels minimums. Innovations agricoles au service du développement Matériels et méthodes Par un processus de brainstorming, une équipe de scientifiques (quatre hommes et quatre femmes) issue de l’Institut national de recherche sur les ressources animales (NaLIRRI), de l’Université de Makerere, de Kulika Charitable Trust – Ouganda, du Centre zonal de recherche agricole et de développement de Mukono (MuZARDI) et des Services consultatifs agricoles nationaux (NAADS) a convenu que la solution prudente serait de mettre au point un outil informatisé d’appui d’aide à la décision (OAD). L’équipe a également convenu que l’OAD devrait avoir la capacité de générer des combinaisons d’aliments aux coûts les plus faibles pour les fermiers, sur la base de ressources en aliments disponibles, pour permettre une maximisation des bénéfices. L’OAD serait bénéfique aux fermiers producteurs de lait de trois manières principales : • les fermiers qui avaient accès à des ordinateurs ou avaient des connaissances en informatique assureraient une bonne planification de l’alimentation de leurs vaches laitières à l’aide de l’OAD – ceci constituerait une option, non seulement pour les fermiers disposant d’ordinateurs personnels, mais également pour ceux vivant à proximité des centres de ressources des fermiers, dont les nombres sont en hausse en Ouganda ; • les conseillers en vulgarisation (gouvernements et ONG) recevraient des informations des fermiers sur leurs types de cheptel et les ressources en alimentation disponibles et exploiteraient cette information dans l’OAD, afin d’établir pour les fermiers des calendriers d’alimentation du bétail ; • les chercheurs pourraient intégrer toutes les nouvelles ressources et stratégies d’alimentation dans l’OAD, afin d’évaluer les mécanismes d’utilisation. L’équipe s’est engagée dans un processus dans deux districts de production laitière d’Ouganda, à savoir : Kayunga et Luwero. Le processus en quatre étapes a impliqué : i) une étude de référence ; ii) la mise au point de l’OAD ; iii) l’essai de l’OAD ; iv) le téléchargement de l’OAD sur le site Web du NARO et la collecte des réactions des parties prenantes. L’étude de référence a porté sur 106 représentants de fermes de production laitière et a utilisé un questionnaire structuré pour recueillir des données sur les caractéristiques des ménages et les intrants et extrants de production, en mettant un grand accent sur la production laitière. 46

Sur les ménages couverts par l’étude, 84 % étaient dirigés par des hommes et comprenaient un mari et une femme, le reste était des ménages dirigés par des femmes. Les données recueillies à partir de l’étude de référence ont été analysées à l’aide de GenStat (Discovery Edition, version 3) pour déterminer la proportion de fermiers fournissant à leurs vaches laitières les quantités en-deçà de l’EM et de la PB requises. En outre, des tests-t ont été utilisés pour étudier les différences dans la production laitière, là où l’alimentation était adéquate, comparativement aux situations où l’alimentation ne l’était pas. Une régression linéaire simple a été utilisée pour étudier les effets de l’EM et de la PB séparément sur la production laitière. Dans ce cas, la production laitière (nombre de litres par vache par jour) était la variable dépendante et les proportions (%) de besoins journaliers d’EM et de PB fournies constituaient les variables indépendantes. Les données tirées de l’enquête de référence ont également en partie été utilisées pour mettre au point l’OAD. Ceci a intégré les informations sur les ressources en aliments utilisés dans la zone couverte par l’étude. Les besoins d’aliments du bétail et les valeurs nutritionnelles des aliments, en termes d’EM et de PB, ont été obtenus à partir des informations produites par les travaux de recherche précédents menés en Ouganda. L’OAD a été chargé sur le site Web du NARO-Ouganda avant la phase d’essai. Cela a été fait dans l’optique d’obtenir des idées pour l’amélioration de l’OAD avant sa présentation au grand public. L’essai de l’OAD a été effectué sur six fermes sélectionnées parmi celles où les données ont été recueillies pendant l’étude de référence. L’objectif était d’évaluer les combinaisons d’aliments sélectionnés, générées à partir de l’OAD : la capacité des vaches à consommer tous les aliments, l’effet sur la production laitière. Les données sur la production laitière ont été recueillies avant et après l’application du régime d’alimentation mis au point à partir de l’OAD et testé à l’aide des tests-t couplés dans Genstat. Après la phase d’essai, l’OAD a été révisé et deux ateliers de rétroaction des parties prenantes ont été organisés, l’un dans le district de Kayunga et l’autre dans le district de Luwero. Les ateliers – qui ont enregistré une forte participation des fermiers, des conseillers en vulgarisation et des décideurs – visaient la dissémination de l’OAD, expliquant son mode d’utilisation, décrivant les avantages qui pourraient être obtenus à partir de son utilisation et la collecte des points de vue des parties prenantes à ce sujet. Résultats Enquête L’enquête de référence a montré que seuls 24 et 28 % des fermes de la zone couverte par l’étude fournissaient aux vaches laitières le besoin minimal quotidien d’EM et de PB, respectivement. Là où la nutrition ne répondait pas aux normes, seuls 49 % du besoin minimum d’EM et 52 % du besoin minimum de PB, en moyenne, étaient fournis aux vaches laitières. La production laitière était de 26 % supérieure là où les aliments fournis satisfaisaient le besoin nutritionnel minimum comparativement aux fermes où ce n’était pas le cas. L’analyse de régression a montré que les effets de l’EM et de la PB sur la production laitière étaient positifs, présentant des niveaux étroitement liés (Tableau 1). L’énergie métabolisable et la PB représentaient chacune environ 14 % (P < 0,1) de la variation de la production laitière dans les fermes. Tableau 1. Effets des quantités d’EM et de PB fournies aux vaches dans la production laitière dans les districts de Kayunga et de Luwero, en Ouganda* Variable Coefficient de régression R 2 F Proportion de besoins journaliers d’EM 0,51 14 0,07 Proportion de besoins journaliers de PB 0,54 14 0,07 *EM = Énergie métabolisable ; PB = Protéines brutes. Les femmes dans les concours scientifiques 47

Sur les ménages couverts par l’étude, 84 % étaient dirigés par des hommes et comprenaient un mari et une femme, le reste était des<br />

ménages dirigés par des femmes. Les données recueillies à partir de l’étude de référence ont été analysées à l’aide de GenStat<br />

(Discovery Edition, version 3) pour déterminer la proportion de fermiers fournissant à leurs vaches laitières les quantités en-deçà<br />

de l’EM et de la PB requises. En outre, des tests-t ont été utilisés pour étudier les différences dans la pro<strong>du</strong>ction laitière, là où<br />

l’alimentation était adéquate, comparativement <strong>au</strong>x situations où l’alimentation ne l’était pas. Une régression linéaire simple a été<br />

utilisée pour étudier les effets de l’EM et de la PB séparément sur la pro<strong>du</strong>ction laitière. Dans ce cas, la pro<strong>du</strong>ction laitière (nombre de<br />

litres par vache par jour) était la variable dépendante et les proportions (%) de besoins journaliers d’EM et de PB fournies<br />

constituaient les variables indépendantes.<br />

Les données tirées de l’enquête de référence ont également en partie été utilisées pour mettre <strong>au</strong> point l’OAD. Ceci a intégré les<br />

informations sur les ressources en aliments utilisés dans la zone couverte par l’étude. Les besoins d’aliments <strong>du</strong> bétail et les valeurs<br />

nutritionnelles des aliments, en termes d’EM et de PB, ont été obtenus à partir des informations pro<strong>du</strong>ites par les trav<strong>au</strong>x de<br />

recherche précédents menés en Ouganda. L’OAD a été chargé sur le site Web <strong>du</strong> NARO-Ouganda avant la phase d’essai. Cela a été<br />

fait dans l’optique d’obtenir des idées pour l’amélioration de l’OAD avant sa présentation <strong>au</strong> grand public. L’essai de l’OAD a été<br />

effectué sur six fermes sélectionnées parmi celles où les données ont été recueillies pendant l’étude de référence. L’objectif était<br />

d’évaluer les combinaisons d’aliments sélectionnés, générées à partir de l’OAD : la capacité des vaches à consommer tous les<br />

aliments, l’effet sur la pro<strong>du</strong>ction laitière. Les données sur la pro<strong>du</strong>ction laitière ont été recueillies avant et après l’application <strong>du</strong><br />

régime d’alimentation mis <strong>au</strong> point à partir de l’OAD et testé à l’aide des tests-t couplés dans Genstat. Après la phase d’essai, l’OAD<br />

a été révisé et deux ateliers de rétroaction des parties prenantes ont été organisés, l’un dans le district de Kayunga et l’<strong>au</strong>tre dans<br />

le district de Luwero. Les ateliers – qui ont enregistré une forte participation des fermiers, des conseillers en vulgarisation et des<br />

décideurs – visaient la dissémination de l’OAD, expliquant son mode d’utilisation, décrivant les avantages qui pourraient être<br />

obtenus à partir de son utilisation et la collecte des points de vue des parties prenantes à ce sujet.<br />

Résultats<br />

Enquête<br />

L’enquête de référence a montré que seuls 24 et 28 % des fermes de la zone couverte par l’étude fournissaient <strong>au</strong>x vaches laitières<br />

le besoin minimal quotidien d’EM et de PB, respectivement. Là où la nutrition ne répondait pas <strong>au</strong>x normes, seuls 49 % <strong>du</strong> besoin<br />

minimum d’EM et 52 % <strong>du</strong> besoin minimum de PB, en moyenne, étaient fournis <strong>au</strong>x vaches laitières. La pro<strong>du</strong>ction laitière était de<br />

26 % supérieure là où les aliments fournis satisfaisaient le besoin nutritionnel minimum comparativement <strong>au</strong>x fermes où ce n’était<br />

pas le cas. L’analyse de régression a montré que les effets de l’EM et de la PB sur la pro<strong>du</strong>ction laitière étaient positifs, présentant<br />

des nive<strong>au</strong>x étroitement liés (Table<strong>au</strong> 1). L’énergie métabolisable et la PB représentaient chacune environ 14 % (P < 0,1) de la<br />

variation de la pro<strong>du</strong>ction laitière dans les fermes.<br />

Table<strong>au</strong> 1. Effets des quantités d’EM et de PB fournies <strong>au</strong>x vaches dans la pro<strong>du</strong>ction laitière dans les districts de Kayunga et de Luwero, en Ouganda*<br />

Variable Coefficient de régression R 2 F<br />

Proportion de besoins journaliers d’EM 0,51 14 0,07<br />

Proportion de besoins journaliers de PB 0,54 14 0,07<br />

*EM = Énergie métabolisable ; PB = Protéines brutes.<br />

Les femmes dans les concours scientifiques<br />

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