la légende des siecles
la légende des siecles la légende des siecles
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand. Le vieillard, qui revient vers la source première, Entre aux jours éternels et sort des jours changeants; Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière. Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens; Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres, Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres; Et ceci se passait dans des temps très anciens. Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge; La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet Des empreintes de pieds de géant qu'il voyait, Était encor mouillée et molle du déluge. Comme dormait Jacob, comme dormait Judith, Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée; Or, la porte du ciel s'étant entre-bâillée Au-dessus de sa tête, un songe en descendit. Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu; Une race y montait comme une longue chaîne; Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu. Et Booz murmurait avec la voix de l'âme 'Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt? Le chiffre de mes ans a passé quatre vingt, Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme.
'Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi, O Seigneur! a quitté ma couche pour la vôtre; Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre, Elle à demi vivante et moi mort à demi. 'Une race naîtrait de moi! Comment le croire? Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants? Quand on est jeune, on a des matins triomphants, Le jour sort de la nuit comme d'une victoire; 'Mais, vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau. Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe, Et je courbe, ô mon Dieu! mon âme vers la tombe, Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau.' Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase, Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés; Le cèdre ne sent pas une rose à sa base, Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds. Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite, S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu, Espérant on ne sait quel rayon inconnu, Quand viendrait du réveil la lumière subite. Booz ne savait point qu'une femme était là, Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle, Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle; Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala. L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle;
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'Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,<br />
O Seigneur! a quitté ma couche pour <strong>la</strong> vôtre;<br />
Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre,<br />
Elle à demi vivante et moi mort à demi.<br />
'Une race naîtrait de moi! Comment le croire?<br />
Comment se pourrait-il que j'eusse <strong>des</strong> enfants?<br />
Quand on est jeune, on a <strong>des</strong> matins triomphants,<br />
Le jour sort de <strong>la</strong> nuit comme d'une victoire;<br />
'Mais, vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau.<br />
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe,<br />
Et je courbe, ô mon Dieu! mon âme vers <strong>la</strong> tombe,<br />
Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau.'<br />
Ainsi par<strong>la</strong>it Booz dans le rêve et l'extase,<br />
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés;<br />
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,<br />
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.<br />
Pendant qu'il sommeil<strong>la</strong>it, Ruth, une moabite,<br />
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,<br />
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,<br />
Quand viendrait du réveil <strong>la</strong> lumière subite.<br />
Booz ne savait point qu'une femme était là,<br />
Et Ruth ne savait point ce que Dieu vou<strong>la</strong>it d'elle,<br />
Un frais parfum sortait <strong>des</strong> touffes d'asphodèle;<br />
Les souffles de <strong>la</strong> nuit flottaient sur Galga<strong>la</strong>.<br />
L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle;