Innovations agricoles au service du développement durable
Innovations agricoles au service du développement durable Innovations agricoles au service du développement durable
Objectifs Le présent article a pour objectifs : • l’examen de la position et de la situation actuelles de la biodiversité dans le secteur de l’horticulture ; • l’explication des principales stratégies pour le repositionnement de l’agro-biodiversité dans le secteur de l’horticulture ; • l’examen du rôle de l’agro-biodiversité et de l’importance de son repositionnement dans le secteur de l’horticulture. Position et situation actuelles de l’agro-biodiversité dans le secteur de l’horticulture Dans le secteur de l’horticulture, l’agro-biodiversité est largement marginalisée et la plupart des légumes indigènes ont été positionnés comme des « herbes », comme l’indiquent leurs anciennes appellations. Par exemple, la plante araignée (Cleome gynandra) était appelée « plante araignée » ; les amarantes (espèce Amaranthus) étaient désignées par « amarante rétroflexe » et « sornet » ; l’« herbe à aiguilles » (Bidens pilosa) est un mets très fin en Zambie (Abukutsa-Onyango, 2009a). La production et l’utilisation optimales de l’agro-biodiversité ont été confrontées à plusieurs écueils, notamment la négligence et la stigmatisation, avec des désignations telles « mauvaises herbes », « cultures de pauvres » et « cultures d’orphelins » ; la connaissance insuffisante de la valeur et du potentiel de l’agro-biodiversité ; le manque de semences de qualité et le manque de méthodes agronomiques techniques et d’utilisation de celles-ci ; les mauvaises stratégies de marketing, entraînant des niveaux faibles de rendement, de production et de consommation (Abukutsa-Onyango, 2009a). Des variétés indigènes africaines (VIA) à potentiel nutritionnel et économique au Kenya, dans la région de l’Afrique orientale et en Afrique subsaharienne, en général, ont été identifiées par le biais d’une série d’enquêtes sur les ménages, de référence et sur les marchés dans divers pays (Abukutsa, 2010). Les VIA identifiées sont notamment : le potiron (Cucurbita moschata), la corète potagère (Corchorus olitorius), le niébé (Vigna unguiculata – races primitives utilisées pour leurs feuilles), la crotalaire (Crotalaria ochroleuca), la plante araignée (Cleome gynandra), les amarantes (Amaranthus blitum), la stramoine africaine (Solanum scabrum) et la moutarde d’Abyssinie (Brassica carinata). La collecte, l’évaluation et la caractérisation du matériel génétique ont été effectuées pour certaines cultures horticoles indigènes prometteuses. La caractérisation morphologique et moléculaire de certaines VIA a également été effectuée. Des variations inter et intra-spécifiques ont été observées chez la stramoine africaine (S. scabrum) : degrés prononcés et différents de ploïdie (diploïde, tétraploïde et hexaploïde) (Mwai et al., 2007). Des études agronomique sur le grossissement des semences et la transformation ont été entreprises sur divers fruits et légumes indigènes et à partir de ces études, des matériels à diffuser ont été développés (Abukutsa-Onyango, 2009a). Innovations agricoles au service du développement Repositionnement stratégique de l’agro-biodiversité dans le secteur de l’horticulture L’un des éléments clés du repositionnement stratégique efficace d’une technologie ou d’une denrée tient à la reconnaissance du fait que le succès implique un changement innovant et requiert du plaidoyer, le renforcement des capacités et le marketing. Ceci devrait impliquer autant d’acteurs que possible dans la chaîne de valeur. Pour repositionner les VIA dans le secteur de l’horticulture, les stratégies suivantes sont déterminantes : le plaidoyer et la promotion, le renforcement des capacités, une chaîne durable d’approvisionnement en semences, la conservation, la commercialisation et la fourniture d’informations techniques (Abukutsa, 2010). 10
Stratégie de plaidoyer et de promotion Le plaidoyer et la promotion constituent des outils puissants pour repositionner une denrée. Cette stratégie est utilisée depuis 1999 pour repositionner l’agro-biodiversité dans le secteur de l’horticulture. Les principaux groupes cibles devraient être choisis comme partenaires stratégiques, notamment les agriculteurs, les étudiants, les chercheurs, les décideurs et les consommateurs. L’objectif est de faire en sorte que les parties prenantes soient informées de la valeur et du potentiel de l’agro-biodiversité, ainsi que des contraintes entravant son exploitation optimale. Les méthodologies utilisées devraient être diverses et d’utilisation facile et devraient encourager la participation. Elles comprennent la littérature orale, les chants, la danse et les récits, les parcelles de démonstration, la presse écrite, les dépliants, les affiches et les journaux, les conférences, les séminaires et les ateliers, les expositions et les salons, la radio et la télévision, les documentaires et les concours de cuisine (exemple, IRIN, 2009). Ces méthodes ont été utilisées en vue de sensibiliser et de défendre la cause de l’agro-biodiversité auprès de toutes les parties prenantes. Renforcement des capacités dans l’horticulture Les étudiants issus des facultés d’agriculture constituent normalement les principales ressources humaines dans les services de recherche et de vulgarisation, au Kenya et dans d’autres pays africains. Il est important de renforcer les capacités de ceux qui vont entreprendre les travaux de recherche sur l’agro-biodiversité et de ceux qui diffusent effectivement l’information et assurent le transfert de technologies. Au niveau universitaire, le perfectionnement des ressources humaines et l’expertise en matière d’agrobiodiversité ont été réalisés par la restructuration des programmes de licence et de troisième cycle dans les instituts et les universités agricoles (Abukutsa, 2010). Des étudiants stagiaires venus de l’étranger (Allemagne) ont été formés pendant trois mois à l’Université de Maseno et à l’Université d’agriculture et de technologie Jomo Kenyatta (JKUAT) sur les VIA et la conservation des plantes tropicales menacées d’extinction (Herbst, 2007). Des thèses de recherche de troisième cycle sur l’agro-biodiversité ont été entreprises dans diverses universités publiques et privées en Afrique. De 2002 à 2008, plus de 200 chercheurs et agents de vulgarisation issus de toute l’Afrique ont été formés sur les VIA, en suivant des cours de formation diplômants de six mois sur la production de plantes potagères et la recherche à l’AVRDC – Centre international de recherche sur les légumes à Arusha, en Tanzanie. Pour repositionner avec succès les légumes et cultures indigènes, les agriculteurs sont d’autant plus importants qu’ils sont les producteurs ; ainsi, en plus de susciter une prise de conscience, le renforcement de leurs capacités et leur formation sont vitaux. Des agriculteurs ont été formés au Kenya et en Tanzanie à la production de semences de VIA et on envisage que ces agriculteurs puissent servir de facilitateurs de la promotion et du repositionnement des VIA au niveau communautaire de base (Abukutsa- Onyango, 2009a). Les décideurs jouent un rôle déterminant dans la promotion d’une denrée. Quatre décideurs ont été désignés pour participer à l’atelier autour du thème « La promotion de légumes indigènes africains dans l’agriculture urbaine et périurbaine dans les villes africaines : un atelier sur le dialogue de politique » à l’Université de Rhodes en janvier 2003. Ces décideurs ont été sélectionnés à l’Institut de recherche agricole du Kenya, au Ministère de l’agriculture, au Conseil national pour la science et la technologie et au Conseil municipal de Nairobi. Cet atelier a été financé par l’Union européenne dans le cadre du projet « Réseautage pour promouvoir la production et la commercialisation durables des légumes indigènes par le biais de l’agriculture urbaine et périurbaine en Afrique subsaharienne » (le projet « IndigenoVeg »), qui a impliqué sept pays africains et cinq organisations européennes. Les femmes dans les concours scientifiques 11
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Objectifs<br />
Le présent article a pour objectifs :<br />
• l’examen de la position et de la situation actuelles de la biodiversité dans le secteur de l’horticulture ;<br />
• l’explication des principales stratégies pour le repositionnement de l’agro-biodiversité dans le secteur de l’horticulture ;<br />
• l’examen <strong>du</strong> rôle de l’agro-biodiversité et de l’importance de son repositionnement dans le secteur de l’horticulture.<br />
Position et situation actuelles de l’agro-biodiversité dans le secteur de l’horticulture<br />
Dans le secteur de l’horticulture, l’agro-biodiversité est largement marginalisée et la plupart des légumes indigènes ont été<br />
positionnés comme des « herbes », comme l’indiquent leurs anciennes appellations. Par exemple, la plante araignée (Cleome<br />
gynandra) était appelée « plante araignée » ; les amarantes (espèce Amaranthus) étaient désignées par « amarante rétroflexe » et<br />
« sornet » ; l’« herbe à aiguilles » (Bidens pilosa) est un mets très fin en Zambie (Abukutsa-Onyango, 2009a).<br />
La pro<strong>du</strong>ction et l’utilisation optimales de l’agro-biodiversité ont été confrontées à plusieurs écueils, notamment la négligence et la<br />
stigmatisation, avec des désignations telles « m<strong>au</strong>vaises herbes », « cultures de p<strong>au</strong>vres » et « cultures d’orphelins » ; la<br />
connaissance insuffisante de la valeur et <strong>du</strong> potentiel de l’agro-biodiversité ; le manque de semences de qualité et le manque de<br />
méthodes agronomiques techniques et d’utilisation de celles-ci ; les m<strong>au</strong>vaises stratégies de marketing, entraînant des nive<strong>au</strong>x<br />
faibles de rendement, de pro<strong>du</strong>ction et de consommation (Abukutsa-Onyango, 2009a).<br />
Des variétés indigènes africaines (VIA) à potentiel nutritionnel et économique <strong>au</strong> Kenya, dans la région de l’Afrique orientale et en<br />
Afrique subsaharienne, en général, ont été identifiées par le biais d’une série d’enquêtes sur les ménages, de référence et sur les<br />
marchés dans divers pays (Abukutsa, 2010). Les VIA identifiées sont notamment : le potiron (Cucurbita moschata), la corète<br />
potagère (Corchorus olitorius), le niébé (Vigna unguiculata – races primitives utilisées pour leurs feuilles), la crotalaire (Crotalaria<br />
ochroleuca), la plante araignée (Cleome gynandra), les amarantes (Amaranthus blitum), la stramoine africaine (Solanum scabrum)<br />
et la moutarde d’Abyssinie (Brassica carinata).<br />
La collecte, l’évaluation et la caractérisation <strong>du</strong> matériel génétique ont été effectuées pour certaines cultures horticoles indigènes<br />
prometteuses. La caractérisation morphologique et moléculaire de certaines VIA a également été effectuée. Des variations inter et<br />
intra-spécifiques ont été observées chez la stramoine africaine (S. scabrum) : degrés prononcés et différents de ploïdie (diploïde,<br />
tétraploïde et hexaploïde) (Mwai et al., 2007). Des études agronomique sur le grossissement des semences et la transformation ont<br />
été entreprises sur divers fruits et légumes indigènes et à partir de ces études, des matériels à diffuser ont été développés<br />
(Abukutsa-Onyango, 2009a).<br />
<strong>Innovations</strong> <strong>agricoles</strong> <strong>au</strong> <strong>service</strong> <strong>du</strong> développement<br />
Repositionnement stratégique de l’agro-biodiversité dans le secteur de l’horticulture<br />
L’un des éléments clés <strong>du</strong> repositionnement stratégique efficace d’une technologie ou d’une denrée tient à la reconnaissance <strong>du</strong><br />
fait que le succès implique un changement innovant et requiert <strong>du</strong> plaidoyer, le renforcement des capacités et le marketing. Ceci<br />
devrait impliquer <strong>au</strong>tant d’acteurs que possible dans la chaîne de valeur. Pour repositionner les VIA dans le secteur de<br />
l’horticulture, les stratégies suivantes sont déterminantes : le plaidoyer et la promotion, le renforcement des capacités, une chaîne<br />
<strong>du</strong>rable d’approvisionnement en semences, la conservation, la commercialisation et la fourniture d’informations techniques<br />
(Abukutsa, 2010).<br />
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