journal Vidy-L - Théâtre Vidy Lausanne

Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013
Nº 40
Théâtre Vidy-Lausanne
Avril /mai 2013
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Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013
Nº 40
Théâtre Vidy-Lausanne
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L’art et la manière
Encore une brassée de spectacles à venir ! La diversité de formes et d’ampleurs
que Vidy cultive depuis des années est, dans les semaines qui viennent,
rehaussée par une superbe diversité géographique. Mon traître a pour toile
de fond l’Irlande du Nord. La force de tuer est l’œuvre d’un auteur suédois.
Dénommé Gospodin se situe dans l’Allemagne réunifiée. Les oranges nous
plonge au cœur de la réalité algérienne. Yukonstyle révèle une jeune auteure
québécoise. Un chant de 50 ans prend le pouls de l’Italie. m¡longa ( donné
en création mondiale au Théâtre du Jorat ) repose sur l’Argentine et son
tango. Et di≤cile de trouver plus français que Marivaux et son Petit-maître
corrigé…
Le spectacle vivant puise sa sève aux quatre coins de la planète et vient s’ancrer
sur les rives du Léman, souvent grâce à des artistes et des techniciens
d’ici. Et là réside le miracle ! Le champ d’inspiration est aujourd’hui immense,
riche, contrasté, il paraît presque sans limites, mais au gré des rencontres et
des désirs, certains éléments viennent se cristalliser dans un espace clos : la
salle de spectacle. Pour cela, que d’énergies, de talents et de compétences sont
mis en œuvre ! Ateliers, bureaux et scènes fourmillent d’activité bien avant ( et
souvent bien après ) le temps de la représentation.
Parmi toutes les compétences en jeu, celles des techniciens sont évidemment
de première importance. Ces corps de métier, qui vont de l’ébéniste à l’électricien,
du machiniste au peintre, sont au cœur de l’activité théâtrale. Un
véritable complot de savoir-faire. Un univers où l’astuce et l’ingéniosité sont
reine et roi.
Or voilà que pour une fois l’un de ces « hommes de l’ombre », comme on les
appelle volontiers dans le milieu, s’exprime dans ce journal. Après quarante
et un ans d’activité vouée à la lumière, Claude Burgdorfer prend sa retraite.
Le saluer, c’est une manière de saluer tous les techniciens qui soir après soir,
spectacle après spectacle œuvrent pour que des rêves d’artistes existent.
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Sommaire
Souvenirs et lumières
Technicien de Vidy pendant plus de
quatre décennies, Claude Burgdorfer
nous révèle l’envers du décor à l’occasion
de son départ à la retraite
Mon traître
L’histoire d’un homme qui voit une
longue amitié vaciller en l’espace d’un
instant
La force de tuer
Le huis clos de Norén nous plonge
au cœur des tensions et des déchirements
entre un père, un fils et son
amie
Dénommé Gospodin
A travers le texte plein d’humour de
Philipp Löhle, Benoît Lambert nous
fait découvrir les facettes d’un antihéros
révolté
Les oranges
Un délicieux duo de comédiens pour
découvrir, entre rire et larmes, l’histoire
récente de l’Algérie
Yukonstyle
Au milieu du Nord canadien, quatre
destins perdus se heurtent les uns
aux autres dans une immense solitude
hivernale
Le petit-maître corrigé
Quiproquos et manipulations marivaudiens
constituent l’aire de jeu de
José Lillo accompagné d’une troupe
d’acteurs romands
Un chant de 50 ans
Guitare et voix : Giovanna Marini nous
délivre des chants traditionnels populaires
de son Italie natale
m¡longa
Le tango à l’honneur : petit avant-goût
en images de la nouvelle création de
Sidi Larbi Cherkaoui présentée en mai
au Théâtre du Jorat
Chroniques d’outre-scène
Par Jeanne Perrin
Théâtre Kléber-Méleau
Figaro !
Après sa création l’an dernier à
Carouge, Jean Liermier reprend son
Figaro ! à Kléber
Le haut-de-forme
Un texte d’Eduardo De Filippo mis
en scène par Philippe Mentha
Informations
Calendrier
Directeurs de publication :
René Zahnd et Thierry Tordjman
Photographie :
Mario Del Curto
(sauf mention contraire)
Publicité et coordination :
Sarah Turin
(s.turin@vidy.ch)
Coralie Rochat
(c.rochat@vidy.ch)
Correctrice :
Julie Weidmann
Design :
Les Ateliers du Nord/Werner Jeker
Benoît Deschamps
Photolithographie :
Bombie, Genève
Impression :
IRL Plus SA
Ont contribué à ce numéro :
Azeddine Benamara
Pierre-Philippe Cadert (avec l’aimable
autorisation de la RTS)
Alexandra Gentile
Benoît Lambert
José Lillo
Claire Martini
Jeanne Perrin
Domitille Raffara
Coralie Rochat
Adriana Solari Ponti
Ricardo Szwarcer
René Zahnd
Photo de couverture :
Le petit-maître corrigé
© Juan Carlos Hernandez
Le Théâtre Vidy-Lausanne est subventionné
par la Ville de Lausanne, par le Canton
de Vaud et par le Fonds intercommunal de
soutien aux institutions culturelles de
la région lausannoise.
Remerciements
A nos fidèles partenaires
A nos généreux donateurs
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Fondation Leenaards
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Un merci particulier à une mécène généreuse
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Fondation Neva
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Hermès
Hertz
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Hôtel d’Angleterre
Hôtel Aulac
Hôtel Beau-Rivage
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IRL plus
Fondation 2 –
Montreux Jazz
Théâtre du Jorat
HEMU
Festival de la Bâtie
ECAL
A ceux qui, d’une manière ou d’une autre,
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
03
Kronenbourg
La Clinique
de La Source
La Montre Hermès
La Semeuse
Laurent Perrier
Le Temps
Leuba+Michel SA
Migros Pour-cent
culturel
Moyard Meuble
Omega
Payot
Philip Morris
Pro Infirmis
Richard Mille
RTS – La 1 ère
Sedelec
Sicpa
Sunrise
Swissquote
Switcher
Testuz
Transports Publics de
la Région Lausannoise
Voyages et Culture
www.thénewby.ch
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P
L
I
U
I
T
B
C
E
Mon premier fruit
Marcel
Vidoudez
Illustrateur (1900 - 1968)
15 février – 14 avril 2013
Expositions
Musée de l’Elysée
18, avenue de l’Elysée
CH-1006 Lausanne
www.elysee.ch
Ouvert Ma–Di 11h–18h
Gilles Caron, le conflit intérieur
Nothin’ but Working
Phill Niblock, une rétrospective
30.01–12.05.2013
En coproduction avec
Fondation Gilles Caron
Grâce au soutien de
Fondation Bru
Daniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne, Paris (détail), 6 mai 1968 ©Fondation Gilles Caron.
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Souvenirs
et lumières
Lorsqu’il a annoncé qu’il prenait sa retraite, personne
n’y croyait : Claude Burgdorfer, homme de profonde
humilité, toujours au service des artistes, avait gardé
un fond de fraîcheur et d’enthousiasme pour la nouveauté
qui semblait le rendre immuable. Horloger de
la lumière pendant quarante et un ans, il a participé
à d’innombrables créations et souvent assuré, soir
après soir, la régie des représentations. Mais la vérité
des chiffres est implacable. Son année de naissance
montrait qu’il avait bel et bien le droit de tourner la
page ( ce qu’il a fait fin janvier, avec une vive émotion
). Ce départ n’est pas anodin dans l’histoire de
notre « maison ». Claude en était l’un des piliers, une
mémoire aussi en quelque sorte, puisqu’il était le
dernier représentant en activité des temps héroïques :
la réouverture de Vidy au public sous l’impulsion de
Charles Apothéloz, les tournées dans les campagnes
romandes, la succession des directeurs, l’essor international
du théâtre… Un tel parcours valait bien…
un coup de projecteur ! Bribes de souvenirs et de
réflexions d’un homme aussi modeste que passionné.
J’ai fait mon apprentissage dans une société d’électriciens
à Morges et j’étais l’apprenti de Rémy Monachon.
Lui est parti travailler au théâtre. Un jour il
m’a appelé en disant qu’il y avait une place et il m’a
demandé si j’étais intéressé. Alors je suis venu au
théâtre. Au début, il y avait beaucoup de travaux à
faire, électriques notamment, puisque le théâtre était
dans le même état qu’à la fin de l’Exposition nationale
suisse de 1964. C’était en 1972. Les répétitions et les
représentations avaient lieu dans une salle de Beaulieu.
Ensuite nous sommes venus à Vidy et il a fallu
aménager le bâtiment. On y a fait un plafond car le
premier étage n’existait pas. La configuration intérieure
a changé à plusieurs reprises ( entrée publique,
ateliers, bar, salle de répétition ). De mon côté, j’ai
tout de suite démarré dans l’électricité théâtrale :
projecteurs, machinerie, moteurs en tous genres et
je me suis spécialisé dans la régie. Il y avait peu de
projecteurs, des régies manuelles et on se débrouillait
avec le matériel qu’on avait. Mais on faisait des belles
choses aussi.
Le grand chantier
La grande salle de l’Expo, aujourd’hui appelée Salle
Apothéloz, est restée telle quelle. Mais au début elle
était toute blanche avec des joints chromés. On les
voit d’ailleurs encore entre les panneaux. On a repeint
une partie, laissant le plafond blanc, avant de tout
repeindre. Beaucoup plus tard, il y a aussi eu des travaux
conséquents comme l’ouverture de La Passerelle,
voulue par Franck Jotterand. Charles Apothéloz programmait
également des spectacles aux Faux-Nez.
Ensuite tout s’est concentré à Vidy et les Faux-Nez
sont devenus un cabaret-théâtre consacré à la chanson,
avec une programmation de Jacques Bert. Quand
Matthias Langho± est arrivé, il s’en est désintéressé.
C’est dommage car c’était un lieu mythique qui marchait
très bien. C’était un tremplin qui a vu défiler
énormément d’artistes : Maurane, Gilbert Lafaille,
Marianne Sergent…
Une troupe à la saison
A l’époque, sous la direction d’Apothéloz, ça s’appelait
le Centre Dramatique Romand. L’ambiance était très
familiale. Les comédiens étaient souvent engagés à
la saison. Il y avait là Alfredo Gnasso, Patrick Lapp,
André Schmid, Pierre Arbel et tellement d’autres !
C’était royal, ils formaient une troupe très soudée.
Quand on partait en tournée, on fermait le théâtre.
On n’avait qu’un seul spectacle, donc on le préparait,
on le répétait, on le jouait et ensuite on partait sur les
routes. On prenait le comptable, la secrétaire… tout
le monde ! Charles Apothéloz était très professionnel,
c’était un très grand bonhomme… et un clown ! Il
était très drôle, il faisait des mimiques, montrait aux
comédiens la voie à suivre. Il jouait dans certains
spectacles. Il était très sympa, avenant et ouvert. Un
peu comme René Gonzalez qui accordait beaucoup
d’importance à la technique. Il se mélangeait à nous,
nous demandait des conseils. Ça a été des années
formidables.
Une vie de saltimbanques
On sillonnait toute la Suisse avec un camion remorque
et un gradin pour jouer en plein air, sur les places
des villes et des villages. On montait le gradin, on
avait des mâts pour les projecteurs, on amenait tout
le matériel, les accessoires… On a fait des sacrées
tournées ! Tout le monde participait, il régnait une
ambiance que l’on ne retrouve plus maintenant
parce que les conditions de travail sont entièrement
di±érentes. Il nous arrivait de dormir dans le camion.
C’était une vie de saltimbanques, mais qui restait très
professionnelle.
De la magie
Ce qui m’a fasciné quand je suis entré dans le métier,
c’est la magie du spectacle. Chercher les e±ets spéciaux,
essayer pendant une semaine de faire bouger un
objet sans que cela se voie, les jeux de lumière… C’est
féerique. Il y a eu des histoires très fortes, mais il y
a aussi eu des drames. Des metteurs en scène et des
comédiens virés, un acteur quasiment mort sur scène.
C’est un mélange de joies et de peines. Tout le monde
était content de travailler. C’est pareil maintenant
quand on fait un spectacle, mais je l’ai ressenti de
manière plus forte sur certaines pièces que l’on a faites
dans le passé.
Créer une lumière
J’ai appris mon métier sur le tas, il n’y avait pas d’école.
J’ai côtoyé Fernand Tauxe qui collaborait avec Charles
Apothéloz et qui m’a appris les astuces. Et au fil du
temps, à force d’être sur des créations, on comprend la
lumière, grâce aux livres aussi. Les idées personnelles
jouent également un rôle. En regardant une répétition,
on voit ce que l’on peut faire. Il y a aussi des phases
de recherche. C’est assez di≤cile car on a des doutes,
on se demande si on a mis de bonnes couleurs, si l’ambiance
correspond. Est-ce trop faible ? Ou au contraire
trop fort ? C’est un métier délicat car l’incertitude n’est
jamais loin. La création est un aspect très captivant du
travail. J’aime le fait de partir de zéro pour atteindre
un bon résultat, quelle que soit l’issue du spectacle.
C’est une récompense intérieure. La première est un
moment grisant de ce point de vue-là.
Un monde en mouvement
Le matériel a beaucoup évolué, les jeux d’orgue par
exemple. Mais l’évolution n’est pas finie, elle continue
aujourd’hui. Et puis à l’époque on faisait à la fois la
régie lumière et celle du son. On arrêtait les bobines à
la main, ça faisait du bruit. Certains spectacles étaient
un dialogue entre un comédien et la bande-son, à
chaque fois, on arrêtait la bobine… ça n’était pas
très bon pour la machine, mais il fallait le faire.
Question de direction
J’ai fait une belle carrière et finalement je n’ai pas
vu passer tant de directeurs que ça. Après Charles
Apothéloz, il y a eu Franck Jotterand qui n’a pas
eu de chance puisqu’il a été victime d’un accident
invalidant alors qu’il était à la tête du théâtre. Pierre
Bauer et Jacques Bert ont pris le relais pendant plusieurs
années, avec de très belles choses. De son côté,
Matthias Langho± s’est beaucoup concentré sur la
mise en scène et n’est pas resté très longtemps. Je l’ai
beaucoup admiré car il connaissait son métier de A
à Z : la technique, la lumière, etc. Mais il n’y avait pas
d’horaires, c’était dur. Un temps on se promenait tous
Claude Burgdorfer
avec une lettre de démission dans la poche. Il était sévère sur le plateau mais, sitôt qu’il sortait
de la salle, il était un autre homme. J’ai beaucoup appris à son contact. Ensuite il y a eu l’extraordinaire
période avec René Gonzalez, qui a duré plus de vingt ans.
Moments d’exception
Parmi tous les spectacles que j’ai accompagnés, Une bête sur la lune d’Irina Brook reste un souvenir
bouleversant : tous les soirs j’étais en pleurs à la régie. Je m’y sentais bien, c’était mon
royaume. Il y a cinq ou six spectacles qui m’ont marqué profondément. Il y en a d’autres, je
l’avoue honnêtement, qui me sont passés à côté. Je ne regrettais pas de les voir finir. Pendant
toutes ces années, il y a eu beaucoup de moments de bonheur, de belles rencontres, mais aussi
toutes sortes de crises : des annulations, des couacs et des engueulades. Ces anecdotes ne sont
pas joyeuses, mais elles font également partie du métier.
Relever des défis
J’aime bien mon métier, j’aime foncer. C’est motivant de travailler avec des équipes di±érentes.
Je suis timide alors je mets toujours un peu de temps avant de rentrer dans le bain, mais j’aime
bien ces défis. Pour aborder une nouvelle pièce, je lis le texte, je suis les répétitions, je prends
des notes. A la maison, le soir, je réfléchis à ce que je pourrais faire. Le lendemain je fais des
essais, je passe quelques nuits à travailler seul avec projecteurs et couleurs. Enfin, je propose
quelque chose que le metteur en scène accepte ou pas. Certains spectacles ne demandent pas
beaucoup d’e±ets. Trop d’e±ets peuvent être perturbants. On a récemment eu en accueil The
Island à La Passerelle et, dans ce genre de spectacle, il ne sert à rien de faire des e±ets pour
faire des e±ets. Il y avait juste ce qu’il fallait pour souligner les choses. Certains éclairagistes en
font des tonnes mais ça ne sert pas le spectacle.
Les pièges de la surenchère
L’essence reste quand même les comédiens et l’atmosphère. A mes yeux la vidéo prend trop de
place dans certains cas. Je n’ai rien contre les techniques nouvelles, elles sont parfois utilisées
à bon escient. Quand j’ai commencé, si on avait quinze à vingt projecteurs sur un spectacle
c’était le maximum. Après le matériel a évolué, les gélatines, les couleurs… Au début il y avait
très peu de choses. C’est très paradoxal, on a maintenant ces nouvelles lois sur les ampoules
économiques et, au théâtre, on tire un nombre impressionnant de kilowatts par soir ! Mais
on est obligés, c’est le spectacle. Par contre, il ne faudrait pas que ça aille beaucoup plus loin.
On est parfois face à des situations exagérées, je pense par exemple à des montages avec deux
cents projecteurs.
L’homme de La Passerelle
Jusqu’à présent, j’allais très peu au théâtre en dehors de mon travail. Les jours de congé, je
profitais d’aller au cinéma, au resto, voir ma famille. Surtout qu’on a finalement peu de jours
de congé. Pendant des années je me suis occupé de La Passerelle tout seul : je faisais le vestiaire,
les tickets à l’entrée, je fermais les portes et montais m’occuper de la régie. J’ai même fait
quelques apparitions sur scène, de la figuration. C’est Pierre Bauer qui nous avait engagés, avec
deux autres techniciens, pour faire un chœur. Ce sont de bons souvenirs mais ce n’est pas là
que je me sens le plus à l’aise. C’est si étonnant de voir tous ces yeux braqués sur soi.
L’heure de la retraite
Je veux voyager, m’occuper de ma maison, mon jardin, mon bateau, voir ma famille, mon
épouse et mes petits-enfants, lire, reprendre le sport. Je n’ai pas encore eu vraiment le temps
d’assimiler cette nouvelle situation. Si une compagnie ou un metteur en scène m’appelait pour
faire un projet, cela me ferait plaisir, je ne refuserais pas… Mais pour l’instant c’est tout neuf.
J’avais déjà préparé le terrain pour la retraite, mais peut-être pas assez. En tous les cas, je n’aimerais
pas tomber dans le schéma farniente-télévision-journal, ça me rendrait fou.
Propos recueillis par René Zahnd
( avec la collaboration de Coralie Rochat )
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
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06Mon traître
d’après Mon traître et Retour à Killybegs
de Sorj Chalandon
Du 16 au 28 avril 2013
Salle Charles Apothéloz
Mise en scène et production :
Emmanuel Meirieu
Adaptation :
Emmanuel Meirieu
Loïc Varraut
Musique :
Raphaël Chambouvet
Collaboration artistique :
Loïc Varraut
Scénographie et lumière :
Seymour Laval
Costumes :
Moïra Douguet
Son :
Sophie Berger
Avec :
Jean-Marc Avocat
Jérôme Derre
Durée :
1h30
Age conseillé :
dès 12 ans
Genre :
drame
Production :
Bloc Opératoire
Coproduction :
Théâtre Vidy-Lausanne
Avec le soutien de :
Ministère de la Culture
Région Rhône-Alpes
Ville de Lyon
Editions Grasset
SPEDIDAM
La Compagnie de théâtre
Bloc Opératoire est dirigée par
Emmanuel Meirieu et Loïc Varraut
Création au Théâtre Vidy-Lausanne
le 16 avril 2013
Mardi 16.04. 19h00
Mercredi 17.04. 19h00
Jeudi 18.04. 19h00
Vendredi 19.04. 20h30
Samedi 20.04. 19h00
Dimanche 21.04. relâche
Lundi 22.04. relâche
Mardi 23.04. 19h00
Mercredi 24.04. 19h00
Jeudi 25.04. 19h00
Vendredi 26.04. 20h30
Samedi 27.04. 19h00
Dimanche 28.04. 17h30
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
Mon traître, mis en scène par Emmanuel Meirieu
en avril prochain au Théâtre Vidy-Lausanne,
est adapté de deux romans écrits par l’écrivain,
journaliste et ancien reporter de guerre Sorj
Chalandon : Mon traître et Retour à Killybegs.
L’histoire à l’origine de ces fictions est réelle, il
s’agit du récit de la trahison d’un leader de l’IRA.
Tyrone Meehan, personnage du roman, avoue
avoir trahi les siens depuis vingt ans, Antoine, son
ami français, parle de sa douleur. Rencontre avec
un écrivain qui partage volontiers ses textes.
A quel moment avez-vous décidé d’écrire
Mon traître et pour quelle raison ?
Le 27 décembre 2005 précisément, lorsque j’ai
appris qu’un ami que je connaissais depuis vingt
ans était un traître. Noël venait de passer et il
avait avoué sa trahison à ses camarades irlandais
après avoir été arrêté et forcé à donner une
conférence de presse par des anciens membres
de l’IRA. En réalité, cet ami s’appelait Denis
Donaldson et non pas Tyrone Meehan. Le jour
de ses aveux, j’ai réalisé qu’il m’était impossible
d’écrire sur ce sujet dans un journal en raison de
mon degré de proximité avec cet homme. Pour
des raisons déontologiques, un journaliste ne peut
pas écrire sur un sujet qui le touche personnellement.
D’un autre côté, je me sentais empoisonné
par cette révélation et cela me semblait inimaginable
de ne rien faire là-dessus. Etant donné que
j’avais également une expérience en tant qu’écrivain,
j’ai pensé que le roman serait le meilleur
médium pour raconter cette histoire. Le roman
donne une liberté qui n’est pas propre aux genres
de l’essai ou de l’enquête journalistique. Il permet
notamment de prendre de la distance, de modifier
certains éléments, de remplacer Sorj le journaliste
par un luthier, de vieillir le personnage de Tyrone
par rapport à Denis, etc. Antoine et Tyrone sont
des personnages de fiction, mais racontent notre
histoire à Denis et à moi-même, voilà le paradoxe
permis par le roman.
La question du médium de l’écriture est centrale
dans le cas d’un récit basé sur des faits réels.
Le choix du roman évacue d’emblée l’idée de
reportage, mais quel est alors l’enjeu de cette
autofiction pour vous ?
Je ne pouvais pas raconter objectivement l’histoire
de ma propre amitié assassinée, mais j’ai
néanmoins souhaité partager cette trahison en
prenant du recul, afin que les lecteurs accompagnent
le trahi dans son désarroi. C’est une histoire
qui me touche, celle d’un jeune homme qui
croyait profondément, qui est entré tête baissée
dans une histoire, une amitié et qui a été trahi.
Comme tout le monde d’ailleurs, je ne suis qu’un
des trahis, mais je voulais faire quelque chose de
cette trahison qui ne soit pas une plainte. Il n’était
pas non plus question de me lancer dans le jugement
du traître. Premièrement, parce que je l’aime
infiniment, il demeure mon ami, mon frère, mon
traître. Deuxièmement, car je n’en ai ni le droit ni
la légitimité n’étant pas moi-même un combattant
irlandais. Une question fondamentale est posée à
la base du roman : lorsqu’on est un traître, trahiton
tout le temps ou y a-t-il également de la place
pour l’amitié, la fraternité, la vérité ?
Cette question, qui se matérialise dans la bouche
d’Antoine à la fin du roman, reste néanmoins
sans réponse.
Absolument, pour la simple raison que je n’avais
pas de réponse. Lorsque j’ai commencé à rédiger
Mon traître, Denis était encore vivant, mais personne
ne connaissait le motif de sa trahison. Par
la suite, j’ai réalisé que je croyais à tort qu’écrire
ce livre me permettrait de faire le deuil de mon
désarroi et de ma tristesse. Je ne parle pas du
deuil de l’homme mort, mais du deuil de tout ce
que j’avais investi dans cet homme-là et qui volait
en éclats. Cela n’a pas été le cas, car en écrivant
Mon traître il me manquait un élément : le traître
lui-même. Tyrone Meehan n’existe pas dans ce
roman, seul le trahi existe. Pour réussir à faire
mon deuil, je devais également donner la parole
au traître afin que les deux parties s’expriment à
parts égales. J’ai donc décidé de devenir le traître,
en faisant parler Tyrone Meehan dans Retour à
Killybegs. Entre-temps, mon ami est décédé sans
que je n’aie eu la possibilité de le revoir. Les deux
romans donnent à lire une scène de rencontre
entre Antoine et Tyrone, voilà à quoi peut servir
un roman : rencontrer un ami au-delà de la mort
pour lui poser une question. Mon traître est donc
une question, Retour à Killybegs une réponse.
Au moment de l’écriture de Mon traître, Retour à
Killybegs n’était donc pas encore prévu ?
Pas le moins du monde. Je voulais raconter cette
histoire et en finir pour toujours avec l’Irlande
dans l’écriture. J’ai été journaliste-reporter de
guerre pendant plus de vingt ans et je n’ai jamais
écrit de roman sur ce sujet. J’ai d’ailleurs toujours
pensé qu’il était obscène pour un journaliste
d’écrire un roman sur les aventures du journalisme.
Il ne me serait jamais venu à l’esprit d’écrire
sur l’Irlande autrement que dans le journal, mais,
depuis cette trahison, l’Irlande était devenue un
sujet personnel. C’est pour raconter une histoire
intime de trahison que je me suis donné le droit
d’écrire, mais je ne voulais faire que Mon traître.
C’est uniquement après l’avoir terminé que je me
suis senti insatisfait. Il manquait l’essentiel : le
traître, et surtout sa peur, sa solitude et ses mensonges.
Etre le trahi était finalement chose aisée.
C’est une place di≤cile car douloureuse, mais
un très beau rôle. Or, je pense que l’on a tous un
traître en nous. Ecrire Retour à Killybegs a été une
manière de faire parler mon traître – Tyrone –,
c’est-à-dire le traître qui est en moi. Maintenant
que j’ai donné la parole au traître et au trahi, je
peux faire le deuil de ma rancœur.
Retour à Killybegs est sorti en 2011, trois ans
après Mon traître, ce temps-là a-t-il été dédié à
l’écriture ?
Dans l’intervalle, j’ai également écrit La légende
de nos pères qui peut être vu comme faisant
partie de cette série thématique. Ces trois livres
constituent une forme de triptyque. Ce récit
raconte l’histoire d’un père qui, sa vie durant,
narre l’histoire de sa participation à la résistance
française à sa fille, mais qui en réalité ne fait que
lui mentir. Pour ses quatre-vingts ans, sa fille
engage un biographe familial afin que, suite à un
travail de recherche, il rédige un petit ouvrage
destiné aux proches. Le biographe s’intéresse
avant tout à la figure de ce grand résistant français,
mais plus il travaille, plus il doute du récit du
vieil homme. Nous voilà toujours confrontés au
thème de la trahison et du mensonge. Le grandpère
est en réalité plus un menteur qu’un traître,
mais c’est en écrivant ce livre-là que je me suis
dit qu’il fallait aller plus loin, être dans la tête
du menteur et, a fortiori, du traître dans Retour
à Killybegs. J’ai donc donné successivement la
parole au trahi, au menteur et au traître à travers
chacune de ces trois narrations.
Autant le premier roman vous a permis d’utiliser
le biais de la fiction pour prendre de la distance
avec la réalité, autant Retour à Killybegs semble
complètement fictionnel. Serait-il basé sur des
confidences de Denis Donaldson ?
Tout le ressort de la trahison et toute la toile
de fond historique sont conformes à la réalité.
L’épilogue résume la mort de Denis telle qu’elle
s’est passée dans la réalité. Les faits sont réels, la
justification de la trahison – c’est-à-dire un piège
tendu par les services secrets alors qu’il défendait
son ghetto – est à 90 % véridique également. Les
événements traversés par les personnages sont
vrais, les détails sont exacts et les personnages
rencontrés existent.
En revanche, Tyrone Meehan est un personnage
fictif, complètement inventé. L’homme
est di±érent : Denis est né en 1955 à Belfast,
Tyrone en 1925 à Killybegs. Seule cette figure
est inventée, bien qu’imaginée à partir d’éléments
empruntés à plusieurs amis irlandais.
L’interrogatoire a réellement été mené par l’IRA.
Mais je ne suis pas dans une posture journalistique,
les chapitres d’interrogatoires ne sont
pas des comptes rendus. Tout est réel et tout
est romancé donc distancé, nous ne sommes pas
dans le domaine du document, nous sommes
dans le domaine de la douleur, de la fiction et du
désarroi. A aucun moment je ne souhaite que la
famille de Denis me dise que j’ai écrit un livre sur
leur douleur. Je ne suis pas un traître, mais j’ai le
droit de raconter cette histoire qui m’a fait atrocement
sou±rir et qui m’appartient : je nous mets
simplement un masque.
Avez-vous gardé des contacts en Irlande et eu un
retour sur vos romans ?
Bien sûr, je me rends régulièrement en Irlande.
Concernant les romans, le premier est traduit
depuis un an, le deuxième est en cours de traduction.
Il y a eu une déception suite à mes
déclarations, car le public croyait qu’un journaliste
allait révéler la vérité sur l’histoire de Denis
Donaldson. Lorsqu’il est ressorti clairement que
j’avais écrit une fiction, les journalistes m’ont
tout de suite demandé de préciser mon rôle dans
l’histoire. C’est une question importante car
certains m’ont demandé si j’avais été membre
de l’IRA ou si j’avais transporté de l’argent. Ma
seule réponse a été de réa≤rmer qu’il s’agissait
d’un roman et que je n’étais pas luthier. J’ai été
honoré d’un très bel éditorial dans l’Irish Times,
alors même que Mon traître n’était pas encore
traduit. Le journaliste disait qu’il était incroyable
que cela soit un Français qui renvoie les Irlandais
à leur histoire en les poussant à s’interroger à ce
propos. Cela a été un très bel hommage, parce
qu’autant Mon traître est l’histoire d’un Français
qui vit une expérience en Irlande, autant dans
Retour à Killybegs je me mets dans la peau de l’un
des leurs. Je traverse leur histoire depuis 1925
en passant par l’épisode délicat de la neutralité
de l’Irlande du Nord lors de la Deuxième Guerre
mondiale. En même temps, je pense que j’étais le
seul à pouvoir le faire, car cela aurait été inhumain
de demander à un Irlandais trahi par Denis
de se mettre à la place du traître. Malgré ma
propre douleur, je reste en décalage par rapport
aux Irlandais : aucun de mes ancêtres n’est mort
au cours de la grande famine en Irlande, aucun
de mes proches n’est tombé à cause de Denis.
J’ai eu la malchance de l’aimer, mais la chance
d’être su≤samment excentré par rapport au cœur
de son combat. Je ne suis qu’un trahi collatéral.
Mais je réclame néanmoins ma part d’explication.
Pourquoi avoir choisi un personnage de luthier
dans le rôle du Français ?
Parce que je suis arrivé en Irlande par le biais de
la musique. En Irlande, un musicien – peu importe
sa nationalité – est partout chez lui. Là-bas, on a
coutume de dire que quiconque jette une pierre
à travers la vitre d’un pub blesse deux poètes et
trois musiciens. Je suis donc arrivé en Irlande par
la musique, puis je suis allé au Nord et j’ai remarqué
que cette musique était soit à peine tolérée,
soit interdite. La culture irlandaise était prohibée,
parce que considérée rebelle et donc vue comme
dangereuse pour les Britanniques et pour les
protestants loyaux à la couronne. J’ai imaginé ce
personnage en luthier car je voulais qu’il puisse
prendre place à table dans un pub, jouer et que
son rapport à la musique fasse de lui un visiteur
bienvenu. Je le voulais également simple, isolé et
sans attaches, brusquement confronté à quelque
chose d’extraordinaire. Les lecteurs découvrent
l’Irlande, les codes, les gens petit à petit, avec
ce personnage qui ne sait rien de tout cela au
départ. J’aime bien quand des lecteurs me disent
qu’ils ont vu leur premier fusil en même temps
qu’Antoine. Ce n’est pas un personnage politique,
il n’est pas engagé : c’est l’injustice qui le pousse à
aider les rebelles.
Comme tout le monde à mon sens, il embrasse la
cause par le biais des gens. C’est-à-dire que l’on
arrive à la grande Histoire par la petite porte de
l’amitié. Du coup, quand la petite porte de l’amitié
se referme et que l’on apprend que son ami est un
traître, on se demande fatalement ce qu’il reste de
la grande Histoire. Heureusement, il n’était pas le
seul à lutter.
Venons-en à l’adaptation de ces textes. Est-ce la
première fois que vos textes montent sur scène ?
Oui, il y a eu des approches antérieures pour
des adaptations cinématographiques, mais les
projets ne se sont finalement jamais faits. Quand
Emmanuel Meirieu et Bloc Opératoire ont parlé
d’adapter ces textes au théâtre, cela m’a beaucoup
troublé. Ces personnages, je ne les entends que
dans ma tête. Tyrone et Antoine n’ont pas de réalité
visuelle pour moi, ce sont des fantômes qui
me hantent. Et brusquement, ils vont être incarnés
: cela me bouleverse et me terrorise à la fois.
Ils vont se détacher des voix et des visages que je
leur prête, s’émanciper des contraintes de regards,
de vêtements que je leur impose et devenir indépendants
: ils vont être libres. En fait, j’irai même
jusqu’à dire qu’ils vont renaître.
Lorsqu’Emmanuel Meirieu m’en a parlé, la première
chose que je lui ai dite c’est que je ne souhaitais
intervenir en rien dans sa création. Mon
histoire est contenue dans deux livres avec un
début et une fin. Sa pièce racontera une autre
histoire qui ne sera la même que dans l’écho. Rien
que dans le choix de rassembler les deux livres,
l’histoire devient sienne. C’est à lui à présent de
prendre sa part de la traîtrise et sa part du trahi.
Cette histoire est un sac de pierres que je transporte
et dont je veux me délester. S’il m’avait
demandé de prendre part à la création j’aurais
refusé. J’ai refermé une tombe, alors que lui
s’apprête à faire vivre des gens. Je me réjouis de
voir cela, je souhaite être dans la salle et pleurer
librement de ce que je vais découvrir et non pas
de ce que je sais déjà. J’espère que les deux personnages
vont me sauter à la gorge et que je féliciterai
le metteur en scène et l’équipe artistique,
non pas parce qu’ils ont adapté ma pièce, mais
parce qu’ils ont fait vivre leur histoire. Je n’ai pas
écrit une pièce de théâtre : que cela le devienne,
je trouve cela beau.
C’est à la fois touchant et surprenant d’entendre
un écrivain qui incite à l’appropriation de ses
textes.
C’est le moindre des cadeaux que je puisse faire
à cette histoire universelle : ils s’en sont emparés
et je trouve cela formidable. De plus, au risque de
dire une banalité, Denis m’a fait don de la trahison.
C’est une épouvante d’être trahi, mais j’en
ai fait quelque chose. Sa trahison, mon travail,
ce résultat, je ne veux pas que cela reste tel quel,
figé. D’autant que le thème de la trahison parle à
tout le monde. Des femmes sont venues me voir
dans des salons du livre et m’ont dit avoir beaucoup
pleuré à la lecture de mon roman malgré un
manque de connaissance de la politique irlandaise.
Simplement parce que cela leur rappelait
leur propre vie privée remplie de trahisons, par
exemple celle d’un mari ayant eu pendant des
années une double vie. L’histoire va au-delà de
Denis, au-delà de l’Irlande, au-delà du roman et
le théâtre est une autre façon de la dire. J’o±re ce
texte au metteur en scène, aux comédiens, aux
spectateurs : c’est à eux de se débrouiller avec la
trahison à présent.
Propos recueillis par Claire Martini
Le jeudi 25 avril 2013 à l’issue de la représentation,
le Théâtre Vidy-Lausanne a le plaisir de
recevoir Sorj Chalandon et Emmanuel Meirieu,
metteur en scène, à la Salle Charles Apothéloz.
Cette rencontre avec le public sera animée par
René Zahnd.
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Sorj Chalandon
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P
L
I
U
I
T
B
C
E
Théâtre
Le Petit Poucet
Ou du bienfait des balades en forêt
dans l’éducation des enfants
Charles Perrault – Laurent Gutmann
9 et 10 avril
Théâtre
Urbik / Orbik
A la ville comme à l’univers
Philip K. Dick – Joris Mathieu
Cie Haut et Court
Du 24 au 26 avril
Danse
Fenix
Foofwa d’Imobilité
Neopost Ahrrrt
7 et 8 mai
Théâtre
Le Dindon
Georges Feydeau
Philippe Adrien
Du 13 au 15 mai
CHIEN, FEMME, HOMME de Sibylle Berg // mise en scène de Nora Granovsky
création au Théâtre Vidy-Lausanne, le 25.09.2012 // photo © Mario Del Curto
l’imprimeur des artistes
ENTREPRISE D’ARTS GRAPHIQUES GENOUD SA · PRÉPRESSE ET IMPRESSION · EN BUDRON D4 · 1052 LE MONT/LAUSANNE · TÉL. 41 (0)21 652 99 65 · www.genoudsa.ch
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La force de tuerde Lars
Norén
Du 16 avril au 5 mai 2013
Salle de répétition
Mise en scène :
Philippe Lüscher
Traduction :
Amélie Berg
Assistant :
Frédéric Schreyer
Scénographie :
Roland Deville
Costumes :
Céline Ducret
Coiffure :
Arnaud Buchs
Lumière :
José Espina
Son :
Jean Faravel
Avec :
Elodie Bordas
Vincent Jaccard
Jean-Pierre Malo
Durée :
2h
Age conseillé :
dès 15 ans
Genre :
drame psychologique
© Augustin Rebetez
Coproduction :
Le Poche Genève
Théâtre Vidy-Lausanne
L’Arche est éditeur et agent théâtral
du texte représenté
Création au Poche Genève
le 15 octobre 2012
Mardi 16.04. 19h30
Mercredi 17.04. 19h30
Jeudi 18.04. 19h30
Vendredi 19.04. 19h30
Samedi 20.04. 19h30
Dimanche 21.04. 18h30
Lundi 22.04. relâche
Mardi 23.04. 19h30
Mercredi 24.04. 19h30
Jeudi 25.04. 19h30
Vendredi 26.04. 19h30
Samedi 27.04. 19h30
Dimanche 28.04. 18h30
Lundi 29.04. relâche
Mardi 30.04. 19h30
Mercredi 01.05. 19h30
Jeudi 02.05. 19h30
Vendredi 03.05. 19h30
Samedi 04.05. 19h30
Dimanche 05.05. 18h30
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
09
Jean-Pierre Malo, évoquons votre pièce La force
de tuer de Lars Norén, auteur suédois, exigeant,
difficile, et dont les thématiques sont souvent
assez graves. Ce qu’il nous propose ne serait-il
pas, un peu caricaturalement, scandinave ? On
a le sentiment que, dès lors que l’on s’adresse à
un auteur du nord, on est plongé dans un univers
sombre.
E±ectivement, mais cela demeure ici très familial.
Pour ma part, j’ai compris qu’il était très intéressé
par le théâtre anglais et le théâtre américain, par
exemple il fait souvent référence à Qui a peur de
Virginia Woolf ? J’ai joué Démons du même auteur
au Théâtre Vidy-Lausanne, il y a une dizaine
d’années, dans une mise en scène de Gérard
Desarthe, et nous nous sommes retrouvés dans
la même problématique.
Gérard Desarthe exploitait cette déclinaison
psychanalytique, il reprenait ce qui était en
substance pour l’exploiter. Qui a peur de Virginia
Woolf ? devient alors une auto-analyse, et se
termine par une forme tragique où chacun a un
monologue et explique ce qu’il est au travers d’un
décryptage psychanalytique…
La force de tuer met en scène un trio, le père –
vous –, le fils et sa petite amie. On se doute que
le fils a des troubles psychiques et, par ailleurs,
il va aussi se passer quelque chose entre le père
et la petite amie… Je suppose qu’en tant que
comédien on ne sort pas indemne d’une telle
pièce.
Non, moi en tout cas je n’en sors pas indemne.
Mais heureusement on m’a donné le texte il y a
cinq mois, si on me l’avait donné un mois et demi
avant, je n’aurais pas fait la pièce. Au-delà de la
technique et de la prestation, l’acteur engage une
part intime de lui-même.
C’est une pièce astreignante, mais il s’agit également
d’un auteur particulièrement exigeant,
dit-on.
C’est terrible ! En plus, il y a une vraie cruauté,
à vif peut-on dire. Au début, on ne réalise pas
à quel point c’est violent, on pense que c’est
un naturalisme habituel qu’on retrouve dans
d’autres pièces, chez les Américains ou chez les
Anglais. En réalité, pas du tout, je trouve que
c’est un auteur violent et méchant. Il doit régler
des comptes avec lui-même, avec sa famille, il a
fait plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques.
Finalement, c’est un type assez extraordinaire,
mais d’une violence inouïe.
Est-ce que vous choisissez vos pièces en fonction
de ce qu’elles questionnent en vous ?
Tout à fait, je ne conçois pas le théâtre uniquement
dans la lucidité, je ne suis pas un « adepte du
boulevard ». J’aime bien les pièces qui ne laissent
pas indi±érent et c’est peut-être de l’orgueil mais
j’aime ce qui est di≤cile, ce qu’on n’oserait même
pas faire.
Pourquoi ?
Peut-être que je manque de simplicité… ( rire ).
J’ai l’impression que l’on a un peu perdu en intensité
depuis que les idéologies sont en berne, je ne
cherche plus des auteurs engagés politiquement,
mais engageants, des auteurs dont la sensibilité
est plus profonde.
Il vous faut donc une pièce qui vous bouleverse
et qui secoue les spectateurs. Cela peut se faire
par les sentiments, ou par la mise en scène par
exemple, est-ce que dans La force de tuer vous
éprouvez cette émotion ?
Vous avez raison de me poser cette question,
j’adore en e±et me trouver dans un contexte
totalement artistique. C’est-à-dire un contexte
où il y a le point de vue du metteur en scène,
où le décorateur et le régisseur son sont impliqués
dans l’élaboration du spectacle… Si la part
entière appartient simplement au metteur en
scène, ou pire au comédien, selon moi ce n’est pas
intéressant.
Il y a certains spectacles que je trouve splendides
en allant les voir mais dans lesquels je sais que je
ne pourrais pas jouer parce que les personnages
y parlent uniquement par signifiant, ce sont des
rôles sans psychologie, des images. Il m’est arrivé
quelques fois de me retrouver dans des situations
embarrassantes face à des amis comédiens car,
malgré le fait qu’ils soient de très grands acteurs,
il me manquait quelque chose dans le spectacle.
Pour ma part, j’ai besoin d’un point de vue, d’un
auteur et d’une mise en scène.
Evoquons votre parcours Jean-Pierre Malo, vous
êtes né à Clermont-Ferrand et vous êtes monté à
Paris, véritablement pour le coup…
C’est une drôle d’histoire, e±ectivement. Je vivais
chez ma grand-mère, j’ai fait quelques bêtises,
et je me suis donc retrouvé chez un juge pour
enfants. C’était des peccadilles mais, de peur que
cela ne s’aggrave, ils ont préféré me placer dans
une institution pour prédélinquants. Or, j’avais eu
un professeur de littérature qui m’avait conseillé
d’aller au Conservatoire de théâtre de Clermont-
Ferrand. J’y suis donc entré, et j’ai pu passer le
concours de la Rue Blanche à Paris, où j’ai été
pris. Cette école a complètement changé ma vie,
je ne sais pas ce que je serais devenu sans cela.
Avant d’entrer au Conservatoire de Clermont-
Ferrand, vous n’aviez jamais entendu parler de
théâtre ?
Pas vraiment, mais j’avais vécu quelques
expériences.
Ma première année au conservatoire, j’étais alors
très jeune, il y avait au théâtre Le partage de
midi, de Claudel, joué par Jean Négroni et Edwige
Feuillère. J’ai été fasciné par cette dernière, et
je me souviens encore de l’une de ses scènes.
En sortant du théâtre, situé près de la place de
Jaude, j’ai rencontré Négroni. C’était étonnant,
dans la rue on ne le remarque même pas, petit
bonhomme, mais sur scène il est extraordinaire
! Ces moments forts m’ont marqué, mais je
n’avais jamais pensé devenir une star. Avec le
temps j’ai été médiatisé, j’ai appris qu’il fallait
travailler sur son image, sa notoriété, je détestais
ça ! Maintenant je me suis un peu habitué, il y a
quelques années j’aurais refusé cet entretien avec
vous ( rire ).
Vous parliez de la notoriété, en regardant votre
filmographie on y trouve quelques films qui ont
marqué leur temps, dont un avec Belmondo.
C’était l’époque du succès incroyable de
Belmondo, le flic à gros flingue en blouson de
cuir, qui castagne à tout va. Mais on trouve aussi
des films de Michel Soutter ou Alain Tanner, des
réalisateurs suisses, avec en 1982 L’amour des
femmes, ou en 1985 No Man’s Land. Ce sont des
réalisateurs que vous avez connus en Suisse à
l’époque où vous y étiez ?
Je crois que Michel s’est un peu épris de moi, sans
aller trop loin, il me faisait toujours travailler. Il
avait envie que je réussisse dans ce métier, que
j’existe, et il a donc fait beaucoup pour moi, il m’a
même accompagné une fois voir Jean-Luc Godard.
J’adorais cet homme, c’était une époque bénie
pour le cinéma suisse et il avait quelque chose de
très paternel, de très humain, que je retrouve chez
mon actuel metteur en scène, Philippe Lüscher.
Parmi vos amis du théâtre d’autrefois, lorsque
vous avez tourné pour la première fois à la télévision,
que vous a-t-on dit ? Vous en a-t-on voulu ?
Vous en a-t-on dissuadé ?
Le problème n’était pas la télévision, c’est un
média tout à fait di±érent du théâtre, et il ne fallait
pas être anonyme à tout prix. En revanche il
y avait un réel clivage entre le théâtre privé et le
théâtre public, ce qui existe encore un peu maintenant
mais beaucoup moins radicalement. Vous
connaissez certainement moins bien le théâtre
privé, bien que ça commence à venir, mais il
s’agissait surtout de l’institution, et c’était la force
du théâtre public. Il pouvait équilibrer le budget
et donc prendre des risques. Au théâtre privé,
lorsque l’on prend un risque, on le mesure, et si
on perd de l’argent on fait tout pour en regagner.
En France, quasiment tous les jours on crée des
événements stupides, par exemple un journaliste
reconnu fait l’éloge d’une pièce, du jour au lendemain,
une pièce drôle, dans laquelle joue évidemment
l’amie du journaliste…
Vous n’avez aucune difficulté à passer du théâtre
privé au théâtre subventionné ?
C’est un fameux clivage, et on m’a souvent reproché
de jouer dans le privé, d’être réactionnaire.
Mais les pièces que j’interprète ne sont pas si réac
que ça, et il ne faut pas oublier l’histoire du privé
au niveau de la création : avant que l’institution
découvre certains auteurs, le théâtre c’était le
privé ! Les années 50 c’était Beckett, Ionesco,
Adamov, puis Pinter plus tard. Maintenant, ce
sont des grands classiques.
Vous nous avez expliqué que vous avez été un
primo délinquant, et que le théâtre vous a sauvé.
Le théâtre peut-il aujourd’hui ramener ces
jeunes « à la dérive » vers quelque chose qui les
recentrerait ?
Tout à fait, l’art ne chau±e pas les imbéciles, mais
peut participer à développer des intelligences.
Extraits de propos recueillis par Pierre-Philippe
Cadert le 23 octobre 2012 dans Vertigo sur La 1 ère .
Reproduit avec l’aimable autorisation de la RTS.
Transcription : Domitille Raffara
Podcast de l’émission : www.rts.ch/la-1ere/
programmes/vertigo/4334961-jean-pierre-malola-force-de-tuer-23-10-2012.html
Rencontre avec les comédiens et le metteur en
scène Philippe Lüscher le 1 er mai 2013 à la Salle
de répétition à l’issue de la représentation
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Dénommé Gospodin
de Philipp Löhle
Du 17 avril au 3 mai 2013
La Passerelle
Mise en scène :
Benoît Lambert
Traduction :
Ruth Orthmann
Assistanat à la mise en scène :
Renaud Diligent
Scénographie, lumière et images :
Antoine Franchet
Conception images :
Quentin Descourtis
Costumes :
Marie La Rocca
Construction décor :
Florent Gauthier
Vincent Perraudin
Régie plateau :
Florent Gauthier
François Douriaux
Régie lumière :
Victor Dos Santos
Création sonore :
Jean-Marc Bezou
Régie générale :
Marc Chevillon
Avec :
Christophe Brault
Chloé Réjon
Emmanuel Vérité
Durée :
environ 1h45
Age conseillé :
dès 15 ans
Genre :
comédie
Gospodin : Il faut que je me cherche autre chose. Ou
alors, je porte plainte. Je vais les faire cracher.
Je vais acculer Greenpeace à la faillite pour qu’ils
apprennent que mon lama n’a pas besoin de leur
organisation de merde. Je vais en tirer des millions.
Anette : Ça va sûrement te rendre très populaire. C’est
une idée géniale : ma maison, ma voiture, mon
yacht. J’ai pu tout acheter parce que j’ai porté
plainte contre Greenpeace. Vous savez bien : les
protecteurs des animaux. En principe ils sauvent les
bébés phoques des piques de fer des Russes, mais
maintenant ils n’ont plus d’argent pour ça, parce
que maintenant c’est Gospodin qui a l’argent !
Gospodin : Il ne s’agit pas d’argent. Ma nouvelle forme de
vie a été… mise en échec. Tu serais gentille de montrer
un peu plus de respect pour mon agressivité à
ce propos. Philipp Löhle, Dénommé Gospodin ( traduction de Ruth Orthmann )
Production déléguée :
Théâtre Dijon Bourgogne – CDN
Coproduction :
La Colline – Théâtre national
Théâtre de la Tentative
Théâtre Vidy-Lausanne
La pièce Dénommé Gospodin a été
traduite à l’initiative et avec le soutien
de la Maison Antoine Vitez, centre
international de la traduction théâtrale,
à Paris
Ce texte a fait l’objet d’une mise en
espace au Festival d’Avignon 2011,
produite par Théâtre Ouvert à
l’occasion de ses 40 ans
Le texte de la pièce est paru aux
Presses Universitaires du Mirail
L’Arche est agent théâtral du texte
représenté
Création au Théâtre Dijon Bourgogne
le 19 mars 2013
Mercredi 17.04. 20h00
Jeudi 18.04. 20h00
Vendredi 19.04. 20h00
Samedi 20.04. 20h00
Dimanche 21.04. 18h00
Lundi 22.04. relâche
Mardi 23.04. 20h00
Mercredi 24.04. 20h00
Jeudi 25.04. 20h00
Vendredi 26.04. 20h00
Samedi 27.04. 20h00
Dimanche 28.04. 18h00
Lundi 29.04. relâche
Mardi 30.04. 20h00
Mercredi 01.05. 20h00
Jeudi 02.05. 20h00
Vendredi 03.05. 20h00
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
10
Changer la vie ?
C’est di≤cile de dire quelque chose de vraiment
précis sur une pièce que l’on commence
à travailler. Parce que l’on sait pertinemment
que l’épreuve du plateau révélera d’autres sens,
d’autres pistes de lecture et que la pièce finira par
raconter tout autre chose que ce que l’on imaginait
au départ. C’est en tout cas le propre des
bonnes pièces de dépasser toujours ce qu’on espérait
leur faire dire et de nous emmener ailleurs,
sur des chemins inattendus.
De ce point de vue, la pièce de Philipp Löhle est
une très bonne pièce : depuis que nous avons
commencé à la travailler, nous la voyons se transformer
à chaque pas ; c’est à la fois une histoire
d’amour, une épopée burlesque d’aujourd’hui,
une petite pièce didactique sur les misères de nos
démocraties de marché, un conte sur la solitude
fondamentale de l’homme, une méditation sur nos
désirs d’émancipation… On pense au Woyzeck de
Büchner, au Bartleby de Melville, au Misanthrope
de Molière, à Jean la Chance de Brecht mais aussi
aux premiers Godard, aux Marx Brothers ou
aux Monty Python. C’est drôle et terrible, c’est
insolent et tendre, c’est cruel, souvent. C’est très
étonnant.
Rappelons la fable, pour mémoire : Dénommé
Gospodin raconte l’histoire d’un homme qui perd
tout – son lama, sa femme, ses meubles, ses amis –
et qui décide de faire de cette perte un projet politique
; Gospodin essaye d’inventer un mode de vie
non capitaliste à l’intérieur même du capitalisme.
Pour cela, il s’invente un dogme, des règles, des
principes, il s’établit un programme de vie. Mais,
au moment précis où il n’a plus rien, au moment où
il est, au sens propre, « sur la paille », il devient le
dépositaire accidentel d’un trésor considérable ( un
demi-million en liquide ). Aussitôt, ses proches,
qui l’avaient dépouillé et abandonné, reviennent
vers lui pour obtenir leur part du magot. Gospodin
préférera finir en prison plutôt que de leur céder,
fermement convaincu que l’argent ne doit pas être
nécessaire et que toute propriété est à refuser…
Au fond, la question qui taraude Gospodin, c’est
toujours la même vieille question : celle de savoir
si une autre vie est possible. On peut se dire que
c’est une question usée, trop rabattue : « que faire ?
que faire ?… » Mais, en même temps, c’est une
question qui ne nous laisse pas en repos, elle nous
hante, comme ce « spectre du communisme » dont
parlent Marx et Engels au début du Manifeste…
Bien sûr, cette question résonne de façon singulière
dans les « démocraties de marché » de notre
vieille Europe – et sans doute plus encore dans
l’Allemagne réunifiée où vit Philipp Löhle. A travers
les aventures de Gospodin, Philipp Löhle pose
un regard assez impitoyable sur nos modes de vie
de citoyens-consommateurs. La pièce, d’ailleurs,
aurait pu être sous-titrée « ce que l’argent fait aux
gens », parce qu’elle ausculte avec un humour ravageur
les e±ets de la normalisation marchande sur
le cours de nos existences contemporaines.
Donc, oui, changer la vie, ou au moins changer de
vie, cela reste un projet, un désir plus ou moins
enfoui : tous les personnages de la pièce finissent
d’ailleurs par l’avouer, les uns après les autres.
Malgré leurs e±orts répétés pour faire entrer
Gospodin dans le rang, dans la règle, dans la
norme commune, tous rêvent secrètement qu’une
autre vie est possible. On est alors obligé de se
poser la question : est-ce cela qui définit notre
situation contemporaine, ce consentement fatigué
à des vies auxquelles nous ne croyons plus, des
vies auxquelles nous rêvons d’échapper ?
Néanmoins, Dénommé Gospodin reste une comédie
: il n’y a pas de déploration, ici, pas de plainte
mélancolique. Pas de dénonciation non plus, ou
d’indignation vertueuse. Löhle procède par décalage,
par déplacement : il raconte l’histoire de son
héros comme un conte ou comme un rêve éveillé.
Dans la pièce, Gospodin est narcoleptique ( il
s’endort dès qu’il se met en colère… ) : il flotte en
permanence entre veille et sommeil, ce qui donne
à ses aventures un parfum d’irréalité ou même de
douce absurdité.
Du coup, Dénommé Gospodin n’est pas simplement
une pièce critique « de plus ». Et c’est ce qui fait
tout son intérêt. Parce que la dénonciation du
règne de la marchandise et de la domination de
l’argent n’est pas son seul motif. Si Löhle lance
un regard sans complaisance sur nos démissions
et nos compromissions contemporaines, il ne se
contente pas de choisir, pour lui-même et pour
son héros, le beau rôle ou le bon camp.
A la fin de la pièce, Gospodin ( injustement
condamné) se retrouve en prison, et découvre
qu’il n’y a que là qu’il est vraiment libre : « Ici, ditil,
j’ai enfin atteint ce que j’ai toujours voulu. » On
mesure aisément la portée ironique de cet ultime
propos : dans nos sociétés dites « libérales », la
liberté dont nous jouissons n’est qu’un trompel’œil
: elle se réduit la plupart du temps à ne devoir
choisir qu’entre deux produits concurrents.
C’est précisément ce que le périple du héros aura
contribué à établir, de façon implacable. Dès lors,
s’abstraire du choix, se retirer du jeu, c’est sans
doute la seule façon d’être vraiment libre.
D’une certaine façon, la position de Gospodin,
à la fin de la pièce, c’est presque celle de Julien
Coupat, l’un des accusés de Tarnac, quand il
rappelait depuis la prison de la Santé où il était
incarcéré qu’il n’était guère plus enfermé que ceux
qui étaient dehors. Cette provocation magnifique
fait la grandeur du personnage, son héroïsme :
Gospodin s’a≤rme irrécupérable et incontrôlable
du fond même de sa prison, au moment précis où
la société se dit qu’elle a enfin réussi à le contrôler.
Cependant, le propos de Philipp Löhle ne s’en
tient pas là : il ne se contente pas de célébrer
les vertus de son héros, ou d’épouser sa cause.
D’abord parce que la première limite du personnage
c’est précisément son statut de héros solitaire,
son côté seul-contre-tous. Arc-bouté à son
projet, à son dogme, Gospodin finit par se perdre
complètement dans sa propre entreprise d’émancipation,
comme en témoigne ses e±orts pathétiques
et vains pour se débarrasser du magot que
le hasard lui a placé dans les mains.
Mais plus encore, à travers la jouissance et le soulagement
éprouvés par Gospodin dans sa prison,
Philipp Löhle rappelle aussi qu’il peut y avoir,
dans la tentation de radicalité, une sorte de pulsion
carcérale, le désir d’un grand enfermement.
Comme si l’aspiration à l’émancipation pouvait
à tout instant sombrer dans son exact contraire,
comme si en fuyant on courait toujours le risque
de retrou ver ce que l’on fuit : toutes les prisons,
toutes les soumissions, toutes les aliénations.
Il ne faut pas voir d’ailleurs dans cette ambiguïté
terminale la marque du nihilisme, ou du désenchantement.
La dimension critique de la pièce ne
s’en trouve pas amoindrie, elle fait plutôt l’objet
d’une complication. Car la conclusion ici n’est pas
de dire que tout est perdu d’avance et que toutes
les volontés d’alternatives débouchent fatalement
sur des monstruosités. C’est plutôt de rappeler que
toute entreprise d’émancipation ou de transformation
profonde s’épuise à rester solitaire, et qu’elle
ne peut faire l’économie d’une prudence, d’une
vigilance, presque d’une forme de scepticisme.
Voilà sans doute ce que propose la pièce : une
rêverie d’aujourd’hui sur les lendemains qui
( dé )chantent, une variation sur notre aspiration
au changement.
Mais, ainsi qu’il a été dit en commençant, il est
probable aussi qu’elle raconte tout autre chose.
Benoît Lambert
( février 2013 )
Dénommé Gospodin fera l’objet d’une
audiodescription le 27 avril 2013
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Les oranges
conte contemporain d’Aziz Chouaki
Du 17 avril au 5 mai 2013
Chapiteau Vidy-L
Direction :
Laurent Hatat
sur une idée d’Azeddine Benamara
Création lumière :
Bernard Plançon
Avec :
Azeddine Benamara
Mounya Boudiaf
Durée :
1h10
Age conseillé :
dès 15 ans
Genre :
théâtre
©F. Iovino
Production :
Théâtre du Nord – Théâtre National Lille
Tourcoing
Région Nord Pas-de-Calais
En association avec
anima motrix
Création au Théâtre du Nord à Lille
le 9 mars 2009
Mercredi 17.04. 20h30
Jeudi 18.04. 20h30
Vendredi 19.04. 19h00
Samedi 20.04. 20h30
Dimanche 21.04. 17h00
Lundi 22.04. relâche
Mardi 23.04. 20h30
Mercredi 24.04. 20h30
Jeudi 25.04. 20h30
Vendredi 26.04. 19h00
Samedi 27.04. 20h30
Dimanche 28.04. 17h00
Lundi 29.04. relâche
Mardi 30.04. 20h30
Mercredi 01.05. 20h30
Jeudi 02.05. 20h30
Vendredi 03.05. 19h00
Samedi 04.05. 20h30
Dimanche 05.05. 17h00
C’est en 2007, alors que j’étais acteur permanent
au Théâtre du Nord ( centre dramatique national
à Lille ), que le directeur Stuart Seide m’a
proposé une carte blanche. J’avais discuté avec
Thierry Tordjman, alors administrateur, de mon
envie d’essayer l’interprétation solo. Ils m’ont
donc donné la possibilité et les moyens de tenter
l’exercice avec le texte de mon choix. Les oranges
d’Aziz Chouaki s’est imposé très vite malgré
l’envie de me confronter à d’autres textes comme
Le feu de Henri Barbusse ( 1916 ) ou même Au-delà
de cette limite votre ticket n’est plus valable de
Romain Gary ( 1975 ). Mais mon choix s’est orienté
vers le texte le plus urgent à jouer.
En France nous avons une sacrée tendance à
reconnaître nos faits d’armes les plus disgracieux
quelques décennies après leurs exécutions.
J’entends par « nous » ceux qui sont en charge
d’écrire l’Histoire, à savoir les gouvernements
successifs et de tous bords qui ont le pouvoir de
programmer les contenus des manuels scolaires
par exemple. Rappelons que l’annonce par le premier
ministre Lionel Jospin de la réhabilitation
des soldats français fusillés par leurs propres
états-majors en 1917 n’a eu lieu qu’en 1997, soit
80 ans plus tard. Je vous laisse imaginer combien
cela prendra de temps avant que l’on admette que
« Tonton » avait la main lourde quand il s’agissait
de refuser les demandes de grâce des condamnés
à mort.
En Algérie nous avons la fâcheuse manie d’exagérer
les prouesses et les sacrifices, et même
d’inventer des récits à la gloire des dirigeants du
parti. Les manuels scolaires en regorgent, mais
ces contes ne dupent que les enfants, la majeure
partie de la population étant parfaitement
consciente que l’Histoire o≤cielle n’est qu’un
parfait tissu de mensonges ou d’omissions. Pour
preuve le profil bas a≤ché par les dirigeants algériens
lors des célébrations du cinquantenaire de
l’indépendance en 2012. On aurait pu s’attendre
à des festivités prodigieuses pour un tel événement,
et bien non, après quelques petites cérémonies
et parades, quelques fresques peintes sur
quelques murs, le tour était joué.
comment le public français ( de tous âges, conditions
et origines ) était secoué et touché par cette
histoire. Comme si on nous balançait dans la face
une vérité qu’on a toujours sue mais qu’on n’a
jamais voulu admettre. C’est d’ailleurs ce que j’ai
ressenti la première fois que j’ai lu Les oranges.
Poésie sans détour, elle ne sert pas à enjoliver
les faits mais au contraire à les rendre plus crus,
directs. On a aussi pu constater que la plupart de
nos concitoyens méconnaissent l’histoire d’un
territoire qui a quand même été une région française
pendant 132 ans. C’est donc de l’histoire de
France, mais ce n’est pas si étonnant car, même
avec des parents algériens, ce n’est que très tard
que je me suis réellement intéressé à ce pan de
l’Histoire. Les oranges brise les tabous, de part et
d’autre. Une histoire vraie dans laquelle s’entremêlent
l’histoire d’une Algérie et l’Histoire de
l’Algérie, la non o≤ciellement correcte, la vraie.
Récit direct, de son balcon il voit la vie de tous les
jours, d’aujourd’hui.
Récit d’hier, de sa mémoire, il se souvient du
« premier pied du premier soldat français qui a
foulé cette terre » et tout ce qui s’est passé depuis.
Aziz Chouaki décortique avec une clairvoyance
impressionnante le malaise algérien, en faisant
évoluer un « être-personnage » à l’image de son
peuple. Un voyage de plus d’un siècle et demi de
vie colonisée puis libérée, d’où nous parviennent
de plein fouet tous ses doutes et réactions, toute
son impuissance face au monstre des pouvoirs
successifs, légitimes ou non, qui ont rongé tout
espoir de paix. Identité frelatée, il cherche l’équilibre
mais ne fait que basculer d’extrême en
extrême.
Il semble que seuls les mots et la langue aient su
s’accommoder de ce métissage forcé. L’écriture des
Oranges relève du parlé écrit, un parlé tellement
vrai, que les mots, les lettres et l’impression ne
peuvent figer cette parole en partition, fractionnée,
« trippée ».
Dans Orange, enfin, il y a Organe, mais aussi
Or Ange, On R.age…
Azeddine Benamara
Revue de presse
« Guidés par Laurent Hatat, Mounya Boudiaf et
Azeddine Benamara sont eux aussi les porte-feu
d’une parole libre et puissante. Littérature de
combat, plus vivante que jamais. »
Armelle Héliot, Le Figaro
« C’est bercé par un chant arabe et par la lumière
du soleil couchant qu’on s’immisce dans ce conte
poétique et allégorique d’Aziz Chouaki. ( … )
Azeddine Benamara incarne l’Algérie, son histoire,
ses doutes avec une sensibilité touchante et
des ruptures de ton impressionnantes, jonglant
avec la rancœur ou l’ironie, l’accent arabe et les
références littéraires françaises. »
Oihana Gabriel, 20 minutes
« La réussite incontestable de ce spectacle
modeste, signé Laurent Hatat, tient d’abord à la
finesse de l’écriture de l’auteur, à la fois allusive
et précise, poétique et concrète. Elle tient aussi
au talent de conteur d’Azeddine Benamara et de
Mounya Boudiaf, chanteuse délicate. Une jolie
surprise. »
Laurence Liban, L’Express
« Laurent Hatat propose une nouvelle mise en
scène d’une vitalité merveilleuse qui repose
sur la simplicité des moyens ( … ), l’ajout d’une
chanteuse qui devient l’écho et la partenaire du
conteur ( … ), et la présence rayonnante, joueuse,
rieuse, précipitée d’Azeddine Benamara dans le
rôle du conteur. »
Gilles Costaz, webthea.com
Heureusement et malgré la censure, des artistes,
des journalistes, des historiens français, algériens
ou étrangers ont rétrospectivement ou simultanément
fait un travail extraordinaire. Les oranges
en est l’illustration parfaite.
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
11
Quand j’ai proposé ce texte, Laurent Hatat
( Cie anima motrix ), artiste associé au Théâtre du
Nord pendant la même période, o±re de le mettre
en scène. Très rapidement Mounya Boudiaf est
apparue comme une évidence. Bien que je ne
doutais pas de la force du texte, j’ai quand même
été surpris de l’impact qu’il a eu sur le public,
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Yukonstyle
de Sarah Berthiaume
Du 8 au 26 mai 2013
Salle de répétition
Mise en scène :
Célie Pauthe
Collaboration artistique :
Denis Loubaton
Scénographie :
Guillaume Delaveau
Assisté de :
Tomoyo Funabachi
Son :
Aline Loustalot
Costumes :
Marie La Rocca
Lumière :
Joël Hourbeigt
Images :
Guillaume Delaveau
Assisté de :
François Weber
Regard chorégraphique :
Thierry Thieû Niang
Avec :
Dan Artus
Flore Babled
Jean-Louis Coulloc’h
Cathy Min Jung
Durée :
environ 1h30
Age conseillé :
dès 16 ans
Genre :
pièce contemporaine
Coproduction :
Compagnie Voyages d’hiver
La Colline-théâtre national, Paris
Théâtre Vidy-Lausanne
CDN des Alpes, Grenoble
Avec le soutien de :
MC2: Grenoble
Avec la participation du Jeune Théâtre
National
Avec l’aide du Consulat Général de
France à Québec
Avec le soutien du Bureau du Québec
à Berlin
La compagnie Voyages d’hiver est
conventionnée par le ministère de la
Culture et de la Communication/DRAC
Ile-de-France
Ce texte a reçu l’aide à la création du
Centre national du théâtre
Création à La Colline-théâtre national
le 28 mars 2013
Mercredi 08.05. 20h00
Jeudi 09.05. 20h00
Vendredi 10.05. 20h00
Samedi 11.05. 20h00
Dimanche 12.05. 18h00
Lundi 13.05. relâche
Mardi 14.05. 20h00
Mercredi 15.05. 20h00
Jeudi 16.05. 20h00
Vendredi 17.05. 20h00
Samedi 18.05. 20h00
Dimanche 19.05. 18h00
Lundi 20.05. relâche
Mardi 21.05. 20h00
Mercredi 22.05. 20h00
Jeudi 23.05. 20h00
Vendredi 24.05. 20h00
Samedi 25.05. 20h00
Dimanche 26.05. 18h00
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
12
Le Yukon…
Un ultime retranchement perdu au fin fond du
Nord canadien.
Une terre vaste et sauvage voisine de l’Alaska où
un brin d’humanité persiste.
Au milieu de l’hiver rude et infini :
« Moins quarante-cinq degrés Celsius. La limite
entre le froid et la mort. »
Larger than life, comme un refrain, la devise d’un
territoire qui fait écho à notre vie minuscule.
C’est là, dans ce décor à la fois hostile et immaculé,
que s’échouent les protagonistes. Quatre
destins se croisent et s’entrelacent, s’embrouillent
et se querellent, à Whitehorse, cette
capitale du bout de l’Occident. Garin, son père,
Yuko et Kate vont former une communauté de
fortune le temps d’une saison.
La fable que nous raconte Sarah Berthiaume
s’ancre dans un parlé québécois franc et direct
aux sonorités anglophones et restitue l’âpreté
d’une réalité difficile. Ce tumulte de mots et
d’existences ébréchées naîtra pour la première
fois sur un plateau de théâtre.
Rencontre avec la metteure en scène Célie
Pauthe, quelques semaines avant sa création au
Théâtre de la Colline – dans un Paris fourmillant
de monde, enveloppé dans ses plus belles
lumières et noyé dans l’effervescence de fin
d’année – pour aborder l’immensité et le calme
du Yukon, sa nature farouche et mystérieuse où
les âmes peinent à vivre et à survivre…
Qu’est-ce qui vous a séduit dans Yukonstyle ?
La première chose qui m’a frappée en découvrant
Yukonstyle, c’est la manière dont l’auteure
parvenait à nous plonger dans un univers à la
fois réaliste, âpre, concret, d’une rare densité
humaine, et en même temps absolument fantastique,
traversé de visions, d’apparitions étranges,
de dédoublements. C’est un matériau poétique
et scénique inédit qu’invente Sarah Berthiaume,
dans lequel s’enchâssent des scènes dialoguées,
écrites dans une langue sèche et économe, trouée
de silences et de scènes narrées, ou même rêvées,
comme si elles s’échappaient de l’inconscient
des personnages, comme si « le Yukon parlait à
travers eux » pour reprendre les mots de Sarah
Berthiaume. Dans ces passages narratifs, c’est
comme s’ils étaient possédés par une force étrangère
à eux-mêmes, peut-être la mémoire de cette
terre archaïque, ancestrale, d’avant la colonisation…
Les personnages sont comme des voyants
de quelque chose qui leur échappe. L’espace d’un
instant, ils ont une extralucidité de ce que l’autre
ressent, pense, vit alors que, dès qu’ils replongent
dans le réel par le biais du dialogue, ils se referment
et chacun se bagarre pour sa survie.
Cette pièce parle de solitude avec des personnages
isolés en quête d’identité « s’aimant malgré
eux » comme le dit l’auteure, pouvez-vous nous
en dire plus ?
Ce qui me touche et ce que je trouve très beau
c’est la manière dont ces quatre personnages
solitaires, que rien a priori ne prédestinait à se
rencontrer, vont être parachutés les uns contre les
autres, et vont peu à peu comprendre, réparer ou
consoler quelque chose d’eux-mêmes grâce à ces
chocs. C’est vraiment une pièce sur l’altérité. Cela
me fait penser à cette phrase que Stanislavski
répétait aux acteurs : « Ne cherchez pas en vous,
en vous il n’y a rien ; cherchez dans l’autre qui
est en face de vous. » Peu à peu, on va découvrir
qu’ils portent tous en eux une part de l’autre.
Ils vont tous se révéler comme un fantôme, un
être disparu ou manquant pour l’autre : chacun
possède sans le savoir un bout de la vie enfouie
de l’autre. Les rencontres ne sont pas douces du
tout, ils se cognent carrément ! C’est comme si,
inconsciemment, ils allaient chercher chez l’autre
quelque chose qui leur a manqué, qui leur a fait
profondément défaut. Comment une personne qui
nous est étrangère peut-elle incarner des bouts
de père, de mère, de sœur… Comment elle peut
se révéler être un reflet de ce que l’on a toujours
cherché ? Comment en rencontrant des vivants ce
sont aussi des morts que l’on recherche…
En fait ils vont réinventer, le temps d’un hiver,
une famille de hasard, qui se recompose justement
sur les décombres, dans les failles des
schémas familiaux traditionnels, avec lesquels
ils sont tous en rupture. Ils sont tous hors cadre,
hors système, socialement aussi. Aucun d’eux
n’a trouvé sa place dans la course à la réussite
sociale, la course à l’intégration, tout simplement
dans ce monde fléché, archi-compartimenté qui
est le nôtre. Soit parce qu’ils l’ont fui, soit parce
qu’ils en ont été exclus ou déportés. Et c’est en
mettant en commun ce peu d’aptitude à suivre le
chemin tracé, à exister dans les cadres, qu’ils vont
tenter chacun à leur manière de se réapproprier
quelque chose de leur vie.
La notion de marge est très présente dans le texte
ne serait-ce que par sa situation géographique.
Ce Yukon est une sorte de bout de route, on
arrive au bout du voyage, c’est là qu’on s’arrête
quand on ne peut pas aller plus loin. Et c’est une
constante dans l’écriture de Sarah Berthiaume
d’ancrer ses histoires dans des lieux isolés ou
désa±ectés, à l’écart de la marche du monde. Sa
première pièce, Le déluge après, se passe dans
un village de pêcheurs à l’abandon, une autre
s’appelle Villes mortes. C’est toujours, dans son
écriture, à partir de ces lieux décentrés du repli,
qu’elle tente de penser notre présent, qu’elle
opère une sorte d’état des lieux de notre civilisation
et de notre modernité.
Et, de ce point de vue, le Yukon est comme un
laboratoire de nos sociétés occidentales. Cette
province est un des derniers territoires à avoir
été colonisé par les Blancs, c’est la fin de la
conquête de l’ouest, la dernière ruée vers l’or,
celle du Klondike, à la toute fin du XIX e siècle. En
quelques années des villes entières sont sorties
de terre et se sont évanouies dès que les mines se
tarissaient. Le fleuve Yukon a été massacré, ses
berges éventrées pour permettre aux bateaux à
vapeur de circuler… Jack London décrit très bien
cela, il en a été l’un des pionniers.
C’est comme si cette terre était l’endroit où la
civilisation occidentale était venue s’échouer,
transportant avec elle tous ses stigmates et ses
névroses, son lot de violence raciale, sociale,
d’individualisme, de misère a±ective. Sans aucun
volontarisme ni didactisme, la pièce procède à une
radiographie lucide de notre temps.
C’est la première fois que la pièce est montée ?
Yukonstyle connaît un destin étonnant, elle est
en train de faire le tour du monde. Elle est actuellement
traduite en catalan, en allemand et en
anglais. Elle va être jouée à Toronto dans un an et
à Montréal ce printemps.
C’est une pièce qui a la capacité d’attraper
quelque chose de notre monde… ce n’est donc
pas un hasard si les comités de lecture se la sont
arrachée !
Yukonstyle utilise un parlé québécois, avez-vous
opté pour des interprètes de cette région ?
C’est amusant, c’est toujours la première question
qu’on me pose d’habitude : « Mais comment
allez-vous faire ? » Eh bien, je ne sais pas ! Non,
les comédiens ne sont pas québécois. L’équipe
est constituée de trois Français et d’une Belge.
Avec Sarah, on a changé quelques petites choses
mais on ne se lance pas du tout dans une adaptation.
On résiste à ça ! D’abord, je trouve que ce
serait terrible de ne pas pouvoir faire jouer cette
pièce par d’autres comédiens que des Québécois.
Comme dit Koltès, on n’est pas des salades. On n’a
pas des racines dans le sol, on peut bouger ! C’est
pareil pour un texte, il peut voyager, traverser
l’océan et nous parvenir.
Lors d’un passage de Sarah à Paris, nous avons
fait deux jours de lecture avec les acteurs pour
nous accorder sur l’ensemble des pluralités de
sens que peuvent recouvrir ces expressions qui
ne sont pas nôtres. On a tenté d’harmoniser les
prononciations des québécismes et des anglicismes
afin que chacun parle la même langue. Je
pense que si on arrive à être au plus près de la
justesse des a±ects, des blessures, des silences,
de l’humour, de toute l’humanité vibrante qui
circule à travers ces personnages, si on arrive
à être justes dans ces intentions-là, on devrait
réussir à s’approprier cette langue, à la faire nôtre.
On ne va pas chercher d’accent, on va simplement
essayer de rencontrer ces personnages au
plus près de leur langue à eux. Nous savons que
ce ne sera pas facile, nos oreilles françaises sont
si autocentrées ! Mais pour une fois que ce sera
dans ce sens-là ! Combien de générations d’acteurs
québécois se sont appliqués et s’appliquent encore
à parler le « français normatif » et à « désapprendre
à grands coups de strap », comme dirait Sarah, les
« sais-tu c’est quoi », les « ben bon, ça y’apprendra »,
les « chus-tu quoi ? », les « Coudonc, t’es-tu… ?»…
C’est notre travail de gens de théâtre, de passeurs
de textes, de passeurs d’écriture. Si on ne le fait
pas, qui le fera ? Alors peut-être que ce sera
quelque chose d’étrange à recevoir mais c’est un
défi que je trouve nécessaire de relever.
Pour ce défi, vous vous êtes entourée de comédiens
que vous connaissiez bien ?
Pas du tout, je ne les connaissais presque pas, je
n’avais jamais travaillé avec eux auparavant. C’est
une aventure qui m’emmène loin de toutes mes
terres, tant géographiquement que familialement,
loin de mes familles proches d’acteurs… Autour
de moi, je ne trouvais pas d’évidence pour ces
personnages, il m’a fallu chercher. Par exemple,
le personnage de Yuko – cette jeune femme qui
a quitté son Japon natal pour s’installer où il y
avait le moins de Japonais – m’a donné particulièrement
du fil à retordre. Il me paressait important
qu’elle puisse incarner quelque chose de l’Asie
pour illustrer le voyage e±ectué et le déracinement
vécu par le personnage. C’est à Bruxelles
que j’ai finalement rencontré Cathy…
Le Yukon, cette province peu peuplée et très
vaste est omniprésente. Vous travaillez avec
Guillaume Delaveau pour la scénographie, comment
allez-vous traiter l’espace et l’immensité
induits par le texte ?
En septembre dernier, nous sommes partis au
Yukon avec Guillaume pour filmer le fleuve qui
le traverse, la Yukon River. Elle prend sa source
en Colombie britannique avant de se jeter dans
le détroit de Béring. Nous n’avons pas parcouru
tout le trajet, seulement un tronçon pendant cinq
jours, à partir de Whitehorse en montant dans le
Nord. Nous voulions aller au plus ancien, dans
les strates mêmes de la pièce, dans son berceau
afin de retrouver cette connexion spirituelle qui
existe entre l’eau et cette terre. C’est le fleuve qui
a donné son nom au territoire, il signifie « grande
rivière » en langue autochtone ; c’est au bord de
l’eau que la vie s’est fédérée avant l’arrivée des
Blancs. Il était important que nous fassions ce
voyage initiatique qui représente le mouvement
intérieur et le motif commun à chacun des personnages.
Nous avons essayé de ramener un bout
du Yukon, un ailleurs… mais je ne sais pas du
tout ce qu’il en restera sur le plateau !
Vous avez fait des études théâtrales à Paris puis
avez intégré la section nomade de mise en scène
au Conservatoire national supérieur d’art dramatique,
quand l’envie vous est-elle venue de vous
diriger dans cette voie ?
Au départ, je voulais être critique de théâtre. J’ai
un père comédien. C’était sans doute ma manière
de faire ma crise d’adolescence, je voulais faire
du théâtre en le critiquant ! Pendant mes études,
lors des ateliers pratiques, c’est peut-être là où le
moment s’est précisé pour moi. J’avais le trac. Le
passage au plateau était une telle sou±rance ! Peu
à peu, j’ai trouvé ma place en regardant les autres
travailler. L’endroit où je me sentais bien c’était
cet endroit de contact entre l’auteur et l’acteur, le
point de rencontre entre l’imaginaire d’un auteur
et l’imaginaire d’un acteur, c’est sans fin…
Des pistes pour un prochain projet…
Oui, j’aimerais beaucoup travailler l’année
prochaine sur une pièce de Maeterlinck assez
méconnue Aglavaine et Sélysette qui me fascine
depuis longtemps. Les caresses, les baisers, les
ravissements de l’âme y mènent à la catastrophe,
l’harmonie espérée se change en son contraire,
les prénoms de légendes enfantines recouvrent
des terreurs enfouies, on dirait que derrière tout
ange, un démon s’ignore… C’est une histoire
d’amour à trois, entre un jeune homme et deux
jeunes femmes, qui pensent et tentent désespérément
de se convaincre que l’amour est transmissible
et non exclusif.
Dans ses notes, Maeterlinck confesse que les personnages
lui ont échappé, qu’ils ont eux-mêmes
choisi leur propre sort et que finalement il a écrit
l’envers de ce qu’il voulait réellement. On ne sait
pas où l’auteur se situe, quel rôle il joue lui-même
dans cette pièce. Tout cela m’intrigue énormément.
Ce sera mon prochain défi…
Propos recueillis par Alexandra Gentile
Le mercredi 8 mai 2013 à l’issue de la première
de Yukonstyle, le Théâtre Vidy-Lausanne a le
plaisir de recevoir Sarah Berthiaume, auteure de
la pièce et comédienne, et Célie Pauthe à la Salle
de répétition. Cette rencontre avec le public sera
animée par René Zahnd.
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Célie Pauthe
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Le petit-maître corrigé
de Marivaux
Du 14 mai au 2 juin 2013
Chapiteau Vidy-L
Adaptation et mise en scène :
José Lillo
Lumière :
Rinaldo del Boca
Accessoires :
Sylvia Falciani
Avec :
Julia Batinova
Pascal Berney
Rebecca Bonvin
Elodie Bordas
Felipe Castro
David Gobet
José Lillo
Anna Pieri
Durée :
1h50
Age conseillé :
tout public
Genre :
comédie
Production :
Théâtre de l’Orangerie
Attila Entertainment
Création au Théâtre de l’Orangerie
le 7 août 2012
Mardi 14.05. 20h30
Mercredi 15.05. 20h30
Jeudi 16.05. 20h30
Vendredi 17.05. 19h00
Samedi 18.05. 20h30
Dimanche 19.05. 17h00
Lundi 20.05. relâche
Mardi 21.05. 20h30
Mercredi 22.05. 20h30
Jeudi 23.05. 20h30
Vendredi 24.05. 19h00
Samedi 25.05. 20h30
Dimanche 26.05. 17h00
Lundi 27.05. relâche
Mardi 28.05. 20h30
Mercredi 29.05. 20h30
Jeudi 30.05. 20h30
Vendredi 31.05. 19h00
Samedi 01.06. 20h30
Dimanche 02.06. 17h00
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
15
Réflexions en bas de page autour d’un classique
inconnu
Marivaux. L’un des plus grands noms du théâtre.
L’un des plus méprisés aussi. Qui a donné lieu à
une synonymie injurieuse pour dire vaudeville.
A±aires de tiers dans les placards, d’infidélités
joyeuses, de complaisances en beau langage du
XVIII e . Un amalgame à l’emporte-pièces.
C’est par cinéphilie que je me suis plongé dans
Marivaux. Un angle incertain pour enquêter
sur le père fondateur d’un genre honni : le
marivaudage. Je passe outre. J’ai en tête ce
qu’en a fait Chéreau, ce qu’en a fait Bondy et
que j’ai vu, fasciné, à Vidy. Le mot-clé de mon
désir d’aller à Marivaux est « comédie ». Une
comédie de Marivaux. J’ai présent à l’esprit
l’âge d’or de la comédie américaine : Lubitsch,
Cukor, Hawks, McCarey, Wilder. Que de chefsd’œuvre
! J’entends puiser dans ces souvenirs de
spectateur ébloui pour mener à bien l’aventure.
La comédie est un art de dramaturges. De
réalisateurs-dramaturges, d’acteurs-dramaturges.
La comédie, un genre aujourd’hui moribond.
Non pas qu’il n’y ait pas de fi lms, de pièces
comiques ou simplement drôles qui soient
montées, écrites et jouées mais, vraiment, la
contemporanéité fait peu cas du genre – qu’on
dirait passé par pertes et profits aux enchères
de la dévaluation universelle ou laissé, par
commisération, aux exploitants vénaux du
privé, aux programmations théâtrales en perte
de vitesse, gestion tranquille des recettes
éprouvées. C’est vrai. Il est alors souvent fait
recours au label classique. Un Marivaux, vite, et
l’on renfloue les caisses, la fréquentation battra
son plein. Facile. Un genre mineur, fi nalement.
Pas sérieux. Impropre pour traiter des grandes
questions. Une relique d’un autre temps. Nos
mœurs ont tant évolué, entend-on ici et là.
Aucune chance pour que ça nous parle.
Première séance de lecture. Je suis persuadé que
ce sera une catastrophe. Que je vais entendre une
heure cinquante durant cette fameuse tonalité
de la langue qui me hérisse et que les acteurs
et le public prêtent de force à Marivaux. Ces
intonations clichés, héritées de je ne sais où, qui
se présentent comme la marque tonale indélébile
du faire-classique à la française. Surprise, rien
de tout ça. Le dire est concret, on entend ce qui
se passe même si on ne le comprend pas encore
bien. Le travail sur la scène révélera la complexité
des enjeux, des bousculements de sens. Je suis
rassuré ( un peu ).
La pièce qui nous occupe a pour titre Le petitmaître
corrigé. – De Marivaux ? – Oui, oui, de
Marivaux. – Ah, oui, bien sûr, une pièce en un
acte ! – Non. En trois. Trois actes bien épais. – Ah
bon ? – Oui, oui, trois. Etonnant, non ? Le petitmaître
corrigé, le titre est tellement savoureux
que je me demande comment on a fait pour
passer à côté, elle n’est jamais montée. Peut-être
que l’échec cuisant et historique de la pièce n’y
est pas pour rien. Elle aura tenu l’a≤che deux
jours du vivant de Marivaux. Si≥ets, huées,
cabales. Adieu Le petit-maître corrigé. Elle n’aura
même pas pu être jouée jusqu’au bout lors de sa
deuxième représentation. Le sujet de la pièce,
une attaque en règle contre la prééminence
culturelle de la capitale, Paris, et des mœurs qui
y prévalent, n’est peut-être pas, lui non plus,
étranger à la sanction qui a pesé depuis sur
l’œuvre.
Au premier jour de répétitions je leur dis aussi :
j’ai décidé de ne rien lire quant à l’auteur. De ne
pas fouiller dans les innombrables essais qui lui
sont consacrés. De me désintéresser absolument
de tous les commentaires produits. De toute la
tradition. D’être un ignorant absolu de Marivaux.
Je ne me suis pas mis en état de vous faire la
leçon. Sur la table, il n’y aura que le texte de
la pièce. Lui et rien d’autre. Je souhaite qu’on
l’aborde avec nos moyens, qu’on n’ait pas peur
d’avoir des préjugés, de les faire valoir, de lui
disputer ses qualités, sa réputation de classique,
de le mettre à l’épreuve. S’il est fort, il tiendra. Il
a tenu.
Première réplique de la pièce, premier segment
de texte qui m’accroche : – quand sortirezvous
de la rêverie où vous êtes ? « Rêverie » est
un euphémisme. Une nuit d’insomnie a tenu
éveillée Hortense à qui la réplique est destinée.
Elle traîne dans sa maison de Provence à l’orée
du jour, moitié hagarde, moitié somnambule. Et
c’est Marton qui parle, la suivante. Hortense n’a
manifestement pas même senti sa présence. Et
pour cause. On va la marier. Elle ne pense plus
qu’à ça. C’est imminent. Elle n’en dort plus. Le
garçon à qui on l’a promise est arrivé il y a peu
de la capitale. C’est un parfait inconnu. Il a tout
pour lui, comme on dit, sauf une chose. Il ne
lui a pas fait sa cour, n’a pas fait connaissance,
s’est tenu loin d’elle, froid, arrogant, imbu de
lui à des degrés que rien ne pardonne. C’est lui
qu’elle doit épouser. Il n’en sera rien. La jeune
fille prend son destin en main, passe outre les
volontés parentales et décide de soumettre
le récalcitrant à un sévère correctif. Toute sa
cruauté s’y déploiera. De mariage il n’est plus
question. C’est la première scène. J’ai toujours
eu une immense a±ection pour les pièces qui
cassaient tout d’entrée.
Par la suite, il aura fallu suivre à la trace la
structure de l’intrigue, à la fois lumineuse et
savante. Marivaux avait le génie de l’imbrication,
du miroitement multiple, de l’inextricable
emmêlement. Il faut s’acharner comme un forcené
pour mettre à jour la structure. Plus les choses
vont vers leur résolution, plus tout se complique,
plus la catastrophe s’intensifie, plus tout semble
inéluctable. Et pourtant, à la fois non. Il faut
être un dramaturge de génie pour réussir dans
l’écriture de tels tours de force. Le suivre est
harassant. Par chance, je me découvre avoir du
goût pour les pièces à complications.
Marivaux précurseur, annonciateur de femmes
émancipées. Une pièce où les femmes ont le
dessus sur les hommes. On les voit, d’un bout
à l’autre, tournés en bourriques, les hommes,
ils ne comprennent rien à ce qui leur arrive.
Implacable ruse féminine qui exerce sa puissance
sans pratiquement coup férir. Dans le registre
de la machination, on ne trouve guère que
chez Shakespeare de tels experts en essorage
d’humains. Sauf qu’ici c’est pour la bonne cause,
celle, évidemment, de l’amour triomphant.
Tendresse et cruauté mêlées de Marivaux pour
ces figures de papier qu’il destine à la scène et
qui sont nos ombres humaines, fragiles comme
nous, obstinées comme nous. A la fois risibles et
attachantes. Secouées par la folle machine des
événements. Mais la douceur prévaut, aucun
personnage n’est condamné. Aucun caractère
n’est serré en ingrate caricature. Il faut le tact
d’un humaniste pour à la fois brocarder la société
et l’absoudre, d’un même geste.
Une découverte en cours de répétitions comme
il arrive qu’il s’en fasse, parfois, au gré d’un
séjour prolongé dans une œuvre. La mécanique
du désir qui travaille la pièce laisse surgir
une dimension plus essentielle encore, plus
primaire, plus primordiale, rencontrée dans
un premier temps avec presque une gêne, celle
de l’énergie libidinale. Le mot désir est un peu
vaporeux en soi, il produit mal des e±ets en
termes de direction d’acteurs. A la fois tout le
monde s’entend dessus et personne. Les yeux
s’écarquillent fixement et tout devient un peu
plus lent, c’est à peu près tout ce qu’on obtient
quand on insiste sur le désir en répétitions. Or,
en centrant l’action sur les pulsions libidinales
des personnages et en les passant aux rigueurs
de l’écriture scénique, on obtenait, à notre grand
étonnement, la mise en signification maximale
des enjeux. Les situations devenaient scabreuses
mais c’était limpide. Et c’était d’une drôlerie à
se tordre. La libido, pourtant, est une énergie
principalement vécue comme tragique, l’arracher
à son intime obscurité pour se jouer d’elle et de
ses ridicules exige un maniement impeccable
de ce qui s’y révèle en s’y actualisant. Aucune
gratuité n’est de mise. C’est quitte ou double en
matière de bons goûts. Mais la comédie est un art
de potache. Lubitsch, qui est l’un des plus grands
cinéastes ayant existé, en avait percé le secret
bien avant ces quelques remarques. C’est à son
égard que j’ai, en la circonstance, la dette la plus
conséquente.
José Lillo
Le petit-maître corrigé fera l’objet d’une
audiodescription le 1 er juin 2013
© Juan Carlos Hernandez
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Un chant de 50 ans
de et par Giovanna Marini
Du 11 au 26 mai 2013
La Passerelle
Voix et guitare :
Giovanna Marini
Durée :
1h10
Age conseillé :
dès 12 ans
Genre :
canto
Production :
Giovanna Marini
Samedi 11.05. 19h30
Dimanche 12.05. 18h30
Lundi 13.05. relâche
Mardi 14.05. 19h30
Mercredi 15.05. 19h30
Jeudi 16.05. relâche
Vendredi 17.05. 19h30
Samedi 18.05. 19h30
Dimanche 19.05. 18h30
Lundi 20.05. relâche
Mardi 21.05. 19h30
Mercredi 22.05. 19h30
Jeudi 23.05. relâche
Vendredi 24.05. 19h30
Samedi 25.05. 19h30
Dimanche 26.05. 18h30
Io vorrei che Dio tornasse a
a essere il Dio degli eserciti
Quello che fa tremare i potenti i padroni
del mondo i mercanti del tempio
I farisei che piangono piangono ai funerali
delle loro vittime sacrificali
Vorrei vorrei
Che con una mano gigante spazzasse
via tutta quella gente
Che che piega la legge ai propri interessi
Poi dice a noi di fare lo stesso
( … ) Giovanna Marini, Io vorrei
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
16
Je voudrais que Dieu redevienne le Dieu des
armées
Celui qui fait trembler les puissants les patrons
du monde les marchands du temple
Les pharisiens qui pleurent et pleurent encore
aux funérailles de leurs victimes expiatoires
Je voudrais que d’une main de géant il balaie
tous ceux qui soumettent la loi à leurs propres
intérêts
Et qui, en plus, nous disent d’en faire de même
( … )
Giovanna Marini, Io vorrei
Traduit de l’italien par Valeria Tasca
Un chant de 50 ans
Depuis que je compose et que je chante, il m’arrive
de mettre de côté des chants que je ressens
comme privés, des chants qui me semblent précieux
en raison des souvenirs auxquels ils sont
liés. Et je ne les chante pas beaucoup, il y en a
même que je ne chante jamais. Mémoires privées
comme des souvenirs de famille.
Maintenant, toutefois, j’ai envie de les faire
connaître.
Des chants écrits dans l’urgence de dire, de faire
savoir, quelques-uns appris par des amis qui
me racontaient leurs vies en chantant, d’autres
encore liés aux lieux où j’ai vécu et que je ne peux
pas oublier, certains en lien avec des amis que je
veux garder en mémoire.
Tout cela forme un long discours chanté. Les
chants sont nés quand je n’avais pas encore envisagé
le chœur et la polyphonie, et ils continuent à
peupler ma vie musicale et mes journées simplement
par la force qu’ils m’ont donnée au cours de
mon existence.
J’aime l’idée de mettre tout ça à votre disposition.
Je me suis aperçue que le public a une grande
fonction dans ma vie, il m’aide à réfléchir sur ce
que je chante et ce que je dis, me stimule à penser
encore, à me souvenir, me donne une énergie
extraordinaire. Je veux encore parler au public,
aux gens que j’entrevois dans la lumière crépusculaire
des théâtres et qui sont là, silencieux,
avec une disponibilité émouvante, participant à
quelque chose où ils ont une fonction très importante
dont ils ne sont pas avertis. Merci.
Giovanna Marini
Il est difficile d’esquisser un portrait de Giovanna
Marini tant elle est une artiste aux talents multiples,
aux intérêts divers, à l’ouverture d’esprit
incomparable.
Initialement formée à la guitare classique, elle a
vu son destin radicalement changé à la fin des
années 50 à la suite d’une rencontre avec des
intellectuels italiens dont Pier Paolo Pasolini et
l’ethnomusicologue Diego Carpitella. Inspirée par
ces figures pour qui le chant existe dans le cœur
et la vie des gens et non dans les livres, elle se
détourne de la musique classique et entreprend
un travail de recherche autour des chants de
tradition orale et de la culture populaire italienne.
Elle découvre des chansons rendant compte
du quotidien d’une population nécessiteuse
soumise à des conditions de vie précaires. Sa
fibre politique la conduit à se lancer dans la
composition de chants dénonçant les injustices
sociales. Engagée, elle monte sur scène et se
produit accompagnée de sa guitare, convaincue
que le chant est un meilleur vecteur d’idées que
cent discours.
Devenue une référence dans l’étude de la culture
musicale italienne, elle fonde avec des musiciens
l’Ecole populaire de musique de Testaccio à
Rome afin d’assurer la transmission de chants
populaires menacés de disparition par l’exode
rural. Le quartier, jusqu’alors fief du trafic de
drogue, deviendra grâce à l’installation de
l’école un pôle culturel incontournable. Là-bas
et à l’Université de Paris VIII – Saint-Denis, elle
enseigne l’ethnomusicologie.
C’est en 1976 qu’elle crée le Quatuor Vocal dans
lequel elle chante et dont elle signe les chansons.
Le groupe se produit bien au-delà des frontières
de l’Italie. Plusieurs de ses cantates ont d’ailleurs
été produites et diffusées par le Théâtre Vidy-
Lausanne : La vie au-dessus et au-dessous de
1000 mètres ( 1993 ), Départs – 20 ans après la mort
de Pier Paolo Pasolini ( 1995 ), Si bémol ( 1998 ),
La cantate du siècle court ( 2001 ), La tour de
Babel ( 2003 ), Du point de vue des serpents ( 2010 ).
Ouverte aux collaborations les plus diverses, elle
compose de la musique tant pour le cinéma que
pour la danse contemporaine et le théâtre.
Poursuivant son effort de retransmission, elle
crée une école d’ethnomusicologie appliquée
près de Rome et, en parallèle à son implication
dans l’enseignement à l’école Testaccio,
dispense des stages dans son pays et en France.
Pasionaria de la musique populaire italienne,
Giovanna Marini est de retour au bord de l’eau
accompagnée de sa guitare. Impossible de
prédire ce qu’elle chantera. Peut-être entonnerat-elle
des chansons d’Un paese vuol dire, album
paru l’année passée recelant des morceaux
aimés, personnels, préservés jusque-là par
pudeur, par peur irraisonnée de « mal les
interpréter ». Gageons toutefois que la grande
Dame, comme à son habitude, gratifiera le public
de ses généreuses anecdotes et des chants
engagés si chers à son cœur.
Mais le sens des chansons interprétées par
Giovanna Marini ne devrait pas faire oublier la
subtilité de la musique de l’artiste qu’Ignazio
Macchiarella, ethnomusicologue de renom,
décrypte pour nous.
C. R.
Lorsque nous écoutons un chant, nous pensons,
par habitude, que sa signification réside uniquement
dans ses paroles ; ainsi nous attribuons
une importance secondaire aux sons musicaux,
comme s’ils n’étaient qu’un simple support anonyme
des paroles. En réalité, dans toute musique
chantée, aucun son n’est accessoire ni le fait du
hasard. C’est le fruit de choix bien précis opérés
par le musicien ou le compositeur qui marie
la couleur de la voix du chant à certaines combinaisons
de notes de guitare, qui alterne le chant
et les passages exclusivement instrumentaux,
qui fragmente les vers des paroles en les répétant,
qui insère des embellissements, des jeux
de voix, et ainsi de suite. Autant de procédés qui
ne sont pas nécessaires à la simple communication
des paroles et qui confèrent sa qualité au
chant. Voix et sons instrumentaux concourent à
signifier quelque chose qui a toujours été autre et
a toujours représenté plus que le sens littéral des
paroles ; et ce sens, à son tour, peut selon les cas
être renforcé, contredit, souligné en dégradés et
ainsi de suite.
Nul doute que Giovanna Marini figure parmi les
compositeurs-interprètes italiens qui consacrent
une très grande attention à l’élaboration musicale
dans son ensemble, à la rencontre entre les
voix et les instruments. Et ce aussi lorsque sa
proposition musicale s’élabore à travers la combinaison
du couple chant-guitare exclusivement
( … ). Giovanna, en e±et, se sert de la voix et de la
guitare à titre d’instruments d’importance égale
qui construisent ensemble des structures musicales
complexes méritant une écoute attentive et
spécifique. On associe habituellement le concept
de complexité musicale au son d’un orchestre
ou d’un ensemble de plusieurs instruments bien
que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il
ne soit pas nécessaire d’avoir beaucoup de notes
pour établir un discours musical élaboré. Voici,
par exemple, des passages denses où la guitare
change constamment d’accord, dessinant des
successions harmoniques toujours di±érentes,
parfois surprenantes, et déterminant chaque fois
une couleur spéciale, unique, pour chaque syllabe
entonnée au moment du changement. Le chant,
pour sa part, se déroule en des phrases de longueurs
inégales, avec une alternance des reprises
de sou≥e rapides et d’amples volutes à travers
lesquelles s’exposent des segments importants
des paroles dans un style syllabique rigoureux
( une note du chant par syllabe ) qui permet la
compréhension totale et immédiate. ( … )
Autre ressource fondamentale de la musicalité de
Giovanna, la recherche de la couleur du son sur
la guitare – les spécialistes sauront apprécier la
variété du doigté, même dans la simple réalisation
d’accords arpégés – et, plus particulièrement,
dans son chant. En recourant à di±érentes techniques
d’émission et d’utilisation de résonateurs,
le chant de Giovanna joue souvent aussi avec la
rigidité du système tempéré, autrement dit de
l’échelle musicale du piano sur laquelle est chantée
pratiquement toute la musique que nous écoutons
au moyen des médias de masse. ( … )
Ignazio Macchiarella
Texte publié dans le livret du CD Un paese vuol
dire de Giovanna Marini
Traduit de l’italien par Adriana Solari Ponti
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m¡longa
de Sidi Larbi Cherkaoui
Du 23 au 29 mai 2013
Théâtre du Jorat
Chorégraphie :
Sidi Larbi Cherkaoui
Scénographie et vidéo :
Eugenio Szwarcer
Consultante tango :
Nelida Rodriguez
Musique :
Fernando Marzan, Szymon Brzóska,
Olga Wojciechowska
Costumes :
Tim Van Steenbergen
Lumière :
Adam Carree
Son :
Gaston Briski
Construction décor :
Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne
Photos : Eugenio Szwarcer
Avec
Danseurs de tango :
Esther Garabali, Martin Epherra,
Claudio Gonzalez, Melina Brufman,
Nikito Cornejo, Gisela Galessi,
Bruno Gibertoni, Maricel Giacomini,
Valentina Villaroel, Cristian Cisneros
Danseurs contemporains :
Damien Fournier, Silvina Cortes
Musiciens :
Fernando Marzan, Federico
Santisteban, Guillermo Rubino,
Alejandro Sancho, Roberto
Santocono
Genre :
danse
Coaccueil :
Théâtre Vidy-Lausanne
Théâtre du Jorat, Mézières
Production :
Sadler’s Wells, Londres
Coproduction :
Théâtre Vidy-Lausanne
Steps, Festival de Danse du Pour-cent
culturel Migros
Théâtre du Jorat, Mézières
De Singel, Antwerp
Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
Les Nuits de Fourvière, Lyon
Movimentos Festwochen der Autostadt
in Wolfsburg
Festspielhaus St. Pölten
Fondazione Musica per Roma
Eastman
Avec le soutien de :
Ministère de la Culture de la ville
de Buenos Aires, Argentine
Création au Théâtre du Jorat
le 23 mai 2013
Jeudi 23.05. 20h00
Vendredi 24.05. 20h00
Samedi 25.05. 20h00
Dimanche 26.05. 17h00
Lundi 27.05. relâche
Mardi 28.05. 20h00
Mercredi 29.05. 20h00
Location m¡longa :
Billetterie uniquement
au Théâtre du Jorat
021 903 07 55
www.theatredujorat.ch
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
17
Au théâtre, il est d’usage de revenir aux textes
classiques. Ces adaptations leur confèrent une
belle vitalité et mettent en lumière de nouvelles
interprétations possibles. Ce processus est plus
complexe avec des disciplines comme les danses
traditionnelles que l’on tente en général de préserver
dans leur pureté originale, tant sur l’aspect
technique qu’expressif.
m¡longa s’est fixé comme point de départ un
renouvellement de la tradition du tango à la
lumière d’une vision plus contemporaine.
Confier ce projet à Sidi Larbi Cherkaoui s’est
imposé comme une évidence. Dans ses précédentes
créations, Sutra et Dunas, deux magnifiques
spectacles qui ont fasciné le public, Larbi
nous avait impressionnés par sa capacité à restituer
respectivement l’évolution des arts martiaux
des moines Shaolin (kung-fu), et le mouvement
du flamenco de Maria Pagés. Il proposait une
nouvelle perspective qui intégrait une dimension
novatrice, dans un contexte esthétique que
l’on peut qualifier de très suggestif.
Sur mon initiative Sadler’s Wells s’est associé à ce
projet en tant que producteur exécutif. Nous nous
sommes ensuite accordés sur le principe de réunir
autour de cette future création des danseurs et des
musiciens argentins. Notre préoccupation est de
proposer un spectacle destiné à un large public, qui
rassemblerait idéalement les amateurs de tango traditionnel
et les passionnés de danse contemporaine.
La première étape fut un voyage à Buenos Aires
en 2010 au cours duquel Larbi a pu suivre des
leçons intensives de tango, s’immerger dans
l’univers des « milongas » ( lieux de danse dédiés
au tango ) et auditionner des couples de danseurs.
Le « workshop » organisé fi n 2011 avait pour
objectif d’observer l’aptitude des couples sélectionnés
à intégrer de nouvelles formes chorégraphiques.
Le résultat a été des plus convaincants.
Nous avons ensuite initié une période de répétitions
d’une durée de six semaines. Cette étape de
travail a été extrêmement stimulante pour ceux
d’entre nous qui ont eu l’opportunité d’assister à
la dernière répétition, ainsi que pour les artistes
impliqués dans la création.
L’engagement total de Larbi pour l’expression
artistique contemporaine doublé de son incroyable
créativité lui ont permis une exploration exhaustive
du vocabulaire traditionnel du tango.
L’apport du mouvement des bras – lyrique et
fluide – contraste et complète judicieusement
le jeu de jambes – dramatique et ponctuel – du
tango et le rejoint dans sa complexité. Au final le
tout forme une constellation de corps – typique
d’une milonga – qui se déplace harmonieusement
dans l’espace, révélant d’inépuisables sources
d’inspiration. Dans cette e±ervescence collective
jaillit la richesse des thématiques gestuelles développées
par les couples.
Les di±érences de personnalités et d’expression
des couples viennent enrichir l’ensemble, démontrant
ainsi que tous les langages chorégraphiques
se fondent fi nalement en une seule recherche
universelle : le mouvement.
En conclusion, le résultat final est une prodigieuse
alliance entre beauté et équilibre : deux termes
fréquemment utilisés pour qualifier l’art classique.
Serions-nous en train d’assister à la naissance
d’un nouveau paradigme ?
Très probablement car m¡longa a ouvert de nouveaux
horizons d’exploration dans ce genre
devenu aujourd’hui si populaire dans le monde.
Ricardo Szwarcer
Ricardo Szwarcer est à l’origine de la rencontre
entre Sidi Larbi Cherkaoui et René Gonzalez qui a
permis la création de ce spectacle suisso-argentin
produit par Sadler’s Wells Londres.
Ricardo Szwarcer a été le directeur du Théâtre
Colón de Buenos Aires avant d’être nommé directeur
artistique de l’Opéra de Lille. Il quitte en 2011
la direction du Festival Grec de Barcelone pour
prendre celle de l’Usina del Arte à Buenos Aires.
Prenez part à une milonga
Vendredi 24 mai 2013
Samedi 25 mai 2013
Dimanche 26 mai 2013
à l’issue des représentations
sous la tente à côté du Théâtre du Jorat
Des milongas sont organisées en collaboration
avec l’association Tangofolie.
Entrée libre pour tous, que l’on soit danseurs
de tango confi rmés, danseurs débutants ou
simples spectateurs. Des animations ( spécialités
culinaires, viticoles, etc. ) présentant la culture
argentine seront également proposées.
Renseignements :
Théâtre du Jorat – Christopher Bugot,
secretariat@theatredujorat.ch ou 021 903 07 44
Atelier de danse avec Xavier Vasseur
et Stefania Cazzato
Nous vous invitons à participer à un atelier de
médiation qui aura lieu avant la représentation du
samedi 25 mai de 16h30 à 18h30. L'atelier abordera,
par le biais de discussions et d'exercices pratiques
dansés, les thèmes de prédilection de Sidi
Larbi Cherkaoui que sont le dialogue interpersonnel
et interculturel par le corps, la répétition de
mouvements continus et hypnotiques, ainsi que
la tension entre l'union et la séparation, qui sont
au cœur de l'énergie du tango.
Atelier ouvert à tous, dès 14 ans
Habits confortables recommandés
Tarif : Fr 45.– (un billet pour le spectacle compris)
Sur inscription par mail auprès de Xavier Vasseur :
xvasseur@sunrise.ch
Workshop pour danseurs professionnels en
compagnie de danseurs du spectacle m¡longa
Samedi 4 mai 2013
de 18h30 à 20h
au Théâtre Sévelin 36
dans le cadre de la Fête de la danse
Sur inscription par mail à :
lausanne@fetedeladanse.ch
Le workshop sera précédé de 16h à 18h par une
milonga avec DJ Jean-Michel RdC de Milonga
Café Dominguez.
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P
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C’est le printemps !
Nature & Découvertes fait pousser pour vous…
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Derrière la caisse du Théâtre Vidy-
Lausanne, il y a toute une équipe
de billetterie. Jeanne Perrin en fait
partie, chargée notamment d’envoyer
les listes d’attente ou d’enregistrer
les réclamations plus ou moins
vibrantes des adhérents. Anecdotes
ou billets d’humeur, elle tisse avec les
Chroniques d’outre-scène un lien entre
le monde institutionnel et celui si varié
du public – des publics. Vous pouvez
retrouver ses chroniques dans deux
livres en vente à la librairie du théâtre.
Chroniques
d’outre-scène
Régie
Elle argumente, elle fulmine, elle tempête ; finalement,
vingt-cinq minutes de retard, qu’est-ce ? En quoi
dérangera-t-elle les autres spectateurs ? Elle se glissera
dans la salle, en contournant le gradin devant
la scène, et elle grimpera parmi les gens assis, en
a≤chant un sourire gêné pour rejoindre la place que
son amie lui a réservée. Hein, je vous le demande ?
Elle ignorera les chuchotements et les soupirs excédés.
Non, elle ne dérangera personne.
Et puis de toute façon, elle nous lance l’excuse qu’elle
estime imparable : oui mais moi, madame, je viens
d’Epalinges !
Nul. Déjà parce que même les mecs de Paris sont
arrivés à l’heure. Et puis pour faire son entrée dans
le palmarès des meilleures excuses, on peut trouver
beaucoup mieux. Un peu d’imagination, que diable.
Un technicien passe par là et, pour nous tirer de ce
mauvais pas, lui propose de l’accueillir en régie. Elle
nous lance un regard triomphant et lui emboîte le pas.
Avec juste un instant d’imperceptible hésitation,
est-ce que ce type ?… non, à son âge, elle ne risque
plus rien. Mais peut-être qu’elle aurait bien voulu.
Et nous on l’imagine. Elle n’osera pas partir, coincée
entre des techniciens suants, dans le minuscule
espace. Elle n’osera rien dire quand ils échangeront
quelques commentaires à voix haute. Elle restera là,
debout, se promettant que la prochaine fois…
Point de vue artistique
Passage à la caisse de M me S., élégante, toujours bien
mise, un port de reine. Elle se lance dans quelques
considérations générales avec un détachement et une
distinction sans faille.
Mais James Thiérrée, en fait, il est déjà ici. ( Oui. ) Il est
étonnant, ce garçon… non, parce que je l’ai regardé…
alors de la tête au torse, bon, je le reconnais…
( Oui ? ) Mais ses fesses… ( Ses fesses ? ) Oui, je ne les
reconnais pas… il a les fesses… larges. ( Ah bon ? )
Si, si, je vous dis qu’il a des fesses de femme. ( Bon,
mais c’est un acrobate, il doit être assez musclé… )
Non, c’est vraiment étonnant, regardez la prochaine
fois qu’il passe… enfin, non, ne regardez pas trop,
c’est-à-dire…
Elle en profite pour mimer ce qu’elle veut dire et
esquisse quelques gestes sans équivoque. Puis elle
se retourne, jette alentour un coup d’œil coupable et
enchaîne sur ses réservations en toute dignité.
Passe James Thiérrée, qui sort de sa répétition. On le
suit des yeux avec un ensemble parfait.
Statut 1 – Mineure
Jeanne Perrin s’est entendu infliger un virulent discours
comme quoi c’est scandaleux que des institutions
publiques genre Vidy emploient des mineurs.
N’a pas trop su quoi répondre, a passé mentalement
en revue les derniers spectacles en se demandant
dans lequel on avait pu voir des enfants. A finalement
percé le mystère quand la dame lui a précisé « parce
que vous, je vois bien que vous n’avez même pas
18 ans ! Vous devriez être à l’école ! » S’est dit qu’en
fait il doit y avoir des gens plus physionomistes que
d’autres.
Se demande si ça ne recèle pas un message caché…
N’a pas démenti du haut de ses 37 balais, juste pour
voir la tête de la direction si la plainte remontait.
Trouve que, finalement, ça a du bon… mais voit
déjà les limites du concept et craint qu’un jour on
ne lui dise, avec plein de bonnes ou de pernicieuses
intentions :
« Et le monsieur qui est avec vous, c’est votre
papa ? »…
Statut 2 – Bonne question
Jeanne Perrin a renseigné aujourd’hui des étrangers
( parlant peu français ) quant aux pratiques du Théâtre
de V idy :
— Pour regarder c’est combien ?
— C’est 42 francs.
— Et pour jouer, c’est combien ?
Est-ce que ce n’est pas une excellente question ? Pour
jouer, c’est combien ?
Le dormeur
Il paraît que l’autre jour le comédien s’est interrompu
au beau milieu de son monologue pour s’exclamer :
— Vous, là-bas, vous dormez !
On imagine le réveil brutal du spectateur. L’histoire ne
dit pas s’il ronflait à gros bouillons.
Evidemment, le pauvre dormeur était tout gêné.
Aurait-il eu un formidable sens de la répartie que
pris comme ça au saut du fauteuil… de toute façon il
aurait mieux fait de s’abstenir, même si LA réplique
cinglante lui était venue malgré tout. On ne se méfie
jamais assez du monologueur qui ne sommeille pas
( justement, lui ). Enfin, on dit ça, on dit rien.
Bref, ce qui est dommage pour ledit comédien, c’est
qu’avant il n’avait perdu qu’un seul spectateur. En
interrompant son spectacle, il a perdu tous les autres.
Mais les inconditionnels ont bien rigolé.
Alors voilà, outre le fait qu’on ressent quand même
un élan de compassion pour le pauvre homme, nous
qui sommes les premiers à nous endormir pendant
les monologues, on se demandait si ce ne serait pas
bien de glisser quelques mots à ce sujet. Genre : « Nous
attirons votre attention sur le danger potentiel qu’il
y aurait à s’endormir pendant le spectacle… » On
pourrait le placer en même temps que l’annonce pour
éteindre les téléphones portables.
Non ?
Lundi soir
Pourtant, Mario Del Curto avait annoncé la couleur :
— Tu peux t’asseoir vers moi, mais j’ai des trucs à
faire alors je parle pas.
Suite à un regard perplexe, il avait ajouté :
— Enfin, encore moins que d’habitude.
Bon. Nous voilà donc assis face à face sous les néons
du hall presque désert, un lundi soir de fermeture du
théâtre. Mario bidouille sur son ordi parce qu’il doit
envoyer les photos au Temps avant 19h. Il est 18h50.
Ce soir, il y a seulement des générales.
Arrive Anne-Lise qui s’assied, pas beaucoup plus causante.
On a faim parce qu’on n’est pas prévoyants et
qu’on a oublié que le bar serait fermé. On se partage
sans trop de mots un avocat ( mangé à la fourchette,
y a pas de cuillères ), et un paquet de noix mélangées
salées. C’est misérable.
La désolation et le silence flottent sous la lumière
crue des services. Dans une ambiance de fin du
monde, l’envers du décor, la masse laborieuse qui
grogne parce qu’elle a faim. On est bien peu de
choses sans le bar.
Finalement on abandonne Mario pour aller assister à
notre générale. Sur la table, il reste quelques noix de
cajou. Manifestement Anne-Lise n’aime pas ça. Peutêtre
que Mario les finira.
On n’est rien sans le bar. Il est 19h.
La gaffe
Aïe, la grosse bourde, la méga-boulette. On s’y est
mis tous ensemble en se renvoyant la balle, et on
a fini par dire qu’on allait transmettre. Qu’on allait
transmettre…
Un monsieur est arrivé et a demandé à rencontrer
l’auteur de la pièce. Il est de ses amis. On s’est mis à
deux de la caisse pour dire qu’on savait pas s’il était là
aujourd’hui, probablement pas, mais quand ? Faudrait
demander à l’admin’…
A l’admin’, ils étaient trois à en remettre une couche,
à dire qu’ils pensaient l’avoir vu en début de semaine
quand il était venu livrer ses textes, peut-être, mais
savoir s’il reviendrait, non. Peut-être. Mais qu’en tout
cas si le monsieur voulait laisser un message, on se
ferait un plaisir de transmettre.
Et pendant que le monsieur s’éloignait pour rédiger
son petit mot, y en a un plus malin que les autres qui
a dit :
— Mais c’est pas dans cette équipe que l’auteur est
mort subitement ?
Gros doute, on a tapé google et en e±et. La ga±e.
Parce que là, pour transmettre le message qu’il est en
train de rédiger…
Va falloir lui dire. On est mal barrés, tous autant
qu’on est.
Buddy
C’est une histoire qu’on connaît bien. C’est un jour,
rencontrer l’autre dans le hasard d’un regard qui
s’accroche : peut-être que c’est possible. C’est l’éternelle
histoire de la recherche d’altérité, de celui qui
nous ressemble dans ses di±érences. C’est découvrir
quelqu’un sans trop d’illusions mais avec quelques
envies. Pour voir et pour quelques instants t’accepter
malgré tes obscurités.
Au fil du temps, ce sont mille petites fenêtres qui
s’ouvrent, échappées entraperçues sur un monde
inconnu, richesses suggérées par des reflets scintillants.
Peut-être que. Et si ? Possiblement. Et petit
à petit, on apprend de quelle manière saisir cette
complexité, comment l’apprécier sans la ternir, sans
trop la résumer, sans la limiter par des mots. Au fil des
rencontres, des fermetures du bar, des corps qui se
répondent, c’est l’histoire d’un monde qui se dessine,
lointain, mystérieux, familier. Paradoxalement, c’est
l’histoire d’une tristesse teintée de colère à l’idée que,
de ce monde-là, on n’en fera jamais partie.
C’est aussi l’histoire d’une confiance ? Peut-être une
confiance, mais pas une complicité ( c’est moche,
une complicité ), un partenariat, un autre soi-même
dans l’élan vers ce qui ne nous ressemble pas, dans
le moment où il semble si désirable, chez l’autre, cet
aspect de soi qu’on a toujours détesté. Une somme
incalculable de demi-vérités. Et apprendre un jour
peut-être à t’aimer pour tes obscurités.
Un doute
Ils sont passés à la caisse, et ils ont lancé :
— Oh, mais c’est merveilleux de vous voir là ! ( Ah
bon, parce que c’est une surprise ? ) Ben oui, un peu,
on croyait que vous étiez morte ! ( Moi ? Pour autant
que je sache, non. ) En fait, on a vu votre faire-part
dans le 24 heures, on était très tristes. Puis on a
regardé dans le programme du théâtre, on n’a pas vu
votre nom, alors on a pensé… Mais c’est bien, vous
êtes vivante ! ( A priori, oui… )
N’empêche, ça sème le doute. En envoyant la liste
d’attente, la question taraude. Est-ce qu’on pourrait
mourir sans s’en apercevoir ? Disparaître, mais
être à ce point le centre de son propre monde qu’on
recréerait tout ce qui est autour pour continuer
comme si de rien n’était ? Est-ce que ce serait ça,
mourir ?
Si c’est ça, plus la peine de payer les dernières tranches
d’impôts de cette année…
Si c’est ça…
Vite, prendre le programme et vérifier. Non, le nom y
est. Ouf, j’existe.
Mais un doute subsiste.
Jeanne Perrin
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
19
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Théâtre Kléber-Méleau
Figaro !
d’après Beaumarchais
du 19 au 29 mars 2013
Théâtre Kléber-Méleau
Mise en scène :
Jean Liermier
Scénographie :
Audrey Vuong
Avec :
Sabrina Martin
Céline Nidegger
Anne-Marie Delbart
Judith Goudal
Laurent Annoni
Lionel Brady
Darius Kehtari
Jacques Maeder
Serge Martin
Production :
Théâtre de Carouge
Mardi 19.03. 19h00
Mercredi 20.03. 19h00
Jeudi 21.03. 19h00
Vendredi 22.03. 20h30
Samedi 23.03. 20h30
Dimanche 24.03. 17h30
Lundi 25.03. relâche
Mardi 26.03. 19h00
Mercredi 27.03. 19h00
Jeudi 28.03. 19h00
Vendredi 29.03. 20h30
« Dans sa création au Théâtre de Carouge, Jean
Liermier saisit toute la portée de cette écriture
qui manie le piège et le masque ( … ) [La] distribution
( … ) est sans aucun doute l’une des clés
de la réussite de cette adaptation carougeoise.
Une direction d’acteurs au cordeau qui impose
l’élan et le rythme nécessaires pour transformer
la simple fantaisie, le simple badinage en théâtre
baroque ( … ). Il faut dire que les comédiens, la
mise en scène en général, sont servis par une scénographie
grandiose. Audrey Vuong a quasiment
imaginé, conçu et réalisé un château volant, aux
influences andalouses, pivotant sur lui-même. »
Chantal Savioz, Les Quotidiennes
(27.02.2012)
« Tout est dans [la] première minute : l’espièglerie
de la mise en scène, la finesse du jeu des acteurs,
l’habileté de l’idée travaillée pour ce Figaro ! par
Jean Liermier. Lionel Brady est un Figaro puissant,
qui met en valeur la force tranquille du personnage
et gomme une lecture commune du rôle.
( … ) Sabrina Martin ( Suzanne ) joue à sa hauteur
avec une grâce et un naturel absolument parfaits.
Autre couple au jeu délicieux de fraîcheur, Judith
Goudal ( Fanchette ) et Laurent Annoni ( Chérubin )
( … ). Quant au comte Almaviva, il sert à Darius
Kehtari un rôle qui lui va comme un gant, tandis
que Céline Nidegger o±re à la comtesse son
épouse une densité et une émotion qui touchent. »
Pascale Zimmermann, La Tribune de Genève
(27.02.2012)
« Dans un décor tournant qui dit bien le contraste
social, Jean Liermier orchestre un Figaro ! qui
réhabilite les sans-grade et marque une limite
entre désir fourbe et amour vrai. ( … ) S’il faut
courir au Théâtre de Carouge, c’est donc pour
apprécier la précision de tir quand Chérubin
( Laurent Annoni, câlin et bondissant ) saute par la
fenêtre et que le comte Almaviva ( Darius Kehtari,
excellent de fatuité ) entre par la porte. Ballets et
tours de passe-passe, travestissement et révélations,
Jean Liermier a±ectionne cette matière
ludique qui fait frissonner la scène. »
Marie-Pierre Genecand, Le Temps
(01.03.2012)
« Durant deux heures, avec une ferveur ininterrompue,
les comédiens arpentent les escaliers
d’un immense décor recouvrant le plateau. Cette
tour évoque un phare avec des parois extérieures
rouillées. Les personnages semblent isolés,
comme pris au piège de leurs folles manigances.
( … ) C’est une qualité de la pièce : même en recul,
les personnages sont très présents – Marceline, la
mère de Figaro, ou l’avocat bègue, par exemple. »
Cécile Gavlak, Le Courrier
(01.03.2012)
Le haut-de-forme
d’Eduardo De Filippo
du 16 avril au 8 mai 2013
Théâtre Kléber-Méleau
Mise en scène :
Philippe Mentha
Scénographie :
Audrey Vuong
Avec :
Sara Barberis
Prune Beuchat
Emmanuelle Ramu
Lise Ramu
Michel Cassagne
Michel Fidanza
Alfredo Gnasso
Marc Mayoraz
Philippe Mentha
Jean-Marc Morel
Production :
Théâtre Kléber-Méleau
Mardi 16.04 19h00
Mercredi 17.04 19h00
Jeudi 18.04 19h00
Vendredi 19.04 20h30
Samedi 20.04 20h30
Dimanche 21.04 17h30
Lundi 22.04 relâche
Mardi 23.04 19h00
Mercredi 24.04 19h00
Jeudi 25.04 19h00
Vendredi 26.04 20h30
Samedi 27.04 20h30
Dimanche 28.04 17h30
Lundi 29.04 relâche
Mardi 30.04 19h00
Mercredi 01.05 19h00
Jeudi 02.05 19h00
Vendredi 03.05 20h30
Samedi 04.05 20h30
Dimanche 05.05 17h30
Lundi 06.05 relâche
Mardi 07.05 19h00
Mercredi 08.05 19h00
Nous sommes à Naples, via Cristallini.
Eduardo De Filippo ( 1900-1984 ) écrit son
« Haut-de-forme » ( Il Cilindro ) en 1965. A Naples,
ville creuse, les souterrains des Cristallini n’ont
pas servi que de refuges contre les bombes ;
c’est de là que partit l’insurrection napolitaine
contre les rafles nazies en septembre 1943. Et
aujourd’hui ? Les retraités et chômeurs qu’ils
abritent pourront-ils trouver l’argent nécessaire
à ne pas en être expulsés ?
Huguette Hatem, traductrice de l’œuvre, le dit
bien : « Eduardo De Filippo, qui montre ici un
aspect de ‘l’art de la débrouille’, fait preuve d’une
tendresse particulière pour ses personnages à la
fois dérisoires et grandioses. Et comme le hautde-forme,
sa pièce oscille entre deux mondes.
En bas, la vie nocturne, l’alcôve, le lit, l’obscurité.
En haut, la rue, l’air frais, les passants aux
énergies errantes qu’une jeune femme, Rita, va
capter… laissant croire, avec son mari complice,
qu’elle saura pour quelques lires les convertir en
rêve. Et si le haut-de-forme permet au logeur de
dominer une humanité crédule, les chaussures
retrouvées du mari lui rendront, volant de bas en
haut, l’espoir de rejoindre Rita sur les chemins de
sa liberté. »
Acteur, auteur, metteur en scène, Eduardo laisse
des films et des pièces pleines d’humour et d’humanité
; on les a jouées et les joue partout, des
petites scènes populaires à L’Old Vic de Laurence
Olivier comme à la Comédie-Française.
© DR
Eduardo De Filippo
« Le décor tournant permet de jolies surprises, le
spectacle est drôle, rythmé, enjoué et le fameux
monologue de Figaro toujours aussi actuel. »
Mireille Descombes, L’Hebdo
(01.03.2012)
Théâtre Kléber-Méleau
Avril-mai 2013 l Nº 40
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Théâtre Kléber-Méleau
Avril-mai 2013 l Nº 40
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Public malvoyant et aveugle
Spectacles en audiodescription
Sensible à l’accueil de tous les publics, le Théâtre Vidy-Lausanne permet aux personnes malvoyantes et
aveugles de recevoir, via une oreillette, en direct et entre les répliques des comédiens, des informations
essentielles concernant les éléments du spectacle. La représentation est précédée d’une visite tactile du
plateau.
Les deux prochains spectacles audiodécrits :
le 27 avril 2013
Dénommé Gospodin de Philipp Löhle, mise en scène de Benoît Lambert ( voir p. 10 )
le 1 er juin 2013
Le petit-maître corrigé de Marivaux, mise en scène de José Lillo ( voir p. 15 )
Nous recherchons des bénévoles pour accompagner des personnes aveugles ou malvoyantes ou s’occuper
des chiens-guides pour ces deux soirées.
Détails et inscriptions auprès de Corinne Doret Baertschi :
c.doret@vidy.ch ou 021 619 45 80
Formation d’audiodescripteur
Une première volée d’audiodescripteurs et audiodescriptrices suisses voit le jour cette année. En
e±et, La Manufacture ( Haute école de théâtre de la Suisse romande ) a mis sur pied une formation
qui démarre en mars 2013. Le Théâtre Vidy-Lausanne est associé à la démarche dans la mesure où les
exercices pratiques auront lieu en son sein.
Renseignements auprès d’Anne-Pascale Mittaz, La Manufacture ( HETSR ) :
annepascale.mittaz@hetsr.ch
Avec le public
Rencontre avec l’équipe artistique
Mercredi 1 er mai 2013
autour de La force de tuer en présence des comédiens et du metteur en scène Philippe Lüscher
Rencontre avec l’auteur et le metteur en scène
Jeudi 25 avril 2013
autour de Mon traître avec Sorj Chalandon et Emmanuel Meirieu
Mercredi 8 mai 2013
autour de Yukonstyle avec Sarah Berthiaume et Célie Pauthe
Le théâtre des jeunes
Stage intergénérationnel
Si nous goûtions au théâtre !
A raison d’un dimanche après-midi par mois, le Théâtre Vidy-Lausanne propose un rendez-vous mêlant
les générations pour découvrir en commun un projet théâtral lors d’un atelier suivi d’un délicieux goûter.
Ces stages animés par Isabelle Baudet s’adressent à des binômes formés d’un grand-parent avec son
petit-enfant, de parrain, de marraine avec leur filleul, de parents avec leurs enfants. Les débutants
sont les bienvenus.
Tarif : Fr. 35.– par binôme ( 2 invitations pour le spectacle et goûter compris )
Avec le soutien de la campagne « Moi et les autres » de la Ville de Lausanne
Prochaines dates :
Dimanche 21 avril 2013 dès 15h30 :
Dénommé Gospodin, dès 14 ans, mise en scène de Benoît Lambert,
stage autour du théâtre contemporain ( voir p. 10 )
Dimanche 19 mai 2013 dès 14h30 :
Le petit-maître corrigé, dès 10 ans, mise en scène de José Lillo,
stage autour des histoires d’amour, un thème universel à travers les âges ( voir p. 15 )
Dimanche 9 juin 2013 dès 15h30 :
Le cri quotidien, dès 8 ans, mise en scène de Brice Berthoud
Détails et inscriptions auprès de Corinne Doret Baertschi :
c.doret@vidy.ch ou 021 619 45 80
Saison 13-14
Présentation publique
Le lundi 13 mai 2013 de 19h00 à 21h00, le Théâtre Vidy-Lausanne accueillera une présentation
publique de la saison 13-14. Amis du théâtre, adhérents, spectateurs occasionnels et curieux en tous
genres sont conviés à une rencontre avec la direction du théâtre et quelques metteurs en scène afin de
découvrir les spectacles qui seront présentés dès septembre prochain au bord de l’eau.
Le programme définitif sera communiqué ultérieurement.
Réservation conseillée auprès de Léa Néziri :
l.neziri@vidy.ch.
Générations Plus
Avantage adhérent 12-13
Le magazine romand Générations Plus vous propose une o±re découverte de 6 éditions pour Fr. 30.–.
Pour profiter de cette offre, indiquez votre adresse complète et votre nº d’adhérent 12-13 à
abo@generationsplus.ch ou par téléphone au 021 321 14 21.
O±re réservée aux nouveaux abonnés, non cumulable, non renouvelable, valable jusqu’au
30 septembre 2013.
Nouveaux médias
Application iPhone
Le Théâtre Vidy-Lausanne o±re une application gratuite sur iPhone disponible sur l’App Store. Conviviale
et interactive, cette application vous permet de consulter en tout temps et tout lieu notre programmation.
Le prochain journal paraîtra le vendredi 17 mai 2013.
Tarifs
Prix des places et cartes de réduction
Prix des places
Plein tarif : Fr. 42.–
AVS, AI, chômeurs : Fr. 27.–
16-25 ans, étudiants/apprentis : Fr. 16.–
Moins de 16 ans : Fr. 10.–
Prix des places avec la carte de réduction
Plein tarif : Fr. 16.–
AVS, AI, chômeurs : Fr. 16.–
16-25 ans, étudiants/apprentis : Fr. 10.–
Tarifs des cartes de réduction
f Carte adhérent
Plein tarif : Fr. 130.–
AVS, AI, chômeurs : Fr. 80.–
f Carte 16-25
16-25 ans, étudiants/apprentis : Fr. 20.–
Pour les billets à prix réduits, une pièce justifi cative est demandée à l’entrée du
spectacle.
Nouveauté ! Carte 16-25 :
carte de réduction pour jeunes de 16 à 25 ans et étudiants/apprentis !
En achetant la carte 16-25 au prix de Fr. 20.–, vous ne payez votre billet que Fr. 10.–
et ceci pour chaque spectacle de la saison 2012-2013. Valable au Théâtre Vidy-
Lausanne et au Théâtre Kléber-Méleau.
Billetterie
Achats, infos et points de vente
Vous pouvez acheter vos billets :
f en ligne par carte de crédit via notre site internet www.vidy.ch (système sécurisé),
sans majoration. Le paiement n’est validé qu’après confirmation de notre part par
courrier électronique. Vos billets sont téléchargeables au format pdf (imprimables
sur une imprimante de minimum 600 dpi de résolution, qualité supérieure de gris)
f par téléphone (avec carte de crédit, transaction sécurisée) au 021 619 45 45. Les
billets vous sont envoyés par la poste
f à notre bureau de location ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h
f à notre point de vente à la Librairie Payot-Lausanne ouvert du lundi au vendredi de
13h à 18h30 et le samedi de 10h à 14h et de 14h30 à 18h
f au Théâtre Kléber-Méleau uniquement les jours de représentations, dès 14h et
jusqu’à l’heure du spectacle.
Infos
Nous ne prenons aucune réservation (sauf pour les adhérents 12-13).
Les billets ne sont ni échangés, ni remboursés.
L’accès aux salles n’est pas garanti après le début des représentations.
Points de vente
Théâtre Vidy-Lausanne
Av. E.-Jaques-Dalcroze 5
1007 Lausanne
Tél. 021 619 45 45/Fax 021 619 45 99
www.vidy.ch
La caisse du soir est ouverte une heure avant le début de la première représentation.
Librairie Payot
Pl. Pépinet 4
1003 Lausanne
Théâtre Kléber-Méleau
Ch. de l’Usine-à-Gaz 9
1020 Renens
Tél. 021 625 84 29/Fax 021 625 84 34
Mobilité réduite
Si le Chapiteau Vidy-L, La Passerelle et la Salle Charles Apothéloz sont facilement
accessibles, nous vous rendons attentifs au fait que l’accès à la Salle de répétition
est problématique pour les personnes à mobilité réduite.
Afin d’accueillir les personnes concernées dans les meilleures conditions, nous
les prions de s’annoncer à la billetterie au moment de l’achat de leur place ainsi
qu’auprès du personnel de l’accueil le soir de la représentation.
Conseil de fondation
Présidente du conseil :
Vera Michalski
Présidents d’honneur :
Michel Pierre Glauser
Raymond Junod
Vice-président du conseil :
Daniel Brélaz
Le Théâtre Vidy-Lausanne en tournée (mars à mai 2013)
André un spectacle de Marie Rémond
Du 19 au 29 mars – TNBA (Bordeaux)
Du 3 au 26 avril – La Comédie de Valence, Scènes décentralisées (Jaillans, Lamastre, Colombierle-Vieux,
Saint-Marcel-lès-Valence, Saint-Alban-Auriolles, Vallon-Pont-d’Arc, Jaujac, Montélier,
Valgorge, Saint-Jean-le-Centenier, Mollans-sur-Ouvèze, Lus-la-Croix-Haute, Puy-Saint-Martin)
Lettre au père de Kafka
Mise en scène : Jean-Yves Ruf
Le 16 avril – Le Préau (Vire)
Du 14 au 16 mai – Scène nationale de Sénart (Combs-la-Ville)
Hand Stories de Yeung Faï
Scénographie, marionnettes, conception : Yeung Faï
Les 27 et 28 mars – Théâtre Comoedia (Aubagne)
Les 30 avril et 1 er mai – Mainzer Kammerspiele (Mayence)
Le 3 mai – Pôle Jeune Public (Toulon)
Les 14 et 15 mai – L’apostrophe (Cergy)
Quartier lointain adapté du manga de Jirô Taniguchi © Shogakukan Inc. Editions Casterman
Mise en scène : Dorian Rossel
Les 28 et 29 mars – Sortie Ouest (Béziers)
Le 5 avril – Opéra théâtre (Saint-Etienne)
Le 12 avril – Le Crochetan (Monthey)
Du 14 au 16 mai – Espace Malraux (Chambéry)
Les revenants d’après Henrik Ibsen
Mise en scène : Thomas Ostermeier
Du 5 au 27 avril – Théâtre Nanterre-Amandiers
Du 6 au 7 mai – L’Hippodrome (Douai)
Du 15 au 17 mai – Le lieu unique (Nantes)
L’usage du monde de Nicolas Bouvier
Mise en scène : Dorian Rossel
Le 30 avril – Le Rive Gauche (Saint-Etienne-du-Rouvray)
Savanna – Un paysage possible
Mise en scène : Amit Drori
Les 4 et 5 mai – Erlangen (Allemagne)
Max Black de Heiner Goebbels
Le 22 mai – Théâtre de Cornouaille, Festival Sonik (Quimper)
Aminata de Gilles Laubert
Mise en scène : Jacob Berger
Du 6 au 26 mai – Le Poche (Genève)
Théâtre Vidy-L
Avril-mai 2013 l Nº 40
22
Membres du conseil :
Anne Biéler
Pascal Broulis
Juliane Cosandier
Pierre-Henri Dumont
Patrick Ferla
Nathalie Fluri
Anne-Claude Gilli-Studer
Jean-Claude Grangier
Grégoire Junod
Frédéric Maire
Jean-Yves Pidoux
Jean-Pierre Potvliege
Fabien Ruf
Pierre Starobinski
Brigitte Waridel
Elisabeth Wermelinger
Codirection :
Thierry Tordjman,
René Zahnd
Responsable de production :
Julie Bordez
Assistante administrative :
Célia Bessonnard
Responsable de la comptabilité :
Patrick Oulevay
Secrétaire-comptable :
Erika Malherbe
Informatique :
Eric Ecoffey
Secrétaire-réceptionniste :
Francine Perren Helić
Responsable presse
et communication :
Sarah Turin
Chargée de communication :
Anne-Lise Tacheron
Chargée de communication
et d’édition :
Coralie Rochat
Assistante de communication :
Alexandra Gentile
Chargées des R.P. :
Corinne Doret Baertschi,
Fanny Guichard
Accueil des artistes:
Isabelle Imsand
Responsable tournées,
attaché à la diffusion :
Xavier Munger
Administrateurs de tournée :
Sylvain Didry,
Déborah Duvignaud
Directrice de la diffusion :
Barbara Suthoff
Assistante à la diffusion :
Elizabeth Gay
Archives :
Leonor Garrido
Responsable des relations
avec les adhérents :
Chantal Pelet
Responsable billetterie
et librairie :
Virginie Favre Ademi
Assistante responsable
billetterie :
Thi Samet Tang
Billetterie :
Lucas Emery, Jonas Guyot,
Stéphanie Luginbuehl,
Marlyse Müller, Jeanne Perrin,
Shpend Raka
Bar :
Emmanuel Do Nascimento,
Jules Hox, Yoann Orain,
Virginie Triaire
Entretien :
Fatmir Ademi
En formation presse et
communication :
Mathieu Devaud,
Céline Krähenbühl, Léa Neziri,
Domitille Raffara
Accueil :
Marie Ammeter (resp.),
Maud Blandel, Silvia Boquete
Rivera, Natacha Gonzalez (resp.),
Elie Grappe, Cécile Greset,
Katy Kühni, Jonas Lambelet,
Claudia Malherbe, Renata
Mamina, Adrien Mani, Sophie
Mayerat, Maude Mendieta,
Xavier Michellod, Murielle
Tenger, Malvin Zoia
Photographie :
Mario Del Curto
Design :
Les Ateliers du Nord
Werner Jeker, Benoît Deschamps
Photolithographie :
Bombie
Webdesigner :
Jeanne-Lucie Schmutz
Equipe technique
Direction technique :
Michel Beuchat
Directeur technique adjoint :
Samuel Marchina
Secrétaire direction technique :
Laurence Diot
Régisseur général de production :
Nicolas Bridel
Chef d’atelier construction décor :
Thomas Beimowski
Chef département électrique :
Thierry Kaltenrieder
Chef département son :
Fred Morier
Chef département audio-visuel
et graphisme :
Jérôme Vernez
Cheffe département expositions
et dessins :
Simira Raebsamen
Régisseurs généraux :
Julio Cabrera, Marcel Challet,
Félix Dorsaz, Christophe Kehrli,
Stéphane Sagon
Régisseurs généraux de scène :
Frédéric Aguet, Pascal Rosset
Chef de plateau :
Christian Mayor
Accessoiriste :
Mathieu Dorsaz
Responsable costumes,
maquillage et coiffure :
Rosi Morilla
Constructeurs :
Hervé Arletti, Stéphane Boulaz,
Alain Schweizer, Thuy Lor Van
Machinistes :
Jean-Daniel Buri, Bruno Dani,
Xavier De Marcellis, Fabio
Gaggetta, Natacha Gerber,
Mathieu Pegoraro, Nicolas Pilet,
Philippe Puglierini
Régisseurs lumière :
Mattias Bovard, Alain Caron,
Roby Carruba, Boussad Deghou,
Adrien Gardel, Christophe
Glanzmann, Jean-Luc Mutrux,
David Perez, Nicolas Widmer,
Erik Zollikofer
Electricien :
Roger Monnard
Régisseurs son :
Patrick Ciocca, Ludovic
Guglielmazzi, Denis Hartmann,
Aurélien Stuby
Régisseurs audio-visuel :
Lise Couchet, Stéphane Janvier
Régisseurs son – monteur
vidéaste :
François Planson,
Michaël Romaniszin
Couturière et habilleuse
d’entretien :
Machteld Vis
Apprenti techniscéniste :
Quentin Brichet
Collaborateurs occasionnels
pour la saison 2012-2013
Machiniste :
Enrique Méndez-Ramallo
Electros :
Yan Benz, Alexy Carruba, Ivan
Covarrubias, Olivier Francfort
Régisseurs son :
Benjamin Bard, Bruno Burel
Peintre :
Sibylle Portenier
Couturière :
Christine Emery
Habilleuse :
Anne Jean-Petit-Matile
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Calendrier Vidy-L
Avril à juin 2013
Salle Charles Apothéloz La Passerelle Salle de répétition Chapiteau Vidy-L Hors les murs
Avril
Mai
Mon traître
Mardi 16.04. 19h00
Mercredi 17.04. 19h00
Jeudi 18.04. 19h00
Vendredi 19.04. 20h30
Samedi 20.04. 19h00
Dimanche 21.04. relâche
Lundi 22.04. relâche
Mardi 23.04. 19h00
Mercredi 24.04. 19h00
Jeudi 25.04. 19h00
Vendredi 26.04. 20h30
Samedi 27.04. 19h00
Dimanche 28.04. 17h30
Dénommé Gospodin
Mercredi 17.04. 20h00
Jeudi 18.04. 20h00
Vendredi 19.04. 20h00
Samedi 20.04. 20h00
Dimanche 21.04. 18h00
Lundi 22.04. relâche
Mardi 23.04. 20h00
Mercredi 24.04. 20h00
Jeudi 25.04. 20h00
Vendredi 26.04. 20h00
Samedi 27.04. 20h00
Dimanche 28.04. 18h00
Lundi 29.04. relâche
Mardi 30.04. 20h00
Mercredi 01.05. 20h00
Jeudi 02.05. 20h00
Vendredi 03.05. 20h00
La force de tuer
Mardi 16.04. 19h30
Mercredi 17.04. 19h30
Jeudi 18.04. 19h30
Vendredi 19.04. 19h30
Samedi 20.04. 19h30
Dimanche 21.04. 18h30
Lundi 22.04. relâche
Mardi 23.04. 19h30
Mercredi 24.04. 19h30
Jeudi 25.04. 19h30
Vendredi 26.04. 19h30
Samedi 27.04. 19h30
Dimanche 28.04. 18h30
Lundi 29.04. relâche
Mardi 30.04. 19h30
Mercredi 01.05. 19h30
Jeudi 02.05. 19h30
Vendredi 03.05. 19h30
Samedi 04.05. 19h30
Dimanche 05.05. 18h30
Les oranges
Mercredi 17.04. 20h30
Jeudi 18.04. 20h30
Vendredi 19.04. 19h00
Samedi 20.04. 20h30
Dimanche 21.04. 17h00
Lundi 22.04. relâche
Mardi 23.04. 20h30
Mercredi 24.04. 20h30
Jeudi 25.04. 20h30
Vendredi 26.04. 19h00
Samedi 27.04. 20h30
Dimanche 28.04. 17h00
Lundi 29.04. relâche
Mardi 30.04. 20h30
Mercredi 01.05. 20h30
Jeudi 02.05. 20h30
Vendredi 03.05. 19h00
Samedi 04.05. 20h30
Dimanche 05.05. 17h00
Yukonstyle
Juin
Les enfants du soleil
Mercredi 22.05. 19h00
Jeudi 23.05. 19h00
Vendredi 24.05. 20h30
Samedi 25.05. 19h00
Dimanche 26.05. relâche
Lundi 27.05. relâche
Mardi 28.05. 19h00
Mercredi 29.05. 19h00
Jeudi 30.05. 19h00
Vendredi 31.05. 20h30
Samedi 01.06. 19h00
Dimanche 02.06. 17h30
Un chant de 50 ans
Samedi 11.05. 19h30
Dimanche 12.05. 18h30
Lundi 13.05. relâche
Mardi 14.05. 19h30
Mercredi 15.05. 19h30
Jeudi 16.05. relâche
Vendredi 17.05. 19h30
Samedi 18.05. 19h30
Dimanche 19.05. 18h30
Lundi 20.05. relâche
Mardi 21.05. 19h30
Mercredi 22.05. 19h30
Jeudi 23.05. relâche
Vendredi 24.05. 19h30
Samedi 25.05. 19h30
Dimanche 26.05. 18h30
Mercredi 08.05. 20h00
Jeudi 09.05. 20h00
Vendredi 10.05. 20h00
Samedi 11.05. 20h00
Dimanche 12.05. 18h00
Lundi 13.05. relâche
Mardi 14.05. 20h00
Mercredi 15.05. 20h00
Jeudi 16.05. 20h00
Vendredi 17.05. 20h00
Samedi 18.05. 20h00
Dimanche 19.05. 18h00
Lundi 20.05. relâche
Mardi 21.05. 20h00
Mercredi 22.05. 20h00
Jeudi 23.05. 20h00
Vendredi 24.05. 20h00
Samedi 25.05. 20h00
Dimanche 26.05. 18h00
Le petit-maître corrigé
Mardi 14.05. 20h30
Mercredi 15.05. 20h30
Jeudi 16.05. 20h30
Vendredi 17.05. 19h00
Samedi 18.05. 20h30
Dimanche 19.05. 17h00
Lundi 20.05. relâche
Mardi 21.05. 20h30
Mercredi 22.05. 20h30
Jeudi 23.05. 20h30
Vendredi 24.05. 19h00
Samedi 25.05. 20h30
Dimanche 26.05. 17h00
Lundi 27.05. relâche
Mardi 28.05. 20h30
Mercredi 29.05. 20h30
Jeudi 30.05. 20h30
Vendredi 31.05. 19h00
Samedi 01.06. 20h30
Dimanche 02.06. 17h00
Au Théâtre du Jorat
m¡longa
Jeudi 23.05. 20h00
Vendredi 24.05. 20h00
Samedi 25.05. 20h00
Dimanche 26.05. 17h00
Lundi 27.05. relâche
Mardi 28.05. 20h00
Mercredi 29.05. 20h00
Théâtre Vidy-Lausanne
Chapiteau extérieur
Face Nord
An Old Monk
Mercredi 12.06. 19h00
Jeudi 13.06. 19h00
Vendredi 14.06. 20h30
Samedi 15.06. 19h00
Dimanche 16.06. 17h30
Lundi 17.06. relâche
Mardi 18.06. 19h00
Mercredi 19.06. 19h00
Jeudi 20.06. 19h00
Vendredi 21.06. 20h30
Samedi 22.06. 19h00
Le cri quotidien
Vendredi 07.06. 20h00
Samedi 08.06. 20h00
Dimanche 09.06. 18h00
Lundi 10.06. relâche
Mardi 11.06. 20h00
Mercredi 12.06. 20h00
Jeudi 13.06. 20h00
Vendredi 14.06. 20h00
Samedi 15.06. 20h00
Dimanche 16.06. 18h00
Lundi 17.06. relâche
Mardi 18.06. 20h00
Mercredi 19.06. 20h00
Jeudi 20.06. 20h00
Vendredi 21.06. 20h00
Samedi 22.06. 20h00
Dimanche 23.06. 18h00
Mercredi 05.06. 19h30
Jeudi 06.06. 19h30
Vendredi 07.06. 19h30
Samedi 08.06. 19h30
Dimanche 09.06. 17h00
Lundi 10.06. relâche
Mardi 11.06. relâche
Mercredi 12.06. 19h30
Jeudi 13.06. 19h30
Vendredi 14.06. 19h30
Samedi 15.06. 19h30
Dimanche 16.06. 17h00
Lundi 17.06. relâche
Mardi 18.06. relâche
Mercredi 19.06. 19h30
Jeudi 20.06. 19h30
Vendredi 21.06. 19h30
Samedi 22.06. 19h30
Dimanche 23.06. 17h00
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