RAPPORT - Prebat 2

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— 276 — moyens, il y a vingt ou vingt-cinq ans, de figurer parmi les leaders mondiaux des technologies photovoltaïques, la France n’a pas su relever ce défi énergétique important, ses efforts ayant porté essentiellement sur le développement de l’énergie nucléaire. En matière d’énergie solaire, les deux grands axes à explorer sont l’énergie photovoltaïque et l’énergie thermique solaire. L’énergie thermique solaire qui consiste à chauffer, avec des rayons du soleil et des miroirs, un fluide caloporteur dans un tube sous vide, n’intéresse pas directement un pays mal ensoleillé comme la France, mais peut devenir l’objet d’un marché d’exportation pour l’installation de centrales solaires à concentration. La technologie se développe rapidement en Espagne. C’est un domaine où Saint-Gobain fournit des miroirs. Quant à l’énergie photovoltaïque, c’est une technologie qui peut être utilisée de manière diffuse dans presque tous les pays du monde. Elle s’est développée en faisant apparaître plusieurs générations de procédés. La première génération reposant sur l’utilisation du silicium est mature, avec un problème ponctuel qui est celui du prix du silicium ; la solution du silicium amorphe, promue par le CEA, fournit une réponse à ce problème : les rendements ne sont pas très élevés, mais la fabrication n’est pas très coûteuse. La deuxième génération commence à se déployer : c’est celle des couches minces qui vont pouvoir faire baisser de façon sensible le coût des modules photovoltaïques ; ces modules sont beaucoup plus adaptés à l’intégration dans le bâtiment, car ils sont constitués de panneaux noirs, uniformes et relativement plus esthétiques que les panneaux de silicium ; mais les couches minces à base de cadmium, matériau potentiellement toxique, sont plutôt utilisées dans des fermes solaires, pour limiter les risques de diffusion dans l’environnement. Toutes ces technologies de couches minces vont trouver leur marché et sont appelées à coexister. Dans ce domaine, on peut néanmoins estimer qu’il existe une potentialité de rupture technologique à l’image de celle qui s’est produite voilà quelques années dans le domaine des matériaux supraconducteurs 1 , où la percée scientifique a résulté de ce qu’on s’est mis à étudier les composés à quatre ou cinq constituants plutôt que de s’en tenir au corps pur. La technologie des couches minces, par essence, portent en elle cette potentialité de rupture car il est possible de tester des mélanges différents pour obtenir des propriétés meilleures que celles que l’on connaît actuellement. On doit pouvoir ainsi faire progresser beaucoup les rendements et surtout abaisser les coûts. D’autres technologies émergentes devraient permettre d’amenuiser les coûts tout en assouplissant considérablement les conditions de mise en œuvre, pouvant prendre alors la forme de film ou de peinture. Elles se distinguent en deux grandes branches : d’un côté, les produits organiques, à base de polymères 1 En 1986, les travaux de Georg Bednorz et Alexander Müller, au laboratoire de recherche d’IBM à Zürick, ont permis de relever d’un coup la température du phénomène de supraconductivité, qu’il semblait impossible de faire progresser depuis 1973. Ce succès leur a valu le prix Nobel dès l’année suivante.

— 277 — conducteurs photovoltaïques, de l’autre, les surfaces photovoltaïques obtenues par dépôt de nanoparticules. Il s’agit donc d’un domaine foisonnant au niveau de la recherche. Comme, de plus, il offre désormais de réelles perspectives de marché compte tenu des dispositifs de soutien public mis en place à travers le monde, il représente, à l’heure actuelle, un enjeu scientifique et technologique majeur ; à terme, en France, l’énergie solaire pourrait représenter 4 à 5% de la fourniture d’énergie. Cependant, il ne sert à rien de faire des efforts importants sur le capteur si par ailleurs on ne parvient pas à diminuer le coût de la pose, lequel représente encore la moitié du prix du module. Récemment, Saint-Gobain a fait une alliance avec Shell Solar pour créer une joint-venture qui s’appelle « Avancis », laquelle doit fabriquer des panneaux CIGS (Cuivre Indium Gallium Sélénium) grâce à une usine implantée à Torgau, en Saxe. Saint-Gobain maîtrise très bien la fabrication industrielle consistant à mettre des couches sur du verre et fournit le verre à couches qui permet de fabriquer les panneaux. Shell apporte la technologie CIGS qui, à l’origine, avait été mise au point par Siemens. Ils comptent devenir un des acteurs majeurs du secteur assez rapidement et monter de nouvelles usines là où il y aura un marché, c'est pourquoi ils ont commencé leur implantation en Allemagne. En France, il faudrait qu’apparaissent des acteurs sérieux qui s’engagent sur le long terme et puissent assurer la maintenance. Actuellement, le domaine photovoltaïque alimente une bulle technologique, comme celle qui s’est développée à la fin des années quatre-vingtdix avec les technologies de l’information : toutes les entreprises qui se situent en aval sont surévaluées sur le marché boursier. Néanmoins, il y aura, à terme, constitution d’une véritable filière industrielle. C’est le rôle de l’État de soutenir certaines filières énergétiques, afin d’avoir ensuite un avantage compétitif. Etant donné que l’État ne peut subventionner directement les industriels, il peut accorder un avantage fiscal aux particuliers, ce qui permet de développer une industrie, en créant une demande significative. Saint-Gobain détient 30% des parts du marché mondial des ventes de panneaux en verre servant de support aux capteurs en silicium. Il s’agit là d’un verre spécial, qui doit laisser entrer les photons, donc être assez transparent, mais avec une texture permettant d’obtenir que le minimum de photons en sorte. De plus, il est conçu de façon que les rayons solaires soient reçus en biais, pour qu’ils traversent un peu plus la couche de silicium et que le rendement photovoltaïque en soit augmenté. Saint-Gobain vend aussi beaucoup de fibres au carbure de silicium qui servent à la découpe des lingots de silicium. Pour Saint-Gobain, l’énergie solaire constitue dans son ensemble un marché extrêmement intéressant ; son réseau de distribution commence d’ailleurs à proposer dans tous les pays, en Allemagne en particulier, des offres de montage de panneaux photovoltaïques

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conducteurs photovoltaïques, de l’autre, les surfaces photovoltaïques obtenues par<br />

dépôt de nanoparticules.<br />

Il s’agit donc d’un domaine foisonnant au niveau de la recherche. Comme,<br />

de plus, il offre désormais de réelles perspectives de marché compte tenu des<br />

dispositifs de soutien public mis en place à travers le monde, il représente, à<br />

l’heure actuelle, un enjeu scientifique et technologique majeur ; à terme, en<br />

France, l’énergie solaire pourrait représenter 4 à 5% de la fourniture d’énergie.<br />

Cependant, il ne sert à rien de faire des efforts importants sur le capteur si par<br />

ailleurs on ne parvient pas à diminuer le coût de la pose, lequel représente encore<br />

la moitié du prix du module.<br />

Récemment, Saint-Gobain a fait une alliance avec Shell Solar pour créer<br />

une joint-venture qui s’appelle « Avancis », laquelle doit fabriquer des panneaux<br />

CIGS (Cuivre Indium Gallium Sélénium) grâce à une usine implantée à Torgau,<br />

en Saxe. Saint-Gobain maîtrise très bien la fabrication industrielle consistant à<br />

mettre des couches sur du verre et fournit le verre à couches qui permet de<br />

fabriquer les panneaux. Shell apporte la technologie CIGS qui, à l’origine, avait<br />

été mise au point par Siemens. Ils comptent devenir un des acteurs majeurs du<br />

secteur assez rapidement et monter de nouvelles usines là où il y aura un marché,<br />

c'est pourquoi ils ont commencé leur implantation en Allemagne. En France, il<br />

faudrait qu’apparaissent des acteurs sérieux qui s’engagent sur le long terme et<br />

puissent assurer la maintenance.<br />

Actuellement, le domaine photovoltaïque alimente une bulle<br />

technologique, comme celle qui s’est développée à la fin des années quatre-vingtdix<br />

avec les technologies de l’information : toutes les entreprises qui se situent en<br />

aval sont surévaluées sur le marché boursier. Néanmoins, il y aura, à terme,<br />

constitution d’une véritable filière industrielle. C’est le rôle de l’État de soutenir<br />

certaines filières énergétiques, afin d’avoir ensuite un avantage compétitif. Etant<br />

donné que l’État ne peut subventionner directement les industriels, il peut accorder<br />

un avantage fiscal aux particuliers, ce qui permet de développer une industrie, en<br />

créant une demande significative.<br />

Saint-Gobain détient 30% des parts du marché mondial des ventes de<br />

panneaux en verre servant de support aux capteurs en silicium. Il s’agit là d’un<br />

verre spécial, qui doit laisser entrer les photons, donc être assez transparent, mais<br />

avec une texture permettant d’obtenir que le minimum de photons en sorte. De<br />

plus, il est conçu de façon que les rayons solaires soient reçus en biais, pour qu’ils<br />

traversent un peu plus la couche de silicium et que le rendement photovoltaïque en<br />

soit augmenté. Saint-Gobain vend aussi beaucoup de fibres au carbure de silicium<br />

qui servent à la découpe des lingots de silicium. Pour Saint-Gobain, l’énergie<br />

solaire constitue dans son ensemble un marché extrêmement intéressant ; son<br />

réseau de distribution commence d’ailleurs à proposer dans tous les pays, en<br />

Allemagne en particulier, des offres de montage de panneaux photovoltaïques

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