la légende des siecles
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Et, de peur qu'au réveil elle ne s'inquiète, Il referme sans bruit l'infernale oubliette, Puis remet tout en ordre autour de lui, disant: —La chose n'a pas fait une goutte de sang; C'est mieux. Mais, tout à coup, la cloche au loin éclate; Les monts gris sont bordés d'un long fil écarlate; Et voici que, partant des branches de genêt, Le peuple vient chercher sa dame; l'aube naît. Les hameaux sont en branle, on accourt; et, vermeille, Mahaud, en même temps que l'aurore, s'éveille; Elle pense rêver et croit que le brouillard A pris ces jeunes gens pour en faire un vieillard, Et les cherche des yeux, les regrettant peut-être; Éviradnus salue, et le vieux vaillant maître, S'approchant d'elle avec un doux sourire ami: —Madame, lui dit-il, avez-vous bien dormi? SULTAN MOURAD I Mourad, fils du sultan Bajazet, fut un homme Glorieux, plus qu'aucun des Tibères de Rome; Dans son sérail veillaient les lions accroupis, Et Mourad en couvrit de meurtres les tapis; On y voyait blanchir des os entre les dalles; Un long fleuve de sang de dessous ses sandales
Sortait, et s'épandait sur la terre, inondant L'orient, et fumant dans l'ombre à l'occident; Il fit un tel carnage avec son cimeterre Que son cheval semblait au monde une panthère; Sous lui Smyrne et Tunis, qui regretta ses beys, Furent comme des corps qui pendent aux gibets; Il fut sublime; il prit, mêlant la force aux ruses, Le Caucase aux Kirghis et le Liban aux Druses; Il fit, après l'assaut, pendre les magistrats D'Éphèse, et rouer vifs les prêtres de Patras; Grâce à Mourad, suivi des victoires rampantes, Le vautour essuyait son bec fauve aux charpentes Du temple de Thésée encor pleines de clous; Grâce à lui, l'on voyait dans Athènes des loups, Et la ronce couvrait de sa verte tunique Tous ces vieux pans de murs écroulés, Salonique, Corinthe, Argos, Varna, Tyr, Didymothicos, Où l'on n'entendait plus parler que les échos; Mourad fut saint; il fit étrangler ses huit frères; Comme les deux derniers, petits, cherchaient leurs mères Et s'enfuyaient, avant de les faire mourir Tout autour de la chambre il les laissa courir; Mourad, parmi la foule invitée à ses fêtes, Passait, le cangiar à la main, et les têtes S'envolaient de son sabre ainsi que des oiseaux;
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Et, de peur qu'au réveil elle ne s'inquiète,<br />
Il referme sans bruit l'infernale oubliette,<br />
Puis remet tout en ordre autour de lui, disant:<br />
—La chose n'a pas fait une goutte de sang;<br />
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Mais, tout à coup, <strong>la</strong> cloche au loin éc<strong>la</strong>te;<br />
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Le peuple vient chercher sa dame; l'aube naît.<br />
Les hameaux sont en branle, on accourt; et, vermeille,<br />
Mahaud, en même temps que l'aurore, s'éveille;<br />
Elle pense rêver et croit que le brouil<strong>la</strong>rd<br />
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Et les cherche <strong>des</strong> yeux, les regrettant peut-être;<br />
Éviradnus salue, et le vieux vail<strong>la</strong>nt maître,<br />
S'approchant d'elle avec un doux sourire ami:<br />
—Madame, lui dit-il, avez-vous bien dormi?<br />
SULTAN MOURAD<br />
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Mourad, fils du sultan Bajazet, fut un homme<br />
Glorieux, plus qu'aucun <strong>des</strong> Tibères de Rome;<br />
Dans son sérail veil<strong>la</strong>ient les lions accroupis,<br />
Et Mourad en couvrit de meurtres les tapis;<br />
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Un long fleuve de sang de <strong>des</strong>sous ses sandales