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Analyse de la dynamique d'intégration des connaissances ... - Inra

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critique, à <strong>la</strong> suite du travail <strong>de</strong> Foucault, où <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce est appréhendée comme<br />

assemb<strong>la</strong>ge visant à contrôler les popu<strong>la</strong>tions humaines (Ericson and Haggerty 2001) et dans<br />

une réflexion sur <strong>la</strong> responsabilité et <strong>la</strong> gouvernementalité (pour un argument simi<strong>la</strong>ire, voir<br />

(French 2009), pp45-48). Au final, non seulement peu <strong>de</strong> travaux ont analysé <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce<br />

qui n’aurait pas pour objet <strong>de</strong>s personnes mais <strong>de</strong>s « non-humains », mais peu l’ont également<br />

appréhendé dans une perspective concréte, c’est à dire au travers <strong>de</strong>s dispositifs concrets qui<br />

et <strong>de</strong>s pratiques à <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong> différents mon<strong>de</strong>s sociaux.<br />

La question plus spécifique <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong>s<br />

chercheurs à <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce sanitaire est une question qui a été abordée par les<br />

sciences humaines dans une interrogation sur les sciences camérales (Laborier and<br />

Lascousmes 2004), les sciences d’Etat et plus particulièrement au prisme d’une réflexion sur<br />

l’histoire et le développement <strong>de</strong> l’épidémiologie en tant que discipline scientifique. En effet,<br />

dans <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> sa construction épistémique et institutionnelle, ces travaux (Berlivet<br />

1995; Amsterdaska 2005; Buton 2006), ont montré comment cette discipline –ces travaux<br />

s’intéressent essentiellement à l’épidémiologie humaine- s’était construite dans une re<strong>la</strong>tion<br />

complexe avec les enjeux <strong>de</strong> santé et l’Etat, oscil<strong>la</strong>nt selon les contextes locaux et historiques<br />

entre une visée <strong>de</strong> « Faire science » et une visée d’appuyer l’état dans son action, et d’une<br />

manière générale, le contrôle <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions (Foucault 1975). C’est <strong>de</strong> ce constat que nous<br />

partirons non pas pour faire une histoire <strong>de</strong> l’épidémiologie végétale en tant que discipline ou<br />

sous-champ disciplinaire, ou <strong>de</strong> sa p<strong>la</strong>ce dans les institutions administratives et scientifiques –<br />

histoires qui seraient à écrire 157 -, et <strong>de</strong> sa p<strong>la</strong>ce dans les institutions administratives et<br />

scientifiques, mais pour prendre comme horizon <strong>de</strong> recherche cette tension entre volonté <strong>de</strong><br />

faire science et volonté <strong>de</strong> surveiller l’état sanitaire d’un territoire.<br />

Cependant, ce chapitre vise également à éviter un biais <strong>de</strong> ces travaux. En effet, il nous<br />

semble qu’orientés par une volonté <strong>de</strong> définir les spécificités <strong>de</strong> champs d’activité spécifiques<br />

–les « sciences camérales », l’ « épidémiologie »- ils ten<strong>de</strong>nt à sous-estimer <strong>la</strong> nature négociée<br />

<strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong> ces champs. Ce biais se nourrit notamment <strong>de</strong>s situations étudiées : lorsque<br />

l’analyse ne vise pas directement le domaine <strong>de</strong>s sciences « camérales », « réglementaires »<br />

ou l’épidémiologie, elles s’intéressent à <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> forte institutionnalisation <strong>de</strong>s lieux<br />

d’expertise, organisés autour d’instruments, <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> traitements <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve ou <strong>de</strong><br />

figures d’experts stabilisés (Granjou and Tournay, 2009). En ce sens, elles ten<strong>de</strong>nt à oblitérer<br />

le fait que les tensions re<strong>la</strong>tives à l’articu<strong>la</strong>tion entre Faire Science et Faire Surveil<strong>la</strong>nce<br />

traversent toute activité scientifique qui s’inscrit dans une volonté <strong>de</strong> production <strong>de</strong> savoirs<br />

épidémiologiques au sens <strong>la</strong>rge et ce également dans <strong>de</strong>s domaines, comme celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé<br />

<strong>de</strong>s végétaux, où l’expertise est très faiblement institutionnalisée. Nous voudrions donc<br />

montrer qu’une analyse concréte, rarement entrepris en sociologie (Barbier 2006; Granjou<br />

2007; Bonnaud and Coppalle 2008), d’activités scientifiques qui se déploient dans un contexte<br />

<strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce sanitaire administrative permet <strong>de</strong> dépasser <strong>de</strong>s distinctions trop rigi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong><br />

mettre en évi<strong>de</strong>nce les négociations concrètes <strong>de</strong> l’articu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s Mon<strong>de</strong>s sociaux concernés.<br />

Pour conclure, nous allons analyser <strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche à <strong>la</strong><br />

gestion <strong>de</strong>s foyers <strong>de</strong> bemisia à <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> recherche qui se présentent comme ayant<br />

une visée d'avancée <strong>de</strong> connaissance sur <strong>de</strong>s questions d’ordre épidémiologique au sens <strong>la</strong>rge,<br />

c’est à dire qui s’appuient sur <strong>la</strong> collecte d’information quant à <strong>la</strong> présence ou l’absence du<br />

pathogène sur un territoire et sur sa progression, et dont les résultats participent à l’avancée<br />

157 Le lecteur trouvera un petit encadré (en annexe ?) qui <strong>la</strong>nce le cadre d’une possible recherche future sur<br />

l’épidémiologie végétale, en particulier sur son développement à l’INRA. Mais le sujet dépasse <strong>la</strong>rgement l’objet<br />

<strong>de</strong> cette thèse et <strong>de</strong> ce chapitre en particulier.<br />

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