05.11.2014 Views

RAPPORT - Prebat 2

RAPPORT - Prebat 2

RAPPORT - Prebat 2

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

— 22 —<br />

visibilité qui déclenche plus vite l’alerte chez les concurrents potentiels.<br />

Christian Ngô, qui a exercé une mission de conseil auprès du gouvernement<br />

vietnamien, a d’ailleurs signalé que la participation à un pôle de<br />

compétitivité constitue paradoxalement un risque, car c’est une manière de<br />

faciliter la tâche de veille pour des entreprises concurrentes, surtout celles<br />

qui se trouvent très éloignées géographiquement ;<br />

- ensuite, toute coopération entre recherches publique et privée élargie à<br />

plusieurs entreprises potentiellement concurrentes crée pour chacune la<br />

tentation d’un attentisme rationnel ; car chacune a intérêt à ce que les autres<br />

fassent un effort d’investissement pour faire progresser une recherche dont<br />

toutes profiteront de toute façon. D’après certains interlocuteurs de vos<br />

rapporteurs, les programmes communautaires de recherche sont<br />

malheureusement structurés d’une manière qui, parfois, encourage ce genre<br />

de comportement.<br />

Ainsi, il paraît difficile pour des représentants de l’État d’impliquer les<br />

acteurs privés de la recherche dans une vaste consultation, permettant de recueillir<br />

toutes les informations nécessaires à l’organisation d’un effort collectif optimisé.<br />

Cette phase préliminaire à toute tentative pour instaurer de meilleurs mécanismes<br />

d’articulation avec la recherche publique se heurte à des obstacles structurels, liés<br />

à des comportements rationnels en situation concurrentielle. Les services<br />

ministériels en charge du rapport de mai 2007, comme vos rapporteurs à<br />

l’occasion de précédentes missions, en ont fait l’expérience.<br />

Les entreprises publiques vont certes accepter de se prêter à une<br />

coopération voulue par leur actionnaire principal ; et, par exemple, les recherches<br />

sur les réacteurs nucléaires de quatrième génération reposent sur une bonne<br />

entente entre les partenaires français. Par ailleurs, une situation de rattrapage, avec<br />

des enjeux de secret industriel moindres, peut également créer une adhésion<br />

spontanée à un effort coopératif de la part des grands acteurs privés ; il sera ainsi<br />

certainement possible d’obtenir l’union sacrée des industriels français pour un<br />

rattrapage du retard dans le domaine de l’énergie solaire. Mais une démarche<br />

générale systématique relevant d’une sorte d’exercice de planification paraît en<br />

revanche très difficile.<br />

En dépit de cette situation structurelle d’asymétrie d’informations entre<br />

l’État et les acteurs privés, il existe cependant une manière de créer les conditions<br />

d’une articulation minimale entre les recherches publique et privée ; elle a été<br />

rappelée à vos rapporteurs par M. Alain Bugat, Administrateur général du CEA lors<br />

de son audition du 19 juin 2008 : elle consiste à mener une politique publique<br />

cohérente et déterminée. Car une démarche de l’État claire et forte fixe un cap pour<br />

les anticipations des investisseurs, et a un effet d’entraînement sur la recherche<br />

privée. Or, une fois l’engagement des acteurs acquis, une concertation pragmatique,<br />

et non pas programmatique, pour organiser un partage des tâches avec la recherche<br />

publique, au cas par cas, dans chaque domaine concerné, est beaucoup plus facile à<br />

instaurer, sous réserve qu’existent les instances de pilotage adéquates.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!