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pathologie tumorale

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- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

VI. - PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

GÉNÉRALITÉS SUR LES TUMEURS ................................................................... VI-1<br />

TUMEURS BÉNIGNES .......................................................................................... VI-6<br />

TUMEURS MALIGNES: GÉNÉRALITÉS .............................................................. VI-13<br />

HISTOIRE NATURELLE DES TUMEURS MALIGNES ......................................... VI-18<br />

CARCINOMES ....................................................................................................... VI-33<br />

SARCOMES........................................................................................................... VI-38<br />

LES PROLIFÉRATIONS DES LIGNÉES HÉMATOPOÏETIQUES......................... VI-41<br />

TUMEURS MÉLANIQUES - TUMEURS MÉSOTHELIALES - TUMEURS<br />

NERVEUSES - TUMEURS EMBRYONNAIRES.................................................... VI-44<br />

CONTRIBUTION DE L’ANATOMIE PATHOLOGIQUE À LA PRATIQUE<br />

CANCÉROLOGIQUE............................................................................................. VI-45<br />

A. - GÉNÉRALITÉS SUR LES TUMEURS<br />

L’Anatomie Pathologique des tumeurs a une grande importance à la fois<br />

théorique et pratique. Elle est le fondement du diagnostic et de la classification des<br />

tumeurs et elle règle en partie leur pronostic.<br />

1. - ÉLÉMENTS DE VOCABULAIRE<br />

Le terme de tumeur est très ancien et il est difficile d’en donner une définition<br />

satisfaisante. Le langage courant, le langage médical, le langage des spécialités<br />

médicales, lui donnent des sens différents et de plus, le sens du terme a beaucoup<br />

varié au cours de l’histoire de la médecine. Initialement, tumeur avait une<br />

signification clinique et macroscopique et désignait toute augmentation anormale de<br />

volume d’un organe ou d’une partie du corps. Au fur et à mesure que la médecine, la<br />

nosologie et l’anatomie pathologique progressaient, on a compris que ces<br />

augmentations de volume pouvaient correspondre à des phénomènes très divers. Le<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

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- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

champ des tumeurs s’est alors réduit aux proliférations tissulaires excessives.<br />

Toute prolifération tissulaire excessive cependant n'est pas une tumeur puisque<br />

certaines proliférations tissulaires sont en fait des phénomènes inflammatoires, des<br />

phénomènes dystrophiques ou des malformations.<br />

A) PROLIFÉRATIONS TISSULAIRES PSEUDO-TUMORALES<br />

1) Une réaction inflammatoire chronique<br />

avec sclérose importante peut simuler une tumeur. On parle parfois dans ce<br />

cas de pseudo-tumeur inflammatoire. Exemple: pseudo-tumeur à corps étranger,<br />

abcès péri-colique avec réaction scléreuse provoqués par une sigmoïdite<br />

diverticulaire et simulant cliniquement un cancer du colon.<br />

2) Certaines proliférations tissulaires<br />

notamment au niveau des organes génitaux et des glandes endocrines sont<br />

dues à un dérèglement des stimulations hormonales. Il s'agit d'hyperplasies.<br />

3) Les malformations pseudo-<strong>tumorale</strong>s<br />

que l’on désigne sous le nom d’hamartomes, sont des lésions fréquentes. Il<br />

s’agit de proliférations se présentant comme une tumeur et qui résultent d’une<br />

anomalie d’organisation du tissu dans lequel elles se développent. Les cellules qui<br />

prolifèrent ne sont pas néoplasiques, elles sont semblables à des cellules normales<br />

mais se disposent anormalement. On définira donc l’hamartome comme un<br />

agencement anormal des cellules normalement présentes dans l’organe où il se<br />

développe. Le défaut d’organisation peut n’apparaître qu’au cours de la vie, la lésion<br />

n’étant pas forcément congénitale.<br />

Il y a des hamartomes dans tous les tissus, les plus fréquents de très loin sont<br />

les hamartomes cutanés que l’on appelle des nævus. Ce terme ne regroupe pas<br />

uniquement les lésions du système mélanique (nævus naevocellulaire) mais<br />

également des lésions de l’épiderme (nævus verruqueux).<br />

Lorsque l’origine d’une prolifération tissulaire est une malformation, un<br />

processus inflammatoire, ou une dystrophie, la prolifération est limitée dans le temps<br />

et dans l’espace.<br />

B) TUMEURS PROPREMENT DITES<br />

Définition: Une tumeur est une masse tissulaire en excès constituée par une<br />

prolifération tissulaire ou cellulaire anormale, théoriquement indéfinie, échappant aux<br />

mécanismes de régulation de l’organisme.<br />

Cette définition reste vague: elle n’est pas satisfaisante car elle réunit un grand<br />

nombre d’états pathologiques disparates et même foncièrement différents. C’est<br />

cependant la définition la moins mauvaise que l’on puisse proposer.<br />

L’idée de prolifération anormale et autonome est exprimée dans le terme de<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

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- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

néoplasie (ou néoplasme) utilisé comme synonyme de tumeur avec cependant un<br />

sens beaucoup plus restrictif, qui exclut donc les lésions pseudo-<strong>tumorale</strong>s.<br />

C) POLYPES - POLYPOSES - KYSTES.<br />

Le mot de polype, terme macroscopique, désigne toute formation en saillie plus<br />

ou moins pédiculée à la surface d’une muqueuse. Ceci ne préjuge nullement de sa<br />

nature histologique, ni de la physio<strong>pathologie</strong> de la lésion: au niveau du colon ou du<br />

rectum, il existe des polypes hyperplasiques, des polypes inflammatoires, des<br />

polypes hamartomateux et des polypes néoplasiques. Le terme de polypose<br />

désigne simplement la présence de plusieurs polypes au niveau du même organe.<br />

« Kyste » désigne dans le langage courant toute cavité ou même toute lésion<br />

arrondie. La définition anatomique est précise: un kyste est une cavité anormale<br />

possédant un revêtement épithélial plus ou moins reconnaissable, par opposition au<br />

pseudo-kyste, cavité sans revêtement épithélial. La définition anatomo-pathologique<br />

du kyste ne préjuge pas de sa nature: il existe des kystes dystrophiques (kystes<br />

galactophoriques du sein, kystes rétentionnels), des kystes malformatifs qui sont des<br />

hamartomes (kystes biliaires) et des kystes néoplasiques qui sont d’authentiques<br />

tumeurs (cystadénomes séreux et mucineux de l’ovaire).<br />

2. - CLASSIFICATIONS DES TUMEURS<br />

La classification étiologique, qui serait le plus souhaitable, est impossible dans<br />

l’ignorance où l’on est de la cause de la plupart des tumeurs. Il existe actuellement<br />

deux modes de subdivisions:<br />

• subdivision en fonction du pronostic de la tumeur entre tumeur bénigne et<br />

tumeur maligne<br />

• subdivision en fonction de l’histogenèse de la tumeur, c’est-à-dire en fonction<br />

de l’aspect du tissu dont elle est formée.<br />

A) CLASSIFICATION EN FONCTION DU PRONOSTIC DE LA<br />

TUMEUR<br />

Elle distingue les tumeurs bénignes et les tumeurs malignes. Il faut cependant<br />

préciser d’emblée qu’il n’y a aucun critère histologique qui permette d’affirmer avec<br />

certitude la bénignité ou la malignité d’une tumeur dans un cas particulier.<br />

La notion de bénignité est une notion clinique tirée de l’expérience. On<br />

l’applique aux lésions dont l’évolution spontanée est sans conséquences graves pour<br />

l’individu qui en est porteur, alors même que la tumeur ne montre aucune tendance à<br />

la régression spontanée et continue d'échapper aux mécanismes de régulation de<br />

l'organisme.<br />

1) Une tumeur bénigne<br />

est une lésion d’évolution strictement locale, constituée de tissus différenciés,<br />

c’est à dire semblables aux tissus normaux de l’organisme. Elle est constituée de<br />

cellules ne présentant pas d’anomalies morphologiques importantes. La tumeur<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

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- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

refoule les tissus au sein desquels elle se développe, sans les détruire, provoquant<br />

leur atrophie et leur tassement: il y a souvent un plan de clivage au moins partiel<br />

entre la tumeur et les tissus alentour. La tumeur bénigne complètement extirpée ne<br />

récidivera pas. Elle n’essaimera jamais à distance.<br />

2) La tumeur maligne ou cancer<br />

est définie empiriquement comme une tumeur dont l’évolution spontanée est<br />

l’envahissement progressif de tout l’organisme et la mort de l’individu qui en est<br />

porteur. Elle est constituée par la prolifération d’un clone de cellules ayant des<br />

anomalies fonctionnelles et morphologiques. La tumeur envahit les tissus alentour,<br />

les infiltre et les détruit sans qu’il y ait de limitation ou de plan de clivage entre tissu<br />

tumoral et tissu sain. L’extirpation totale de la tumeur est difficile et le risque est<br />

grand de laisser persister autour du foyer opératoire des cellules <strong>tumorale</strong>s qui vont<br />

proliférer et donner naissance à une nouvelle tumeur. Celle-ci sera appelée récidive<br />

<strong>tumorale</strong>.<br />

De plus, au cours de son accroissement, la tumeur maligne va faire effraction<br />

dans la lumière des veines ou des lymphatiques. Des cellules <strong>tumorale</strong>s pénètrent<br />

dans la circulation où elles vont migrer, devenant des emboles néoplasiques. Ces<br />

emboles sont susceptibles de proliférer à leur point d’arrêt dans un ganglion ou un<br />

filtre capillaire, par exemple au niveau pulmonaire ou hépatique, pour donner un<br />

foyer tumoral analogue au foyer initial. C’est ce que l’on appelle une tumeur<br />

secondaire ou métastase <strong>tumorale</strong>, le foyer initial étant la tumeur primitive ou<br />

primaire.<br />

3) Valeur des critères distinctifs entre tumeur bénigne et<br />

tumeur maligne<br />

La plupart de ces caractères distinctifs n’ont pas de valeur formelle. Une tumeur<br />

maligne peut avoir les caractères morphologiques de la bénignité. L’inverse est plus<br />

rare mais néanmoins possible.<br />

a)<br />

Une tumeur maligne peut ainsi être constituée de cellules extrêmement<br />

différenciées, semblables à celles d’un tissu normal et ne présentant que de minimes<br />

anomalies cytologiques. A l’inverse, certaines tumeurs bénignes ont d’extraordinaires<br />

anomalies cellulaires.<br />

b)<br />

Une tumeur maligne peut avoir une croissance lente et refouler les tissus<br />

comme le ferait une tumeur bénigne. A l’inverse, certaines tumeurs bénignes sont<br />

mal limitées.<br />

c)<br />

La récidive après exérèse chirurgicale est plus fréquente dans les tumeurs<br />

malignes. Elle peut se voir dans les tumeurs bénignes dont l’exérèse a été<br />

incomplète, si l’on a commis l’erreur d’énucléer une tumeur qui paraissait<br />

encapsulée, ce qui laisse persister des éléments tumoraux dans le foyer opératoire.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

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- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

d)<br />

Pour certaines tumeurs, on parle de malignité limite (border line) car il n'y a pas<br />

de critères morphologiques certains pour en fixer le pronostic. Certaines de ces<br />

tumeurs peuvent avoir l’évolution d’une tumeur bénigne, sans récidive après exérèse<br />

chirurgicale. D’autres peuvent avoir l’évolution d’une tumeur maligne, récidivant,<br />

s’accompagnant de métastases et pouvant entraîner le décès des malades.<br />

e)<br />

Finalement, le seul critère indiscutable de la malignité d’une tumeur est<br />

l’existence de métastases. Ce critère n'a cependant de valeur que s'il est positif.<br />

On peut, en effet, poser en principe:<br />

• une tumeur bénigne ne donnera jamais de métastase,<br />

• toute tumeur ayant donné des métastases est maligne,<br />

• mais le fait qu’une tumeur n’ait pas donné de métastases ne signifie pas<br />

qu’elle soit bénigne.<br />

4) Cas particuliers de la malignité<br />

Certaines tumeurs, sans avoir tous les caractères des tumeurs malignes, vont<br />

évoluer comme une tumeur maligne et pourront tuer le malade qui les porte. Il y a<br />

diverses catégories de ces tumeurs:<br />

a) Tumeurs à malignité locale<br />

Ce sont des tumeurs infiltrantes qui détruisent les tissus voisins et ont une forte<br />

tendance à récidiver après une exérèse même étendue. Cependant, elles sont<br />

constituées de cellules peu anormales et ne donneront pas de métastases.<br />

Deux exemples sont classiques:<br />

• le fibrome desmoïde, lésion rare,<br />

• le carcinome baso-cellulaire de la peau, lésion fréquente qui, en cas de<br />

traitement insuffisant, peut dans quelque cas aboutir à d’extraordinaires<br />

destructions du visage (carcinome baso-cellulaire térébrant).<br />

b) Tumeurs à malignité atténuée<br />

Il s’agit de tumeurs malignes mais dont le développement local est très lent et<br />

les métastases de révélation tardive. Il peut arriver qu’on les considère cliniquement<br />

pendant des mois ou des années comme des tumeurs bénignes. Exemple:<br />

carcinome adénoïde kystique (cylindrôme) des glandes salivaires, carcinoïde<br />

bronchique.<br />

c) Tumeurs à malignité potentielle<br />

Ce sont des tumeurs ayant les caractères de la bénignité et sont effectivement<br />

bénignes mais dont l’expérience a montré qu’elles peuvent, en l’absence de<br />

traitement se transformer en cancer. Les adénomes colo-rectaux, tumeurs<br />

épithéliales bénignes, le plus souvent polypeuses, sont des états précancéreux très<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

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- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

fréquents.<br />

B) CLASSIFICATION HISTOGÉNÉTIQUE<br />

C’est la classification qui donne un nom à la tumeur en fonction de son image<br />

histologique, reproduisant plus ou moins fidèlement celle d’un tissu normal, qui est<br />

généralement celui qui a donné naissance à la tumeur.<br />

Elle sera exposée en détails dans les chapitres suivants.<br />

C) IMPORTANCE ET UTILITÉ DE LA CLASSIFICATION DES<br />

TUMEURS<br />

Les classifications des tumeurs ont été établies de façon empirique en tenant<br />

compte des critères morphologiques et des données de l’expérience clinique que l’on<br />

a de l’évolution habituelle des différents types tumoraux.<br />

L’Organisation Mondiale de la Santé a entrepris une classification<br />

internationale des tumeurs qui, bien que discutée, apparaît indispensable pour<br />

réduire les divergences qui existent entre les différentes traditions nationales. Il est<br />

en effet essentiel que les médecins du monde entier aient un langage commun pour<br />

désigner les multiples variétés connues de tumeurs.<br />

Ceci a trois utilités principales:<br />

• juger du degré de malignité des différents types tumoraux,<br />

• comparer l’efficacité des différentes thérapeutiques dans un type tumoral<br />

donné,<br />

• étudier l’épidémiologie des tumeurs : fréquence des différents types<br />

tumoraux en fonction de l’environnement, des facteurs raciaux....<br />

B. - TUMEURS BÉNIGNES<br />

1.- DÉFINITION<br />

Nous avons vu qu’elle est largement empirique: on appelle tumeur bénigne<br />

toutes les tumeurs dont l’évolution spontanée n’entraîne pas la mort du sujet qui en<br />

est porteur, sauf dans le cas particulier de complications mécaniques (compression<br />

cérébrale par un méningiome) ou endocriniennes (thyrotoxicose entraîné par certains<br />

adénomes thyroïdiens, accès hypertensif d’un phéochromocytome surrénalien, etc..).<br />

C’est pour les tumeurs bénignes que les questions qui se posent à propos des<br />

limites du processus tumoral sont les plus difficiles à résoudre. Dans bon nombre de<br />

cas, il est réellement impossible de savoir ce qui est néoplasique, ce qui est<br />

réactionnel ou même ce qui est malformatif. Le problème est d’autant plus complexe<br />

que dans l’une ou l’autre hypothèse, il existe des formes de transition susceptibles<br />

d’évoluer vers une tumeur maligne.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

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- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Nous envisagerons donc les tumeurs bénignes comme une réalité anatomoclinique<br />

en ayant clairement conscience que ce cadre englobe:<br />

• des lésions néoplasiques qui sont de vraies tumeurs bénignes,<br />

• des lésions dystrophiques (hyperplasies),<br />

• des lésions réactionnelles à un processus inflammatoire,<br />

• des lésions malformatives (hamartomes).<br />

A propos de chacune des catégories de tumeurs bénignes que nous allons voir,<br />

nous indiquerons, lorsqu’on le sait, quelle est la nature réelle de la lésion.<br />

Les tumeurs bénignes peuvent s’observer dans la plupart des tissus de<br />

l’organisme. On les classe depuis un siècle en fonction de la ressemblance du tissu<br />

tumoral avec un tissu normal.<br />

2. - TUMEURS BÉNIGNES ÉPITHELIALES<br />

A) TUMEURS DES ÉPITHELIUMS MALPIGHIENS ET PARA-<br />

MALPIGHIENS (UROTHELIAL)<br />

Ces tumeurs sont constituées d’une prolifération épithéliale à la surface d’une<br />

excroissance du tissu conjonctif sous-jacent.<br />

1) Ce sont des papillomes<br />

si le tissu conjonctif, reproduit des papilles analogues à celles du derme. Les<br />

papillomes s’observent au niveau de la peau, et des muqueuses malpighiennes où ils<br />

peuvent être multiples (papillomatose).<br />

Il y a également des papillomes au niveau de l’épithélium excréto-urinaire<br />

(vessie, uretère, bassinet) mais avec toutes les formes de transition avec des<br />

cancers authentiques.<br />

2) Les condylomes acuminés<br />

sont constitués par une prolifération de l’épiderme ou d’un épithélium<br />

malpighien muqueux à la surface d’une excroissance conjonctive. Ces condylomes<br />

sont d’origine virale, lié à une infection par le papilloma virus (HPV pour Human<br />

Papilloma Virus). Ils s’observent au niveau de la muqueuse et de la peau de la région<br />

anale et vulvaire ou sur le gland. Ce sont les végétations vénériennes ou crêtes de<br />

coq. Il y en a également sur le col utérin.<br />

B) TUMEURS DES ÉPITHELIUMS GLANDULAIRES<br />

1) Les tumeurs bénignes des épithéliums glandulaires<br />

sont des adénomes<br />

il en existe de multiples variétés:<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-7


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

a) les adénomes des muqueuses glandulaires<br />

Parmi les adénomes des muqueuses digestives, les plus fréquents et les plus<br />

importants sont les adénomes colo-rectaux nés des tubes glandulaires de la<br />

muqueuse. En fonction de leur architecture, on les appelle adénomes tubuleux<br />

(exclusivement composés de glandes), adénome villeux (exclusivement composé de<br />

fines papilles) ou adénome tubulo-villeux (composé de glandes et de papilles).<br />

Adénomes tubuleux, adénomes tubulo-villeux et adénomes villeux colo-rectaux<br />

forment des saillies plus ou moins pédiculées sur la muqueuse qui sont des polypes<br />

néoplasiques. Ce sont des états précancéreux.<br />

b) Les adénomes des glandes endocrines<br />

s’observent dans la thyroïde, la parathyroïde, la surrénale, etc. C’est pour ces<br />

adénomes endocriniens que les distinction entre hyperplasie et adénome sont les<br />

plus aléatoires. Il y a également des adénomes ovariens, souvent kystiques<br />

(cystadénomes).<br />

c)<br />

Il y a également des adénomes du rein et du foie.<br />

d)<br />

Les adénomes des glandes exocrines et de leurs canaux excréteurs sont<br />

salivaires, sudoripares, bronchiques, etc.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

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- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Adénome du côlon<br />

L'adénome est une tumeur épithéliale bénigne développée à partir d'une<br />

structure histologique glandulaire.<br />

Sur ces blocs d'inclusion d'une pièce de résection chirurgicale colique on<br />

retrouve de larges zones de paroi normale. La couche superficielle est la couche<br />

muqueuse, tapissée par un épithélium cylindrique à une couche, très mucipare, en<br />

continuité avec les glandes tubuleuses simples. La muqueuse est séparée par la<br />

musculaire muqueuse de la sous muqueuse. On reconnaît enfin la musculeuse à<br />

deux couches, avec des plexus nerveux bien visibles.<br />

L'examen à faible grossissement montre des structures tissulaires qui font<br />

saillie dans la lumière, ce qui correspond macroscopiquement à des polypes. Ici les<br />

polypes sont le résultat d'une prolifération cellulaire épithéliale d'allure <strong>tumorale</strong>,<br />

développée aux dépends des constituants de la muqueuse. Parfois la prolifération<br />

épaissit à peine la couche muqueuse.<br />

À moyen grossissement dans une zone pathologique typique, on comprend la<br />

lésion comme la prolifération des cellules épithéliales de bordure des tubes. C'est<br />

une architecture <strong>tumorale</strong> tubulaire. Les tubes néoplasiques restent ordonnés,<br />

séparés du chorion par une membrane basale. Dans d'autres zones la tumeur<br />

montre des dispositifs où ce sont plutôt les cellules épithéliales de la surface<br />

muqueuse qui ont proliféré, réalisant un plissement papillaire, appelé architecture<br />

villeuse.<br />

À fort grossissement les cellules <strong>tumorale</strong>s sont proches du type entérocytaire<br />

d'origine, disposées sur une seule couche autour de la lumière tubulaire ou le long<br />

des papilles. Cependant des éléments d'indifférenciation sont présents par rapport<br />

au type colique normal: noyaux hypertrophiés, mucosécrétion cytoplasmique<br />

diminuée ou absente.<br />

Le retour à faible grossissement nous confirme que la tumeur glandulaire<br />

respecte la musculaire-muqueuse et n'envahit jamais la sous-muqueuse. Ceci est un<br />

signe indispensable pour conclure à la bénignité.<br />

Au total il s'agit d'une tumeur épithéliale tubuleuse et villeuse des glandes et<br />

du revêtement de la muqueuse colique. Les atypies cytologiques modérées, la<br />

persistance absolue d'une membrane basale peri-épithéliale, l'absence de<br />

franchissement de la musculaire-muqueuse en font une tumeur bénigne ou<br />

adénome.<br />

Cependant la conjonction de ces anomalies cytologiques et architecturales se<br />

décrit sous le terme de dysplasie épithéliale acquise, terme signifiant que cet<br />

adénome avec dysplasie est ici une lésion pré-cancéreuse.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-9


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

2) On appelle adénomatose<br />

l’association de plusieurs adénomes, qu’il s’agisse d’adénomes différents dans<br />

des organes distincts (adénomatose polyendocrinienne ou néoplasie endocrinienne<br />

multiple (NEM)) ou d’adénomes multiples, semblables ou analogues, dans un même<br />

organe (adénomatose colo-rectale).<br />

3. - TUMEURS BÉNIGNES CONJONCTIVES<br />

Toutes les variétés de tissus conjonctifs différenciés sont susceptibles de<br />

proliférations <strong>tumorale</strong>s bénignes, plus ou moins fréquentes. On désigne ces<br />

tumeurs par un nom formé avec celui du tissu auquel ressemble le tissu tumoral.<br />

A) L’OSTÉOME<br />

est la tumeur bénigne du tissu osseux.<br />

B) LE CHONDROME<br />

est la tumeur bénigne du tissu cartilagineux. La présence de chondromes<br />

multiples porte le nom de chondromatose, que les chondromes soient des tumeurs<br />

vraies ou le résultat d’une métaplasie chondroïde d’un tissu irrité (chondromatose<br />

synoviale).<br />

C) L’OSTÉOCHONDROME<br />

Lorsqu’une prolifération osseuse et une prolifération cartilagineuse sont<br />

associées, on parle d’ostéochondrome ou exostose ostéogénique, correspondant à<br />

une saillie à la surface d’un os surmontée d’une coiffe cartilagineuse. Il s’agit dans ce<br />

cas non pas d’une néoplasie vraie mais d’un hamartome.<br />

D) LES LÉÏOMYOMES<br />

sont des tumeurs du tissu musculaire lisse, au niveau du tube digestif et de<br />

l’appareil génital féminin surtout. Les léiomyomes utérins, appelés à tort fibromes ou<br />

fibromyomes sont d'une fréquence extrême, ils peuvent régresser à la ménopause.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-10


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Leïomyome utérin<br />

Ce sont des tumeurs bénignes du muscle utérin qui touchent jusqu'à 25% des<br />

femmes en période de reproduction. Elles sont partiellement œstrogénodépendantes.<br />

L'ensemble de la préparation ne comporte que du tissu musculaire lisse, en<br />

l'occurrence corporéal utérin. L'analyse à faible grossissement montre deux secteurs<br />

assez différents. Un secteur périphérique un peu laminé, très ordonné dans la<br />

disposition des couches cellulaires. C'est le myomètre normal. Un secteur d'allure<br />

expansive, bien délimité néanmoins, à l'organisation tourbillonnante et hétérogène.<br />

C'est la zone pathologique.<br />

À moyen grossissement on compare le détail de l'organisation des trousseaux<br />

musculaires normaux et pathologiques. À l'agencement parallèle des uns s'oppose<br />

l'irrégularité de la taille de faisceaux des autres.<br />

À fort grossissement la régularité cytologique des myocytes pathologiques est<br />

frappante. Certes le noyau est en général plus volumineux, le cytoplasme moins<br />

étendu et moins allongé. Mais le type cellulaire est très proche de celui d'origine. Les<br />

figues de mitose sont exceptionnelles.<br />

De nombreuse zones pathologiques subissent une régression collagénique.<br />

Dans le langage courant ces lésions sont d'ailleurs appelées fibromes.<br />

Au total la lésion se comprend comme une prolifération cellulaire myocytaire<br />

lisse autonome, c'est-à-dire une tumeur. La bonne délimitation de la tumeur, son<br />

architecture semi-ordonnée, la régularité cytologique en font une tumeur bénigne,<br />

bien différenciée. C'est un leïomyome.<br />

Il n'en reste pas moins qu'il s'agit de tumeurs vraies, clonales, où l'on peut<br />

trouver des aberrations chromosomiques acquises, possiblement causales.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-11


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

E) LE FIBROME<br />

est la tumeur bénigne formée par la prolifération de fibroblastes qui élaborent<br />

des quantités plus ou moins importantes de collagène. Sous ce terme, on réunit des<br />

tumeurs vraies et un ensemble disparate de proliférations fibroblastiques qui sont les<br />

fibromatoses. Ces fibromatoses sont déclenchées parfois par un processus<br />

inflammatoire, une irradation, un traumatisme. Elles peuvent évoluer localement<br />

comme des tumeurs circonscrites ou comme des tumeurs envahissantes. Le fibrome<br />

desmoïde, que nous avons cité comme exemple de tumeur à malignité locale est le<br />

prototype des fibromatoses agressives.<br />

F) L’HISTIOCYTOFIBROME<br />

associe dans la même tumeur des cellules d’aspect fibroblastique et des<br />

cellules d’aspect histiocytaire. Les cellules histiocytaires de cette prolifération<br />

peuvent se charger de graisse. Il s’agit alors d’un xanthome. Toutes les variantes<br />

sont possibles selon les associations des différents types cellulaires: xanthome pur,<br />

histiocyto-xanthome, fibro-xanthome, histiocyto-fibro-xanthome.<br />

Pour l’ensemble des fibromes, xanthomes et histiocytofibromes, il est souvent<br />

impossible par la seule morphologie de distinguer ce qui est proprement néoplasique<br />

de ce qui est pseudo-tumeur inflammatoire ou dystrophique.<br />

G) LES LIPOMES<br />

sont les proliférations <strong>tumorale</strong>s bénignes du tissu adipeux. Une lipomatose est<br />

la présence de lipomes multiples.<br />

H) LES ANGIOMES<br />

sont des proliférations <strong>tumorale</strong>s bénignes des vaisseaux. On distingue<br />

hémangiome et lymphangiome, selon qu’il s’agit d’une prolifération de vaisseaux<br />

sanguins ou de vaisseaux lymphatiques. La grande majorité des angiomes sont des<br />

hamartomes et non des tumeurs vraies. Les angiomatoses sont des maladies où<br />

existent des angiomes multiples ou des angiomes systématisés à une région de<br />

l’organisme.<br />

4. - TUMEURS BI-TISSULAIRES<br />

Les tumeurs bénignes épithéliales ont une armature conjonctive proportionnée<br />

à la prolifération épithéliale: chorion des adénomes coliques, végétations<br />

conjonctives des tumeurs papillaires.<br />

Dans certains cas, le tissu conjonctif prolifère lui-même comme le contingent<br />

épithélial et la tumeur comporte deux proliférations intriquées, l’une épithéliale, l’autre<br />

conjonctive. On donne à ces tumeurs un nom composé à partir de celui d’une tumeur<br />

bénigne épithéliale et conjonctive.<br />

Exemple: adéno-fibrome (ovaire et sein surtout), adéno-myome (prostate).<br />

Ces lésions sont souvent de nature dystrophique et non néoplasique.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-12


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

5. - TUMEURS BÉNIGNES DU SYSTÈME NERVEUX ET TUMEURS<br />

BÉNIGNES MÉLANIQUES<br />

A)<br />

Les tumeurs du système nerveux périphérique sont les schwannomes,<br />

prolifération des cellules de Schwann et les neurofibromes, prolifération mixte de<br />

cellules de Schwann, de fibroblastes et de neurites.<br />

B)<br />

Les méningiomes sont des proliférations de cellules méningothéliales, ils sont le<br />

plus souvent bénins.<br />

C)<br />

Les tumeurs du système nerveux central sont presque toujours des tumeurs de<br />

la glie et non des tumeurs des neurones, ce sont les gliomes.<br />

D)<br />

En matière de tumeurs du système mélanique, les lésions bénignes sont des<br />

nævus pigmentés ou non pigmentés, dits nævus naevocellulaires (on veut dire par là<br />

que l'anomalie cutanée focale naevique est constituée de cellules mélanocytaires).<br />

C. - TUMEURS MALIGNES: GÉNÉRALITÉS<br />

1. - DÉFINITIONS<br />

Cancer est le terme générique qui désigne toutes les tumeurs malignes. On<br />

peut le définir comme la prolifération indéfinie d’une lignée cellulaire qui, en l’absence<br />

de traitement (ou malgré celui-ci), provoque la mort des malades atteints,<br />

habituellement par extension des cellules <strong>tumorale</strong>s à tout l’organisme.<br />

Dans la majorité des cas la lignée cellulaire dont la prolifération constitue le<br />

cancer sera une lignée épithéliale, conjonctive, mélanocytaire ou<br />

lymphoïde.<br />

• On appelle carcinomes les cancers constitués par une lignée cellulaire<br />

d’origine épithéliale. Épithélioma, synonyme de carcinome, tend à tomber en<br />

désuétude et est un terme qui n’est plus utilisé.<br />

• On appelle sarcomes les cancers constitués par une lignée cellulaire<br />

d’origine conjonctive.<br />

• On appelle mélanomes les cancers constitués par une lignée cellulaire<br />

d’origine mélanocytaire<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-13


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

• On appelle lymphomes les cancers constitués par une lignée cellulaire<br />

d’origine lymphoïde.<br />

2. - LA CELLULE CANCÉREUSE: LES CRITÈRES CYTOLOGIQUES<br />

DE LA MALIGNITÉ<br />

Habituellement, les cellules cancéreuses ont des modifications caractéristiques.<br />

Elles présentent des critères cytologiques de malignité. On les recherche pour<br />

faire le diagnostic de malignité d’une tumeur sur des préparations cytologiques ou<br />

histologiques. Il faut cependant insister d’emblée sur le fait qu’aucun critère<br />

morphologique ne permet de dire avec certitude qu’une cellule ou un groupe de<br />

cellules isolées sont des cellules cancéreuses.<br />

Les anomalies morphologiques des cellules cancéreuses sont de deux ordres:<br />

caractères nucléo-cytoplasmiques anormaux; anomalies de la division cellulaire. Il y<br />

a en outre, des anomalies fonctionnelles.<br />

A) ANOMALIES NUCLÉO- CYTOPLASMIQUES<br />

• Inégalité de la taille des cellules, avec certaines beaucoup plus volumineuses<br />

que la normale: c’est l’anisocytose;<br />

• Augmentation du rapport nucléo-cytoplasmique: le noyau est relativement au<br />

cytoplasme plus volumineux que celui d’une cellule normale équivalente;<br />

• Inégalité de taille des noyaux d’une cellule à l’autre pour un volume<br />

cytoplasmique équivalent: c’est l’anisocaryose;<br />

• Noyaux de forme irrégulière;<br />

• Chromatine en mottes et épaississement de la membrane nucléaire;<br />

• Nucléoles volumineux, irréguliers, multiples.<br />

B) ANOMALIES DE LA DIVISION CELLULAIRE<br />

• Mitoses visibles en plus grand nombre que dans un tissu normal homologue;<br />

• Mitoses anormales avec descendants aneuploïdes, ayant un nombre<br />

anormal de chromosomes.<br />

• Mitoses avortées avec mort de la cellule en cours de division,<br />

• Augmentation du matériel chromosomique sans division, ou avec division<br />

nucléaire sans division cytoplasmique, aboutissant à la formation de cellules<br />

à noyaux énormes et bourgeonnants ou à noyaux multiples euploïdes ou<br />

aneuploïdes.<br />

C) CARACTÈRE RELATIF DES CRITÈRES CYTOLOGIQUES DE<br />

MALIGNITÉ<br />

La recherche de ces anomalies est utilisée pour le dépistage cytologique du<br />

cancer. Des lésions analogues peuvent s’observer dans les états pathologiques dus<br />

à des agents capables de provoquer des lésions non létales de l’ADN. Ce sont les<br />

radiations ionisantes, certains médicaments radiomimétiques, certains virus.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-14


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Finalement, les critères cytologiques de la malignité sont peu fiables et il a des<br />

risques d’erreurs par excès et par défaut, en effet:<br />

• une cellule peut être cancéreuse sans avoir d’anomalies significatives<br />

visibles en cytologie ou en histologie conventionnelle;<br />

• inversement, une cellule peut présenter des anomalies impressionnantes<br />

sans être cancéreuse;<br />

• dans l’un et l’autre cas, ce sont les critères histologiques et évolutifs<br />

(infiltration des organes de voisinage, extension à distance) qui permettront<br />

de conclure à la malignité.<br />

C’est en raison de la possibilité de faux positifs en cytologie qu’il faut exiger,<br />

quoi qu’il arrive, une confirmation histologique d’un diagnostic de cancer avant<br />

d’entreprendre un traitement radical.<br />

D) MODIFICATION FONCTIONNELLES DES CELLULES<br />

CANCEREUSES<br />

Certaines anomalies fonctionnelles n’ont pas de traduction morphologique et<br />

échappent à l’anatomie pathologique. Elles ont cependant une importance<br />

essentielle et font l’objet de recherches approfondies pour expliquer pourquoi et<br />

comment les cellules cancéreuses peuvent détruire et envahir les tissus qui les<br />

entourent, comment elles deviennent insensibles aux défenses immunitaires de<br />

l’organisme, comment elles se mobilisent et migrent à distance, comment enfin elles<br />

s’implantent pour donner des métastases.<br />

D’autres modifications fonctionnelles sont visibles et peuvent avoir une valeur<br />

diagnostique permettant de retrouver la lignée d’origine d’une cellule <strong>tumorale</strong> même<br />

lorsqu’elle est monstrueuse et ne ressemble plus à la cellule souche. Ces<br />

modifications peuvent aboutir à la sécrétion de produits physiologiques ou<br />

pathologiques que l’on peut mettre en évidence, soit par l’histochimie,<br />

l’immunohistochimie, l’immunofluorescence ou la microscopie électronique. Ces<br />

sécrétions peuvent dans certains cas être à l’origine de syndromes paranéoplasiques.<br />

Ces caractères fonctionnels des cellules cancéreuses sont un des<br />

éléments de la différenciation du tissu tumoral (cf. infra).<br />

3. - LE TISSU CANCÉREUX<br />

En dehors du cas des leucémies, où les cellules <strong>tumorale</strong>s sont dans le sang<br />

circulant, les cellules cancéreuses sont groupées et agencées pour constituer un<br />

tissu cancéreux. Celui-ci comporte deux contingents:<br />

• un contingent de cellules <strong>tumorale</strong>s;<br />

• un contingent de tissu conjonctif nourricier, non tumoral: le stroma.<br />

A) LE CONTINGENT TUMORAL<br />

Selon l’agencement des cellules et selon leur ressemblance avec des cellules<br />

normales, la tumeur a une image plus ou moins proche de celle d’un tissu normal de<br />

référence. Cette image peut être si proche de celle d’un tissu normal que le<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-15


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

diagnostic de malignité en est rendu très difficile.<br />

1) La différenciation d’une tumeur<br />

est son degré de ressemblance avec un tissu normal ou, d’une façon plus<br />

générale, la présence de caractères morphologiques qui permettent d’indiquer<br />

l’origine de la tumeur.<br />

Ces caractères distinctifs peuvent être liés à l’agencement des cellules<br />

<strong>tumorale</strong>s, ou à leurs propriétés fonctionnelles caractérisées par des sécrétions<br />

visibles sur les préparations histologiques.<br />

Exemples:<br />

Un cancer né à partir des glandes de Lieberkühn de l’intestin<br />

(adénocarcinome lieberkühnien) sera identifié sur deux critères:<br />

• l’agencement des cellules <strong>tumorale</strong>s qui reproduira des glandes de<br />

Lieberkühn,<br />

• la sécrétion de mucus analogue au mucus intestinal.<br />

Cette sécrétion de mucus pourra persister et permettre d’identifier la tumeur<br />

même lorsque les cellules auront perdu l’aptitude à s’agencer en tubes. Dans<br />

ce cas, le degré de différenciation est moins élevé que dans le cas précédent.<br />

Une tumeur hépatocytaire pourra être rattachée à son origine si les cellules<br />

<strong>tumorale</strong>s s’agencent en travées analogues aux travées hépatiques ou si elles<br />

élaborent de la bile, bien que ne formant pas de travées reconnaissables; ou<br />

bien encore si les cellules <strong>tumorale</strong>s sécrètent de l'alpha-foetoprotéine, comme<br />

les hépatocytes fœtaux.<br />

On trouvera d’autres exemples de différenciation dans le chapitre consacré<br />

aux carcinomes.<br />

2) En pratique, on utilise les termes suivants<br />

• un cancer bien différencié est celui qui a une image proche de celle d’un<br />

tissu normal;<br />

• un cancer peu différencié a une image plus ou moins éloignée de celle d’un<br />

tissu normal mais présente des caractères qui permettent d’indiquer son<br />

origine;<br />

• un cancer indifférencié est un cancer dont on ne peut préciser la nature sur<br />

la simple morphologie (il peut s’agir d’un sarcome, d’un carcinome, d’un<br />

mélanome voire d’un lymphome).<br />

Ces termes sont consacrés par l’usage mais réfèrent uniquement à l’histologie<br />

conventionnelle.<br />

3)<br />

Certaines explorations complémentaires (immunohistochimie,<br />

immunofluorescence, microscopie électronique, histo-enzymologie) permettent dans<br />

certains cas de préciser l’histogenèse de tumeurs qui paraissent indifférenciées.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-16


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Exemples: / mise en évidence par la microscopie électronique de granulations<br />

neuro- sécrétoires dans le cancer à petites cellules du poumon; / mise en évidence<br />

par des techniques immunohistochimiques de cytokératine dans les carcinomes peu<br />

différentiés, de Protéine S1OO dans les mélanomes achromiques, etc.<br />

4)<br />

Il est important de préciser la différenciation <strong>tumorale</strong> pour deux raisons:<br />

• plus la tumeur est différenciée et meilleur est son pronostic. C’est une règle<br />

générale qui comporte de nombreuses exceptions;<br />

• certains traitements sont électivement adaptés à certains types tumoraux.<br />

Rattacher à un de ces types une tumeur qui paraît indifférenciée peut donc<br />

avoir d’importantes implications thérapeutiques.<br />

B) LE STROMA<br />

C’est l’ensemble du tissu conjonctif et des vaisseaux qui servent de charpente à<br />

la tumeur et assurent ses apports nutritifs. Le stroma n’est pas lui-même tumoral, il<br />

est sous la dépendance du tissu tumoral dont les cellules peuvent, par exemple,<br />

élaborer des substances qui vont favoriser la pousse des vaisseaux. Il est d'usage de<br />

réserver le terme de stroma au support conjonctif des tumeurs malignes et de ne<br />

pratiquement pas l'utiliser dans le cas des tumeurs bénignes, mais sur le plan des<br />

concepts rien ne s'y opposerait.<br />

C’est dans les carcinomes invasifs que le stroma est le plus nettement<br />

individualisé. Il y a cependant un stroma dans les sarcomes et notamment des<br />

vaisseaux.<br />

Les variations morphologiques du stroma sont multiples, certaines d’entre elles<br />

sont caractéristiques d’un type tumoral donné et auront donc une valeur<br />

séméiologique pour le diagnostic de variété <strong>tumorale</strong>.<br />

1) Variations quantitatives<br />

certains carcinomes très différenciés ont un stroma qui peut être exactement<br />

proportionné à la prolifération épithéliale. Dans les tumeurs endocriniennes le stroma<br />

comporte souvent des capillaires sinusoïdes semblables à ceux d’une glande<br />

endocrine normale (stroma adaptatif).<br />

Plus souvent, le stroma est disproportionné à la prolifération épithéliale:<br />

• lorsqu’il est relativement peu abondant, la tumeur sera molle, souvent<br />

nécrosée, semblable macroscopiquement à du tissu cérébral. C’est le cancer<br />

que l’on caractérisera macroscopiquement d’ « encéphaloïde ».<br />

• à l’inverse, lorsqu’il est très abondant, riche en fibres collagènes et sclérosé,<br />

la tumeur sera dure et rétractée, c’est le squirrhe. Cette rétraction,<br />

comparable à celle de certaines cicatrices pathologiques est liées à la<br />

présence de nombreux myofibroblastes.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-17


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

2) Variations qualitatives<br />

le tissu conjonctif du stroma possède certaines propriétés réactionnelles du<br />

tissu conjonctif normal. Il peut s’y produire une réaction inflammatoire. Celle-ci<br />

surviendra, par exemple, lors de la destruction du tissu tumoral par une irradiation.<br />

La nécrose des cellules <strong>tumorale</strong>s déclenche une réaction exsudative. Il peut même<br />

se produire une réaction à corps étrangers autour de squames de kératine élaborées<br />

par la tumeur. Dans certaines tumeurs, la réaction inflammatoire du stroma est une<br />

réaction tuberculoïde.<br />

Quelques tumeurs ont un stroma riche en cellules lymphocytaires ou<br />

plasmocytaires, ce qui peut être la manifestation d’une réaction immunitaire. Cet<br />

aspect va parfois de pair avec un pronostic meilleur.<br />

D. - HISTOIRE NATURELLE DES TUMEURS MALIGNES<br />

L’extension d’un cancer à tout l’organisme commence par la modification<br />

radicale d’une population cellulaire dont la descendance va constituer le cancer. Il<br />

s’écoule un grand nombre d’événements encore imparfaitement définis entre la<br />

modification cellulaire initiale et l’évolution fatale.<br />

Il y a tout d’abord une période de latence clinique qui peut durer des années et<br />

au cours de laquelle, le diagnostic le cancer ne peut être posé. Puis survient une<br />

phase locale, souvent latente cliniquement mais morphologiquement détectable et<br />

enfin, une phase de généralisation. La durée de cette évolution est très variable et<br />

dépend pour partie de la vitesse propre de prolifération de la population <strong>tumorale</strong>.<br />

Cependant, on a pu démontrer pour quelques cancers déterminés, l’existence d’un<br />

processus lésionnel dont toutes les étapes morphologiques sont connues et dont le<br />

déroulement chronologique varie peu. Ces étapes morphologiques traduisent<br />

l’accumulation d’altérations génétiques dans les cellules néoplasiques intéressant en<br />

particulier des oncogènes et des gènes suppresseurs de tumeur. Ce processus<br />

débute par une lésion pré-cancéreuse pour aboutir à un cancer invasif.<br />

1. - LES LÉSIONS PRE-CANCÉREUSES : DYSPLASIE, NÉOPLASIE<br />

INTRA-ÉPITHÉLIALE<br />

Ces lésions ont été très étudiées dans un double but : mettre en évidence les<br />

phénomènes qui précèdent la cancérisation et assurer la prévention du cancer.<br />

A) DÉFINITION / TERMINOLOGIE<br />

Il s’agit de lésions dont l’étude anatomo-clinique a montré qu’elles pouvaient<br />

être le point de départ de cancers avec une fréquence qui exclut la coïncidence.<br />

Elles sont bien décrites d’un point de vue morphologique au niveau des épithéliums,<br />

où elles correspondent à la dysplasie épithéliale. Ce terme de dysplasie (acquise)<br />

peut être considéré, au niveau des épithéliums, comme synonyme de lésion<br />

précancéreuse. Cependant, le terme de dysplasie (constitutionnelle) peut également<br />

désigner certaines maladies constitutionnelles à caractère malformatif. C’est pour<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-18


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

cela que le terme de dysplasie épithéliale tend à être remplacé par celui de néoplasie<br />

intra épithéliale.<br />

B) FACTEURS DE RISQUE, CONDITIONS PRÉNÉOPLASIQUES<br />

La dysplasie épithéliale se développe préférentiellement sur certaines<br />

conditions pathologiques. Ces conditions, variables selon les organes, constituent<br />

des conditions prénéoplasiques et permettent de définir des populations à risque de<br />

cancer.<br />

Les conditions prénéoplasiques peuvent être :<br />

- un hamartome :<br />

Un exemple fréquent est celui des nævus naevocytaires qui peuvent dans<br />

certains cas se transformer en mélanomes malins.<br />

- une cicatrice de brûlure :<br />

Les cancers cutanés sont plus fréquents sur les anciennes cicatrices de<br />

brûlures ou sur les fistules chroniques en peau saine.<br />

- une dystrophie :<br />

La fréquence du cancer du sein est accrue de façon modérée chez les<br />

patientes porteuses d'une dystrophie mammaire scléro-kystique. On parlera alors<br />

plutôt de facteur de risque.<br />

- une inflammation chronique :<br />

maladies inflammatoires chroniques : rectocolite ulcéro-hémorragique ou<br />

cholangite sclérosante par exemple.<br />

- une métaplasie :<br />

métaplasie intestinale de l’estomac, métaplasie glandulaire de l’œsophage<br />

(endobrachyoesophage), métaplasie malpighienne des bronches...<br />

- Enfin, certaines tumeurs considérées comme bénignes constituent en fait<br />

des lésions précancéreuses car elles possèdent un risque d’évolution vers le cancer<br />

en l’absence de traitement. Il s’agit notamment des adénomes du côlon et du<br />

rectum. En fait, ces lésions ne sont pas à proprement parlé une condition<br />

prénéoplasique car l’épithélium de ces tumeurs bénignes est déjà néoplasique et par<br />

définition siège de lésions de dysplasie.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-19


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Métaplasie intestinale de l'estomac<br />

La paroi gastrique comporte 4 couches, muqueuse, sous-muqueuse,<br />

musculeuse et séreuse.<br />

La muqueuse est à l’état normal de 2 types : « fundique » dans la partie<br />

supérieure de l’estomac, dont la fonction principale est de sécréter de l’acide, et<br />

« antrale » dans sa partie inférieure, qui sécrète surtout du mucus au rôle protecteur.<br />

Il est fréquent que la muqueuse gastrique, surtout antrale, présente des lésions<br />

inflammatoires chroniques, rentrant dans le cadre de la « gastrite chronique »,<br />

<strong>pathologie</strong> généralement d’origine bactérienne. Cette inflammation d’évolution très<br />

prolongée aboutit dans certain cas à une atrophie de la muqueuse (gastrite<br />

chronique atrophique). Cette atrophie s’accompagne fréquemment d’une métaplasie<br />

intestinale de la muqueuse gastrique.<br />

La métaplasie est un type d’adaptation tissulaire défini comme la transformation<br />

d’un tissu normal en un autre tissu normal de structure et de fonction différentes.<br />

Dans le cas de la métaplasie intestinale de la muqueuse antrale gastrique,<br />

l’épithélium antral, constitué presque exclusivement de cellules mucosécrétantes à<br />

pôle muqueux fermé, se transforme à partir de la zone de renouvellement des<br />

glandes, en un épithélium de type intestinal. Celui-ci comporte plusieurs types<br />

cellulaires : cellules caliciformes (ou cellules mucosécrétantes à pôle muqueux<br />

ouvert), cellules absorbantes de type entérocytaire (comportant une bordure en<br />

brosse), et parfois cellules de Paneth et cellules endocrines.<br />

Sur la lame proposée, on observe au niveau de la muqueuse une alternance de<br />

zones de muqueuse antrale non métaplasique, comportant des glandes et un<br />

épithélium de surface mucosécrétants, et des zones de métaplasie intestinale,<br />

comportant tous les types cellulaires précédemment décrits. Ce sont les cellules<br />

caliciformes qui sont les plus faciles à reconnaître, car elles comportent une<br />

volumineuse vacuole de mucus intracytoplasmique, au-dessus du noyau qui est situé<br />

à la base de la cellule.<br />

Par ailleurs, il faut noter l’aspect inflammatoire du chorion muqueux, comportant<br />

en particulier des follicules lymphoïdes, absents de la muqueuse gastrique normale,<br />

et témoignant de l’existence d’une gastrite chronique.<br />

La métaplasie intestinale est une condition prénéoplasique, mais ne constitue<br />

pas par elle-même une lésion précancéreuse. Elle augmente cependant modérément<br />

le risque de développer un cancer de l’estomac, car c’est à son niveau qu’est<br />

susceptible de se développer chez certains malades une dysplasie, qui constitue la<br />

lésion précancéreuse de la muqueuse gastrique.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-20


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

C) ASPECTS MORPHOLOGIQUES DES DYSPLASIES<br />

ÉPITHÉLIALES ET CLASSIFICATIONS<br />

Morphologiquement, la dysplasie épithéliale se traduit par des anomalies<br />

architecturales et cytologiques (retard de différenciation, mitoses, anomalies<br />

nucléaires). En fonction de l’importance de ces anomalies on peut grader la<br />

dysplasie. Différentes terminologies sont utilisées :<br />

- dysplasie légère, modérée ou sévère<br />

- dysplasie de bas grade ou de haut grade<br />

- néoplasie intra épithéliale de grade 1, 2 ou 3<br />

Plus les anomalies morphologiques sont importantes, plus le grade de la<br />

dysplasie est élevé, et plus la dysplasie est proche du cancer. A l’extrême, des<br />

lésions de dysplasie de haut grade ou des lésions de néoplasie intraépithéliale de<br />

grade 3 peuvent être considérée comme des cancers in situ.<br />

D) LA PHASE LOCALE DU CANCER: LE CANCER IN SITU<br />

Un cancer in situ ou cancer au stade 0 ou carcinome intra épithélial est une<br />

prolifération cellulaire néoplasique qui reste limitée sur le plan histologique au<br />

compartiment tissulaire qui lui a donné naissance.<br />

Il est probable qu’un grand nombre de cancers présentent une phase locale de<br />

durée variable mais en pratique, le concept du cancer in situ n’a d’application qu’en<br />

matière de tumeurs des revêtements épithéliaux, ceci parce que les épithéliums de<br />

revêtement présentent une limite nette qui est la membrane basale. On définira<br />

comme carcinome in situ une prolifération épithéliale maligne qui reste limitée par la<br />

basale épithéliale. Ce carcinome in situ peut se substituer à une grande partie de<br />

l’épithélium et s’étendre en surface, il n’envahit pas la profondeur et le terme de<br />

carcinome non invasif est synonyme de carcinome in situ.<br />

De telles lésions se développent dans les sites où une dysplasie épithéliale<br />

peut se développer<br />

• épithélium malpighien de l’exocol utérin<br />

• la peau.<br />

• épithélium œsophagien ou épithélium malpighien métaplasique des<br />

bronches;<br />

• épithélium para-malpigien vésical;<br />

• épithéliums glandulaires, qu’il s’agisse de l’épithélium du lobule mammaire<br />

ou de ses canaux excréteurs ou de l’épithélium des muqueuses digestives.<br />

En matière de sarcome, la notion de cancer in situ reste purement théorique; en<br />

revanche, en matière de mélanome malin, il existe des cancers in situ qui sont les<br />

mélanomes superficiels qui restent limités par la basale de l’épiderme au sein duquel<br />

ils ont pris naissance (mélanome purement intra-épidermique).<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-21


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Le dépistage d’un cancer au stade de carcinome in situ permet d'envisager un<br />

traitement qui conduit à un taux de curabilité de 100 % puisqu’il n’y aura jamais de<br />

métastases. Un cancer in situ peut persister plusieurs années, mais son évolution<br />

vers le cancer invasif est quasiment inéluctable s’il est négligé.<br />

Selon les organes, le dépistage repose sur les données cliniques (sein, peau),<br />

sur la cytologie (col utérin) ou sur l’histologie (maladie inflammatoire chronique du<br />

tube digestif).<br />

E) PRINCIPES DU TRAITEMENT DES LÉSIONS PRE-<br />

CANCÉREUSES<br />

Ou bien on traite les lésions précancéreuses, le plus souvent par exérèse, ou<br />

bien on les soumet à une surveillance étroite qui permettra de dépister le cancer dès<br />

son apparition au stade où il est curable.<br />

En principe, l’exérèse des lésions précancéreuses est proposée lorsqu’elle est<br />

possible et que les risques et les inconvénients de l’exérèse sont moindres que ceux<br />

d’une éventuelle transformation maligne.<br />

En pratique, les choses sont très nuancées et dépendent du caractère localisé<br />

des lésions ou au contraire de leur caractère multiple ou diffus, de la qualité de la<br />

surveillance qu’on peut proposer au malade, des réactions et de la psychologie de<br />

celui-ci, et enfin du risque de transformation cancéreuse qui est généralement<br />

chiffrable pour une lésion précancéreuse donnée.<br />

Quelques exemples illustreront ces faits.<br />

Tout le monde admet qu’il faut enlever les adénomes coliques dès qu’ils sont<br />

dépistés car leur exérèse par voie endoscopique est facile et sans danger. On<br />

admet, de même, qu’il faut faire une colectomie totale si ces adénomes sont<br />

multiples.<br />

Les lésions de dysplasie de bas grade de l’épithélium malpighien du col de<br />

l’utérus seront en général surveillées ou traitées localement (laser), alors que les<br />

lésions de haut grade feront le plus souvent l’objet d’une exérèse locale (conisation).<br />

Par ailleurs, la visibilité en colposcopie de la jonction entre l’exocol et l’endocol<br />

intervient également dans les choix thérapeutiques.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-22


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Carcinome in situ du col utérin<br />

Le carcinome in situ du col utérin est une tumeur maligne qui reste limitée au<br />

revêtement épithélial du col utérin, sans dépasser la membrane basale, partout<br />

respectée.<br />

Les lésions de carcinome in situ sont situées à la jonction entre l’exocol et<br />

l’endocol utérins, plus ou moins visibles dès le faible grossissement. À une extrémité<br />

de la pièce on retrouve l'épithélium exocervical malpighien de revêtement, non<br />

kératinisé. À l'autre extrémité l'endocol est tapissé par un épithélium cylindrique<br />

mucipare à une couche, avec des glandes mucineuses associées visibles dans le<br />

chorion.<br />

A grossissement moyen, la limite est abrupte en surface entre l’épithélium<br />

anormal et l’épithélium sain, qu'il soit malpighien ou mucipare. L'épithélium anormal<br />

présente une organisation architecturale d'ensemble d'allure malpighienne, mais Il<br />

existe une anarchie dans la disposition des couches cellulaires avec perte de la<br />

maturation progressive normalement visible dans les couches supérieures. Les<br />

lésions qui remontent le long de l’endocol colonisent les glandes endocervicales par<br />

remplacement de leur épithélium d'origine. Dans tous les champs examinables<br />

l'épithélium anormal reste séparé du chorion conjonctif par une membrane basale<br />

continue que ce soit en surface ou au sein des récessus glandulaires et il n'y a<br />

jamais d'image d'envahissement autonome du tissu conjonctif.<br />

A fort grossissement les cellules de l'épithélium anormal présentent tous les<br />

caractères cytologiques de malignité. Elles ont un rapport nucléo-cytoplasmique<br />

augmenté. Leur noyau est volumineux, irrégulier et hyperchromatique. De<br />

nombreuses figures de mitoses sont observées sur toute la hauteur du revêtement<br />

épithélial, atteignant le tiers supérieur.<br />

Au total on est en présence d'un authentique carcinome épidermoïde, mais qui<br />

reste constamment séparé du chorion par une membrane basale. Tant que cette<br />

membrane basale n'est réellement pas franchie, ce carcinome ne métastasera pas. Il<br />

s'agit d'une lésion pré-invasive qui doit être traitée rapidement par ablation. Mais le<br />

traitement chirurgical se cantonnera à la partie cervicale de l'utérus laissant intactes<br />

les possibilités reproductives de la patiente.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-23


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

2. - LA PHASE DE GÉNÉRALISATION POTENTIELLE<br />

Qu’il y ait eu ou non une phase de cancer in situ, l’évolution normale d’un<br />

cancer non dépisté ou non traité est l’extension à l’ensemble de l’organisme. Celle-ci<br />

est théoriquement possible dès que le cancer a fait issue hors du tissu qui lui a<br />

donné naissance et a envahi les tissus voisins. En d’autres termes, le cancer devenu<br />

invasif pourra s’étendre aux structures de voisinage, aux ganglions régionaux et à<br />

l’ensemble de l’organisme.<br />

A) INVASION LOCALE<br />

1) Modes de croissance des tumeurs invasives<br />

Dès que la tumeur est devenue invasive, elle va détruire et envahir le tissu<br />

conjonctif voisin et susciter la formation d’un stroma. D’une façon générale, une<br />

tumeur maligne est beaucoup moins bien limitée qu’elle ne le paraît<br />

macroscopiquement et une exérèse trop économique laisse persister des fragments<br />

tumoraux qui seront le point de départ de récidives.<br />

En fait, s’il est vrai que toute tumeur maligne est invasive, le degré et le type<br />

d’invasion sont variables d’un cas à un autre en fonction de la vitesse de croissance<br />

et de l’agressivité des cellules <strong>tumorale</strong>s, ainsi que de la résistance des structures<br />

anatomiques de voisinage.<br />

a) Certaines tumeurs malignes peuvent être très bien limitées par une véritable<br />

capsule qui peut être celle de l’organe qui a donné naissance à la tumeur. Cette<br />

capsule sera cependant toujours rompue en une partie de son pourtour. C’est le cas<br />

par exemple pour le cancer du rein ou pour certains cancers de la thyroïde.<br />

b) D’autres tumeurs, sans être limitées par une véritable capsule, ont une<br />

croissance excentrique à partir du foyer initial et un aspect parfaitement circonscrit.<br />

Histologiquement, le tissu cancéreux refoule les tissus avoisinants (pushing border)<br />

mais il existe également des avant-gardes <strong>tumorale</strong>s à distance du nodule principal<br />

(nodules satellites). Ces nodules peuvent être situés parfois très loin du nodule initial.<br />

Le plus souvent ils sont à peu de distance et vont fusionner avec celui-ci au cours de<br />

leur croissance pour donner une tumeur d’aspect polycyclique. Certaines tumeurs<br />

des tissus mous ont ce type d’extension locale. Les plans aponévrotiques<br />

représentent un obstacle efficace à leur croissance et ne sont pénétrés par la tumeur<br />

que lorsque celle-ci suit le trajet d’un faisceau vasculo-nerveux perforant.<br />

c) A un degré de plus, la tumeur, initialement nodulaire, est mal limitée en<br />

périphérie et prolongée par des travées de tissu tumoral rayonnant dans l’organe<br />

alentour (aspect « étoilé »). Ceci s’observe dans les cancers du sein.<br />

d) Au maximum, enfin, la tumeur n’a plus le moindre aspect de circonscription,<br />

les cellules <strong>tumorale</strong>s, isolées ou groupées en petites travées, s’insinuent dans les<br />

interstices du tissu conjonctif alentour. Ceci s’observe par exemple dans la linite<br />

gastrique.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-24


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

2) La coexistence d’un cancer invasif et d’un cancer in situ<br />

est possible<br />

et peut s’expliquer de deux manières:<br />

• un cancer est resté longtemps intra-épithélial et l’invasion ne s’est produite<br />

que sur une partie de sa surface. Le cancer intra-épithélial persistera en<br />

périphérie de la zone d’invasion;<br />

• le cancer est d’emblée invasif mais il se propage à la fois en profondeur et en<br />

surface dans le plan de l’épithélium.<br />

B) IMPORTANCE ET LIMITES DU CONCEPT DE TUMEUR<br />

INVASIVE<br />

1)<br />

Toute tumeur maligne devenue invasive peut donner des métastases. Il existe<br />

cependant une corrélation entre le degré de l’invasion tissulaire et la fréquence des<br />

métastases à distance. Les tumeurs dont le niveau d’invasion est peu profond auront<br />

un pronostic meilleur et un taux de guérison plus élevé que celles ayant une invasion<br />

profonde. Dans quelques cas de tumeurs dont l’invasion reste superficielle, le<br />

pronostic sans être celui d’un cancer in situ est bien meilleur que celui de la<br />

généralité des cancers invasifs. On emploie pour ces tumeurs des termes tels que<br />

carcinome micro-invasif (col utérin), carcinome superficiel (estomac), carcinome<br />

intra-muqueux (colon et rectum).<br />

2)<br />

Il peut être difficile en pratique d’affirmer le caractère invasif d’un cancer<br />

lorsqu’il aura été précédé par un cancer in situ, notamment en raison d’un problème<br />

d’échantillonnage de la lésion.<br />

• C’est bien sûr fréquent sur une biopsie n’ayant pas intéressé la prolifération<br />

<strong>tumorale</strong> infiltrante, où le cancer in situ peut n’être que le seul visible sur les<br />

préparations histologiques.<br />

• C’est également vrai pour certaines pièces opératoires; une invasion limitée<br />

pourra être méconnue si le prélèvement n’est pas examiné en totalité.<br />

C) EXTENSION DU CANCER A DISTANCE: LES MÉTASTASES<br />

1) Pathogénie des métastases<br />

Toute tumeur invasive peut, au cours de sa croissance, faire effraction dans les<br />

vaisseaux veineux ou lymphatiques. Dès lors, des cellules <strong>tumorale</strong>s isolées ou des<br />

fragments tumoraux peuvent migrer par voie sanguine ou lymphatique constituant<br />

des emboles qui vont se bloquer dans le premier filtre situé en aval. La prolifération<br />

des cellules de ces emboles néoplasique sera à l’origine de métastases<br />

lymphogènes ou hématogènes, encore appelées tumeurs secondaires. Ces<br />

mécanismes de migration embolique sont responsables de la quasi-totalité des<br />

métastases, on a pu incriminer, en outre, dans certains cas particuliers, la migration<br />

de cellules cancéreuse par voie canaliculaire (certains cancers bronchiques) et la<br />

greffe péritonéale de cellules détachées d’un cancer ovarien ou digestif. Très<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-25


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

souvent, ces greffes péritonéales sont en fait des lymphangites néoplasiques.<br />

Tous les cancers peuvent donner des métastases à l’exception des cancers du<br />

système nerveux central qui ne disséminent pas au reste de l’organisme, sauf<br />

exception rarissimes.<br />

Le type de dissémination métastasique dépend du type histologique et du siège<br />

de la tumeur. Une règle générale est valable dans la majorité des cas:<br />

• les sarcomes donnent des métastases hématogènes et rarement des<br />

métastases lymphogènes.<br />

• les carcinomes donnent des métastases lymphogènes et des métastases<br />

hématogènes généralement plus tardives. Des exceptions sont connues<br />

comme celle de l’adéno-carcinome du rein dont les métastases<br />

ganglionnaires sont exceptionnelles.<br />

2) Physio<strong>pathologie</strong> des métastases<br />

Il est avéré que les métastases ne peuvent pas se produire si la tumeur n’est<br />

pas invasive et s’il n’y a pas de migration cellulaire par voie sanguine ou<br />

lymphatique. Il est également certain que cette migration ne suffit pas et que toutes<br />

les cellules qui ont quitté une tumeur pour donner des embolies à distance ne se<br />

développent pas au point d’arrêt pour produire une métastase. Il est probable que la<br />

faculté de proliférer dans un site métastatique n’appartient qu’à certaines souspopulations<br />

de cellules <strong>tumorale</strong>s.<br />

L’expérience clinique montre que certaines tumeurs ont une croissance locale<br />

importante sans donner apparemment de métastases. D’autres, restant localement<br />

de très petite taille, manifestent leur croissance essentiellement par l’envoi de<br />

colonies fertiles, donnant des métastases ganglionnaires et viscérales multiples .<br />

On sait également que, sauf rarissimes exceptions, les métastases sont douées<br />

d’une croissance autonome entièrement indépendante de celle de la tumeur<br />

primitive. Elles peuvent elles-mêmes émettre des emboles qui seront à l’origine de<br />

métastases filles.<br />

Le traitement de la tumeur initiale n’affecte guère la croissance des métastases.<br />

Ainsi une tumeur peut être révélée par des métastases tout en étant elle-même trop<br />

petite pour être détectable. Des métastases peuvent devenir manifestes après le<br />

traitement local, radical, d’une tumeur primitive, même en l’absence de récidive de<br />

celle-ci.<br />

3) Histo<strong>pathologie</strong> des métastases<br />

En principe, l’image histologique d’une métastase est identique à celle de la<br />

tumeur primitive. Cette règle comporte des exceptions et une métastase peut être<br />

plus différenciée que la tumeur primitive ou, au contraire, moins différenciée. On<br />

peut, dans certains cas, identifier le siège de la tumeur primitive en examinant une<br />

métastase.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-26


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

4) Topographie des métastases<br />

a) Métastases lymphogènes<br />

• Métastases ganglionnaires: Les emboles néoplasiques partis<br />

d’une tumeur vont généralement coloniser les ganglions qui drainent la lymphe<br />

du territoire où se trouve la tumeur, puis le relais ganglionnaire suivant sera<br />

atteint et, en fin de compte, le canal thoracique qui déversera les cellules dans<br />

la circulation cave.<br />

Il peut arriver que les emboles néoplasiques court-circuitent un ganglion et<br />

colonisent les ganglions situés au-delà. Il peut arriver également qu’une tumeur<br />

viscérale latente soit révélée par un ganglion tumoral superficiel et isolé. Lorsque<br />

l’extension de la tumeur est encore limitée aux ganglions loco-régionaux, le cancer<br />

peut parfois être curable par une thérapeutique loco-régionale réglée.<br />

• Typiquement, les ganglions métastatiques sont augmentés de volume, durs<br />

et éventuellement fixés. Cette règle comporte de nombreuses exceptions:<br />

• Un ganglion volumineux dans le territoire de drainage d’un cancer n’est pas<br />

toujours métastatique. L’augmentation de volume peut être due à une<br />

réaction immunitaire déclenchée par la tumeur, voire à une réaction<br />

inflammatoire liée à la surinfection d’une tumeur superficielle ulcérée.<br />

• A l’inverse, un ganglion très petit, non palpable, pourra être colonisé par la<br />

tumeur. C’est pour cette raison qu’il faut faire l’examen histologique<br />

systématique des ganglions sur les pièces opératoires de chirurgie<br />

carcinologique.<br />

• Métastases lymphogènes extra-ganglionnaires: Des emboles<br />

peuvent s’arrêter dans les vaisseaux lymphatiques à distance des ganglions et<br />

proliférer sur place jusqu’à injecter le réseau lymphatique de cellules <strong>tumorale</strong>s.<br />

Ceci s’observe dans les poumons et la plèvre, dans le péritoine et plus<br />

rarement le foie: c’est la lymphangite néoplasique. Lorsqu’elle survient au<br />

niveau de la plèvre ou du péritoine, elle s’accompagne d’épanchements dans<br />

lesquels on peut retrouver des cellules <strong>tumorale</strong>s.<br />

b) Métastases hématogènes<br />

• Les métastases hématogènes sont dues à la prolifération<br />

d’emboles néoplasiques bloqués dans le filtre capillaire qui fait suite au point de<br />

départ de l’embole. Les organes où s’arrêtent ces emboles sont des organes<br />

filtres.<br />

C’est l’anatomie de l’arbre vasculaire qui règle en principe la dissémination<br />

métastasique des tumeurs. En fait, la fréquence des métastases n’est pas<br />

absolument proportionnelle au flux sanguin qui traverse un organe donné.<br />

L’expérience a montré que certains organes paraissaient impropres à la colonisation<br />

par des emboles néoplasiques. Les métastases rénales sont rares, peut-être en<br />

raison des particularités du chimisme local. Les métastases spléniques sont<br />

également rares, probablement en raison de l’intense activité des macrophages<br />

spléniques qui seraient capables de détruire les cellules <strong>tumorale</strong>s.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-27


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Le trajet d’un embole néoplasique dépend du point d’effraction de la tumeur<br />

dans le système vasculaire.<br />

C’est la voie de migration des cancers digestifs, coliques par exemple, qui font<br />

effraction dans les branches de la veine porte et émettent des emboles qui<br />

colonisent le foie pour donner des métastases hépatiques. Celles-ci peuvent à leur<br />

tour envoyer des emboles vers le poumon (relais hépatique).<br />

• Migration par voie cave:<br />

La tumeur fait effraction dans une veine tributaire de la veine cave. C’est le cas<br />

du cancer du rein dont les métastases sont presque exclusivement hématogènes. Il<br />

peut former dans la veine rénale un véritable bourgeon (thrombus néoplasique) dont<br />

la fragmentation va créer des emboles qui s’arrêteront dans le poumon.<br />

• Migration par les veines pulmonaires:<br />

Les cellules néoplasiques qui ont fait effraction dans les veines pulmonaires se<br />

dirigent vers l’oreillette gauche et repartent par l’aorte pour se disperser à tout<br />

l’organisme. Les cancers bronchiques donnent ainsi des métastases hépatiques,<br />

osseuses, cérébrales, surrénaliennes, cutanées, etc.<br />

L’effraction d’une tumeur dans une artère est un phénomène rarement observé.<br />

c) Quelques exemples de métastases:<br />

Nous nous bornerons aux métastases les plus fréquentes, c’est-à-dire les<br />

métastases hépatiques, pulmonaires et osseuses.<br />

• Métastases hépatiques:<br />

Les métastases hépatiques sont d’aspect et de nombre variables selon la<br />

tumeur d’origine et le mode de constitution.<br />

• Constitution par voie portale (exemple: cancer du côlon). Le foie est<br />

“maronné” par des nodules plus ou moins volumineux de 1 à 10 cm, saillants<br />

en surface. Ces nodules peuvent être déprimés en raison de la nécrose de<br />

leur partie centrale: c’est l’ombilication. Ces métastases, peu nombreuses,<br />

parfois uniques, peuvent être localisées à un lobe hépatique, ce qui peut<br />

justifier les tentatives d’exérèse chirurgicale.<br />

• Constitution par voie artérielle hépatique (exemples: cancer bronchique,<br />

cancer du sein) (avec relais pulmonaire). Il s’agit ici de petits nodules de 1 à<br />

10 mm injectant l’ensemble du foie qui est souvent très volumineux, d’aspect<br />

lisse, « semé de tâches de bougie ».<br />

• Lymphangite néoplasique (exemples: cancer de l’estomac, cancer du<br />

pancréas). Le foie est lisse, semé de quelques petits nodules et surtout de<br />

traînées <strong>tumorale</strong>s qui paraissent injecter les espaces portes. Ce type de<br />

métastase peut être associé à des métastases par voie portale.<br />

• Métastases pulmonaires:<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-28


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Comme pour le foie, le mode de constitution est variable:<br />

• Métastases par voie artérielle (exemples: cancer du rein, cancer de la<br />

prostate, sarcomes). Typiquement, aspect de nodules multiples de 1 à<br />

plusieurs cm de diamètre, dispersés dans les deux champs pulmonaires et<br />

parfois nécrosés en leur centre. Radiologiquement, c’est le “lâcher de<br />

ballons”. Ce peut être aussi une métastase unique nodulaire intraparenchymateuse,<br />

voire intra et parabronchique ressemblant à un cancer<br />

bronchique primitif.<br />

• Lymphangite néoplasique: l’injection des lymphatiques par des cellules<br />

<strong>tumorale</strong>s dessine un réseau de mailles entrecroisées ou un semis de micronodules<br />

dispersés le long des lymphatiques qui suivent les axes bronchovasculaires.<br />

La lymphangite atteint également la plèvre pariétale et la<br />

muqueuse bronchique, accessibles à la biopsie.<br />

• Métastases osseuses:<br />

• Les emboles néoplasiques parviennent à l’os par la circulation artérielle. Le<br />

point de départ est une tumeur pulmonaire qui peut être soit primitive: cancer<br />

bronchique, soit elle même métastasique et parfois microscopique (relais<br />

pulmonaire). C’est le cas dans les cancers dits ostéophiles: cancer du sein,<br />

cancer du rein, cancer de la thyroïde et de la prostate.<br />

• Les métastases osseuses peuvent s’observer à tous les points du squelette.<br />

Dans la majorité des cas, elles sont multiples et siègent au niveau des os du<br />

tronc, principalement du rachis. Elles ont deux aspects macroscopiques<br />

principaux:<br />

1. Destruction osseuse par la métastase: c’est la métastase ostéolytique avec<br />

fracture éventuelle; exemple cancer du rein.<br />

2. Stimulation de l’ostéogenèse par la métastase: c’est la métastase<br />

ostéocondensante; exemple: cancer de la prostate.<br />

Ostéolyse et ostéocondensation peuvent être associées dans la même lésion;<br />

c’est souvent le cas pour les métastases du cancer bronchique et du cancer du sein.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-29


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Embolies capillaires carcinomateuses pulmonaires<br />

Les embolies capillaires carcinomateuses pulmonaires sont un mode de<br />

dissémination métastatique des carcinomes, caractérisée par la présence d’emboles<br />

tumoraux dans les petits vaisseaux, le plus souvent lymphatiques.<br />

La vue d’ensemble permet d’identifier l’origine pulmonaire du tissu examiné,<br />

en reconnaissant les axes broncho-vasculaires et les espaces clairs alvéolaires<br />

séparés par des septas.<br />

Au plus fort grossissement, on remarque, à proximité des axes bronchovasculaires<br />

de multiples petits massifs cellulaires. Chaque massif est cerné d’un<br />

espace clair correspondant à la lumière d’un vaisseau capillaire lymphatique, voire<br />

sanguin, dont les cellules endothéliales sont peu visibles. Ces cellules dont la<br />

présence dans des lumières vasculaires est à elle seule très anormale sont<br />

étroitement jointives, ce qui nous fait supposer qu'elles sont de nature épithéliale.<br />

Quand les massifs sont volumineux ils se nécrosent en leur centre.<br />

Les cellules des massifs ont un cytoplasme arrondi ou polygonal<br />

moyennement abondant et un noyau atypique, nucléolé, aux contours irréguliers. On<br />

peut trouver des figures de mitose. Il y a là des signes cytologiques évidents de<br />

malignité.<br />

Il s'agit donc de multiples images d'emboles vasculaires d'une tumeur maligne<br />

épithéliale, c'est à dire carcinomateuse. On peut remarquer quelques massifs<br />

carcinomateux envahissant le tissu conjonctif pulmonaire objectivant une greffe<br />

métastatique secondaire.<br />

La différenciation <strong>tumorale</strong> est difficile à préciser sur cette seule coupe; par<br />

une étude attentive et chanceuse on peut retrouver des signes de différenciation<br />

glandulaire sous la forme de sections de tubules atypiques autorisant le diagnostic<br />

complémentaire d'adénocarcinome. On ne peut ensuite que formuler des hypothèses<br />

concernant le carcinome à l’origine de cette dissémination métastatique : il pourrait<br />

s’agir d’un adénocarcinome mammaire ou d’un adénocarcinome pulmonaire, par<br />

exemple…<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-30


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

3. - LES CLASSIFICATIONS DES CANCERS EN FONCTION DU<br />

DEGRÉ D’EXTENSION<br />

L’evolution des cancers est pour une part imprévisible. Il y a néanmoins des<br />

corrélations entre la taille de la tumeur, la présence de métastases et le pronostic.<br />

Ces corrélations sont mises en évidence par l’étude de séries importantes. Pour<br />

comparer les séries de provenances diverses et juger de l’efficacité de telle ou telle<br />

thérapeutique à un stade donné de la tumeur, il est indispensable de disposer de<br />

données homogènes ou au moins comparables. Ceci suppose deux conditions:<br />

• Avoir une classification histologique commune;<br />

• Classer les tumeurs en fonction de leur stade d’évolution.<br />

Pour les classifications histologiques, il existe une classification de l’O.M.S. à<br />

laquelle chacun peut se référer. Pour décrire les stades évolutifs, différents sytèmes<br />

sont utilisables:<br />

A) LE SYSTÈME T.N.M.<br />

Ce sytème prend en compte trois variables:<br />

1. : T: C’est la taille de la tumeur primitive qui sera désignée T1, T2 etc.… selon<br />

qu’elle est plus ou moins grande. To indique que la tumeur primitive n’a pas<br />

été retrouvée.<br />

2. : N: Décrit l’état des ganglions (indemnes, métastatique, fixés, etc.).<br />

3. : M: Indique l’existence ou l’absence de métastases à distance.<br />

Ces principes très généraux sont appliqués pour chaque localisation <strong>tumorale</strong><br />

en fonction de consignes extrêmement précises et détaillées.<br />

B) AUTRES CLASSIFICATIONS<br />

Il existe un très grand nombre d’autres classifications qui sont généralement<br />

adaptées à un organe particulier. On peut citer comme exemple la classification de<br />

DUKES des cancers colo-rectaux dont il existe de multiples variantes.<br />

Un cancer du côlon sera classé:<br />

• - DUKES A, si l’infiltration <strong>tumorale</strong> ne dépasse pas l’épaisseur de la paroi<br />

rectale ou colique, sans métastases ganglionnaires;<br />

• - DUKES B, si l’infiltration <strong>tumorale</strong> atteint par continuité la graisse<br />

périrectale ou colique sans métastases ganglionnaires;<br />

• - DUKES C, s’il a donné des métastases ganglionnaires, quelque soit par<br />

ailleurs son degré d’infiltration en profondeur dans la paroi colo-rectale.<br />

C)<br />

Ces classifications prenant en compte le degré d’extension de la tumeur<br />

peuvent être complétées par des classifications dites histo-pronostiques qui, elles,<br />

prennent en compte le degré de différenciation du tissu tumoral, le nombre des<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-31


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

mitoses, le degré des atypies nucléaires. La classification de SCARF et BLOOM,<br />

pour les adénocarcinomes mammaires, qui distingue trois degrés de gravité<br />

croissante en est un exemple.<br />

Il existe des corrélations entre ces deux types de classification dans la mesure<br />

où les tumeurs les plus indifférenciées sont généralement les plus invasives.<br />

Le degré d’invasion <strong>tumorale</strong> reste néanmoins l’indicateur pronostique<br />

essentiel.<br />

4. - LA MORT DES CANCEREUX<br />

A)<br />

On a établi par l’expérimentation animale que la mort survenait constamment<br />

lorsque la masse <strong>tumorale</strong> atteignait un certain volume, réparti entre tumeur primitive<br />

et métastases. L’évolution clinique se fait parfois vers une cachexie avec une<br />

maigreur extrême, une atrophie rapide des muscles, du tissu adipeux et des<br />

viscères.<br />

B)<br />

En dehors des cas de cachexie néoplasique, les causes de la mort du<br />

cancéreux sont multiples.<br />

1)<br />

Les accidents directement liés à l’évolution de la tumeur ou de ses métastases<br />

sont relativement rares. On peut en citer comme exemples une perforation digestive<br />

par cancer de l’estomac; une hypertension intra-crânienne par métastases<br />

cérébrales d’un cancer bronchique; les hémorragies par destruction d’une grosse<br />

artère (artère linguale dans le cancer de la langue);etc.<br />

2)<br />

Plus souvent, la mort du cancéreux est une conséquence indirecte des<br />

désordres induits par la prolifération <strong>tumorale</strong> ou par la thérapeutique.<br />

Il peut s’agir:<br />

• d’infections, provoquées par la surinfection de la tumeur et souvent facilitées<br />

par les déficits immunitaires qui s’aggravent au fur et à mesure de l’évolution<br />

du cancer;<br />

• de maladies thrombo-emboliques: la fréquence des thromboses et des<br />

endocardites est accrue dans certains cancers, notamment les cancers<br />

pancréatiques et gastriques muco-sécrétants;<br />

• de défaillances viscérales d’origine thérapeutique: lésions liées à certaines<br />

irradiations; aplasie médullaire, défaillance cardiaque ou rénale liée à la<br />

chimiothérapie, etc.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-32


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

E. - CARCINOMES<br />

Il y a deux grandes catégories de carcinomes:<br />

• les carcinomes épidermoïdes ou malpighiens qui reproduisent de façon plus<br />

ou moins fidèle la structure d’un épithélium malpighien,<br />

• les carcinomes glandulaires ou adénocarcinomes qui reproduisent un<br />

épithélium glandulaire, qu’il s’agisse de l’épithélium d’une muqueuse<br />

glandulaire (tube digestif, endomètre, etc.), de celui d’un parenchyme<br />

glandulaire (thyroïde, etc.), ou de celui des canaux excréteurs d’une glande<br />

(sein, etc.).<br />

1. - ASPECTS MACROSCOPIQUES DES CARCINOMES<br />

L’aspect macroscopique que prend la tumeur dépend beaucoup plus de son<br />

siège que de son type histologique épidermoïde ou glandulaire.<br />

A) LES TUMEURS DES ÉPITHELIUMS DE REVÊTEMENT: PEAU<br />

OU MUQUEUSES<br />

1) Il y a plusieurs formes macroscopiques<br />

• tumeur végétante: elle fait saillie au-dessus du niveau de la surface<br />

épithéliale, ce qui peut rétrécir la lumière dans un viscère creux,<br />

• tumeur ulcérante: elle détruit le revêtement épithélial et les tissus sousjacents,<br />

ce qui provoque une perte de substance,<br />

• tumeur infiltrante: elle s’insinue dans les tissus alentour de son point<br />

d’origine, sans modifier notablement le relief normal du revêtement mais en<br />

modifiant sa consistance.<br />

2) Le plus souvent<br />

ces différentes variétés de prolifération <strong>tumorale</strong> sont associées dans la même<br />

lésion et l’on observera souvent une ulcération centrale entourée par un bourrelet<br />

végétant et reposant sur une base infiltrée qui déborde plus ou moins largement sur<br />

les côtés ou en profondeur. Exemple: adénocarcinome dit en « lobe d’oreille » du<br />

rectum ou de l’estomac.<br />

3) Il existe cependant des formes pures<br />

• formes végétantes: certains carcinomes épidermoïdes de la peau, certains<br />

carcinomes épidermoïdes du larynx, certains adénocarcinomes du côlon;<br />

• formes infiltrantes: l’exemple le plus typique est la linite plastique de<br />

l’estomac. L’estomac est petit, rétracté, rigide avec des anomalies minimes<br />

du relief muqueux.<br />

• formes ulcéreuses: certains carcinomes baso-cellulaires, certains<br />

adénocarcinomes gastriques.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-33


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

B) LES TUMEURS DES ORGANES PLEINS (PARENCHYMES)<br />

Ce sont les tumeurs du foie, du rein, des glandes endocrines, du sein, du<br />

poumon, etc.<br />

Ces cancers ont habituellement une forme nodulaire, grossièrement arrondie, à<br />

limites plus ou moins nettes: ils peuvent être rétractiles et émettre des<br />

prolongements étoilés ( cancer du sein).<br />

Les formes infiltrantes atteignant un large secteur d’un organe sont possibles.<br />

Il y a enfin des formes kystiques (pancréas, ovaires surtout:<br />

cystadénocarcinomes). Ces aspects peuvent être associés dans les cancers<br />

broncho-pulmonaires par exemple, qui montreront à la fois une tumeur végétante<br />

endo-bronchique, une tumeur infiltrante de la muqueuse et de la péri-bronche<br />

alentour et une tumeur nodulaire dans le tissu pulmonaire voisin.<br />

2. - SIÈGES ET TYPES HISTOLOGIQUES DES CARCINOMES<br />

A) CARCINOMES ÉPIDERMOÏDES<br />

Les carcinomes épidermoïdes naissent au niveau des épithéliums malpighiens,<br />

c’est-à-dire de la peau (particulièrement dans les zones exposées au rayonnement<br />

solaire) et des muqueuses malpighiennes. Il y a donc des carcinomes épidermoïdes<br />

des muqueuses bucco-pharyngée, laryngée, oesophagienne, de la muqueuse du<br />

canal anal, du col utérin et du vagin.<br />

Certains carcinomes épidermoïdes peuvent naître sur un épithélium malpighien<br />

métaplasique, résultant de la transformation d’un épithélium cylindrique. Exemple:<br />

carcinome épidermoïde bronchique. C’est un carcinome métaplasique.<br />

Les cellules des carcinomes épidermoïdes se groupent habituellement en amas<br />

(ou lobules) tumoraux pleins et relativement volumineux.<br />

1) Dans les formes différenciées<br />

L’aspect des cellules se modifie de la périphérie du lobule vers le centre comme<br />

dans un épithélium malpighien normal avec apparition entre les cellules de tonofilaments<br />

et éventuellement d’une maturation cornée. Ce sont ces tono-filaments,<br />

autrefois appelés “épines”, qui sont à l’origine du terme carcinome spino-cellulaire,<br />

initialement donné aux carcinomes épidermoïdes de la peau.<br />

2) Dans les formes peu différenciées<br />

il n’y a ni tono-filaments, ni maturation cornée. Les cellules gardent cependant<br />

une forme polygonale évocatrice.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-34


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Carcinome épidermoïde invasif du col utérin<br />

Il s'agit d'un fragment tissulaire volumineux, résultat d'une recoupe<br />

macroscopique de la pièce opératoire complète. L'étudiant doit d'abord différencier<br />

les limites tissulaires naturelles des zones rectilignes de recoupe chirurgicale ou<br />

macroscopique. Il faut repérer ensuite les zones d'histologie subnormale qui<br />

conduiront au diagnostic d'organe.<br />

Ici un épithélium malpighien de revêtement non kératinisé dessine une<br />

réflexion: c'est le cul-de-sac vaginal et l'amorce de l'exocol. A l'autre extrémité c'est<br />

un épithélium glandulaire mucipare de revêtement, en continuité avec des glandes<br />

enchâssées dans le chorion conjonctif. C'est le canal endocervical utérin.<br />

L'architecture de ce col est manifestement détruite par une prolifération<br />

cellulaire hautement pathologique. En surface, si l'on suit le revêtement exocervical,<br />

on le voit disparaître par ulcération, remplacé par des nappes et cordons de cellules<br />

jointives anormales. Ces cellules sont donc épithéliales. Les massifs cellulaires<br />

s'enfoncent dans le chorion, le détruisent. On retrouve en profondeur un front<br />

d'envahissement irrégulier. Vers l'endocol les structures épithéliales pathologiques<br />

détruisent par envahissement les glandes. On est manifestement en présence d'une<br />

tumeur.<br />

On poursuit l'analyse par l'examen à moyen grossissement, à la recherche<br />

d'une ressemblance entre le tissu tumoral épithélial et les données connues de<br />

l'histologie. En effet on retrouve une organisation en couches multicellulaires de<br />

cellules polyédriques, les massifs sont compacts sans constitution de fentes<br />

glanduliformes. La présence de foyers sphériques éosinophiles de maturation<br />

kératinisante en lamelles achève de convaincre que la tumeur adopte une<br />

différenciation malpighienne.<br />

A fort grossissement les cellules <strong>tumorale</strong>s exhibent sans ambiguïté des<br />

signes cytologiques de malignité, avec un hyperchromatisme nucléaire, des mitoses<br />

éparses.<br />

Tous les niveaux d'analyse confirment la malignité de cette prolifération<br />

<strong>tumorale</strong>: envahissement, différenciation tissulaire caricaturale, atypies cellulaires<br />

majeures. Cette tumeur maligne épithéliale est donc un carcinome malpighien<br />

(épidermoïde) différencié envahissant.<br />

On est frappé par l'importance d'une stroma-réaction lymphocytaire dense, qui<br />

ne peut néanmoins empêcher la progression <strong>tumorale</strong>.<br />

A ce stade on doit craindre l'existence de passages tumoraux dans la<br />

circulation lymphatique et déjà peut-être de métastases ganglionnaires à distance. La<br />

conduite thérapeutique proposée à la patiente en tiendra compte.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-35


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

B) TUMEURS APPARENTÉES AUX CARCINOMES<br />

ÉPIDERMOIDES<br />

1) Les carcinomes baso-cellulaires<br />

sont des carcinomes cutanés particuliers constitués de cellules analogues à<br />

celles de l’assise basale de l’épiderme et qui ne présentent ni tono-filaments, ni<br />

maturation cornée au cours de leur évolution. Ils ont en plus la particularité de ne pas<br />

donner de métastases. Ces sont des tumeurs à malignité locale.<br />

2) Les carcinomes para-malpighiens<br />

s’observent au niveau des épithéliums urothéliaux excréto-urinaires et<br />

reproduisent la structure de cet épithélium lorsqu’ils sont différenciés. Dans certains<br />

cas, ils se différencient comme des carcinomes épidermoïdes, produisant de la<br />

kératine.<br />

C) LES ADÉNOCARCINOMES OU CARCINOMES<br />

GLANDULAIRES<br />

Leurs aspects sont multiples comme ceux des épithéliums qu’ils reproduisent.<br />

1) Adénocarcinomes des muqueuses glandulaires<br />

ils reproduisent un épithélium analogue à celui des revêtements cylindriques<br />

des muqueuses.<br />

• Les formes différenciées sont faites de cellules cylindriques qui peuvent être<br />

très ressemblantes, avec des cils ou un plateau strié. Ces cellules<br />

s’agencent en tubes ou à la surface d’axes conjonctifs grêles<br />

(adénocarcinome papillaire).<br />

• Les formes moins différenciées constituent des massifs cellulaires pleins<br />

creusés de cavités multiples qui peuvent contenir du mucus.<br />

• Les formes peu différenciées n’élaborent plus aucune structure tubulaire<br />

mais peuvent conserver une muco-sécrétion au sein de vacuoles intracytoplasmiques.<br />

2) Adénocarcinomes des glandes exocrines<br />

la prolifération <strong>tumorale</strong> constitue des structures tubulaires ou des amas<br />

cellulaires compacts.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-36


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Adénocarcinome du côlon<br />

Un adénocarcinome est une tumeur maligne développée à partir d'un<br />

épithélium glandulaire.<br />

Les adénocarcinomes du côlon et du rectum font partie des cancers les plus<br />

fréquents. Ils naissent des tubes glandulaires de la muqueuse, et se développent le<br />

plus souvent à partir de polypes adénomateux, tumeur bénigne qui constitue donc un<br />

état précancéreux.<br />

Sur cette vue au faible grossissement, un secteur de paroi colique normale est<br />

visible, reconnaissable à ses 4 couches :<br />

- la muqueuse, de surface rectiligne, faite des glandes de Lieberkühn<br />

séparées par le chorion, et reposant sur la musculaire muqueuse<br />

- la sous-muqueuse<br />

- la musculeuse en deux plans (circulaire interne, et longitudinale externe,<br />

cette dernière étant discontinue dans le côlon)<br />

- la séreuse<br />

Cette vue au grossissement intermédiaire est prise au niveau ou la muqueuse<br />

colique normale est interrompue par une lésion à l'évidence <strong>tumorale</strong>, ici<br />

bourgeonnante. Dans ses zones d'extension la tumeur détruit la couche muqueuse<br />

par sa face inférieure. On s'attache à reconnaître l'organisation architecturale des<br />

cellules <strong>tumorale</strong>s entre elles. Elles construisent des structures glandulaires<br />

caricaturales, qualifiées de glandulaires, ou ici d'alvéolaires avec des papilles<br />

<strong>tumorale</strong>s dans la lumière.<br />

Au fort grossissement, les cellules <strong>tumorale</strong>s comportent des anomalies<br />

cytonucléaires importantes et l'on peut comparer la cytologie des cellules coliques<br />

normales dans les zones d'affrontement. Lorsque les tubes tumoraux présentent<br />

plusieurs lumières cet aspect est nommé "polyadénoïde". Entre les tubes<br />

carcinomateux, le stroma est visible, assez peu abondant, fait d'un tissu conjonctif<br />

néoformé et de cellules inflammatoires.<br />

Le faible grossissement permet de préciser que la tumeur infiltre dans la limite<br />

de ce prélèvement partiellement la musculeuse, sans atteinte de la séreuse.<br />

C'est l'appréciation du degré d'infiltration et la recherche de métastases<br />

ganglionnaires qui permettent d'établir l'histopronostic du cancer. Les 2 systèmes les<br />

plus utilisés pour le cancer du côlon sont la classification de Dukes et le système<br />

TNM (dans lequel T désigne le degré d'infiltration de la tumeur, N l'état des ganglions<br />

indemnes ou métastatiques, M l'existence ou l'absence de métastase à distance).<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-37


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

3) Les adénocarcinomes des glandes endocrines<br />

comme ceux de la corticale surrénalienne reproduisent des travées analogues<br />

à celles d’une glande endocrine avec un stroma analogue aux capillaires sinusoïdes<br />

de la glande normale, ceci au moins dans les formes différenciées.<br />

D) CARCINOMES INDIFFERENCIÉS<br />

Dans ces tumeurs, les cellules sont isolées ou regroupées en amas plus ou<br />

moins volumineux au sein d’un stroma d’aspect variable. Les cellules <strong>tumorale</strong>s ne<br />

présentent aucune maturation, ni aucune sécrétion, qui permettraient de préciser s’il<br />

s’agit d’un adénocarcinome ou d’un carcinome épidermoïde.<br />

F. - SARCOMES<br />

Dans ces tumeurs, les cellules sont isolées ou regroupées en amas plus ou<br />

moins volumineux au sein d’un stroma d’aspect variable. Les cellules <strong>tumorale</strong>s ne<br />

présentent aucune maturation, ni aucune sécrétion, qui permettraient de préciser s’il<br />

s’agit d’un adénocarcinome ou d’un carcinome épidermoïde.<br />

Il s’agit de tumeurs beaucoup moins fréquentes que les carcinomes mais ayant<br />

une variété de types beaucoup plus grande que ceux-ci.<br />

1. ASPECTS MACROSCOPIQUES ET SIÈGES<br />

Les sarcomes sont des tumeurs nodulaires ou infiltrantes qui siègent:<br />

• au niveau des tissus conjonctifs extra-viscéraux que l’on appelle parfois<br />

tissus mous<br />

• au niveau de l’os<br />

• au niveau des viscères,<br />

2. - ASPECTS HISTOLOGIQUES ET CLASSIFICATION<br />

On classe les sarcomes en identifiant la lignée conjonctive à laquelle la<br />

prolifération <strong>tumorale</strong> donne naissance. Lorsque celle-ci est reconnaissable, il s’agit<br />

d’un sarcome différencié. Lorsqu’il est impossible de préciser la nature de la lignée<br />

<strong>tumorale</strong>, il s’agit d’un sarcome indifférencié.<br />

LES SARCOMES DIFFERENCIÉS<br />

• le fibrosarcome est la tumeur maligne de la lignée fibroblastique.<br />

• l’ostéosarcome est la tumeur maligne de la lignée ostéoblastique. Il naît le<br />

plus souvent dans le squelette mais peut naître en dehors de celui-ci; de<br />

même pour le chondrosarcome, tumeur maligne de la lignée cartilagineuse.<br />

D’une façon générale, il est fréquent qu’un sarcome reproduise une lignée<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-38


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

cellulaire qui n’est pas normalement présente à son point d’origine car les<br />

cellules du tissu conjonctif ont de grandes aptitude à la métaplasie.<br />

• Les liposarcomes sont les tumeurs malignes des cellules adipeuses.<br />

• Les sarcomes des lignées musculaires sont: les rhabdomyosarcomes pour<br />

le muscle strié et les léïomyosarcomes pour les muscles lisses.<br />

• Les sarcomes reproduisant des vaisseaux sont des angiosarcomes.<br />

Les sarcomes de la lignée histiocytaire sont connus sous le nom<br />

d’histiocyfitobromes malins (parfois désignés par l’acronyme MFH pour Malignant<br />

Fibrous Histiocytofibroma). Ils sont aussi polymorphes que leurs homologues bénins,<br />

et peuvent comme eux être xanthomateux, fibreux, ou comporter des cellules<br />

géantes.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-39


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Leïomyosarcome utérin<br />

Tumeur rare mais hautement maligne développée à partir du tissu musculaire<br />

lisse du corps utérin.<br />

L'étudiant devra d'abord rechercher sur les préparations des vestiges du tissu<br />

d'origine. Il s'agit du tissu musculaire lisse myométrial. On le reconnaît à ses<br />

faisceaux éosinophiles ordonnés. A fort grossissement on retrouve l'aspect de<br />

cellules conjonctives musculaires lisses allongées à noyau unique central.<br />

De fait l'essentiel de la préparation est occupé par une prolifération cellulaire<br />

manifestement <strong>tumorale</strong>.<br />

A fort grossissement les cellules proliférantes adoptent un morphologie<br />

caricaturale. Ce sont des noyaux géants, des cellules multinuclées, des figures de<br />

mitose. On notera que les cellules ne sont pas jointives. On cherchera des éléments<br />

moins éloignés du type cellulaire d'origine, avec cet aspect de noyau central et ce<br />

cytoplasme éosinophile allongé.<br />

A moyen grossissement on recherche des traces d'organisation tissulaire. Par<br />

exemple on peut noter un agencement en trousseaux grossiers de cellules allongées<br />

parallèles. L'interprétation est moins évidente lorsque ces mêmes trousseaux<br />

apparaissent coupés à angle droit. La vascularisation de la tumeur est anarchique,<br />

lacunaire. Quelques plages hémorragiques sont présentes.<br />

A faible grossissement on a déjà noté que la tumeur détruit sans ménagement<br />

le tissu hôte.<br />

L'ensemble des données séméiologiques doit permettre de répondre aux deux<br />

questions principales:<br />

• Quel est le tissu d'origine?<br />

• Quel est le status bénin ou malin?<br />

La différenciation cytologique, l'agencement du tissu tumoral en faisceaux<br />

s'inscrit bien dans une origine musculaire lisse. Les caractères cytologiques de<br />

malignité sont évidents, l'envahissement tumoral est agressif, c'est une tumeur<br />

maligne. Il s'agit donc d'un sarcome à différenciation musculaire lisse, c'est-à-dire un<br />

leïomyosarcome.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-40


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

G. - LES PROLIFÉRATIONS DES LIGNÉES HÉMATOPOÏETIQUES<br />

1. ÉLÉMENTS DE VOCABULAIRE<br />

Leur nomenclature est particulière.<br />

A) LES LEUCÉMIES<br />

sont les proliférations d’une lignée hématopoïétique dans la moelle osseuse<br />

avec passage d’éléments tumoraux dans le sang.<br />

B) LES LYMPHOMES<br />

sont des proliférations malignes d’une lignée lymphoïde, constituant une tumeur<br />

solide dans les organes hématopoïétiques (ganglions, foie, rate, moelle osseuse) ou<br />

extra-hématopoïétiques.<br />

C) LES SYNDROMES MYÉLO-PROLIFÉRATIFS<br />

sont des proliférations précancéreuses ou cancéreuses des lignées<br />

hématopoïétiques non lymphoïdes.<br />

D) LES SYNDROMES LYMPHO-PROLIFÉRATIFS<br />

regroupent les leucémies des lignées lymphoïdes et des lymphomes malins,<br />

ainsi que divers états dysimmunitaires.<br />

2. LES LYMPHOMES MALINS<br />

Ce sont des proliférations malignes des lignées lymphoïdes. Il est d’usage de<br />

séparer la maladie de Hodgkin qui est la plus fréquente des lymphomes et les<br />

autres lymphomes dits lymphomes non Hodgkiniens.<br />

• Pour les lymphomes non hodgkiniens, il existe différentes classifications<br />

(REAL classification, Working Formulation, classification OMS….).<br />

Globalement, les lymphomes non hodgkiniens sont classés selon leur<br />

phénotype (lymphome B ou lymphome T) et leur grade (lymphome de bas<br />

grade souvent composé de petits lymphocytes, lymphome de haut grade<br />

souvent composé de lymphocytes de grande taille). Dans tous les cas on<br />

précise si le lymphome adopte une architecture nodulaire (réminiscente de<br />

l'organisation folliculaire des ganglions lymphatiques normaux) ou au<br />

contraire diffuse.<br />

• Pour la maladie de Hodgkin, l’élément indispensable au diagnostic est une<br />

cellule <strong>tumorale</strong> monstrueuse dont la lignée d’origine est imprécise mais dont<br />

l’aspect est caractéristique. C’est la cellule de Reed-Sternberg.<br />

Cette cellule s’observe dans un ensemble lésionnel variable, ce qui permet de<br />

décrire 4 types histologiques de la maladie (classification de Lukes-Rye):<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-41


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

• Type 1: forme à prédominance lymphocytaire,<br />

• Type 2: forme sclérosante nodulaire,<br />

• Type 3: forme à cellularité mixte,<br />

• Type 4: forme à déplétion lymphocytaire.<br />

Le pronostic du type 1 est relativement favorable, le pronostic du type 4<br />

mauvais, les types 2 et 3 ont un pronostic intermédiaire entre ces deux extrêmes.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-42


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Lame de travaux-pratiques :<br />

Lymphome gastrique<br />

Les tumeurs malignes solides de la lignée lymphocytaire sont appelées<br />

lymphomes. D'un point de vue pratique on distingue d'emblée la Maladie de Hodgkin<br />

et tous les autres ou lymphomes non hodgkiniens.<br />

On recherchera sur la préparation les vestiges d'une couche muqueuse<br />

digestive. Il persiste un épithélium mucipare de surface qu'un œil exercé reconnaîtra<br />

comme gastrique. Des glandes mucipares lui sont annexées. Une musculeuse<br />

plexiforme assez typique complète les éléments du diagnostic d'organe.<br />

Mais sur la quasi-totalité du prélèvement la couche muqueuse a disparu,<br />

remplacée par une accumulation cellulaire massive, diffuse, manifestement <strong>tumorale</strong>,<br />

très suspecte dès ce grossissement d'être maligne.<br />

A moyen grossissement l'homogénéité et le caractère invasif se confirment.<br />

C'est l'analyse à fort grossissement qui doit permettre d'identifier la lignée<br />

cellulaire <strong>tumorale</strong>. Les cellules sont juxtaposées sans cohésion, avec un noyau<br />

central plutôt arrondi ou ovalaire. On fait le rapprochement avec l'histologie<br />

lymphoïde dont on trouve des exemples non tumoraux dans les amas inflammatoires<br />

de la sous-muqueuse: plages lymphocytaires, follicules lymphoïdes à centre clair,<br />

amas plasmocytaires peri-vasculaires. Dans cette comparaison les signes<br />

cytologiques de malignité confirment le diagnostic: chromatine grossière, nucléoles<br />

proéminents, figures de mitoses. Aucune des cellules caractéristiques de la Maladie<br />

de Hodgkin n'est présente.<br />

Au total on est en présence d'un lymphome malin de la paroi gastrique.<br />

Comme premier élément de nosologie on notera qu'il s'agit d'un lymphome nonhodgkinien<br />

et qu'il envahit sur un mode diffus, homogène.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-43


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

H. - TUMEURS MÉLANIQUES - TUMEURS MÉSOTHELIALES<br />

TUMEURS NERVEUSES - TUMEURS EMBRYONNAIRES<br />

Ce chapitre regroupe les cancers qui ne sont ni des carcinomes, ni des<br />

sarcomes.<br />

1. - MÉLANOMES<br />

On donne ce nom aux proliférations <strong>tumorale</strong>s malignes des mélanocytes<br />

(mélanomes malins), tumeurs le plus souvent cutanées mais qui peuvent être extracutanées<br />

(choroïde, muqueuse).<br />

2. - MÉSOTHELIOMES<br />

Ce sont des tumeurs hautement malignes nées des revêtements mésothéliaux<br />

pleural ou péritonéal. Malgré leur rareté, elles sont très étudiées car elles sont dans<br />

leurs très grande majorité provoquées par un exposition prolongée à l’amiante,<br />

polluant industriel très répandu.<br />

3. - TUMEURS NERVEUSES<br />

• Le schwannome malin et le neurosarcome sont les contreparties malignes<br />

du schwannome et du neurofibrome.<br />

• Le neuroblastome est une tumeur des neurones sympathiques. C’est une<br />

tumeur de blastème (cf. infra). Les glioblastomes sont les tumeurs de la glie<br />

qui auront localement le comportement d’une tumeur maligne sans donner<br />

cependant de métastases à distance.<br />

4. - TUMEURS EMBRYONNAIRES<br />

Les tumeurs embryonnaires sont constituées de tissus ressemblant à ceux de<br />

l’embryon (ou du placenta) et non pas à ceux d’un organisme adulte.<br />

A) ON APPELLE DYSEMBRYOMES OU TÉRATOMES<br />

les tumeurs nées du développement d’une cellule germinale totipotente dans<br />

une gonade ou ailleurs (médiastin, rétro-péritoine). Le degré de différenciation et de<br />

maturation des tissus élaborés par ces tumeurs est variable. D’une façon générale,<br />

plus la tumeur a un aspect embryonnaire, immature, peu différencié, et plus elle est<br />

maligne. La présence d’un contingent immature même limité au sein d’un<br />

dysembryome doit être soigneusement recherchée car c’est un élément de pronostic<br />

péjoratif.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-44


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

B) LE CHORIOCARCINOME<br />

est une variété particulière de dysembryome dans laquelle l’évolution de la<br />

tumeur aboutit à la formation de tissus analogues à ceux du placenta, capables<br />

comme lui de sécréter des gonadotrophines chorioniques. Tous les<br />

choriocarcinomes ne sont d’ailleurs pas des dysembryomes: certains d’entre eux<br />

résultent de la prolifération <strong>tumorale</strong> du placenta lui-même dans les suites d’une<br />

grossesse anormale (grossesse môlaire).<br />

C) LES TUMEURS DE BLASTÈME<br />

résultent de la prolifération <strong>tumorale</strong> de vestiges anormalement persistants des<br />

blastèmes qui, au cours de l’embryogénèse, ont constitué l’ébauche de certains<br />

organes ou tissus. Ces tumeurs apparaissent habituellement dans le jeune âge et<br />

parfois dès la naissance. Les plus fréquentes sont la tumeur du blastème rénal ou<br />

néphroblastome et la tumeur du blastème sympathique appelée neuroblastome.<br />

I. - CONTRIBUTION DE L’ANATOMIE PATHOLOGIQUE À LA PRATIQUE<br />

CANCÉROLOGIQUE<br />

1. - LE DÉPISTAGE DU CANCER<br />

Toute lésion enlevée chirurgicalement doit être examinée histologiquement,<br />

surtout s’il s’agit d’une lésion connue pour être précancéreuse. Un certain nombre de<br />

cancers seront ainsi découverts.<br />

A cette réserve près, les seuls examens anatomo-pathologiques utilisables pour<br />

un véritable dépistage du cancer sont les examens cytologiques. Ils sont peu<br />

coûteux, indolents et leur répétition est facilement acceptée par les patients.<br />

A) LES FROTTIS GYNÉCOLOGIQUES<br />

sont largement utilisés et permettent le diagnostic dès le stade de lésion précancéreuse<br />

ou de cancer in situ.<br />

B) LA RECHERCHE DE CELLULES NÉOPLASIQUES<br />

dans les crachats, faite à titre systématique, sans point d’appel clinique, pour<br />

dépister le cancer bronchique, est peu rentable. La recherche de cellules<br />

néoplasiques dans les urines est par contre utile dans le dépistage des tumeurs<br />

urothéliales.<br />

C) L’EXAMEN CYTOLOGIQUE D’UNE CYTOPONCTION DU SEIN<br />

à l’aiguille fine peut avoir de grands avantages dans la surveillance de nodules<br />

mammaires dystrophiques chez les femmes à haut risque de cancer. Ce n’est pas<br />

une méthode de dépistage de masse du cancer du sein.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

PAGE VI-45


- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

Rappelons d’un diagnostic de malignité porté sur un examen cytologique n’a<br />

jamais de valeur formelle et qu’il doit toujours être confirmé par l’examen histologique<br />

d’une biopsie avant toute chirurgie radicale.<br />

2. - LE DIAGNOSTIC HISTO-PATHOLOGIQUE DU CANCER<br />

Il fournit des renseignements de valeur inégale selon les conditions de<br />

l’examen.<br />

A) DIAGNOSTIC HISTO-PATHOLOGIQUE EXTEMPORANÉ<br />

C’est celui que l’on porte en cours d’intervention et qui permet de donner au<br />

chirurgien deux ordres de renseignements:<br />

• la lésion étudiée est, ou n’est pas, maligne;<br />

• les limites de la pièce d’exérèse sont indemnes de tumeur ou non<br />

Les conditions techniques, les contraintes de temps, la nécessaire exiguïté des<br />

prélèvements et leur petit nombre font que l’examen extemporané est toujours moins<br />

précis dans ses conclusions que l’examen après inclusion en paraffine. Celui-ci sera<br />

donc toujours pratiqué en complément de l’examen extemporané.<br />

B) DIAGNOSTIC HISTO-PATHOLOGIQUE DIFFÉRÉ<br />

Il est fait après l’inclusion en paraffine, éventuellement avec le secours de<br />

diverses techniques particulières. Il permet dans les meilleurs cas de décider avec<br />

une grande précision du type tumoral après examen fait à loisir de nombreux<br />

prélèvements. Il peut être important de multiplier les prélèvements car la<br />

différenciation d’une tumeur varie d’un point à l’autre et peut n’être manifeste qu’en<br />

des zones très limitées.<br />

3. L’ÉTABLISSEMENT DU PRONOSTIC DES CANCERS<br />

A) BILAN D’EXTENSION<br />

Le caractère invasif du cancer, le degré d’invasion en profondeur, l’existence ou<br />

l’absence de métastases ganglionnaires conditionnent en parties l’avenir du malade<br />

et guident la thérapeutique. Tout compte rendu anatomo-pathologique de chirurgie<br />

carcinologique doit être rédigé en donnant un bilan précis de l’extension locorégionale.<br />

B) HISTO-PRONOSTIC<br />

L’étude de séries importantes de tumeurs de même siège, de degré d’extension<br />

comparable et de même type histologique permet de mettre en évidence des<br />

différences dans le pronostic en fonction de détails de l’image histologique. Les<br />

paramètres importants dans les carcinomes sont:<br />

• l’importance des anomalies cellulaires et nucléaires.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

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- PATHOLOGIE TUMORALE.<br />

• le degré de différenciation de la tumeur.<br />

• les caractères du stroma.<br />

Pour certaines variétés <strong>tumorale</strong>s, on peut ainsi porter un histo-pronostic et<br />

classer la tumeur dans un groupe de pronostic relativement favorable ou<br />

défavorable.<br />

Un exemple de classification histo-pronostique est la classification de Lukes-<br />

Rye pour la maladie de Hodgkin. Une autre classification histo-pronostique utilisée<br />

est la classification de Scarf et Bloom pour les adénocarcinomes du sein.<br />

Quoi qu’il en soit, l’histo-pronostic n’est qu’un des éléments du pronostic des<br />

tumeurs, celui-ci dépendant finalement beaucoup plus du degré d’extension que de<br />

la structure histologique.<br />

4. - LA RECHERCHE DE LA TUMEUR PRIMITIVE<br />

Le cancer peut être révélé par une métastase, qu’il s’agisse d’une métastase<br />

ganglionnaire, ou d’une métastase dans un organe tel que l’os, le poumon ou le foie.<br />

C’est à l’anatomo-pathologiste que l’on demandera, au vu de la métastase, d’indiquer<br />

le siège du cancer primitif.<br />

La réponse qui est fournie est d’une précision très variable.<br />

A) SI LA MÉTASTASE EST CELLE D’UNE TUMEUR TRÈS<br />

DIFFÉRENCIÉE<br />

l’anatomo-pathologiste peut donner une réponse formelle mais celle-ci ne<br />

permettra pas nécessairement de localiser la tumeur primitive.<br />

Exemples:<br />

• Si l’aspect de la métastase est celui d’un carcinome thyroïdien différencié, le<br />

risque d’erreur est pratiquement nul, mais la tumeur primitive pourra être un<br />

micro-carcinome et rester absolument indétectable.<br />

• Si l’aspect de la métastase est celui d’un adénocarcinome lieberkühnien, rien<br />

ne permet de dire à quel niveau du tube digestif se situe la tumeur primitive.<br />

• S’il s’agit d’un carcinome épidermoïde, on ne pourra guère être plus précis<br />

sur le point d’origine. Il faut alors, s’il s’agit d’une métastase ganglionnaire,<br />

raisonner en fonction de sa topographie et remonter à la source du drainage<br />

lymphatique pour trouver le siège du cancer.<br />

B)<br />

Bien souvent, on pourra simplement porter le diagnostic d’adénocarcinome peu<br />

différencié ou même de carcinome indifférencié ou de cancer anaplasique. Dans<br />

quelques cas, on pourra envisager des explorations complémentaires, notamment<br />

immunohistochimiques, à la recherche d’une différenciation <strong>tumorale</strong> qui justifierait<br />

une thérapeutique spécifique.<br />

ANATOMIE PATHOLOGIQUE GÉNÉRALE<br />

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