RAPPORT - Prebat 2

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05.11.2014 Views

— 46 — d’être mieux mis en valeur, dans la mesure où il s’agit d’une solution complémentaire au stockage ; - les missions de l'IFP devraient probablement prévoir un effort d'ouverture plus large à certains domaines technologiques nouveaux, sortant du cercle du pétrole et des moteurs, où néanmoins une expérience dans l'élaboration de procédés chimiques industriels serait potentiellement utile. Vos rapporteurs ont connaissance que les compétences développées par l’IFP dans les géosciences et les techniques de dépollution vont l’amener à poursuivre un investissement technologique déjà engagé vers le domaine de l’eau, pour la gestion des aquifères, la gestion des eaux de production, la gestion des eaux industrielles. En outre, l’IFP envisage d’ores et déjà une diversification scientifique vers la photochimie et l'électrochimie appliquées à la conversion et au stockage de l'énergie, ensemble d’activités qui intègrent la photodissociation de l'eau, le stockage d'électricité sous forme de composés chimiques liquides, et l'amélioration des batteries par la mise au point d’électrolytes à base de liquides ioniques gélifiés. Vos rapporteurs suggèrent que cette diversification au fond intègre, après évaluation par l’IFP, un soutien futur éventuel à la valorisation industrielle de deux domaines scientifiques connexes, encore orphelins du point de vue de leur déclinaison économique : d'une part, l'électronique organique, visant à exploiter l'électroluminescence ou l'effet photoélectrique de certains composants organiques ; d'autre part, la chimie des polymères sans carbone (géopolymères) mise à jour par le professeur Joseph Davidovits, dans les années 70, à des fins d'ignifugeage des matériaux de la vie courante, et qui prend une signification nouvelle avec le besoin de trouver à terme un substitut aux matières plastiques d'origine pétrolière. c) Un dynamisme technologique méconnu Cependant, il est une dimension de la recherche dans ce secteur qui mérite une amélioration sensible, c'est la communication autour des efforts engagés et des résultats obtenus. Car la seule information venant de ce secteur qui émerge du flux médiatique est le montant du bénéfice de Total, qui dépasse depuis trois ans 12 milliards d'euros, suscitant des interrogations quant à l'origine et à l'emploi de cette somme. Au cours des débats budgétaires, la question s'est même posée explicitement de la justification, dans le cadre du programme 188, d'une dotation publique de plus de 100 millions d'euros pour la recherche sur les hydrocarbures, alors que l'entreprise qui en semble le destinataire principal paraît disposer de toutes les ressources nécessaires à la poursuite de ses propres efforts de recherche. Ainsi, lors de la discussion de la loi de finances pour 2008, la commission des finances du Sénat a fait adopter, le 7 décembre 2007, un amendement diminuant

— 47 — de 3 millions d’euros les crédits du programme 188. Son rapporteur spécial, M. Philippe Adnot a expliqué que : « Les sociétés pétrolières, à l'heure actuelle, peuvent parfaitement dégager des crédits pour aider l'IFP à conduire et à améliorer ses recherches en profondeur. [Par ailleurs] le déplafonnement du crédit d'impôt recherche servira essentiellement aux très grandes entreprises pétrolières et les fonds qu'elles pourront lever à cette occasion seront très supérieurs aux prélèvements opérés. ». Le président de la commission, M. Jean Arthuis, a lancé « un appel à la responsabilité, à l'engagement des entreprises, notamment dans le secteur du pétrole et du gaz ». Il convient à cet égard de signaler deux effets d'optique et un manque institutionnel. Le premier effet d'optique tient en ce que la dotation publique en question correspond au produit d'une ancienne redevance sur les carburants, taxe parafiscale à l’assiette calée sur la TIPP et la TICGN 1 , dont le produit était identifié jusqu’à fin 2002 au sein d’un compte d’affectation spéciale, le « Fonds de soutien aux hydrocarbures » (FSH). Ce compte d’affectation a été alors supprimé, le circuit de financement étant budgétisé. L’opération était neutre, voire profitable à terme pour l’État qui a compensé la disparition de la redevance affectée par un relèvement de la TIPP, augmentant d’autant le produit des recettes générales, tandis que la dotation budgétaire compensatrice, initialement de 200 millions d’euros, n’a cessé de diminuer ensuite pour représenter 117 millions d’euros dans le budget pour 2009. Cette budgétisation a fait disparaître la réalité d’un financement autonome de la recherche sur les hydrocarbures pour en faire juridiquement une charge publique. Or, l’analyse de cette charge ne doit pas omettre de prendre en compte, outre ce contexte historique, deux autres éléments importants : - d’une part, le destinataire de la dotation publique, l’IFP, ne cesse d’augmenter ses ressources propres, résultant pour l’essentiel des rémunérations de ses prestations sur contrats, du paiement des redevances d’utilisation de ses brevets, et du versement des dividendes par ses filiales. Ces ressources propres progressent en tendance de 7% par an depuis 2001, jusqu’à représenter aujourd’hui 45% du montant des ressources totales de l’établissement ; par conséquent, la recherche pétrolière continue d’une autre manière à ne pas dépendre exclusivement des crédits publics ; - d’autre part, en application notamment des recommandations du rapport Chambolle de juin 2004, le champ des recherches couvert par la dotation publique ne cesse de s’élargir, au point qu’un tiers seulement de cette dotation est dédié effectivement aux recherches sur les hydrocarbures, selon deux axes stratégiques fixés par le contrat d’objectifs : le « raffinage propre » (13%) et les « réserves prolongées » (21%). Deux tiers de la subvention publique servent 1 TIPP : taxe intérieure sur les produits pétroliers ; TICGN : taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel.

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de 3 millions d’euros les crédits du programme 188. Son rapporteur spécial,<br />

M. Philippe Adnot a expliqué que : « Les sociétés pétrolières, à l'heure actuelle,<br />

peuvent parfaitement dégager des crédits pour aider l'IFP à conduire et à<br />

améliorer ses recherches en profondeur. [Par ailleurs] le déplafonnement du<br />

crédit d'impôt recherche servira essentiellement aux très grandes entreprises<br />

pétrolières et les fonds qu'elles pourront lever à cette occasion seront très<br />

supérieurs aux prélèvements opérés. ». Le président de la commission, M. Jean<br />

Arthuis, a lancé « un appel à la responsabilité, à l'engagement des entreprises,<br />

notamment dans le secteur du pétrole et du gaz ».<br />

Il convient à cet égard de signaler deux effets d'optique et un manque<br />

institutionnel.<br />

Le premier effet d'optique tient en ce que la dotation publique en<br />

question correspond au produit d'une ancienne redevance sur les carburants, taxe<br />

parafiscale à l’assiette calée sur la TIPP et la TICGN 1 , dont le produit était<br />

identifié jusqu’à fin 2002 au sein d’un compte d’affectation spéciale, le « Fonds de<br />

soutien aux hydrocarbures » (FSH). Ce compte d’affectation a été alors supprimé,<br />

le circuit de financement étant budgétisé. L’opération était neutre, voire profitable<br />

à terme pour l’État qui a compensé la disparition de la redevance affectée par un<br />

relèvement de la TIPP, augmentant d’autant le produit des recettes générales,<br />

tandis que la dotation budgétaire compensatrice, initialement de 200 millions<br />

d’euros, n’a cessé de diminuer ensuite pour représenter 117 millions d’euros dans<br />

le budget pour 2009. Cette budgétisation a fait disparaître la réalité d’un<br />

financement autonome de la recherche sur les hydrocarbures pour en faire<br />

juridiquement une charge publique.<br />

Or, l’analyse de cette charge ne doit pas omettre de prendre en compte,<br />

outre ce contexte historique, deux autres éléments importants :<br />

- d’une part, le destinataire de la dotation publique, l’IFP, ne cesse d’augmenter<br />

ses ressources propres, résultant pour l’essentiel des rémunérations de ses<br />

prestations sur contrats, du paiement des redevances d’utilisation de ses<br />

brevets, et du versement des dividendes par ses filiales. Ces ressources propres<br />

progressent en tendance de 7% par an depuis 2001, jusqu’à représenter<br />

aujourd’hui 45% du montant des ressources totales de l’établissement ; par<br />

conséquent, la recherche pétrolière continue d’une autre manière à ne pas<br />

dépendre exclusivement des crédits publics ;<br />

- d’autre part, en application notamment des recommandations du rapport<br />

Chambolle de juin 2004, le champ des recherches couvert par la dotation<br />

publique ne cesse de s’élargir, au point qu’un tiers seulement de cette dotation<br />

est dédié effectivement aux recherches sur les hydrocarbures, selon deux axes<br />

stratégiques fixés par le contrat d’objectifs : le « raffinage propre » (13%) et les<br />

« réserves prolongées » (21%). Deux tiers de la subvention publique servent<br />

1 TIPP : taxe intérieure sur les produits pétroliers ; TICGN : taxe intérieure de consommation sur le gaz<br />

naturel.

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