PARTIEL E43 SLM - Atelier des Sciences du Langage
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2007 - C. Colin<br />
<strong>PARTIEL</strong> <strong>E43</strong> <strong>SLM</strong><br />
SESSION 1 - 27 avril 2007 - Mme COLIN<br />
CORRIGE<br />
Sujet proposé<br />
En 1967, Denis Girard (linguiste et didacticien canadien) affirmait :<br />
"En critiquant les métho<strong>des</strong> en vogue à la fin <strong>du</strong> 19 ème siècle, Sweet déclare : 'ces métho<strong>des</strong><br />
ont échoué parce qu'elles sont fondées sur une connaissance insuffisante de la science <strong>du</strong><br />
langage'. Cette science <strong>du</strong> langage, qui devait être pour Sweet une base indispensable de<br />
toute bonne méthodologie <strong>des</strong> langues, s'est surtout constituée au 20 ème siècle".<br />
Denis Girard, Les langues vivantes, 1967<br />
A la lumière de vos connaissances, vous commenterez cette citation, en adoptant la<br />
méthodologie <strong>du</strong> commentaire de citation vue en classe.<br />
Critères de notation<br />
Le suivi de la méthodologie <strong>du</strong> commentaire de citation (méthodologie vue en cours, et<br />
également à votre disposition lors de l'examen) était primordial ici. C'était le critère principal<br />
de notation : certaines copies, même un peu "justes" dans leur contenu ont pu avoir la<br />
moyenne si le développement suivait la méthode atten<strong>du</strong>e.<br />
de 14 à 17: bonne problématique, bon suivi de la méthode <strong>du</strong> commentaire.<br />
de 10 à 13: problématique "décalée" mais méthode suivie, ou copie lacunaire malgré une<br />
bonne problématique et un plan correct.<br />
de 6 à 9 : non suivi de la méthode (pas de deuxième partie nuançant la citation), souvent<br />
corrélé à un hors sujet.<br />
de 2 à 5 : copies vi<strong>des</strong> ou lacunaires.<br />
Statistiques :<br />
Moyenne générale = 9,83<br />
Répartition <strong>des</strong> copies :<br />
2 - 5 6 - 9 10 - 13 14 - 17<br />
6 28 11 12<br />
Conseils méthodologiques<br />
Ce qu'il ne fallait pas faire :<br />
1. Un inventaire <strong>des</strong> métho<strong>des</strong>, ou "plaquage" de cours.<br />
L'intérêt d'un tel sujet est votre raisonnement. Il s'agissait, comme nous l'avions vu en cours,<br />
d'expliquer dans une première partie la citation, puis de la nuancer, la remettre en question<br />
dans une deuxième partie. Un trop grand nombre de copies ont récité le cours, en expliquant<br />
en 1 les métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 19 ème , et en 2 les métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 20 ème (ou vice-versa), donnant lieu à un<br />
inventaire <strong>des</strong> métho<strong>des</strong>. Ce type de plan n'était pas celui demandé et n'a pas d'intérêt en<br />
termes de réflexion : vous devez, dans ce type de devoir, démontrer quelque chose.
2007 - C. Colin<br />
2. Ne pas répondre à votre problématique.<br />
La problématique est la question que pose le sujet (cf ci-<strong>des</strong>sous). Votre devoir doit y<br />
répondre, et vous devez toujours l'avoir en tête. C'est ce qu'on appelle "revenir au sujet" :<br />
lorsque vous rédigez votre développement, demandez-vous toujours si vous êtes en train de<br />
répondre à votre problématique. Si vous la perdez de vue, vous avez de fortes chances de<br />
faire <strong>du</strong> hors-sujet. Votre plan doit en découler! Un bon nombre de copies avait une<br />
problématique recevable puis partait sur un plan qui n'avait aucun rapport.<br />
La problématique est la base de votre devoir : c'est le point de départ de votre plan, et donc<br />
de votre réflexion.<br />
3. Prendre position et décider de la meilleure méthode d'enseignement <strong>des</strong> langues<br />
étrangères.<br />
Un devoir de ce type vise l'objectivité. Vous pouvez parler <strong>des</strong> limites d'une méthode, mais<br />
vous n'êtes pas en position de dire qu'elle est mauvaise, ou qu'une autre est meilleure.<br />
Vous n'avez pas à formuler de jugement moral.<br />
Ce qu'il fallait faire :<br />
1. Respecter scrupuleusement la méthode vue en cours, que ce soit pour l'intro<strong>du</strong>ction ET<br />
pour le développement. C'est-à-dire, une intro<strong>du</strong>ction avec toutes les étapes (amorce,<br />
reformulation de la citation, problématique, annonce <strong>du</strong> plan) et un développement<br />
dialectique (c'est-à-dire qui cherche à montrer quelque chose, comme dans une discussion :<br />
premièrement, une explication <strong>du</strong> point de vue exprimé dans la citation, deuxièmement une<br />
remise en question, ou une nuance de ce point de vue), puis une conclusion.<br />
2. Rédiger un devoir cohérent et organisé: il fallait répondre à votre problématique avec une<br />
argumentation en rapport avec celle-ci. Il n'y avait pas besoin de réciter tout ce que vous<br />
saviez sur les métho<strong>des</strong> dont vous parliez, il fallait que cela soit organisé par rapport à votre<br />
problématique (ex: si votre problématique parlait <strong>du</strong> lien entre didactique et linguistique, vous<br />
n'aviez pas à me réciter les limites et les intérêts de chaque méthode!).<br />
Conseils stylistiques<br />
Attention à quelques erreurs d'usage :<br />
*baser sur = s'entend beaucoup à l'oral, mais est souvent considéré comme un anglicisme.<br />
Préférez "fonder sur"<br />
* malgré que = trouvé très rarement, à la place de "Malgré + N", ou "malgré le fait que". C'est<br />
une erreur d'usage qui peut vous couter cher (à l'écrit comme à l'oral)<br />
* pallier à = pallier est un verbe transitif direct. On pallie les défauts d'une méthode (pallier +<br />
cod)<br />
De manière générale, cherchez la concision. Faites <strong>des</strong> phrases courtes, vous gagnerez en<br />
clarté (Ne tentez pas d'imiter Proust, visez plutôt Camus…. sujet verbe complément!).
2007 - C. Colin<br />
Corrigé<br />
→ Mots-clefs de la citation :<br />
• métho<strong>des</strong> fin 19 ème<br />
• échoué<br />
• connaissance insuffisante de la science <strong>du</strong> langage<br />
• base indispensable<br />
• bonne méthodologie<br />
• constitution au 20 ème siècle.<br />
→ Point de vue exprimé dans la citation :<br />
Le linguiste contemporain D. Girard reprend les propos <strong>du</strong> linguiste britannique Sweet, qui<br />
reprochait en son temps aux métho<strong>des</strong> d'enseignement <strong>des</strong> langues étrangères d'être<br />
inefficaces, parce qu'elles ne se fondaient pas sur "la science <strong>du</strong> langage", c'est-à-dire la<br />
linguistique. Pour Sweet, toute "bonne" méthode devait se fonder sur cette science <strong>du</strong><br />
langage ; selon Girard, cette science <strong>du</strong> langage date <strong>du</strong> 20 ème siècle, et c'est seulement à<br />
partir de cette date que les métho<strong>des</strong> s'appuient sur de véritables courants scientifiques.<br />
Il fallait donc parler dans votre première partie à la fois <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 20 ème<br />
métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 19 ème, puisqu'elles faisaient toutes deux l'objet de la citation.<br />
et <strong>des</strong><br />
→ Le sujet avait l'avantage d'être assez large. Plusieurs problématiques étaient recevables :<br />
1. Quel est le lien entre les sciences <strong>du</strong> langage et les métho<strong>des</strong> d'enseignement <strong>des</strong><br />
langues étrangères? (majorité <strong>des</strong> copies, problématique atten<strong>du</strong>e).<br />
2. L'appui sur la linguistique veut-il dire que les métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 20 ème sont plus efficaces que<br />
les autres? (problématique un peu dangereuse, il ne fallait pas tomber dans la prise de<br />
position ).<br />
Proposition d'intro<strong>du</strong>ction.<br />
Il est courant d'entendre dire que la linguistique commence avec F. de Saussure au<br />
20 ème siècle, pour ensuite se développer comme discipline autonome trouvant <strong>des</strong><br />
applications concrètes, comme la pédagogie.<br />
C'est ce que reflète la citation de Denis Girard, linguiste et didacticien canadien, qui<br />
reprend les propos <strong>du</strong> phonéticien britannique de la fin <strong>du</strong> 19 ème siècle, Henry Sweet. Ce<br />
dernier reprochait aux métho<strong>des</strong> d'enseignement <strong>des</strong> langues étrangères <strong>du</strong> 19 ème siècle leur<br />
manque d'efficacité, qu'il attribuait au fait qu'elles ne se fondaient pas sur "la science <strong>du</strong><br />
langage". En évoquant cette "science <strong>du</strong> langage", Sweet désignait la linguistique, discipline<br />
qui selon Girard s'est construite au 20 ème siècle.<br />
La question sous-jacente aux propos de D. Girard, et implicitement ceux de Sweet,<br />
est donc de savoir comment s'articule la dépendance entre les deux domaines que sont la<br />
linguistique et l'enseignement <strong>des</strong> langues étrangères. Quel lien y'a-t-il entre les deux<br />
domaines, et comment s'est-il constitué? La linguistique peut-elle être considérée comme<br />
une "base indispensable" de toute méthodologie d'apprentissage <strong>des</strong> langues étrangères?<br />
Dans un premier temps il conviendra d'illustrer le point de vue exprimé par D. Girard,<br />
en expliquant dans quelle mesure les métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 20 ème siècle peuvent être considérées<br />
comme ayant échoué, et en montrant l'appui systématique <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 20 ème siècle sur<br />
différentes théories linguistiques. Dans un deuxième temps, il s'agira de nuancer les propos<br />
de D. Girard en minimisant l'apport de la linguistique dans le renouvellement méthodologique<br />
et en rappelant l'importance <strong>des</strong> facteurs politiques et socio-culturels, en rappelant que les<br />
métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 19 ème siècle s'appuyaient tout de même sur ce qui était disponible en matière<br />
d'analyse de la langue, et en montrant que malgré leurs fondements scientifiques, les<br />
métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 20 ème siècles ont, elles aussi, <strong>des</strong> limites.
2007 - C. Colin<br />
Proposition de plan détaillé.<br />
I. De l'"ère prélinguistique" à "l'ère scientifique" (D. Girard) : vers un souci d'efficacité<br />
A. 19 ème siècle : manque de fondements scientifiques <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> d'enseignement<br />
<strong>des</strong> LE.<br />
→ Méthode grammaire tra<strong>du</strong>ction, méthode naturelle. Un début d'influence de la phonétique<br />
avec la méthode directe, mais reste très marginale.<br />
→ Inefficacité : fin 19 ème l'émergence de la méthode directe en France illustre de façon très<br />
nette l'opposition à la méthode grammaire tra<strong>du</strong>ction pour toutes les limites que l'on connaît<br />
(méthode axée sur la grammaire, sur l'écrit, qui ne vise pas l'apprentissage de la<br />
communication). Mais la méthode directe aura également ses limites (excès inverse de la<br />
méthode grammaire tra<strong>du</strong>ction, comme l'insuffisance de la grammaire, l'exigence en<br />
formation <strong>des</strong> enseignants, la mise en doute <strong>du</strong> principe de non-recours à la tra<strong>du</strong>ction). En<br />
ce qui concerne la méthode naturelle, on ne peut véritablement lui reprocher son inefficacité<br />
(Montaigne en vente les mérites, Gouin au 19 ème également), mais plutot son manque<br />
d'accessibilité et l'impossibilité de la mettre en place en contexte scolaire.<br />
B. 20 ème siècle : "l'ère scientifique" : appui systématique <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> sur la<br />
linguistique<br />
→ 20 ème siècle = avènement de la linguistique comme discipline scientifique. On peut parler<br />
de "science <strong>du</strong> langage", à partir de Saussure qui aura une influence, même si elle est<br />
indirecte, sur l'enseignement <strong>des</strong> langues étrangères (synchronie, conception de la langue<br />
en système)<br />
→ Avènement de la "linguistique appliquée", dont la didactique <strong>des</strong> langues étrangères peut<br />
faire partie. Appui systématique <strong>des</strong> nouvelles métho<strong>des</strong> sur les courants linguistiques :<br />
• Méthode Audio Orale → Bloomfield et structuralisme américain. Engagement même<br />
de Bloomfield dans la conception de la méthode de l'armée, à l'origine de la MAO.<br />
L'exercice structural reflète directement cet appui sur la linguistique.<br />
• Méthode SGAV → linguistique de l'énonciation, recherches en linguistique appliquée<br />
(le Français fondamental)<br />
• Approche communicative → linguistique de l'énonciation, pragmatique,<br />
sociolinguistique.<br />
C. Une meilleure efficacité dans les métho<strong>des</strong> au 20 ème siècle?<br />
→ A partir <strong>du</strong> 20 ème siècle, les métho<strong>des</strong> d'enseignement <strong>des</strong> LE sont guidées par un seul<br />
souci : apprendre à communiquer. On se focalise de plus en plus sur l'apprentissage de la<br />
langue de tous les jours, une langue utile, une langue permettant l'interaction. Chaque<br />
méthode tente de corriger ou d'améliorer les précédentes, jusqu'à prendre de plus en plus<br />
les besoin <strong>des</strong> apprenants avec l'approche communicative. On n'est loin de la conception de<br />
la langue comme "bagage culturel" comme dans le cadre de la méthode grammairetra<strong>du</strong>ction.<br />
→ Les besoins ont évolué depuis le 19 ème siècle : on insiste sur la nécéssité d'apprendre à<br />
communiquer. (permet une transition avec votre deuxième partie, intro<strong>du</strong>it les facteurs<br />
sociaux et culturels).
2007 - C. Colin<br />
II. A l'origine <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> : de multiples apports<br />
A. Importance <strong>des</strong> facteurs culturels, politiques dans l'élaboration <strong>des</strong> métho<strong>des</strong><br />
→ La linguistique sert d'appui scientifique, certes, mais la base <strong>du</strong> renouvellement<br />
méthodologique réside dans certains événements politiques et certaines évolutions<br />
culturelles, et ce depuis toujours :<br />
• Sumer : invasion de Sumer par les Akkadiens → ils apprennent et conservent le<br />
sumérien (langue sacrée)<br />
• Rome : valorisation de la culture grecque → on apprend le grec<br />
• MA: poids de l'Eglise et <strong>du</strong> latin → on apprend le latin<br />
• Renaissance : développement <strong>des</strong> voyages, <strong>des</strong> échanges commerciaux (idem 19 ème<br />
siècle) : on a besoin d'apprendre <strong>des</strong> langues, mais la conception de la langue est<br />
humaniste, c'est un bagage culturel<br />
• XXème siècle : intrusion <strong>du</strong> politique très forte en didactique, avec à l'origine de la<br />
MAO les défaites américaines (Pearl Harbour, le premier Spoutnik), pour la méthode<br />
SGAV la fin de la deuxième guerre mondiale en France, et pour l'approche<br />
communicative le développement de l'Europe.<br />
B. La linguistique <strong>du</strong> 20 ème est tributaire <strong>des</strong> réflexions antérieures sur le langage<br />
→ Si on ne peut parler de linguistique avant le 20 ème , il faut rappeler que l'ère<br />
"prélinguistique" n'est pas dénuée de réflexions sur la langue, dont l'enseignement <strong>des</strong> LE<br />
s'est toujours servi.<br />
Rappeler l'historique de la grammaire : depuis Panini, qui servait à l'apprentissage de la<br />
langue sacrée, les grammaires grecques & latines de Denys de Thrace, Donat, qui ont servi<br />
de modèles aux grammaires médiévales et de la renaissance, ces mêmes grammaires dont<br />
on se servira pour apprendre les langues étrangères à ces époques respectives.<br />
C. Relativité de la notion de "bonne méthode" : jugement subjectif de Sweet qui peutêtre<br />
nuancé.<br />
→ Une méthode comme la méthode grammaire-tra<strong>du</strong>ction avait aussi <strong>des</strong> avantages : elle<br />
in<strong>du</strong>isait en général une bonne maîtrise de l'écrit (lecture en LE en particulier). Certains<br />
exercices comme le thème et la version sont toujours imposés dans les concours<br />
d'enseignement en France : ceux-ci nécessitent et valorisent une compétence grammaticale<br />
importante.<br />
→ Ce type de méthode n'était pas faite pour communiquer : on peut donc facilement lui<br />
reprocher de ne pas être efficace à ce niveau là, mais elle n'était pas conçue pour l'être.<br />
→ Les métho<strong>des</strong> <strong>du</strong> 20 ème siècle ont, elles aussi, <strong>des</strong> limites : on peut même reprocher à la<br />
MAO de s'être TROP fondée sur la linguistique distributionnelle : on se focalisait trop sur<br />
l'aspect mécaniste de la langue, et sur les structures syntaxiques. Les autres métho<strong>des</strong> ontelles<br />
aussi <strong>des</strong> limites (SGAV = pauvreté <strong>des</strong> dialogues, ne permet pas aux élèves de<br />
comprendre facilement <strong>des</strong> natifs entre eux, pauvreté <strong>des</strong> dialogues; approche com = ne<br />
marche pas ds tous les contextes culturels, difficulté à obtenir <strong>des</strong> docs authentiques, le<br />
contexte de la salle de classe empêche la conversation authentique).