Artisanat du bois : une tradition moderne - Réseau Leader

GAL
Thème
fédérateur
Région / RIA
Contact du
GAL
Maître
d’ouvrage
GAL Côte sous le Vent
(FR-GU02)
Valorisation des
ressources naturelles et
culturelles
Guadeloupe
Magguy DORVILLE
Tel : 05 90 80 14
99Magguy.dorville@esp
aces-naturels.fr
Parc national de la
Guadeloupe
Daniel SILVESTRE
Tel : 05 90 80 86
07daniel.silvestre@espa
ces-naturels.fr
Artisanat du bois : une tradition
moderne
Caractéristiques du territoire
La Côte sous le Vent est une partie de la Guadeloupe qui est connue pour sa nature sauvage et préservée, sa valeur
patrimoniale et historique mais aussi pour sa relative pauvreté. Il s'agit de la zone de Guadeloupe où le chômage
est le plus élevé : près de 40% de la population active et la zone française record avec près de 12 % de la
population totale aux RMI (2005).
Pointe-Noire, petite bourgade de la Côte Sous-le-Vent, tient sa renommée de "capitale du bois" des savoir-faire
acquis depuis deux siècles par ses habitants dans les métiers du bois. De l'identification des essences à la
réalisation de meubles, les artisans de Pointe-Noire ont toujours (parfaitement) maîtrisé les diverses techniques. Il
y a, encore trente ans, le quart de la population active de Pointe-Noire se consacrait au sciage du bois. Pointe-
Noire était regardée comme la capitale des scieurs de long. Dans l'ensemble deux styles cohabitent : un
traditionnel et un autre teinté de modernisme. Le bois travaillé va du palmier royal en passant par le "mahogagny"
et l'acajou blanc. Les créations qui nécessitent un travail minutieux vont de la berceuse au bureau en passant par
les armoires.
Présentation de l’opération
Historique et contexte de l’opération
Le travail du bois fait partie intégrante des savoir-faire traditionnels de la zone Côte sous le Vent. La commune de
Pointe-Noire est réputée être la capitale guadeloupéenne du bois de par la qualité du travail de ses artisans. Mais à
la fin des années 60, l'importation de produits manufacturés (métal, plastiques, etc.), de bois étrangers, la
transformation de l'habitat, l'arrivée en Guadeloupe de meubles à bon marché, ont de fâcheuses conséquences sur
la filière bois. En outre, la désaffection des jeunes pour ces métiers menace la transmission des savoir-faire et
participe d'une certaine dévitalisation de la filière. Les artisans sont dispersés sur le territoire et des pratiques
d'économie souterraine existent en parallèle. Or, un vivier de modes de productions traditionnels se maintient et
doit être valorisé, tant auprès des consommateurs qu'auprès des artisans eux-mêmes.
Il y a vingt ans, la création de la Maison du Bois à Pointe-Noire, à l'initiative de l’Association des Métiers du Bois et
de la Forêt et de l’ONF, visait à mettre en place un outil de développement de la filière (vitrine de savoir-faire,
point de commercialisation, lieu de formation, etc.). Des problèmes de gestion et d'entretien insuffisant, ont fait
que cette Maison a perdu peu à peu de son intérêt.
A sa création, en 1989, le Parc National de la Guadeloupe hérite de cet outil situé dans sa zone périphérique
statutaire. Il a lancé en 1996 une réflexion sur la rénovation de cet équipement. La décision est alors prise d'en
faire un élément majeur d'interprétation du patrimoine de la Côte Sous-le-Vent afin de mettre en valeur la culture
et les savoir-faire traditionnels avant qu'ils ne disparaissent totalement.

Par ailleurs, le Parc National de la Guadeloupe (PNG) a été chargé en 1996 de coordonner la réalisation d’un
document de prospective : Plan de Développement Durable de la Côte sous le Vent (PDD CSV). Le Schéma
directeur d'aménagement (SDA), approuvé notamment par le Ministère des finances, fixe les missions du PNG et
son axe III « mettre en oeuvre une démarche de développement durable dans la zone périphérique statutaire ».
Le Plan de développement durable de la Côte sous le Vent (PDD CSV) concerne 4 communes. Du nord au sud :
Deshaies, Pointe Noire, Bouillante et Vieux Habitants. Les 4 communes font partie du territoire LEADER qui
regroupe six autres communes du Sud Basse Terre. Chaque commune a délégué la maîtrise d'ouvrage de la mise
en œuvre du PDD à l'EPPNG 1 par délibération de son conseil municipal.
Le plan de développement durable a une préoccupation patrimoniale transversale à 3 thèmes directeurs que
sont : paysages et cadre de vie, tourisme et agriculture et forêt.
Le PNG souhaitait :
- donner au PDD un contenu opérationnel à la relance de la filière bois en fédérant les partenaires
dans un premier temps, en assurant la transmission des savoirs-faire dans un second temps puis en
oeuvrant à la régénération et à l’utilisation durable de la ressource bois à plus long terme ;
- agir sur l’ensemble des communes concernées par le PDD. En raison de blocages politiques, les
opérations ont dû cependant être déclinées au niveau de chaque commune.
Prenant en compte l’échec de la première tentative d’action commerciale collective au sein de la Maison du
Bois, le PNG a mis l'accent sur l'aspect patrimonial et culturel du corps de métier. Il a mis en place, à partir de
2003, un groupe de réflexion et lancé une série de consultations et de concertation avec les acteurs locaux
concernés, notamment avec des élus, des techniciens, la Chambre de Métiers, l’ONF et un lycée professionnel
de Pointe Noire.
Le fonctionnement
Le projet visait à initier une dynamique autour de la création d’un mobilier « design » afin de faire évoluer les
méthodes des artisans de la Côte sous le Vent. Un forum des métiers du bois a permis d’exposer la démarche au
public et d’organiser une réflexion approfondie sur la filière bois.
Une association bien intégrée sur le territoire « Bwa Dou Bout » et participant aux consultations a enquêté
auprès des 70 artisans locaux et a travaillé avec un consultant (SEPIO) pour un diagnostic exhaustif de leur
situation. Elle a, par ailleurs, participé à la préparation des supports, des brochures et des actes du forum.
En ce qui concerne l’ébénisterie, le diagnostic décrit un secteur artisanal traditionnel proche de la production
d’œuvres d’art en petites séries. Les professionnels y ont des savoir-faire originaux mais adaptent les lignes de
leurs créations en fonction des modèles de style européen. Les meubles produits ne répondent guère aux
attentes des consommateurs actuels en dehors d’une frange privilégiée de la population guadeloupéenne.
Initialement, le PNG pensait organiser un concours de création de mobilier « design » parmi l’ensemble des
artisans locaux. Par « design », il faut entendre une ligne contemporaine et renouvelée. Face aux réticences
d’un grand nombre d’artisans, la réalisation de prototypes suivant une ligne pré-définie a été privilégiée. Une
ligne originale a été conceptualisée par un architecte d’intérieur guadeloupéen. Celle-ci repose sur la réappropriation
d’un archétype de l’architecture créole (le caillebotis), dont les caractéristiques seraient
transposées et magnifiées pour devenir un objet de design. Cette ligne peut être déclinée en plusieurs objets
utilitaires et décoratifs, tels que tabouret, banc, table basse…
Parmi les artisans initialement intéressés par la démarche, vingt d’entre eux sont finalement allés jusqu’à la
réalisation des prototypes. Quatre d’entre eux ont été finalement retenus pour l'exposition durant le forum. Le
comité de sélection a jugé que parmi les quatre artisans, seuls deux d’entre eux avaient réellement respecté le
cahier des charges tandis que les deux autres avaient rencontré des difficultés qui peuvent s’expliquer par un
manque de structuration et d’inadéquation technique ou un manque de finition et d’intérêt à se confronter à de
nouveaux savoirs.
Par ailleurs, des rencontres préalables entre artisans d’une part, entre artisans et clientèle potentielle d’autre
part ont été organisées afin de confronter points de vue, échanger les bonnes pratiques et avoir une première
impression du public.
1 EPPNG : Etablissement Public Parc National de Guadeloupe

Le 1 er forum des métiers du bois, qui s'est tenu dans le cadre de la Maison du Bois, a permis de mettre en avant
une ligne inédite de meubles imprégnée de l’art traditionnel du bois en Guadeloupe. Les débats y ont été
organisés autour de 4 thématiques identifiées dans le diagnostic. Les ateliers avaient pour intitulé : « les
métiers, les techniques de production et l’organisation de la production », « transmission des savoir-faire et
l’emploi », « les attentes de la demande et exigences du marché » et un groupe de discussion sur le mobilier
contemporain.
Dans le même temps, le pôle "expositions" présentait un projet similaire mené en Guyane, avec un atelier de
démonstration de réalisation de maquettes. Il s’agit d’une ligne de meubles contemporaine produite par des
artisans guyanais (artisans Bushinengués) qui ont travaillé avec l’école d’architecture de Grenoble. Celle-ci a
notamment remporté des prix internationaux. L’université est intervenue en tant que support technique et
commercial, et face aux faibles capacités productives guyanaises, la production en séries limitées a été confiée
à des artisans savoyards. La Guadeloupe a pu se rapprocher de ce territoire sur la thématique bois.
Le diagnostic et les réflexions issues de ce 1 er forum ont permis de constater que la profession souffre de
plusieurs handicaps qui menacent sa pérennité parmi lesquels : l’inadaptation de l’outil de production, la forte
concurrence de produits importés, l'image brouillée du mobilier produit localement ou encore l'inadaptation
entre le système de formation des jeunes et les réalités du marché. Des atouts incitent cependant à
l’optimisme : un savoir-faire traditionnel à fort contenu culturel, une volonté politique de relance, des artisans
demandeurs et motivés et un outil fédérateur à valoriser, la Maison du Bois.
Les partenaires
- Financiers :
Leader+, Région Guadeloupe
- Non financiers :
Commune de Pointe-Noire, Chambre de Métiers, le gestionnaire de la Maison du Bois (SEMAG), les associations
Libinawan, Gaiac et Bwa Dou Bout, agence SEPIO, les artisans de la Côte sous le Vent, les distributeurs
Le plan de financement prévisionnel
Recettes Montant en % Dépenses Montant en Euros
Euros
Montant FEOGA 72 056,13 75% Diagnostic experts
Contribution Publiques
18% Démarche design 49 083,75
Région 17 293,47
Contributions privées
6 725,24 7%
20 557,61
Autofinancement PNG
frais Intervenants 5407, 84
atelier et forum
Frais généraux 11 394
forum
Assistance
technique PNG
9631,64
TOTAL 96 074, 84 100% 96 074, 84
Les objectifs
- Faire évoluer la filière du bois actuellement en perte de vitesse vers une orientation plus contemporaine
tout en préservant une dimension patrimoniale importante.
Plus précisément, il s'agit de :
- identifier les données technico-économiques de la filière bois, les exigences actuelles des
consommateurs et des distributeurs locaux afin de mieux positionner la relance de la création artisanale
de la zone ;
- travailler sur de nouvelles lignes de meubles conciliant tradition et modernité à travers une démarche
expérimentale de design ;
- découvrir la démarche de modernisation initiée par les artisans Bouchiningués de la Guyane avec l'école
d'architecture de Grenoble, afin d'enrichir la démarche locale.

Les résultats
Le calendrier de mise en œuvre des actions a été le suivant :
- Avril – juin 2005 : réalisation des diagnostics et réalisation de prototypes design ;
- 7/8 juillet 2005 : mise en place d'un forum sur les métiers du bois;
- Eté 2005 : synthèse des propositions à partir de l'enquête et des travaux du forum ;
- Septembre 2005 : présentation des pistes d'action aux partenaires.
En terme de fréquentation du public, les résultats sont mitigés. La fermeture pour travaux du site de la Maison
du Bois pendant l’année précédent l’événement a rendu difficile la communication autour du projet.
Le public présent s’est montré curieux à l’égard du mobilier « design », notamment pour le travail effectué sur
le bois (volume réduit…) mais est resté dubitatif quant au prix de sortie encore trop élevé. La démarche a été
par ailleurs mal interprétée par les élus locaux qui ont craint le dévoiement des savoir-faire traditionnels des
artisans.
Une autre difficulté réside dans la commercialisation en série des prototypes qui se heurte à l’inadaptation des
unités de production des artisans locaux. Le PNG envisage cependant à long terme d’en dynamiser la production
en étudiant les possibilités de recourir à la commande publique et d’obtenir un accord permettant de disposer
du modèle et de le présenter sur des salons internationaux (Biennale de Saint Etienne en 2008…).
Suite au forum, les organisateurs ont cherché à clarifier les enjeux du projet et plusieurs projets ont pu être
initiés dans la lancée :
- La commune, le Gal et un consultant travaillent actuellement à la mise en place d'un atelier d'insertion
de jeunes basé sur le bois. Il s’agit d’un travail de valorisation des déchets de bois issus des unités de
production des artisans par le biais de la technique écologique du lamellé-collé. Cette technique utilise
moins de matière qu’un assemblage traditionnel pour produire des objets de souvenirs. Ce projet, qui a
reçu le soutien du GAL, doit se dérouler entre juillet 2006 et mars 2007 ;
- Le renforcement du partenariat commercial avec la Guyane pour l’importation de bois tropicaux ;
Leader+ a permis l’expérimentation par la combinaison de différentes actions (études, fabrication d'un
prototype, débats, échanges entre professionnels). Le projet témoigne d’une réflexion transversale et
multisectorielle sur la revitalisation de la filière bois et plus particulièrement de la branche ébénisterie. Les
enjeux sont à la fois d’ordre économique et social (emploi des jeunes), environnemental (question du recyclage
des déchets) et culturel (valorisation de l’image et des savoir-faire guadeloupéens).
Présentation des spécificités
Articulation au projet de territoire
L’opération participe à la dynamisation d'un des axes de développement du territoire. C'est le point de départ
de nouveaux projets en cours de formalisation initiés tant par des opérateurs publics que privés. Le diagnostic et
les actes du forum donnent des points de repère économiques et techniques sur la filière et les savoir-faire par
rapport à d'autres territoires de l'archipel de Guadeloupe.
Il s’agit d’une des réponses opérationnelles de la stratégie du PNR et des autorités locales partenaires en faveur
de la stratégie de soutien à la filière bois. Elle s’inscrit dans la continuité des documents stratégiques et de
diagnostic élaborés en amont et en concertation avec les communes du territoire (schéma directeur
d’aménagement et Plan de Développement Durable à destination des différentes communes de la Côte Sous-le-
Vent). Elle reprend en particulier les éléments du diagnostic territorial de la commune de Pointe-Noire qui a mis
en évidence l’importance du bois. Elle est complémentaire des actions de la commune dans la mesure où le PNR
défend avant tout une approche patrimoniale et culturelle de la filière bois.

Partenariat / Mise en réseau
Le cœur du projet est aussi de relancer la fédération des artisans du bois du territoire. Après un premier échec,
la Maison du Bois est de nouveau pris comme élément fédérateur de ces initiatives. L’organisation d’un
événement fondateur doit permettre de prolonger une mise en réseau nécessaire à la restructuration et à
l’adaptation collective d’une branche professionnelle en voie de disparition. Le partenariat du projet a été
multisectoriel au travers des consultations et concertations d’un panel large d’acteurs du territoire.
Le diagnostic démontre aussi qu'il y a des créneaux porteurs à prendre en compte mais les résultats sont
encore modestes. Les difficultés de mobiliser les artisans tiennent à des éléments endogènes et
structurels : résistance à des lignes plus épurées, difficultés structurelles de la filière, pratiques techniques
et commerciale figées et individualisées… il s’agit avant tout d’un projet « descendant » de relance d’une
filière professionnelle dans laquelle une ambition collective peine à émerger de manière autonome, hormis
la demande en ce sens exprimée par les jeunes.
A noter la confrontation avec l’expérience d’un autre territoire (Guyane) qui a mené une démarche similaire.
Articulation avec les priorités de l’UE
L’opération vise notamment à répondre au déclin d’une filière de production par l’intégration de considérations
environnementales. Le développement d’une ligne de mobilier originale ne peut s'opérer que dans le cadre d'une
démarche de préservation de la ressource naturelle en sensibilisant aussi sur la question des déchets bois et de
leur recyclage par la création de nouveaux produits.
L’opération prend en compte les priorités transversales dans sa quête de solution pour la transmission et la
formation des jeunes lors du diagnostic et des discussions du forum.