Analyse de la dynamique d'intégration des connaissances ... - Inra
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incertitu<strong>de</strong>s via <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> dispositifs adéquats d’expérimentation. En effet, comme<br />
nous l’avons vu au chapitre 2, mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s recherches à visée épidémiologiques est<br />
primordial à <strong>la</strong> fois parce que ce<strong>la</strong> constitue un moyen d’apporter <strong>de</strong>s savoirs utiles à <strong>la</strong><br />
gestion du pathosystème comme enjeu sanitaire, et à <strong>la</strong> fois parce qu’il est important <strong>de</strong> « faire<br />
exister » l’enjeu sanitaire. Cependant, le contexte <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce, caractérisé notamment par<br />
un investissement territorialisé et limité <strong>de</strong> l’administration et par un blocage <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
coopération entre les différents mon<strong>de</strong>s sociaux liés à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un cadre<br />
réglementaire d’éradication contraignant, ne favorise pas <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> travaux<br />
scientifiques à visée épidémiologique. Nous verrons alors comment ceux-ci, pour voir le jour,<br />
doivent faire l’objet d’une flexibilité, <strong>de</strong> négociations, <strong>de</strong> contournements du cadre<br />
réglementaire et l’implication d’acteurs à <strong>la</strong> frontière entre mon<strong>de</strong>s sociaux 168 .<br />
a) Monter un programme d’épidémiologie : enjeu central et difficile <br />
Des incertitu<strong>de</strong>s multiples <br />
Le développement <strong>de</strong> Bemisia et les différents foyers <strong>de</strong> TYLCV observés sur le<br />
territoire métropolitain soulèvent un certain nombre d’incertitu<strong>de</strong>s auxquelles les actions<br />
menées par les pouvoirs publics dans le cadre <strong>de</strong> leur surveil<strong>la</strong>nce officielle ne peuvent pas<br />
répondre. D’une part il est difficile <strong>de</strong> savoir quel est le niveau exact <strong>de</strong> <strong>la</strong> contamination du<br />
territoire par le pathosystème. D’autre part, dans l’hypothèse même où l’on prend<br />
l’instal<strong>la</strong>tion du virus et <strong>de</strong> son vecteur comme une donnée, il est difficile <strong>de</strong> comprendre les<br />
mécanismes qui prési<strong>de</strong>nt à cette instal<strong>la</strong>tion et d’évaluer leur évolution probable.<br />
Les chercheurs du CBGP n’ont ainsi aucun moyen <strong>de</strong> savoir si le TYLCV est installé.<br />
Cependant, plutôt enclin à penser que le virus est « durablement présent » -sans avoir les<br />
moyens <strong>de</strong> le prouver 169 -, ils évoquent dès 2004 <strong>de</strong> nombreuses hypothèses envisageables<br />
pour rendre compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>dynamique</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation sanitaire 170 . Ainsi, nous pouvons évoquer<br />
trois hypothèses non exclusives qu’ils font pour expliquer <strong>la</strong> présence et le maintien du virus,<br />
qui pourrait être liée : 1/ à l’introduction annuelle d’inoculums via <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nts importés par <strong>de</strong>s<br />
producteurs amateurs sse fournissant au Maroc et en Espagne ; 2/ <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntesre<strong>la</strong>is<br />
extérieures aux serres, qui servent <strong>de</strong> réservoir au virus pendant l’hiver et qui réinfectent<br />
les vecteurs chaque saison et qui sont difficiles à i<strong>de</strong>ntifier (<strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes existent<br />
aux abords <strong>de</strong>s serres, qui n’expriment pas nécessairement les symptômes <strong>de</strong> façon explicites<br />
et qui ne sont pas nécessairement répertoriées comme sensibles au TYLCV) ; 3/ l’existence <strong>de</strong><br />
zones d’entrepôt <strong>de</strong> fruits virolés (type décharge <strong>de</strong> marché) sur lesquels les vecteurs viennent<br />
se nourrir. Nous pouvons également évoquer certaines <strong>de</strong>s raisons qu’ils envisagent pour<br />
expliquer <strong>la</strong> présence et le maintien <strong>de</strong> Bemisia : 1/ Le maintien <strong>de</strong> serres chauffées pourraient<br />
servir <strong>de</strong> re<strong>la</strong>is pour <strong>la</strong> survie d’individus en hiver, pério<strong>de</strong> à <strong>la</strong>quelle le froid est normalement<br />
léthal ; 2/ ce rôle <strong>de</strong> re<strong>la</strong>is pourrait être également joué par <strong>de</strong>s serres froi<strong>de</strong>s paillées, utilisées<br />
notamment dans <strong>la</strong> production <strong>de</strong> sa<strong>la</strong><strong>de</strong>s ; 3/ Certains types <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Bemisia<br />
168 De nombreux éléments <strong>de</strong> cette section ont déjà été développé dans (Prete 2008).<br />
169 Ils construisent leurs hypothèses sur une inconnue : y a-t-il plus <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> TYLCV que ceux dont ils sont<br />
officiellement informés ? Si oui, dans quelle proportion. D’une manière générale ils sont persuadés –et savent<br />
par <strong>de</strong>s informations rapportées- que certains agriculteurs ne déc<strong>la</strong>rent pas <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong> symptômes douteux.<br />
170 Les hypothèses que nous évoquons là sont <strong>de</strong>s hypothèses envisagées alors au cours d’échanges que nous<br />
avons eu avec ces chercheurs ou auxquels nous avons assistés à différentes occasions.<br />
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