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Analyse de la dynamique d'intégration des connaissances ... - Inra

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)
 La
Sharka,
quand
l’épreuve
d’une
«
affaire
»
transforme
<strong>la</strong>
question
<br />

<strong>de</strong>
<strong>la</strong>
responsabilité
<br />

De nombreux acteurs <strong>de</strong> l’INRA interrogés sur <strong>la</strong> thématique du confinement <strong>de</strong>s<br />

expérimentations d’Organismes <strong>de</strong> quarantaine ont invoqué, à l’image <strong>de</strong> <strong>la</strong> chercheuse citée<br />

ci-<strong>de</strong>ssus, l’existence d’une affaire, « <strong>la</strong> Sharka », comme élément important -sinon premier<strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> montée en puissance du souci <strong>de</strong> confinement <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> recherches. S’il ne nous a<br />

pas été possible d’analyser comment <strong>la</strong> découverte et le développement d’un virus c<strong>la</strong>ssé<br />

organisme <strong>de</strong> quarantaine et <strong>de</strong> lutte obligatoire s’était constitué en affaire nous avons pu<br />

collecter, via notamment <strong>la</strong> consultation <strong>de</strong> base <strong>de</strong> données judiciaires, <strong>de</strong>s données qui<br />

permettent d’établir un compte-rendu factuel succint <strong>de</strong> cette affaire.<br />

L’affaire « Sharka »<br />

Le 6 février 2006, <strong>la</strong> cour d’appel du tribunal administratif <strong>de</strong> Marseille condamne l’INRA à payer<br />

398.964,41 euros à <strong>la</strong> société drômoise "Le Château <strong>de</strong> Campuget" en réparation <strong>de</strong>s préjudices résultant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

contamination dans <strong>de</strong>s vergers par <strong>la</strong> forme dite "Markus" du Plum Pox Virus, plus communément appelé Sharka<br />

(ref : Marseille, 02MA02532). Cette décision, aboutissement provisoire d’une requête déposée en justice en juin<br />

1998 (ref : Montpellier, 98.3758), n’est qu’un élément d’une affaire beaucoup plus <strong>la</strong>rge, opposant les<br />

arboriculteurs du sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, l’Etat et ses services en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> Protection <strong>de</strong>s Végétaux, et l’INRA.<br />

Depuis une dizaine d’années, ce sont <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> requêtes qui ont été déposées –presque toujours sans succèsdans<br />

les juridictions administratives <strong>de</strong> Grenoble, Montpellier, Nîmes ou Marseille par <strong>de</strong>s exploitants qui<br />

accusent l’Etat et l’INRA d’être responsable du développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sharka et réc<strong>la</strong>ment à être in<strong>de</strong>mnisés.<br />

Pour les agriculteurs et leurs avocats, l’affaire est entendue. Jusqu’au début <strong>de</strong>s années 1980, l’INRA aurait<br />

introduits <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nts d’arbres fruitiers à <strong>de</strong>s fins expérimentales dans son centre <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />

Certains <strong>de</strong> ses p<strong>la</strong>nts, contaminés par une souche particulièrement virulente du virus (souche M), auraient servi à<br />

produire du matériel végétal qui, à <strong>de</strong>s fins expérimentales et sans les précautions nécessaires, auraient ensuite été<br />

envoyé dans différents lieux d’expérimentation (stations et vergers) du Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> France où, p<strong>la</strong>ntés en plein<br />

champ, ils auraient été à l’origine d’épidémies dévastatrices à partir <strong>de</strong> 1984.<br />

L’INRA quant à lui nie avoir introduit <strong>la</strong> souche M du virus en France <strong>de</strong> manière illégale et sans précautions<br />

particulières en France. D’une part il souligne que si le virus a bien été introduit <strong>de</strong> Grèce sur le centre <strong>de</strong><br />

Bor<strong>de</strong>aux à <strong>de</strong>s fins expérimentales en <strong>la</strong>boratoire au cours <strong>de</strong> l’année 1970, cette introduction avait eu lieu avant<br />

que le pathogène soit inscrit sur <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s Ennemis <strong>de</strong>s cultures dressée par arrêté ministériel (30 juillet 1970) et<br />

ne nécessitait donc aucune autorisation particulière. D’autre part, il a mis en avant le fait que ses activités<br />

expérimentales avaient été menées dans <strong>de</strong>s dispositifs techniques sûrs et précautionneux. Enfin, l’INRA a<br />

argumenté que rien ne prouvait avec certitu<strong>de</strong> que les contaminations dans ses stations expérimentales puis chez<br />

les producteurs alentours avaient pour origine <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts contaminés <strong>de</strong>puis le <strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong><br />

Bor<strong>de</strong>aux 79 .<br />

79 L’INRA a avancé quatre arguments principaux au cours <strong>de</strong>s procés : 1/ qu’il n’avait jamais effectué <strong>de</strong><br />

recherche sur <strong>la</strong> Sharka en verger ailleurs qu’à Avignon, sous serre insect-proof. (cf. CAMars6/2/2006) 2/ que<br />

<strong>de</strong>s tiers aux parties en procès avaient pu introduire le virus : d'autres arboriculteurs ou <strong>de</strong>s pépiniéristes qui<br />

auraient vendus <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nts contaminés aux producteurs ou à ses stations expérimentales 3/qu’il y avait pu avoir<br />

une mutation « naturelle » <strong>de</strong> <strong>la</strong> souche D –présente en France <strong>de</strong>puis les années 1960- en souche M (notons que<br />

cet argument est exclut par les tribunaux / 0502532 Montpellier, CAMars) « au regard <strong>de</strong>s données scientifiques<br />

». 4/ que si ses stations avaient semblé être à l’origine <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> souche M, c’est parce qu’étant<br />

seules capables d’avoir accès au outils <strong>de</strong> détection pertinents, elles ont les premières i<strong>de</strong>ntifié <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

souche sur leurs vergers mais que ce<strong>la</strong> ne préjuge en rien du fait qu’elles aient été contaminées en premier et<br />

seraient donc à l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination.<br />

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