la légende des siecles
la légende des siecles la légende des siecles
Les hommes rugissaient quand ils croyaient parler. L'âme du genre humain songeait à s'en aller; Mais, avant de quitter à jamais notre monde, Tremblante, elle hésitait sous la voûte profonde, Et cherchait une bête où se réfugier. On entendait la tombe appeler et crier. Au fond, la pâle Mort riait sinistre et chauve. Ce fut alors que toi, né dans le désert fauve Où le soleil est seul avec Dieu, toi, songeur De l'antre que le soir emplit de sa rougeur, Tu vins dans la cité toute pleine de crimes; Tu frissonnas devant tant d'ombre et tant d'abîmes; Ton oeil fit, sur ce monde horrible et châtié, Flamboyer tout à coup l'amour et la pitié; Pensif tu secouas ta crinière sur Rome; Et, l'homme étant le monstre, ô lion, tu fus l'homme. II LE MARIAGE DE ROLAND Ils se battent—combat terrible!—corps à corps. Voilà déjà longtemps que leurs chevaux sont morts; Ils sont là seuls tous deux dans une île du Rhône. Le fleuve à grand bruit roule un flot rapide et jaune, Le vent trempe en sifflant les brins d'herbe dans l'eau. L'archange saint Michel attaquant Apollo Ne ferait pas un choc plus étrange et plus sombre.
Déjà, bien avant l'aube, ils combattaient dans l'ombre. Qui, cette nuit, eût vu s'habiller ces barons, Avant que la visière eût dérobé leurs fronts, Eût vu deux pages blonds, roses comme des filles. Hier, c'étaient deux enfants riant à leurs familles, Beaux, charmants;—aujourd'hui, sur ce fatal terrain, C'est le duel effrayant de deux spectres d'airain, Deux fantômes auxquels le démon prête une âme, Deux masques dont les trous laissent voir de la flamme. Ils luttent, noirs, muets, furieux, acharnés. Les bateliers pensifs qui les ont amenés Ont raison d'avoir peur et de fuir dans la plaine, Et d'oser, de bien loin, les épier à peine: Car de ces deux enfants, qu'on regarde en tremblant, L'un s'appelle Olivier et l'autre a nom Roland. Et, depuis qu'ils sont là, sombres, ardents, farouches Un mot n'est pas encor sorti de ces deux bouches. Olivier, sieur de Vienne et comte souverain, A pour père Gérard et pour aïeul Garin. Il fut pour ce combat habillé par son père. Sur sa targe est sculpté Bacchus faisant la guerre Aux Normands, Rollon ivre, et Rouen consterné, Et le dieu souriant par des tigres traîné, Chassant, buveur de vin, tous ces buveurs de cidre. Son casque est enfoui sous les ailes d'une hydre;
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Déjà, bien avant l'aube, ils combattaient dans l'ombre.<br />
Qui, cette nuit, eût vu s'habiller ces barons,<br />
Avant que <strong>la</strong> visière eût dérobé leurs fronts,<br />
Eût vu deux pages blonds, roses comme <strong>des</strong> filles.<br />
Hier, c'étaient deux enfants riant à leurs familles,<br />
Beaux, charmants;—aujourd'hui, sur ce fatal terrain,<br />
C'est le duel effrayant de deux spectres d'airain,<br />
Deux fantômes auxquels le démon prête une âme,<br />
Deux masques dont les trous <strong>la</strong>issent voir de <strong>la</strong> f<strong>la</strong>mme.<br />
Ils luttent, noirs, muets, furieux, acharnés.<br />
Les bateliers pensifs qui les ont amenés<br />
Ont raison d'avoir peur et de fuir dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine,<br />
Et d'oser, de bien loin, les épier à peine:<br />
Car de ces deux enfants, qu'on regarde en tremb<strong>la</strong>nt,<br />
L'un s'appelle Olivier et l'autre a nom Ro<strong>la</strong>nd.<br />
Et, depuis qu'ils sont là, sombres, ardents, farouches<br />
Un mot n'est pas encor sorti de ces deux bouches.<br />
Olivier, sieur de Vienne et comte souverain,<br />
A pour père Gérard et pour aïeul Garin.<br />
Il fut pour ce combat habillé par son père.<br />
Sur sa targe est sculpté Bacchus faisant <strong>la</strong> guerre<br />
Aux Normands, Rollon ivre, et Rouen consterné,<br />
Et le dieu souriant par <strong>des</strong> tigres traîné,<br />
Chassant, buveur de vin, tous ces buveurs de cidre.<br />
Son casque est enfoui sous les ailes d'une hydre;