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RAPPORT - Prebat 2

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politiques de production affichés partout dans le monde, pour fournir alors 3% à<br />

4% de la consommation mondiale de carburants. Or, les réserves disponibles pour<br />

une mise en agriculture atteignent un milliard d’hectares dans le monde.<br />

L’effet d’éviction a pu jouer dans certaines zones de rapides extensions,<br />

comme aux États-Unis, où la surface consacrée aux cultures dédiées à la<br />

production de bioéthanol atteindrait 3 à 4% de la totalité des terres en exploitation,<br />

selon les informations recueillies par vos rapporteurs lors de leur séjour à<br />

Washington. En Europe, en revanche, où la politique des biocarburants est<br />

motivée depuis 1992 par la mise en valeur des terres placées en jachère (10% de la<br />

surface agricole), la question ne se pose pas encore. Selon Bruno Jarry, auteur au<br />

nom de l’Académie des technologies d’un rapport sur les biocarburants publié en<br />

septembre 2008, l’objectif fixé par la directive de 2003 d’atteindre en 2010 une<br />

production représentant 5,75%, en teneur énergétique, de la consommation de<br />

carburants pétroliers ne sera même pas tenu, sauf en Allemagne et en France.<br />

Cependant, la cible plus ambitieuse de 10% à l’horizon 2020, retenue par la<br />

Commission en janvier 2008, pourrait conduire à des importations ayant un effet<br />

déstabilisant dans les pays fournisseurs ; à moins que ne joue l’effet de frein<br />

produit par les incohérences, observées par M. Jacques Blondy, en charge des<br />

aspects agricoles du développement des biocarburants à la direction de la<br />

recherche de Total, entre des deux directives « biocarburants » et « énergies<br />

renouvelables ».<br />

Une politique de soutien aux biocarburants n’a de sens qu’à long terme, et<br />

le bilan économique de ce soutien, clairement déficitaire d’un point de vue<br />

purement financier, doit tenir compte des externalités produites en termes<br />

d’aménagement du territoire, et de diminution des émissions de gaz à effet de<br />

serre. Or, sur ce point fondamental, tout dépend des conditions de la production, et<br />

de la valorisation des co-produits. Une extension des surfaces cultivées au<br />

détriment des forêts ou des herbages va à l’encontre de la lutte contre le<br />

changement climatique. A l’inverse, M. Jean-François Loiseau, président<br />

d’Agralys, explique qu’une gestion ajustée des apports d’engrais, guidée à partir<br />

d’une imagerie par satellite, permet d’obtenir globalement une réduction de 60%<br />

des rejets de gaz carbonique.<br />

Quant au bilan énergétique des productions de première génération, il<br />

tangente souvent l’équilibre, surtout pour la filière de l’alcool. Il dépend largement de<br />

la manière d’évaluer l’économie en énergie fossile représentée par l’utilisation des<br />

résidus agricoles. Au Brésil, l’usine plantée au milieu du champ qui distille le sucre<br />

en utilisant la bagasse comme combustible est un modèle d’efficacité énergétique. En<br />

Europe, le recours aux combustibles fossiles est compensé par la cogénération et<br />

l’affectation des déchets à la nourriture animale. Selon M. Pierre Cuypers, président<br />

de l’ADECA 1 , la France, depuis qu’elle produit des biocarburants, a réduit son taux<br />

de dépendance en alimentation animale de 80% à 50%.<br />

1 Association nationale pour le développement des carburants agricoles.

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