Innovations agricoles au service du développement durable
Innovations agricoles au service du développement durable Innovations agricoles au service du développement durable
Même si peu de sélections (formelles) de l’aubergine d’Afrique ont été réalisées, des échantillons de matériel génétique sont disponibles et une longue période de sélection opérée par les petits exploitants agricoles a abouti à un certain nombre de cultivars traditionnels. Ces matériels génétiques révèlent une très grande diversité, notamment le niveau de sucrosité, la couleur, la résistance aux maladies, la précocité et la supériorité du rendement. Les cultivars traditionnels sont à l’image des préférences des agriculteurs, tels que les grosseurs plus importantes des fruits, la couleur, la saveur, la précocité de la maturité et l’élévation du rendement. Même si le S. macrocarpon a un goût un peu plus amer, il est considéré comme une culture mineure dans la plupart des pays africains sauf au Nigeria, ce qui explique la rareté des programmes de recherche pour accroître le potentiel de matériel génétique. Pendant longtemps, les programmes formels d’amélioration des cultures n’ont pas pris en compte l’aubergine d’Afrique, sauf dans les cas particuliers où elle est utilisée comme source de caractères spécifiques visant à développer la résistance à la maladie chez le S. melongena L. (‘l’ aubergine). Tout récemment, quelques ouvriers ont attiré l’attention des chercheurs sur l’amélioration des caractéristiques agronomiques des sélections des agriculteurs (Lester et Seck, 2004). Toutefois, les cultivars traditionnels sélectionnés sont fort disséminés à travers les principales zones agro-écologiques d’Afrique, d’où la difficulté de se concentrer sur les caractères recherchés pour une amélioration génétique de la culture. Il est nécessaire de procéder à une caractérisation systématique des variétés ou lignées d’aubergine d’Afrique, à l’aide de caractères morphologiques, afin de contribuer aux efforts consacrés par les phytogénéticiens à l’étude des espèces (AVRDC, 2003). Au regard de ce qui précède, il se posait un besoin clair de procéder à une caractérisation du matériel génétique recueilli et susceptible d’être utilisé dans la mise au point de nouvelles variétés. La présente étude avait pour objectif de caractériser les lignées d’espèces d’aubergine d’Afrique recueillies dans divers pays africains. L’objectif de l’étude était d’aider d’une part à produire les informations nécessaires à la rationalisation de la conservation de l’espèce et, d’autre part, la sélection des collectes et obtentions fondamentales susceptibles de servir à l’amélioration génétique. Matériels et méthodes L’expérience s’est déroulée à l’AVRDC – Centre régional pour l’Afrique du Centre mondial des légumes, basé à Arusha, en Tanzanie, au cours de la saison fraîche, allant de juillet à novembre 2005. La zone de recherche enregistre une pluviométrie annuelle de 1085 mm. Les sols sont de limon argileux avec un pH de 6 à 7. La zone se situe à une altitude de 1290 m au-dessus du niveau de la mer, à une latitude de 4,8° Sud et une longitude de 37° Est. L’expérience a été faite dans un bloc aléatoire complet (RCBD) avec trois blocs identiques. En tout, 28 obtentions (en provenance de divers pays africains, Tableau 1) ont été plantées dans deux planches de semis et transplantées sur le terrain six semaines plus tard. Les jeunes plants ont été transplantés sur deux rangées, pour chaque variété, avec un espacement de 50 x 75 cm pour les parcelles mesurant 6 m de long. Innovations agricoles au service du développement Les plants ont été fertilisés au NPK à un taux de 450 kg/ha (90 kg N, 45 kg P 2 O 5 /ha, 45 kg K 2 O). L’urée a apporté une quantité additionnelle de N au taux de 120 kg N/ha. Tout le NPK et 60 kg N/ha d’urée ont été appliqués ensemble une semaine après la transplantation. La deuxième application d’urée (ensemble avec 60 kg N/ha) a eu lieu lors du démarrage de la formation des fruits. Toutes les pesées ont été effectuées à l’aide d’une balance électronique (ADP 1200L, Wagtech International Ltd, Royaume-Uni). L’irrigation du sillon s’est faite deux fois par semaine au cours des premières semaines après la transplantation et une fois par semaine par la suite. Le désherbage manuel était effectué tel que requis. Le pesticide Ridomil (cuivre + métalaxyl-M de la société Syngenta Crop Protection, Bâle, Suisse) a été pulvérisé au taux de 20 mL/15 litres d’eau pour lutter contre la fonte des semis 12 jours après la transplantation (30 L par parcelle). Cette activité a été immédiatement suivie de la pulvérisation de Selecron (profénofos de la société Sygenta Crop Protection, Bâle, Suisse) au taux de 20 mL/15 litres d’eau (30 L par parcelle), au cours de la deuxième semaine, pour lutter contre les vers gris. La caractérisation de ces variétés a été faite de l’étape de jeune plant à celle de mise à fruit. Les caractéristiques morphologiques ont été prises à l’aide de la liste technique pour l’aubergine et pour l’aubergine d’Afrique, développée par l’AVRDC (M.L. Chadha, L.M. Engle et M.O. Oluoch, données non publiées). La caractérisation consistait à enregistrer ces caractères fortement transmissibles ou encore visibles, ou qui se manifestent clairement dans tous les environnements. 164
Des variantes distinctes ont été identifiées au sein d’une variété et récoltées séparément pour former les sous-variétés. Aussi bien les caractères qualitatifs que quantitatifs ont fait l’objet d’analyses (NTSYS version 2.11s) (Rohlf, 2004) pour produire un dendrogramme. Résultats Caractères végétatifs Les obtentions N14, 11-05 et Ex-Yambio avaient de grandes branches très feuillues, tandis que le CR007, n° 9, Ex-Sironkwo et la petite ovale étaient des variétés de petite taille. Les lignées de S. aethiopicum et de S. anguivi ont montré de grandes différences dans leurs branches portant des feuilles (Tableau 2). La taille de la plante à maturité varie de 22,9 à 94,6 cm dans les lignées S. aethiopicum et S. anguivi, mais n’est que de 19 à 68,2 cm dans les lignées S. macrocarpon (Tableau 2). Le pétiole des lignées de S. macrocarpon (CR007, CR005, CR001 et CR.) était de couleur verte et généralement de très petite taille (Tableau 2). La longueur et la largeur du limbe de S. macrocarpon variaient avec peu ou pas de poils sur les feuilles. Toutefois, les feuilles et les tiges de S. macrocarpon étaient glabres et sans épines. Les lignées de la catégorie de S. aethiopicum et S. anguivi avaient peu de poils sur les feuilles. Tableau 1. Origine des variétés d’aubergine d’Afrique Variété Espèces Pays d’origine Tengeru white Solanum aethiopicum Tanzanie Ex-Sironkwo Solanum aethiopicum Ouganda Aubergine africaine Solanum aethiopicum Tanzanie No.1 Solanum aethiopicum Tanzanie No.9 Solanum aethiopicum Tanzanie N.12 Solanum aethiopicum Tanzanie Small oval Solanum aethiopicum Tanzanie N13 Solanum aethiopicum Tanzanie N20 Solanum aethiopicum Tanzanie Ex-IVC Solanum aethiopicum Côte d’Ivoire N24 Solanum aethiopicum Cameroun N11 Solanum aethiopicum Tanzanie N14 Solanum aethiopicum Tanzanie DB3 Solanum aethiopicum Ghana AB-2 Solanum aethiopicum Ghana CR006 Solanum macrocarpon Cameroun CN012 Solanum macrocarpon Cameroun CR007 Solanum macrocarpon Cameroun N1 Solanum macrocarpon Cameroun CN009 Solanum macrocarpon Cameroun CR001 Solanum macrocarpon Cameroun EX-DSM Solanum macrocarpon Cameroun CR.005 Solanum macrocarpon Cameroun UVPP Solanum macrocarpon Cameroun Fovembot Solanum anguivi Cameroun Toumbot Solanum anguivi Cameroun 11-05 Solanum anguivi Cameroun Ex-Yambio Solanum anguivi Soudan Les jeunes professionnels dans les concours scientifiques 165
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Même si peu de sélections (formelles) de l’<strong>au</strong>bergine d’Afrique ont été réalisées, des échantillons de matériel génétique sont<br />
disponibles et une longue période de sélection opérée par les petits exploitants <strong>agricoles</strong> a abouti à un certain nombre de cultivars<br />
traditionnels. Ces matériels génétiques révèlent une très grande diversité, notamment le nive<strong>au</strong> de sucrosité, la couleur, la résistance<br />
<strong>au</strong>x maladies, la précocité et la supériorité <strong>du</strong> rendement. Les cultivars traditionnels sont à l’image des préférences des agriculteurs,<br />
tels que les grosseurs plus importantes des fruits, la couleur, la saveur, la précocité de la maturité et l’élévation <strong>du</strong> rendement. Même<br />
si le S. macrocarpon a un goût un peu plus amer, il est considéré comme une culture mineure dans la plupart des pays africains s<strong>au</strong>f<br />
<strong>au</strong> Nigeria, ce qui explique la rareté des programmes de recherche pour accroître le potentiel de matériel génétique. Pendant<br />
longtemps, les programmes formels d’amélioration des cultures n’ont pas pris en compte l’<strong>au</strong>bergine d’Afrique, s<strong>au</strong>f dans les cas<br />
particuliers où elle est utilisée comme source de caractères spécifiques visant à développer la résistance à la maladie chez le S.<br />
melongena L. (‘l’ <strong>au</strong>bergine). Tout récemment, quelques ouvriers ont attiré l’attention des chercheurs sur l’amélioration des<br />
caractéristiques agronomiques des sélections des agriculteurs (Lester et Seck, 2004). Toutefois, les cultivars traditionnels sélectionnés<br />
sont fort disséminés à travers les principales zones agro-écologiques d’Afrique, d’où la difficulté de se concentrer sur les caractères<br />
recherchés pour une amélioration génétique de la culture. Il est nécessaire de procéder à une caractérisation systématique des<br />
variétés ou lignées d’<strong>au</strong>bergine d’Afrique, à l’aide de caractères morphologiques, afin de contribuer <strong>au</strong>x efforts consacrés par les<br />
phytogénéticiens à l’étude des espèces (AVRDC, 2003).<br />
Au regard de ce qui précède, il se posait un besoin clair de procéder à une caractérisation <strong>du</strong> matériel génétique recueilli et susceptible<br />
d’être utilisé dans la mise <strong>au</strong> point de nouvelles variétés. La présente étude avait pour objectif de caractériser les lignées d’espèces<br />
d’<strong>au</strong>bergine d’Afrique recueillies dans divers pays africains. L’objectif de l’étude était d’aider d’une part à pro<strong>du</strong>ire les informations<br />
nécessaires à la rationalisation de la conservation de l’espèce et, d’<strong>au</strong>tre part, la sélection des collectes et obtentions fondamentales<br />
susceptibles de servir à l’amélioration génétique.<br />
Matériels et méthodes<br />
L’expérience s’est déroulée à l’AVRDC – Centre régional pour l’Afrique <strong>du</strong> Centre mondial des légumes, basé à Arusha, en Tanzanie,<br />
<strong>au</strong> cours de la saison fraîche, allant de juillet à novembre 2005. La zone de recherche enregistre une pluviométrie annuelle de 1085<br />
mm. Les sols sont de limon argileux avec un pH de 6 à 7. La zone se situe à une altitude de 1290 m <strong>au</strong>-dessus <strong>du</strong> nive<strong>au</strong> de la mer, à<br />
une latitude de 4,8° Sud et une longitude de 37° Est. L’expérience a été faite dans un bloc aléatoire complet (RCBD) avec trois blocs<br />
identiques. En tout, 28 obtentions (en provenance de divers pays africains, Table<strong>au</strong> 1) ont été plantées dans deux planches de<br />
semis et transplantées sur le terrain six semaines plus tard. Les jeunes plants ont été transplantés sur deux rangées, pour chaque<br />
variété, avec un espacement de 50 x 75 cm pour les parcelles mesurant 6 m de long.<br />
<strong>Innovations</strong> <strong>agricoles</strong> <strong>au</strong> <strong>service</strong> <strong>du</strong> développement<br />
Les plants ont été fertilisés <strong>au</strong> NPK à un t<strong>au</strong>x de 450 kg/ha (90 kg N, 45 kg P 2 O 5 /ha, 45 kg K 2 O). L’urée a apporté une quantité<br />
additionnelle de N <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x de 120 kg N/ha. Tout le NPK et 60 kg N/ha d’urée ont été appliqués ensemble une semaine après la<br />
transplantation. La deuxième application d’urée (ensemble avec 60 kg N/ha) a eu lieu lors <strong>du</strong> démarrage de la formation des fruits.<br />
Toutes les pesées ont été effectuées à l’aide d’une balance électronique (ADP 1200L, Wagtech International Ltd, Roy<strong>au</strong>me-Uni).<br />
L’irrigation <strong>du</strong> sillon s’est faite deux fois par semaine <strong>au</strong> cours des premières semaines après la transplantation et une fois par<br />
semaine par la suite. Le désherbage manuel était effectué tel que requis. Le pesticide Ridomil (cuivre + métalaxyl-M de la société<br />
Syngenta Crop Protection, Bâle, Suisse) a été pulvérisé <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x de 20 mL/15 litres d’e<strong>au</strong> pour lutter contre la fonte des semis 12<br />
jours après la transplantation (30 L par parcelle). Cette activité a été immédiatement suivie de la pulvérisation de Selecron<br />
(profénofos de la société Sygenta Crop Protection, Bâle, Suisse) <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x de 20 mL/15 litres d’e<strong>au</strong> (30 L par parcelle), <strong>au</strong> cours de la<br />
deuxième semaine, pour lutter contre les vers gris. La caractérisation de ces variétés a été faite de l’étape de jeune plant à celle de<br />
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d’Afrique, développée par l’AVRDC (M.L. Chadha, L.M. Engle et M.O. Oluoch, données non publiées). La caractérisation consistait à<br />
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