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RAPPORT - Prebat 2

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Ce freinage est inhérent à tout effort collectif important, et a heureusement<br />

pour contrepartie la stimulation de la demande nourrie par la redistribution, à<br />

travers d'autres circuits, de la dépense effectuée pour réaliser l'investissement.<br />

Cette stimulation peut même l'emporter sur le freinage en cas de financement par<br />

l'emprunt ; car, dans ce cas, la hausse des impôts ou des prix peut être différée<br />

jusqu'au moment des remboursements.<br />

Tout l'enjeu d'un investissement collectif important consiste alors en ce<br />

qu'il doit produire, par lui-même, les revenus supplémentaires permettant de<br />

rembourser les emprunts contractés pour le réaliser. Typiquement, l'implantation<br />

d'un nouvel équipement routier ou ferroviaire, si elle est bien conçue, doit générer<br />

un supplément d'activité économique augmentant le revenu global de la population<br />

et donc la ressource fiscale ; à long terme, l'investissement finance les emprunts<br />

qui ont permis de le réaliser.<br />

Avec l'investissement dans le captage et stockage du gaz carbonique,<br />

l'effet initial de stimulation peut certes intervenir en cas de financement par<br />

l'emprunt 1 , mais de toute façon, à terme, aucune activité économique<br />

supplémentaire, et donc aucune matière fiscale supplémentaire n'est générée. A<br />

moins de supposer un effet d'offre induit par un mieux être de la population face à<br />

une diminution des risques de changement climatique, le captage et stockage du<br />

gaz carbonique constitue d'un point de vue économique une dépense pure,<br />

financée immédiatement ou à terme par un prélèvement sur le revenu global, sans<br />

contrepartie sous forme d'augmentation du potentiel productif. Cet effet de<br />

freinage était une préoccupation forte des divers interlocuteurs américains<br />

sollicités sur ce sujet, lors de la visite de vos rapporteurs aux États-Unis.<br />

La seule contrepartie possible résulte de l'effet d'entraînement engendré<br />

par l'investissement dans des technologies nouvelles, selon le mécanisme dit "de la<br />

croissance endogène" mis à jour notamment par Paul Romer et Robert Lucas vers<br />

la fin des années quatre-vingt : le progrès technique stimule le progrès technique,<br />

toute impulsion renforce son rythme et entraîne la croissance dans son sillage, en<br />

dynamisant l'offre 2 . Le contenu technologique du dispositif de captage et stockage<br />

du gaz carbonique est limité, puisqu’il repose pour partie sur des procédés déjà<br />

bien maîtrisés ; en conséquence, son impact en termes de dynamisation de la<br />

croissance est sans doute réduit. C'est une des raisons peut-être de la préférence<br />

marquée des Japonais pour l'investissement dans l'efficacité énergétique, qui<br />

oblige à des sauts dans la conception technologique, ce que la NEDO a démontré<br />

en expliquant à vos rapporteurs les recherches qu'elle pilotait sur les centrales<br />

électriques à charbon, par exemple.<br />

1 Pour ne pas exagérer les inconvénients, on laissera ici de côté l’effet dit « Ricardo-Barro », qui annihile la<br />

stimulation initiale même en cas d’emprunt, du fait que les contribuables anticipent l’augmentation future des<br />

impôts, nécessaire pour faire face aux remboursements, en réduisant immédiatement leur consommation.<br />

2 Romer Paul : Increasing Returns and Long Run Growth, Journal of Political Economy, octobre 1986; Robert<br />

Lucas : On the Mechanics of Economic Development, Journal of Monetary Economics, juillet 1988.

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