la légende des siecles
la légende des siecles la légende des siecles
Sentant peser sur eux la misère inféconde, Les pestes, les fléaux lugubres et railleurs, Cherchant quelque moyen d'amoindrir leurs douleurs, Pour établir entre eux de justes équilibres, Pour être plus heureux, meilleurs, plus grands, plus libres, Plus dignes du ciel pur qui les daigne éclairer, Avaient imaginé de s'entre-dévorer. Ce sinistre vaisseau les aidait dans leur oeuvre. Lourd comme le dragon, prompt comme la couleuvre, Il couvrait l'océan de ses ailes de feu; La terre s'effrayait quand sur l'horizon bleu Rampait l'allongement hideux de sa fumée, Car c'était une ville et c'était une armée; Ses pavois fourmillaient de mortiers et d'affûts, Et d'un hérissement de bataillons confus; Ses grappins menaçaient; et, pour les abordages, On voyait sur ses ponts des rouleaux de cordages Monstrueux, qui semblaient des boas endormis; Invincible, en ces temps de frères ennemis, Seul, de toute une flotte il affrontait l'émeute, Ainsi qu'un éléphant au milieu d'une meute; La bordée à ses pieds fumait comme un encens, Ses flancs engloutissaient les boulets impuissants, Il allait broyant tout dans l'obscure mêlée, Et, quand, épouvantable, il lâchait sa volée,
On voyait flamboyer son colossal beaupré, Par deux mille canons brusquement empourpré. Il méprisait l'autan, le flux, l'éclair, la brume. A son avant tournait, dans un chaos d'écume, Une espèce de vrille à trouer l'infini. Le Maelström s'apaisait sous sa quille aplani. Sa vie intérieure était un incendie, Flamme au gré du pilote apaisée ou grandie; Dans l'antre d'où sortait son vaste mouvement, Au fond d'une fournaise on voyait vaguement Des êtres ténébreux marcher dans des nuées D'étincelles, parmi les braises remuées; Et pour âme il avait dans sa cale un enfer. Il voguait, roi du gouffre, et ses vergues de fer Ressemblaient, sous le ciel redoutable et sublime, A des spectres posés en travers de l'abîme; Ainsi qu'on voit l'Etna l'on voyait le steamer; Il était la montagne errante de la mer. Mais les heures, les jours, les mois, les ans, ces ondes, Ont passé; l'océan, vaste entre les deux mondes, A rugi, de brouillard et d'orage obscurci; La mer a ses écueils cachés, le temps aussi; Et maintenant, parmi les profondeurs farouches, Sous les vautours, qui sont de l'abîme les mouches, Sous le nuage, au gré des souffles, dans l'oubli
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Sentant peser sur eux <strong>la</strong> misère inféconde,<br />
Les pestes, les fléaux lugubres et railleurs,<br />
Cherchant quelque moyen d'amoindrir leurs douleurs,<br />
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Pour être plus heureux, meilleurs, plus grands, plus libres,<br />
Plus dignes du ciel pur qui les daigne éc<strong>la</strong>irer,<br />
Avaient imaginé de s'entre-dévorer.<br />
Ce sinistre vaisseau les aidait dans leur oeuvre.<br />
Lourd comme le dragon, prompt comme <strong>la</strong> couleuvre,<br />
Il couvrait l'océan de ses ailes de feu;<br />
La terre s'effrayait quand sur l'horizon bleu<br />
Rampait l'allongement hideux de sa fumée,<br />
Car c'était une ville et c'était une armée;<br />
Ses pavois fourmil<strong>la</strong>ient de mortiers et d'affûts,<br />
Et d'un hérissement de bataillons confus;<br />
Ses grappins menaçaient; et, pour les abordages,<br />
On voyait sur ses ponts <strong>des</strong> rouleaux de cordages<br />
Monstrueux, qui semb<strong>la</strong>ient <strong>des</strong> boas endormis;<br />
Invincible, en ces temps de frères ennemis,<br />
Seul, de toute une flotte il affrontait l'émeute,<br />
Ainsi qu'un éléphant au milieu d'une meute;<br />
La bordée à ses pieds fumait comme un encens,<br />
Ses f<strong>la</strong>ncs engloutissaient les boulets impuissants,<br />
Il al<strong>la</strong>it broyant tout dans l'obscure mêlée,<br />
Et, quand, épouvantable, il lâchait sa volée,