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RAPPORT - Prebat 2

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la chaîne trophique partant des algues unicellulaires. Si les 100 millions de tonnes<br />

de poisson prélevés annuellement étaient transformées en carburant, la production<br />

ne serait que de 10 millions de tonnes, alors que 4 milliards de tonnes sont<br />

nécessaires. Pour des produits à forte valeur ajoutée vendus 100 dollars le litre,<br />

comme les oméga 3, cette filière est pertinente ; en revanche, pour des carburants,<br />

elle n’a strictement aucun sens.<br />

M. Jean-Paul Cadoret. Comparaison n’est pas raison ; dans nos<br />

discussions, il ne faut pas mêler la pêche et l’aquaculture. Il n’a jamais été<br />

envisagé de se contenter de récolter les algues.<br />

M. Pierre-René Bauquis. Jusqu’à la fin du XIX e siècle, l’huile de baleine<br />

était le résultat d’une récolte – les baleines ont été sauvées par les pétroliers. La<br />

culture des algues supposerait l’apport d’intrants extérieurs aux océans, ce qui<br />

limiterait fortement l’intérêt économique et énergétique du procédé.<br />

M. Jean-Paul Cadoret. Je ne suis pas d’accord avec le calcul proposé.<br />

Par ailleurs, la spiruline n’est pas une bonne référence dans la mesure où il s’agit<br />

d’un carbohydrate, qui ne contient pas d’huile. Il n’en demeure pas moins qu’il<br />

convient de faire primer le qualitatif sur le quantitatif ; de ce point de vue, je vais<br />

dans votre sens.<br />

M. Christian Ngô. La France est un pays privilégié en matière de<br />

biomasse mais également de surface marine : avec 11 millions de kilomètres<br />

carrés en incluant les DOM-TOM, elle arrive en deuxième position, juste derrière<br />

les États-Unis et devant l’Australie.<br />

M. Jean-Paul Cadoret. Je mettrai un gros bémol. Contrairement à<br />

l’Australie, la France n’est malheureusement pas une nation maritime mais<br />

agricole.<br />

M. Bernard Bigot. Ces technologies de transformation de la biomasse<br />

pour produire des biocarburants de deuxième génération offrent des perspectives<br />

durables et non conflictuelles avec l’alimentaire. Pour qu’elles se déploient, une<br />

certaine visibilité des conditions économiques est requise. Il faut en particulier que<br />

le Parlement se penche le plus tôt possible sur la question de la fiscalité et fixe un<br />

cap. Sans encouragement, sans aide minimale, la frilosité prévaudra et les<br />

industriels n’investiront pas. Le jour où la démonstration sera faite que la filière<br />

est suffisamment rentable, les différents acteurs pourront se retrouver pour<br />

admettre que la nation peut cesser de verser des subsides.<br />

Les ordres de grandeur évoqués sont frappants. Certaines productions<br />

peuvent être opérantes à petite échelle ; le développement industriel renouvelable<br />

et durable, c’est une autre affaire. Ma culture de chercheur m’invite néanmoins à<br />

ne fermer aucune porte, pour peu que les travaux soient conduits avec la plus<br />

grande rigueur scientifique.

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